Lectionary Calendar
Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
video advertismenet
advertisement
advertisement
advertisement
Attention!
StudyLight.org has pledged to help build churches in Uganda. Help us with that pledge and support pastors in the heart of Africa.
Click here to join the effort!
Click here to join the effort!
Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 1". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/luke-1.html.
bibliography-text="Commentaire sur Luke 1". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-80
Plan du commentaire biblique de Luc 1
Luc indique
Verset 1
Les récits de lâenfance
Chapitre 1 â Les prédictions
Versets 1 à 4 â Préface et dédicace
Cette admirable préface de Luc, si précise et si claire dans sa brièveté, si riche de pensées, du style classique le plus pur et qui rappelle les prologues des grands historiens grecs (Hérodote, Thucydide, Polybe), nous apprend que lâévangéliste a eu plusieurs devanciers (verset 1), que les faits rapportés par eux et dont il va à son tour entreprendre le récit reposent sur le témoignage apostolique (verset 2)â¯; quâil a mis une scrupuleuse exactitude à sâen assurer (verset 3), enfin quâil sâest proposé pour but de confirmer les enseignements reçus par Théophile, à qui il dédie son écrit (verset 4).
Dès les premiers mots, il nous indique ce qui lui a inspiré lâidée de son travailâ¯: câest le fait, bien connu alors, que plusieurs avaient déjà entrepris dâécrire des narrations semblables (grecâ¯: puisque plusieurs ont mis la main à ranger en ordre un récit).
Il y a dans ce termeâ¯: mettre la main à , entreprendre, que Luc seul emploie dans le Nouveau Testament, mais qui se trouve souvent dans les classiques, le sentiment de la gravité et de la difficulté de cette entreprise (Actes 19.13).
Ne sâagit-il pas, en effet, dâécrire la vie du Fils de Dieuâ¯? Voilà pourquoi Luc sâabrite, pour ainsi dire, derrière lâexemple de ceux qui, par un vif et religieux intérêt pour les faits de lâÃvangile, sâétaient mis à en conserver par écrit le souvenir.
Il ne faut donc voir, ni dans ces paroles, ni dans la conclusion que Luc en tire pour lui-même au verset 3, une insinuation sur lâinsuffisance ou les imperfections de ces récits précédentsâ¯; mais bien pourtant la pensée que, après avoir tout examiné avec tant de scrupule, il peut attendre de son travail un résultat plus complet.
Mais qui sont ces plusieurs qui, avant Luc, avaient écrit des récits évangéliquesâ¯? Ce nâétaient pas des apôtres, puisque ceux-ci sont ici nettement distingués comme «â¯témoins oculairesâ¯Â» (verset 2). Il ne sâagit point du premier évangile, qui est attribué à un apôtre. Le second Ãvangile pourrait être visé par Luc, puisque son auteur nâavait pas été témoin de la vie de Jésus, mais pour dâautres raisons, il est peu probable que Luc en eût connaissance. On ne peut pas songer non plus aux évangiles apocryphes encore existants et qui ont été écrits plus tard.
Il sâagit de chrétiens, aujourdâhui inconnus, qui avaient rédigé des souvenirs de la prédication apostolique et dont les écrits ont disparu à mesure que nos quatre évangiles prévalurent dans lâusage ecclésiastique. Luc a sans doute utilisé ces écrits comme lâune des sources de sa narration.
Enfin, quel était lâobjet de ces récits qui sera aussi celui de la narration de Lucâ¯? (verset 3) Ce sont les faits, les événements de lâhistoire évangélique dont Luc affirme quâils ont été pleinement certifiés parmi nous, câest-à -dire parmi les chrétiens.
Dâexcellents exégètes veulent quâon traduise simplementâ¯: événements qui se sont accomplis, attendu que le verbe grec a bien le sens de produire une pleine persuasion, une entière certitude, quand il sâagit de personnes (Romains 4.21â¯; Romains 14.5â¯; Colossiens 4.12), mais que ce sens est inadmissible quand il sâagit de choses, comme dans notre verset.
Mais même en ce dernier cas, le verbe dont il sâagit ne signifie jamais dans le Nouveau Testament simplement accomplir, mais remplir complètement (2 Timothée 4.5-17).
Et quant aux auteurs classiques, les lexicographes sâaccordent à affirmer que notre verbe au passif «â¯se dit aussi des choses dont on est parfaitement sûrâ¯Â». Il en est de même du substantif dérivé de ce verbe (plêrophoria) qui a toujours le sens de pleine persuasion, de complète assurance (1 Thessaloniciens 1.5â¯; Colossiens 2.2â¯; Hébreux 6.11â¯; Hébreux 10.22).
Au reste, cette idée sâexprime dans tout ce prologue de Luc, puisquâil en appelle immédiatement à des «â¯témoins oculairesâ¯Â» (verset 2) et que lui-même écrit afin que celui auquel il sâadresse ait la «â¯certitudeâ¯Â» des choses dont il sâagit. Plusieurs exégètes soutiennent la traductionâ¯: qui se sont accomplis, parce quâils prêtent à Luc la pensée que les faits évangéliques sont lâaccomplissement dâun plan préconçu des desseins de Dieu envers notre humanité. Cette idée est vraie, mais étrangère au texte.
Verset 2
Les motsâ¯: conformément à ce que nous ont transmis, peuvent se rapporter à la première partie du verset précédent et exprimer la manière dont ces «â¯plusieursâ¯Â» ont écrit leurs récits, la source où ils ont puiséâ¯; ou bien à la seconde phrase, câest-à -dire aux «â¯choses pleinement certifiéesâ¯Â».
Dans le premier cas, Luc attribuerait aux écrits dont il parle lâautorité de la tradition apostolique, ce que plusieurs interprètes (Olshausen) ne veulent pas admettreâ¯; dans le second cas, il indiquerait que câest par cette autorité même quâont été pleinement certifiés les faits de lâhistoire évangélique.
La première construction est plus conforme à la grammaire, la seconde, plus en harmonie avec la pensée. Câest cette pensée même que, sans faire aucune violence au texte, on peut rendre ainsi, avec la plupart des versionsâ¯: «â¯selon que nous les ont transmis ceux qui, etcâ¯Â».
Quoi quâil en soit, Luc en appelle ainsi dès lâabord au témoignage dâhommes autorisés qui ont transmis à lâÃglise primitive (nous correspond au parmi nous du verset) tous ces faits de lâhistoire évangélique.
Cette transmission ou tradition apostolique eut lieu dâabord par la parole, câest-à -dire par la prédication (voir lâIntroduction aux évangiles).
Les hommes qui en furent chargés ont été dès le commencement témoins oculaires et ministres de la parole, câest-à -dire quâils sont apparus dès les premiers jours de lâÃglise revêtus de la double autorité de témoins oculaires et de ministres de la parole.
Ce sens, qui se légitime, dâaprès Actes 11.15, est plus conforme au grec qui unit étroitement les deux termesâ¯: témoins et ministres. Mais on peut traduire aussiâ¯: qui ont été témoins dès lâorigine, dès le baptême et les débuts du ministère de Jésus (Actes 1.21 et suivants) et qui sont devenus plus tard ministres de la parole.
Lâexpressionâ¯: la parole, prise ainsi dans un sens absolu, désigne fréquemment, dans les écrits de Luc, lâÃvangile et la prédication de lâÃvangile, comprenant à la fois les faits et les doctrines dont il se compose.
Verset 3
Par ces mots du verset 3, Luc en vient à la conclusion de ce qui précède, ou à sa proposition principale.
En disantâ¯: moi aussi, il se met modestement au même rang que les plusieurs du verset 1â¯; mais, évidemment, par tout ce quâil va nous dire de la nature de son travail et du but quâil espère atteindre (verset 4), il attribue tacitement à son récit une supériorité que lâÃglise entière a reconnue.
Il se sert de trois expressions qui indiquent nettement le caractère complet et approfondi son travail.
Les deux premiers de ces termes se rapportent à lâétude des sources où il a puisé, le troisième à la nature de son exposition.
Luc dédie son livre à un personnage qui, dâaprès le titre quâil lui donneâ¯: très excellent (comparez Actes 23.26â¯; Actes 24.3â¯; Actes 26.25) ou très puissant Théophile, occupait une position sociale élevée mais dont on ne sait rien de certain. La seule tradition qui ait quelque vraisemblance fait de Théophile un chrétien riche et puissant de la ville dâAntioche (voir le Commentaire de M. Godet sur lâÃvangile de saint Luc, 3e édition, Introduction, page 8).
Verset 4
Grecâ¯: afin que tu reconnaisses, au sujet des paroles dont tu as été instruit, lâinébranlable certitude.
Comme le mot paroles signifie fréquemment en grec, selon un hébraïsme bien connu, les choses, plusieurs versions adoptent ici ce sens qui correspondrait à lâidée du verset 1, où pourtant se trouve un autre terme.
Il est beaucoup plus conforme à la pensée de Luc de conserver ici la signification ordinaire du mot grecâ¯: paroles, discours, enseignements.
Ce terme désigne, non seulement les faits de lâhistoire évangélique, mais aussi les vérités religieuses, les doctrines qui en ressortent nécessairement (comparer 1 Corinthiens 15.1).
