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Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-47
19 à 47 Discours de Jésus
Jésus confirme la déclaration qu’il vient de faire (verset 17), mais en l’expliquant. Pour cela il énonce d’abord une pensée négative, puis une grande affirmation.
Dans la première, il ne nie point qu’il n’ait, absolument parlant, de pouvoir à soi, mais il exprime l’impossibilité morale où il est de rien faire qui ne soit en pleine harmonie avec la volonté de son Père, et cela précisément parce qu’il est le Fils, son image, son révélateur, son représentant, qui ne peut agir que dans une communion parfaite avec lui.
Or, il a toujours une intuition immédiate de tout ce que Dieu fait il ne peut rien faire à moins qu’il ne le voie faire au Père (grec s’il ne voit le Père faisant quelque chose). Comparer verset 10.
Il est, comme un fils, qui suit avec attention tout ce que fait son Père, afin de ne jamais s’écarter de la voie que le Père lui montre. De cette union de nature, de volonté et d’amour, dans laquelle le Fils vit avec le Père, il résulte que (grec) les choses, quelles qu’elles soient, que le Père fait, le Fils les fait pareillement.
Cette déclaration est une confirmation expresse de la parole qui a scandalisé les Juifs (verset 17).
L’unité d’action du Père et du Fils (verset 19) ne résulte pas seulement de la relation de nature qui les unit en tant que Père et Fils. Jésus a soin, dans l’explication (car) qu’il en donne, d’accentuer son caractère moral : c’est un ineffable rapport d’amour (Jean 3:35), dans lequel le Père se communique au Fils et lui montre tout ce qu’il fait.
Les mots voir (verset 19) et montrer (verset 20) expriment des actes tout intérieurs, tout spirituels. Le Père ne montre pas au Fils des œuvres déjà extérieurement réalisées et que le Fils n’aurait qu’à imiter. Et d’autre part, le Père n’accorde pas seulement au Fils des visions passagères, comme jadis aux prophètes, des illuminations exceptionnelles dans les moments critiques de sa carrière.
Non, l’action du Père qui montre et celle du Fils qui voit sont des actions continues. Le Fils est l’objet de la part du Père d’une initiation de tous les instants. Lui, le Fils unique, qui est « dans le ciel » (Jean 3:13), « dans le sein du Père » (Jean 1:18), contemple les pensées éternelles de Dieu, qui sont déjà virtuellement des œuvres, et il les accomplit, il les fait passer l’une après l’autre à l’état réel. Mais cette initiation du Fils est progressive, et l’activité qu’il déploie en vertu de cette initiation est de même soumise à une gradation.
C’est la vérité qu’énonce la seconde partie du verset 20 : il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci.
Ce dernier mot se rapporte, suivant M. Godet, à la guérison de l’impotent et aux miracles du même genre que Jésus accomplissait, et dont les Juifs étaient alors les témoins; suivant M. Weiss, il désignerait les œuvres que Jésus accomplissait le jour du sabbat (verset 16), en prétendant régler sa conduite sur l’activité de Dieu qui ne connaît pas l’interruption du sabbat.
Il y a du vrai dans cette dernière explication; elle n’est pas incompatible avec la première, car si la guérison de l’impotent a provoqué l’étonnement et le scandale des Juifs, c’était surtout parce qu’elle était accomplie le jour du sabbat et affichait la prétention de Jésus d’être maître du sabbat (verset 1, note).
Les œuvres plus grandes qu’il accomplira dans l’avenir sont dès lors des œuvres qui, plus encore que ce miracle fait un jour de sabbat mettront en relief sa souveraine dignité et feront éclater sa gloire divine. Jésus va mentionner (versets 21-30) quelques-unes de ces grandes œuvres qu’il accomplira jusqu’à la fin des temps, mais auparavant il ajoute : afin que vous soyez dans l’étonnement. Afin que, tel est le dessein de Dieu; et comme Jésus parle à des hommes qui se sont montrés incrédules,
D’autre part, comme ce mot signifie aussi être dans l’admiration, Bengel l’entend dans ce sens : « Vous qui maintenant haïssez, vous rendrez hommage par votre admiration et votre foi ». C’est ce qui eut lieu, au moins pour quelques-uns des adversaires (Jean 11:44-45).
