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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 6". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/john-6.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 6". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-71
Verset 1
La crise en Galilée
Versets 1 à 21 â Les deux miracles qui préparent la crise
Après ces choses, câest-à -dire après les faits et les discours racontés au chapitre précédent. Si la fête pour laquelle Jésus était monté à Jérusalem était bien celle de Purim (Jean 5.1, note), qui se célébrait en mars, le motâ¯: Après ces choses nous reporte à quelques semaines plus tard, car la fête de Pâque qui approchait (verset 4) avait lieu en avril.
Jean ne veut pas dire que Jésus sâen alla de Jérusalem au-delà de la mer de Galilée. Il sous-entend le retour de Jésus dans la contrée de Capernaümâ¯; celle-ci est le point de départ de cette excursion sur la rive orientale du lac.
Jean rejoint ici les récits des synoptiques. Il les suppose connus, câest pourquoi il ne nous indique pas les motifs de cette excursion au-delà du lac (Marc 6.30 suivants, Luc 9.10 suivantsâ¯; comparez Matthieu 14.13). Jésus voulait se retirer dans la solitude avec ses disciples, afin dây chercher pour lui et pour eux quelque temps de repos et de recueillement, mais la foule qui le suivit déjoua son projet (verset 2).
Jean ajouteâ¯: de Tibériade parce que, en dehors de la Palestine, la mer de Galilée (Marc 1.16â¯; Matthieu 15.29) était plus connue sous le nom de «â¯lac de Tibériadeâ¯Â». Câest ainsi que lâappelle Pausanias.
Tibériade, ville située presque à lâextrémité méridionale du lac et sur la rive galiléenne, avait été bâtie par Hérode Antipas et nommée ainsi en lâhonneur de lâempereur Tibère (voir les intéressantes pages que M. Félix Bovet consacre à Tibériade, dans son Voyage en Terre Sainte, p. 399 et suivants).
Verset 2
Tous ces verbes à lâimparfaitâ¯: suivait, voyaient, opérait, montrent que ces foules se rassemblaient habituellement autour du Sauveur, depuis son retour en Galilée et que, de son côté, Jésus multipliait les actes de guérison sur les malades.
Plusieurs pouvaient le suivre dans lâintérêt de ces malades mêmes, dâautres, par simple curiosité, dâautres encore, avides de le voir et dâentendre sa parole.
Verset 3
La montagne sur laquelle Jésus se retira, avec ses disciples, nâest pas désignéeâ¯; mais comme toute la contrée est montagneuse, il faut entendre par là lâune des collines du voisinage.
Jésus était assis là , dans lâattitude du repos et sans doute, sâentretenant avec ses disciples.
Verset 4
Quel peut être le but de cette remarque de lâévangéliste sur lâapproche de la Pâqueâ¯?
Les uns nây voient quâune simple note chronologique, mais celle ci eût été placée au commencement du récit.
Dâautres pensent, avec Meyer, que lâévangéliste veut expliquer ce grand concours de peuple. Ce seraient des caravanes de pèlerins, se rendant à Jérusalem pour la fête.
Mais notre narrateur a déjà motivé dâune autre manière ce rassemblement de peuple (verset 2) et la suite du récit, dans tout ce chapitre (verset 22 et suivants), nâindique nullement quâil sâagisse de voyageurs se rendant à Jérusalem.
Dâautres mettent notre verset dans un rapport étroit avec le précédent et y trouvent indiqué le sujet de lâentretien de Jésus avec ses disciples. «â¯Jésus était là assis avec ses disciples. Or, comme là Pâque était procheâ¯Â», de sérieuses pensées dâavenir remplissaient son âme, car, à la Pâque suivante, il devait mourir.
Enfin, dâautres interprètes, dont M. Godet voient dans cette observation de Jean une sorte dâintroduction au récit de la multiplication des painsâ¯: lâévangéliste veut marquer que Jésus va, à sa manière célébrer la Pâque avec ses disciples et avec ces foules quâil nourrira dâun pain miraculeux et auxquelles il se présentera lui-même comme le pain de vie. Si lâon rapproche cette supposition des paroles profondes de Jésus sur la nécessité de manger sa chair et de boire son sang (verset 51 et suivants), on voit que Jésus célébra avec ceux qui crurent en lui une fête qui non seulement épuisait lâidée de la Pâque juive, mais exprimait dâavance celle de la Pâque chrétienne.
Ces deux dernières explications du verset 4 ne sâexcluent pas lâune lâautre, mais se complètent au contraire.
Verset 5
Dans lâoriginal et selon le texte de la plupart des majuscules, ce verbeâ¯: achèterons-nous, nâest pas au futur, mais il a une forme délibérative qui signifieâ¯: Où (grec dâoù) devons-nous acheterâ¯? Câétait là une manière de provoquer la réflexion dans lâesprit du disciple.
Dâaprès Jean câest Jésus qui prend lâinitiative, tandis que, dans le récit des synoptiques, ce sont les disciples qui ont les premiers la pensée de venir au secours de la multitude (Matthieu 14.15â¯; Marc 6.35).
Verset 6
Ce nâest donc pas pour sâéclairer lui-même que Jésus adresse cette question à son disciple, le miracle était déjà arrêté dans sa pensée et il savait quâil avait la puissance de lâaccomplir. Mais il voulait éprouver ce disciple, câest-à -dire, lâamener à réfléchir et voir si, dans une situation où aucun secours humain ne sâoffrait à lui, il saurait mettre sa confiance dans la sagesse et la puissance de son Maître.
On sâest demandé pourquoi câest à Philippe que Jésus fait subir cette épreuve. Le texte ne le dit pas.
Mais, si lâon considère quâun autre trait relatif à ce disciple (Jean 14.8-9) nous montre en lui un esprit enclin à sâattacher au sens littéral et matériel des paroles (comparez verset 7), on comprend que Jésus, en vrai éducateur, cherche à élever ses pensées au-dessus de ce qui se voit et se calcule.
Verset 7
La réponse de Philippe confirme ce que nous venons de dire. Ne voyant que la multitude à nourrir, il se hâte de faire un calcul et il conclut que deux cents deniers de pain (le denier, à cette époque, valait à peu près un franc) ne suffiraient pas pour que chacun en eût quelque peu.
Donc il ne reste aucune ressourceâ¯! En effet, la pauvre bourse qui servait à lâentretien de Jésus et de ses disciples nâavait probablement jamais renfermé une telle fortune.
Marc (Marc 6.37) est le seul des synoptiques qui ait aussi conservé ce calcul des disciples.
Verset 9
Ainsi André sâest informé des vivres qui pouvaient se trouver à portée et tout se réduisait à cinq pains et deux poissonsâ¯!
Câest exactement la provision indiquée dans les récits des synoptiques (voir les notes), avec cette seule différence, que Jean nous apprend que ces pains étaient faits avec de la farine dâorge, quâemployaient ordinairement les gens pauvres.
Les recherches dâAndré avaient été si précises que, dâaprès le texte reçu, il sâexprime ainsiâ¯: Il y a ici un seul jeune garçon (Le mot souligné est conservé par Lachmann, Meyer, M. Godet, bien quâil manque dans Codex Sinaiticus, B, D et que la plupart des éditeurs du texte le retranchent).
Aussi ce disciple arrive-t-il comme Philippe, à la même conclusion décourageanteâ¯: Quâest-ce que cela pour tant de gensâ¯? Lâévangéliste a évidemment voulu en entrant dans ces détails faire ressortir le contraste quâil y a entré lâembarras des disciples et la puissance que le Sauveur va déployer.
Verset 10
Jésus, qui va se montrer le maître de la nature, commande aussi en maître à ses disciples et à cette multitude. Marc (Marc 6.40) nous a dépeint lâordre parfait dans lequel tous sâassirent.
Si Jean ne nous parle que des hommes, câest que chacun dâeux, comme chef de famille devait recevoir sa part de nourriture pour lui-même et pour les siens. Les femmes et les petits enfants ne furent donc pas négligés (Matthieu 14.21).
