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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 5". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/john-5.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 5". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-47
Verset 1
Seconde partie (chapitres 5 et 6)
Le fils de Dieu et les Juifs, les Juifs refusent de croire en Jésus, le conflit à Jérusalem
Versets 1 à 18 â Occasion du conflit, guérison opérée un jour de sabbat
Après ces choses, câest-à -dire, à la suite de ce qui vient dâêtre raconté au chapitre précédent, concernant le séjour de Jésus en Galilée.
Le texte reçu appuyé par B, A, D, porteâ¯: une fête.
On lit dans Codex Sinaiticus, Câ¯: la fête.
Tischendorf est le seul des éditeurs modernes du Nouveau testament qui adopte cette leçon.
Si lâarticle (la) était authentique, la fête désignée serait probablement la Pâque, principale fête des Juifs. Cependant on pourrait se demander pourquoi Jean ne la nomme pas comme il le fait ailleurs (Jean 2.13â¯; Jean 6.4â¯; Jean 11.55).
Ce qui rend surtout cette opinion difficile à admettre, câest quâau chapitre suivant il mentionne une autre fête de Pâque (Jean 6.4)â¯; il y aurait ainsi, dans son récit, une année presque entière de la vie de Jésus passée sous silence.
Il sâagit donc dâune autre fête, qui est assez clairement indiquée par un simple rapprochement de texte. Au Jean 4.35 (voir la note), nous étions au mois de décembreâ¯; en Jean 6.4, lâévangéliste nous dit que la Pâque était proche.
Il doit donc être question au chapitre Jean 5 dâune fête qui tombe entre ces deux époquesâ¯; dâoù lâon peut conclure que câétait celle de Purim (câest-à -dire, les sorts), célébrée en mars, en mémoire de la délivrance du peuple juif par le moyen dâEsther (9.18 et suivants). Câest là lâopinion à laquelle sâarrêtent plusieurs interprètes (Olshausen, Wieseler, Meyer, Weiss, Godet).
Verset 2
Ce verbe au présentâ¯: il y a, nâimplique point, comme on lâa pensé, que notre Ãvangile ait été écrit avant la ruine de Jérusalemâ¯; car un réservoir alimenté par une source pouvait fort bien subsister après cette catastropheâ¯; et, en effet, on le voyait encore quelques siècles plus tard, au temps dâEusèbe.
La porte des brebis, mentionnée dans lâAncien Testament (Néhémie 3.1-32â¯; Néhémie 12.39), était située au nord-est de Jérusalem, près du temple.
Elle portait ce nom, dit M. Félix Bovet, parce que «â¯le petit bétail qui entrait à Jérusalem y arrivait certainement par lâest, car câest de ce côté-là que se trouvent les immenses pâturages du désert de Juda. De nos jours encore, câest par la porte de Saint-Ãtienne quâentrent à Jérusalem tous les moutons nécessaires à la subsistance de la villeâ¯Â».
Or on estime que cette porte de Saint-Ãtienne est la même que celle qui sâappelait autrefois porte des brebis. Peut-être y avait-il aussi près de cette porte un marché où lâon vendait de ces animaux pour les sacrifices.
Ce réservoir dâeau, ou piscine, était un vaste bassin où jaillissait une source dâeau et quâon avait entouré de portiques pour abriter les malades qui sây rassemblaient.
On avait appelé (grec surnommé) ce lieu Béthesda, câest-à -dire maison de grâce, ou de miséricorde, sans doute parce quâon voyait, avec raison, dans cette source une marque de la bonté de Dieu envers tant de malheureux qui venaient y chercher la guérison ou le soulagement de leurs maux.
Verset 3
Lâévangéliste nomme quelques-unes de ces maladies, pour donner une idée de toutes celles qui pouvaient sây trouver encore. Vraie image de notre pauvre humanité souffrante.
Le mot que nous traduisons par paralytiques signifie littéralement des malades dont les membres étaient desséchés, perclus, atrophiés (comparer Matthieu 12.10â¯; Luc 6.6).
Tel était peut-être lâhomme dont la guérison va être racontée (verset 5).
M. Félix Bovet a été témoin dâun triste spectacle tout semblable à celui que devait présenter Béthesda.
Câétait à la piscine dâIbrahim, près de Tibériadeâ¯:
Verset 4
Ces malades attendaient le mouvement de lâeau, câest-à -dire le jaillissement de la source, qui était intermittente.
Le même phénomène a été observé, récemment encore, par divers voyageurs à une source située au sud-est de Morija et qui sâappelle la source de la Vierge. Elle est quelquefois complètement desséchée, puis on la voit de nouveau jaillir avec abondance, deux ou trois fois par jour.
Ces derniers mots du versetâ¯: qui attendaient le mouvement de lâeau, manquent dans Codex Sinaiticus, B, A, Câ¯; Tischendorf et la plupart des critiques les omettent. Mais ils se lisent dans D et lâItala et le verset 7 se comprendrait à peine, si lâon nâétait averti par le verset 3 quâil sâagissait dâune source intermittente. Cette raison engage Ewald, Tholuck et dâautres à les maintenir dans le texte.
Le mouvement de lâeau mentionné à la fin du verset 3 nâayant pas été compris comme un phénomène naturel, on a voulu lâexpliquer par une intervention surnaturelle.
De là , dans le texte reçu, un verset 4, qui porteâ¯: Car un ange descendait de temps en temps dans le réservoir et troublait lâeauâ¯; celui donc qui y entrait le premier après que lâeau avait été troublée guérissait, de quelque maladie quâil fût atteint.
Ce verset a été probablement écrit en marge par quelque lecteur, puis introduit dans le texte par un copiste. Il manque dans Codex Sinaiticus, B, C, D, versions.
Plusieurs manuscrits qui le renferment, le marquent de signes de doute et, en outre il présente une quantité de variantes, ce qui rend toujours un texte suspect. Enfin, le contenu même de ce verset porte tous les caractères dâune légende. Par ces raisons décisives, il convient de le retrancher.
Verset 5
Ayant trente-huit ans dans sa maladie.
Trente-huit ansâ¯! quelle épreuve quelle vieâ¯! De là ressort mieux encore là grandeur du miracle qui va sâaccomplir (comparer Luc 8.43).
Verset 6
Jésus voit ce malade parmi tous les autres et ressent pour lui une profonde compassion.