Jésus justifie et explique (car) son affirmation que le Père lui montrera des œuvres plus grandes, en nommant ces œuvres : ce sont la résurrection et le jugement de l’humanité (versets 21-29).
Ici se pose une question qui a divisé les interprètes, depuis les Pères de l’Église jusqu’à nos jours : De quels morts et de quelle résurrection s’agit-il dans ce discours de Jésus ? (versets 21-29).
Les uns pensent que, dans tout ce passage, il est question de la résurrection des morts au sens corporel et du jugement dernier (Plusieurs Pères, Bengel, Hengstenberg). Cette opinion est incompatible, d’abord avec les mots : « ceux qu’il veut », puis avec les versets 23, 24, 25 (voir les notes).
D’autres, au contraire, entendent tout ce discours dans le sens exclusif d’une résurrection spirituelle et du jugement intérieur et moral qu’exerce l’Évangile partout où il est prêché. Cette interprétation devient impossible en présence des versets 28, 29.
Un troisième groupe reconnaît que le Sauveur parle d’abord de son action spirituelle et actuelle sur les âmes (versets 21-27), et qu’il annonce ensuite la résurrection universelle du dernier jour (versets 28, 29).
Cette interprétation, présentée déjà par Calvin, a été admise par la plupart des exégètes modernes : Lücke, Tholuck, Meyer, etc.
On peut, par une analyse plus exacte encore du discours, y distinguer trois parties :
Cette division, indiquée déjà par de Wette, est adoptée par MM. Astié Luthardt, Weiss, Keil, Godet, etc.
Ressusciter les morts et les faire vivre, maintenir en eux la vie, après les avoir arrachés à la mort, est éminemment une œuvre de Dieu, source de toute vie (Deutéronome 32:39; 1 Samuel 2:6; Romains 4:17).
Or le Fils déclare solennellement que cette œuvre de Dieu est aussi la sienne. Les interprètes se demandent dans quelle relation l’œuvre de vivification accomplie par le Fils se trouve avec celle que le Père accomplit. Résoudre cette question revient à déterminer le sens de la locution : comme… de même…
M. Godet estime que ce n’est pas tenir compte de cette locution que de dire : le Fils est l’organe du Père; c’est par lui que le Père exécute l’œuvre de résurrection qui rentrait dans son plan du salut.
En employant cette locution, Jésus penserait à une œuvre réelle qu’accomplit le Père et à laquelle répond la sienne. Cette œuvre serait l’œuvre à la fois créatrice, conservatrice et réparatrice que l’Ancien Testament attribue à Dieu. Dieu l’a accomplie jusqu’ici, mais Jésus s’en fait maintenant « l’agent dans le milieu particulier où il se trouve à chaque moment, ce milieu s’étendra toujours davantage, sa capacité, à lui, pour l’opérer, s’accroîtra dans la même mesure, jusqu’à ce que ce domaine soit l’univers et la puissance du Fils, la toute-puissance » (comparer Matthieu 28:18).
Et M. Godet indique comme degrés de cette croissance : les miracles isolés de résurrection corporelle et spirituelle, la résurrection morale de l’humanité par la communication du Saint-Esprit, la victoire sur la mort et la résurrection universelle.
On a objecté à cette explication, qui séduit au premier abord par ses vues profondes sur l’œuvre de Jésus-Christ et la part de vérité qu’elle renferme :
Le vague de la pensée, à cet égard, provient de ce que, dans tout ce passage (versets 19-23), le Fils ne décrit pas encore son activité, mais affirme, par des déclarations générales et abstraites, son unité et son égalité avec le Père, pour aboutir à la conclusion du verset 23.
En disant : ceux qu’il veut, Jésus ne prétend point que jamais sa volonté puisse être indépendante de celle du Père (verset 19), ni qu’il y ait dans cette volonté aucun arbitraire.
