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Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-71
Cette introduction historique au discours qui suit (versets 26-59) ne présente pas d’abord à l’esprit une idée claire des faits.
Pour la comprendre, il faut se transporter par la pensée sur les lieux mêmes où Jésus avait multiplié les pains et au soir de ce même jour.
La foule qui y était restée vit qu’il n’y avait point eu là d’autre barque que celle dans laquelle étaient entrés les disciples seuls, et que Jésus n’y était point monté.
Ces gens en conclurent qu’il devait être resté, comme eux, du côté oriental du lac. Mais le lendemain, ne trouvant là ni Jésus ni ses disciples, qui n’étaient point revenus le chercher, ils profitèrent de quelques barques qui, dans l’intervalle, étaient venues de Tibériade (verset 1, 2e note), et traversèrent le lac, pour se rendre à Capernaüm et y chercher Jésus.
Il est évident qu’il ne s’agit plus des cinq mille hommes de la veille, mais d’un certain nombre d’entre eux, qui avaient passé la nuit sur les lieux, tandis que la plupart des autres s’en étaient allés en contournant à pied l’extrémité du lac.
Les manuscrits présentent de nombreuses variantes dans ce passage. Nous ne mentionnerons que les deux plus importantes : au verset 22, au lieu de vit, le texte reçu porte : ayant vu (quelques majuscules, et la syriaque de Cureton), au même verset, après : d’autre barque qu’une seule, Codex Sinaiticus, D, majuscules, portent : celle dans laquelle étaient entrés ses disciples.
Cette phrase manque dans B, A, l’Itala. La plupart des critiques la retranchent, comme une glose.
Ces gens, retrouvant Jésus de l’autre côté de la mer, lui demandent, avec un naïf étonnement : Quand es-tu arrivé ici ?
Ils soupçonnent dans ce fait, qui leur est inexplicable, une nouvelle action miraculeuse.
Ils étaient en effet plus avides de miracles que de la vérité qu’ils auraient pu recevoir par la parole de Jésus. De là, sa réponse (verset 26), et le discours qui suit, si éminemment propre à répandre la lumière dans ces âmes.
La question du verset 25 était inspirée par une vaine curiosité : ils voulaient savoir comment Jésus avait passé la mer. Jésus ne juge pas à propos d’y répondre; mais, selon sa coutume en pareil cas, il fait appel à la conscience de ses auditeurs, en leur adressant un reproche.
Ils le cherchent, non parce qu’ils ont vu des miracles (grec des signes). Chaque miracle du Sauveur était le signe visible de choses invisibles, c’est-à-dire de la présence, de la puissance et de la miséricorde de Dieu.
Mais, au lieu de considérer le miracle comme un signe et de s’élever aux biens éternels figurés par ce signe, les Juifs s’arrêtaient aux effets matériels du miracle. Ainsi ils n’avaient vu, dans la multiplication des pains, que la nourriture dont ils avaient été rassasiés.
C’est pour combattre cette tendance charnelle que Jésus, dans le discours qui suit, expose avec tant d’élévation et de profondeur la signification symbolique et spirituelle du miracle qu’il venait d’accomplir.
Jésus, après être arrivé à Capernaüm, paraît être entré dans la synagogue, où ses auditeurs de la veille l’avaient retrouvé; d’après la note du verset 59, c’est là qu’il prononce son discours et répond aux objections de ses auditeurs. Cette circonstance ajoute à la solennité des enseignements qu’il fait entendre.
Suivant d’autres, l’indication du verset 59 ne s’appliquerait qu’à la dernière partie de l’entretien. Celui-ci aurait commencé ailleurs. Il est cependant difficile de trouver le moment où aurait pu avoir lieu ce changement de scène.
La remarque de l’évangéliste semble s’étendre à tout le discours de Jésus. Il est du reste naturel que la foule ait retrouvé Jésus à la synagogue qui était le lieu de rassemblement habituel.
À la nourriture qui périt et dont se contentaient ses auditeurs, Jésus oppose la nourriture qui devient la vie de l’âme dès que celle-ci la reçoit et qui subsiste en vie éternelle, c’est-à-dire, qui produit la vie éternelle et qui prolonge ses effets jusqu’au plein épanouissement de la vie dans l’éternité (Jean 4:14).
Ce que Jésus entend par cette nourriture, il va le dire de la manière la plus claire (versets 33-35).
Il se contente d’ajouter ici : le Fils de l’homme vous la donnera (Codex Sinaiticus, D, Itala ont : vous donne; le futur est préférable). Il était lui-même, comme Fils de l’homme (voir sur ce terme Matthieu 8:20, note), la manifestation de la vie divine dans notre humanité, et lui seul pouvait la donner.
Mais, pour l’obtenir, il faut travailler (grec opérer, acquérir par le travail), c’est-à-dire, se rendre apte à la recevoir en renonçant, par un effort sérieux de la volonté, aux erreurs et aux préjugés de l’homme naturel, pour venir à Celui qui seul donne la vie.
Grec : l’a scellé, c’est-à-dire solennellement approuvé, accrédité comme son envoyé par les miracles qu’il lui donne d’accomplir et spécialement par celui dont ils viennent d’être témoins (comparer Jean 3:33; Jean 5:36-37; Jean 10:36, note).
Au nom de son Père, Jésus ajoute celui de Dieu, pour marquer qu’il tient son investiture de celui qui possède l’autorité suprême.
Grec : pour opérer les œuvres de Dieu (même terme qu’au verset 27).
Ils ont compris que Jésus exigeait d’eux un effort moral; ils demandent quelles œuvres seront agréables à Dieu, conformes à sa volonté. En employant ce mot au pluriel, ils pensent à certains actes extérieurs dont la récompense serait la « nourriture qui subsiste en vie éternelle ».