Il connaît, en effet, quâil y a longtemps quâil souffre, non quâil ait reçu, comme on lâa supposé, quelques renseignements, ou lâait appris du malade lui-mêmeâ¯; mais par cette intuition divine avec laquelle il pénétrait toute la vie de ceux quâil avait devant lui (verset 14â¯; comparez Jean 4.18-29).
La questionâ¯: Veux-tu être guériâ¯? a paru étrange. Il était bien évident quâil le voulaitâ¯!
Cela nâest point certain. Paralysé depuis tant dâannées, découragé, ayant vu toutes ses espérances déçues, cet homme avait probablement perdu jusquâà la faculté de vouloir. Et le premier but de la question de Jésus était précisément dâexciter cette volonté paralysée comme le corps du malade, de produire chez lui un mouvement dâespoir et dâénergie.
Puis le Sauveur voulait surtout attirer sur lui lâattention de ce malheureux, entrer en rapport avec lui, réveiller en lui une première étincelle de confiance et de foi (comparer Luc 18.40-41).
Le malade sent la compassion de Jésus et nâhésite pas à lui raconter toute sa misère (verset 7). Dâailleurs le Sauveur avait en vue une guérison plus grande que celle du corps (verset 14)â¯; et pour quâil pût opérer ce relèvement moral, il lui importait plus encore dâobtenir du malade une réponse ferme à cette questionâ¯: Veux-tuâ¯?
Verset 7
Il y a une simplicité touchante dans la réponse de cet homme. Non seulement il est malade, impuissant, mais abandonnéâ¯: Je nâai personneâ¯! Je viens, toujours le dernier, toujours trop tardâ¯! Quel découragementâ¯!
Quand lâeau est troublée, troublée par le jaillissement intermittent de la source. Ce sont ces mots, aussi bien que la fin du verset 3, qui ont donné lieu à la légende du verset 4.
Verset 9
La parole créatrice du Sauveur a son effet immédiatâ¯: aussitôt.
Il faut remarquer aussi ce verbe à lâimparfait qui peint lâactionâ¯: il marchait (comparer Matthieu 9.6).
Le lit (grec grabat) quâemporte le malade guéri était une légère couchette sur laquelle lâavait jusquâalors retenu sa paralysie.
Verset 10
Ces Juifs étaient des membres du sanhédrin (versets 15 et 33â¯; comparez Jean 1.19â¯; Jean 2.18) qui, sans avoir égard au miracle accompli, ni à la délivrance dâun malheureux, ne songent quâà faire respecter la lettre de la loiâ¯! (Jérémie 17.21).
Verset 11
Heureux de sa délivrance, cet homme en appelle à lâordre et à lâautorité de celui qui lâa guériâ¯; cette autorité, il lâoppose sans hésiter, à celle des membres du conseil.
Verset 13
La question des chefs du peuple est habile et trahit leur peu de sincérité. Ils ne demandent pasâ¯: Qui tâa guériâ¯? Ils évitent avec soin de constater le miracle, qui les gène. Le malade guéri ne peut répondre, parce que Jésus ne sâétait point fait connaître.
Il sâétait même (grec) esquivé, y ayant foule en ce lieu (verset 3).
Les uns traduisentâ¯: parce quâil y avait fouleâ¯; ces mots indiqueraient le motif de la retraite de Jésus, qui ne voulait pas exciter une vaine curiosité au milieu de cette foule.
Suivant dâautres, ils relèveraient la circonstance qui rendit possible la disparition de Jésusâ¯; elle se fit grâce à la foule qui était en ce lieu.
Verset 14
Câest dans le temple que Jésus trouve cet homme. On aime à penser que, bientôt après sa délivrance, il sây était rendu pour rendre grâces à Dieu. Et câest là que lâattendait une grâce nouvelle, le sérieux avertissement du Sauveur.
Le péché, cause de la souffrance, telle est la loi universelle du monde moral que nous révèle partout lâÃcriture, dâaccord avec lâexpérience (comparer Jean 9.2, note).
Mais chez cet homme, la maladie avait été probablement lâeffet de quelque péché particulier, puisque Jésus, après sa délivrance, lâexhorte à ne plus pécher, câest-à -dire à ne plus se laisser aller à la vie de désordre quâil menait autrefois. Sâil la recommençait, il pouvait sâattendre à quelque chose de pire. Or par quelque chose de pire que trente-huit ans dans la maladie, Jésus entendait la perdition.
Verset 15
Dans quelle intention�
Selon les uns, ce serait par méchanceté, pour nuire à Jésus Cela nous paraît psychologiquement impossible et en pleine contradiction avec le verset 11.
Dâautres, au contraire, pensent que, plein de reconnaissance envers son bienfaiteur, il voulait le glorifier en révélant à ses adversaires celui qui avait accompli envers lui cette Åuvre de puissance et dâamour.
Selon dâautres encore, il aurait agi par obéissance envers lâautorité, dans la crainte que lui inspirait sa violation du sabbat (verset 10) et dans le désir de dégager sa responsabilité.
La première déclaration de cet homme, au verset 11, montre quâil y avait en lui plus que cette préoccupation personnelleâ¯: il sâétait abrité sous lâautorité de celui qui lâavait guériâ¯; il saisit lâoccasion dâaffirmer à nouveau, en rappelant sa guérison, lâautorité de celui qui a opéré sa merveilleuse délivrance, en faisant connaître cette fois le nom de son bienfaiteur. Il ne pouvait savoir quâil en résulterait des inconvénients pour celui-ci.
Cette interprétation nous semble en pleine harmonie avec le verset 14 où Jésus puise dans ce même faitâ¯: tu as été guéri, le motif dâune exhortation qui dut faire une profonde impression sur le malade guéri.
Voir au chap. 9, lâhistoire de lâaveugle-né et de ses rapports avec les adversaires de Jésus.
Verset 16
à ces motsâ¯: poursuivaient Jésus, le texte reçu ajoute ceux-ciâ¯: «â¯Et cherchaient à le faire mourirâ¯Â», qui manquent dans Codex Sinaiticus, B, C, D, versions et qui ont été copiés du verset 18.
Poursuivre signifie iciâ¯: chercher les moyens de le saisir, de lâaccuser et le motif des adversaires est le miracle que Jésus avait opéré le jour du sabbat.
Mais lâévangéliste fait sentir, par les termes de son récit, comment ils généralisaient et exagéraient cette action.
Le verbe à lâimparfaitâ¯: il faisait, indique que câétait son habitude, le plurielâ¯: ces choses, ne désigne pas une action unique, mais encore dâautres semblables.
