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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 26". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/matthew-26.html.
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 26". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-75
Plan du commentaire biblique de Matthieu 26
Lâapproche de la Pâque et la réunion du sanhédrin
La Pâque devant avoir lieu dans deux jours, Jésus annonce à ses disciples quâil va être livré et crucifié. De leur côté, les membres du sanhédrin sâassemblent et délibèrent de se saisir de luiâ¯; mais ils désirent que ce ne soit pas pendant la fête, de peur dâexciter du trouble parmi le peuple (1-5).
Jésus oint chez Simon
Jésus étant à Béthanie, dans la maison de Simon, une femme sâapproche de lui avec un vase de parfum précieux quâelle lui répand sur la tête pendant quâil est à table. Ses disciples sâen indignent comme dâune perte inutile, prétendant quâil aurait mieux valu en donner la valeur aux pauvres. Mais Jésus, prenant la défense de cette femme, déclare quâelle a fait une bonne Åuvre, par laquelle les pauvres ne seront pas réellement lésés, que, pressentant sa mort prochaine, elle lui a rendu le suprême hommage, quâenfin partout où lâÃvangile sera prêché, cette action sera rappelée en mémoire de celle qui lâa faite (6-13).
Judas trahit Jésus
Alors Judas, lâun des douze, sâen va vers les membres du sanhédrin et leur demande quel prix ils lui donneraient, sâil leur livrait Jésus. Ils lui offrent trente pièces dâargentâ¯; et dès lors, il cherchait une occasion favorable pour le livrer (14-16).
Verset 1
La mort et la résurrection (chapitre 26)
Le repas de Béthanie
Versets 1 à 16 â Délibération du Sanhédrin, Jésus à Béthanie, Judas le trahit
Tous ces discours sont ceux qui remplissent les chapitres 24 et 25 (comparer Matthieu 7.28â¯; Matthieu 11.1â¯; Matthieu 13.53â¯; Matthieu 19.1).
Toutes les fois que Matthieu emploie cette formule de conclusion, câest quâil est arrivé au terme dâun cycle de discours que Jésus a prononcés en diverses occasions, mais que lâévangéliste a groupés, selon sa méthode.
Verset 2
La Pâque (en hébreu Pesach, en araméen Pasecha, câest-à -dire passage de lâange exterminateur pour épargner les premiers-nés des Israélites, Exode 12.14) était la fête la plus solennelle du peuple juifâ¯; il la célébrait annuellement en souvenir de sa délivrance de la captivité égyptienne.
La fête commençait le 14 du mois de nisan, après le coucher du soleil et durait jusquâau 21. Les Juifs la célébraient exactement selon les prescriptions que Moïse avait données en lâinstituant et qui se lisent dans Exode 12.1 et suivantsâ¯; Lévitique 23.5 et suivants.
Lâexpression dans deux jours, quâemploie ici le Sauveur et qui se trouve aussi dans Marc, semble indiquer quâon était au mardi 12 du mois de nisan, puisque la fête commençait le 14 au soir, moment où lâon immolait lâagneau pascal. Quant à la différence qui parait exister entre les synoptiques et Jean, voir Jean 13.1, noteâ¯; Marc 15.21, note.
Quelle parfaite connaissance Jésus avait de tout ce qui allait se passer et même du moment précisâ¯! Les verbes au présent expriment la certitude de ces tragiques événements et montrent que pour Jésus ils étaient déjà actuels.
Quant aux disciples, ils pouvaient en effet avoir connaissance des souffrances et de la mort de leur Maître dâaprès Matthieu 20.18-19â¯; mais ils ne pouvaient pas savoir quâelles auraient lieu à la fête de Pâque et Jésus le leur apprend par ces paroles. Les motsâ¯: vous savez se rapportent donc à la proximité de la Pâque, non au crucifiement de Jésus pendant la fête.
Verset 3
Entre les sacrificateurs et les anciens le texte reçu place encore les scribes, mot qui nâest ici ni authentique ni nécessaire pour faire comprendre que lâévangéliste a en vue les diverses classes dâhommes qui composaient le sanhédrin (voir Matthieu 21.23, note).
Ils sâassemblent dans le palais du souverain sacrificateur. Il pourrait paraître étrange que Matthieu, parlant dâun homme si connu et occupant un poste si éminent, se serve de ce termeâ¯: nommé Caïphe. Câest que Caïphe était un surnom, il sâappelait en réalité Joseph (Josèphe, Antiquités Juives, XVIII, 2, 2). Ãtabli dans sa charge vers lâan 18 par Valerius Gratus (15-26 après Jésus-Christ), le prédécesseur de Pilate, il ne fut destitué que par le successeur de celui-ci, Vitellius, en 36.
Verset 4
Alors (verset 3) ils délibèrent de leur dessein meurtrier, précisément au moment où Jésus annonce sa mort (verset 2). Tragique coïncidence. Ils ne font quâaccomplir «â¯les choses que la main et le conseil de Dieu ont auparavant déterminéesâ¯Â» (Actes 4.28).
Ils doivent agir par ruse, parce que Jésus se retirait pendant la nuit (Matthieu 26.6â¯; Luc 21.37â¯; Jean 11.57) et que, le jour, ses adversaires craignaient le peuple (Luc 22.2). Jésus alla volontairement à la mort quâil avait plusieurs fois prédite (verset 2), mais il ne voulut rien faire pour lâoccasionnerâ¯; il fallait que ses ennemis en portassent toute la responsabilité.
Verset 5
Ils pouvaient craindre ce tumulte pendant la fête, à cause des immenses multitudes qui alors remplissaient Jérusalem et parmi lesquelles il y avait un grand nombre dâamis de Jésus, surtout de la Galilée.
Mais encore ici ces aveugles ennemis de la vérité devaient accomplir les desseins de Dieu, car leur plan fut changé par lâoffre inattendue de Judas (verset 14).
Verset 6
Comparer Marc 14.3-9â¯; Jean 12.18.
Matthieu et Marc, plus occupés du sens intime du touchant récit qui va suivre que de la chronologie, le placent à lâentrée de lâhistoire de la Passion, à cause de son étroite relation avec les souffrances du Sauveur, dont il devait être la sainte inauguration (verset 12â¯; comparez Matthieu 21.1, note).
Dâaprès Jean (Jean 12.1 et suivants) ce repas à Béthanie eut lieu six jours avant la Pâque, la veille de lâentrée solennelle à Jérusalem. Personne, en effet, ne conteste plus aujourdâhui que Jean et les deux premiers évangiles ne racontent le même fait avec quelques légères différences dans les détails.
Ainsi Jean ne dit pas que la scène se passe dans la maison de Simon le lépreux (homme inconnu du reste dans lâhistoire et qui probablement avait été guéri de la lèpre par Jésus), mais il ne dit nullement le contraire. Ce Simon pouvait être un parent ou un ami intime de Marthe et de Marie et il nây a rien dâétonnant dans le fait quâelles sont présentes avec leur frère et quâelles agissent comme étant chez elles.
Mais un autre trait de lâhistoire évangélique quâon a quelquefois confondu avec celui-ci, câest lâhistoire de la pécheresse, rapportée par Luc (Luc 7.36 et suivants). Tout dans cette dernière est absolument différentâ¯: le temps, le lieu, les circonstances, les personnes, le sens moral et le but entier du récit (voir les notes).
Verset 7
Celle que Matthieu appelle simplement une femme, était Marie, sÅur de Lazare (Jean 12.3), qui, ayant depuis longtemps ouvert toute son âme à la parole et à lâamour du Sauveur (Luc 10.39), saisit avec empressement cette dernière occasion de lui témoigner sa vénération. Elle lui fait le sacrifice de ce quâelle avait de plus grand prix, comme elle lui avait consacré son cÅur et sa vie.
En Orient, oindre ainsi la tête de quelque personnage éminent quâon recevait comme hôte dans sa maison, était un témoignage de la plus haute distinction dont on pût lâhonorer.
Verset 8
Cette perte ou cette inutile prodigalité.