Cette interprétation correspond seule pleinement à ce motâ¯: dont tu as été instruit, qui signifie, dâaprès lâétymologie, «â¯faire pénétrer un son dans lâoreilleâ¯Â», mais qui, selon lâusage constant du Nouveau Testament, suppose un enseignement reçu et non un simple ouï-dire (Actes 18.25â¯; Romains 2.18â¯; 1 Corinthiens 14.19â¯; Galates 6.6).
Notre mot catéchumène nâest que le participe du même verbe.
Ainsi, après ce quâil vient de dire des sources dâoù il a tiré son récit, fondé sur le témoignage apostolique, du soin scrupuleux quâil a mis à examiner tous les faits, afin de pouvoir les exposer dans leur ordre, Luc est en droit dâespérer que son livre créera chez ses lecteurs la conviction de lâinébranlable certitude de lâÃvangile.
Verset 5
Le récit nous initie à lâépreuve intime dâune pieuse famille de sacrificateursâ¯: Zacharie et Elisabeth, tous deux de la race dâAaron, ont été jusquâici privés dâenfants et ils sont avancés en âge (5-7).
Une intervention divine met fin à leur épreuve.
Accomplissement de la promesse
Après avoir achevé ses fonctions, il sâen retourne chez lui et alors la prédiction de lâange sâaccomplitâ¯: Elisabeth devient enceinteâ¯: elle se cache pendant cinq mois, jusquâà ce quâil apparaisse que le Seigneur lui a ôté lâopprobre de sa stérilité (23-25).
Annonce de la naissance de Jean-Baptiste (5-25)
Il y eut, aux jours de⦠tournure hébraïque, fréquente dans lâAncien Testament. Dès ce verset 5, le style est semé dâaramaïsmes.
Hérode, surnommé le Grand (voir Matthieu 2.1, note). Le titre de roi de Judée lui avait été décerné par le sénat romain. Son royaume comprenait toute la Palestine.
On voit que, sur cette date, Luc est en parfait accord avec le premier évangile, qui place la naissance de Jésus sous le règne dâHérode. Il résulte encore de Matthieu 2.19 que Jésus naquit vers la fin de ce règne. Selon Josèphe, la mort dâHérode eut lieu au printemps de lâan 750 de Rome.
Zacharie (ce nom signifieâ¯: lâÃternel se souvient) et Ãlisabeth, sa femme (hébreuxâ¯: Elischéba, serment de Dieu), appartenaient donc lâun et lâautre à la race sacerdotale. Ãlisabeth avait même hérité du nom de sa première aïeule, la femme dâAaron (Exode 6.23).
Après un silence de quatre siècles, Dieu parle de nouveau, à ce moment décisif de lâhistoire. Il ouvre une ère nouvelle de ses révélations, qui désormais ne seront plus interrompues et sâétendront à lâhumanité entière. Mais il relie le présent au passé, en choisissant lâorgane de ses communications parmi ceux à qui ce rôle était dévolu autrefois.
Comme au siècle de la réformation il prit dans son couvent un moine de lâancienne Ãglise pour commencer lâÅuvre de rénovation, de même il fit naître de la race sacerdotale dâAaron celui qui devait être le plus grand des prophètes et préparer les voies au Messie issu de la race royale de David.
Notre récit attache de lâimportance à cette généalogie du précurseur, puisquâil indique que Jean descendait dâAaron par sa mère aussi bien que par son père.
Luc, pour être plus précis encore, remarque que Zacharie appartenait à la classe dâAbia.
Toute la sacrificature était divisée en vingt-quatre classes (grec éphémérides, services quotidiens), dont les membres devaient fonctionner chaque semaine à tour de rôle (1 Chroniques 24.7-10). Celle dâAbia était la huitième (1 Chroniques 24.10).
Verset 6
La seconde partie de ce verset explique la première.
Selon les notions de lâAncien Testament, être juste, câest conformer sa conduite et sa vie aux prescriptions de la loi de Dieu (Jean 1.48).
Le terme devant Dieu (Genèse 7.1) est un hébraïsme qui exprime la réalité de cette justice, car il signifie que Dieu la reconnaît et lâapprouve.
Cette justice, ainsi que le mot irréprochable, nâexclut point le péché (Philippiens 3.6) et nâest point opposée à la grande doctrine biblique de la justification par la foi. Les Israélites pieux le savaient bien, puisquâils recouraient sans cesse aux moyens prescrits par la loi elle-même pour obtenir le pardon de leurs péchés et pour sâen purifier.
Calvin et, après lui, Bengel ont fait entre les commandements et les ordonnances du Seigneur cette distinction, que les premiers signifieraient les préceptes de la loi morale, le Décalogue, tandis que les secondes indiqueraient les prescriptions relatives à la loi cérémonielle, au culte, etc.
Il nâest pas sûr que cette distinction soit fondée, car le mot traduit par ordonnance signifie proprementâ¯: ce que Dieu a déclaré juste, ce que Paul appelle le droit de Dieu (Romains 1.32).
Verset 7
Grecâ¯: «â¯avancés dans leurs joursâ¯Â», hébraïsme (Genèse 18.11).
Cette expression montre que chacun a ses jours qui lui sont comptés (Job 14.5â¯; Psaumes 90.12). Du reste, cette remarque sur lââge des deux époux se rapporte surtout à Ãlisabeth et au long temps où elle avait été sans enfantsâ¯; car Zacharie devait, pour être encore en fonctions, avoir moins de cinquante ans (Nombres 8.25).
Verset 9
Les motsâ¯: dans lâordre de sa classe, désignent le rang où chaque classe de sacrificateurs était en fonction (verset 5 note)â¯; ce rang restait toujours le même.
Mais, en outre, la coutume ou lâusage voulait que, entre les sacrificateurs de service, chacune des diverses fonctions fût attribuée par le sort.
De cette manière rien, dans ces fonctions saintes, nâétait livré à lâarbitraire humain, rien ne pouvait provoquer des jalousies entre les sacrificateurs. Il échut donc ce jour-là à Zacharie le privilège dâentrer dans le sanctuaire et dâoffrir le parfum.
Cette offrande avait lieu chaque jour, le matin et le soir, sur un autel spécial situé au fond du sanctuaire, tout près du voile qui fermait le lieu très saint (Exode 30.1 et suivants). Pendant que le sacrificateur remplissait cette fonction, le peuple attendait dans le parvis extérieur (verset 21) et adressait à Dieu des prières, dont la fumée de lâencens, montant vers le ciel, était le symbole (Luc 1.10â¯; Apocalypse 8.3-4, note).
Verset 11
Câest avec lâapparition de cet ange que sâouvre la série des faits surnaturels racontés dans ces premiers récits de Luc. Ceux-là seuls pourraient les trouver étranges qui ne croient pas au «â¯grand mystère de piétéâ¯Â», auquel ces faits se rattachent tous, «â¯Dieu manifesté en chairâ¯Â» (1 Timothée 3.16).
On voit du reste, par ces détails précis, quâun témoin oculaire seul peut avoir conservés, que lâévangéliste raconte, non une vision, mais un fait réelâ¯: lâange lui apparut, se tenant debout, au côté droit de lâautel.
Au coté droit, câest-à -dire au sud, entre lâautel et le chandelier, à la gauche de Zacharie qui entrait dans le sanctuaire.
Verset 12
Bien que lâange vint annoncer à Zacharie une grâce immense, celui-ci éprouve cette crainte qui saisit lâhomme pécheur, chaque fois que quelque manifestation du monde invisible lui donne le sentiment de la présence immédiate de Dieu (Luc 1.29â¯; Luc 2.9â¯; Genèse 28.17â¯; Ãsaïe 6.5â¯; Apocalypse 1.17).
Aussi la première parole que Dieu, dans lâÃvangile, adresse au pécheur, câest cette parole de compassion et dâamourâ¯: Ne crains point (verset 13â¯; comparez Luc 2.10).
Verset 13
Les interprètes se demandent quel était lâobjet de cette prière de Zacharie, maintenant exaucée.
Les uns, dâaprès le contexte, pensent quâil avait demandé à Dieu la bénédiction de posséder un fils.
Les autres objectent quâil eût été peu digne du sacrificateur en fonctions de songer à un intérêt de famille, quâil ne pouvait prier que pour lâaccomplissement des promesses de Dieu relatives au salut.
Mais les motsâ¯: ta femme Ãlisabeth tâenfantera un fils, désignent lâexaucement dâune requête personnelle. Toute la question est de savoir quand Zacharie fit à Dieu cette requête.
Les versets 7 à 18 montrent quâil ne sâattendait plus à avoir des enfants et, par conséquent, que telle nâétait pas alors sa prière spécialeâ¯; mais précédemment il avait sans doute souvent demandé au Seigneur cette bénédiction, câétait un vÅu qui demeurait dâune manière permanente au fond de son cÅur et qui recevait à cette heure son exaucement. Il est permis de supposer aussi que le pieux sacrificateur, en offrant le parfum, image de la prière, demandait à Dieu dâenvoyer enfin «â¯la consolation dâIsraëlâ¯Â» (comparer Psaumes 14.7).