Notre évangéliste fait enfin remarquer quâil y avait là beaucoup dâherbe, un tapis de gazon émaillé de fleurs, car on était au printemps, en avril (verset 4), en sorte que tout contribuait à donner à cette scène, sous le ciel dâOrient, un caractère de beauté et de joie.
Au moment de prendre les pains, le Sauveur lève son regard vers le ciel et prononce, à la fois, lâaction de grâces pour ce que Dieu avait donné et la bénédiction qui allait procurer lâabondance (Matthieu 14.19â¯; Marc 6.41â¯; Luc 9.16).
Verset 11
Le texte reçu porteâ¯: «â¯Il les distribua aux disciples et les disciples à ceux qui étaient assisâ¯Â».
Les mots soulignés manquent dans Codex Sinaiticus, B, A, versions et sont empruntés aux synoptiques, mais il est évident que câest ainsi que se fit la distribution.
Les motsâ¯: autant quâils en voulurent et ils furent rassasiés, montrent quelle fut lâabondance du repas (comparer versets 7 et 9).
Verset 13
Voir Matthieu 14.20, note et sur ce miracle en général, verset 21, note.
Verset 14
Câest-à -dire, le Messie, dâaprès Deutéronome 18.15 et dâautres prophéties.
Verset 15
Dès que le peuple est convaincu que Jésus est le Messie, il veut, plein dâenthousiasme, le proclamer Roi.
Mais quâelles étaient fausses, les idées de la foule sur cette royautéâ¯! Elle nâavait aucun désir de la vraie liberté de lâaffranchissement intérieur du péché, qui aurait pu devenir le moyen de son affranchissement de la tyrannie politique et sociale sous laquelle elle gémissait.
La contradiction entre lâopinion régnante et les pensées du Sauveur, sur les moyens de la délivrance et la nature de son règne, devait sâaccentuer toujours plus et amener finalement le peuple à rejeter son Messie. En sorte que comme lâobserve justement M. Luthardtâ¯:
Câest à ce point de vue quâil faut se placer pour comprendre les profondes paroles que Jésus prononce dans le discours qui va suivre (verset 26 et suivants). Il sây révèle comme la source de la vie spirituelle, mais dâune vie quâil ne pourra communiquer au monde que par sa mort. Par cette mort, il fondera une royauté dont le peuple nâa aucune idéeâ¯!
Voilà pourquoi Jésus se soustrait à ces ovations et se retire de nouveau (allusion au verset 3, qui indique que Jésus était redescendu de la montagne où il était monté), lui seul, sur la montagne.
Au sein de cette solitude il retrempera son âme dans la communion de Dieuâ¯; car il sait quâen ce moment-là , il a atteint le faîte de la faveur populaire et que désormais il ne fera plus que descendre, jusquâà la croix.
Verset 17
Les disciples descendirent vers la merâ¯: cette expression nâoblige pas à admettre que la multiplication eut lieu sur la montagne (verset 3), mais sur quelque plateau entre celle-ci et le lac (voir la note précédente).
Dâaprès les synoptiques, câest Jésus lui-même qui avait donné à ses disciples lâordre de se rembarquer et de repasser le lac. Il leur répugnait à tel point de le faire, que nous lisons dans Matthieu 14.22 et Marc 6.45 que Jésus les contraignit de partir.
Le récit de Jean nous explique dâoù provenait cette répugnance et ce qui obligea Jésus à user dâautoritéâ¯: il sâagissait de les soustraire à lâentraînement du faux enthousiasme qui venait de se manifester.
Le texte reçu porteâ¯: la barque, lâarticle, qui est retranché par la plupart des éditeurs, dâaprès Codex Sinaiticus, B, est considéré comme authentique par M. Weiss. Cet interprète pense que les disciples attendirent pour exécuter lâordre de Jésus que le soir fût venu quâil faisait même déjà obscur et que Jésus ne les avait pas encore rejoints, quand ils se décidèrent enfin à sâembarquer.
M. Weiss prend la dernière proposition, et il faisait déjà obscur et Jésus nâétait pas encore venu vers eux (grec verbes au plusque-parfait), comme une parenthèse se rapportant au moment où les disciples quittèrent la rive.
Cette explication est inadmissible, parce que le texte grec porte une conjonction qui unit étroitement les motsâ¯: et la mer était agitée à ceux qui précèdentâ¯; cette dernière remarque nous transporte naturellement au moment où les disciples sont déjà engagés dans leur navigation.
Câest ce qui ressort aussi de la variante de Sin, Dâ¯: or lâobscurité les surprit.
Nous admettons donc avec M. Godet que lâobscurité se fit pendant quâils passaientâ¯; et pour expliquer la remarqueâ¯: Jésus ne les avait pas encore rejoints, nous supposons que Jésus leur avait donné rendez-vous sur quelque point de la côte de Bethsaïda à Capernaüm, celle-ci étant à peu près parallèle à la direction quâils devaient suivre dans leur navigation.
Verset 19
Voir sur ce récitâ¯: Matthieu 14.24 et suivants Marc 6.17 et suivants.
La tempête qui surprit les disciples dut singulièrement augmenter leurs regrets dâêtre séparés de leur Maître. Ils luttèrent contre le vent et les flots une grande partie de la nuit (Matthieu 14.24), sans avoir parcouru plus de vingt-cinq à trente stadesâ¯; câest-à -dire quâils étaient à peu près au milieu du lac (Matthieu 14.24), qui en avait quarante de largeur (7,399 kilomètres).
Ce détail précis trahit le témoin oculaire. Tout à coup les disciples voient (grec contemplent) Jésus marchant sur la mer et sâapprochant de leur barque. Ne reconnaissant pas dâabord leur Maître, quâils prennent pour un fantôme (Matthieu 14.26), ils eurent peur.
Verset 20
Jésus se fait reconnaître par la voix et par cette douce parole que les quatre évangélistes ont consignée dans leurs récits, tellement elle avait fait impression sur les témoins de la scène.
Verset 21
Nous avons rendu littéralement ce versetâ¯; mais que signifie-t-ilâ¯?
Trois explications différentes sâoffrent à nous. MM. Meyer, Weiss et Holtzmann admettent que les disciples voulaient recevoir Jésus dans la barque, mais que Jésus nây entra point et que tous arrivèrent aussitôt au rivage par un miracle.
Dans ce cas, Jean se mettrait en contradiction avec les synoptiques, dâaprès lesquels Jésus monta dans la barque.
Une seconde opinion soutenue par MM. Luthardt et Godet, cherche à éviter cette contradiction, en supposant que Jésus fut reçu dans la barque mais quâà peine il y avait mis le pied, elle aborda à terre, également par un miracle.
Une troisième explication proposée par Théodore de Bèze, admise par Tholuck, consiste à entendre ce verbe vouloir faire une chose, dans le sens de la faire volontiers, avec plaisir, avec joie.
Cette signification du mot est parfaitement constatée dans les auteurs classiques et dans le Nouveau Testament (Luc 20.46â¯; Colossiens 2.18).
On pourrait donc paraphraser ainsi notre versetâ¯: «â¯Ils le recevaient donc avec joie (avec un sentiment tout différent de la peur quâils avaient dâabord éprouvée, comme lâobserve Tholuck) dans la barque, et, le vent sâétant apaisé (Matthieu 14.32â¯; Marc 6.51), ils arrivèrent bientôt, sans plus de retard, à lâautre bordâ¯Â».
On objecte à cette interprétation le verbe à lâimparfaitâ¯: Ils voulaient, mais il sâexplique facilement par les démonstrations prolongées dâétonnement, dâadmiration et de joie que les disciples firent à Jésus, lâadorant et disantâ¯: «â¯Certes, tu es le Fils de Dieuâ¯!â¯Â» (Marc 6.51â¯; Matthieu 14.33).
De cette manière, Jean raconte le même fait que les synoptiques, bien quâen des termes différents, et, au fond, nâest-ce pas là le récit le plus vraisemblableâ¯?
Verset 22
Discours de Jésus sur le pain de vie et sur sa chair et son sang (22-59)
Verset 24
Cette introduction historique au discours qui suit (versets 26-59) ne présente pas dâabord à lâesprit une idée claire des faits.
