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Bible Commentaries
Luc 13

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-35

Plan du commentaire biblique de Luc 13

Deux événements tragiques

  1. Galiléens massacrés. Quelqu’un vient apporter à Jésus la nouvelle que Pilate a fait massacrer des Galiléens. Jésus déclare que ceux-ci n’étaient pas plus coupables que les autres et que la repentance est pour tous la condition du salut (1-3).
  2. La tour de Siloé. Il ajoute la mention des victimes de la tour de Siloé et réitère son affirmation de la nécessité de la repentance (4, 5).

La parabole du figuier stérile

Jésus illustre cette vérité et l’applique au peuple d’Israël dans son ensemble par la parabole du figuier planté dans la vigne, qui, durant trois ans, n’a pas donné de fruit et qui est menacé d’être coupé. Sur l’intercession du vigneron, le propriétaire consent à le laisser une année encore (6-9).

Verset 1

Incidents et enseignements

Versets 1 à 9 — Nécessité de la repentance

En ce même temps, c’est-à-dire peu de temps après le discours qui précède (Luc 12.54-59).

Les exhortations à la conversion (versets 3 et 5) sont en rapport avec les avertissements qui terminent le chapitre 12. Le récit du fait qui y donna lieu, ainsi que la parabole qui les suit (versets 6 à 9), appartiennent en propre à Luc.

Cette phrase : mêlé le sang à leurs sacrifices, peut signifier que Pilate faisant massacrer ces Galiléens au moment où ils offraient leurs sacrifices, leur sang avait rejailli sur leurs victimes ; ou bien que ce sang, répandu près de l’autel, s’était mêlé au sang de ces victimes. Dans l’un et l’autre cas, l’évangéliste peint ce qu’il y avait eu de tragique et d’horrible dans ce massacre, commandé par Pilate.

On n’a que des conjectures sur les causes de ce fait, dont les historiens anciens n’ont pas conservé le souvenir.

Quelques interprètes ont pensé que ces Galiléens étaient peut-être des adhérents du fameux Judas de Galilée (Actes 5.37), ce qui est assez peu probable.

Luc ne nous dit point dans quelle intention ces quelques-uns venaient raconter à Jésus ce fait probablement tout récent.

Peut-être agissaient-ils avec l’empressement d’une vaine curiosité ou d’une propre justice qui, en s’applaudissant elle-même, attendait de Jésus quelque sévère jugement à la fois sur Pilate et sur les malheureux qu’il avait fait périr ; car aux yeux des Juifs, tout grand malheur était le châtiment d’un grand péché particulier (voir le livre de Job et Jean 9.2, note). Cette supposition est justifiée par la réponse de Jésus, qui devait, comme une épée à deux tranchants, pénétrer dans la conscience de ces hommes légers.

Verset 3

C’est à tort qu’on a voulu conclure de cette réponse que le mal n’est pas un châtiment du péché en général, ou même parfois des péchés individuels.

Non seulement Jésus ne nie point cette justice qui s’exerce par les dispensations de Dieu dans la vie des hommes. Il dénonce, au contraire, des jugements semblables à ses interlocuteurs frivoles, pour leur faire sentir qu’ils sont tout aussi pécheurs que ceux dont ils racontent complaisamment la fin tragique.

Et les termes de cette menace peuvent, dans le cas actuel, s’entendre à la lettre : moins de quarante ans après, à la destruction de Jérusalem, des milliers de Juifs périrent, soit égorgés par les Romains, soit écrasés sous les décombres (verset 4).

Mais les avertissements de Jésus élèvent notre pensée jusqu’au jugement éternel de Dieu, devant qui tous les hommes seront trouvés coupables et dignes de condamnation, à moins qu’ils ne se repentent.

Nous conservons ce dernier mot dans notre version, quoiqu’il rende imparfaitement le terme de l’original, qui désigne un changement ou une transformation complète de l’homme moral (Matthieu 3.2, 1re note).

La repentance est toujours le commencement de cette œuvre divine dans l’homme.