Calvin voit à tort dans ces mots l’idée de la prédestination ils expriment, d’une manière générale, là puissance qu’a le Sauveur de donner la vie. Il voudrait la répandre sur tous; s’il y a une limite, elle n’est pas dans sa volonté, mais dans les hommes, selon qu’ils croient ou ne croient pas (versets 24, 25).
Ce verset explique (car) le pouvoir qu’a le Fils de vivifier ceux qu’il veut (verset 21),.
Ce pouvoir résulte du fait que « le Père (grec) non plus ne juge personne, mais a remis tout le jugement au Fils » : Cette prérogative de juger, est impliquée dans la précédente : Celui qui donne la vie à qui il veut doit aussi exercer seul le jugement en vertu duquel il vivifie.
De là cette déclaration que le Père ne juge personne, mais laisse au Fils tout le jugement, le jugement sous toutes ses formes.
Il ne faut point entendre ce mot de jugement comme le font plusieurs exégètes, dans le sens de condamnation, mais le prendre au sens le plus général; il s’agit avant tout de ce jugement intérieur et actuel qui s’accomplit en chaque âme, au moment où elle entend la Parole de vérité, et qui deviendra définitif par le jugement du dernier jour (voir Jean 3:18, note). De là ce verbe au présent : ne juge personne.
La conjonction : afin que indique l’intention de Dieu lui-même en remettant tout jugement au Fils : c’est qu’il soit honoré de tous à l’égal du Père (comme).
Or, honorer Dieu, avec tous les sentiments de vénération et d’amour qui lui sont dus, c’est l’adorer, et cette adoration revient au Fils comme au Père (Philippiens 2:9-11).
Le Sauveur confirme cette vérité par une déclaration négative qui la rend plus absolue encore : ne pas honorer le Fils, c’est ne pas honorer le Père qui l’a envoyé, qui se révèle en lui seul et qui n’est connu qu’en lui (Matthieu 11:27; 1 Jean 2:23).
Quelle révélation pour ces auditeurs de Jésus qui le haïssaient jusqu’à vouloir le faire mourir ! (verset 18; comparez Jean 15:23).
En vérité, en vérité ! ces mots marquent la solennité de l’affirmation et l’importance de la vérité énoncée. Jésus aborde le second point de son discours (verset 21, note). Il décrit, dans sa réalisation historique et progressive au sein de l’humanité, l’œuvre de jugement et de vivification que le Père lui a confiée (versets 24-27).
Jésus ressuscite les morts par sa parole, dont la puissance divine crée en eux, tout ensemble, la foi et la vie, une vie impérissable de l’âme, la vie éternelle que possède dès à présent le croyant (a et non pas aura) et qui se développera jusqu’à la perfection (Jean 8:51).
Il faut remarquer encore qu’écouter la parole de Jésus et croire en Dieu qui l’a envoyé est une seule et même chose, tellement le Sauveur est pénétré de la pensée que sa parole est la parole même de Dieu.
De la mort spirituelle à la vie éternelle (voir 1 Jean 3:14, où se trouve la même expression).
Le verbe est au parfait, indiquant un fait accompli et permanent. C’est la raison pour laquelle le croyant, qui est dès ici-bas en possession de la vie éternelle, ne vient point en jugement. Il a déjà été jugé par la Parole divine (Jean 12:48), au moment où elle a produit en lui la repentance, elle a opéré intérieurement le Jugement qui, au grand jour, atteindra l’incrédule (1 Corinthiens 4:5),. Celui-ci, du reste, est dès à présent jugé par son incrédulité même (Jean 3:18; Jean 9:39).
Ce jugement moral n’est point en contradiction avec les passages de l’Écriture qui annoncent un jugement universel (Matthieu 25:31 et suivants; Romains 14:10; 2 Corinthiens 5:10); car ce dernier ne peut être que le classement définitif de chacun, selon son état intérieur, l’un allant à la vie, l’autre à la mort, mais la vie ou la mort seront déjà le partage d’un chacun, et le jugement ne fera que les constater.
C’est ce qui est indiqué ici, par le temps même des verbes : ne vient point en jugement, est passé de la mort à la vie.
Solennelle répétition de l’affirmation du verset précédent.
