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Bible Commentaries
Luc 1

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versets 1-80

Chapitre 1er

(v. 1-4). — Luc s’intéressait à Théophile (ce nom signifie: ami de Dieu) et voulut qu’il acquière une pleine certitude des choses dans lesquelles il avait été instruit. Luc ayant suivi exactement tout ce qui concernait Jésus depuis le commencement l’écrivit par ordre. L’Esprit de Dieu se servit de lui, par inspiration, afin de nous faire connaître la personne de Jésus sous ce caractère si précieux pour tous, de l’Homme divin apportant aux hommes la grâce merveilleuse offerte à tous. Le titre de «très excellent» donné à Théophile (v. 3) indique qu’il occupait probablement une place parmi les fonctionnaires du gouvernement romain. Félix et Festus portent le même titre en Actes 23:26; 24:3 et 26:25.

Apparition d’un ange à Zacharie

(v. 5-25). — Luc commence son récit au milieu du peuple d’Israël, organisé et jouissant d’une paix relative après les troubles et les persécutions qu’il avait endurés sous les rois syriens, depuis le retour de la captivité de Babylone. Hérode régnait en Judée; il n’était cependant pas Juif, mais Iduméen, peuple descendant d’Ésaü. Comme nous le savons, ce roi, un cruel tyran, voulut se concilier la faveur des Juifs en reconstruisant et en embellissant leur temple. La sacrificature s’exerçait selon l’organisation établie par David en 1 Chroniques 24. Tout était en ordre extérieurement; la maison était balayée de l’idolâtrie et ornée par les formes du culte de l’Éternel (Luc 11:25); mais, malgré cela, les Juifs et leurs chefs avaient leur cœur fort éloigné de Dieu. Cependant, au milieu de cet état de choses, quelques gens pieux étaient en relation avec Dieu et attendaient le libérateur promis. Parmi ceux-là se trouvaient un sacrificateur nommé Zacharie, de la classe d’Abia, ou Abija (1 Chroniques 24:10), et sa femme Élisabeth, d’entre les filles d’Aaron. «Ils étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et dans toutes les ordonnances du Seigneur, sans reproche» (v. 6). Ils n’avaient pas d’enfants, sujet de grande humiliation pour une femme juive pieuse, car elle attendait la naissance du Messie selon la prophétie d’ Ésaïe 7:14. Zacharie en avait fait un sujet de prières; mais ils avançaient en âge tous deux, et n’avaient pas reçu d’exaucement. Un des jours où le sacrificateur accomplissait son service selon l’ordre de sa classe, «le sort lui échut d’offrir le parfum». Pendant qu’il était dans le temple «un ange du Seigneur lui apparut, se tenant au côté droit de l’autel du parfum. Et Zacharie, le voyant, fut troublé, et la crainte le saisit. Et l’ange lui dit: Ne crains pas, Zacharie, parce que tes supplications ont été exaucées, et ta femme Élisabeth t’enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jean»1 (v. 12-13). Dieu aurait pu exaucer Zacharie sans envoyer un ange pour le lui faire savoir; mais l’enfant qui devait naître avait une telle importance pour Dieu, qu’il fallait ce messager extraordinaire pour annoncer son arrivée. Nous apprenons par les paroles de l’ange que les prières de Zacharie avaient été exaucées, quoiqu’il n’ait reçu aucune réponse. Nous lisons en 1 Jean 5:14-15: «Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute; et si nous savons qu’il nous écoute, ... nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées». Nous les avons; Dieu ne dit pas quand il les donnera; il a ses raisons pour faire attendre, même longtemps, car il fait tout avec sagesse; il exerce la foi pour produire une pleine confiance en lui.