D’autres traduisent par le mot de conversion, ou se convertir, ce qui n’est pas non plus exact. Quoi qu’il en soit, être régénéré ou périr, telle est l’alternative rigoureuse que Jésus présente à tout homme pécheur.

Verset 5

On ne sait rien non plus de l’événement auquel Jésus fait ici allusion.

La tour de Siloé se trouvait probablement au-dessus de la source de ce nom (Jean 9.7, note ; Néhémie 3.15 ; Ésaïe 8.6), soit pour protéger la ville, soit pour abriter ceux qui venaient à la source.

Jésus rappelle cet exemple des jugements de Dieu, arrivé à Jérusalem même, parce que, en concluant du châtiment des Galiléens que tous les hommes sont coupables et doivent se repentir, il risquait de ne pas atteindre les Juifs qui l’écoutaient et qui dans leur orgueil se croyaient beaucoup meilleurs que les Galiléens.

Le texte reçu dit en parlant de ces dix-huit malheureux : « pensez-vous que ceux-là fussent plus coupables ? » Selon la variante adoptée d’après Codex Sinaiticus, A, B. l’expression est plus précise encore : eux-mêmes. Le texte le plus autorisé (Codex Sinaiticus, B, A, D) porte : « tous les hommes habitant Jérusalem ».

Verset 6

Il disait. Dans Luc et surtout dans Marc, la formule : Or il disait (encore), indique une idée nouvelle et importante qui vient s’ajouter à un discours et en est la conclusion (comparer Luc 12.54).

Cette parabole est une admirable illustration des exhortations qui précèdent.

Le sens littéral de cette parabole est si simple et si clair, qu’il n’exige aucune explication. Quant à la signification religieuse et morale, elle ressort également de chaque trait.

Le propriétaire de la vigne, c’est Dieu. Le figuier représente le peuple juif. Cet arbre est très fertile en Orient et produit plusieurs récoltes par an. En outre, le figuier de la parabole est planté dans le terrain le plus favorable à sa fertilité, une vigne. Le maître était donc en droit d’attendre de lui beaucoup de fruits. Telle était la condition d’Israël, que Dieu avait favorisé de toutes manières.

Verset 7

Le vigneron, auquel le propriétaire du figuier adresse cette plainte, c’est le Sauveur, qui va se révéler à nous par sa miséricordieuse intercession (versets 8 et 9).

Dieu cherche du fruit sur ce figuier, il en cherche en tout homme ; nul ne peut se soustraire à l’obligation de porter du fruit. Sur le figuier de la parabole, il n’en trouva point. En trouve-t-il en nous ?

Quant aux trois ans ici mentionnés, quelques interprètes y voient les trois années qui se seraient écoulées depuis que Jésus était entré dans son ministère. Cette idée n’est pas inadmissible, car la présence et l’activité du Sauveur au milieu de son peuple constituaient pour celui-ci une épreuve décisive. Il est cependant plus simple et plus conforme à l’ensemble de la parabole que ces trois ans représentent un délai après lequel le propriétaire avait lieu de croire son figuier vraiment stérile.

Cette sentence est méritée. Tout cultivateur agirait ainsi. Car non seulement le figuier ne produit rien, mais il nuit aussi à la terre ; il la rend inutile, infructueuse, par l’ombrage qu’il y projette et en attirant à lui les sucs du sol. Ainsi tout homme qui ne fait pas de bien fait du mal, ne fût-ce que par l’exemple pernicieux d’une vie inutile.

Si la sentence est juste, elle est aussi absolue. Un arbre coupé n’est plus bon qu’à être brûlé (Jean 15.6).

Verset 8

Non seulement l’intercesseur demande une année de sursis, mais il s’engage à donner au figuier ses soins, culture, engrais, tout ce qui sera possible.

Cette prière fut exaucée pour le peuple juif : quarante ans s’écoulèrent avant la ruine de Jérusalem. Et dans cet intervalle la mort et la résurrection de Jésus, la Pentecôte et la fondation de l’Église furent des appels, représentés dans la parabole par les soins exceptionnels que le vigneron promet de donner au figuier.