Pour la comprendre, il faut se transporter par la pensée sur les lieux mêmes où Jésus avait multiplié les pains et au soir de ce même jour.
La foule qui y était restée vit quâil nây avait point eu là dâautre barque que celle dans laquelle étaient entrés les disciples seuls et que Jésus nây était point monté.
Ces gens en conclurent quâil devait être resté, comme eux, du côté oriental du lac. Mais le lendemain, ne trouvant là ni Jésus ni ses disciples, qui nâétaient point revenus le chercher, ils profitèrent de quelques barques qui, dans lâintervalle, étaient venues de Tibériade (verset 1, 2e note) et traversèrent le lac, pour se rendre à Capernaüm et y chercher Jésus.
Il est évident quâil ne sâagit plus des cinq mille hommes de la veille, mais dâun certain nombre dâentre eux, qui avaient passé la nuit sur les lieux, tandis que la plupart des autres sâen étaient allés en contournant à pied lâextrémité du lac.
Les manuscrits présentent de nombreuses variantes dans ce passage. Nous ne mentionnerons que les deux plus importantesâ¯: au verset 22, au lieu de vit, le texte reçu porteâ¯: ayant vu (quelques majuscules et la syriaque de Cureton), au même verset, aprèsâ¯: dâautre barque quâune seule, Codex Sinaiticus, D, majuscules, portentâ¯: celle dans laquelle étaient entrés ses disciples.
Cette phrase manque dans B, A, lâItala. La plupart des critiques la retranchent, comme une glose.
Verset 25
Ces gens, retrouvant Jésus de lâautre côté de la mer, lui demandent, avec un naïf étonnementâ¯: Quand es-tu arrivé iciâ¯?
Ils soupçonnent dans ce fait, qui leur est inexplicable, une nouvelle action miraculeuse.
Ils étaient en effet plus avides de miracles que de la vérité quâils auraient pu recevoir par la parole de Jésus. De là , sa réponse (verset 26) et le discours qui suit, si éminemment propre à répandre la lumière dans ces âmes.
Verset 26
La question du verset 25 était inspirée par une vaine curiositéâ¯: ils voulaient savoir comment Jésus avait passé la mer. Jésus ne juge pas à propos dây répondreâ¯; mais, selon sa coutume en pareil cas, il fait appel à la conscience de ses auditeurs, en leur adressant un reproche.
Ils le cherchent, non parce quâils ont vu des miracles (grec des signes). Chaque miracle du Sauveur était le signe visible de choses invisibles, câest-à -dire de la présence, de la puissance et de la miséricorde de Dieu.
Mais, au lieu de considérer le miracle comme un signe et de sâélever aux biens éternels figurés par ce signe, les Juifs sâarrêtaient aux effets matériels du miracle. Ainsi ils nâavaient vu, dans la multiplication des pains, que la nourriture dont ils avaient été rassasiés.
Câest pour combattre cette tendance charnelle que Jésus, dans le discours qui suit, expose avec tant dâélévation et de profondeur la signification symbolique et spirituelle du miracle quâil venait dâaccomplir.
Jésus, après être arrivé à Capernaüm, paraît être entré dans la synagogue, où ses auditeurs de la veille lâavaient retrouvéâ¯; dâaprès la note du verset 59, câest là quâil prononce son discours et répond aux objections de ses auditeurs. Cette circonstance ajoute à la solennité des enseignements quâil fait entendre.
Suivant dâautres, lâindication du verset 59 ne sâappliquerait quâà la dernière partie de lâentretien. Celui-ci aurait commencé ailleurs. Il est cependant difficile de trouver le moment où aurait pu avoir lieu ce changement de scène.
La remarque de lâévangéliste semble sâétendre à tout le discours de Jésus. Il est du reste naturel que la foule ait retrouvé Jésus à la synagogue qui était le lieu de rassemblement habituel.
Verset 27
à la nourriture qui périt et dont se contentaient ses auditeurs, Jésus oppose la nourriture qui devient la vie de lââme dès que celle-ci la reçoit et qui subsiste en vie éternelle, câest-à -dire, qui produit la vie éternelle et qui prolonge ses effets jusquâau plein épanouissement de la vie dans lâéternité (Jean 4.14).
Ce que Jésus entend par cette nourriture, il va le dire de la manière la plus claire (versets 33-35).
Il se contente dâajouter iciâ¯: le Fils de lâhomme vous la donnera (Codex Sinaiticus, D, Itala ontâ¯: vous donneâ¯; le futur est préférable). Il était lui-même, comme Fils de lâhomme (voir sur ce terme Matthieu 8.20, note), la manifestation de la vie divine dans notre humanité et lui seul pouvait la donner.
Mais, pour lâobtenir, il faut travailler (grec opérer, acquérir par le travail), câest-à -dire, se rendre apte à la recevoir en renonçant, par un effort sérieux de la volonté, aux erreurs et aux préjugés de lâhomme naturel, pour venir à Celui qui seul donne la vie.
Grecâ¯: lâa scellé, câest-à -dire solennellement approuvé, accrédité comme son envoyé par les miracles quâil lui donne dâaccomplir et spécialement par celui dont ils viennent dâêtre témoins (comparer Jean 3.33â¯; Jean 5.36-37â¯; Jean 10.36, note).
Au nom de son Père, Jésus ajoute celui de Dieu, pour marquer quâil tient son investiture de celui qui possède lâautorité suprême.
Verset 28
Grecâ¯: pour opérer les Åuvres de Dieu (même terme quâau verset 27).
Ils ont compris que Jésus exigeait dâeux un effort moralâ¯; ils demandent quelles Åuvres seront agréables à Dieu, conformes à sa volonté. En employant ce mot au pluriel, ils pensent à certains actes extérieurs dont la récompense serait la «â¯nourriture qui subsiste en vie éternelleâ¯Â» (comparer Matthieu 19.16â¯; Luc 10.25).
à ce point de vue, la réponse de Jésus est dâautant plus frappante.
Verset 29
à des Åuvres Jésus oppose lâÅuvre, la seule que Dieu demande. Et cette Åuvre consiste à croire en Jésus-Christ quâil a envoyé.
Cette foi, acte moral de la conscience et du cÅur, est déjà , en elle-même, le principe de la vie divine parce quâelle met lââme en communion avec Dieu par Christ. Elle est ainsi la source de toutes les Åuvres dâobéissance de reconnaissance et dâamour, elle est la racine de lâarbre qui, de lui-même, portera de bons fruits.
Ces motsâ¯: lâÅuvre de Dieu, ne signifient pas, comme le pensait Augustin, lâÅuvre que Dieu opère en nous, idée vraie en elle-même, mais qui ne ressort pas de ce texte.
Verset 30
Demande étrange, après ce qui sâétait passé la veilleâ¯! On a supposé que ces paroles étaient prononcées par des personnes qui nâavaient pas assisté à la multiplication des pains. On en a tiré des conséquences contre la vérité historique de tout ce récit.
On a émis la supposition que cette partie de lâentretien nâétait pas rapportée à sa vraie place. Il nâest pourtant pas si difficile de comprendre ces exigences de la part de Galiléens ignorants et avides de prodiges. En effetâ¯:
Verset 31
Cette citation est tirée du Psaumes 78.24 (comparer Exode 16.4â¯; Exode 16.14-15).
Le pain du ciel doit sâentendre dans le même sens quâon donne à cette expressionâ¯: la pluie du ciel. On lit, en effet, dans le Psaume cité (traduction grecque)â¯: «â¯Et il fit pleuvoir pour eux la manne à manger et il leur donna un pain du cielâ¯Â» (Lâhébreu ditâ¯: du froment du ciel).
Les Juifs regardaient le miracle de la manne comme le plus grand de leur histoire et ils attendaient que le Messie ferait plus encore que ce qui avait eu lieu sous le ministère de Moïse, type du Messie. On cite cet adage des rabbinsâ¯: «â¯Le premier Libérateur a fait descendre pour eux la manneâ¯; de même aussi le dernier Libérateur fera descendre la manneâ¯Â».