Or, dans ce sens encore, il fut exaucé au-delà de sa pensée, puisque Dieu lui annonce la naissance, dans sa famille, du grand prophète dont le ministère devait être lâaurore du jour messianique. Une telle promesse, après la longue stérilité dâÃlisabeth, ne devait pas seulement rendre ce fils dâautant plus cher à ses parents (1 Samuel 1.1), mais surtout en le leur présentant comme un don immédiat de Dieu, les presser de le lui consacrer.
Hébreuxâ¯: Jochanan, Jéhova fait grâce. Beau nom pour celui qui, le premier, annoncera «â¯lâAgneau de Dieu qui ôte le péché du mondeâ¯Â». Dieu prescrit de même à lâavance, par la bouche de lâange, le nom de Jésus (Luc 1.31â¯; Matthieu 1.21).
Verset 14
On comprend cette joie et même cette allégresse pour le cÅur du père et de plusieurs en Israëlâ¯; mais lâange dans les paroles qui suivent, élève lâobjet de cette joie bien au-dessus des sentiments paternels.
En effet, il décrit dâabord le caractère de celui dont il annonce la naissance (verset 15)â¯; puis son action sur son peuple (verset 16)â¯; enfin, son rapport avec le Sauveur (verset 17).
Verset 15
Ces motsâ¯: devant le Seigneur, indiquent pleinement de quelle grandeur il sâagit ici (comparer verset 6, note). Lâhomme est en lui-même exactement ce quâil est aux yeux de Dieu, ni plus, ni moins. Jésus confirma plus tard cette grandeur de son précurseur (Matthieu 11.9-11).
Ne boire ni vin, ni cervoise (liqueur fermentée faite de divers fruits, autres que le raisin), était lâune des abstinences que sâimposait le nazir ou naziréen, câest-à -dire celui qui était séparé, ou mis à part et consacré au service de Dieu.
Cette consécration pouvait être temporaire, ou à vie, comme dans le cas de Samson et de Samuel (Juges 13.2 et suivantsâ¯; 1 Samuel 1.1-11). On peut lire lâordonnance relative à cette vocation spéciale dans le livre des Nombres (Nombres 6.1-21).
Tel devait être Jean-Baptiste. Comme prophète appartenant encore à lâancienne alliance, il devait prêcher la repentance, non seulement par ses paroles, mais par la pratique du naziréat, en attendant que ce type, comme tous ceux de la loi, fût aboli par Celui qui, au milieu du monde, vainquit le monde.
Cette abstinence aura pour compensation le fait quâil sera rempli de lâEsprit-Saintâ¯; renonçant à tout excitant charnel, il possédera le stimulant le plus élevé et le plus pur (comparer Ãphésiens 5.18).
Il y a dans ce termeâ¯: (grec) encore dès le sein de sa mère (câest-à -dire quand lâenfant sera encore dans le sein), quelque chose de mystérieux dont on ne peut se rendre compte, ni par des restrictions, ni par des spéculations sur la possibilité de lâaction de lâEsprit dans un être qui nâa encore ni intelligence ni réceptivité.
Mais, qui peut tracer la limite au-delà de laquelle lâinfluence de lâEsprit de Dieu ne saurait sâexercerâ¯? (comparer versets 41-44) Pensée consolante, en tout cas, qui montre ce que des parents pieux peuvent attendre de la miséricorde de Dieu pour les enfants objets de leurs prièresâ¯!
Verset 16
Grecâ¯: Il fera retourner, convertira.
Ce qui suppose que, comme tous les hommes, ils sâétaient détournés de lui par leurs péchés.
Verset 17
Devant luiâ¯; ce pronom ne peut se rapporter quâau sujet qui précède, le Seigneur leur Dieuâ¯; ce qui est en harmonie avec Malachie 3.1, où lâÃternel ditâ¯: «â¯Voici, jâenvoie mon messager et il préparera la voie devant moiâ¯Â», dâoù il résulte que celui qui précède le Messie, précède Jéhova lui-même, qui vient vers son peuple et vers notre humanité en son Fils bien-aimé (comparer Jean 12.41 avec Ãsaïe 6.1 et suivants).
Câest encore dans Malachie (Malachie 4.5) que le précurseur est annoncé comme un second Ãlie. Le peuple à lâépoque du Sauveur, se fondant sur cette prophétie, attendait la réapparition du prophète (Matthieu 17.10â¯; Marc 6.15â¯; Jean 1.21).
Lâange dit que le précurseur sera revêtu de lâesprit et de la puissance de ce prophèteâ¯; il en aura la force et lâénergie dâaction, parce quâil sera animé du même esprit.
Grecâ¯: «â¯pour convertir les cÅurs des pères vers les enfantsâ¯Â» (même verbe quâau verset 16).
Ces mots font partie dâune pensée ainsi exprimée dans le prophète Malachieâ¯: (Malachie 4.6) «â¯et il (Ãlie) ramènera (ou convertira) le cÅur des pères aux fils et le cÅur des fils à leurs pèresâ¯Â». Ce second membre de la phrase est retranché dans notre citation qui y substitue ces motsâ¯: et les rebelles à la sagesse des justes.
Déjà dans lâexplication des paroles du prophète, les interprètes se partagent entre deux opinionsâ¯: les uns y voient simplement la promesse dâun rapprochement, dâune réconciliation entre les enfants et les pères, divisés par le péchéâ¯; dâautres donnent à cette prophétie un sens plus large et plus religieuxâ¯; ils entendent par ce mot les pères, les ancêtres, les patriarches et en général les hommes pieux du peuple dâIsraël.
Les fils sont leurs descendants, qui se sont éloignés de leur piété en sâéloignant de Dieuâ¯; il leur manque le seul vrai lien des cÅurs, lâamour de Dieu, en sorte que les pères ont honte de leurs enfants et les enfants de leurs pères (Ãsaïe 29.22-23â¯; Ãsaïe 63.16)â¯; et câest cet abîme quâÃlie viendra combler.
La même différence dâinterprétation se produit à lâégard de notre verset. Lâune et lâautre opinion sont admissibles, mais bien des raisons militent en faveur de la dernière. Dâabord, il est difficile de donner, soit au ministère dâÃlie, soit à celui de Jean-Baptiste, un but et un résultat aussi restreint que celui dâune réconciliation dans les familles.
Ensuite, après cette action puissante attribuée au précurseur, la conversion de plusieurs en Israël (verset 16), comment donner au même verbe un sens si différent dans le verset qui suit� (verset 17)
Enfin, nâest-il pas évident quâen substituant à ces mots du prophèteâ¯: «â¯et le cÅur des fils à leurs pèresâ¯Â», ceux-ciâ¯: et les rebelles à la sagesse des justes, lâange généralise la pensée et attribue au précurseur une influence beaucoup plus vaste et plus religieuseâ¯?
Les rebelles ne sont pas ici les fils, mais les incrédules en général, quâil sâagit de convertir, afin quâils aient la sagesse des justes, seule vraie sagesse, puisquâelle consiste pour lâhomme à retrouver lâharmonie avec Dieu.
Ces derniers mots du discours de lâange résument très bien le résultat général du ministère de Jean-Baptiste. Lui ne peut que préparer le peuple pour le Seigneur, afin quâil soit tout disposé à le recevoir. Alors le Seigneur lui-même fera le reste (Matthieu 3.11-12).
On sâest étonné de voir un ange citer lâÃcriture Et pourquoiâ¯? Le diable aussi la cite (Matthieu 4.6)â¯; mais, du reste, la simple allusion qui se trouve ici aux paroles dâun prophète peut nâêtre que la forme dont lâévangéliste, ou même le document quâil cite, a revêtu la pensée de lâange.
Verset 18
Grecâ¯: avancée en ses jours (voir, sur cet hébraïsme et sur lââge que pouvait avoir Zacharie, verset 7, note).
La question du sacrificateur, toute semblable à celle dâAbraham (Genèse 15.8), trahit un doute sur lâaccomplissement de ce qui lui est annoncé (verset 20).
Il demande un signe auquel il puisse en reconnaître la vérité (comparer Juges 6.17â¯; 2 Rois 20.8â¯; Ãsaïe 7.10 et suivants).
Verset 19
Ces premières paroles de lâange sont destinées à affirmer la vérité de sa mission et à relever sa dignité de messager céleste, à laquelle le doute de Zacharie porte atteinteâ¯; elles impliquent un blâme et préparent lâannonce du châtiment (verset 20).
Le nom de Gabriel signifie lâhomme fort de Dieu ou encore Dieu est ma force.
Ce nom devait être connu à Zacharie par Daniel 8.16â¯; Daniel 9.21. Sâétonnerait-on de ce quâun ange porte un nom et un nom hébreuâ¯? (comparer Daniel 10.13â¯; Daniel 12.1â¯; Apocalypse 12.7)
Mais Dieu lui-même ne sâappelle-t-il pas Jéhovaâ¯? Quand Dieu se révèle aux hommes, il faut bien quâil emprunte leur langage pour être compris. Et de même que Dieu, en se donnant un nom qui exprime son essence, se fait connaître comme le Dieu personnel, de même le nom dâun ange nous révèle que ces intelligences célestes sont des êtres réels et personnels et non pas seulement des apparitions momentanées ou des émanations de la divinité, comme on lâa cru faussement.