Verset 9

Grec : et s’il porte du fruit…(c’est bien) ; sinon tu le couperas.

Le texte reçu, avec A, D, la plupart des majuscules et des versions place les mots à l’avenir ou l’année prochaine, après tu le couperas.

Presque tous les critiques et traducteurs préfèrent la leçon alexandrine (Codex Sinaiticus, B, versions égyptiennes), qui donne un meilleur sens.

Le dernier mot de la parabole est : sinon, tu le couperas.

Le vigneron ne dit pas : Je le couperai (verset 7), mais il remet la chose au propriétaire. Toutefois, il cesse de prier pour le figuier.— Bengel

Verset 10

Guérison d’une malade le jour du sabbat

  1. Le miracle. Jésus enseigne dans une synagogue un jour du sabbat, lorsque survient une femme courbée par un esprit d’infirmité depuis dix-huit ans. Jésus lui annonce sa guérison et lui impose les mains. Elle est redressée et glorifie Dieu (10-13).
  2. Le blâme. Le chef de la synagogue invite les assistants à amener leurs malades les six jours de la semaine et non le sabbat (14).
  3. La justification. Jésus rappelle à ces hypocrites qu’ils détachent le jour du sabbat leurs bêtes pour les abreuver et il n’aurait pas le droit de délivrer cette fille d’Abraham du lien qui la retenait depuis dix-huit ans ! Confusion des adversaires ; joie de la foule (15-17).

Deux paraboles

Jésus conclut de l’acte qu’il vient d’accomplir la puissance du royaume et il la représente dans deux paraboles :

  1. la parabole du grain de sénevé qui montre la puissance d’extension du royaume (18, 19)
  2. la parabole du levain qui montre sa puissance de transformation (20, 21).

La puissance du Royaume de Dieu (10-21)

Verset 11

L’histoire de cette guérison nous a été conservée par Luc seul.

Un esprit d’infirmité est un état maladif attribué à un mauvais esprit.

Jésus lui-même confirme expressément cette opinion (verset 16). Le mal parait avoir eu son siège dans le système nerveux ; de là une contraction qui tenait cette pauvre femme courbée, et cela, depuis dix-huit ans !

Verset 13

La seule vue de cette longue souffrance émeut la compassion du Sauveur. Sans attendre que la malade invoque son aide et lui demande la guérison, il l’appelle à lui et prononce la parole puissante : Tu es délivrée !

Le verbe est au parfait, exprimant le fait déjà accompli et la permanence de la guérison. La foi de la malade s’attache à cette déclaration et obtient ainsi la délivrance. Cependant Jésus lui impose les mains, afin d’entrer en communication avec elle, pour rendre à son cœur le calme et la confiance, aussi bien que la force à sa volonté débile. La reconnaissance de la malade éclate en des paroles d’actions de grâce, par lesquelles elle glorifiait Dieu.

Verset 14

Ce chef, ou président de la synagogue, adresse ses reproches à la foule et ainsi indirectement à Jésus qu’il n’ose pas attaquer en face.

Son discours est appelé une réponse (ayant pris la parole, grec répondant, Matthieu 11.25). Il répond en effet à l’acte de Jésus. Cet acte de puissance dont il vient d’être témoin lui impose quelque retenue et il craint d’exciter l’indignation des autres témoins de cette scène.

Les paroles, ici rapportées, ne sont qu’une partie de la répréhension qu’il fit entendre à la foule. C’est ce qu’indique le verbe à l’imparfait : il disait, qui suppose une harangue plus prolongée.

Dans son aveugle attachement à la légalité, il en appelle au quatrième commandement et il ne s’aperçoit pas que les termes mêmes dont il se sert : (grec) venant soyez guéris, rendent un éclatant témoignage à la réalité des œuvres du Sauveur.