La voix du Fils de Dieu retentit maintenant au milieu des morts spirituels (Éphésiens 2:1; Matthieu 8:22), et ceux qui l’auront entendue, écoutée et crue vivront d’une vie éternelle (verset 24).
La voix du Fils de Dieu, c’est sa parole (verset 24), dont la puissance créatrice fait revivre les morts (Romains 4:17; comparez Ézéchiel 37:1-14).
La liaison intime de ce verset avec le précédent, et surtout les mots : l’heure est (déjà) maintenant, ne laissent subsister aucun doute sur le sens spirituel des termes : morts et vivront.
Ceux qui, malgré ces preuves, les appliquent à la mort et à la résurrection corporelle sont forcés d’expliquer ce mot maintenant par les quelques résurrections miraculeuses que Jésus opéra au cours de son ministère.
Mais il est évident, comme l’observe Meyer, que, rappeler pour un temps à la vie terrestre certains morts qui pourtant mourront de nouveau, ce n’était pas leur communiquer la vie dont parle Jésus dans ce discours.
Et si l’on veut appliquer ces paroles à la résurrection universelle du dernier jour, que signifie cette distinction : ceux qui l’auront entendue ?
Ce qu’il y a de vrai dans l’opinion que nous réfutons, c’est que la résurrection spirituelle dont parle ici le Sauveur renferme en elle-même tous les éléments de la résurrection finale qu’il va annoncer (verset 29), et qui n’en sera que l’épanouissement, par lequel l’homme tout entier, l’esprit, l’âme et le corps, seront rendus à la perfection (1 Thessaloniciens 5:23; comparez Jean 6:39-40; Jean 6:44).
Cette grande parole explique (car) la puissance vivificatrice que le Fils s’attribue dans les deux déclarations précédentes (versets 24, 25).
Le Fils de Dieu ne ressuscite les morts, ne répand la vie divine dans les âmes, que parce qu’il la possède en lui-même comme le Père a la vie en lui-même.
Il faut remarquer la répétition de cette formule : a la vie en lui-même, appliquée successivement au Père et au Fils.
De même que le Père est la source souveraine de toute vie (Psaumes 36:10), de même le Fils a la vie en lui-même et est, lui aussi, dès le commencement, la source de la vie (Jean 1:4; Jean 11:25; Jean 14:6; 1 Jean 1:2), par lui à eu lieu la création de l’univers (Jean 1:3), par lui aussi s’accomplit la création nouvelle dans le monde moral.
Mais cette prérogative d’avoir la vie en soi et d’être source de la vie, le Fils la possède comme un don : le Père a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Il y a dans cette affirmation une apparente contradiction.
Mais, comme le remarque M. Godet,
Comparer verset 22, note.
La raison indiquée dans les mots : parce qu’il est Fils d’homme, a été interprétée : parce qu’il est le Messie.
Mais cette idée n’explique pas pourquoi le jugement est remis au Fils et, dans ce cas, Jésus aurait dit le Fils de l’homme (comme toujours, avec les articles; comparez Matthieu 8:20, note), et non : Fils d’homme.
On a dit encore, en se rapprochant du contexte : Parce que c’est lui qui communique la vie et qu’il sait quels sont ceux qui la possèdent. On a dit enfin : Parce qu’il est le Sauveur et que, la rédemption ayant eu son point de départ dans notre humanité, il en doit être de même du jugement qui en est l’accomplissement final.
Il y a du vrai dans ces interprétations. Mais le texte dit simplement : parce qu’il est Fils d’homme c’est-à-dire homme.
Il nous semble donc que l’explication de F. de Meyer, dans sa Bible annotée, rend compte le plus simplement de ce terme du texte :
R. Stier, en adoptant cette explication, ajoute : « Oui, tel est le jugement d’un Fils d’homme ! » (comparer Actes 17:31). Mais si ce jugement est plein de consolation et d’espérance pour ceux qui ont trouvé dans un tel juge leur Sauveur, il n’en est que plus terrible pour ceux qui repoussent sa grâce.