Verset 33
Jésus ne nie pas le grand miracle cité par ses interlocuteursâ¯; mais, bien que la manne fût le symbole dâune nourriture spirituelle (1 Corinthiens 10.3, note), elle était destinée à nourrir le corps et la plupart de ceux qui en mangèrent nây virent quâun pain matériel.
Jésus oppose donc à cette nourriture le pain venu du ciel, celui que son Père seul donne et qui est le vrai. Il vous le donne actuellement, dit-il, par la présence de Celui qui vous parle.
Lâorigine et la nature de ce pain sont toutes célestes, car il est de Dieu et il descend du cielâ¯; et son efficacité est immense, car il donne la vie au monde.
Cette dernière expression proclame lâuniversalité du salut (comparer Jean 3.16). La construction que nous avons adoptée pour le verset 33 nous paraît plus simple que celle proposée par MM. Luthardt, Weiss et dâautresâ¯: «â¯Car le pain qui descend du ciel et qui donnera la vie au monde, celui là est le pain de Dieuâ¯Â».
Verset 34
Il ne faut pas, avec Calvin, voir dans ces paroles une ironieâ¯; le titre de Seigneur, donné à Jésus, montre que ces hommes parlent sérieusement.
Quelques-uns dâentre eux pouvaient même avoir le pressentiment que Jésus leur parlait dâune nourriture et dâune vie supérieures (Jean 4.15)â¯; mais la plupart prennent encore ses paroles dans un sens matériel et ce quâils demandent, câest un aliment merveilleux, propre à satisfaire leurs convoitises charnelles (verset 26).
Leur incrédulité (verset 36) consiste à refuser de voir en Jésus lui-même la nourriture et la vie dont il leur parlait. De là , la réponse si positive et si claire quâil va leur faire.
Verset 35
Jésus oppose une déclaration catégorique à toutes les fausses idées de ses interlocuteursâ¯: Câest moi qui suis (comparer Jean 11.25).
Le pain de la vie est celui qui communique la vie (verset 33). Jésus est ce pain de vie, parce que, en lui, la vie sâest manifestée (1 Jean 1.2).
Mais pour le trouver en Jésus il faut venir à lui et croire en lui, deux termes synonymes qui caractérisent la conduite de celui qui trouve en Jésus son Sauveur. Le premier désigne lâacquiescement de la volonté, peut-être aussi la repentance (Luc 15.18), qui sont les conditions préalables de la foi.
Cette foi qui sâattache à Jésus met seule lâhomme à même de nâavoir plus jamais faim et jamais soif, câest-à -dire de sentir tous les besoins de son âme pleinement satisfaits (Jean 4.13-14â¯; Ãsaïe 49.10).
Verset 36
Ces hommes avaient demandé de voir pour croire (verset 30). Et maintenant ils lâont vu, lui et ses Åuvres, ils ont entendu les paroles divines qui sortent de sa bouche et ils ne croient pointâ¯!
Jésus dut prononcer ces mots avec une profonde tristesse, mais il savait où était sa consolation (verset 37).
à quelle parole Jésus fait-il allusion par ces motsâ¯: Je vous lâai ditâ¯?
Plusieurs interprètes pensent quâil sâagit du discours du chapitre précédent (versets 37-44), qui renferme bien, en effet, le même reproche de ne pas croireâ¯; mais, comme ce discours avait été prononcé en Judée et devant dâautres auditeurs, il est plus probable que Jésus fait allusion à la parole du verset 26 de notre chapitre, où, en dévoilant à ses auditeurs leur sens charnel, il leur avait indiqué, en même temps la cause de leur incrédulité.
Verset 37
Jésus passe, sans transition, à cette pensée nouvelle, qui est une magnifique révélation de la grâce divine (versets 37-40). Et il est facile dâen saisir la liaison avec le verset 36â¯: Vous ne croyez point mais dâautres croirontâ¯; votre incrédulité nâanéantira point les desseins de la miséricorde de Dieu.
Seulement, pour que lâhomme croie véritablement, il faut que Dieu accomplisse en lui lâÅuvre de sa grâce, ou, selon lâexpression du texte, quâil le donne au Sauveur, en dâautres termes, quâil «â¯lâattire à luiâ¯Â» (verset 44).
Câest là ce que Jésus appelle encore (verset 65) un don de son Père. Sans doute, lâhomme peut résister à cette action divine, mais une âme sincère, humble, repentante, altérée de justice et de paix, finit toujours par être attirée.
Il nâest donc point nécessaire de voir dans ce texte, avec Calvin et dâautres, la doctrine dâune prédestination divine, mais il est certain que le rapport de la souveraine grâce de Dieu et de la liberté de lâhomme constitue un mystère qui ne nous sera révélé que dans la pure lumière.
Le neutreâ¯: tout ce que le Père me donne, pourrait se rendre parâ¯: tous ceux que (Jean 6.39â¯; Jean 16.2)â¯; mais ce terme est choisi pour indiquer la totalité de ceux qui seront sauvés et qui trouveront leur bienheureuse unité dans leur communion avec le Sauveur (Jean 17.21).
Le verbe viendra à moi (grec arrivera) signifieâ¯: parviendra au but, saisira définitivement le salut en Christ.
Verset 38
Jésus, après avoir employé un terme collectif, individualise sa penséeâ¯: celui qui vient à moiâ¯; car câest chaque âme personnellement qui doit entrer en communion avec lui (Matthieu 11.28).
Promesse pleine de grâce et dâamourâ¯: je ne le mettrai point dehors.
Il ne sera exclu ni de sa communion, ni de son royaume. Il y a même en grec une double négation qui signifieâ¯: certainement pas. Cette phrase négative renferme un sens très positifâ¯: Je le recevrai avec joie.
Verset 39
Ces versets 38-40 confirment (car) le verset 37â¯: Il est impossible que Jésus rejette ceux qui viennent à lui, puisquâil est descendu du ciel pour faire en toutes choses la volonté de Celui qui lâa envoyé or la volonté de Celui (le texte reçu porte du Père) qui lâa envoyé, cette volonté pleine de miséricorde et dâamour, est que le Fils ne laisse se perdre aucun de ceux qui lui sont donnés, mais quâil les sauve, en leur communiquant une vie impérissable, qui aura son plein épanouissement par la résurrection du dernier jour.
Alors le salut sera completâ¯:
Cette solennelle déclaration, quatre fois répétée dans ce discours (versets 40, 44 et 54), couronne lâenseignement du Sauveur sur son office de vivificateur et lâaction quâil exerce en tant que pain de vie.
De même au chapitre précédent les paroles des versets 29-30 complétaient la description de lâÅuvre de résurrection quâil doit opérer au sein de lâhumanité. Il y a donc un parallélisme remarquable, en même temps quâun progrès constant, dans les enseignements de Jésus que nous rapporte notre évangile.
Tel est aussi lâenseignement apostolique (1 Corinthiens 15, 1 Thessaloniciens 5.23).).
Verset 40
Ce verset confirme la pensée du précédent et indique le moyen de sa réalisation.
Contempler le Fils ce nâest pas seulement le voir (verset 36)â¯; le contempler des yeux de lââme, avec confiance, avec amour, câest déjà croire en lui et câest aussi puiser en lui la vie éternelle.
Et Jésus déclare encore ici que cette vie se développera jusquâà ce que lâhomme tout entier soit rendu à sa destination par la résurrection au dernier jour.
Le texte reçu répète ici, comme aux verset 38 et 39â¯: la volonté de Celui qui mâa envoyé.
Jésus dit, selon le texte de Codex Sinaiticus B, C, Dâ¯: la volonté de mon Père parce quâil se présente comme le Fils qui est pour nous la pleine révélation de son Père.
Verset 42
Les Juifs, câest ainsi que Jean désigne ordinairement les chefs du peuple (Jean 1.19, note)â¯; veut-il dire quâil se trouvait alors des émissaires du sanhédrin (Matthieu 15.1) dans la synagogue de Capernaüm où Jésus parlaitâ¯? (verset 59).