(comparer Matthieu 19:16; Luc 10:25).
À ce point de vue, la réponse de Jésus est d’autant plus frappante.
À des œuvres Jésus oppose l’œuvre, la seule que Dieu demande. Et cette œuvre consiste à croire en Jésus-Christ qu’il a envoyé.
Cette foi, acte moral de la conscience et du cœur, est déjà, en elle-même, le principe de la vie divine parce qu’elle met l’âme en communion avec Dieu par Christ. Elle est ainsi la source de toutes les œuvres d’obéissance de reconnaissance et d’amour, elle est là racine de l’arbre qui, de lui-même, portera de bons fruits.
Ces mots : l’œuvre de Dieu, ne signifient pas, comme le pensait Augustin, l’œuvre que Dieu opère en nous, idée vraie en elle-même, mais qui ne ressort pas de ce texte.
Demande étrange, après ce qui s’était passé la veille ! On a supposé que ces paroles étaient prononcées par des personnes qui n’avaient pas assisté à la multiplication des pains. On en a tiré des conséquences contre la vérité historique de tout ce récit.
On a émis la supposition que cette partie de l’entretien n’était pas rapportée à sa vraie place. Il n’est pourtant pas si difficile de comprendre ces exigences de la part de Galiléens ignorants et avides de prodiges. En effet :
Cette citation est tirée du Psaumes 78:24 (comparer Exode 16:4; Exode 16:14-15).
Le pain du ciel doit s’entendre dans le même sens qu’on donne à cette expression : la pluie du ciel. On lit, en effet, dans le Psaume cité (traduction grecque) : « Et il fit pleuvoir pour eux la manne à manger, et il leur donna un pain du ciel » (L’hébreu dit : du froment du ciel).
Les Juifs regardaient le miracle de la manne comme le plus grand de leur histoire, et ils attendaient que le Messie ferait plus encore que ce qui avait eu lieu sous le ministère de Moïse, type du Messie. On cite cet adage des rabbins : « Le premier Libérateur a fait descendre pour eux la manne; de même aussi le dernier Libérateur fera descendre la manne ».
Jésus ne nie pas le grand miracle cité par ses interlocuteurs; mais, bien que la manne fût le symbole d’une nourriture spirituelle (1 Corinthiens 10:3, note), elle était destinée à nourrir le corps, et la plupart de ceux qui en mangèrent n’y virent qu’un pain matériel.
Jésus oppose donc à cette nourriture le pain venu du ciel, celui que son Père seul donne et qui est le vrai. Il vous le donne actuellement, dit-il, par la présence de Celui qui vous parle.
L’origine et la nature de ce pain sont toutes célestes, car il est de Dieu et il descend du ciel; et son efficacité est immense, car il donne la vie au monde.
Cette dernière expression proclame l’universalité du salut (comparer Jean 3:16). La construction que nous avons adoptée pour le verset 33 nous paraît plus simple que celle proposée par MM. Luthardt, Weiss et d’autres : « Car le pain qui descend du ciel et qui donnera la vie au monde, celui là est le pain de Dieu ».
Il ne faut pas, avec Calvin, voir dans ces paroles une ironie; le titre de Seigneur, donné à Jésus, montre que ces hommes parlent sérieusement.
Quelques-uns d’entre eux pouvaient même avoir le pressentiment que Jésus leur parlait d’une nourriture et d’une vie supérieures (Jean 4:15); mais la plupart prennent encore ses paroles dans un sens matériel, et ce qu’ils demandent, c’est un aliment merveilleux, propre à satisfaire leurs convoitises charnelles (verset 26).
Leur incrédulité (verset 36) consiste à refuser de voir en Jésus lui-même la nourriture et la vie dont il leur parlait. De là, la réponse si positive et si claire qu’il va leur faire.
Jésus oppose une déclaration catégorique à toutes les fausses idées de ses interlocuteurs : C’est moi qui suis (comparer Jean 11:25).
Le pain de la vie est celui qui communique la vie (verset 33). Jésus est ce pain de vie, parce que, en lui, la vie s’est manifestée (1 Jean 1:2).
Mais pour le trouver en Jésus il faut venir à lui et croire en lui, deux termes synonymes qui caractérisent la conduite de celui qui trouve en Jésus son Sauveur. Le premier désigne l’acquiescement de la volonté, peut-être aussi la repentance (Luc 15:18), qui sont les conditions préalables de la foi.
Cette foi qui s’attache à Jésus met seule l’homme à même de n’avoir plus jamais faim et jamais soif, c’est-à-dire de sentir tous les besoins de son âme pleinement satisfaits (Jean 4:13-14; Ésaïe 49:10).
Ces hommes avaient demandé de voir pour croire (verset 30). Et maintenant ils l’ont vu, lui et ses œuvres, ils ont entendu les paroles divines qui sortent de sa bouche, et ils ne croient point !
Jésus dut prononcer ces mots avec une profonde tristesse, mais il savait où était sa consolation (verset 37).
À quelle parole Jésus fait-il allusion par ces mots : Je vous l’ai dit ?
Plusieurs interprètes pensent qu’il s’agit du discours du chapitre précédent (versets 37-44), qui renferme bien, en effet, le même reproche de ne pas croire; mais, comme ce discours avait été prononcé en Judée et devant d’autres auditeurs, il est plus probable que Jésus fait allusion à la parole du verset 26 de notre chapitre, où, en dévoilant à ses auditeurs leur sens charnel, il leur avait indiqué, en même temps la cause de leur incrédulité.
Jésus passe, sans transition, à cette pensée nouvelle, qui est une magnifique révélation de la grâce divine (versets 37-40). Et il est facile d’en saisir la liaison avec le verset 36 : Vous ne croyez point mais d’autres croiront; votre incrédulité n’anéantira point les desseins de la miséricorde de Dieu.