Il faut remarquer que Jean est dâaccord ici avec les synoptiques qui, eux aussi, attribuent les premières attaques des adversaires à de prétendues violations du sabbat (Matthieu 12.1 et suivantsâ¯; verset 9 et suivantsâ¯; Marc 2.23â¯; Marc 3.1â¯; Luc 6.1 et suivants).
Verset 17
Chaque mot de cette déclaration est dâune signification profonde.
Jésus, pour se justifier dâavoir fait du bien le jour du sabbat, élève sa pensée vers Celui quâil nomme son Père, dans un sens que lui seul peut donner à ce nom. Il voit son Père exerçant une action immense et incessante sur tout lâunivers et, en particulier, sur ses créatures intelligentes, quâil veut amener au salut.
Câest là ce que Jésus, par une expression populaire, appelle le travail de Dieu. Ce travail nâest interrompu par aucun sabbat. Dieu agit non seulement depuis la création du monde dâune manière continue, incessante, mais il agit jusquâà présent ou jusquâici.
Par ce dernier terme Jésus désigne le moment actuel, lâinstant où sâest accomplie la guérison quâon lui reproche et dans laquelle précisément sâest manifestée lâaction de Dieu. Et, se sentant en communauté parfaite de volonté et dâaction avec le Père, Jésus ajouteâ¯: et moi aussi je travaille.
Il travaille, non par simple imitation de Dieu, mais en vertu dâune nécessité morale de sa nature divine. Et en agissant ainsi, il ne viole pas plus le sabbat que Dieu ne le viole, il lâaccomplit (Matthieu 5.17), non selon la lettre, mais selon lâesprit et dans lâamour qui a porté Dieu à lâinstituer.
Cette dernière réflexion du réformateur réfute dâavance une objection de M. Weiss qui, estimant la réponse de Jésus déplacée puisquâon lui reprochait de pousser les autres à violer le sabbat (verset 16, comparez versets 10 et 12), met en doute son authenticité. Si Jésus, pour se justifier, invoque ici sa relation unique avec Dieu, une affirmation semblable était impliquée dans cette parole conservée par les synoptiquesâ¯: «â¯Le Fils de lâhomme est maître du sabbatâ¯Â» (Matthieu 12.8â¯; Marc 2.28â¯; Luc 6.5). Ses adversaires ne se sont point mépris sur la portée de cette affirmation (verset 18, note).
Le grand principe que Jésus vient dâénoncer, est développé dans la portion de son discours qui sâétend jusquâau verset 30 et qui reproduit sous ses différents aspects la pensée de lâactivité commune du Père et du Fils. Nous avons donc dans cette parole comme le thème du discours suivant. Bengel fait observer que Jésus procède souvent ainsi, exprimant une pensée qui jaillit comme un éclair et qui est développée ensuite (Jean 6.27â¯; Jean 7.37â¯; Jean 8.12).
Verset 18
Grecâ¯: à le tuer.
à cause de cela, câest-à -dire à cause de la parole quâils viennent dâentendre (verset 17).
Le motâ¯: encore plus prouve que, dans les poursuites des Juifs contre Jésus (verset 16), se trouvait déjà ce dessein meurtrier, exprimé par la variante inauthentique que nous avons fait remarquer.
M. Godet fait lâobservation très juste que les synoptiques font remonter à la même époque les projets des adversaires de Jésus contre sa vie (Matthieu 12.14â¯; Marc 3.6â¯; Luc 6.7-11).
Les Juifs articulaient ainsi trois griefs contre Jésusâ¯:
Dâoù il faut conclure que si le Sauveur nâétait pas ce quâil se disait être, les membres du sanhédrin auraient eu raison contre lui. Eux ont compris ce quâimpliquaient les affirmations de Jésus et un si grand nombre de ceux qui aujourdâhui se réclament de son nom ne le comprennent pasâ¯!
Verset 19
Discours de Jésus (19-47)
Jésus confirme la déclaration quâil vient de faire (verset 17), mais en lâexpliquant. Pour cela il énonce dâabord une pensée négative, puis une grande affirmation.
Dans la première, il ne nie point quâil nâait, absolument parlant, de pouvoir à soi, mais il exprime lâimpossibilité morale où il est de rien faire qui ne soit en pleine harmonie avec la volonté de son Père, et cela, précisément parce quâil est le Fils, son image, son révélateur, son représentant, qui ne peut agir que dans une communion parfaite avec lui.
Or, il a toujours une intuition immédiate de tout ce que Dieu fait il ne peut rien faire à moins quâil ne le voie faire au Père (grec sâil ne voit le Père faisant quelque chose). Comparer verset 10.
Il est, comme un fils, qui suit avec attention tout ce que fait son Père, afin de ne jamais sâécarter de la voie que le Père lui montre. De cette union de nature, de volonté et dâamour, dans laquelle le Fils vit avec le Père, il résulte que (grec) les choses, quelles quâelles soient, que le Père fait, le Fils les fait pareillement.
Cette déclaration est une confirmation expresse de la parole qui a scandalisé les Juifs (verset 17).
Verset 20
Lâunité dâaction du Père et du Fils (verset 19) ne résulte pas seulement de la relation de nature qui les unit en tant que Père et Fils. Jésus a soin, dans lâexplication (car) quâil en donne, dâaccentuer son caractère moralâ¯: câest un ineffable rapport dâamour (Jean 3.35), dans lequel le Père se communique au Fils et lui montre tout ce quâil fait.
Les mots voir (verset 19) et montrer (verset 20) expriment des actes tout intérieurs, tout spirituels. Le Père ne montre pas au Fils des Åuvres déjà extérieurement réalisées et que le Fils nâaurait quâà imiter. Et dâautre part, le Père nâaccorde pas seulement au Fils des visions passagères, comme jadis aux prophètes, des illuminations exceptionnelles dans les moments critiques de sa carrière.
Non, lâaction du Père qui montre et celle du Fils qui voit sont des actions continues. Le Fils est lâobjet de la part du Père dâune initiation de tous les instants. Lui, le Fils unique, qui est «â¯dans le cielâ¯Â» (Jean 3.13), «â¯dans le sein du Pèreâ¯Â» (Jean 1.18), contemple les pensées éternelles de Dieu, qui sont déjà virtuellement des Åuvres et il les accomplit, il les fait passer lâune après lâautre à lâétat réel. Mais cette initiation du Fils est progressive et lâactivité quâil déploie en vertu de cette initiation est de même soumise à une gradation.