Verset 15

Le Seigneur. Ce titre est donné à Jésus quand il manifeste sa souveraineté (Luc 7.13 ; Luc 10.1, comparez Luc 6.5).

Hypocrites. Par ce mot au pluriel selon le vrai texte, Jésus prononce un jugement sévère à là fois sur le chef de la synagogue et sur tous ceux qui étaient animés du même esprit pharisaïque. Leur hypocrisie consistait à s’accorder une grande latitude dans l’observation du sabbat, quand il s’agissait de leurs propres intérêts et à l’appliquer strictement, quand il s’agissait des intérêts du prochain.

Comparer Luc 14.5 ; Matthieu 12.11-12, notes.

Verset 16

Admirable réfutation du sophisme pharisaïque ! De quelle confusion elle couvrait, aux yeux de la foule, celui qui l’avait provoquée ! (verset 17)

Jésus justifie son apparente violation du sabbat par une double considération : cette pauvre femme était fille d’Abraham, appartenant au peuple de Dieu et probablement animée de l’esprit du patriarche dont elle descendait ; et malgré cela, Satan, le prince des ténèbres, la tenait liée depuis si longtemps ! Ne fallait-il pas, même le jour du sabbat, lui arracher sa victime et la rendre à la liberté aussi bien qu’à la santé ?

Verset 17

Confusion des adversaires, joie de la foule qui suivait Jésus avec confiance, tels étaient les effets de ses œuvres et de ses paroles.

Ainsi triomphait sa cause et avançait son règne. C’est là peut-être ce qui engage Luc à placer ici les deux courtes paraboles qui suivent, sur la manière dont le royaume de Dieu s’établit dans le monde.

Verset 18

« Il disait donc ».

Codex Sinaiticus, B, Itala portent : Or il disait. Le texte reçu confirme la pensée exprimée à la fin de la note précédente.

Ce serait ici la place historique de ces deux courtes paraboles si riches et si profondes dans leur signification. Voir Matthieu 13.31-32, note et Marc 4.30-32.

Verset 19

Le texte reçu fait dire à Jésus que ce grain de semence devient un grand arbre ; le mot grand n’est pas authentique ; il serait une exagération ; et même le mot arbre doit être pris dans le sens restreint et plus exact que nous trouvons dans Matthieu et Marc qui disent : « plus grand que tous les légumes ».

Verset 21

Luc met tous les verbes au passé et donne ainsi à ces paraboles le caractère de récits, de faits accomplis. Peut-être voulait-il montrer par là que ces similitudes trouvaient déjà leur accomplissement dans les œuvres et les discours par lesquels Jésus établissait alors le royaume de Dieu dans les âmes.

Verset 22

Préambule historique

Jésus, se dirigeant vers Jérusalem, traverse le pays, en s’arrêtant pour enseigner dans les villes et les villages (22).

Le petit nombre des élus

Quelqu’un demande à Jésus s’il n’y en a qu’un petit nombre de sauvés. Jésus répond : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car beaucoup ne pourront entrer (23, 24).

Vaines réclamations de ceux qui sont exclus

Ils frapperont en vain à la porte et invoqueront les relations qu’ils ont eues avec le Seigneur. Il leur déclarera qu’il ne les a pas connus (25-27).

Leurs regrets amers à la vue des élus

Ils se livreront à des pleurs et à des grincements de dents à la vue des patriarches et des prophètes et de tous ceux qui seront venus d’orient et d’occident : car plusieurs des derniers seront les premiers et des premiers les derniers (28-30).

Nouvelle série de récits et d’enseignements

Les élus

Versets 22 à 30 — La porte étroite

Grec : « Et il allait au travers du pays par les villes et les bourgs, enseignant et faisant voyage vers Jérusalem ».

Il y a en grec une particule distributive qui indique que Jésus, en traversant la contrée, s’arrêtait dans chaque ville et chaque bourg ou village pour y enseigner, mais en poursuivant toujours, par divers détours, son voyage vers Jérusalem, où il se rendait pour la dernière fois.