Seulement, pour que l’homme croie véritablement, il faut que Dieu accomplisse en lui l’œuvre de sa grâce, ou, selon l’expression du texte, qu’il le donne au Sauveur, en d’autres termes, qu’il « l’attire à lui » (verset 44).
C’est là ce que Jésus appelle encore (verset 65) un don de son Père. Sans doute, l’homme peut résister à cette action divine, mais une âme sincère, humble, repentante, altérée de justice et de paix, finit toujours par être attirée.
Il n’est donc point nécessaire de voir dans ce texte, avec Calvin et d’autres, la doctrine d’une prédestination divine, mais il est certain que le rapport de la souveraine grâce de Dieu et de la liberté de l’homme constitue un mystère qui ne nous sera révélé que dans la pure lumière.
Le neutre : tout ce que le Père me donne, pourrait se rendre par : tous ceux que (Jean 6:39; Jean 16:2); mais ce terme est choisi pour indiquer la totalité de ceux qui seront sauvés et qui trouveront leur bienheureuse unité dans leur communion avec le Sauveur (Jean 17:21).
Le verbe viendra à moi (grec arrivera) signifie : parviendra au but, saisira définitivement le salut en Christ.
Jésus, après avoir employé un terme collectif, individualise sa pensée : celui qui vient à moi; car c’est chaque âme personnellement qui doit entrer en communion avec lui (Matthieu 11:28).
Promesse pleine de grâce et d’amour : je ne le mettrai point dehors.
Il ne sera exclu ni de sa communion, ni de son royaume. Il y a même en grec une double négation qui signifie : certainement pas. Cette phrase négative renferme un sens très positif : Je le recevrai avec joie.
Ces versets 38-40 confirment (car) le verset 37 : Il est impossible que Jésus rejette ceux qui viennent à lui, puisqu’il est descendu du ciel pour faire en toutes choses la volonté de Celui qui l’a envoyé or la volonté de Celui (le texte reçu porte du Père) qui l’a envoyé, cette volonté pleine de miséricorde et d’amour, est que le Fils ne laisse se perdre aucun de ceux qui lui sont donnés, mais qu’il les sauve, en leur communiquant une vie impérissable, qui aura son plein épanouissement par la résurrection du dernier jour.
Alors le salut sera complet :
Cette solennelle déclaration, quatre fois répétée dans ce discours (versets 40, 44, 54), couronne l’enseignement du Sauveur sur son office de vivificateur et l’action qu’il exerce en tant que pain de vie.
De même au chapitre précédent les paroles des versets 29-30 complétaient la description de l’œuvre de résurrection qu’il doit opérer au sein de l’humanité. Il y a donc un parallélisme remarquable, en même temps qu’un progrès constant, dans les enseignements de Jésus que nous rapporte notre évangile.
Tel est aussi l’enseignement apostolique (1 Corinthiens 15, 1 Thessaloniciens 5:23).).
Ce verset confirme la pensée du précédent et indique le moyen de sa réalisation.
Contempler le Fils ce n’est pas seulement le voir (verset 36); le contempler des yeux de l’âme, avec confiance, avec amour, c’est déjà croire en lui, et c’est aussi puiser en lui la vie éternelle.
Et Jésus déclare encore ici que cette vie se développera jusqu’à ce que l’homme tout entier soit rendu à sa destination par la résurrection au dernier jour.
Le texte reçu répète ici, comme aux verset 38 et 39 : la volonté de Celui qui m’a envoyé.
Jésus dit, selon le texte de Codex Sinaiticus B, C, D : la volonté de mon Père parce qu’il se présente comme le Fils qui est pour nous la pleine révélation de son Père.
Les Juifs, c’est ainsi que Jean désigne ordinairement les chefs du peuple (Jean 1:19, note); veut-il dire qu’il se trouvait alors des émissaires du sanhédrin (Matthieu 15:1) dans la synagogue de Capernaüm où Jésus parlait ? (verset 59).
Il est plus naturel d’admettre que l’évangéliste nomme ainsi ceux des Galiléens qui trahissaient par leurs murmures leur opposition contre Jésus.
Ce qui les scandalisait, c’est que le Sauveur se fût présenté à eux comme le pain descendu du ciel (verset 33).
Dans leur ignorance, ils voyaient une contradiction entre cette déclaration et la connaissance qu’ils avaient de la famille de Jésus selon la chair (Matthieu 13:55-57, note; Marc 6:3; Luc 4:22).
Ils murmuraient donc entre eux, sans exprimer ouvertement leur opposition aux paroles qu’ils venaient d’entendre.
Jésus ne répond point à l’objection de ses auditeurs (verset 42), en leur révélant le mystère de sa naissance surnaturelle,
D’ailleurs :
Il se contente d’insister sur la nécessité d’une œuvre de la grâce divine qui doit s’accomplir en tout homme qui veut venir à lui et croire en lui. Personne n’y arrive autrement.
Or, cette œuvre qu’il venait de désigner en ces mots : « Tout ce que le Père me donne viendra à moi » (verset 37), il la caractérise ici comme un attrait du Père vers le Sauveur. Dieu lui donne les âmes en les attirant à lui.
Ce terme caractéristique se trouve dans Jérémie 31:3 version des Septante. Dieu a, dans sa main puissante, mille moyens d’exercer cette action de sa miséricorde sur les âmes. Tantôt ce sont les douloureuses expériences de la vie, la souffrance, la pensée de la mort, qui leur font éprouver avec tristesse le besoin d’un consolateur, d’un Sauveur; tantôt c’est le sentiment amer du péché qui se réveille en elles et qui leur inspire ce cri d’angoisse : Que ferai-je pour être sauvé ? Et dès que Jésus se présente, elles le reconnaissent comme Celui après qui elles soupiraient.