Dâaprès Marc, ce furent quelques-uns (des disciples) qui firent entendre ces murmures. Selon le récit de Jean, ce fut Judas qui, obéissant à une basse cupidité, entraîna ainsi quelques autres disciples, dont le légalisme étroit ne pouvait comprendre cet acte de dévouement et dâamour.
Verset 9
Judas dit dans sa mauvaise humeurâ¯: cela (et non, selon le texte reçu, ce parfum) pouvait être vendu bien cherâ¯; et dâaprès Marc et Jean, il indique même la somme à laquelle il lâestimaitâ¯: 300 deniers.
Mais Jean (Jean 12.6) nous révèle aussi le motif de son mécontentement. Il y a toujours dans le monde une certaine vue des choses dâaprès laquelle tout ce qui nâest pas matériellement utile, qui nâaugmente pas le bien-être ou la possession, est une perte.
Verset 10
Jésus ressent, dans sa vive sympathie, la peine que ces murmures durent faire à Marieâ¯; et pour la justifier, il déclare bonne (grec belle), moralement excellente, lâÅuvre quâelle vient de faire, par cela seul quâelle procède de la vénération et de lâamour pour lui. Toute Åuvre, au contraire, qui nâa pas pour mobile ces sentiments du cÅur, ne saurait être bonne.
Verset 11
Ces pauvres que vous avez toujours, parce que malheureusement cela est fondé dans la nature des choses en ce monde, «â¯vous pouvez leur faire du bien, quand vous voudrezâ¯Â» (Marc 14.7)â¯; mais moi, ajoute Jésus avec tristesse, dans le sentiment de sa mort si prochaine, vous ne mâavez pas toujours.
Et alors, quelle source de regrets pour ceux qui lâaiment de ne pouvoir rien faire pour lui témoigner personnellement cet amourâ¯!
Verset 12
Grecâ¯: elle lâa fait pour mâensevelir. Câest-à -dire que, comme on embaume un corps avant de lâensevelir, elle a voulu rendre au vivant le même honneur quâon rend aux morts (Jean 19.40â¯; Marc 16.1).
On admet généralement que, par ces paroles, Jésus prête à Marie une pensée, une intention quâelle nâavait pas, afin de donner plus de valeur à son action et de la justifier entièrement aux yeux des disciples. Nous ne pouvons adopter cette interprétation.
Elle donne aux paroles de Jésus un sens qui ne serait pas entièrement vrai. Sans aucun doute, Marie, dans son âme profonde et aimante, avait pressenti la mort prochaine du Maître.
Elle avait pénétré le sens des prédictions nombreuses que Jésus avait faites de cette mort, tandis que les disciples nây avaient rien compris. Elle avait vu dâailleurs la haine de ses adversaires grandir à la suite de la résurrection de son frère (Jean 12.10).
Et elle remarquait quâil y avait dans la personne et dans les paroles de Jésus, pendant ce séjour à Béthanie, quelque chose de particulièrement sérieux et solennel.
Il nâen fallait pas davantage pour faire naître dans lââme dâune Marie ce pressentiment douloureux auquel Jésus donne une expression plus précise. Les paroles quâil prononce durent être dâailleurs pour Marie une révélation nouvelle, en même temps quâune précieuse approbation de ce quâelle venait de faire
Verset 13
Voir, sur ce pronom démonstratif cet Ãvangile et sur la grande prophétie ici répétée quâil sera prêché dans le monde entier Matthieu 24.14, note.
En Dieu rien ne se perd, pas même
Verset 14
Comparer Marc 14.10-11â¯; Luc 22.3-6.
On peut conclure de cet alors, avec la plupart des interprètes, que ce furent les paroles de Jésus prononcées au sujet de Marie qui irritèrent Judas et déterminèrent sa trahison. Et câest sans doute par cette raison que Matthieu et Marc ont placé dans cet ordre le récit qui précède.
Lâun des douze. Il y a un contraste tragique entre cette désignation et lâaction ici racontée (comparer Matthieu 27.4, note).
Verset 15
Ainsi câest Judas lui-même qui prend lâinitiative de cet horrible marché.
On a fait bien des suppositions sur les causes psychologiques et morales de la trahison de Judas et aussi sur les raisons qui pouvaient avoir déterminé le Sauveur à choisir ce disciple.
Le plus simple et le plus vrai est de sâen tenir à cet égard aux données de lâÃvangile. Ce serait une erreur que de penser quâil nây avait en Judas, lorsquâil fut appelé à lâapostolat, aucune des dispositions qui, avec le secours de la grâce, auraient pu faire de lui un vrai serviteur de Jésus-Christ. Mais Judas avait laissé sâenraciner dans son cÅur une passion qui, alimentée par un manque de droiture, le conduisit par degrés à lâhypocrisie, à lâinjustice, au vol (Jean 12.6).
Malgré les avertissements réitérés du Sauveur (Matthieu 26.23-50â¯; Jean 13.18-26 etc.) Judas sâendurcit dans son péché et joua avec une passion qui finit par livrer son âme à la puissance des ténèbres (Luc 22.3â¯; Jean 13.2-27) et par lâaveugler tout à fait. Au reste, bien quâil y ait un profond mystère dans la destinée de cet homme (Jean 6.70â¯; Jean 17.12), comme dans celle de toute âme qui se perd, il faut ajouter que Judas ne prévoyait point alors le résultat de sa trahison. Il pensait que le sanhédrin se contenterait dâinfliger à Jésus quelque peine légère ou que celui-ci ferait usage de sa puissance pour échapper à ses ennemis.
Ce qui le prouve, câest sa propre conduite après lâévénement (Matthieu 27.3, note), mais cela prouve aussi que nul ne peut calculer dâavance les suites dâun péché quâil nourrit dans son cÅur.
Grecâ¯: ils lui pesèrent trente pièces dâargent. Ce terme rappelle lâantique usage de peser lâargent ou lâor qui nâétait pas monnayé. Il ne faut pas traduireâ¯: ils lui promirent, car Judas reçut réellement alors le prix de sa trahison, que bientôt il voulut rendre (Matthieu 27.3).
Ces trente pièces dâargent qui étaient sans doute des sicles, équivalaient à environ cent francs de notre monnaie. Câétait le plus bas prix dâun esclave (Exode 21.32).
Il est difficile de comprendre que Judas, pour prix dâune telle trahison, se soit contenté dâun si pauvre salaireâ¯; et comme Matthieu seul indique le chiffre de cette valeur, la critique en a conclu que la tradition avait déterminé ce prix dâaprès la prophétie (Zacharie 11.12â¯; comparez Matthieu 27.9-10). Mais câest là une pure supposition.
Il ne faut pas oublier que Judas nâavait point prévu les terribles conséquences de son action (Matthieu 27.3, note) et quâainsi, dans son aveuglement, il nây attachait pas lâimportance que les événements ont donnée à son crime.
Quoi quâil en soit, cet argent avait été pris dans le trésor du temple, qui servait à acheter les victimes.
Ainsi lâAgneau de Dieu dut être payé par ce trésor, où cependant les trente pièces dâargent ne rentrèrent plus (Matthieu 27.6). Tout a un sens dans ces solennels moments de la vie et de la mort du Sauveur.
Verset 16
Pour le livrer, sans courir le danger de susciter quelque tumulte parmi le peuple (versets 4 et 5, note).
Verset 17
Les préparatifs du repas
Le premier jour des pains sans levain, les disciples demandent à Jésus où ils doivent lui préparer la Pâque. Jésus leur indique une maison amie, en ville et les disciples exécutent ses ordres (17-19).
Le repas, la trahison de Judas dénoncée par Jésus
Le soir venu, il se met à table avec les douze. Il déclare que lâun dâeux le livrera. Consternés, ils demandent chacunâ¯: Est-ce moiâ¯? Jésus désigne le traître et dit que la mort du fils de lâhomme est lâaccomplissement des prophéties, mais que celui qui est lâinstrument de cette mort nâen est pas moins coupable et malheureux. Judas demandant à son tour si câétait lui, Jésus le lui confirme (20-28).