Les motsâ¯: qui me tiens devant Dieu, indiquent un ange de lâordre le plus élevé, dont le privilège est dâassister en sa présence, toujours prêt à exécuter sa volonté (Apocalypse 8.2â¯; Matthieu 18.10â¯; Hébreux 1.14â¯; comparez Luc 2.13, note).
Verset 20
Grecâ¯: te taisant et ne pouvant parlerâ¯; ces derniers mots indiquent la cause de ce silence.
On se demande pourquoi Zacharie est puni du doute momentané qui lâavait porté à demander un signe, tandis que dâautres, dans le même cas, ne le sont pas (verset 18, note).
Cette question a été diversement résolue. Celui qui sonde les cÅurs et en connaît les sentiments les plus intimes pourrait seul y répondre. Au reste, le signe donné à Zacharie, un mal physique, qui humilie la nature humaine, après une haute révélation dont elle pourrait sâenorgueillir, nâest pas sans analogies dans lâÃcriture et renferme un profond enseignement (Genèse 32.25-31â¯; Actes 9.9â¯; 2 Corinthiens 12.7).
Verset 21
verset 10. Lâapparition de lâange et son entretien avec le sacrificateur avaient retenu celui-ci dans le temple beaucoup plus longtemps quâà lâordinaire.
Verset 22
Le peuple, voyant que Zacharie ne pouvait pas lui parler, en conclut quâil lui était arrivé quelque chose dâextraordinaire et comme câétait dans le sanctuaire, il conclut encore à une vision.
Lui-même confirma cette pensée par des signes.
Verset 23
Grecâ¯: les jours de son service dans le culte, câest-à -dire lorsque sa classe, qui était la huitième, eut achevé sa semaine et fut relevée par la classe suivante (comparer verset 5, seconde noteâ¯; versets 8 et 9, note).
Verset 25
Grecâ¯: elle se cacha elle-même, terme qui, avec le verbe actif, exprime la volonté positive de se soustraire ainsi aux regards des hommes pendant les cinq premiers mois de sa grossesse.
Par quel motifâ¯? Elle nous le dit elle-même (verset 25)â¯; mais ses paroles, aussi bien que son action, ont été diversement interprétées. Celle de ces interprétations qui sâoffre tout dâabord à lâesprit, câest que pénétrée de reconnaissance envers Dieu, elle veut se retirer dans une solitude profonde, soit pour se recueillir et méditer sur les voies de Dieu envers elle, soit pour se soustraire à de vains propos, jusquâà ce quâelle fût sûre de lâaccomplissement de la promesse du Seigneur.
Et sans aucun doute ce besoin du cÅur dâÃlisabeth fut un des motifs de sa retraite.
Mais une autre explication, sâappuyant sur ces motsâ¯: Parce que câest ainsi que mâa fait le Seigneur et quâil a ôté mon opprobre, fait dire à Ãlisabethâ¯: Je dois, moi aussi, en me retirant dans la solitude, lui laisser le soin dâeffacer entièrement cet opprobre aux yeux des hommes, quand et comme il le voudra. Et câest ce qui eut lieu, en effet dans la suite (versets 36, 39, 41, 44). Cette explication est celle de Meyer.
M. Godet en propose une autre qui sâen rapproche, mais qui exprime dâune manière plus intime les sentiments dâÃlisabeth. Elle se fonde également sur ce rapport quâÃlisabeth établit entre les voies de Dieu envers elle et sa propre conduiteâ¯:
Ces motsâ¯: dans les jours où il a pris soin (grec regardé à ) dâôter mon opprobre, expriment vivement le sentiment de la grâce que le Seigneur lui a faite. On sait que les Juifs considéraient la stérilité comme un opprobre et un malheur, même comme un signe de la défaveur de Dieu (Genèse 30.23â¯; Ãsaïe 47.9â¯; Osée 9.11).
Verset 26
Lâapparition de lâange
Lâange Gabriel est envoyé à Nazareth. Il apparaît à Marie, jeune fille de la maison de David. Il la salue comme celle qui est reçue en grâce. Marie est surprise et troublée (26-29).
Le message de lâange
Lâange lui fait part de son messageâ¯: elle enfantera un fils, qui sâappellera Jésus, sera fils du Très-Haut et règnera éternellement (30-33).
Comment ce message est reçu
Marie reçoit cette promesse avec foi, mais avec lâétonnement quâelle devait provoquer dans son cÅur de vierge. Lâange lui annonce que ce miracle sâaccomplira par la puissance du Saint-Esprit et que pour cela lâenfant auquel elle donnera le jour sera appelé Fils de Dieu. Afin dâaffermir sa foi, il lui apprend que sa parente Elisabeth est dans le sixième mois de sa grossesse. Alors Marie se soumet avec humilité et simplicité à la volonté du Seigneur (34-38).
Annonce de la naissance de Jésus (26-38)
Le sixième moisâ¯: cinq mois sâétaient écoulés depuis lâévénement raconté au verset 24â¯; câest le moment où Ãlisabeth sort de sa retraite et où se manifeste aux yeux de tous le fait quâelle est enceinte (comparer verset 36).
Sur lâange Gabriel, voir verset 19 et sur Nazareth Matthieu 2.23, note.
Verset 27
Les motsâ¯: de la maison de David, peuvent se rapporter à Marie ou à Joseph, ou à tous les deux. Si, comme le prétendent plusieurs interprètes, ces mots ne concernent que Joseph, il nâen reste pas moins évident quâaux yeux de notre évangéliste la mère du Sauveur descendait de David (versets 32 et 69. Comparer Luc 3.23, note).
Ainsi, de même que Dieu rattachait la nouvelle alliance à lâancienne en faisant naître Jean-Baptiste de la race sacerdotale dâAaron, de même il fait surgir le Sauveur annoncé par les prophètes du sein de lâancienne famille royale israélite (comparer verset 32, note).
Luc, en racontant que Marie était alors fiancée à Joseph, est pleinement dâaccord avec Matthieu (Matthieu 1.18).
On a prétendu cependant que lâannonce de lâange à Marie est inconciliable avec les soupçons que conçut ensuite son fiancé et la nécessité de la révélation qui lui fut faite à ce sujet (Matthieu 1.19 et suivants).
Mais qui nous dit que Marie fit part du message de lâange à son fiancéâ¯? Il est permis de douter que, même dans ce cas, Joseph eût cru sur sa simple parole à un miracle aussi inouï.
Dâaprès Luc (verset 39), Marie se rendit aussitôt avec hâte au pays des montagnes auprès dâÃlisabeth sa parente, emportant avec elle la précieuse révélation quâelle avait reçueâ¯; et ce ne fut quâà son retour dans sa maison, environ trois mois après (verset 56), que Joseph put se préoccuper des pensées que Matthieu lui attribue, car alors lâétat de sa fiancée nâétait plus un mystèreâ¯: la promesse de Dieu était en voie de sâaccomplir.
Verset 28
Grecâ¯: toi qui es graciée, qui es lâobjet de la grâce, de la faveur de Dieu.
Câest le même mot qui est appliqué à tous les croyants, Ãphésiens 1.6, où quelques versions le rendent parâ¯: «â¯il nous a reçus en grâceâ¯Â», dâautresâ¯: «â¯rendus agréables en son bien-aiméâ¯Â».
Ce sens est sans aucun doute applicable à Marie, qui, comme tous les hommes, ne pouvait être sauvée que par grâceâ¯; mais on peut admettre que lâange lui promettait en ces termes la grande bénédiction spéciale qui allait lui être accordée (comparer verset 30).
Câest pourquoi lâange ajouteâ¯: le Seigneur est avec toi.
Les mots du texte reçuâ¯: tu es bénie entre les femmes ne sont pas authentiques, bien quâils se lisent dans A, C, D et la plupart des majuscules Ils ont été transférés ici du verset 42.
Verset 29
Le texte reçu porteâ¯: «â¯Mais elle voyant (lâange) fut troublée de sa paroleâ¯Â». Les mots soulignés sont omis par la plupart des critiques modernes, dâaprès Codex Sinaiticus, B, D.
La cause du trouble bien naturel quâéprouve Marie, câest la parole, ou le discours de lâangeâ¯: elle se demandait, ou raisonnait, ce que pouvait être (littéralement, dâaprès lâétymologie du mot grecâ¯: dâoù venait et quelle était) cette salutation, dont les termes si élevés embarrassaient sa modestie.
Verset 30
Par ces motsâ¯: Ne crains point, lâange apaise le trouble de la jeune fille, puis il lui réitère lâassurance de la grâce de son Dieu.
Trouver grâce devant Dieu est un hébraïsme fréquent dans lâAncien Testament (Genèse 6.8â¯; Genèse 18.3â¯; Exode 33.12-13â¯; Juges 6.17â¯; 2 Samuel 15.25â¯; Actes 7.46).
Verset 31
Et voici marque le caractère inattendu de la communication.