Câest la vérité quâénonce la seconde partie du verset 20â¯: il lui montrera des Åuvres plus grandes que celles-ci.
Ce dernier mot se rapporte, suivant M. Godet, à la guérison de lâimpotent et aux miracles du même genre que Jésus accomplissait et dont les Juifs étaient alors les témoinsâ¯; suivant M. Weiss, il désignerait les Åuvres que Jésus accomplissait le jour du sabbat (verset 16), en prétendant régler sa conduite sur lâactivité de Dieu qui ne connaît pas lâinterruption du sabbat.
Il y a du vrai dans cette dernière explicationâ¯; elle nâest pas incompatible avec la première, car si la guérison de lâimpotent a provoqué lâétonnement et le scandale des Juifs, câétait surtout parce quâelle était accomplie le jour du sabbat et affichait la prétention de Jésus dâêtre maître du sabbat (verset 1, note).
Les Åuvres plus grandes quâil accomplira dans lâavenir sont dès lors des Åuvres qui, plus encore que ce miracle fait un jour de sabbat mettront en relief sa souveraine dignité et feront éclater sa gloire divine. Jésus va mentionner (versets 21-30) quelques-unes de ces grandes Åuvres quâil accomplira jusquâà la fin des temps, mais auparavant il ajouteâ¯: afin que vous soyez dans lâétonnement. Afin que, tel est le dessein de Dieuâ¯; et comme Jésus parle à des hommes qui se sont montrés incrédulesâ¯:
Dâautre part, comme ce mot signifie aussi être dans lâadmiration, Bengel lâentend dans ce sensâ¯: «â¯Vous qui maintenant haïssez, vous rendrez hommage par votre admiration et votre foiâ¯Â». Câest ce qui eut lieu, au moins pour quelques-uns des adversaires (Jean 11.44-45).
Verset 21
Jésus justifie et explique (car) son affirmation que le Père lui montrera des Åuvres plus grandes, en nommant ces Åuvresâ¯: ce sont la résurrection et le jugement de lâhumanité (versets 21-29).
Ici se pose une question qui a divisé les interprètes, depuis les Pères de lâÃglise jusquâà nos joursâ¯: De quels morts et de quelle résurrection sâagit-il dans ce discours de Jésusâ¯? (versets 21-29).
Les uns pensent que, dans tout ce passage, il est question de la résurrection des morts au sens corporel et du jugement dernier (Plusieurs Pères, Bengel, Hengstenberg). Cette opinion est incompatible, dâabord avec les motsâ¯: «â¯ceux quâil veutâ¯Â», puis avec les versets 23, 24 et 25 (voir les notes).
Dâautres, au contraire, entendent tout ce discours dans le sens exclusif dâune résurrection spirituelle et du jugement intérieur et moral quâexerce lâÃvangile partout où il est prêché. Cette interprétation devient impossible en présence des versets 28 et 29.
Un troisième groupe reconnaît que le Sauveur parle dâabord de son action spirituelle et actuelle sur les âmes (versets 21-27) et quâil annonce ensuite la résurrection universelle du dernier jour (versets 28 et 29).
Cette interprétation, présentée déjà par Calvin, a été admise par la plupart des exégètes modernesâ¯: Lücke, Tholuck, Meyer, etc.
On peut, par une analyse plus exacte encore du discours, y distinguer trois partiesâ¯:
Cette division, indiquée déjà par de Wette, est adoptée par MM. Astié Luthardt, Weiss, Keil, Godet, etc.
Ressusciter les morts et les faire vivre, maintenir en eux la vie, après les avoir arrachés à la mort, est éminemment une Åuvre de Dieu, source de toute vie (Deutéronome 32.39â¯; 1 Samuel 2.6â¯; Romains 4.17).
Or le Fils déclare solennellement que cette Åuvre de Dieu est aussi la sienne. Les interprètes se demandent dans quelle relation lâÅuvre de vivification accomplie par le Fils se trouve avec celle que le Père accomplit. Résoudre cette question revient à déterminer le sens de la locutionâ¯: comme⦠de mêmeâ¦
M. Godet estime que ce nâest pas tenir compte de cette locution que de direâ¯: le Fils est lâorgane du Pèreâ¯; câest par lui que le Père exécute lâÅuvre de résurrection qui rentrait dans son plan du salut.
En employant cette locution, Jésus penserait à une Åuvre réelle quâaccomplit le Père et à laquelle répond la sienne. Cette Åuvre serait lâÅuvre à la fois créatrice, conservatrice et réparatrice que lâAncien Testament attribue à Dieu. Dieu lâa accomplie jusquâici, mais Jésus sâen fait maintenant «â¯lâagent dans le milieu particulier où il se trouve à chaque moment, ce milieu sâétendra toujours davantage, sa capacité, à lui, pour lâopérer, sâaccroîtra dans la même mesure, jusquâà ce que ce domaine soit lâunivers et la puissance du Fils, la toute-puissanceâ¯Â» (comparer Matthieu 28.18).
Et M. Godet indique comme degrés de cette croissanceâ¯: les miracles isolés de résurrection corporelle et spirituelle, la résurrection morale de lâhumanité par la communication du Saint-Esprit, la victoire sur la mort et la résurrection universelle.
On a objecté à cette explication, qui séduit au premier abord par ses vues profondes sur lâÅuvre de Jésus-Christ et la part de vérité quâelle renfermeâ¯:
Le vague de la pensée, à cet égard, provient de ce que, dans tout ce passage (versets 19-23), le Fils ne décrit pas encore son activité, mais affirme, par des déclarations générales et abstraites, son unité et son égalité avec le Père, pour aboutir à la conclusion du verset 23.
En disantâ¯: ceux quâil veut, Jésus ne prétend point que jamais sa volonté puisse être indépendante de celle du Père (verset 19), ni quâil y ait dans cette volonté aucun arbitraire.
Calvin voit à tort dans ces mots lâidée de la prédestination ils expriment, dâune manière générale, là puissance quâa le Sauveur de donner la vie. Il voudrait la répandre sur tousâ¯; sâil y a une limite, elle nâest pas dans sa volonté, mais dans les hommes, selon quâils croient ou ne croient pas (versets 24 et 25).
Verset 22
Ce verset explique (car) le pouvoir quâa le Fils de vivifier ceux quâil veut (verset 21),.