Lâinstitution de la cène
Pendant le repas, Jésus prend du pain et après avoir prononcé une bénédiction, il le rompt et le donne à ses disciples en leur disantâ¯: Ceci est mon corps. Il prend aussi une coupe et leur commande dâen boire tous, disantâ¯: Ceci est mon sang, le sang de lâalliance répandu pour la rémission des péchés (26-28).
Lâachèvement du repas
Jésus termine le repas en déclarant quâil ne boira plus du produit de la vigne jusquâà ce quâil le boive à nouveau dans le royaume de son Père. Après le chant des cantiques, ils sâacheminent vers la montagne des Oliviers (29-30).
Dernier repas de Jésus avec ses disciples
Versets 17 à 30 â Jésus célèbre la Pâque et institue la cène
Comparer Marc 14.12-25â¯; Luc 22.7-23.
Câest-à -dire le premier jour de la fête où lâon mangeait les pains sans levain (Exode 12.18 et suivantsâ¯; Nombres 28.16 et suivants).
Câest ainsi que les Juifs désignaient la Pâque. Ce premier jour était le quatorze du mois de nisan. On préparait alors lâagneau de Pâque et les pains sans levain et la fête commençait le même jour à six heures du soir, bien quâelle fût fixée au lendemain quinze, de même que le sabbat des Juifs commence le vendredi à six heures du soir. Lâaprès-midi du 14 nisan, avant le coucher du soleil, lâagneau pascal était immolé par les sacrificateurs dans les parvis du temple et câest dans la soirée quâon le mangeait (comparer verset 2, note).
Grecâ¯: que nous te préparions à manger la Pâque. Jésus est considéré comme le père de famille et les disciples, dans leur vénération, lui parlent comme si cette préparation ne concernait que lui.
Verset 18
Les mots allez dans la ville supposent que cet entretien eut lieu à Béthanie.
Lâexpression chez un tel est de lâévangéliste qui passe sous silence le nom de la personne que le Sauveur ne désigna quâavec une sorte de mystère commandé par la situation (voir Marc 14.15, note).
Câétait probablement un de ses disciples auquel il annonce ainsi sa mort prochaineâ¯: Mon temps est proche et à qui il veut donner une marque particulière de son amour, en célébrant chez lui cette fête solennelle. Peut-être en était-il convenu dâavance avec luiâ¯; de là la connaissance exacte quâil avait de la chambre haute qui serait indiquée aux disciples (Marc 14.15â¯; Luc 22.12).
Dâaprès Luc (Luc 22.7 et suivants), câétaient Pierre et Jean que Jésus chargeait de cette mission et auxquels il donna des indications plus précises, omises par Matthieu (comparer aussi Marc 14.13-14).
Ce mot de Jésusâ¯: Mon temps est proche, ne peut pas signifier autre chose que le moment de sa mort (Jean 13.1) et cette mention suffisait à son disciple pour quâil comprît toute lâimportance de la communication que Jésus lui faisait et de la suprême demande que le Maître mourant lui adressait.
Verset 20
Le texte reçu, avec B, D, majuscules, omet le mot disciples.
Les Israélites, à lâorigine, célébraient la Pâque debout, les reins ceints et le bâton à la main (Exode 12.11). Dans la suite, lâusage prévalut de prendre ce repas assis à table, ou plutôt, selon le sens du mot original, à demi couché sur le côté (Luc 7.38 note, Jean 13.23, note).
Les convives devaient être au moins dix, car lâagneau devait être entièrement mangé (Exode 12.4-10).
Verset 21
Le but du Sauveur, en prononçant cette terrible révélation, était de montrer à Judas quâil connaissait fort bien son dessein, de réveiller si possible sa conscience et ainsi de le détourner encore de son crime à la dernière heure. Mais à quel moment est-ce que Jésus lui donna cet avertissementâ¯?
Matthieu dit iciâ¯: comme ils mangeaient, câest-à -dire pendant le repas de la Pâque et avant lâinstitution de la cène (verset 26). Selon Luc (Luc 22.21) cet incident aurait eu lieu après la célébration de la communion, à laquelle Judas aurait ainsi pris part. Tout porte à croire que la relation de Matthieu et de Marc est la plus exacte. On ne conçoit pas que Jésus pût, après le moment intime et solennel de la cène, soulever ce triste incident qui porta le trouble dans tous les cÅurs (verset 22), ni quâil eût admis Judas à prendre part à la cène, au moment où il lui reprochait son crime.
Dâailleurs cette révélation de la trahison de Judas est évidemment identique à celle que rapporte Jean (Jean 13.21 et suivants) avec quelques circonstances différentesâ¯; or, cet évangéliste dit positivement (Jean 13.27) que le traître sortit immédiatement après. Donc il nâétait plus présent au moment de la cène (voir Luc 22.21, note).
Verset 22
Grecâ¯: je ne le suis pas, Seigneurâ¯? Ou ce nâest pourtant pas moiâ¯?
La question suppose une réponse négative. Lâhorreur que leur inspire le crime révélé par le Sauveur leur fait éprouver le besoin dâentendre de sa bouche lâassurance quâils en sont innocents.
Verset 23
Jésus donne encore ici, par ménagement pour Judas, une réponse vague que, dâaprès Jean, il précisa ensuite davantage (Jean 13.18-26).
Les Israélites mangeaient, avec lâagneau de Pâque, un plat composé de dattes, de figues, etc., appelé charoset et ayant la couleur des briques, en souvenir de celles dâÃgypte. Ils plongeaient dans cette sauce le pain et les herbes amères. Il parait que Judas, assis près du Sauveur, venait de faire en même temps que lui ce mouvement de la main.
Verset 24
Il sâen va, câest ainsi que le Seigneur désigne son départ de ce monde et son retour auprès du Père, mais en passant par la mort (Jean 7.33â¯; Jean 8.21). Toutefois ce grand événement ne dépendait pas de la trahison de Judasâ¯; celui-ci ne fait que contribuer à lâaccomplissement dâun plan divin, écrit dès longtemps dans la prophétie (comparer Actes 2.23).
La vie est un don de Dieu, mais lâhomme est responsable de lâusage quâil en fait, si elle devient pour lui un mal, il ne peut lâattribuer quâà sa fauteâ¯: tel nâétait pas le dessein de Dieu. En présence de la perdition dâune âme, cette parole de Jésus est dâune redoutable et mystérieuse vérité, mais dans les grandes afflictions de la vie présente, câest par erreur que lâhomme arrive quelquefois à considérer le don de lâexistence comme un malheur (Job 3.2 et suivants Jérémie 20.14 et suivants).
Verset 25
Tu lâas dit, hébraïsme qui signifieâ¯: Oui, câest toi (verset 64).
Matthieu seul rapporte ce dialogue. Judas, ajoutant lâhypocrisie à son crime, répète encore une fois, en se lâappliquant avec une feinte innocence, la question des disciples (verset 22).
Lâinsolence du traître dépasse toutes les bornes. Mais cet entretien eut lieu probablement à voix basse, Jésus ne voulant pas même alors rendre tout retour impossible à ce malheureux disciple, en le dévoilant directement aux autres. Ceux-ci en effet, ignoraient ses intentions criminelles (Jean 13.28-29).
Verset 26
Le repas pascal comprenait, dâaprès les rabbins, les actes suivantsâ¯:
Ces motsâ¯: comme ils mangeaient, désignent, aussi bien quâau verset 21, le moment plus libre du repas qui suivait la célébration cérémonielle de la Pâque.
Luc et Paul (Luc 22.20â¯; 1 Corinthiens 11.25) disent que Jésus donna la coupe après le souper. Ils entendent sans doute la troisième coupe et câest pour cela que lâapôtre lâappelle «â¯la coupe de bénédictionâ¯Â» (1 Corinthiens 10.16).
Le texte reçu ditâ¯: «â¯Jésus prit le painâ¯Â». Lâarticle (le) nâest pas authentique. Il ne sâagit point dâun pain spécial destiné à la cène, mais dâun quelconque des pains qui se trouvaient sur la table.
Au lieu des motsâ¯: ayant prononcé une bénédiction (grec ayant béni), plusieurs manuscrits portentâ¯: ayant rendu grâce, comme au verset 27. Câest aussi le terme employé par Luc et par Paul (1 Corinthiens 11.24).