Au reste, pour comprendre cette explication de la parole de Jésus, il ne faut pas perdre de vue qu’il ne s’agit point exclusivement ici du jugement dernier, mais de ce jugement intérieur, progressif, qui s’exerce dans la conscience, par la vérité divine, et dont le jugement éternel ne sera que le dernier acte (voir verset 22 et verset 30).
Jésus lit sur la figure de ses auditeurs l’impression de l’étonnement, du doute de l’incrédulité, à l’ouïe des grandes choses qu’il vient de leur faire entendre, il leur dit alors : Ne vous étonnez pas de cela, car voici de plus grandes choses encore; et il annonce le fait immense de la résurrection universelle au dernier jour.
Les termes de ces deux versets (28, 29) sont tels qu’on ne peut les comprendre dans le sens d’une résurrection spirituelle : tous les verbes sont au futur, en disant : l’heure vient, Jésus n’ajoute pas, comme au verset 25 : elle est déjà maintenant; il n’y a plus ici de distinction entre ceux qui auront entendu sa voix et les autres (verset 25), mais tous l’entendent; enfin ces mots : dans les sépulcres, en sortiront, ne souffrent aucune autre interprétation que celle d’une résurrection corporelle.
La grande voix du Fils de Dieu qui, alors, se faisait entendre au milieu de ses adversaires et de tout le peuple, pleine de grâce et de vérité, retentira à l’heure de son retour glorieux et accomplira, par la puissance créatrice de Dieu, le plus grand miracle qui ait eu lieu depuis la création du monde, la résurrection des morts.
Cette résurrection est, en même temps, la séparation de notre humanité en deux parts : résurrection de vie, pour ceux qui déjà avaient la vie (versets 24, 25); résurrection de jugement pour les autres. Les raisons de cette différence sont dans la conduite qu’ils auront eue et qui alors paraîtra au grand jour : ceux qui auront fait le bien, ceux qui auront pratiqué le mal; « l’arbre se reconnaît à ses fruits ».
On aurait pensé que ces raisons seraient la foi ou l’incrédulité, la vie ou la mort spirituelles, et c’est bien là, au fond, ce que Jésus entend par : le bien (grec les bonnes œuvres) ou le mal (grec les mauvaises œuvres), dans leur sens absolu; mais il emploie des termes plus généraux qui comprennent, le premier, la droiture morale qui précède la foi (Jean 1:48; Jean 3:21; Jean 7:17) et les fruits de sanctification et d’activité que la foi produit; le second, la corruption morale qui est tout ensemble la cause et la conséquence de l’incrédulité (Jean 3:19-20).
Une résurrection de vie est une résurrection qui conduit à la vie parfaite et éternelle; une résurrection de jugement, celle qui conduit au jugement, mais il ne faut point traduire, avec Martin et Ostervald : résurrection de condamnation (Matthieu 7:21 suivants; Matthieu 24:31 et suivants; Luc 14:14; Romains 2:7-8).
Jésus, après avoir repoussé l’accusation portée contre lui par ses adversaires (verset 18), en s’élevant à une hauteur divine où l’accusé est devenu le juge des accusateurs revient ici à son point de départ (verset 19), c’est-à-dire à cette unité parfaite avec Dieu hors de laquelle il lui est moralement impossible de rien faire.
Il l’affirme de nouveau en s’attribuant plus directement cette prérogative : il ne dit plus seulement : « Le Fils ne peut rien faire », mais : « Moi je ne puis rien faire ». Tout ce qu’il fait a donc pour sanction l’autorité de Dieu même; quand il juge (le verbe au présent ne peut s’entendre du seul jugement à venir, verset 29, mais de toute son œuvre au sein de l’humanité, Jean 5:22-27; Jean 3:18), son jugement est juste, parce qu’il ne fait qu’accomplir la volonté de celui qui l’a envoyé.
Cette pleine et constante harmonie de sa volonté avec la volonté de Dieu (Matthieu 26:39), c’est la sainteté, la victoire constante remportée sur tous les efforts de l’ennemi; or la sainteté parfaite de Jésus-Christ sera toujours sa meilleure apologie.