1 Jean signifie: La faveur de Jéhovah.

Dans le cas de Zacharie, comme dans celui d’Abraham, lors de la naissance d’Isaac, Dieu montre qu’il est puissant pour accomplir ce qu’il veut. Il emploie des instruments pour l’accomplissement de ses desseins; mais il faut que ces instruments soient nuls en eux-mêmes, afin que Dieu soit tout. La foi compte sur Dieu seul, et c’est ce qui l’honore, il est celui qui «appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient». Il veut que l’on espère contre toute espérance, ainsi qu’Abraham l’a fait (Romains 4:17, 18).

L’ange continue en disant à Zacharie: «Et il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance; car il sera grand devant le Seigneur, et il ne boira ni vin ni cervoise; et il sera rempli de l’Esprit Saint déjà dès le ventre de sa mère» (v. 14-15) Telles sont les qualités de cet enfant: un sujet de joie et d’allégresse pour son père; un sujet de réjouissance pour plusieurs; il sera grand devant le Seigneur (voir chap. 7:28); il sera nazaréen, c’est-à-dire mis à part pour Dieu, en dehors de toute l’excitation des joies naturelles que produisent en figure le vin et les boissons fortes; il sera rempli de l’Esprit Saint avant sa naissance. C’est dans une entière séparation de tout ce qui est charnel que le Saint Esprit peut opérer avec puissance pour amener l’accomplissement d’un vrai service pour le Seigneur, quel qu’il soit. Les versets 16:17 nous parlent de ce que Jean fera: «Il fera retourner plusieurs des fils d’Israël au Seigneur leur Dieu». Sa prédication amènera au Seigneur, par la repentance, ceux qui l’écouteront. «Il ira devant lui — le Seigneur — dans l’esprit et la puissance d’Élie, pour faire retourner les cœurs des pères vers les enfants, et les désobéissants à la pensée des justes, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé». La puissance et l’esprit d’Élie caractérisent le zèle que mettait ce prophète à ramener à son Dieu le peuple plongé dans l’idolâtrie des Baals. C’est ce qui caractériserait le ministère de Jean qui irait devant le Seigneur, afin de préparer, par la repentance, un peuple disposé à le recevoir.

Après avoir longtemps supplié le Seigneur de lui accorder un fils, Zacharie a de la peine à croire au message d’exaucement que l’ange lui apporte. Il demande comment la chose pourra se faire, puisque lui et sa femme sont fort âgés. Il oubliait que celui qu’il avait invoqué était Dieu, et que lui seul pouvait accomplir ce qu’il voulait, peu importaient les moyens qu’il trouvait bon d’employer. Étonné qu’un homme raisonne sur la parole de Dieu, l’ange lui dit: «Moi, je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer ces bonnes nouvelles» (v. 19). Toujours dans la présence de Dieu et pénétré de sa grandeur et de sa puissance, l’ange ne peut comprendre cette incrédulité; aussi, dit-il: «Tu seras muet et tu ne pourras point parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru mes paroles qui s’accompliront en leur temps» (v. 20). Les anges trouvent de même étrange que l’homme ne se conforme pas à l’ordre établi de Dieu à la création, ainsi que le dit Paul à l’égard de la femme en 1 Corinthiens 11:10.

Zacharie fut retenu dans le temple plus que de coutume par l’apparition de l’ange, et le peuple qui était dehors et priait, à l’heure du parfum, s’étonnait de ce que le sacrificateur ne reparaisse pas. Lorsqu’il sortit, il ne put leur parler que par des signes. Néanmoins il termina les jours de son service avant de rentrer chez lui.

L’espoir d’avoir un fils réjouit fort Élisabeth, heureuse de ce que Dieu avait ôté l’opprobre de dessus elle.

Apparition d’un ange à Marie

(v. 26-38). — Six mois environ après l’apparition de l’ange Gabriel à Zacharie, il apparut aussi à une vierge, nommée Marie, qui habitait à Nazareth en Galilée. Plus de cinq cents ans auparavant, nous trouvons ce même ange envoyé par Dieu à Daniel, le prophète, pour lui annoncer deux grands événements; le premier (chap. 8) touchant un puissant ennemi du peuple Juif, qui apparaîtra encore à la fin, le roi du nord; et le second (chap. 9), concernant l’époque de l’avènement de Christ et son rejet (v. 21-27).