Lâusage de rendre grâce avant la cène se conserva dans lâÃgliseâ¯; de là est venu le nom dâeucharistie (action de grâce), par lequel on désignait la communion. Dans la célébration de la Pâque, le père de famille, en prenant le pain, disaitâ¯: «â¯Béni soit celui qui produit le pain du sein de la terreâ¯Â». On a quelquefois pensé que ce fut par ces paroles que Jésus bénit le pain. Cela nâest pas probable. Il exprima sans doute du fond de son cÅur des sentiments nouveaux, conformes à la grâce nouvelle quâil communiquait.
Ce pain, il le rompitâ¯; action symbolique, comme tous les traits de cette institutionâ¯; elle indiquait que le corps du Sauveur allait être rompu, brisé par la souffrance et par la mort. Le même usage symbolique se conserva dans lâÃglise apostolique, où la cène sâappelait la «â¯fraction du painâ¯Â» (Actes 2.42).
Lâemploi dâune hostie a donc été plus tard une dérogation à la vérité de ce symbole.
Ceci désigne simplement le pain que Jésus tenait dans sa main et distribuait aux disciples. Le mot est, sur lequel on a tant discuté, nâétait point exprimé dans la langue que le Sauveur parlait (lâaraméen).
En disantâ¯: mon corps «â¯donné pour vousâ¯Â» (Luc 22.19) et ensuiteâ¯: mon sang «â¯répandu pour la rémission des péchésâ¯Â», Jésus désignait à ses disciples sa personne, sa vie, quâil allait livrer comme rançon pour plusieurs (Matthieu 20.28).
Comme Jésus était présent et vivant au milieu dâeux, en prononçant ces paroles, il est évident quâil ne pouvait pas matériellement leur donner son corps à manger et son sang à boire et quâainsi ces paroles étaient prononcées dans un sens symbolique.
Mais sous ce symbole il y avait une profonde réalité. Jésus ne montre pas seulement à ses disciples les signes sacrés de son corps et de son sang, mais il ditâ¯: Prenez, mangez. Or, cela aussi est symboliqueâ¯; câest lâacte dâune appropriation intérieure et personnelle de toute lâefficace du sacrifice qui allait sâaccomplir par la mort du Sauveurâ¯; de sorte que celui qui fait cet acte par une foi vivante en lui, entre dans la communion réelle du corps et du sang de Christ (1 Corinthiens 10.16).
Mais ce Christ, «â¯livré à cause de nos offensesâ¯Â», est aussi «â¯ressuscité à cause de notre justificationâ¯Â» (Romains 4.25)â¯; il est vivant, glorifié et à celui qui fait une vraie communion avec lui, il se donne avec toute lâefficace de sa mort et toute la réalité de sa vie (Jean 6.51-58). Nous trouvons donc dans la cène du Seigneur, comme dans tout lâÃvangileâ¯:
Toutes les communions chrétiennes sont dâaccord sur cette signification essentielle de la cène, elles diffèrent sur le «â¯commentâ¯Â» de la présence de Christ et de sa communication aux fidèles. Or ce «â¯commentâ¯Â» est un mystère dont lâintelligence nâest point nécessaire à lâédification.
Verset 27
Matthieu (selon le vrai texte) et Marc disentâ¯: une coupe, une de celles qui se trouvaient sur la tableâ¯; Luc et Paul écriventâ¯: la coupe, dâoù lâon a conclu quâil sâagissait de lâune de celles qui circulaient pendant le repas de la Pâque (comparer verset 26, première note).
Rendre grâces nâa pas un sens différent du mot bénir ou prononcer une bénédiction (verset 26). Il sâagit dâune prière ou dâun chant dâadoration et de reconnaissance. Les motsâ¯: «â¯buvez-en tousâ¯Â», sont dâautant plus frappants que rien en apparence ne les rendait nécessaires. Jésus nâa pas fait la même recommandation à propos du pain. Marc relève cette circonstance en disantâ¯: «â¯et ils en burent tousâ¯Â».
Verset 28
Ces paroles motivent (car) lâordre de Jésus donné à tous (verset 28).
Ceci désigne la coupe ou le vin qui y est renfermé. Ce vin est le symbole du sang de Jésus qui allait être répandu.
Dans Matthieu et Marc, selon le vrai texte littéralement traduit, Jésus ditâ¯: Ceci est mon sang de lâallianceâ¯; le texte reçu porte «â¯de la nouvelle allianceâ¯Â».
Cette variante est assez fortement documentée dans Matthieu surtout (A, C, D, les versions). Mais elle parait provenir de lâintention de donner à la parole eucharistique dans les deux premiers évangiles la même forme que dans Luc et dans Paul. Il est donc probable quâil faut la rejeter et la parole de Jésus est dès lors exactement conforme à la déclaration de Moïseâ¯: «â¯Voici le sang de lâAlliance que lâÃternel a traitée avec nousâ¯Â» (Exode 24.8).
Seulement Jésus, par ce mot mon sang, substitue son propre sang à celui de la victime, que répandait Moïse, comme, par la coïncidence de la Pâque et de la cène, il substitue à lâagneau pascal le vrai «â¯agneau de Dieu qui ôte les péchés du mondeâ¯Â».
Jésus scelle ainsi de son sang, câest-à -dire par sa mort, la vraie alliance de la grâce entre Dieu et lâhomme, dont lâalliance ancienne nâétait que lâimage. De là est venu le terme de nouvelle alliance qui se trouve dans Luc et Paul, dâoù il a passé dans le texte reçu de Matthieu et Marc (voir sur les autres différences entre Matthieu et Marc dâune part et Luc et Paul de lâautre, Luc 22.19-20â¯; 1 Corinthiens 11.23-25, note).
Ces paroles expliquent comment et pourquoi le sang de Jésus est devenu le sang de lâallianceâ¯: câest quâil est répandu pour la rémission des péchés. Ainsi, la mort expiatoire du Sauveur est la cause objective du pardon et la foi en est la cause subjective dans le communiant.
De là peut-être ce mot pour plusieurs, qui limite aux croyants lâefficace du sacrifice de la croix, tandis que dans lâintention de Dieu il a eu lieu pour tous (1 Jean 2.2).
Nous avons ainsi dans ces paroles prononcées par le Seigneur lui-même une déclaration authentique et irrécusable sur la signification et le but de sa mort expiatoire, dont le premier fruit est le pardon de nos péchés et dont le croyant reçoit toujours de nouveau le sceau et lâassurance dans la cène.
Ce qui remplissait lââme de Jésus dans ce moment solennel où il instituait la cène, câest lâimmense amour qui le poussait à se livrer à la mort pour ses rachetés. Câest aussi le gage et le souvenir de cet amour quâil lègue en mourant à son Ãglise de tous les temps, en disantâ¯: «â¯Faites ceci en souvenir de moiâ¯Â» (1 Corinthiens 11.24-25). Le sentiment de cet amour de Jésus doit dominer toute autre pensée dans chaque célébration de la cène.
Verset 29
La tristesse de la séparation sâexprime dans ces paroles, qui renferment en même temps une consolante promesse.
Désormais il ne célébrera plus avec eux ni la Pâque, ni la cène, au moyen de ce produit de la vigne. Mais il élève leurs pensées vers les temps de la perfection, où, dans le royaume de son Père, il fera communion avec eux dâune manière plus intime encore.
Alors «â¯toutes choses auront été faites nouvellesâ¯Â» et les éternelles réalités que nous présente la cène, le pardon, lâunion avec Christ, lâamour, la vie, auront atteint la perfection.
Câest là ce quâindique le motâ¯: nouveau qui caractérise cette promesse. Ainsi la cène, célébrée sur la terre, est un gage, un avant-goût de celle que lâÃglise glorifiée célébrera dans les cieux avec son divin chef.
Verset 30
On chantait, après la célébration de la Pâque, les Psaume 115 à Psaume 118, que les Juifs appelaient le grand hallel (louange). Ce chant était une sorte de récitatif, tel quâon lâentend encore dans quelques synagogues et auquel se prêtent admirablement les psaumes hébreux.