Mais le grand moyen de Dieu pour attirer les hommes au Sauveur, c’est sa Parole et son Esprit, qui agit incessamment dans notre humanité et qui saisit les moments favorables pour accomplir son œuvre. Laissons dans les écoles où elle est née la question oiseuse de savoir si cet attrait de la grâce est irrésistible ou non.
L’expérience seule, cette grande conciliatrice des contrastes, peut nous instruire à cet égard; elle apprend aux humbles à dire avec un réformateur : « Nous voulons, parce qu’il nous est donné de vouloir », et avec saint Paul : « C’est Dieu qui opère en vous la volonté et l’exécution, selon son bon plaisir », ce qui ne l’empêche pas d’ajouter, malgré l’apparente contradiction : « Opérez votre propre salut avec crainte et tremblement » (Philippiens 2:12-13).
Quoi qu’il en soit, dès qu’un pauvre pécheur a ainsi été attiré à Jésus, le Sauveur se charge d’achever en lui l’œuvre divine jusqu’à la fin : Et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Ces paroles expliquent comment le Père attire les âmes au Fils : Il le fait en les éclairant intérieurement par sa Parole et par son Esprit. La citation est tirée de Ésaïe 54:13, où la version grecque des Septante, conforme à l’hébreu, porte : « Et tous tes fils seront enseignés de Dieu, et tes enfants seront dans une grande paix ».
Ces mots ne se trouvent littéralement que dans le passage cité d’Ésaïe, si donc Jésus dit : dans les prophètes, il entend par là le recueil des livres prophétiques, comme on dirait dans les Psaumes, en citant une parole d’un psaume; ou bien, par ce pluriel, Jésus fait allusion aux nombreuses promesses renfermées également dans d’autres prophètes et relatives à la connaissance de Dieu qui sera généralement répandue dans les temps évangéliques (Ésaïe 11:9; Jérémie 31:33; Joël 2:27).
Se fondant sur ces promesses, Jésus affirme, avec une joyeuse certitude, que quiconque a ainsi entendu le Père et a été instruit, vient à lui et trouve en lui son Sauveur.
Les manuscrits varient entre a entendu (texte reçu, avec. Codex Sinaiticus, B, A, C) et entend (présent). L’idée est la même, sauf que le présent indiquerait une attention continue à cet enseignement divin.
Le texte reçu porte : Quiconque donc. Cette particule manque dans Codex Sinaiticus, B, C, D.
Ce verset contient une restriction. Jésus veut prévenir une méprise au sujet des paroles précédentes, et les compléter : entendre Dieu et être instruit de lui ne suppose pas, comme on pourrait le penser, un contact immédiat, tel que la vue peut l’établir.
L’enseignement que les hommes ont reçu de Dieu n’est que préparatoire, destiné à les amener au Fils qui, lui seul, a vu le Père de toute éternité (Matthieu 11:27; Jean 1:18; Jean 3:13), car il vient de Dieu.
C’est donc en lui, qui est l’image de Dieu, la splendeur de sa gloire, que les croyants voient Dieu (Jean 1:14; Jean 14:9).
Ainsi Jésus répond en même temps à l’objection du verset 41.
Les mots en moi manquent dans Codex Sinaiticus, B.
La plupart des éditeurs modernes les omettent comme provenant du verset 35. On peut cependant invoquer en faveur de leur authenticité le fait que, dans le contexte, la personne de Jésus est mise en relief.
Après cette instruction profonde, provoquée par les murmures des Juifs (versets 43-46), Jésus revient à son enseignement sur la vie éternelle qu’il communique aux croyants en se donnant lui-même à eux comme le pain de la vie (versets 32-40).
Jésus renvoie aux Juifs leur objection : (verset 31) La manne qui a nourri leurs pères dans le désert ne les a pas empêchés de mourir.
Mais il y a un autre pain qui affranchit de la mort, c’est celui qui est descendu du ciel et qui communique la vie éternelle. Grec : afin que quelqu’un en mange, et ne meure pas. On ne peut entendre mourir dans le sens de la perdition. L’antithèse avec la mort des Israélites dans le désert oblige d’appliquer ce terme à la mort physique. Celle ci n’est plus réellement une mort pour celui qui la subit dans la communion du Sauveur (Jean 8:51; Jean 11:25-26).
Jésus résume tout ce qu’il vient de dire en affirmant que c’est lui-même qui est ce pain vivant et par conséquent vivifiant, puisqu’il fait vivre éternellement ceux qui se l’approprient par la foi et par une communion vivante avec lui.
Meyer fait remarquer cette triple progression dans les idées :
Par ces paroles, Jésus présente sa pensée sous un aspect nouveau et passe à la dernière partie de son discours. Dans la précédente, il a parlé, à diverses reprises, du pain de vie, d’un pain descendu du ciel et qui communique la vie éternelle à ceux qui en mangent (versets 32, 33, 50, 51); il a déclaré que ce pain vivifiant, c’est lui-même (versets 35, 48, 51), et que le moyen d’en vivre, c’est de croire en lui (verset 47).
Maintenant il emploie un terme tout différent : ce pain c’est sa chair, qu’il donnera pour la vie du monde. Il faut remarquer ce verbe au futur, indiquant un acte à venir, tandis que, jusqu’ici, il a constamment parlé au présent.
Or, quel est cet acte ? Donner sa chair et son sang (verset 53 et suivants) ne peut désigner autre chose que sa mort, et une mort violente, dans laquelle son sang sera répandu. En effet, la chair et le sang, c’est la nature humaine vivante; les donner, c’est se livrer à la mort; les donner pour la vie du monde, de ce monde qui est dans la mort, c’est le racheter et le sauver (comparer Éphésiens 2:15; Colossiens 1:20-22; Hébreux 10:20; 1 Pierre 3:18).