Ce pouvoir résulte du fait que «â¯le Père (grec) non plus ne juge personne, mais a remis tout le jugement au Filsâ¯Â»â¯: Cette prérogative de juger, est impliquée dans la précédenteâ¯: Celui qui donne la vie à qui il veut doit aussi exercer seul le jugement en vertu duquel il vivifie.
De là cette déclaration que le Père ne juge personne, mais laisse au Fils tout le jugement, le jugement sous toutes ses formes.
Il ne faut point entendre ce mot de jugement comme le font plusieurs exégètes, dans le sens de condamnation, mais le prendre au sens le plus généralâ¯; il sâagit avant tout de ce jugement intérieur et actuel qui sâaccomplit en chaque âme, au moment où elle entend la Parole de vérité et qui deviendra définitif par le jugement du dernier jour (voir Jean 3.18, note). De là ce verbe au présentâ¯: ne juge personne.
Verset 23
La conjonctionâ¯: afin que indique lâintention de Dieu lui-même en remettant tout jugement au Filsâ¯: câest quâil soit honoré de tous à lâégal du Père (comme).
Or, honorer Dieu, avec tous les sentiments de vénération et dâamour qui lui sont dus, câest lâadorer et cette adoration revient au Fils comme au Père (Philippiens 2.9-11).
Le Sauveur confirme cette vérité par une déclaration négative qui la rend plus absolue encoreâ¯: ne pas honorer le Fils, câest ne pas honorer le Père qui lâa envoyé, qui se révèle en lui seul et qui nâest connu quâen lui (Matthieu 11.27â¯; 1 Jean 2.23).
Quelle révélation pour ces auditeurs de Jésus qui le haïssaient jusquâà vouloir le faire mourirâ¯! (verset 18â¯; comparez Jean 15.23).
Verset 24
En vérité, en véritéâ¯! ces mots marquent la solennité de lâaffirmation et lâimportance de la vérité énoncée. Jésus aborde le second point de son discours (verset 21, note). Il décrit, dans sa réalisation historique et progressive au sein de lâhumanité, lâÅuvre de jugement et de vivification que le Père lui a confiée (versets 24-27).
Jésus ressuscite les morts par sa parole, dont la puissance divine crée en eux, tout ensemble, la foi et la vie, une vie impérissable de lââme, la vie éternelle que possède dès à présent le croyant (a et non pas aura) et qui se développera jusquâà la perfection (Jean 8.51).
Il faut remarquer encore quâécouter la parole de Jésus et croire en Dieu qui lâa envoyé est une seule et même chose, tellement le Sauveur est pénétré de la pensée que sa parole est la parole même de Dieu.
De la mort spirituelle à la vie éternelle (voir 1 Jean 3.14, où se trouve la même expression).
Le verbe est au parfait, indiquant un fait accompli et permanent. Câest la raison pour laquelle le croyant, qui est dès ici-bas en possession de la vie éternelle, ne vient point en jugement. Il a déjà été jugé par la Parole divine (Jean 12.48), au moment où elle a produit en lui la repentance, elle a opéré intérieurement le Jugement qui, au grand jour, atteindra lâincrédule (1 Corinthiens 4.5),. Celui-ci, du reste, est dès à présent jugé par son incrédulité même (Jean 3.18â¯; Jean 9.39).
Ce jugement moral nâest point en contradiction avec les passages de lâÃcriture qui annoncent un jugement universel (Matthieu 25.31 et suivantsâ¯; Romains 14.10â¯; 2 Corinthiens 5.10)â¯; car ce dernier ne peut être que le classement définitif de chacun, selon son état intérieur, lâun allant à la vie, lâautre à la mort, mais la vie ou la mort seront déjà le partage dâun chacun et le jugement ne fera que les constater.
Câest ce qui est indiqué ici, par le temps même des verbesâ¯: ne vient point en jugement, est passé de la mort à la vie.
Verset 25
Solennelle répétition de lâaffirmation du verset précédent.
La voix du Fils de Dieu retentit maintenant au milieu des morts spirituels (Ãphésiens 2.1â¯; Matthieu 8.22) et ceux qui lâauront entendue, écoutée et crue vivront dâune vie éternelle (verset 24).
La voix du Fils de Dieu, câest sa parole (verset 24), dont la puissance créatrice fait revivre les morts (Romains 4.17â¯; comparez Ãzéchiel 37.1-14).
La liaison intime de ce verset avec le précédent et surtout les motsâ¯: lâheure est (déjà ) maintenant, ne laissent subsister aucun doute sur le sens spirituel des termesâ¯: morts et vivront.
Ceux qui, malgré ces preuves, les appliquent à la mort et à la résurrection corporelle sont forcés dâexpliquer ce mot maintenant par les quelques résurrections miraculeuses que Jésus opéra au cours de son ministère.
Mais il est évident, comme lâobserve Meyer, que, rappeler pour un temps à la vie terrestre certains morts qui pourtant mourront de nouveau, ce nâétait pas leur communiquer la vie dont parle Jésus dans ce discours.
Et si lâon veut appliquer ces paroles à la résurrection universelle du dernier jour, que signifie cette distinctionâ¯: ceux qui lâauront entendueâ¯?
Ce quâil y a de vrai dans lâopinion que nous réfutons, câest que la résurrection spirituelle dont parle ici le Sauveur renferme en elle-même tous les éléments de la résurrection finale quâil va annoncer (verset 29) et qui nâen sera que lâépanouissement, par lequel lâhomme tout entier, lâesprit, lââme et le corps, seront rendus à la perfection (1 Thessaloniciens 5.23â¯; comparez Jean 6.39-40â¯; Jean 6.44).
Verset 26
Cette grande parole explique (car) la puissance vivificatrice que le Fils sâattribue dans les deux déclarations précédentes (versets 24 et 25).
Le Fils de Dieu ne ressuscite les morts, ne répand la vie divine dans les âmes, que parce quâil la possède en lui-même comme le Père a la vie en lui-même.
Il faut remarquer la répétition de cette formuleâ¯: a la vie en lui-même, appliquée successivement au Père et au Fils.
De même que le Père est la source souveraine de toute vie (Psaumes 36.10), de même le Fils a la vie en lui-même et est, lui aussi, dès le commencement, la source de la vie (Jean 1.4â¯; Jean 11.25â¯; Jean 14.6â¯; 1 Jean 1.2), par lui à eu lieu la création de lâunivers (Jean 1.3), par lui aussi sâaccomplit la création nouvelle dans le monde moral.