Câest-à -dire au pied de cette montagne, dans la vallée de Cédron, où se trouvait le jardin de Gethsémané.
Verset 31
Entretien sur le chemin
Jésus déclare à ses disciples que cette nuit même il sera pour eux une occasion de chute, conformément à la prophétie, mais quâaprès sa résurrection, il les précédera en Galilée. Pierre proteste de son inébranlable fidélité. Jésus lui prédit le triple reniement dont il se rendra coupable avant que le coq chante. Pierre se dit prêt à mourir, plutôt que de renier Jésus. Tous disent de même (31-35).
Lâagonie de Jésus
Arrivé en Gethsémané, Jésus prend avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée. Il leur confie sa tristesse et ses angoisses et leur demande de veiller avec lui. Il sâavance un peu et, se prosternant, il demande à son Père dâéloigner la coupe, tout en se soumettant à sa volonté. Revenu vers les disciples, il les trouve endormisâ¯; il leur reproche leur insensibilité et les exhorte à veiller et à prier, vu la faiblesse de la chair. Il sâen va une seconde fois et dit à son Père que sâil nâest pas possible que la coupe passe loin de lui, sa volonté soit faite. à son retour vers les disciples, il les trouve encore endormis. Il sâéloigne une troisième fois, répétant la même prière. Puis il dit aux disciples quâils peuvent dormir désormais. Il les avertit que son heure est venue, que celui qui le livre approche (36-46).
Lâarrestation de Jésus
Comme Jésus parle encore, Judas arrive, suivi dâune grande troupe armée. Il désigne Jésus à cette troupe en le saluant par un baiser. Jésus lui demande pourquoi il est îà . à ce moment, lâun des disciples fait une tentative de résistance. Jésus la réprime, condamnant lâemploi de la violence. Il rappelle le secours puissant que son Père est toujours prêt à lui accorder, mais quâil ne réclamera pas, parce quâil faut que les Ãcritures sâaccomplissent. Puis se tournant vers ses adversaires, il constate quâils sont venus après lui comme après un brigand, alors quâil enseignait tous les jours dans le templeâ¯; il montre dans tout ceci lâaccomplissement des Ãcritures. Les disciples abandonnent Jésus et sâenfuient (47-56).
Gethsémané (31-56)
Comparer Marc 14.26-52â¯; Luc 22.31-53.
Grecâ¯: Tous, vous serez scandalisés en moi⦠Tousâ¯!
Ce mot, expressément placé en tête de la phrase, dut faire sur les disciples une impression profonde (verset 33).
Sur ce mot être scandalisé, voir Matthieu 11.6, noteâ¯; comparez Matthieu 5.29, note.
Dâaprès Luc 22.31 et suivants, Jean 13.36 et suivants, cet entretien eut lieu encore dans la chambre haute.
Zacharie 13.7, librement cité et appliqué par Jésus à la mort quâil allait souffrir et à ses disciples qui seraient dispersés comme des brebis nâayant plus de berger.
Verset 32
Après une parole si propre à attrister les disciples (verset 31), Jésus en prononce une autre qui les aurait remplis de consolation et de courage sâils lâavaient comprise.
La Galilée avait été le principal théâtre du ministère de Jésus, câétait la patrie des disciples, où ils comptaient retourner après la fête quâils étaient venus célébrer à Jérusalem et câest là que Jésus leur promet de les réunir après leur dispersion.
Câest comme sâil leur avait ditâ¯: «â¯Avant même que vous soyez retournés en Galilée, je serai ressuscité et je vous y précéderaiâ¯Â». Cette promesse fut en effet accomplie (Matthieu 28.16â¯; Jean 21.1â¯; 1 Corinthiens 15.6).
Verset 33
Grecâ¯: Si tous se scandalisent en toi, moi, je ne me scandaliserai jamais.
Le Seigneur vient de direâ¯: Tous. Pierre répondâ¯: Si tous, moi jamais.
Le texte reçu lui faisait direâ¯: Si même tous. Sa pensée est bien assez absolue sans ce mot non authentique. Il était sincère, plein de courage et dâamour pour son Maître, en parlant ainsiâ¯; mais il ne songe pas à sa faiblesse. Plus il sâélève au-dessus de ses condisciples, plus sa chute sera profonde.
Verset 34
Pierre ditâ¯: jamais.
Jésus répondâ¯: cette nuit même, avec cette affirmation solennelleâ¯: En vérité. Il indique même à son disciple le temps précis que les anciens appelaientâ¯: le chant du coq, câest-à -dire la troisième veille de la nuit, entre minuit et trois heures, vers le point du jour (comparer versets 74 et 75).
Verset 35
Pierre porte son assurance jusquâà se croire prêt à mourir, sans sâapercevoir quâil contredit formellement son Maître. Il méprise son avertissement deux fois répété et entraîne ses condisciples (tous) dans sa présomption. Jésus lui laisse le dernier mot et se contente de prier pour lui (Luc 22.32).
Ce que le disciple nâa pas voulu croire, il devra lâapprendre par une amère expérience.
Verset 36
Dâaprès les plus anciens manuscrits Gethsemaneiâ¯; ce nom correspond très probablement à lâhébreu Gath-schemen qui signifie pressoir à lâhuile.
Câétait un enclos situé au pied du mont des Oliviers au-delà du Cédron et de la vallée de Josaphat, au fond de laquelle coulait ce torrent, à très peu de distance de Jérusalem.
Matthieu dit que Jésus sây rend, reprenant ainsi son récit (verset 30), interrompu par les entretiens qui ont eu lieu en chemin entre Jésus et ses disciples.
Le Sauveur ne parle encore à tous ses disciples que de sa prièreâ¯: il leur tait ses combats, son amère souffrance.
Il les conduit ainsi par degrés, avec une sagesse pleine dâamour, sur le chemin de la croix.
Verset 37
Jacques et Jean. Ces trois disciples furent les témoins de ce quâil y eut de plus intime, de plus mystérieux, dans la vie du Sauveur (Matthieu 17.1â¯; Luc 8.51).
Grecâ¯: à être attristé et angoissé. Il y a progression de lâun à lâautre de ces deux mots, dont le dernier désigne cette souffrance morale causée par lâagitation intérieure, le découragement, en un mot lâangoisse.
Verset 38
Maintenant que Jésus est seul avec ses trois disciples les plus intimes, il leur fait part avec confiance de ce qui se passe en lui. Câest dans son âme quâil souffre, sa douleur est exclusivement moraleâ¯; mais sa tristesse est si profonde, quâelle va jusquâà la mort, câest-à -dire quâil éprouve la douleur et lâangoisse de celui qui lutte avec la mort, qui est à lâagonie (Luc 22.44).
Jésus demande à ses disciples de veiller, non de prier avec lui, bien quâils dussent prier pour eux-mêmes (verset 41), mais même ce quâil leur demande, il ne peut lâobtenir dâeux (verset 40). Dans son dernier combat, le Médiateur dut souffrir seul (Jean 16.32), et cela, aussi contribua à rendre sa coupe plus amère.
Verset 39
Grecâ¯: Il tomba sur son visage.
Malgré sa terrible souffrance, Jésus conserve toute sa communion de confiance et dâamour avec Dieuâ¯; mon Père (Quelques manuscrits et des Pères omettent mon).
Les motsâ¯: sâil est possible, ne doivent sâentendre que dâune possibilité moraleâ¯: si cela est compatible avec le dessein de ta miséricorde pour le salut du monde, si lâhumanité déchue peut être sauvée sans ce moyen de la croix.
La coupe, image très fréquente dans les Ãcritures (Matthieu 20.22, note), exprime ici lâimmense sacrifice, les souffrances, la mort du Sauveur, avec toutes les craintes quâil en éprouvait dans ce moment (comparer verset 46, note). Ces paroles de Jésus ne sont point seulement une plainte, un cri de douleur, mais une véritable prière, une ardente supplication.