Le moyen, pour l’homme pécheur, de s’approprier les fruits de la mort de Jésus, c’est d’entrer avec lui, par la foi, dans une communion intime et personnelle, par laquelle il meurt avec lui et vit de sa vie. C’est ce que le Sauveur va exprimer par ses mots : « manger sa chair et boire son sang ».
Telle est l’interprétation qu’admettent aujourd’hui, avec quelques nuances, la plupart des exégètes. Il en est une autre qui consiste à voir dans tout ce passage, non la mort de Jésus spécialement, mais sa personne et sa vie en général, qu’il offre à ceux qui croient en lui, comme la source de leur vie spirituelle.
La pensée serait donc exactement la même que celle que Jésus a présentée sous l’image du pain vivifiant. Mais alors il est impossible de concevoir pourquoi il parle tout à coup de l’avenir (ma chair que je donnerai); impossible, surtout, de comprendre pourquoi il présenterait une seconde fois la même pensée, qui a déjà offusqué ses auditeurs, et cela en des termes qui devaient être encore beaucoup plus inintelligibles pour eux.
Enfin, il est une troisième explication de notre passage admise par plusieurs Pères de l’Église et par quelques théologiens modernes : elle consiste à penser que, dans ces versets, Jésus parle de la sainte cène. Nous reviendrons à cette idée (verset 58, note).
Nous avons conservé le texte reçu. Le second que je donnerai est omis dans B, C, D, et retranché par la plupart des critiques. Mais il faut en tout cas le sous-entendre, car cette expression : ma chair pour la vie du monde, n’aurait sans cela aucun sens.
Disputaient entre eux : un vif débat succède aux sourds murmures (verset 41); ce débat prouve que les auditeurs de Jésus n’étaient pas unanimes dans leur opposition.
La question posée exprime le doute avec une nuance de mépris qui se trahit par ce mot : Celui ci.
Jésus n’a pas encore parlé de manger sa chair; mais ils ne pouvaient le comprendre autrement, puisqu’il la leur présente comme le pain qu’il donnera (verset 51).
C’est donc avec raison qu’ils ajoutent ce mot : manger sa chair; mais, ainsi comprise, la pensée de Jésus devait leur paraître absolument inexplicable. Elle l’est encore pour tant de chrétiens, même pour plus d’un savant théologien !
Au lieu de répondre à la question de ses auditeurs et de leur expliquer comment il peut donner sa chair à manger, Jésus se contente d’affirmer solennellement (en vérité) la nécessité de manger la chair du Fils de l’homme, sous peine de n’avoir point la vie et de rester dans la mort.
Il ajoute même, pour compléter sa pensée : Si vous ne buvez son sang.
Par là, il répond indirectement à la question des Juifs, en rendant beaucoup plus précise l’allusion à sa mort, à une mort sanglante, dont ils devront s’approprier les fruits par la foi et par une communion vivante avec lui (verset 54).
Jésus se désigne comme le Fils de l’homme, parce que c’est par son incarnation qu’il a implanté au sein de notre humanité le principe d’une vie nouvelle (comparer Matthieu 8:20, note).
On a fait, contre cette partie du discours, une objection assez plausible au premier abord : Comment, a-t-on dit, Jésus aurait-il prononcé, en présence de tels auditeurs, des paroles dont il avait la certitude qu’elles ne seraient pas comprises ?
Ebrard répond :
Jésus confirme, par une déclaration positive, la pensée qu’il a exprimée négativement au verset précédent. Comme il est lui-même la vie, celui qui mange sa chair et boit son sang, et s’approprie ainsi sa personne, tout son être, par une communion intime et vivante avec lui, a, dès ce moment, une vie impérissable, la vie éternelle.
Sans doute, la même grâce est promise à la foi (verset 67); mais il est évident que cette communion vivante et progressive avec lui est plus que la simple foi en lui.
C’est ce que l’apôtre Paul appelle « être revêtu de Christ » (Galates 3:27), ou encore « être une même plante avec lui » (Romains 6:5), c’est ce qui lui permettait de dire : « Christ est ma vie » (Philippiens 1:21).
Rien de plus naturel, dès lors, que la glorieuse conséquence affirmée ici par Jésus-Christ : Je le ressusciterai au dernier jour. Cette résurrection est virtuellement donnée avec la vie divine que le croyant a puisée en Christ, qui achèvera son œuvre en lui, en le ressuscitant et en le glorifiant (Romains 8:10-11).
Une nourriture et un breuvage qui renferment la vie et la communiquent. C’est par là qu’ils sont vrais.
Par ces mots, Jésus confirme et prouve la négation et l’affirmation des versets précédents.
Le texte reçu, avec Codex Sinaiticus, D, versions, porte : véritablement une nourriture, véritablement un breuvage. L’idée est la même.
Ces paroles profondes (versets 56, 57) expliquent comment manger la chair de Jésus et boire son sang procure la vie (verset 55).
En effet, le croyant qui se nourrit ainsi demeure en Christ et Christ en lui; il vit avec Christ dans une communion habituelle et permanente. Christ est le centre de sa vie, dominant ses pensées, ses affections, sa volonté, tous les motifs de sa conduite.
Cette manière d’exprimer une vraie communion avec Jésus est particulière aux écrits de notre évangéliste (Jean 15:4 et suivants; Jean 17:23; 1 Jean 3:24; Jean 4:13-16).
La source souveraine de la vie (grec), le Père vivant, communique incessamment la vie au Fils, qui vit par le Père, qui trouve dans le Père le principe de sa vie et de tout son être, et, du Fils, cette vie se répand sur quiconque est en communion avec lui.