L’ange dit à Marie en entrant auprès d’elle: «Je te salue, toi que Dieu fait jouir de sa faveur! Le Seigneur est avec toi; tu es bénie entre les femmes». (v. 28). Troublée à l’ouïe de cette salutation, Marie se demanda ce que cela pouvait être. L’ange ajouta: «Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu». Ces dernières paroles rassurèrent la jeune femme; elle n’avait rien à craindre, puisqu’elle était l’objet de la grâce de Dieu, tandis que les premières paroles de l’ange lui apprenaient quelle immense faveur Dieu lui accordait en la faisant devenir la mère du Sauveur, privilège désiré avec ardeur par toute femme pieuse en Israël. On trouve encore aujourd’hui des femmes juives qui espèrent devenir la mère du Messie, car elles ne croient pas qu’il est déjà venu.

Après cela l’ange annonça à Marie qu’elle enfanterait un fils, qui s’appellerait Jésus, nom qui signifie: Jéhovah-Sauveur, et il ajouta: «Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume» (v. 32-33). De telles gloires appartenaient à celui qui deviendrait fils de Marie, mais qui, en même temps, était Fils du Très-haut. Fils de Dieu de toute éternité, il devient le Fils de l’homme. Il naît ici-bas fils de David, par Marie qui appartenait à la famille de ce roi, afin de régner à toujours sur la maison de Jacob. La royauté ne passerait plus de mains en mains, comme celle des rois de la terre (voir Daniel 2:44; 7:14 et 27). Comme Messie ou Christ, fils de David, il régnera sur Israël, et, comme Fils de l’homme, sur l’univers entier, jusqu’à ce qu’il ait remis le royaume à Dieu le Père pour l’état éternel, alors que le ciel et la terre passeront. Toutes ces gloires appartenaient à l’enfant qui devait naître. Mais bien qu’il devrait être parfaitement homme, l’ange a soin de dire à Marie: «La sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu». Car si le Fils de Dieu devenait homme, mystère insondable, cela ne pouvait avoir lieu que par l’intervention de la puissance du Saint Esprit, et non par la volonté humaine. Ce petit enfant, en naissant, serait absolument saint, séparé de toute la souillure de l’humanité déchue, car ce qui vient de Dieu ne peut être souillé, même en revêtant l’humanité.

Il importe de maintenir la vérité à l’égard de l’humanité du Seigneur Jésus, en présence de l’incrédulité actuelle, et même d’une certaine foi que l’on rencontre aujourd’hui, mélangée au raisonnement humain, et qui, de fait, n’est plus la foi. La foi croit Dieu et ne cherche pas à comprendre afin de croire. Il suffit de savoir que Jésus, le Fils de Dieu, est né ici-bas, comme la Parole nous l’apprend dans ce chapitre. Que nous le considérions dans une crèche, comme nous allons le voir; qu’il fasse taire les vents et la mer, qu’il ressuscite les morts, qu’il soit cloué sur une croix ou vu dans la gloire à la droite de la Majesté dans les hauts cieux, il est toujours le même, un homme qui est Dieu, aussi bien homme que Dieu, et l’un et l’autre en même temps. Seule la forme sous laquelle il est vu change, la personne ne change pas (Ps. 102:28; Philippiens 2:6-8; Colossiens 2:9). Pour expliquer comment cela peut se faire, en dehors de ce que la Parole nous en dit, il faudrait que nous soyons Dieu, et si nous étions Dieu, il ne serait pas nécessaire de nous l’expliquer, car Dieu connaît tout. Il y a un seul Dieu et nous sommes des hommes, c’est-à-dire des êtres dépendants de lui, faibles, souillés, pécheurs, perdus, intelligents, il est vrai, mais d’une intelligence qui ne peut dépasser les limites de la création matérielle et qui erre dès qu’elle veut les dépasser. L’intelligence est loin, du reste, de pouvoir explorer bien profondément le domaine infini qui lui appartient. Mais, par le péché, l’homme demeure sans intelligence quant à Dieu et aux choses de Dieu (Romains 3:11). C’est pourquoi il doit croire Dieu. S’il croit, il reçoit une nouvelle nature qui, par le Saint Esprit, le rend intelligent pour connaître les choses de Dieu, car il est dit: «Or l’homme animal, — c’est-à-dire l’homme qui n’est animé que par son âme et non par la vie de l’Esprit — ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie» (1 Cor. 2:14).