Jésus a priéâ¯; mais il fait immédiatement à Dieu le sacrifice de toute sa volonté (Jean 6.38â¯; comparez Matthieu 12.27). En ceci, comme dans toute sa vie, Jésus est à la fois notre Sauveur et notre modèleâ¯; car, comme câest surtout dans la volonté de lâhomme que réside le péché, cette volonté devait être offerte en sacrifice à la volonté souveraine de Dieu.
Ce sacrifice Jésus lâa fait comme représentant de notre humanité. Il est de plus notre modèle dans toutes nos épreuves, car nous aussi, nous pouvons demander à Dieu de nous en épargner lâamertume, pourvu quâil nous accorde la grâce de renoncer à toute volonté propre, ce qui est lâessentiel du sacrifice et déjà une victoire.
Verset 40
Ce sommeil des trois disciples, dans un tel moment, ne sâexplique que comme celui dont il est parlé dans Luc 9.32. Il est un degré de joie ou de tristesse que la nature humaine ne peut supporter sans en être accablée.
Aussi Luc (Luc 22.45) observe-t-il expressément quâils étaient «â¯endormis de tristesseâ¯Â». Cependant les disciples restaient responsables de cet abattement, puisque Jésus leur en fait un reproche.
Ces verbes au présentâ¯: il vient, il les trouve, aussi bien que le mot et trois fois répété, rendent très vivement cette scène et le douloureux étonnement que Jésus éprouve et quâil va exprimer lui-même.
Câest à Pierre que Jésus adresse avec tristesse ce reprocheâ¯; nâest-ce pas lui qui avait fait les plus grandes protestations de fidélitéâ¯?
Verset 41
Comparer Matthieu 6.13, note. Il y a dans toute grande épreuve une tentation, un danger moral qui ne peut être écarté que par la vigilance et la prière.
Câest là une sentence générale que Jésus applique à la position actuelle des disciples. Lâesprit, ou ce que Paul appelle «â¯lâhomme intérieurâ¯Â» (Romains 7.22), la faculté spirituelle et morale, est prompt, ou, comme dâautres traduisent, plein de courage, dâardeurâ¯; mais la chair, la nature inférieure, sensuelle de lâhomme, est faible, nâa aucun moyen de résister à la tentation, conspire plutôt avec elle (Romains 7.18-25).
Pierre, à qui sâadressent ces paroles, en fera bientôt la plus triste expérience.
Verset 42
Le texte reçu porte comme au verset 39â¯: loin de moi.
Il y a, entre la première et la seconde prière de Jésus, une différence notableâ¯: il parait admettre maintenant quâil nâest pas possibleâ¯; la volonté divine pénètre, domine plus complètement la volonté humaineâ¯; et nous pressentons que dans le troisième combat (verset 44) la victoire sera complète.
Verset 43
Voir Matthieu 26.40, note.
Verset 44
La même parole peut être prononcée avec un sentiment très différent. Cette triple reprise dans la prière, dont Matthieu seul nous a conservé le récit complet, montre combien le combat du Médiateur fut prolongé et terrible (comparer Luc 22.43).
Lâapôtre Paul nous décrit une expérience analogue de sa vie (2 Corinthiens 12.8).
Verset 45
Grecâ¯: Dormez le reste (du temps) ou désormais et reposez-vous.
Ces paroles ont été très diversement interprétées. Traduites par lâimpératif, elles peuvent exprimer une douloureuse ironie, ou avoir le sens dâune permission, comme si Jésus disaitâ¯: «â¯Il est trop tard, je nâai plus besoin de vous, vous pouvez dormirâ¯Â».
Cette dernière interprétation est en contradiction avec les paroles qui suivent dans ce verset même. Dâautres, rendant ces verbes par lâindicatif, traduisentâ¯: Vous dormez encoreâ¯! Mais, bien quâà la rigueur on puisse adopter lâindicatif, le mot grec que nous traduisons par désormais ne peut pas signifier encore.
La même objection sâoppose à lâidée de ceux qui ont voulu rendre cette phrase par une questionâ¯: Dormez-vous encoreâ¯? qui se rapprocherait de lâexpression toute différente employée par Lucâ¯: (Luc 22.46) «â¯Pourquoi dormez-vousâ¯Â»â¯? Il ne reste donc, pour expliquer le texte de Matthieu, quâà admettre, avec les meilleurs interprètes, depuis Calvin jusquâà nos jours, la première signification donnée à ces paroles.
On a objecté que lâironie nâétait pas en harmonie avec les sentiments qui remplissaient lââme de Jésus. Câest une erreur. Cette forme de langage peut exprimer une profonde tristesse et une vive douleur sans aucune amertume ni aucune dérision.
Dâailleurs lâironie est dans la situation beaucoup plus que dans les paroles. Jésus a demandé à ses disciples de veiller avec lui (verset 38)â¯; il leur a reproché leur assoupissement (verset 40), il les a exhortés en vue de la tentation qui les menaçait (verset 41)â¯; et pendant que leur Maître souffre et prie, ils dormentâ¯! Les ennemis sâapprochent et ils dormentâ¯!
Lâheureâ¯! lâheure suprême décisive (comparer Jean 17.1).
Le fils de lâhomme (Matthieu 8.20, note) est livréâ¯! verbe au présent comme si Jésus était déjà entre les mains des pécheurs.
Par ces pécheurs, les uns entendent les membres du sanhédrin, ou, en général, les Juifs qui vont rejeter leur Sauveurâ¯; dâautres, les Romains, qui le mettront à mort. Pourquoi ne pas appliquer ce mot aux uns et aux autresâ¯?
Verset 46
Quel contraste entre ces vives paroles, qui signalent un péril imminent et le sommeil des disciplesâ¯! Maintenant le Sauveur, relevé de son abattement, sâavance plein de calme et de courage au-devant de ses ennemis.
Au terme de ce récit, nous devons nous demander quelles ont été dans lââme de Jésus les causes de cette souffrance cruelle quâil a endurée. Il faut bien avouer que cette question nous met en présence du mystère «â¯sur lequel les anges se penchent, désirant de voir jusquâau fondâ¯Â» (1 Pierre 1.12).
On a répondu que câétait le sentiment profond de la perversité humaine, de lâingratitude de son peuple, de lâabandon de ses disciples, en un mot, ce poids immense dâiniquités qui sâaccumulaient sur lui. On a répondu surtout que câétait le frémissement de la nature en présence des souffrances les plus atroces, de la mort la plus ignominieuse.
Tout cela peut être vrai. Mais cette mort quâil avait prévue et si souvent annoncée, pour laquelle il savait quâil était venu (Jean 12.27), quâil avait préfigurée dans la cène, quelques heures auparavant, dont il avait parlé avec un calme si sublime (voir les discours dans saint Jean et la prière sacerdotale), cette mort qui de sa part était libre et volontaire, était-elle bien la cause unique de ses angoisses, de sa défaillanceâ¯? Ne nous paraîtrait-il pas alors moins courageux que tant de martyrs qui ont affronté avec héroïsme des supplices pareilsâ¯?
Une certaine critique, pour laquelle rien nâest sacré, nâa pas manqué de lui en faire un reprocheâ¯; elle a même trouvé une contradiction entre le calme majestueux des derniers entretiens de Jésus avec ses disciples et les profondes angoisses de Gethsémanéâ¯; et cette contradiction, elle sâen est armée pour contester la vérité historique du quatrième évangile.
Il faut regarder plus avant. La mort, dans le sens que lâÃcriture donne à ce mot, nâest pas seulement la destruction du corps, «â¯salaire du péchéâ¯Â», elle atteint tout notre êtreâ¯; elle devient, sous le jugement de Dieu, «â¯la mort secondeâ¯Â», la condamnation. Or Jésus, nous le savons de sa propre bouche, allait payer de sa vie la rançon des pécheurs (Matthieu 20.28)â¯; il allait «â¯répandre son sang pour les péchés de plusieursâ¯Â» (verset 28â¯: comparer Jean 1.29â¯; 1 Jean 2.2â¯; 2 Corinthiens 5.21â¯; Galates 3.13)â¯; en un mot, chef et représentant de notre humanité, il se mettait à la place du pécheur, sous le jugement de Dieu.