Luc répète de temps en temps ces indications, comme pour jalonner la route que suivait Jésus (Luc 9.51, note, Luc 10.38 ; Luc 17.11).

Verset 23

Grec : les sauvés sont-ils peu nombreux ? Cette question est l’une des plus obscures que des esprits réfléchis puissent se poser ; elle se présente inévitablement à eux et les remplit d’angoisse ; mais elle ne doit pas devenir l’objet de spéculations oiseuses, Dieu seul en a le secret.

Quelque parole du Seigneur sur les difficultés du salut, peut-être sur la réjection future du peuple juif, avait soulevé le redoutable problème.

Verset 24

Grec : « Combattez pour entrer par la porte étroite » (comparer Matthieu 7.14, note ; 1 Timothée 6.12).

Le Seigneur, par une image familière aux Écritures, représente le salut comme une maison dans laquelle beaucoup de gens désirent entrer. L’accès en est rendu d’autant plus difficile, car la porte est étroite.

C’est le symbole de l’humiliation, de la repentance, de la foi, du renoncement, qui sont les conditions d’entrée du royaume des cieux. N’est-ce pas aussi le chemin douloureux par lequel Jésus lui-même a voulu entrer dans son règne ?

Jésus ne répond pas à la question qui lui a été adressée, mais faisant appel à la conscience, il ramène de la théorie à la pratique, de la spéculation au devoir présent, qui incombe personnellement à celui qui l’interroge (comparer Luc 12.41 ; Jean 3.3).

Et ce n’est pas seulement au questionneur, c’est à tous (« il leur dit ») qu’il adresse cette sérieuse exhortation. Vous vous occupez du salut des autres, vous demandez combien seront sauvés ; il y a une question plus pressante : Le serez-vous vous-mêmes ? Combattez pour entrer ! (comparer Matthieu 7.14, note).

Ils ne le pourront, non à cause d’une volonté arbitraire de Dieu, mais parce qu’ils n’auront pas eu assez de décision et de persévérance pour entrer par la porte étroite, parce qu’ils auront reculé devant les humiliations et les douleurs de la repentance. Les paroles qui suivent décrivent d’une manière saisissante, tragique, cette scène finale de la réprobation.

Verset 25

Le maître de la maison est le Seigneur lui-même.

Il attend, assis, que les siens soient entrés. Puis, à l’heure fixée pour l’ouverture de la fête, il se lève et ferme la porte. Ceux qui sont restés dehors se mettent à heurter et a demander l’entrée, qui leur est refusée par ce motif : Je ne sais d’où vous êtes, c’est-à-dire vous n’êtes point de la maison, je ne vous connais point (comparer Matthieu 25.11-12).

Verset 26

Alors, c’est la conclusion de la longue phrase qui précède ; alors, mais quand il sera trop tard, vous direz

Les deux arguments auxquels en appellent ces malheureux sont littéralement vrais, mais n’expriment que des rapports tout extérieurs avec le Sauveur. Leur réclamation, comme le remarque M. Godet, caractérisé la tendance des Juifs à faire reposer le salut sur certains avantages extérieurs. Jésus oppose à ces privilèges leur conduite morale (comparer Luc 3.8).

Verset 27

Il y a quelque chose de solennel dans la répétition de ces mots : Je ne sais d’où vous êtes.

Mais les dernières paroles de ce verset montrent que le juste Juge savait très bien ce qu’ils étaient, des ouvriers d’injustice, c’est-à-dire des hommes qui ont fait et pratiqué l’injustice (Psaumes 6.9). C’est la cause de leur réjection.

Mais il ne faut pas oublier que l’essence même de l’injustice c’est la résistance à la volonté de Dieu (comparer Matthieu 25.41).

Verset 28

Matthieu 8.12, note.

Le mot reporte la pensée sur le lieu où les réprouvés viennent d’être relégués (verset 27).

La vue d’un bonheur infini, perdu par sa faute, sera, pour le réprouvé, la source de poignants regrets, d’une douleur morale sans nom, qui s’exprimeront par des pleurs (ou gémissements) et des grincements de dents.