Mais cette prérogative dâavoir la vie en soi et dâêtre source de la vie, le Fils la possède comme un donâ¯: le Père a donné au Fils dâavoir la vie en lui-même. Il y a dans cette affirmation une apparente contradiction.
Mais, comme le remarque M. Godetâ¯:
Verset 27
Comparer verset 22, note.
La raison indiquée dans les motsâ¯: parce quâil est Fils dâhomme, a été interprétéeâ¯: parce quâil est le Messie.
Mais cette idée nâexplique pas pourquoi le jugement est remis au Fils et, dans ce cas, Jésus aurait dit le Fils de lâhomme (comme toujours, avec les articlesâ¯; comparez Matthieu 8.20, note) et nonâ¯: Fils dâhomme.
On a dit encore, en se rapprochant du contexteâ¯: Parce que câest lui qui communique la vie et quâil sait quels sont ceux qui la possèdent. On a dit enfinâ¯: Parce quâil est le Sauveur et que, la rédemption ayant eu son point de départ dans notre humanité, il en doit être de même du jugement qui en est lâaccomplissement final.
Il y a du vrai dans ces interprétations. Mais le texte dit simplementâ¯: parce quâil est Fils dâhomme câest-à -dire homme.
Il nous semble donc que lâexplication de F. de Meyer, dans sa Bible annotée, rend compte le plus simplement de ce terme du texteâ¯:
R. Stier, en adoptant cette explication, ajouteâ¯: «â¯Oui, tel est le jugement dâun Fils dâhommeâ¯!â¯Â» (comparer Actes 17.31). Mais si ce jugement est plein de consolation et dâespérance pour ceux qui ont trouvé dans un tel juge leur Sauveur, il nâen est que plus terrible pour ceux qui repoussent sa grâce.
Au reste, pour comprendre cette explication de la parole de Jésus, il ne faut pas perdre de vue quâil ne sâagit point exclusivement ici du jugement dernier, mais de ce jugement intérieur, progressif, qui sâexerce dans la conscience, par la vérité divine et dont le jugement éternel ne sera que le dernier acte (voir verset 22 et verset 30).
Verset 29
Jésus lit sur la figure de ses auditeurs lâimpression de lâétonnement, du doute de lâincrédulité, à lâouïe des grandes choses quâil vient de leur faire entendre, il leur dit alorsâ¯: Ne vous étonnez pas de cela, car voici de plus grandes choses encoreâ¯; et il annonce le fait immense de la résurrection universelle au dernier jour.
Les termes de ces deux versets (28, 29) sont tels quâon ne peut les comprendre dans le sens dâune résurrection spirituelleâ¯: tous les verbes sont au futur, en disantâ¯: lâheure vient, Jésus nâajoute pas, comme au verset 25â¯: elle est déjà maintenantâ¯; il nây a plus ici de distinction entre ceux qui auront entendu sa voix et les autres (verset 25), mais tous lâentendentâ¯; enfin ces motsâ¯: dans les sépulcres, en sortiront, ne souffrent aucune autre interprétation que celle dâune résurrection corporelle.
La grande voix du Fils de Dieu qui, alors, se faisait entendre au milieu de ses adversaires et de tout le peuple, pleine de grâce et de vérité, retentira à lâheure de son retour glorieux et accomplira, par la puissance créatrice de Dieu, le plus grand miracle qui ait eu lieu depuis la création du monde, la résurrection des morts.
Cette résurrection est, en même temps, la séparation de notre humanité en deux partsâ¯: résurrection de vie, pour ceux qui déjà avaient la vie (versets 24 et 25)â¯; résurrection de jugement pour les autres. Les raisons de cette différence sont dans la conduite quâils auront eue et qui alors paraîtra au grand jourâ¯: ceux qui auront fait le bien, ceux qui auront pratiqué le malâ¯; «â¯lâarbre se reconnaît à ses fruitsâ¯Â».
On aurait pensé que ces raisons seraient la foi ou lâincrédulité, la vie ou la mort spirituelles et câest bien là , au fond, ce que Jésus entend parâ¯: le bien (grec les bonnes Åuvres) ou le mal (grec les mauvaises Åuvres), dans leur sens absoluâ¯; mais il emploie des termes plus généraux qui comprennent, le premier, la droiture morale qui précède la foi (Jean 1.48â¯; Jean 3.21â¯; Jean 7.17) et les fruits de sanctification et dâactivité que la foi produitâ¯; le second, la corruption morale qui est tout ensemble la cause et la conséquence de lâincrédulité (Jean 3.19-20).
Une résurrection de vie est une résurrection qui conduit à la vie parfaite et éternelleâ¯; une résurrection de jugement, celle qui conduit au jugement, mais il ne faut point traduire, avec Martin et Ostervaldâ¯: résurrection de condamnation (Matthieu 7.21 suivantsâ¯; Matthieu 24.31 et suivantsâ¯; Luc 14.14â¯; Romains 2.7-8).
Verset 30
Jésus, après avoir repoussé lâaccusation portée contre lui par ses adversaires (verset 18), en sâélevant à une hauteur divine où lâaccusé est devenu le juge des accusateurs revient ici à son point de départ (verset 19), câest-à -dire à cette unité parfaite avec Dieu hors de laquelle il lui est moralement impossible de rien faire.
Il lâaffirme de nouveau en sâattribuant plus directement cette prérogativeâ¯: il ne dit plus seulementâ¯: «â¯Le Fils ne peut rien faireâ¯Â», maisâ¯: «â¯Moi je ne puis rien faireâ¯Â». Tout ce quâil fait a donc pour sanction lâautorité de Dieu mêmeâ¯; quand il juge (le verbe au présent ne peut sâentendre du seul jugement à venir, verset 29, mais de toute son Åuvre au sein de lâhumanité, Jean 5.22-27â¯; Jean 3.18), son jugement est juste, parce quâil ne fait quâaccomplir la volonté de celui qui lâa envoyé.
Cette pleine et constante harmonie de sa volonté avec la volonté de Dieu (Matthieu 26.39), câest la sainteté, la victoire constante remportée sur tous les efforts de lâennemiâ¯; or la sainteté parfaite de Jésus-Christ sera toujours sa meilleure apologie.
Jusquâici, dans ce discours, le Sauveur a affirmé ce quâil est, maintenant, il va en appeler au témoignage que Dieu lui rend et, à son tour, accuser lâincrédulité de ses adversaires en présence de ce témoignage (versets 31-47).