Nous devons nous estimer trop heureux de savoir que le Fils de Dieu a voulu devenir un homme pour nous sauver, sans que nous ayons à discuter sur le fait de l’union de l’humanité et de la divinité, vérité qui demeure, même pour le croyant, un mystère impénétrable qu’il contemple en adorant. Jésus dit en Matthieu 11:27: «Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père». Mais revenons à notre sujet tel que ce chapitre nous le présente.

Avant de se retirer, l’ange annonça à Marie qu’Élisabeth, femme de Zacharie, sa parente, aurait aussi un fils malgré sa vieillesse, car, dit-il: «Rien ne sera impossible à Dieu». Tout ce qui concerne la rédemption, le règne de Christ, des cieux nouveaux et une nouvelle terre, sans parler de la première création, sont choses impossibles aux hommes; mais, grâce à Dieu, rien ne lui est impossible, et son activité si puissante s’est déployée en faveur de pauvres pécheurs perdus, tels que nous. Malgré la ruine de la première création, Dieu accomplira ses conseils, envers son peuple terrestre et tous les hommes.

Visite de Marie à Élisabeth

(v. 39-56). — En ces jours-là, Marie alla voir sa parente qui habitait une ville des montagnes de Juda. Dès qu’Élisabeth entendit la salutation de Marie, remplie de l’Esprit Saint, elle s’écria: «Tu es bénie entre les femmes, et béni est le fruit de ton ventre! Et d’où me vient ceci, que la mère de mon Seigneur vienne vers moi? Car voici, dès que la voix de ta salutation est parvenue à mes oreilles, le petit enfant a tressailli de joie dans mon ventre. Et bienheureuse est celle qui a cru; car il y aura un accomplissement des choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur» (v. 42-45).

Quelle scène merveilleuse se passait dans l’humble habitation de Zacharie entre ces deux femmes choisies de Dieu pour l’accomplissement de ses conseils éternels! Le ciel seul en était témoin et pouvait l’apprécier; mais ces humbles femmes, retirées du monde, sous la puissance de l’Esprit de Dieu, entraient par la foi dans les choses merveilleuses qui occupaient leur cœur et celui de Dieu. Jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y eut en perspective, dans des milieux si humbles, la naissance de personnages si glorieux: le Roi des rois et le plus grand des prophètes. La vraie grandeur ici-bas ne se trouve pas dans ce qui a de l’apparence selon les hommes, mais dans ce qui est de Dieu. Maintenant, par la foi, nous pouvons non seulement admirer ce qui se passait dans la demeure de Zacharie, mais pénétrer dans les conséquences glorieuses et éternelles résultant de la venue de Jésus dans ce monde. Élisabeth dit de Marie: «Bienheureuse est celle qui a cru; car il y aura un accomplissement des choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur». À celui qui croit appartiennent les choses que Dieu dit. Si Dieu adresse un message au pécheur, les choses qui lui sont dites s’accompliront certainement. Si Dieu dit: «Quiconque croit en lui reçoit la rémission des péchés» (Actes 10:43), celui qui croit a ses péchés remis, c’est-à-dire pardonnés. Il en va de même pour toutes les promesses de Dieu pour la vie pratique. «Aura-t-il dit, et ne fera-t-il pas? Aura-t-il parlé, et ne l’accomplira-t-il pas?» (Nombres 23:19).