Les termes de celle-ci rappellent Ãsaïe 7.14.
Jésus, en hébreu Joschouah ou, pleinement écrit Jehoschouah, signifie Jéhovah sauve.
Voir Matthieu 1.16, note et verset 21, où lâange, après avoir annoncé que tel serait le nom du Sauveur, en indique ainsi la significationâ¯: «â¯Car câest lui qui sauvera son peuple de leurs péchésâ¯Â».
Verset 32
Grecâ¯: «â¯Celui-là sera grandâ¯Â».
Ce titre Fils du Très-Haut (verset 35, note), est la cause de la grandeur de Celui quâannonce lâange. Mais il sera grand, même en présence des hommes, par sa sainteté, sa puissance, son amour (comparer verset 15).
Verset 33
Ces paroles concernant la royauté de Jésus-Christ annoncent lâaccomplissement de nombreuses prophéties de lâAncien Testamentâ¯: Ãsaïe 9.6â¯; 2 Samuel 7.12-13â¯; Psaumes 89.5â¯; Daniel 7.14.
Elles durent donc inspirer à Marie la pensée que lâenfant qui lui était promis serait le Messieâ¯; car, en pieuse Israélite, elle connaissait les Ãcritures.
Les termes du verset 33, en particulier, ne peuvent sâappliquer à nul autre quâau Messie annonce par les prophètes.
Verset 34
Connaître nâest point pris ici dans son sens ordinaire, mais exprime par un hébraïsme très usité (Matthieu 1.18-25â¯; Genèse 4.1) la consommation du mariage.
Marie, quoique fiancée à Joseph, ne porte pas sa pensée sur le temps où elle sera sa femme, parce quâelle comprend par les paroles de lâange que ce quâil annonce va sâaccomplir immédiatement.
Aussi, sa question nâimplique pas le doute, comme celle de Zacharie (verset 18), mais un étonnement plein de candeur et peut-être le besoin de saisir mieux la nature dâune révélation si inattendue. Câest à ces sentiments que va répondre le discours de lâange.
Verset 35
LâEsprit-Saint et la puissance du Très-Haut sont deux expressions qui indiquent une seule et même chose, avec cette distinction que la première désigne lâessence, la seconde lâaction créatrice du Saint-Esprit.
De même les verbes viendra sur toi et te couvrira de son ombre expriment un fait unique, le premier désignant lâacte initial, le second impliquant une notion de durée. Lâimage que celui-ci retrace est une allusion aux théophanies de lâAncien Testament, qui sâannonçaient par la présence dâune nuée (Exode 40.34â¯; Nombres 9.15â¯; 1 Rois 8.10 et ailleurs. Comparer Luc 9.34, où se retrouve le même terme que dans notre verset).
Le sens de ces paroles est que la promesse faite à Marie allait sâaccomplir en elle par une création étrangère à lâordre ordinaire de la nature.
Il faut se garder de mêler à lâexquise délicatesse de ce discours qui à elle seule suffirait pour en démontrer la céleste origine, des explications souvent bien peu en harmonie avec la pureté et la beauté des images par lesquelles la bouche dâun ange a voilé ce profond mystère.
Ce mot câest pourquoi exprime la grande conséquence de lâaction divine qui vient dâêtre annoncée.
Le saint est un adjectif neutre que quelques-uns traduisent en y ajoutant un substantifâ¯: le saint enfant ou lâêtre saint.
Le Sauveur devait être affranchi du péché héréditaire de la race humaineâ¯; câest pourquoi il fallait quâil naquit de lâEsprit de Dieu. Cette sainteté originelle ne le soustraira ni à nos tentations, ni à la possibilité de pécherâ¯: mais elle permettra le développement normal de sa volonté qui, par sa constante communion avec Dieu, triomphera de tout mal, en sorte quâil pourra devenir le Réparateur de notre chute et le Rédempteur du monde.
Par la même raison, il sera appelé Fils de Dieu, parce quâil le sera en réalité, même par sa naissance humaine, dont Dieu est la cause efficiente. Mais, dâautre part, il appartiendra tout aussi réellement à notre humanité, parce que, comme tous les hommes, il sera «â¯né de femme et soumis à la loiâ¯Â» (Galates 4.4).
Verset 36
Cette révélation de la grossesse dâÃlisabeth est donnée à Marie comme un encouragement à croire ce qui lui est annoncé.
On ignore par quelle relation de famille Ãlisabeth était la parente de Marieâ¯; mais câest à tort quâon en a conclu que cette dernière appartenait, comme la femme de Zacharie, à la tribu de Lévi. Le père de Marie pouvait être de la tribu de Juda et avoir épousé une femme de race sacerdotale.
Verset 37
Grecâ¯: aucune parole ne sera impuissante ou aucune chose ne sera impossible de la part de Dieu.
Plusieurs interprètes retiennent le sens ordinaire de parole et lâappliquent aux paroles mêmes que lâange vient de prononcer.
Mais, par un hébraïsme très fréquent, ce mot signifie une chose, et cela, par la raison que, pour Dieu, la parole et la chose sont identiquesâ¯: «â¯il dit et la chose a son êtreâ¯Â».
Et câest probablement dans ce sens quâil faut entendre ici ce termeâ¯: aucune chose, rien ne sera impossible à Dieu.
Le verbe au futur, parce quâil sâapplique à la promesse qui vient dâêtre faite à Marie. Forte parole qui devait achever de convaincre la jeune vierge (comparer Psaumes 135.6â¯; Jérémie 32.17â¯; Matthieu 19.26â¯; Marc 9.23).
Verset 38
Admirable expression de candeur, de confiance, dâabandon à la volonté de Dieu dans cette humble et pieuse Israélite, appelée à une si haute destinéeâ¯! Quand il plaît à Dieu dâaccomplir ses grands desseins, il sait lui-même en préparer les instruments.
Verset 39
Lâarrivée de Marie et la salutation dâElisabeth
Marie sâen va avec hâte dans une ville de Juda, chez Zacharie et Elisabeth. Au moment où elle salue Elisabeth, celle-ci sent son enfant tressaillir dans son sein et, remplie du Saint-Esprit, elle sâécrieâ¯: Tu es bénie entre les femmes ! Elle exprime humblement son étonnement de ce que la mère de son Seigneur vienne à elle, elle la déclare bienheureuse dâavoir cru et lui annonce lâaccomplissement de la promesse du Seigneur (39-45).
Cantique de Marie
Retour de Marie chez elle
Après être restée environ trois mois avec Elisabeth, Marie sâen retourne en sa maison (56).
La visite de Marie à Ãlisabeth (39-56)
En ces jours-là , câest-à -dire immédiatement après le fait qui vient dâêtre raconté. Marie, sous lâimpression de la révélation quâelle a reçue, portant dans son âme ces précieuses espérances, devait éprouver le plus vif désir de revoir Ãlisabeth, sa parente, qui venait de faire des expériences analogues (verset 36)â¯; de là cette expression elle sâen alla avec hâte.
Le lieu où habitait Ãlisabeth nâest désigné que par deux termes très vaguesâ¯: pays des montagnes et une ville de Juda.
On a supposé que cette ville était Hébron, située à vingt-deux milles romains au sud de Jérusalem. Hébron avait été autrefois assignée aux sacrificateurs pour demeure (voir Josué 21.11, où sa situation est indiquée par ce même termeâ¯: dans la montagne de Juda).
Dâautres pensent quâil y avait primitivement dans le texte Jutta (désigné comme ville lévitique, Josué 21.16)â¯; les copistes auraient changé ce nom peu connu en Juda.
La promesse faite à Marie par le message de lâange (verset 31) était-elle déjà réalisée en elle lors de sa visite à Ãlisabethâ¯? On peut le conclure avec certitude du récit qui suit (versets 41-45) et surtout du cantique par lequel Marie donne essor à sa joie (verset 46 et suivants).
Mais avec le sentiment si fin et si délicat qui règne dans toute cette narration, lâévangéliste passe ce grand événement sous silence et laisse au lecteur le soin de lâapercevoir sous le voile discret dont il est recouvert. Lâexégèse ne saurait mieux faire que dâimiter cette réserve.
Verset 40
Moment solennel pour ces deux femmesâ¯! Les mêmes expériences de la miséricorde de Dieu, la même foi, les mêmes espérances, le même amour unissent leurs âmes dans une communion intime. Marie, saluant Ãlisabeth dans cette rencontre unique, met tout son cÅur dans le schalom des Hébreuxâ¯: Que la paix soit avec toiâ¯! Et quant à Ãlisabeth, le trait qui va suivre (verset 41) trahit sa profonde émotion.
Verset 42
La sainte joie dont tressaillit Ãlisabeth dans son être le plus intime se communique à lâenfant quâelle porte en son sein. Il nâest point nécessaire de voir en cela un fait miraculeux.
Lâextraordinaire ici, câest lâaction de lâEsprit-Saint dont Ãlisabeth fut remplie et qui lui révéla en ce moment ce qui concernait Marie.
Ãlisabeth salue Marie avec un saint enthousiasme comme bénie entre les femmes, plus merveilleusement bénie, en effet, quâaucune autre femme, puisquâelle portait dans son sein Celui qui sera le Sauveur du monde.