Jusqu’ici, dans ce discours, le Sauveur a affirmé ce qu’il est, maintenant, il va en appeler au témoignage que Dieu lui rend et, à son tour, accuser l’incrédulité de ses adversaires en présence de ce témoignage (versets 31-47).
Par ces paroles, Jésus prévient une objection que, plus tard, les adversaires formuleront expressément : « Tu rends témoignage de toi-même; ton témoignage n’est pas vrai » (Jean 8:13).
Jésus répondra alors : « Même si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai; car je sais d’où je suis venu et où je vais » (verset 14).
Ici, il admet le principe formel du droit selon lequel un homme ne peut pas témoigner sur son propre compte, mais c’est pour en appeler immédiatement à un autre qui rend témoignage de lui (verset 32).
Qui est cet autre, au témoignage duquel Jésus en appelle ? Plusieurs anciens interprètes ont répondu : C’est Jean-Baptiste, dont le Seigneur va parler. Mais cette application est précisément écartée par les paroles des versets 33-36.
Non, celui qui rend ce témoignage, c’est Dieu lui-même (versets 36-40); et Jésus sait, il porte en lui l’intime conviction, que ce témoignage est la vérité souveraine.
Codex Sinaiticus, D, Itala portent vous savez. Cette variante que Tischendorf est seul à admettre provient de la fausse supposition qu’il s’agit du témoignage de Jean-Baptiste.
Voir Jean 1:19 et suivants
Quand Jésus dit qu’un autre rendait témoignage de lui (verset 32), ses interlocuteurs pensèrent aussitôt à Jean-Baptiste. Jésus parle donc du témoignage rendu par son Précurseur, qui conserve sa valeur (verbe au parfait) malgré la disparition du témoin.
Jésus affirme que le témoignage de Jean a été pleinement conforme à la vérité, et cependant, dans cette contestation avec les adversaires, ce n’est pas à ce témoignage ni au témoignage d’aucun homme qu’il en appelle, parce qu’il en a un plus grand (verset 36); s’il mentionne le témoignage du Précurseur, c’est seulement dans l’intérêt de ses auditeurs, afin qu’ils se souviennent des paroles de repentance et de vérité que Jean leur a fait entendre, et qu’ainsi ils soient sauvés.
C’est encore une belle louange du Précurseur que Jésus prononce par ces paroles : Il était la lampe qui brûle et qui luit, l’unique lampe qui éclaire la maison (Matthieu 5:15-16, note), le prophète que Dieu avait destiné à éclairer son peuple et à l’amener au Sauveur.
Cette lampe s’était déjà consumée; Jean n’était plus, ainsi que l’indique le verbe à l’imparfait. En poursuivant cette image gracieuse, dans la seconde partie de ce verset, Jésus adresse à ses auditeurs un sévère reproche : au lieu de profiter, pour leur salut, de cette lumière fugitive, ils n’avaient pensé qu’à se réjouir.
L’annonce du royaume messianique avait excité leur curiosité et leurs espérances charnelles; mais la prédication de la repentance, que Jean leur faisait entendre, les avait bientôt rebutés.
Voilà le témoignage divin dont Jésus a parlé (verset 32), et qui est plus grand que celui du Précurseur : ce sont d’abord les œuvres du Sauveur. Ce témoignage est bien de Dieu, car c’est le Père qui lui a donné les œuvres qu’il fait, afin qu’il les accomplisse.
Ce dernier verbe signifie accomplir jusqu’à la perfection, et il est au futur, car Jésus a la certitude qu’il achèvera ses œuvres jusqu’au bout. La preuve, pour ses auditeurs, c’est que déjà il les fait (présent).
Or, qu’étaient ces œuvres ?
Avant tout, ses miracles, ces actes de puissance et d’amour qui répandaient la santé et la vie, la consolation et l’espérance sur tant de malheureux.
C’étaient encore ses paroles divines qui éclairaient et vivifiaient les âmes (versets 20-27); c’était, en un mot, toute sa belle et sainte vie qui, dans son ensemble, constituait « l’œuvre de celui qui l’avait envoyé » (Jean 4:34).