À l’ouïe des paroles d’Élisabeth, Marie célébra l’Éternel en ces termes: «Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit s’est réjoui en Dieu mon Sauveur, car il a regardé l’humble état de son esclave; car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse; car le Puissant m’a fait de grandes choses, et son nom est saint; et sa miséricorde est de générations en générations sur ceux qui le craignent. Il a agi puissamment par son bras; il a dispersé les orgueilleux dans la pensée de leur cœur; il a fait descendre les puissants de leurs trônes, et il a élevé les petits; il a rempli de biens ceux qui avaient faim, et il a renvoyé les riches à vide; il a pris la cause d’Israël, son serviteur, pour se souvenir de sa miséricorde (selon qu’il avait parlé à nos pères) envers Abraham et envers sa semence, à jamais».

(v. 46-55). Dans ce cantique Marie célèbre le Seigneur1 en rapport avec la bénédiction d’Israël qu’il a visité pour accomplir les promesses faites à Abraham, promesses qui ne pouvaient avoir lieu que par Christ, puisque, sur le pied de la loi, les Juifs avaient tout perdu par leur désobéissance. Marie, dans son humilité, manifeste l’état du peuple ou résidu, dans sa faiblesse, objet de la miséricorde de Dieu qui l’élèvera à la bénédiction promise. Ce cantique ressemble beaucoup à celui d’Anne (1 Samuel 2) qui célèbre l’élévation des humbles, la délivrance de ceux qui s’attendent à l’Éternel et le jugement des méchants. La foi parle comme si tout était accompli, soit chez Anne, soit chez Marie. Il en va toujours de même lorsque Dieu parle ou qu’il entre en scène, alors que rien ne se voit encore.

1 Dans ces premiers chapitres, le mot Seigneur correspond à l’Éternel, Jéhovah, et le désigne.

Après un séjour de trois mois chez Élisabeth, Marie retourna chez elle.

Naissance de Jean le Baptiseur

(v. 57-80). — Le fils promis à Zacharie naquit. Ses voisins et ses parents, apprenant que le Seigneur avait «magnifié sa miséricorde» envers Élisabeth, se réjouirent avec elle. On voit qu’elle avait vécu dans la retraite, jouissant seule — sinon avec Marie — de la faveur dont elle fut l’objet dans son âge avancé. La conscience d’être un objet particulier de la grâce de Dieu rend humble et empêche la vanterie qui est toujours charnelle; mais, le moment venu, le Seigneur enseigne à parler pour lui rendre témoignage; il délie la langue pour le glorifier lui seul. Huit jours après sa naissance, l’enfant devait être circoncis, selon la loi, et recevoir un nom. D’après la coutume israélite, les parents de Zacharie voulaient que son fils portât le nom de son père. Zacharie étant muet, Élisabeth leur dit: «Non, mais il sera appelé Jean». Ils lui répondirent: «Il n’y a personne dans ta parenté qui soit appelé de ce nom». Interrogé, Zacharie demanda des tablettes1 et y écrivit: «Jean est son nom». Cette déclaration étonna fort les assistants et à l’instant la bouche de Zacharie fut ouverte, pour déclarer publiquement ce qui, jusqu’alors, avait appartenu à la foi seulement. Tous les voisins de Zacharie et d’Élisabeth étaient dans la crainte; ce qui a lieu lorsque la présence ou l’action de Dieu se manifestent dans ce monde, car Dieu reste étranger à l’homme à la suite du péché. Dans tout le pays des montagnes de Judée, on s’entretenait de ces choses; ceux qui les entendaient les retenaient dans leur cœur et disaient: «Que sera donc cet enfant? Et la main du Seigneur était avec lui».

1 Faute de papier, on employait, pour y noter les choses courantes, des planchettes de bois enduites de cire sur lesquelles on gravait les mots au moyen d’une tige de métal pointue. L’autre extrémité, aplatie, permettait d’effacer ce qu’on avait écrit.