Le commencement du verset présente trois leçonsâ¯: elle éleva fortement la voix (texte reçu avec A, D)â¯; elle sâécria dâune voix forte (Codex Sinaiticus, C)â¯; elle éleva la voix avec un grand cri (B).
Verset 43
Expression dâune humilité profonde. Elle appelle Marie la mère de son Seigneur, câest-à -dire du Sauveur. Sâétonnerait-on de voir le regard de la foi chez Ãlisabeth pénétrer jusquâà la connaissance de ce mystèreâ¯?
Mais il ne faut pas oublier que cette pieuse Israélite parle à la lumière du Saint-Esprit dont elle est remplieâ¯; que la naissance du Sauveur a été annoncée à ces deux femmes par un message divin (versets 17 et 31)â¯; que lâune et lâautre avaient été préparées à ces hautes révélations par leur connaissance des Ãcritures, aussi bien que par leur attente de «â¯la consolation dâIsraëlâ¯Â»â¯; et quâenfin ce même Esprit prophétique donna à un Zacharie (verset 68 et suivants), à un Siméon (Luc 2.27 et suivants) une connaissance plus lumineuse encore du règne prochain du Sauveur.
Verset 44
Le «â¯carâ¯Â» se rapporte à toute la salutation quâÃlisabeth a adressée à Marie et par laquelle elle lâa proclamée la mère du Messie.
Elle voit dans lâémotion quâelle a ressentie et dans le tressaillement de son enfant (verset 41, note) la confirmation de ce quâelle a reconnu à lâégard de Marie.
Verset 45
Les paroles dâÃlisabeth prennent le ton et lâélévation dâun hymneâ¯; elle chante le bonheur de Marie qui a cru à ce qui lui a été annoncé (verset 38) de la part du Seigneur.
Elle sait que toutes ces grandes promesses auront leur accomplissement (grec leur consommation).
Câest jusque-là que sâélève la foi qui est commune à ces deux saintes femmes.
On peut traduire ce verset comme nous lâavons fait dans le texteâ¯: heureuse, parce que tout sera accompliâ¯; ou bien de cette manièreâ¯: heureuse celle qui a cru que tout aura son accomplissement. La première de ces deux constructions est plus en harmonie avec lâélévation et lâénergie de la pensée.
Verset 46
Marie chante les «â¯grandes chosesâ¯Â» (verset 49) que le Seigneur lui a faites, et, comme Ãlisabeth (verset 41), bien que le récit ne le dise pas expressément, elle parle sous lâinfluence de lâEsprit-Saint.
Son cantique, qui se divise en quatre strophes (voir lâanalyse), est tout pénétré de la poésie de lâAncien Testament et en particulier de celle qui respire dans le cantique dâAnne, mère de Samuel (1 Samuel 2.1-10).
Il en devait être ainsiâ¯; lââme pieuse, dans les moments les plus solennels de sa vie intérieure, trouve toujours dans les paroles de lâÃcriture lâexpression la plus vraie de ses sentiments.
Il y a même là une preuve de la vérité historique des récits de Luc. Un inventeur postérieur de ces scènes touchantes nâaurait pas manqué de mettre dans la bouche de Marie des paroles plus en harmonie avec lâesprit de la nouvelle alliance.
Verset 47
On peut remarquer, dès les premières phrases du cantique, cette forme de la poésie hébraïque, quâon nomme le parallélisme et qui consiste à rendre la même pensée par deux expressions différentes, mais avec une nuance délicate et importante.
Lââme et lâesprit sont tour à tour le sujet de la phrase (voir, sur la différence de ces deux termes, selon la psychologie de lâÃcriture, 1 Corinthiens 2.14â¯; 1 Corinthiens 15.45, notes et comparez 1 Thessaloniciens 5.23).
Magnifier, mot que dâautres traduisent par célébrer, louer, est un hébraïsme dont il faut conserver le sens et qui signifie proprement grandir. Une âme, élevée comme celle de Marie par lâEsprit, sent et contemple la grandeur de Dieu et éprouve le besoin de la proclamer aux yeux de tous.
Câest ainsi que toutes les perfections de Dieu peuvent grandir parmi les hommes, lorsquâils apprennent à les connaître mieux. Câest ce que nous lui demandons à lâégard de sa sainteté par cette prièreâ¯: «â¯Que ton nom soit sanctifiéâ¯Â».
Tandis que le premier verbe était au présent, le secondâ¯: sâest réjoui (grec a tressailli de joie), est au passéâ¯: il se rapporte donc à un moment précis dont Marie conserve le souvenir et lâon a supposé non sans raison, que ce moment est celui où elle reconnut que la promesse de Dieu était accomplie en elle.
Marie donne à Dieu deux noms qui ont leur signification.
Dâabord celui de Seigneur, qui est la traduction constante du nom de Jéhova dans les Septante. Ce nom se retrouve sans cesse dans les premiers récits de Luc (versets 6, 9, 11, 25, 68, etc.).
Ensuite, elle nomme Dieu son Sauveurâ¯: le regard de sa foi pénètre évidemment plus loin que le moment présent et sâétend jusquâà ce salut du monde que Dieu allait accomplir.
Verset 48
Lâhumiliation sur laquelle Dieu a bien voulu jeter les yeux (comparez verset 25) nâest pas lâhumilité, comme disposition morale, mais lâabaissement, la pauvreté où se trouvait Marie, bien que descendant des rois de Juda (verset 52).
Ãlisabeth venait de lâappeler bien-heureuse (verset 45) et ces paroles, pleines dâun religieux enthousiasme, ont achevé dâaffermir la foi de Marie en sa grande destinée, en sorte quâelle voit ce mot de sa parente répété par les générations futures (comparer Genèse 30.13).
Verset 49
Marie célèbre la puissance, la sainteté, la miséricorde de Dieu, trois perfections qui se sont manifestées dans les grandes choses qui lui ont été faites. La toute-puissance sâest déployée dans lâincarnation, qui a la sainteté pour caractère principal et qui fait éclater la miséricorde de Dieu.
Verset 50
Psaumes 103.17. Ces motsâ¯: sur ceux qui le craignent, font transition à la strophe suivante, dans laquelle Marie chante la transformation causée par lâavènement du Christ.
Verset 53
Marie sâélève, à la manière des prophètes, jusquâà la contemplation de la grande révolution qui sâaccomplira par ce Messie dont elle sera la mère. Si Dieu lâa appelée, elle, la plus humble des filles de son peuple (verset 48), à lâhonneur de donner le jour au Messie, câest quâil rejette toutes les idées de grandeur humaine.
Le principe du règne quâil veut établir et qui transformera le monde, sera «â¯dâélever quiconque sâabaisse et dâabaisser quiconque sâélèveâ¯Â» (Luc 14.11â¯; Luc 18.14).
Comme les prophètes aussi, elle désigne, par tous ces verbes au passé, ces grands événements comme déjà accomplis, tellement ils sont certains à ses yeux.
Quelques interprètes entendent par les orgueilleux, les puissants, les riches, les païens, tandis que les humbles et ceux qui ont faim, seraient les Israélites. Ils se fondent pour cela sur ces mots du verset 54 «â¯Il a pris en sa protection Israëlâ¯Â», qui leur paraissent reproduire la même idée sous une autre forme.
Mais Marie nâignore pas que dans le peuple juif comme au sein des nations la miséricorde de Dieu est seulement pour «â¯ceux qui le craignentâ¯Â» (verset 50).
Verset 55
LâÃternel, voyant Israël, son serviteur, câest-à -dire le vrai Israël qui sert, qui craint (verset 50), qui aime Dieu, accablé sous lâoppression de sa misère, lâa secouru, a pris sa cause, sâest chargé lui-même dâaccomplir sa délivrance (Ãsaïe 41.8-9).
Et, dans cette délivrance, Marie voit la fidélité de Dieu qui se souvient de sa miséricorde éternelle envers Abraham et sa postérité, selon quâelle avait été annoncée aux pères par les prophètes.
Telle est la signification de ces deux versets (vers 54, 55), si on les construit comme nous lâavons fait dans le texte et non selon la version dâOstervald, qui présente un sens assez différent.
Abraham et sa postérité sont représentés comme étant également les objets de la miséricorde de Dieu dans lâaccomplissement des promesses qui avaient été déjà faites à ce patriarche (verset 73â¯; comparez Michée 7.20â¯; Ãsaïe 29.22 et suivantsâ¯; Jean 8.56).
Verset 56
Si lâon rapproche ce terme de trois mois de celui qui est indiqué au verset 36, on voit que Marie resta avec Ãlisabeth jusquâau moment de lâévénement raconte au verset suivant (verset 57).
La quitta-t-elle avant ce moment solennelâ¯? Le fait quâelle nâest pas nommée dans la suite du récit (verset 58) semble lâindiquer et pourtant cela ne parait guère naturel, car la naissance du fils dâÃlisabeth avait à ses yeux trop dâimportance pour quâelle ne désirât pas y assister.
Verset 57
La naissance
Le narrateur raconte la naissance du fils dâElisabeth et décrit la joie des voisins et des parents (57, 58).