Les mots : qui m’a envoyé, rappellent la mission du Fils, qui est de répandre ainsi la vie au sein de notre humanité.
Jusqu’ici Jésus avait dit : « manger ma chair et boire mon sang; » voici maintenant un terme plus direct encore : Celui qui me mange, exprimant, d’une part, l’union du croyant avec la personne entière du Sauveur et affirmant, d’autre part, une communion habituelle et permanente avec lui (Verbe au présent).
Grec : Non comme les pères mangèrent et moururent, celui qui mangera…
Jésus, en revenant à la première image qu’il a employée, celle du pain, résume et conclut tout ce discours (versets 49-51).
Depuis l’époque des Pères de l’Église jusqu’à nos jours, on a souvent agité la question de savoir si, dans la dernière partie de ce discours, Jésus avait eu en vue la sainte cène.
À l’époque de la réformation, cette question a été vivement débattue entre catholiques et protestants, d’une part, et entre réformés et luthériens d’autre part. Il faut faire ici une distinction : si l’on entend par la cène le rite cérémoniel de la communion, que Jésus institua plus tard, on devra répondre : Non, Jésus ne parle certainement pas de cet acte symbolique.
D’abord, c’eût été une anticipation sans exemple dans ses instructions; ensuite, jamais aucune Église chrétienne n’a professé l’absolue nécessité de la cène pour avoir la vie dans le Sauveur, et c’est là ce qu’enseignerait expressément Jésus, en disant : « Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous n’avez point la vie ».
Enfin on ne retrouve point, dans ce discours les termes mêmes qu’employa plus tard le Sauveur en instituant la cène. Mais si de l’acte cérémoniel et visible, on s’élève à ce qui est l’idée, l’essence de la cène, oui, on la retrouve tout entière dans ce discours.
Dans les paroles qu’il prononça à Capernaüm, comme dans le sacrement qu’il institua plus tard à Jérusalem, Jésus ne révèle pas autre chose que la nécessité d’entrer et de rester dans une communion vivante avec lui.
Nous avons du faire la même observation sur le rapport de l’entretien de Jésus avec Nicodème et du baptême que Jésus ordonna à ses disciples de pratiquer (Jean 3:5, note).
On peut même avec Stier et Luthardt, dire que notre évangéliste, nous ayant conservé l’entretien avec Nicodème et le discours de Capernaüm, n’a pas jugé nécessaire de raconter l’institution du baptême et de la cène; les symboles visibles importaient peu à l’auteur de « l’Évangile de l’esprit », il lui suffisait d’avoir rapporté des discours du Sauveur qui en révèlent l’essence la plus intime.
De même encore il pouvait omettre la lutte de Gethsémané, après nous avoir fait connaître une scène analogue (Jean 12:20 et suivants).
En faisant cette remarque, l’évangéliste ne paraît avoir d’autre but que d’indiquer au lecteur le lieu des discussions qui précèdent.
Dans la synagogue de Capernaüm, ces discours eurent une grande solennité; et comme la ville était populeuse, Jésus eut sans doute un nombreux auditoire.
Maintenant l’évangéliste va raconter les effets divers du discours qui précède.
60 à 71 La crise de la foi parmi les disciples
Jusqu’ici, Jésus avait discuté avec les Juifs, plus ou moins opposés à son enseignement (verset 41). Maintenant il a quitté la synagogue, suivi de ses disciples, et ce sont plusieurs de ceux-ci qui entrent en scène. Une crise de la foi se produit parmi eux.
Par ces disciples, il ne faut pas entendre les apôtres (verset 67), mais ceux qui, en grand nombre, le suivaient de lieu en lieu pour écouter sa parole et être témoins de ses œuvres. Nous savons, par Luc, qu’un jour Jésus put choisir soixante-dix d’entre eux pour les envoyer en mission (Luc 10:1).
Pour plusieurs, la fin du discours qui précède paraît avoir dépassé la mesure de leur intelligence et de leur force.
Leur observation : Cette parole est dure, ne signifie pas seulement qu’elle leur paraît difficile à comprendre, mais plutôt impossible à accepter : qui peut l’écouter et la mettre en pratique ?
Il ne faudrait pas en conclure cependant que ces disciples avaient pris les dernières paroles de Jésus dans un sens aussi littéral et matériel que les Juifs; mais ils trouvaient une pierre d’achoppement dans la pensée que leur Maître dût souffrir et mourir pour la vie du monde (verset 51) et qu’eux-mêmes dussent s’approprier les fruits de sa mort par une communion mystérieuse avec lui. Cela les scandalisait (verset 61).
Cette perspective fut toujours une cause de scandale pour les Juifs (Jean 12:33-34; 1 Corinthiens 1:23; Galates 5:11), et même pour les apôtres, avant qu’ils eussent reçu l’Esprit divin (Matthieu 16:21-23). Il n’en est pas autrement de nos jours pour bien des personnes.
Jésus connut en lui-même les secrets murmures des disciples (comparez Jean 2:24-25); il vit aussitôt qu’ils avaient pour cause une défaillance de leur foi : Ceci vous scandalise ? c’est là, pour vous, une occasion de chute et de défection ? (verset 66).
Et si (grec si donc) vous voyez… La phrase demeure suspendue.
Il faut sous-entendre : Que sera ce ? ou : que direz-vous alors ? Jésus renvoie donc ses auditeurs scandalisés de ses déclarations précédentes (versets 52-58), au temps où il sera retourné dans la gloire qu’il possédait avant son incarnation (Jean 17:5).
Cette parole est assez claire en elle-même; mais dans quel sens est-elle appliquée à ceux qui l’écoutent ?
Jésus veut-il dire qu’alors ils se scandaliseront bien davantage, ou qu’alors ils cesseront de se scandaliser ? Telle est la question qui divise les interprètes.