Voilà son témoignage. Est-il étonnant qu’il en appelle à lui si souvent ? (Jean 10:32; Jean 10:37-38; Jean 14:11; Jean 17:4).
S’agit-il, ici encore, du même témoignage, celui des œuvres ? (verset 36) Plusieurs interprètes l’ont pensé.
Mais ces mots solennels : le Père lui-même et le verbe au parfait : a rendu témoignage (tandis qu’il est au présent dans le verset précédent), montrent évidemment que Jésus a en vue un témoignage nouveau.
Quel est-il ? Les uns pensent qu’il s’agit de ce témoignage intérieur et immédiat que Dieu rend dans les âmes (versets 24-26) en les attirant au Fils (6.44); ainsi de Wette, Tholuck, Astié. Cette explication non plus ne tient pas compte du verbe au parfait.
D’autres (Chrysostome, Bengel) voient ici une allusion au témoignage divin rendu à Jésus lors de son baptême (Jean 1:33 : Matthieu 3:17).
Cette supposition ramènerait au témoignage de Jean-Baptiste (verset 33). Elle est contredite par les mots qui suivent : « Jamais vous n’avez entendu sa voix ».
Nous pensons donc avec Calvin, Lücke, MM. Meyer, Luthardt Weiss, Keil et Godet (3e edition), que Jésus aborde ici le grand témoignage que Dieu lui a rendu dans les saintes Écritures de l’Ancien Testament et dont il va parler plus au long (versets 38-40). Ce témoignage a été rendu dans le passé, mais subsiste dans le présent : c’est ce que signifie le verbe au parfait.
Malgré toutes les révélations et toutes les apparitions divines (théophanies) dans l’ancienne alliance, jamais vous n’avez su discerner la voix de Dieu et reconnaître sa présence dans les Écritures.
Vous ne le connaissez pas parce que sa parole n’a jamais pénétré dans vos cœurs, de manière à demeurer en vous. Ce qui le prouve avec évidence, c’est que vous ne croyez point celui qu’il a envoyé, et auquel il rend un si éclatant témoignage (versets 36, 37).
Tel est, d’une manière générale, le reproche que Jésus adresse à ses auditeurs (verset 38).
Mais les dernières paroles du verset 37 prouvent qu’il ne pense pas seulement à la manière superficielle et légère dont ils étudiaient les Écritures.
Ces termes caractéristiques : Vous n’avez jamais ni entendu sa voix ni vu sa face ne signifient pas seulement : Vous ne connaissez pas Dieu, mais : Vous ne sauriez le connaître, si ce n’est en Celui qui le révélait dans l’Ancien Testament, et qui, par sa présence, le révèle maintenant à vos yeux. C’est exactement ce qui est dit Jean 1:18; Jean 6:46.
Or cet unique révélateur de Dieu, les chefs du peuple le repoussent, ils ne croient pas en lui; donc ils restent dans l’ignorance et la mort (verset 39).
Telle est, à peu près, l’interprétation de R. Stier, et c’est, nous semble-t-il, la seule qui rende bien compte de ce texte profond est difficile.
Les premiers mots du verset 39 ont été de tout temps compris et traduits de deux manières différentes :
C’est en effet ce que faisaient les Juifs, surtout depuis le retour de la captivité, ils étudiaient beaucoup les Écritures, mais bien plus pour en compter les mots et les syllabes, que pour en pénétrer le sens et l’esprit. Ils pensaient avoir, par la seule connaissance littérale de ces Écritures, la vie éternelle.
Sans doute, s’ils ne s’arrêtaient pas à la lettre, s’ils savaient s’élever jusqu’à l’esprit (Jean 6:63; 2 Corinthiens 3:6), ils trouveraient cette vie véritable et éternelle dans les Écritures, car elles sont remplies du témoignage rendu au Libérateur qui devait venir.
Mais malgré la connaissance que vous avez de ces Écritures, qui rendent témoignage de moi, ajoute Jésus, vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !
Quelle contradiction ! Quel aveuglement ! Et c’est leur volonté dépravée qui en est la cause (verset 40). C’est avec une profonde tristesse que Jésus prononce ces paroles. Elles rappellent sa plainte sur Jérusalem : Vous ne l’avez pas voulu (Matthieu 23:37).