La circoncision
Au moment de la circoncision, le huitième jour, les amis de la famille veulent donner à lâenfant le nom de son père, mais la mère sây oppose, déclarant quâil sera appelé Jean. Zacharie consulté par signes indique le nom de Jean. à lâinstant sa langue est déliée et il bénit Dieu. Lâimpression produite par cet événement est profonde dans tout le pays. On se demandaitâ¯: Que sera donc ce petit enfant ? (59-66).
Cantique de Zacharie
Lâadolescence de Jean
Lâenfant grandissait de corps et dâesprit ; il resta dans la retraite jusquâau moment dâentrer dans son ministère (80).
Le double accomplissement des promesses
Versets 57 Ã 80 â Naissance de Jean-Baptiste, cantique de Zacharie
Verset 58
Magnifié, rendu grande, sa miséricorde envers elleâ¯; câest le même hébraïsme que nous avons remarqué au verset 46 et qui se trouve dans Genèse 19.19.
Verset 60
Ils vinrentâ¯; câest-à -dire les voisins et les parents qui sâétaient réjouis avec Ãlisabeth et qui venaient maintenant prendre part à la fête de famille.
La circoncision avait lieu le huitième jour (Genèse 21.3) et câétait alors aussi quâon donnait son nom au petit enfant, ainsi que cela se fait maintenant au baptême.
Les parents et voisins (comparez Ruth 4.17) se disposaient à donner au petit enfant le nom de son père. Mais la mère sây opposa, car elle savait par son mari quâil devait porter le nom de Jean (verset 13, note).
Quelques Pères de lâÃglise ont vu dans lâaction dâÃlisabeth une inspiration du Saint-Esprit, attendu que Zacharie, qui était muet, ne pouvait pas lui avoir dit le nom du petit enfant. Comme sâil nâétait pas évident que Zacharie avait dû communiquer à sa femme tous les détails de lâapparition de lâange (comparez versets 41-45) et, en particulier, lui indiquer le nom de lâenfant de la même manière quâil va le faire dans un instantâ¯! (verset 63)
Verset 61
Cette objection vient de ce que, chez les Juifs, on tenait beaucoup à conserver de père en fils les noms de la famille et de la tribu.
Verset 62
Pourquoi firent-ils signe�
Plusieurs ont conclu de là que Zacharie était sourd aussi bien que muet, ce qui est contraire au verset 20.
On a expliqué cette manière dâagir par lâhabitude que lâon contracte naturellement de parler par des signes à ceux qui sâexpriment de cette manière.
Dâautres ont pensé que Zacharie ayant tout entendu, il suffisait dâun signe pour lui demander son avis et que les membres de la famille lâinterrogent de cette manière par égard pour la mère, qui venait de déclarer si positivement sa volonté à ce sujet.
Verset 63
Grecâ¯: il écrivit disant, hébraïsme qui peut très bien sâentendre de lâécriture seule (2 Rois 10.6)â¯; mais ne serait-il pas possible que ce fût en cet instant même que la parole lui fut rendue (verset 64), en sorte que le premier mot quâil prononça fut le nom de son filsâ¯?
Les tablettes des anciens étaient ordinairement des plaques en bois enduites de cire sur lesquelles on écrivait avec un style ou sorte de poinçon.
Zacharie nâécrit pasâ¯: Jean sera ou doit être son nom, mais très positivement est. Il en était ainsi, en effet, pour le père, depuis quâil avait entendu la parole de lâange (verset 13).
Cet étonnement était moins causé par lâaccord entre le père et la mère de lâenfant que par la raison indiquée au verset 6.
Verset 64
Grecâ¯: sa bouche fut ouverte et sa langue.
à quoi il faut suppléer déliée, mot qui se trouve en effet dans D et dans quelques minuscules.
Il parlait, voilà le fait extraordinaire noté par lâévangéliste. Et aussitôt le pieux Israélite donne essor aux sentiments dont il était rempli, par un chant de louange et dâaction de grâce. Câest ce qui est indiqué par ces motsâ¯: bénissant Dieu. Et ce fut sans doute en ce moment que Zacharie prononça son cantique.
Mais le narrateur achève son récit et réserve ce cantique pour le donner à part en entier (verset 68 et suivants).
Verset 66
Description de lâimpression produite dans tout le pays des montagnes de Judée, où habitait Zacharie (verset 39).
Lâétonnement dâabord éprouvé (verset 63) fait place à la crainte (verset 11, note). On faisait de ces choses (grec ces paroles, ces récits) le sujet des entretiens, on les conservait pieusement dans son cÅur et on se demandait avec un religieux intérêtâ¯: Que sera ce petit enfantâ¯?
Ces dernières paroles sont une observation faite par lâévangéliste, motivant et confirmant (car aussi) lâattente de grandes choses, qui sâexprime par cette question des amis de la familleâ¯: Que sera donc ce petit enfantâ¯?
Cette attente, veut dire lâévangéliste, était légitime, car la main du Seigneur, câest-à -dire la puissance protectrice de lâEsprit de Dieu, dont il était déjà rempli (verset 15), était avec lui. Et sâil en était ainsi dès sa tendre enfance, il en sera de même dans toute sa jeunesse, dans toute sa vie.
Dans le texte reçu, qui supprime la particule car, cette proposition devient une remarque par laquelle lâévangéliste résume lâhistoire de Jean jusquâà son ministère public et qui ne se rattache pas directement à ce qui précède.
Verset 67
Pour comprendre le beau cantique de Zacharie, cette effusion ardente de son âme, il faut donner à ces deux mots leur pleine signification bibliqueâ¯: rempli de lâEsprit-Saint etâ¯: il prophétisa.
En effet, lâEsprit de Dieu lui communiqua en ce moment le don de prophétie, par où il faut entendre à la fois le don de pénétrer dans lâavenir du règne de Dieu et la faculté dâen exprimer les mystères dans des discours pleins dâélévation et de lucidité (voir les discours des prophètes et comparez 1 Corinthiens 14.2, note).
Sans ce fait signalé par lâévangéliste, il nous serait impossible de comprendre comment Zacharie pouvait chanter lâÅuvre entière de notre rédemption, au moment où rien nâen paraissait encore, si ce nâest la naissance du précurseur du Messie. Il est vrai que lâange lui avait révélé ce que cet enfant serait un jour (versets 15-17)â¯; mais de là à contempler le grand salut de Dieu comme déjà accompli, il y a une distance que lâEsprit divin pouvait seul lui faire franchir.
Toutefois le style et les pensées de ce cantique se meuvent dans la sphère des révélations de lâAncien Testament. Câest là un caractère quâil a en commun avec celui de Marie. Le père de Jean, comme la mère de Jésus, sâétait nourri des promesses de Dieu dans les saintes Ãcritures.
à celles-ci se rattache la révélation spéciale qui lui permet dâexprimer des vues si lumineuses sur lâaccomplissement de la rédemption. Cette inspiration puisée dans lâAncien Testament est bien dans la situation et prouve lâauthenticité des récits de Luc.
Verset 68
Zacharie commence par un élan de reconnaissance et dâadoration de ce que Dieu a visité et racheté son peuple.
Le motâ¯: visité (proprement inspecté) désigne la manifestation divine accordée à Israël, après les quatre cents années pendant lesquelles la prophétie avait gardé le silence.
Racheté (grec fait un rachat, une rédemption au moyen dâune rançon, comparez Matthieu 20.28), est un terme qui ne saurait sâappliquer à la délivrance politique du peuple dâIsraël, comme on lâa pensé, mais bien à la délivrance de sa servitude morale.
Ces verbes au passé, ici et au verset suivant, montrent que pour Zacharie cette grande Åuvre de Dieu était déjà accomplie, tant il en avait la certitude.
Verset 69
Grecâ¯: il nous a suscité une corne de salut.
La corne dans laquelle réside la force de certains animaux est, dans le style de lâÃcriture, lâimage de la puissance (1 Samuel 2.10â¯; Psaumes 89.18â¯; Psaumes 132.17â¯; Psaumes 148.14).
Les autres explications quâon a données de cette image (elle serait, par exemple, une allusion aux cornes de lâautel que cherchaient à saisir les criminels) sont inadmissibles.
Une corne de salut est une délivrance accomplie avec puissance, et, même, lâimage désigne un puissant libérateur, le Messie (comparer Psaumes 132.17â¯; Ãzéchiel 29.21).
Ces motsâ¯: dans la maison de David, montrent que pour Zacharie, comme pour Luc, qui a rapporté le mystère de la naissance du Sauveur (verset 35), Marie descendait réellement de David (comparer Luc 3.23, note).
Verset 70
Ce qui affermit la foi de Zacharie, câest que les grands événements quâil célèbre dans son cantique ne sont que lâaccomplissement des promesses de Dieu, toujours fidèle à sa parole.
Sa pensée embrasse tous les prophètes dans cette expressionâ¯: «â¯par la bouche des saints prophètes de tout tempsâ¯Â» (grecâ¯: depuis le siècle de toute antiquité). Comparer Actes 3.21.