Verset 31
Par ces paroles, Jésus prévient une objection que, plus tard, les adversaires formuleront expressémentâ¯: «â¯Tu rends témoignage de toi-mêmeâ¯; ton témoignage nâest pas vraiâ¯Â» (Jean 8.13).
Jésus répondra alorsâ¯: «â¯Même si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage est vraiâ¯; car je sais dâoù je suis venu et où je vaisâ¯Â» (verset 14).
Ici, il admet le principe formel du droit selon lequel un homme ne peut pas témoigner sur son propre compte, mais câest pour en appeler immédiatement à un autre qui rend témoignage de lui (verset 32).
Verset 32
Qui est cet autre, au témoignage duquel Jésus en appelleâ¯? Plusieurs anciens interprètes ont réponduâ¯: Câest Jean-Baptiste, dont le Seigneur va parler. Mais cette application est précisément écartée par les paroles des versets 33-36.
Non, celui qui rend ce témoignage, câest Dieu lui-même (versets 36-40)â¯; et Jésus sait, il porte en lui lâintime conviction, que ce témoignage est la vérité souveraine.
Codex Sinaiticus, D, Itala portent vous savez. Cette variante que Tischendorf est seul à admettre provient de la fausse supposition quâil sâagit du témoignage de Jean-Baptiste.
Verset 33
Voir Jean 1.19 et suivants.
Quand Jésus dit quâun autre rendait témoignage de lui (verset 32), ses interlocuteurs pensèrent aussitôt à Jean-Baptiste. Jésus parle donc du témoignage rendu par son Précurseur, qui conserve sa valeur (verbe au parfait) malgré la disparition du témoin.
Verset 34
Jésus affirme que le témoignage de Jean a été pleinement conforme à la vérité et cependant, dans cette contestation avec les adversaires, ce nâest pas à ce témoignage ni au témoignage dâaucun homme quâil en appelle, parce quâil en a un plus grand (verset 36)â¯; sâil mentionne le témoignage du Précurseur, câest seulement dans lâintérêt de ses auditeurs, afin quâils se souviennent des paroles de repentance et de vérité que Jean leur a fait entendre et quâainsi ils soient sauvés.
Verset 35
Câest encore une belle louange du Précurseur que Jésus prononce par ces parolesâ¯: Il était la lampe qui brûle et qui luit, lâunique lampe qui éclaire la maison (Matthieu 5.15-16, note), le prophète que Dieu avait destiné à éclairer son peuple et à lâamener au Sauveur.
Cette lampe sâétait déjà consuméeâ¯; Jean nâétait plus, ainsi que lâindique le verbe à lâimparfait. En poursuivant cette image gracieuse, dans la seconde partie de ce verset, Jésus adresse à ses auditeurs un sévère reprocheâ¯: au lieu de profiter, pour leur salut, de cette lumière fugitive, ils nâavaient pensé quâà se réjouir.
Lâannonce du royaume messianique avait excité leur curiosité et leurs espérances charnellesâ¯; mais la prédication de la repentance, que Jean leur faisait entendre, les avait bientôt rebutés.
Verset 36
Voilà le témoignage divin dont Jésus a parlé (verset 32) et qui est plus grand que celui du Précurseurâ¯: ce sont dâabord les Åuvres du Sauveur. Ce témoignage est bien de Dieu, car câest le Père qui lui a donné les Åuvres quâil fait, afin quâil les accomplisse.
Ce dernier verbe signifie accomplir jusquâà la perfection et il est au futur, car Jésus a la certitude quâil achèvera ses Åuvres jusquâau bout. La preuve, pour ses auditeurs, câest que déjà il les fait (présent).
Or, quâétaient ces Åuvresâ¯?
Avant tout, ses miracles, ces actes de puissance et dâamour qui répandaient la santé et la vie, la consolation et lâespérance sur tant de malheureux.
Câétaient encore ses paroles divines qui éclairaient et vivifiaient les âmes (versets 20-27)â¯; câétait, en un mot, toute sa belle et sainte vie qui, dans son ensemble, constituait «â¯lâÅuvre de celui qui lâavait envoyéâ¯Â» (Jean 4.34).
Voilà son témoignage. Est-il étonnant quâil en appelle à lui si souventâ¯? (Jean 10.32â¯; Jean 10.37-38â¯; Jean 14.11â¯; Jean 17.4).
Verset 37
Sâagit-il, ici encore, du même témoignage, celui des Åuvresâ¯? (verset 36) Plusieurs interprètes lâont pensé.
Mais ces mots solennelsâ¯: le Père lui-même et le verbe au parfaitâ¯: a rendu témoignage (tandis quâil est au présent dans le verset précédent), montrent évidemment que Jésus a en vue un témoignage nouveau.
Quel est-ilâ¯? Les uns pensent quâil sâagit de ce témoignage intérieur et immédiat que Dieu rend dans les âmes (versets 24-26) en les attirant au Fils (6.44)â¯; ainsi de Wette, Tholuck, Astié. Cette explication non plus ne tient pas compte du verbe au parfait.
Dâautres (Chrysostome, Bengel) voient ici une allusion au témoignage divin rendu à Jésus lors de son baptême (Jean 1.33â¯: Matthieu 3.17).
Cette supposition ramènerait au témoignage de Jean-Baptiste (verset 33). Elle est contredite par les mots qui suiventâ¯: «â¯Jamais vous nâavez entendu sa voixâ¯Â».
Nous pensons donc avec Calvin, Lücke, MM. Meyer, Luthardt Weiss, Keil et Godet (3e edition), que Jésus aborde ici le grand témoignage que Dieu lui a rendu dans les saintes Ãcritures de lâAncien Testament et dont il va parler plus au long (versets 38-40). Ce témoignage a été rendu dans le passé, mais subsiste dans le présentâ¯: câest ce que signifie le verbe au parfait.
Verset 38
Malgré toutes les révélations et toutes les apparitions divines (théophanies) dans lâancienne alliance, jamais vous nâavez su discerner la voix de Dieu et reconnaître sa présence dans les Ãcritures.
Vous ne le connaissez pas parce que sa parole nâa jamais pénétré dans vos cÅurs, de manière à demeurer en vous. Ce qui le prouve avec évidence, câest que vous ne croyez point celui quâil a envoyé et auquel il rend un si éclatant témoignage (versets 36 et 37).
Tel est, dâune manière générale, le reproche que Jésus adresse à ses auditeurs (verset 38).