Verset 29

Matthieu 8.11, note.

Jésus annonce la vocation des païens qui seront sauvés par l’Évangile.

Verset 30

Matthieu 19.30 ; Matthieu 20.16, notes.

Cette maxime, qui formule la loi mystérieuse du royaume de Dieu, fut répétée par Jésus à diverses reprises et dans diverses applications. Jésus ne dit pas que tous les premiers (les Juifs) seront les derniers, ni que tous les derniers (les païens) seront les premiers.

Les différents temps du verbe qu’il emploie font ressortir le contraste entre le présent et l’avenir. Il dit littéralement : « Et voici, il en est des derniers qui seront les premiers et il en est des premiers qui seront les derniers ».

Verset 31

Les desseins d’Hérode

Des pharisiens invitent Jésus à s’éloigner en lui annonçant qu’Hérode en veut à sa vie. Jésus fait dire à Hérode, en lui montrant qu’il a pénétré ses ruses, que son ministère approche de son terme, mais qu’il n’en continuera pas moins à agir tranquillement, allant à Jérusalem, où il convient qu’un prophète meure (31-33).

Plainte sur Jérusalem

Dans une apostrophe douloureuse, Jésus rappelle à Jérusalem, meurtrière des prophètes, toutes les tentatives qu’il a faites pour l’attirer à lui. Elle sera désormais privée de sa présence, jusqu’au jour où elle le saluera du cri : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! (34, 35)

L’hostilité d’Hérode et les résistances de Jérusalem (31-35)

Le texte reçu porte : « En ce même jour : » la variante adoptée se lit dans Codex Sinaiticus, A, B, D.

C’est à l’heure même où Jésus tenait le discours qui précède que des pharisiens vinrent à lui avec le message ici rapporté.

Luc seul a conservé ce trait (versets 31-33). Il ne dit pas où cet entretien eut lieu, mais il est évident que ce fut encore au sud de la Galilée, ou dans la Pérée, qui étaient sous la domination d’Hérode.

Quel motif les pharisiens avaient-ils pour donner à Jésus cet avertissement ? On ne peut guère supposer qu’ils le faisaient par intérêt pour lui ; ni que ce conseil ne fût de leur part qu’une ruse destinée à hâter son arrivée en Judée et à Jérusalem, où tant de dangers l’attendaient.

La réponse de Jésus s’adressant directement à Hérode prouve qu’il considère les paroles des pharisiens comme un message de la part de ce prince. Et il n’y a pas lieu de douter de la réalité de ce message. Hérode, qui avait une crainte superstitieuse de Jésus (Luc 9.7-9), ne voulait pas réellement le faire mourir, d’autant moins que sa conscience lui reprochait encore le meurtre de Jean-Baptiste ; mais comme les miracles du Sauveur lui inspiraient de la crainte, il emploie les pharisiens, dont il connaissait la haine contre Jésus, pour l’éloigner des contrées qu’il gouvernait.

Précédemment déjà on avait vu les hérodiens s’unir aux pharisiens pour comploter contre le Seigneur (Marc 3.6).

Verset 32

Le renard est le type de la ruse dans toutes les langues.

En désignant de la sorte Hérode, Jésus montrait à ses envoyés qu’il pénétrait fort bien ses desseins. Dans le message dont il les charge, il commence par rassurer Hérode : son ministère touche à son terme.

Chasser des démons et achever de guérir quelques pauvres malades, telle est l’œuvre inoffensive qu’il va faire encore aujourd’hui et demain ; et le troisième jour, c’est-à-dire après un temps très court (Osée 6.2), il sera consommé ou accompli. Ce dernier verbe : je suis consommé ou accompli, présent qui exprime un futur imminent, est entendu par quelques interprètes comme se rapportant à la fin de son œuvre dans les États d’Hérode ; mais, ni le sens ordinaire du mot même, ni la déclaration qui termine le verset 33, ne permettent de l’entendre autrement que de la mort de Jésus.