Les uns, considérant que Jésus ne peut remonter au ciel qu’en passant par une humiliation profonde et par la mort dont il vient de parler (verset 51), pensent qu’il veut dire à ses auditeurs : Là vous trouverez de bien plus fortes raisons de vous scandaliser. Et l’on ne peut nier que le si donc soit favorable à cette interprétation (Ainsi Lücke, Olshausen, de Wette, Meyer, Weiss).
D’autres, s’attachant exclusivement à l’idée de l’ascension et de la glorification de Christ, ici annoncée, estiment qu’il ouvre aux yeux de ses auditeurs la perspective d’un temps où il leur sera plus facile de comprendre le sens spirituel de ses paroles, de croire en lui, en un mot, de ne plus se scandaliser (Ainsi Calvin, Stier, Ebrard, Luthardt, Godet, Keil, Holtzmann).
Ces derniers commentateurs ont pour eux la raison que l’achèvement de l’œuvre de Christ et son retour dans la gloire auront, en effet, cet heureux résultat pour un grand nombre des disciples de Jésus qui, jusqu’alors n’avaient pas cru en lui.
Mais en sera-t-il de même pour les hommes qui dans la situation présente, ne trouvaient dans les paroles de Jésus qu’une occasion de scandale et de chute ? Leur sera-t-il plus facile de comprendre et d’embrasser la personne de Christ dans sa spiritualité, quand il sera séparé d’eux et qu’ils devront marcher par la foi et non par la vue ? Jésus pouvait-il donner cet encouragement, cette promesse, à des auditeurs qui ont vu ses miracles, entendu ses paroles, et qui, malgré tout cela, vont l’abandonner (verset 66) ?
Nous avons peine à le croire. Et ne pouvant admettre en plein ni la première interprétation, ni la seconde, nous laissons la conclusion en suspens, comme l’a fait Jésus. En n’achevant pas sa phrase et en s’exprimant de cette manière énigmatique, il donnait un sérieux avertissement à ses auditeurs.
Ce verset aussi a été l’objet d’interprétations diverses. Jésus parle à des auditeurs qui se scandalisent de son discours (versets 52-58). Il voudrait dissiper leurs préjugés; il énonce, à cet effet, trois propositions :
À ceux qui s’arrêtent à l’extérieur et ne connaissent Christ que selon la chair (2 Corinthiens 5:16), Christ lui-même ne sert de rien.
On sait le rôle que cette parole joua dans les controverses sur la cène et en particulier dans la discussion de Luther et de Zwingle à Marbourg.
Zwingle répétait souvent les mots : La chair ne sert de rien, et Luther répondait : Jésus ne dit pas : ma chair, mais la chair, et il entend par chair la disposition charnelle du cœur corrompu de l’homme qui le porte à prendre les paroles de Christ dans un sens grossièrement littéral (2 Corinthiens 3:6). Zwingle, dans sa conception de la cène, méconnaissait le sens profond des paroles de Jésus (versets 53-57); Luther, de son côté, en prenant le mot chair dans un sens tout différent de celui qu’il a dans les versets précédents, méconnaissait l’évidence du contexte.
Puisque les paroles que je vous dis sont esprit et vie, ce n’est pas en elles qu’est la raison du scandale qu’elles vous causent, mais cette raison est dans votre incrédulité. Jésus adoucit cette accusation, en réduisant à quelques-uns le nombre de ceux qui refusaient de croire en lui, de le recevoir tel qu’il venait de se présenter à eux dans ce discours. Et pourtant, voir verset 66.
Par cette observation, l’évangéliste explique (car) la déclaration qui précède; il nous avertit que Jésus ne fut pas surpris par cette crise que subit la foi de ses disciples, qu’il s’y attendait, que, d’avance, il l’avait aperçue dans leurs cœurs (comparer Jean 2:24).
Bien plus, il savait dès le commencement qui sont ceux qui ne croient pas et qui est celui qui le livrera. En grec, ces verbes sont au présent, sauf le dernier, qui est au futur.
Que signifie le mot : dès le commencement ?
La plupart des interprètes entendent par là le temps où Jésus entra dans son ministère et commença à rassembler des disciples (comme Jean 15:27; Jean 16:4), mais ce sens ne saurait s’appliquer à ses auditeurs galiléens qui, maintenant, ne croient pas.
Jésus ne les connaissait pas encore à cette époque. Il serait donc plus vrai de dire, avec de Wette, Tholuck, Luthardt, Keil, que cette expression désigne le moment où chaque disciple fut mis en contact avec Jésus et s’attacha à lui; dès lors, Jésus le pénétra tout entier.
Mais ne peut-on pas, en tenant compte des verbes au présent, penser, avec Lange et Weiss, que cette parole signifie : « Dès que les premiers germes de l’incrédulité naissaient dans le cœur d’un disciple, dès ce moment déjà Jésus le connaissait jusqu’au fond ? »
Dans ce cas, l’observation de l’évangéliste, concernant Judas, ne se rapporterait pas au moment où Jésus l’admit au nombre des douze, mais au temps où l’avarice et l’hypocrisie de ce disciple prirent racine ans son cœur (comparer verset 70, note, et Jean 13:11).
Si l’on interprète ainsi la remarque de l’évangéliste, on ne se heurte pas à cette pensée inacceptable que Jésus aurait appelé Judas à l’apostolat en sachant qu’il l’engageait dans une voie au terme de laquelle se trouvaient son crime et sa ruine ! Au reste, il faut bien avouer qu’il y a dans la destinée de Judas un mystère insondable (voir Jean 12:4; Jean 17:12).
Voir versets 37, 44, notes.