Mais les dernières paroles du verset 37 prouvent quâil ne pense pas seulement à la manière superficielle et légère dont ils étudiaient les Ãcritures.
Ces termes caractéristiquesâ¯: Vous nâavez jamais ni entendu sa voix ni vu sa face ne signifient pas seulementâ¯: Vous ne connaissez pas Dieu, maisâ¯: Vous ne sauriez le connaître, si ce nâest en Celui qui le révélait dans lâAncien Testament et qui, par sa présence, le révèle maintenant à vos yeux. Câest exactement ce qui est dit Jean 1.18â¯; Jean 6.46.
Or cet unique révélateur de Dieu, les chefs du peuple le repoussent, ils ne croient pas en luiâ¯; donc ils restent dans lâignorance et la mort (verset 39).
Telle est, à peu près, lâinterprétation de R. Stier et câest, nous semble-t-il, la seule qui rende bien compte de ce texte profond est difficile.
Verset 40
Les premiers mots du verset 39 ont été de tout temps compris et traduits de deux manières différentesâ¯:
Câest en effet ce que faisaient les Juifs, surtout depuis le retour de la captivité, ils étudiaient beaucoup les Ãcritures, mais bien plus pour en compter les mots et les syllabes, que pour en pénétrer le sens et lâesprit. Ils pensaient avoir, par la seule connaissance littérale de ces Ãcritures, la vie éternelle.
Sans doute, sâils ne sâarrêtaient pas à la lettre, sâils savaient sâélever jusquâà lâesprit (Jean 6.63â¯; 2 Corinthiens 3.6), ils trouveraient cette vie véritable et éternelle dans les Ãcritures, car elles sont remplies du témoignage rendu au Libérateur qui devait venir.
Mais malgré la connaissance que vous avez de ces Ãcritures, qui rendent témoignage de moi, ajoute Jésus, vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vieâ¯!
Quelle contradictionâ¯! Quel aveuglementâ¯! Et câest leur volonté dépravée qui en est la cause (verset 40). Câest avec une profonde tristesse que Jésus prononce ces paroles. Elles rappellent sa plainte sur Jérusalemâ¯: Vous ne lâavez pas voulu (Matthieu 23.37).
Verset 42
Dans cette troisième partie du discours (versets 41-47), Jésus ne fait plus que développer le reproche quâil vient dâadresser à ses auditeursâ¯: Vous ne voulez pasâ¯!
Il montre dâabord dâoù provient leur mauvais vouloir (versets 41-44), puis il leur en dévoile les conséquences (versets 45-47).
Sâil leur reproche avec tant de force de ne pas croire en lui, ce nâest pas quâil recherche en aucune manière la gloire qui vient des hommes (comparez verset 44)â¯; mais câest parce quâil les connaît (Jean 2.24) et quâil sait que leur cÅur est étranger à lâamour de Dieu.
Telle est la première et grande cause de leur incrédulité. Sâils avaient eux-mêmes une étincelle de cet amour pour Dieu, ils le sentiraient dans chacune des paroles du Sauveur (comparer Jean 3.19-21).
Verset 43
Celui qui vient au nom de son Père, qui est le vrai Messie, le Sauveur, ils ne le reçoivent point, parce que leur cÅur est incapable de sentir son amourâ¯; si un autre vient en son propre nom sans lâautorité de Dieu que pourtant il invoquera faussement, ils le recevront.
Pourquoiâ¯? Parce quâil flattera leurs préjugés, leurs passions, comme le font tous les faux messies et les faux prophètes qui ne recherchent que leur propre gloire (verset 44).
Verset 44
Seconde raison dâincrédulité, que Jésus exprime vivement par une question directe et qui signifieâ¯: Il vous est impossible de croire, parce que, idolâtres de la gloire qui vous vient des hommes, vous nâavez aucun égard à la gloire qui vient de Dieu seul et qui devrait dominer toutes vos pensées (verset 41).
Voir sur cette idolâtrie de lâapprobation et de la gloire des hommes que Jésus reprochait ailleurs aux chefs du peuple, Matthieu 6.1-5, Matthieu 6.16-18â¯; Matthieu 23.5-12â¯; comparez Jean 12.43.
Verset 45
Après avoir dévoilé à ses adversaires leur incrédulité et ses causes, Jésus leur ôte enfin le fondement de la fausse espérance quâils mettent en Moïse.
Câest par un zèle aveugle pour Moïse et pour sa loi quâils ont accusé Jésus dâavoir violé le sabbat (verset 17), accusation qui a donné lieu à tout ce discours.
Or câest précisément Moïse qui les accuse dès maintenant (grec il est là , celui qui vous accuse, Moïse)â¯; en sorte que Jésus nâaura point à les accuser devant le Père au jour du jugement.
Quelle situation tragiqueâ¯: trouver son accusateur en celui en qui on avait mis son espérance de salutâ¯! Et Jésus va dire la cause de cette immense déception qui les attend (versets 46 et 47).
Verset 46
La preuve que Moïse les accuse (car), câest que, tout en se glorifiant de lui, ils ne le croient pas, dâune foi éclairée et vivanteâ¯: Si vous croyiez Moïseâ¦
Et leur incrédulité à lâégard de Moïse est, à son tour, la cause pour laquelle ils ne croient pas Jésus.
En effet, les écrits de Moïse sont remplis de lui.
Les motsâ¯: Il a écrit de moi ne doivent pas sâentendre seulement de certaines déclarations prophétiques telles que Genèse 3.1â¯; Genèse 3.5â¯; Deutéronome 18.15-18 et autresâ¯; mais de tous les types, les sacrifices, les cérémonies symboliques du culte, qui avaient en vue le futur Libérateur du peuple de Dieu. Il aurait même suffi de saisir la spiritualité et la sainteté de la loi pour comprendre quâelle ne serait jamais accomplie quâen Celui qui devait venir (comparer Luc 24.27-44).
Verset 47
Lâincrédulité envers Moïse et ses écrits avait pour conséquence nécessaire lâincrédulité envers Jésus et ses parolesâ¯;
Endurcir sa conscience et son cÅur en présence de la loi qui doit produire la repentance, câest les endurcir aussi envers Celui qui annonce la grâce et le salut.
En un mot lâincrédulité est un état moral qui rend lâhomme incapable de saisir aucune des manifestations de la vérité et de la miséricorde divines. Telle est la conclusion accablante de ce discours.