Jésus fait donc répondre solennellement à Hérode, non seulement que bientôt il ne sera plus pour lui un sujet de crainte, mais que, pour sa vie sur la terre, tout sera accompli (comparer Jean 19.30).

Verset 33

Seulement (cela concédé il me reste ceci :) il faut (en vertu de la volonté supérieure de Dieu) que je marche, que je continue ma route, pendant le court temps qui me reste, m’avançant vers la capitale de la Judée ; car, malgré la menace d’Hérode de me tuer, ce n’est pas ici que je mourrai ; c’est Jérusalem qui a le triste privilège de tuer les prophètes ! (verset 34)

Il y a une poignante ironie dans ce terme : il ne convient point, cela serait contraire aux usages et à l’esprit de la théocratie qui a son siège à Jérusalem. Il ne faut pas prendre à la lettre cette expression d’une tristesse indignée ; car plus d’un prophète et Jean-Baptiste, le dernier de tous, est mort hors de Jérusalem.

Verset 35

Voir, sur ces deux derniers versets, Matthieu 23.37-39, notes.

Le texte reçu porte : « Voici, votre maison vous est laissée déserte. Mais en vérité, je vous dis ».

Les deux mots soulignés ne sont pas authentiques.

Le mot déserte est douteux même dans Matthieu, d’où il parait avoir été introduit dans le texte de Luc.

Jésus veut donc dire : « Quand je m’en serai allé, votre maison (votre ville, votre temple) vous reste encore pour un temps, sous la protection divine ; mais, dans votre abandon, je ne vous apparaîtrai plus comme Sauveur ».

Je vous dis que vous ne me verrez plus jusqu’à ce qu’arrive (le jour) où vous direz, d’après A, D et le texte reçu ; ou, jusqu’à ce que vous disiez, d’après Codex Sinaiticus, B et quelques majuscules La première leçon est préférable.

D’après la place que Luc assigne à ces paroles, quelques interprètes pensent que les derniers mots désignent le moment prochain où Jésus fera son entrée à Jérusalem, le jour des Rameaux et où ses adhérents de la Galilée le salueront en s’écriant : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

Mais quelle mesquine interprétation d’une pensée énoncée sous une forme si solennelle et précédée de la plainte douloureuse du verset 34 ! Non, il s’agit du sévère jugement de Dieu, d’après lequel le peuple d’Israël sera privé de la présence du Sauveur jusqu’au jour de son retour dans la gloire, jour où tous ceux qui auront cru en lui le recevront avec cette acclamation si connue et sacrée pour des Israélites (Psaumes 118.26).

À moins d’admettre la supposition, très peu vraisemblable, de quelques interprètes (Stier), que Jésus a prononcé deux fois ces solennelles paroles, il faut choisir entre Matthieu et Luc. On ne peut nier qu’il y ait dans Luc une liaison très naturelle entre nos deux versets et les paroles de Jésus qui précèdent.

Mais comme la circonstance où les place Matthieu est plus solennelle et plus vraie ! Avec lui, nous sommes à Jérusalem même, la ville ingrate et rebelle, à laquelle Jésus adresse directement ce dernier cri de douleur, à la suite de son grand discours contre les chefs de la théocratie juive.

Les mots : combien de fois ai-je voulu…rappellent à cette cité les diverses visites de Jésus, que nous connaissons par saint Jean et que supposent les synoptiques.

C’est aux habitants de Jérusalem encore que Jésus dit, au moment de les quitter pour toujours : votre maison vous est laissée.

Et enfin, ce n’est qu’à ce moment suprême qu’il pouvait ajouter : vous ne me verrez plus. Ces paroles seraient inexplicables dans la situation où Luc les fait prononcer, puisque Jérusalem allait bientôt revoir le Seigneur qui, durant une semaine entière, fera entendre dans ses murs quelques-uns de ses plus solennels appels.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 13". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/luke-13.html.
 
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