Verset 71
Zacharie revient, par une simple apposition, à sa grande pensée de la délivrance (verset 69), dont il décrit les effets jusquâau verset 75.
Nos ennemis et ceux qui nous haïssent, sont deux expressions synonymes.
Par là sont désignés tous les oppresseurs du peuple dâIsraël, païens ou Juifs, les Romains, Hérode et ses adhérents, les chefs du peuple eux-mêmes, prêtres ou scribes, la plupart sadducéens. Tous ces puissants étaient les ennemis de la véritable théocratie. Zacharie entrevoit lâaffranchissement de celle-ci.
Verset 73
La miséricorde de Dieu, telle est la source unique du grand salut que chante Zacharie (1 Pierre 1.3).
Cette miséricorde sâexerce, dit-il, envers nos pèresâ¯; ils y ont leur part, puisquâelle est la réalisation de tout ce quâils avaient cru et espéré (versets 54 et 55).
Ainsi Dieu se souvient de son alliance sainte, manière humaine de parler, qui signifie que Dieu accomplit ce quâil avait promis par cette alliance et quâil prouve ainsi quâelle était sainte, inviolable (Genèse 15.1 et suivants). Cette alliance, Dieu lâavait confirmée par un serment (Genèse 22.16) dont Zacharie reconnaît maintenant aussi lâaccomplissement.
Il y a proprement en grecâ¯: se souvenir de son alliance sainte, serment quâil juraâ¯; câest lâalliance elle-même qui est appelée un serment, parce quâelle a été conclue avec serment.
Verset 75
Dans ces versets (versets 74 et 75), Zacharie chante les immenses bienfaits que Dieu avait promis aux pères par son alliance et son serment.
Dâabord, la délivrance de la main, câest-à -dire de la puissance, des ennemis (verset 71)â¯; puis, par là même, la possibilité de servir Dieu sans crainte dans une vie sainte.
Le mot grec que nous traduisons par servir Dieu, signifie lui rendre un culte, lâadorer (Hébreux 9.14)â¯; et câest là ce qui doit caractériser la vie entière du peuple de Dieu dans lequel le sacrificateur Zacharie voit déjà la vraie «â¯sacrificature royaleâ¯Â» (1 Pierre 2.9â¯; Apocalypse 1.6â¯; comparez Exode 19.6).
Un tel service dans la liberté et lâamour est exempt de crainte (Romains 8.15) et se distingue par la sainteté et la justice (Ãphésiens 4.24), deux termes qui, dans le grec classique, expriment tout ce que lâhomme moral doit être à lâégard de Dieu (sainteté) et à lâégard des hommes (justice). Dans la Bible, ce dernier terme se rapporte aussi à Dieu.
Dâaprès Weiss, le premier désigne la consécration intérieure, le second lâaccomplissement des obligations qui en découlent.
Dâaprès M. Godet, le premier sâapplique à la pureté, lâabsence de souillure, le second à la pratique positive de ce qui est bien.
La vie, ainsi renouvelée, ne lâest point à lâextérieur seulement, mais en sa présence, «â¯devant Dieuâ¯Â» (verset 6, note). Elle nâest point non plus réservée à certains temps ou à certains jours, mais doit remplir tous nos jours.
Le texte reçu porte tous les jours de notre vieâ¯: les mots de notre vie ne sont pas authentiques.
Verset 76
Jusquâici la pensée du pieux sacrificateur ne sâest portée que sur les grands intérêts de la théocratie, dont il a chanté la délivrance et le renouvellementâ¯; maintenant elle sâabaisse avec émotion sur le petit enfant qui remplira un rôle si important dans cette Åuvre de Dieu.
Mais bientôt elle sâélèvera de nouveau, de celui qui ne sera que le précurseur, jusquâau seul libérateur qui accomplira la grande délivrance.
Jean sera prophète du Très-Haut, tandis que le Messie est Fils du Très-Haut (verset 32)â¯; mais Jésus, confirmant la parole de Zacharie, déclarera que le fils de ce sacrificateur est «â¯plus quâun prophèteâ¯Â» (Matthieu 11.9).
Le Seigneur désigne ici le Messie dont Jean doit préparer les voies (Matthieu 3.3â¯; Luc 3.4)â¯; mais Zacharie ne le nomme ainsi que parce quâil voit en lui, dâaprès la révélation de lâange, Jéhova qui avait ditâ¯: «â¯Je vais envoyer mon messager et il préparera le chemin devant moiâ¯Â». Voir versets 16 et 17, notes.
Verset 77
Donner au peuple la connaissance du salut, de ce même salut dont Zacharie a déjà parlé (versets 69 et 71), était la vraie manière de préparer les voies du Seigneur.
En effet, cette connaissance du salut était entièrement obscurcie dans la grande masse du peuple, qui nâattendait du Messie quâune délivrance extérieure et politique, ou qui ne cherchait le salut que dans les vaines observances de la loi, tandis quâil ne pouvait consister que dans la rémission ou le pardon de leurs péchés.
Voilà pourquoi Jean, dans sa prédication et son baptême, insista avec tant dâénergie sur la repentance et annonça Celui qui conférerait réellement le pardon, en baptisant du Saint-Esprit (Matthieu 3.11).
Verset 78
La cause unique du pardon pour le pécheur, câest la tendre miséricorde de notre Dieu (grecâ¯: à cause des entrailles de miséricorde de notre Dieu).
Expression de tout ce quâil y a de plus intime, de plus profond, de plus tendre dans lâamour (Philippiens 1.8â¯; Philippiens 2.1â¯; Colossiens 3.12â¯; comparez Jean 3.16).
Codex Sinaiticus, B portentâ¯: nous visitera. Ce futur est probablement une correction. Câest encore grâce à la tendre miséricorde de Dieu que le soleil levant nous a visités dâen haut, câest-à -dire, que la lumière divine, «â¯le soleil de justiceâ¯Â» (Malachie 4.2), sâest levée sur nous. Cette aurore est personnifiéeâ¯; de là lâexpression figuréeâ¯: nous a visités.
On a essayé de donner au mot que nous traduisons par soleil levant, que dâautres rendent parâ¯: Orient dâen haut, le sens de germe (comparez Zacharie 3.8â¯; Zacharie 6.12, où les Septante emploient le mot en ce sens). Mais comme le rôle qui lui est attribué ici, câest dâéclairer (verset 79), il sâagit évidemment du soleil levant, de cette lumière qui dissipe les ténèbres du monde moral (verset 79) et dont il est fréquemment parlé dans les Ãcritures (Ãsaïe 60.1, Jean 1.5â¯; Jean 8.12).
Verset 79
Voir Matthieu 4.16, note.
Les images de ce verset, expression dâune triste réalité, sont empruntées à Ãsaïe 9.1, qui décrit à la fois les ténèbres et la lumière qui y resplendit.
Les ténèbres ne sont pas seulement, dans lâÃcriture, lâimage de lâignorance et de lâéloignement de Dieu, mais aussi de la corruption, de la misère, du malheur, de la mort, parce que Dieu est seul la source de la lumière et de la vie.
De là cette expression énergiqueâ¯: lâombre de la mort. Et les malheureux que contemplait le prophète y sont assis dans lâabattement et le désespoir, nâessayant pas même de se relever.
Voici lâenchaînement logique des immenses bienfaits que Zacharie contemple a la fin de son cantique. Le soleil levant nous a visités pour nous éclairer et pour diriger nos pieds dans le chemin de la paix. Nous marcherons donc désormais après avoir été assis dans les ténèbresâ¯; et la paix succède à toutes les misères que figure lâombre de la mort (versets 78 et 79).
Il faut prendre ce motâ¯: la paix avant tout dans son sens le plus intime et le plus élevéâ¯: la paix avec Dieu par le pardon des péchés (verset 77), la paix de Dieu dans le cÅur, qui est pour lâhomme le bien suprême.
Mais on peut le comprendre ensuite dans le sens du mot hébreu schalôm, qui signifie aussi le bien-être, la prospérité, mis en opposition avec le déplorable état qui précède.
Le chemin de la paix nâest pas seulement le chemin qui conduit à la paix, mais celui sur lequel on marche dans la paix. Câest par cette pensée que Zacharie couronne admirablement son chant de délivrance.
Verset 80
Croissait indique le développement physique, tandis que se fortifiait en esprit décrit les progrès graduels et constants de tout son être intellectuel, religieux et moral, sous lâinfluence de lâEsprit de Dieu qui était en lui (verset 15 et comparez 2.52).
On peut étendre cette observation importante à toute lâadolescence de Jean-Baptiste.
Lâhistoire évangélique ne parle plus de lui jusquâau moment ici marqué de sa manifestation à Israël, câest-à -dire jusquâà son entrée dans son ministère. Ce moment lui fut indiqué par une révélation de Dieu (Luc 3.2â¯; Matthieu 3.1).
La remarque de Luc quâil se tenait dans les déserts, sâapplique à toute cette période et signifie quâil vécut dans la solitude des lieux retirés quâon appelait désert de Juda, à lâouest de la mer Morte et non loin dâHébron, demeure de Zacharie et dâÃlisabeth. Câest dans cette retraite quâil se prépara à sa sainte vocation.