De là ces angoisses, ce poids de souffrance morale sous lequel il craint de succomber (comparer Matthieu 27.46). Il sâagit donc ici dâune tentation spéciale, terrible, dâune lutte contre la puissance des ténèbres (Luc 22.53â¯; Jean 14.30).
Jésus invoque son Père, dont il nâa point perdu lâamour et la faveur, il prie (versets 36, 39 et 42).
Que demande-t-il en ces motsâ¯: «â¯Que cette coupe passe loin de moiâ¯Â»â¯? De ne pas accomplir son sacrificeâ¯? On peut à peine le penserâ¯; et sâil fallait lâadmettre, ce ne serait là quâun cri de douleur arraché par lâangoisse et aussitôt réprimé par cette expression dâentier abandonâ¯: «â¯comme tu le veuxâ¯Â». Il demande avant tout avec ardeur la délivrance de cette angoisse même, de sa crainte.
Câest là ce que nous apprend la parole profonde dâun auteur sacré qui ajoute quâil fut exaucé et que, «â¯bien quâil fût Fils, il apprit ainsi lâobéissance par les choses quâil a souffertesâ¯; et quâayant été consommé (rendu parfait dans lâobéissance), il est devenu lâauteur dâun salut éternel pour tous ceux qui lui obéissentâ¯Â» (Hébreux 5.7-9â¯; comparez ci-dessus verset 39, 2e note).
Verset 47
Ici se trouvent désignés trois ordres de personnesâ¯: en tête Judas, lâun des douzeâ¯; puis ce que Matthieu appelle une foule armée dâépées et de bâtons et qui se composait, comme nous lâapprend Jean (Jean 18.3, note), dâune «â¯cohorteâ¯Â», par où il faut entendre un détachement de la garnison romaine et non la garde juive du templeâ¯; et enfin «â¯dâhuissiersâ¯Â», accompagnés par des serviteurs des sacrificateurs et des anciens, membres du sanhédrin et instigateurs de cette arrestation.
Il faut compléter la scène qui suit par les autres évangiles.
Verset 49
Câétait, chez les Juifs, une manière de sâaborder et de se saluer avec intimité. Il y a même ici un verbe composé qui signifie baiser avec affection.
M. Rilliet traduitâ¯:
Ce baiser de Judas, devenu proverbial, comme lâacte de la plus noire hypocrisie, devait dâabord désigner la victime à ses persécuteurs, mais probablement Judas pensait-il aussi pouvoir cacher sa trahison à Jésus lui-même, en lui faisant croire que son arrivée était fortuite.
Verset 50
Cette question, plus directe dans Luc (Luc 22.48), devait faire rentrer Judas en lui-même, en lui montrant que son dessein était découvert.
Le terme original rendu par ami nâexprime point un sentiment dâaffection, mais signifie plutôt compagnon, camarade, comme Matthieu 20.13â¯; Matthieu 22.12.
Verset 51
Câétait Pierre, dont les trois premiers évangiles taisent le nom par prudence, parce que cet apôtre vivait encore.
Jean (Jean 18.10) le nomme, parce que, Pierre étant mort, il nây avait plus aucun danger à le faire.
Verset 52
Par ces paroles, le Seigneur condamne de la manière la plus expresse et la plus sévère toute violence et toute persécution en faveur de sa cause. Son règne, tout spirituel, ne saurait sâétendre par des armes charnelles (2 Corinthiens 10.3-4).
Que de sang, de souffrances et de scandales épargnés à lâÃglise et au monde, si ces paroles avaient été comprises et mises en pratiqueâ¯!
Câest abuser de lâÃcriture que de faire de cette déclaration un argument en faveur de la peine de mort. Beaucoup plutôt pourrait-on y voir une condamnation de la guerre, de toute guerre injusteâ¯; mais il est probable que Jésus nâa pensé ici quâaux moyens dâétendre son règne.
Verset 53
Douze légions dâanges, au lieu de ces pauvres douze disciples, dont lâun croit devoir défendre son Maître par lâépée. Ces paroles nous montrent quelle était la confiance absolue du Sauveur en son Père et combien sa mort était volontaire. Codex Sinaiticus, B, la Vulgate, les versions égyptiennes placent le mot maintenant (grec à lâinstant) après me fournira.
La plupart des critiques et des traducteurs adoptent cette leçon.
Verset 54
Car, selon les Ãcritures, le Messie ne peut sauver le monde et arriver à la gloire que par la voie des souffrances (Psaumes 22â¯; Ãsaïe 53â¯; comparez Luc 24.26-46).
Verset 55
Voir Matthieu 26.53, note.
Jésus reproche à la foule (verset 47, note) et à ses chefs le traitement indigne quâelle lui infligeait en le saisissant comme un malfaiteurâ¯; mais il lui déclare en même temps que ses ennemis ont été impuissants à lui faire aucun mal avant que fût arrivé le temps de la volonté de Dieu, révélée dans les Ãcritures (verset 56).
Verset 56
Tous lâabandonnent, bien que tous eussent promis de lui rester fidèles (verset 35).
Accomplissement de la prédiction que Jésus venait de faire (verset 31).
Verset 57
Première partie de la séance pendant la nuit
Le reniement de Pierre
Seconde partie de la séance, au matin
Le matin venu, le sanhédrin délibère sur les moyens de mettre à mort Jésusâ¯: des membres de lâassemblée lâemmènent lié chez Pilate (27.1-2).
Jésus devant le sanhédrin
Versets 26.57 Ã 27.2
Comparer Marc 14.53 à Marc 15.1â¯; Luc 22.54 à Luc 23.1.
Voir verset 3, noteâ¯; verset 47, note.
Ce conseil sâassembla au milieu de la nuit, en toute hâte, dès quâon eut appris lâarrestation de Jésus.
Dâaprès le récit de Jean (Jean 18.13), Jésus fut conduit dâabord chez Anne, beau-père de Caïphe. Voir la note sur ce passage. Les synoptiques passent ce fait sous silence (Luc 22.54, note).
Verset 58
La fin, câest-à -dire ce qui arriverait à son Maître. Son amour pour lui lâattire, la crainte du danger lâéloigne, il le suivait, mais de loin. Déjà le combat a commencé dans son âme.
Verset 60
Le texte reçu répète une seconde fois à la fin de ce verset les motsâ¯: ils nâen trouvèrent point, qui ne sont pas authentiques.
Il en est de même des motsâ¯: et les anciens quâil introduit après les principaux sacrificateurs (verset 59).
Quoiquâil se fût présenté plusieurs faux témoins, aucun dâeux ne proférait une accusation assez grave pour condamner Jésus à mort (comparer Marc 14.59).
Le sanhédrin voulait hypocritement conserver les formes de la justice.
Verset 61
Cette parole de Jésus pouvait paraître aux Juifs un sacrilège, une atteinte portée au temple de Dieuâ¯; mais elle était à la fois mal comprise et faussée. Il nâavait pas dit, en effet, je puis détruire, mais détruisez (Jean 2.19, noteâ¯; comparez Marc 14.58).
Verset 63
On peut réunir en une les deux propositions interrogativesâ¯:
La ponctuation que nous avons adoptée est préférée par Tregelles, Westcott et Hort, Meyer. Ce dernier trouve avec raison quâelle répond mieux à la passion avec laquelle le souverain sacrificateur interroge Jésus.
Jésus se tait par un sentiment de dignité et par la conviction que toute défense serait inutile en présence dâun tel tribunal. Il y a donc dans ce silence une sévère accusation contre les accusateurs.
Codex Sinaiticus, B, des majuscules et des versions omettentâ¯: reprenant la parole.
Par ces termes solennelsâ¯: Je tâadjure, et cela, par le Dieu vivant qui doit punir le mensonge (Hébreux 10.31), le souverain sacrificateur imposait à Jésus une sorte de serment.
Quelle est la question précise quâil lui poseâ¯? Non pas seulementâ¯: Es-tu le Christ, le Messie, car il nâest pas probable quâune telle prétention eût paru digne de mortâ¯; mais es-tu le Fils de Dieuâ¯?