La langue de Zacharie étant déliée, il s’écria, rempli de l’Esprit Saint: «Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, car il a visité et sauvé son peuple, et nous a suscité une corne de délivrance dans la maison de David son serviteur, selon ce qu’il avait dit par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été de tout temps, une délivrance de nos ennemis et de la main de tous ceux qui nous haïssent; pour accomplir la miséricorde envers nos pères et pour se souvenir de sa sainte alliance, du serment qu’il a juré à Abraham notre père, de nous accorder, étant libérés de la main de nos ennemis, de le servir sans crainte, en sainteté et en justice devant lui, tous nos jours» (v. 67-75). Chose remarquable, ces paroles de Zacharie ont pour sujet non la naissance de son fils, mais l’accomplissement des promesses par la venue de Christ dans ce monde. Christ fait toujours le sujet de la louange et de l’adoration, comme il en est et en sera éternellement l’objet. Jésus n’est pas encore là; il ne s’agit encore que de la naissance de son précurseur, qui motive cette louange, mais tout se voit comme accompli: «Il a visité et sauvé son peuple». Il «a suscité une corne de délivrance dans la maison de David son serviteur» (Une corne est l’emblème d’une puissance royale). Les prophéties allaient s’accomplir. Le peuple serait délivré de ses ennemis pour servir Dieu sans crainte, car il ne l’avait fait qu’au prix de terribles persécutions au cours des siècles précédents. En fait, rien n’a pu avoir lieu à cause du rejet du Messie, mais tout est garanti pour le millénium; la foi de Zacharie en jouissait, comme Abraham lorsque, grâce à la même foi, il avait vu le jour du Seigneur, jour de l’accomplissement des promesses (Jean 8:56). Nous jouissons de la pensée que ce règne de paix va arriver, quand nous voyons le monde bouleversé à la suite d’une guerre jusqu’ici sans pareille.

Zacharie continue sa prophétie quant à son fils, mais en rapport avec Christ, quand il dit: «Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut: car tu iras devant la face du Seigneur pour préparer ses voies, pour donner la connaissance du salut à son peuple, dans la rémission de leurs péchés, par les entrailles de miséricorde de notre Dieu, selon lesquelles l’Orient d’en haut nous a visités, afin de luire à ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix» (v. 76-79). Vu l’état de péché où se trouvaient les Juifs, Dieu ne pouvait accomplir ses promesses qu’en les délivrant de leurs péchés; il était disposé à les leur remettre, moyennant la repentance. C’est pourquoi Jean devait précéder le Seigneur et préparer les cœurs à le recevoir, en les invitant à se repentir. Alors le roi pourrait établir son règne. Nous savons que le peuple comme tel n’écouta ni le précurseur, ni le Messie; mais l’établissement du règne n’est que différé; il est assuré par le sang de la nouvelle alliance versé à la croix, alors que le Roi des Juifs servait de victime pour leurs péchés et non seulement pour les leurs, mais pour le monde entier.

Ce grand et merveilleux chapitre se termine ainsi: «Et l’enfant croissait et se fortifiait en esprit; et il fut dans les déserts jusqu’au jour de sa manifestation à Israël». Trente ans s’écoulèrent durant lesquels nous ne savons rien de sa vie qui se passa en dehors d’un peuple qui était pour Dieu comme un désert, sauf quelques personnes qui nous sont présentées au commencement de cet Évangile. Matthieu nous dit seulement que Jean était vêtu d’un vêtement de poil de chameau et d’une ceinture de cuir autour de ses reins, et que sa nourriture était du miel sauvage. Il vivait séparé de tout, même des siens, dans un nazaréat complet, avec l’austérité d’un prophète qui portait le caractère d’Élie, pour ramener à Dieu son peuple qui s’était éloigné de lui. Nous verrons que le Sauveur, en venant apporter la grâce aux pécheurs repentants, avait un caractère plus populaire, tout en étant le Nazaréen parfait.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/luke-1.html.
 
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