Dans cette troisième partie du discours (versets 41-47), Jésus ne fait plus que développer le reproche qu’il vient d’adresser à ses auditeurs : Vous ne voulez pas !
Il montre d’abord d’où provient leur mauvais vouloir (versets 41-44), puis il leur en dévoile les conséquences (versets 45-47).
S’il leur reproche avec tant de force de ne pas croire en lui, ce n’est pas qu’il recherche en aucune manière la gloire qui vient des hommes (comparez verset 44); mais c’est parce qu’il les connaît (Jean 2:24), et qu’il sait que leur cœur est étranger à l’amour de Dieu.
Telle est la première et grande cause de leur incrédulité. S’ils avaient eux-mêmes une étincelle de cet amour pour Dieu, ils le sentiraient dans chacune des paroles du Sauveur (comparer Jean 3:19-21).
Celui qui vient au nom de son Père, qui est le vrai Messie, le Sauveur, ils ne le reçoivent point, parce que leur cœur est incapable de sentir son amour; si un autre vient en son propre nom sans l’autorité de Dieu que pourtant il invoquera faussement, ils le recevront.
Pourquoi ? Parce qu’il flattera leurs préjugés, leurs passions, comme le font tous les faux messies et les faux prophètes qui ne recherchent que leur propre gloire (verset 44).
Seconde raison d’incrédulité, que Jésus exprime vivement par une question directe et qui signifie : Il vous est impossible de croire, parce que, idolâtres de la gloire qui vous vient des hommes, vous n’avez aucun égard à la gloire qui vient de Dieu seul et qui devrait dominer toutes vos pensées (verset 41).
Voir sur cette idolâtrie de l’approbation et de la gloire des hommes que Jésus reprochait ailleurs aux chefs du peuple, Matthieu 6:1-5, Matthieu 6:16-18; Matthieu 23:5-12; comparez Jean 12:43.
Après avoir dévoilé à ses adversaires leur incrédulité et ses causes, Jésus leur ôte enfin le fondement de la fausse espérance qu’ils mettent en Moïse.
C’est par un zèle aveugle pour Moïse et pour sa loi qu’ils ont accusé Jésus d’avoir violé le sabbat (verset 17), accusation qui a donné lieu à tout ce discours.
Or c’est précisément Moïse qui les accuse dès maintenant (grec il est là, celui qui vous accuse, Moïse); en sorte que Jésus n’aura point à les accuser devant le Père au jour du jugement.
Quelle situation tragique : trouver son accusateur en celui en qui on avait mis son espérance de salut ! Et Jésus va dire la cause de cette immense déception qui les attend (versets 46, 47).
La preuve que Moïse les accuse (car), c’est que, tout en se glorifiant de lui, ils ne le croient pas, d’une foi éclairée et vivante : Si vous croyiez Moïse…
Et leur incrédulité à l’égard de Moïse est, à son tour, la cause pour laquelle ils ne croient pas Jésus.
En effet, les écrits de Moïse sont remplis de lui.
Les mots : Il a écrit de moi ne doivent pas s’entendre seulement de certaines déclarations prophétiques telles que Genèse 3:1; Genèse 3:5; Deutéronome 18:15-18 et autres; mais de tous les types, les sacrifices, les cérémonies symboliques du culte, qui avaient en vue le futur Libérateur du peuple de Dieu. Il aurait même suffi de saisir la spiritualité et la sainteté de la loi pour comprendre qu’elle ne serait jamais accomplie qu’en Celui qui devait venir (comparer Luc 24:27-44).
L’incrédulité envers Moïse et ses écrits avait pour conséquence nécessaire l’incrédulité envers Jésus et ses paroles;
Endurcir sa conscience et son cœur en présence de la loi qui doit produire la repentance, c’est les endurcir aussi envers Celui qui annonce la grâce et le salut.
En un mot l’incrédulité est un état moral qui rend l’homme incapable de saisir aucune des manifestations de la vérité et de la miséricorde divines. Telle est la conclusion accablante de ce discours.