Câest en vain que plusieurs interprètes veulent nous faire considérer ces deux termes comme synonymes. Pour comprendre toute la portée que le souverain sacrificateur attachait à ce dernier titre, il faut se rappeler les termes dans lesquels les Juifs avaient précédemment articulé contre Jésus-Christ la même accusationâ¯: «â¯il disait que Dieu était son propre Père, se faisant égal à Dieuâ¯Â» (Jean 5.18)â¯; «â¯nous ne te lapidons point pour aucune bonne Åuvre, mais pour un blasphème et parce que, nâétant quâun homme, tu te fais Dieuâ¯Â» (Jean 10.33).
La question de Caïphe est destinée à arracher à Jésus une semblable déclaration, qui permettra de lâaccuser de blasphème (verset 65), crime que la loi de Moïse punissait de mort. La réponse de Jésus aussi nâa toute sa signification que si lâon y voit une affirmation de sa divinité.
Verset 64
Tu lâas dit. Hébraïsme qui signifieâ¯: Oui, comme tu lâas dit.
Ou, selon le récit de Marcâ¯: (Marc 14.62) Moi je le suis. Moment unique dans la vie de Jésus, que celui où il proclame sa messianité et sa divinité devant les représentants de la théocratieâ¯!
Jésus emploie à dessein le langage et les images de lâÃcriture que ses auditeurs connaissaient bien. Ainsi, le fils de lâhomme, venant sur les nuées du ciel, sont des termes messianiques, empruntés à Daniel 7.13 et qui annoncent son retour dans la gloire pour exercer le jugement du monde (Matthieu 24.30).
Ainsi encore être assis à la droite de la Puissance (de Dieu), câest, conformément à la prophétie (Psaumes 110.1), prendre part à la puissance et à la gloire divines, aussi bien quâau gouvernement de lâunivers (Marc 16.19â¯; Actes 2.33â¯; Actes 5.31â¯; Romains 8.34).
Ce fils de lâhomme va passer de son profond abaissement au plus haut degré de gloire. Cet accusé qui va être condamné à mort, cite dâavance ses juges à son propre tribunalâ¯!
Quelques interprètes, pressant le mot désormais ou dés maintenant, qui sâapplique au verbe vous verrez, pensent que les mots venant sur les nuées du ciel ne peuvent pas désigner le retour final de Christ, mais bien lâexercice de son pouvoir spirituel dans son règne sur la terre. Cette dernière idée nâest sûrement pas contraire au texteâ¯; mais ce serait trop presser les termes que de vouloir en exclure la seconde venue du Sauveur. Il vient sans cesse à travers les siècles, mais il ne fait par là que préparer ce retour suprême par lequel il élèvera son règne à la perfection. Les paroles du Sauveur que nous venons de citer (Matthieu 24.30) ne laissent dâailleurs aucun doute sur le sens de notre passage.
Verset 65
Déchirer ses vêtements était chez les Juifs un signe de tristesse profonde ou de vive indignation (2 Rois 18.37â¯; 2 Rois 19.1). Il est évident que, chez Caïphe, ces sentiments étaient hypocritement simulés ou du moins dominés par la haine (Jean 11.49 et suivants).
Caïphe affirme que Jésus, en se déclarant le Messie, le Fils de Dieu et en prétendant avoir part à la puissance divine (verset 64), sâattribue une gloire qui nâappartient quâà Dieu et prononce un blasphème (comparer Jean 10.33). Les mots Que vous en sembleâ¯? étaient la question solennelle posée par le président à tout le conseil, pour que celui-ci fit connaître son vote. Or ce vote, dâaprès Lévitique 24.16, ne pouvait être quâune condamnation à mort. Et câest ce qui eut lieu (verset 66).
Dâoù il faut conclure que si Jésus nâavait pas été ce quâil déclarait être, la sentence prononcée contre lui conforme à la loi de Moïse serait parfaitement juste. Ceux qui nient la divinité de Jésus-Christ ont-ils réfléchi à cette conséquence de leur négationâ¯?
Verset 66
Ainsi lâunique cause de la condamnation de Jésus devant le conseil de sa nation fut la déclaration solennelle de sa divinité.
Le Saint et le Juste mérite la mortâ¯! à justice des hommesâ¯!
Verset 68
Qui sont ceux qui infligent à Jésus ces traitements horribles�
Selon notre Ãvangile et surtout dâaprès Marc (Marc 14.65), on ne saurait douter que ce ne soient quelques-uns des membres du sanhédrin qui lâinjurient, au moins en paroles (voir Marc 14.65, note).
Sâil parait peu probable que des juges puissent descendre à ce rôle indigne envers un condamné, tout sâexplique par la haine qui remplissait leurs cÅurs.
Cette raillerie impieâ¯: Prophétise, ne signifie pas seulementâ¯: Devine qui tâa frappé, ainsi que portent quelques versionsâ¯; mais bienâ¯: Montre que tu es un prophète, le Christ (Messie), en nommant celui qui tâa frappé.
Verset 69
Dehors, dans la cour, est pris ici du point de vue de ceux qui étaient dans le palais (comparer verset 58).
Verset 70
Grecâ¯: «â¯il le nia, ou renia, devant tousâ¯Â», ou, selon une variante, «â¯en présence dâeux tousâ¯Â», câest-à -dire des huissiers et des serviteurs qui se trouvaient là (verset 58).
Il y avait en effet dans ces motsâ¯: Je ne sais ce que tu dis, non seulement une négation du fait, mais un premier reniement de Jésus.
Pierre fut surpris par la brusque affirmation de cette servanteâ¯; il ne veillait pas (verset 41)â¯; et précisément parce quâil était entouré de plusieurs témoins, la crainte se joignit à lâirréflexion dans ce premier reniement, quâil voulut maintenir ensuite. Là est la vraie cause de sa chute.
Verset 71
Vers le porche, ou le portail qui donnait accès de la cour intérieure (verset 69) à la cour extérieure (comparer Marc 14.68).
La première servante donne à Jésus lâépithète de Galiléen (verset 69), celle-ci de Nazaréen.
Câest par lâun ou lâautre de ces noms que le peuple le désignait, avec une sorte de mépris.
Le texte reçu fait dire à la seconde servante comme à la premièreâ¯: Celui-ci aussiâ¯; ce dernier mot nâest pas authentique.
Verset 72
Cet hommeâ¯! Quel froid mépris dans cette manière de désigner son Maîtreâ¯! Quel abîme entre cette parole et celle de Matthieu 16.16â¯!
Et câest avec serment quâil prononce ces mots. Il faut remarquer la progression dâun reniement à lâautre.
Verset 73
Ton langage, câest-à -dire lâaccent galiléen, assez différent de celui des Juifs de la Judée. Cet accent avait été reconnu dans les paroles que Pierre venait de prononcer.
Verset 74
Ici encore il y a progressionâ¯: non seulement il jure de nouveau quâil ne connaît point cet homme, mais il ajoute à ce serment des imprécations contre lui-même pour le cas où il ne dirait pas la vérité. Ainsi il y eut, dans le reniement de Pierreâ¯:
Le chant du coq aurait retenti à ce moment pour la seconde fois, selon le récit de Marc (Marc 14.68-72).
Les quatre récits du reniement de Pierre présentent quelques différences de détails concernant surtout les personnes qui dénoncent Pierre comme disciple de Jésus (Luc 22.58, note). Mais ils sâaccordent pour rapporter trois reniements de lâapôtre.
Verset 75
Voir Matthieu 26.34. Pierre se souvint de cette parole, non seulement à cause du chant du coq, mais surtout parce quâen ce moment le Sauveur lui jeta un regard de compassion et de reproche qui perça sa conscience et son cÅur (Luc 22.61). Il se réveilla au fond dâun abîme.
Ainsi commence le relèvement du disciple tombé. Le sang qui allait couler sur la croix était nécessaire pour laver son péché. Mais pour lâamener à la croix, il fallait ses larmes amères.
Lâorgueilleuse présomption qui causa sa chute fut à jamais brisée. Pierre reste le type de la vraie repentance, comme Judas de la fausse (comparer Marc 14.72, note).