Ce mot à cause de cela se rapporte à la déclaration de Jésus, verset 64 « Quelques-uns de vous ne croient pas ». C’est à cause de cela, pour les rendre attentifs à ce fait, que Jésus leur a tenu le langage dont il les fait se souvenir maintenant.
Il en est qui ne croient point, parce que, tout en suivant Jésus pour entendre sa parole, ils n’ont point ouvert leur cœur à l’action de la grâce divine qui seule rend la foi possible.
L’expression grecque que nous rendons par dès ce moment peut signifier également à cause de cela, c’est-à-dire à cause de ce discours (versets 51-65) qui heurtait toutes les fausses espérances messianiques et tous les préjugés charnels de ces disciples.
Plusieurs d’entre eux, les mêmes qui venaient de murmurer contre la parole de Jésus, se retirèrent (grec s’en allèrent en arrière) et cessèrent tout à fait de le suivre.
Ce verbe à l’imparfait : ils ne marchaient plus avec lui, peint le changement que cette rupture amena dans leur existence : au lieu d’accompagner Jésus dans ses voyages et de partager sa vie errante, ils reprirent leurs occupations sédentaires.
L’abandon d’un grand nombre de ses disciples causa au Sauveur une profonde tristesse; mais il savait aussi qu’une épuration devait se faire parmi ceux qui s’étaient attachés à lui, et il tenait moins au nombre qu’à la foi sincère et au dévouement absolu de ceux qui devaient le suivre dans ses humiliations.
C’est pourquoi il pose, même aux douze apôtres qu’il avait choisis, cette sérieuse et solennelle question : Voulez-vous, vous aussi, vous en aller ?
Jésus veut les éprouver et provoquer en eux une pleine décision, car il réclame un peuple de franche volonté. Il les connaissait assez pour savoir que tous, sauf Judas (verset 70), lui resteraient fidèles, et leur réponse ne faisait pour lui l’objet d’aucun doute, mais il voulait l’entendre de leur bouche, car la belle profession de Pierre devait contribuer à l’affermissement de leur foi.
Ces paroles sont un cri de l’âme, Pierre les prononce avec une pleine persuasion, un saint enthousiasme, un ardent amour pour son Maître.
Chaque mot, examiné de près, produit cette impression. Et d’abord, cette exclamation douloureuse, à la simple pensée de quitter Jésus : À qui irons-nous ? L’avenir, sans Jésus, paraît affreux à son disciple.
Ensuite, Pierre a déjà fait l’expérience que les paroles de son Maître sont des paroles de vie éternelle, qui renferment et qui communiquent à l’âme la vie impérissable du ciel.
Il confirme la déclaration de Jésus qu’il venait d’entendre : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie » (verset 63). Cette affirmation de la vérité objective des paroles de Jésus est faite avec une certitude intime fondée sur une expérience personnelle : Nous, quoi que d’autres puissent penser ou faire, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu.
Les deux verbes au parfait indiquent un fait accompli et permanent.
Il faut remarquer encore l’ordre de ces mots : c’est en croyant que les disciples sont arrivés à connaître, telle est la voie divine de l’expérience, nul ne connaît Jésus, si ce n’est par la foi qui est la confiance du cœur (comparer Jean 8:32; 1 Jean 4:16).
Selon le texte reçu, Pierre aurait dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Ces mots, empruntés à Matthieu 16:16, ont été introduits ici dans l’intention bénévole de mettre en harmonie les deux récits.
Selon le vrai texte (Codex Sinaiticus, B, C, D), ces titres du Sauveur sont tous résumés dans celui-ci : le Saint de Dieu, « Celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde » (Jean 10:36), l’ayant « marqué de son sceau » (verset 27, comparez 1 Jean 2:20; Marc 1:24; Luc 5:8).
Il est probable que cette confession de Pierre est la même que celle qui eut lieu, d’après les synoptiques, à Césarée de Philippe (Matthieu 16:13 suivants; Marc 8:27 et suivants; Luc 9:18 et suivants).
Un intervalle de quelques semaines sépare donc cette scène finale du discours prononcé à Capernaüm. Pendant ce temps se produisirent les défections mentionnées au verset 66 (comparer Luc 9:23 et suivants, verset 43 et suivants).
Telle est la réponse de Jésus à la belle confession de Pierre ! Elle forme avec cette confession un contraste tragique.
N’est-ce pas moi, celui que vous venez de confesser comme le Saint de Dieu, qui vous ai choisis, vous les douze, pour la haute vocation de l’apostolat ? Et l’un de vous est un démon (grec un diable) !
Cette épithète terrible désigne un être qui s’est placé sous la domination du diable, et qui est devenu une incarnation de l’esprit des ténèbres (Jean 13:2-27; 1 Jean 3:8-10).
Ce terme est plus sévère que celui de Satan, adversaire (Matthieu 16:23; comparez Jean 8:44).
Avec quelle douleur profonde Jésus dut prononcer ces paroles ! Jésus ne dit pas était un démon, quand je vous ai choisis, mais est un démon, il l’est devenu (comparer verset 64, 2e note).
Jean ne veut pas que les lecteurs aient le moindre doute sur le disciple désigné par Jésus; et, partageant la douleur de son maître il le nomme expressément : Judas, fils de Simon, Iscariot (comparer Matthieu 10:4, note).
Il ne peut même s’empêcher de faire ressortir, à son tour, ce terrible contraste : Il devait le livrer, lui, l’un des douze !
L’évangéliste ne fut frappé de ce contraste que plus tard, car, au moment de la déclaration de Jésus, aucun des disciples ne savait duquel d’entre eux il avait parlé, et ils l’ignorèrent jusqu’au moment où Judas consomma sa trahison (Jean 13:21-22; Jean 13:28-29).
L’incertitude où Jésus les laissait renfermait un redoutable avertissement pour tous.