Il est plus naturel dâadmettre que lâévangéliste nomme ainsi ceux des Galiléens qui trahissaient par leurs murmures leur opposition contre Jésus.
Ce qui les scandalisait, câest que le Sauveur se fût présenté à eux comme le pain descendu du ciel (verset 33).
Dans leur ignorance, ils voyaient une contradiction entre cette déclaration et la connaissance quâils avaient de la famille de Jésus selon la chair (Matthieu 13.55-57, noteâ¯; Marc 6.3â¯; Luc 4.22).
Verset 43
Ils murmuraient donc entre eux, sans exprimer ouvertement leur opposition aux paroles quâils venaient dâentendre.
Verset 44
Jésus ne répond point à lâobjection de ses auditeurs (verset 42), en leur révélant le mystère de sa naissance surnaturelleâ¯:
Dâailleursâ¯:
Il se contente dâinsister sur la nécessité dâune Åuvre de la grâce divine qui doit sâaccomplir en tout homme qui veut venir à lui et croire en lui. Personne nây arrive autrement.
Or, cette Åuvre quâil venait de désigner en ces motsâ¯: «â¯Tout ce que le Père me donne viendra à moiâ¯Â» (verset 37), il la caractérise ici comme un attrait du Père vers le Sauveur. Dieu lui donne les âmes en les attirant à lui.
Ce terme caractéristique se trouve dans Jérémie 31.3 version des Septante. Dieu a, dans sa main puissante, mille moyens dâexercer cette action de sa miséricorde sur les âmes. Tantôt ce sont les douloureuses expériences de la vie, la souffrance, la pensée de la mort, qui leur font éprouver avec tristesse le besoin dâun consolateur, dâun Sauveurâ¯; tantôt câest le sentiment amer du péché qui se réveille en elles et qui leur inspire ce cri dâangoisseâ¯: Que ferai-je pour être sauvéâ¯? Et dès que Jésus se présente, elles le reconnaissent comme Celui après qui elles soupiraient.
Mais le grand moyen de Dieu pour attirer les hommes au Sauveur, câest sa Parole et son Esprit, qui agit incessamment dans notre humanité et qui saisit les moments favorables pour accomplir son Åuvre. Laissons dans les écoles où elle est née la question oiseuse de savoir si cet attrait de la grâce est irrésistible ou non.
Lâexpérience seule, cette grande conciliatrice des contrastes, peut nous instruire à cet égardâ¯; elle apprend aux humbles à dire avec un réformateurâ¯: «â¯Nous voulons, parce quâil nous est donné de vouloirâ¯Â» et avec saint Paulâ¯: «â¯Câest Dieu qui opère en vous la volonté et lâexécution, selon son bon plaisirâ¯Â», ce qui ne lâempêche pas dâajouter, malgré lâapparente contradictionâ¯: «â¯Opérez votre propre salut avec crainte et tremblementâ¯Â» (Philippiens 2.12-13).
Quoi quâil en soit, dès quâun pauvre pécheur a ainsi été attiré à Jésus, le Sauveur se charge dâachever en lui lâÅuvre divine jusquâà la finâ¯: Et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
Verset 45
Ces paroles expliquent comment le Père attire les âmes au Filsâ¯: Il le fait en les éclairant intérieurement par sa Parole et par son Esprit. La citation est tirée de Ãsaïe 54.13, où la version grecque des Septante, conforme à lâhébreu, porteâ¯: «â¯Et tous tes fils seront enseignés de Dieu et tes enfants seront dans une grande paixâ¯Â».
Ces mots ne se trouvent littéralement que dans le passage cité dâÃsaïe, si donc Jésus ditâ¯: dans les prophètes, il entend par là le recueil des livres prophétiques, comme on dirait dans les Psaumes, en citant une parole dâun psaumeâ¯; ou bien, par ce pluriel, Jésus fait allusion aux nombreuses promesses renfermées également dans dâautres prophètes et relatives à la connaissance de Dieu qui sera généralement répandue dans les temps évangéliques (Ãsaïe 11.9â¯; Jérémie 31.33â¯; Joël 2.27).
Se fondant sur ces promesses, Jésus affirme, avec une joyeuse certitude, que quiconque a ainsi entendu le Père et a été instruit, vient à lui et trouve en lui son Sauveur.
Les manuscrits varient entre a entendu (texte reçu, avec. Codex Sinaiticus, B, A, C) et entend (présent). Lâidée est la même, sauf que le présent indiquerait une attention continue à cet enseignement divin.
Le texte reçu porteâ¯: Quiconque donc. Cette particule manque dans Codex Sinaiticus, B, C, D.
Verset 46
Ce verset contient une restriction. Jésus veut prévenir une méprise au sujet des paroles précédentes et les compléterâ¯: entendre Dieu et être instruit de lui ne suppose pas, comme on pourrait le penser, un contact immédiat, tel que la vue peut lâétablir.
Lâenseignement que les hommes ont reçu de Dieu nâest que préparatoire, destiné à les amener au Fils qui, lui seul, a vu le Père de toute éternité (Matthieu 11.27â¯; Jean 1.18â¯; Jean 3.13), car il vient de Dieu.
Câest donc en lui, qui est lâimage de Dieu, la splendeur de sa gloire, que les croyants voient Dieu (Jean 1.14â¯; Jean 14.9).
Ainsi Jésus répond en même temps à lâobjection du verset 41.
Verset 47
Les mots en moi manquent dans Codex Sinaiticus, B.
La plupart des éditeurs modernes les omettent comme provenant du verset 35. On peut cependant invoquer en faveur de leur authenticité le fait que, dans le contexte, la personne de Jésus est mise en relief.
Verset 48
Après cette instruction profonde, provoquée par les murmures des Juifs (versets 43-46), Jésus revient à son enseignement sur la vie éternelle quâil communique aux croyants en se donnant lui-même à eux comme le pain de la vie (versets 32-40).
Verset 50
Jésus renvoie aux Juifs leur objectionâ¯: (verset 31) La manne qui a nourri leurs pères dans le désert ne les a pas empêchés de mourir.
Mais il y a un autre pain qui affranchit de la mort, câest celui qui est descendu du ciel et qui communique la vie éternelle. Grecâ¯: afin que quelquâun en mange et ne meure pas. On ne peut entendre mourir dans le sens de la perdition. Lâantithèse avec la mort des Israélites dans le désert oblige dâappliquer ce terme à la mort physique. Celle ci nâest plus réellement une mort pour celui qui la subit dans la communion du Sauveur (Jean 8.51â¯; Jean 11.25-26).
Verset 51
Jésus résume tout ce quâil vient de dire en affirmant que câest lui-même qui est ce pain vivant et par conséquent vivifiant, puisquâil fait vivre éternellement ceux qui se lâapproprient par la foi et par une communion vivante avec lui.
Meyer fait remarquer cette triple progression dans les idéesâ¯:
Par ces paroles, Jésus présente sa pensée sous un aspect nouveau et passe à la dernière partie de son discours. Dans la précédente, il a parlé, à diverses reprises, du pain de vie, dâun pain descendu du ciel et qui communique la vie éternelle à ceux qui en mangent (versets 32, 33, 50, 51)â¯; il a déclaré que ce pain vivifiant, câest lui-même (versets 35, 48 et 51) et que le moyen dâen vivre, câest de croire en lui (verset 47).
Maintenant il emploie un terme tout différentâ¯: ce pain câest sa chair, quâil donnera pour la vie du monde. Il faut remarquer ce verbe au futur, indiquant un acte à venir, tandis que, jusquâici, il a constamment parlé au présent.
Or, quel est cet acteâ¯? Donner sa chair et son sang (verset 53 et suivants) ne peut désigner autre chose que sa mort et une mort violente, dans laquelle son sang sera répandu. En effet, la chair et le sang, câest la nature humaine vivanteâ¯; les donner, câest se livrer à la mortâ¯; les donner pour la vie du monde, de ce monde qui est dans la mort, câest le racheter et le sauver (comparer Ãphésiens 2.15â¯; Colossiens 1.20-22â¯; Hébreux 10.20â¯; 1 Pierre 3.18).
Le moyen, pour lâhomme pécheur, de sâapproprier les fruits de la mort de Jésus, câest dâentrer avec lui, par la foi, dans une communion intime et personnelle, par laquelle il meurt avec lui et vit de sa vie. Câest ce que le Sauveur va exprimer par ses motsâ¯: «â¯manger sa chair et boire son sangâ¯Â».
Telle est lâinterprétation quâadmettent aujourdâhui, avec quelques nuances, la plupart des exégètes. Il en est une autre qui consiste à voir dans tout ce passage, non la mort de Jésus spécialement, mais sa personne et sa vie en général, quâil offre à ceux qui croient en lui, comme la source de leur vie spirituelle.
La pensée serait donc exactement la même que celle que Jésus a présentée sous lâimage du pain vivifiant. Mais alors il est impossible de concevoir pourquoi il parle tout à coup de lâavenir (ma chair que je donnerai)â¯; impossible, surtout, de comprendre pourquoi il présenterait une seconde fois la même pensée, qui a déjà offusqué ses auditeurs, et cela, en des termes qui devaient être encore beaucoup plus inintelligibles pour eux.
Enfin, il est une troisième explication de notre passage admise par plusieurs Pères de lâÃglise et par quelques théologiens modernesâ¯: elle consiste à penser que, dans ces versets, Jésus parle de la sainte cène. Nous reviendrons à cette idée (verset 58, note).
Nous avons conservé le texte reçu. Le second que je donnerai est omis dans B, C, D et retranché par la plupart des critiques. Mais il faut en tout cas le sous-entendre, car cette expressionâ¯: ma chair pour la vie du monde, nâaurait sans cela aucun sens.
Verset 52
Disputaient entre euxâ¯: un vif débat succède aux sourds murmures (verset 41)â¯; ce débat prouve que les auditeurs de Jésus nâétaient pas unanimes dans leur opposition.
La question posée exprime le doute avec une nuance de mépris qui se trahit par ce motâ¯: Celui ci.
Jésus nâa pas encore parlé de manger sa chairâ¯; mais ils ne pouvaient le comprendre autrement, puisquâil la leur présente comme le pain quâil donnera (verset 51).
Câest donc avec raison quâils ajoutent ce motâ¯: manger sa chairâ¯; mais, ainsi comprise, la pensée de Jésus devait leur paraître absolument inexplicable. Elle lâest encore pour tant de chrétiens, même pour plus dâun savant théologienâ¯!
Verset 53
Au lieu de répondre à la question de ses auditeurs et de leur expliquer comment il peut donner sa chair à manger, Jésus se contente dâaffirmer solennellement (en vérité) la nécessité de manger la chair du Fils de lâhomme, sous peine de nâavoir point la vie et de rester dans la mort.
Il ajoute même, pour compléter sa penséeâ¯: Si vous ne buvez son sang.
Par là , il répond indirectement à la question des Juifs, en rendant beaucoup plus précise lâallusion à sa mort, à une mort sanglante, dont ils devront sâapproprier les fruits par la foi et par une communion vivante avec lui (verset 54).
Jésus se désigne comme le Fils de lâhomme, parce que câest par son incarnation quâil a implanté au sein de notre humanité le principe dâune vie nouvelle (comparer Matthieu 8.20, note).
On a fait, contre cette partie du discours, une objection assez plausible au premier abordâ¯: Comment, a-t-on dit, Jésus aurait-il prononcé, en présence de tels auditeurs, des paroles dont il avait la certitude quâelles ne seraient pas comprisesâ¯?
Ebrard répondâ¯:
Verset 54
Jésus confirme, par une déclaration positive, la pensée quâil a exprimée négativement au verset précédent. Comme il est lui-même la vie, celui qui mange sa chair et boit son sang et sâapproprie ainsi sa personne, tout son être, par une communion intime et vivante avec lui, a, dès ce moment, une vie impérissable, la vie éternelle.
Sans doute, la même grâce est promise à la foi (verset 67)â¯; mais il est évident que cette communion vivante et progressive avec lui est plus que la simple foi en lui.
Câest ce que lâapôtre Paul appelle «â¯Ãªtre revêtu de Christâ¯Â» (Galates 3.27), ou encore «â¯Ãªtre une même plante avec luiâ¯Â» (Romains 6.5), câest ce qui lui permettait de direâ¯: «â¯Christ est ma vieâ¯Â» (Philippiens 1.21).
Rien de plus naturel, dès lors, que la glorieuse conséquence affirmée ici par Jésus-Christâ¯: Je le ressusciterai au dernier jour. Cette résurrection est virtuellement donnée avec la vie divine que le croyant a puisée en Christ, qui achèvera son Åuvre en lui, en le ressuscitant et en le glorifiant (Romains 8.10-11).
Verset 55
Une nourriture et un breuvage qui renferment la vie et la communiquent. Câest par là quâils sont vrais.
Par ces mots, Jésus confirme et prouve la négation et lâaffirmation des versets précédents.
Le texte reçu, avec Codex Sinaiticus, D, versions, porteâ¯: véritablement une nourriture, véritablement un breuvage. Lâidée est la même.
Verset 56
Ces paroles profondes (versets 56 et 57) expliquent comment manger la chair de Jésus et boire son sang procure la vie (verset 55).
En effet, le croyant qui se nourrit ainsi demeure en Christ et Christ en luiâ¯; il vit avec Christ dans une communion habituelle et permanente. Christ est le centre de sa vie, dominant ses pensées, ses affections, sa volonté, tous les motifs de sa conduite.
Cette manière dâexprimer une vraie communion avec Jésus est particulière aux écrits de notre évangéliste (Jean 15.4 et suivantsâ¯; Jean 17.23â¯; 1 Jean 3.24â¯; Jean 4.13-16).
Verset 57
La source souveraine de la vie (grec), le Père vivant, communique incessamment la vie au Fils, qui vit par le Père, qui trouve dans le Père le principe de sa vie et de tout son être, et, du Fils, cette vie se répand sur quiconque est en communion avec lui.
Les motsâ¯: qui mâa envoyé, rappellent la mission du Fils, qui est de répandre ainsi la vie au sein de notre humanité.
Jusquâici Jésus avait ditâ¯: «â¯manger ma chair et boire mon sangâ¯;â¯Â» voici maintenant un terme plus direct encoreâ¯: Celui qui me mange, exprimant, dâune part, lâunion du croyant avec la personne entière du Sauveur et affirmant, dâautre part, une communion habituelle et permanente avec lui (Verbe au présent).
Verset 58
Grecâ¯: Non comme les pères mangèrent et moururent, celui qui mangeraâ¦
Jésus, en revenant à la première image quâil a employée, celle du pain, résume et conclut tout ce discours (versets 49-51).
Depuis lâépoque des Pères de lâÃglise jusquâà nos jours, on a souvent agité la question de savoir si, dans la dernière partie de ce discours, Jésus avait eu en vue la sainte cène.
à lâépoque de la réformation, cette question a été vivement débattue entre catholiques et protestants, dâune part et entre réformés et luthériens dâautre part. Il faut faire ici une distinctionâ¯: si lâon entend par la cène le rite cérémoniel de la communion, que Jésus institua plus tard, on devra répondreâ¯: Non, Jésus ne parle certainement pas de cet acte symbolique.
Dâabord, câeût été une anticipation sans exemple dans ses instructionsâ¯; ensuite, jamais aucune Ãglise chrétienne nâa professé lâabsolue nécessité de la cène pour avoir la vie dans le Sauveur et câest là ce quâenseignerait expressément Jésus, en disantâ¯: «â¯Si vous ne mangez ma chair et ne buvez mon sang, vous nâavez point la vieâ¯Â».
Enfin on ne retrouve point, dans ce discours les termes mêmes quâemploya plus tard le Sauveur en instituant la cène. Mais si de lâacte cérémoniel et visible, on sâélève à ce qui est lâidée, lâessence de la cène, oui, on la retrouve tout entière dans ce discours.
Dans les paroles quâil prononça à Capernaüm, comme dans le sacrement quâil institua plus tard à Jérusalem, Jésus ne révèle pas autre chose que la nécessité dâentrer et de rester dans une communion vivante avec lui.
Nous avons du faire la même observation sur le rapport de lâentretien de Jésus avec Nicodème et du baptême que Jésus ordonna à ses disciples de pratiquer (Jean 3.5, note).
On peut même avec Stier et Luthardt, dire que notre évangéliste, nous ayant conservé lâentretien avec Nicodème et le discours de Capernaüm, nâa pas jugé nécessaire de raconter lâinstitution du baptême et de la cèneâ¯; les symboles visibles importaient peu à lâauteur de «â¯lâÃvangile de lâespritâ¯Â», il lui suffisait dâavoir rapporté des discours du Sauveur qui en révèlent lâessence la plus intime.
De même encore il pouvait omettre la lutte de Gethsémané, après nous avoir fait connaître une scène analogue (Jean 12.20 et suivants).
Verset 59
En faisant cette remarque, lâévangéliste ne paraît avoir dâautre but que dâindiquer au lecteur le lieu des discussions qui précèdent.
Dans la synagogue de Capernaüm, ces discours eurent une grande solennitéâ¯; et comme la ville était populeuse, Jésus eut sans doute un nombreux auditoire.
Maintenant lâévangéliste va raconter les effets divers du discours qui précède.
Verset 60
La crise de la foi parmi les disciples (60-71)
Jusquâici, Jésus avait discuté avec les Juifs, plus ou moins opposés à son enseignement (verset 41). Maintenant il a quitté la synagogue, suivi de ses disciples et ce sont plusieurs de ceux-ci qui entrent en scène. Une crise de la foi se produit parmi eux.
Par ces disciples, il ne faut pas entendre les apôtres (verset 67), mais ceux qui, en grand nombre, le suivaient de lieu en lieu pour écouter sa parole et être témoins de ses Åuvres. Nous savons, par Luc, quâun jour Jésus put choisir soixante-dix dâentre eux pour les envoyer en mission (Luc 10.1).
Pour plusieurs, la fin du discours qui précède paraît avoir dépassé la mesure de leur intelligence et de leur force.
Leur observationâ¯: Cette parole est dure, ne signifie pas seulement quâelle leur paraît difficile à comprendre, mais plutôt impossible à accepterâ¯: qui peut lâécouter et la mettre en pratiqueâ¯?
Il ne faudrait pas en conclure cependant que ces disciples avaient pris les dernières paroles de Jésus dans un sens aussi littéral et matériel que les Juifsâ¯; mais ils trouvaient une pierre dâachoppement dans la pensée que leur Maître dût souffrir et mourir pour la vie du monde (verset 51) et quâeux-mêmes dussent sâapproprier les fruits de sa mort par une communion mystérieuse avec lui. Cela les scandalisait (verset 61).
Cette perspective fut toujours une cause de scandale pour les Juifs (Jean 12.33-34â¯; 1 Corinthiens 1.23â¯; Galates 5.11) et même pour les apôtres, avant quâils eussent reçu lâEsprit divin (Matthieu 16.21-23). Il nâen est pas autrement de nos jours pour bien des personnes.
Verset 61
Jésus connut en lui-même les secrets murmures des disciples (comparez Jean 2.24-25)â¯; il vit aussitôt quâils avaient pour cause une défaillance de leur foiâ¯: Ceci vous scandaliseâ¯? câest là , pour vous, une occasion de chute et de défectionâ¯? (verset 66).
Verset 62
Et si (grec si donc) vous voyez⦠La phrase demeure suspendue.
Il faut sous-entendreâ¯: Que sera ceâ¯? ouâ¯: que direz-vous alorsâ¯? Jésus renvoie donc ses auditeurs scandalisés de ses déclarations précédentes (versets 52-58), au temps où il sera retourné dans la gloire quâil possédait avant son incarnation (Jean 17.5).
Cette parole est assez claire en elle-mêmeâ¯; mais dans quel sens est-elle appliquée à ceux qui lâécoutentâ¯?
Jésus veut-il dire quâalors ils se scandaliseront bien davantage, ou quâalors ils cesseront de se scandaliserâ¯? Telle est la question qui divise les interprètes.
Les uns, considérant que Jésus ne peut remonter au ciel quâen passant par une humiliation profonde et par la mort dont il vient de parler (verset 51), pensent quâil veut dire à ses auditeursâ¯: Là vous trouverez de bien plus fortes raisons de vous scandaliser. Et lâon ne peut nier que le si donc soit favorable à cette interprétation (Ainsi Lücke, Olshausen, de Wette, Meyer, Weiss).
Dâautres, sâattachant exclusivement à lâidée de lâascension et de la glorification de Christ, ici annoncée, estiment quâil ouvre aux yeux de ses auditeurs la perspective dâun temps où il leur sera plus facile de comprendre le sens spirituel de ses paroles, de croire en lui, en un mot, de ne plus se scandaliser (Ainsi Calvin, Stier, Ebrard, Luthardt, Godet, Keil, Holtzmann).
Ces derniers commentateurs ont pour eux la raison que lâachèvement de lâÅuvre de Christ et son retour dans la gloire auront, en effet, cet heureux résultat pour un grand nombre des disciples de Jésus qui, jusquâalors nâavaient pas cru en lui.
Mais en sera-t-il de même pour les hommes qui dans la situation présente, ne trouvaient dans les paroles de Jésus quâune occasion de scandale et de chuteâ¯? Leur sera-t-il plus facile de comprendre et dâembrasser la personne de Christ dans sa spiritualité, quand il sera séparé dâeux et quâils devront marcher par la foi et non par la vueâ¯? Jésus pouvait-il donner cet encouragement, cette promesse, à des auditeurs qui ont vu ses miracles, entendu ses paroles et qui, malgré tout cela, vont lâabandonner (verset 66)â¯?
Nous avons peine à le croire. Et ne pouvant admettre en plein ni la première interprétation, ni la seconde, nous laissons la conclusion en suspens, comme lâa fait Jésus. En nâachevant pas sa phrase et en sâexprimant de cette manière énigmatique, il donnait un sérieux avertissement à ses auditeurs.
Verset 63
Ce verset aussi a été lâobjet dâinterprétations diverses. Jésus parle à des auditeurs qui se scandalisent de son discours (versets 52-58). Il voudrait dissiper leurs préjugésâ¯; il énonce, à cet effet, trois propositionsâ¯:
à ceux qui sâarrêtent à lâextérieur et ne connaissent Christ que selon la chair (2 Corinthiens 5.16), Christ lui-même ne sert de rien.
On sait le rôle que cette parole joua dans les controverses sur la cène et en particulier dans la discussion de Luther et de Zwingle à Marbourg.
Zwingle répétait souvent les motsâ¯: La chair ne sert de rien et Luther répondaitâ¯: Jésus ne dit pasâ¯: ma chair, mais la chair et il entend par chair la disposition charnelle du cÅur corrompu de lâhomme qui le porte à prendre les paroles de Christ dans un sens grossièrement littéral (2 Corinthiens 3.6). Zwingle, dans sa conception de la cène, méconnaissait le sens profond des paroles de Jésus (versets 53-57)â¯; Luther, de son côté, en prenant le mot chair dans un sens tout différent de celui quâil a dans les versets précédents, méconnaissait lâévidence du contexte.
Verset 64
Puisque les paroles que je vous dis sont esprit et vie, ce nâest pas en elles quâest la raison du scandale quâelles vous causent, mais cette raison est dans votre incrédulité. Jésus adoucit cette accusation, en réduisant à quelques-uns le nombre de ceux qui refusaient de croire en lui, de le recevoir tel quâil venait de se présenter à eux dans ce discours. Et pourtant, voir verset 66.
Par cette observation, lâévangéliste explique (car) la déclaration qui précèdeâ¯; il nous avertit que Jésus ne fut pas surpris par cette crise que subit la foi de ses disciples, quâil sây attendait, que, dâavance, il lâavait aperçue dans leurs cÅurs (comparer Jean 2.24).
Bien plus, il savait dès le commencement qui sont ceux qui ne croient pas et qui est celui qui le livrera. En grec, ces verbes sont au présent, sauf le dernier, qui est au futur.
Que signifie le motâ¯: dès le commencementâ¯?
La plupart des interprètes entendent par là le temps où Jésus entra dans son ministère et commença à rassembler des disciples (comme Jean 15.27â¯; Jean 16.4), mais ce sens ne saurait sâappliquer à ses auditeurs galiléens qui, maintenant, ne croient pas.
Jésus ne les connaissait pas encore à cette époque. Il serait donc plus vrai de dire, avec de Wette, Tholuck, Luthardt, Keil, que cette expression désigne le moment où chaque disciple fut mis en contact avec Jésus et sâattacha à luiâ¯; dès lors, Jésus le pénétra tout entier.
Mais ne peut-on pas, en tenant compte des verbes au présent, penser, avec Lange et Weiss, que cette parole signifieâ¯: «â¯Dès que les premiers germes de lâincrédulité naissaient dans le cÅur dâun disciple, dès ce moment déjà Jésus le connaissait jusquâau fondâ¯?â¯Â»
Dans ce cas, lâobservation de lâévangéliste, concernant Judas, ne se rapporterait pas au moment où Jésus lâadmit au nombre des douze, mais au temps où lâavarice et lâhypocrisie de ce disciple prirent racine ans son cÅur (comparer verset 70, note et Jean 13.11).
Si lâon interprète ainsi la remarque de lâévangéliste, on ne se heurte pas à cette pensée inacceptable que Jésus aurait appelé Judas à lâapostolat en sachant quâil lâengageait dans une voie au terme de laquelle se trouvaient son crime et sa ruineâ¯! Au reste, il faut bien avouer quâil y a dans la destinée de Judas un mystère insondable (voir Jean 12.4â¯; Jean 17.12).
Verset 65
Voir versets 37 et 44, notes.
Ce mot à cause de cela se rapporte à la déclaration de Jésus, verset 64 «â¯Quelques-uns de vous ne croient pasâ¯Â». Câest à cause de cela, pour les rendre attentifs à ce fait, que Jésus leur a tenu le langage dont il les fait se souvenir maintenant.
Il en est qui ne croient point, parce que, tout en suivant Jésus pour entendre sa parole, ils nâont point ouvert leur cÅur à lâaction de la grâce divine qui seule rend la foi possible.
Verset 66
Lâexpression grecque que nous rendons par dès ce moment peut signifier également à cause de cela, câest-à -dire à cause de ce discours (versets 51-65) qui heurtait toutes les fausses espérances messianiques et tous les préjugés charnels de ces disciples.
Plusieurs dâentre eux, les mêmes qui venaient de murmurer contre la parole de Jésus, se retirèrent (grec sâen allèrent en arrière) et cessèrent tout à fait de le suivre.
Ce verbe à lâimparfaitâ¯: ils ne marchaient plus avec lui, peint le changement que cette rupture amena dans leur existenceâ¯: au lieu dâaccompagner Jésus dans ses voyages et de partager sa vie errante, ils reprirent leurs occupations sédentaires.
Verset 67
Lâabandon dâun grand nombre de ses disciples causa au Sauveur une profonde tristesseâ¯; mais il savait aussi quâune épuration devait se faire parmi ceux qui sâétaient attachés à lui et il tenait moins au nombre quâà la foi sincère et au dévouement absolu de ceux qui devaient le suivre dans ses humiliations.
Câest pourquoi il pose, même aux douze apôtres quâil avait choisis, cette sérieuse et solennelle questionâ¯: Voulez-vous, vous aussi, vous en allerâ¯?
Jésus veut les éprouver et provoquer en eux une pleine décision, car il réclame un peuple de franche volonté. Il les connaissait assez pour savoir que tous, sauf Judas (verset 70), lui resteraient fidèles et leur réponse ne faisait pour lui lâobjet dâaucun doute, mais il voulait lâentendre de leur bouche, car la belle profession de Pierre devait contribuer à lâaffermissement de leur foi.
Verset 68
Ces paroles sont un cri de lââme, Pierre les prononce avec une pleine persuasion, un saint enthousiasme, un ardent amour pour son Maître.
Chaque mot, examiné de près, produit cette impression. Et dâabord, cette exclamation douloureuse, à la simple pensée de quitter Jésusâ¯: à qui irons-nousâ¯? Lâavenir, sans Jésus, paraît affreux à son disciple.
Ensuite, Pierre a déjà fait lâexpérience que les paroles de son Maître sont des paroles de vie éternelle, qui renferment et qui communiquent à lââme la vie impérissable du ciel.
Il confirme la déclaration de Jésus quâil venait dâentendreâ¯: «â¯Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vieâ¯Â» (verset 63). Cette affirmation de la vérité objective des paroles de Jésus est faite avec une certitude intime fondée sur une expérience personnelleâ¯: Nous, quoi que dâautres puissent penser ou faire, nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu.
Les deux verbes au parfait indiquent un fait accompli et permanent.
Il faut remarquer encore lâordre de ces motsâ¯: câest en croyant que les disciples sont arrivés à connaître, telle est la voie divine de lâexpérience, nul ne connaît Jésus, si ce nâest par la foi qui est la confiance du cÅur (comparer Jean 8.32â¯; 1 Jean 4.16).
Selon le texte reçu, Pierre aurait ditâ¯: «â¯Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivantâ¯Â». Ces mots, empruntés à Matthieu 16.16, ont été introduits ici dans lâintention bénévole de mettre en harmonie les deux récits.
Selon le vrai texte (Codex Sinaiticus, B, C, D), ces titres du Sauveur sont tous résumés dans celui-ciâ¯: le Saint de Dieu, «â¯Celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le mondeâ¯Â» (Jean 10.36), lâayant «â¯marqué de son sceauâ¯Â» (verset 27, comparez 1 Jean 2.20â¯; Marc 1.24â¯; Luc 5.8).
Il est probable que cette confession de Pierre est la même que celle qui eut lieu, dâaprès les synoptiques, à Césarée de Philippe (Matthieu 16.13 suivantsâ¯; Marc 8.27 et suivantsâ¯; Luc 9.18 et suivants).
Un intervalle de quelques semaines sépare donc cette scène finale du discours prononcé à Capernaüm. Pendant ce temps se produisirent les défections mentionnées au verset 66 (comparer Luc 9.23 et suivants, verset 43 et suivants).
Verset 70
Telle est la réponse de Jésus à la belle confession de Pierreâ¯! Elle forme avec cette confession un contraste tragique.
Nâest-ce pas moi, celui que vous venez de confesser comme le Saint de Dieu, qui vous ai choisis, vous les douze, pour la haute vocation de lâapostolatâ¯? Et lâun de vous est un démon (grec un diable)â¯!
Cette épithète terrible désigne un être qui sâest placé sous la domination du diable et qui est devenu une incarnation de lâesprit des ténèbres (Jean 13.2-27â¯; 1 Jean 3.8-10).
Ce terme est plus sévère que celui de Satan, adversaire (Matthieu 16.23â¯; comparez Jean 8.44).
Avec quelle douleur profonde Jésus dut prononcer ces parolesâ¯! Jésus ne dit pas était un démon, quand je vous ai choisis, mais est un démon, il lâest devenu (comparer verset 64, 2e note).
Verset 71
Jean ne veut pas que les lecteurs aient le moindre doute sur le disciple désigné par Jésusâ¯; et, partageant la douleur de son maître il le nomme expressémentâ¯: Judas, fils de Simon, Iscariot (comparer Matthieu 10.4, note).
Il ne peut même sâempêcher de faire ressortir, à son tour, ce terrible contrasteâ¯: Il devait le livrer, lui, lâun des douzeâ¯!
Lâévangéliste ne fut frappé de ce contraste que plus tard, car, au moment de la déclaration de Jésus, aucun des disciples ne savait duquel dâentre eux il avait parlé et ils lâignorèrent jusquâau moment où Judas consomma sa trahison (Jean 13.21-22â¯; Jean 13.28-29).
Lâincertitude où Jésus les laissait renfermait un redoutable avertissement pour tous.