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Thursday, July 17th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 8". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/john-8.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 8". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-59
Verset 1
On trouve une description semblable dans Luc 21.37-38.
Le dernier verset de Jean 7 et les deux premiers par lesquels sâouvre notre Jean 8 forment une sorte dâintroduction à lâhistoire de la femme adultère qui va suivre. Ils font partie du fragment dont lâauthenticité est contestée.
Voici dâabord, à cet égard, lâétat des documents sur lesquels sâappuie la critique du texte.
Aussi la plupart des critiques et des exégètes se refusent-ils à considérer ce récit comme faisant partie de lâÃvangile de Jean. Ainsi Erasme, Calvin, Bèze Lücke, Tholuck, Olshausen, de Wette Reuss, Hengstenberg, Meyer, MM. Weiss, Luthardt, Keil, Godet et tous les modernes éditeurs du texte. Rappelons, dâautre part, que sept majuscules (dont D), du sixième au neuvième siècle et un très grand nombre de minuscules, aussi bien que quelques exemplaires de lâItala, la Vulgate, la version syriaque de Jérusalem, contiennent ce récit sans le marquer dâaucun signe de doute.
Jérôme, écrivant au quatrième siècle, témoigne (Adversus Pelagium, 2, 17) que cette relation se trouvait «â¯en plusieurs manuscrits, tant grecs que latinsâ¯Â».
Aussi plusieurs interprètes éminents, Augustin, Bengel, Hug, Ebrard, Stier, Lange, soutiennent-ils lâauthenticité de ce fragment alléguant avec Augustin quâil nâa été retranché, à lâorigine, que par la crainte de lâinfluence morale quâil pouvait exercer à une époque où, dâune part, un grand relâchement des mÅurs et, dâautre part, un faux ascétisme sâétaient introduits dans lâÃglise.
Quant à la vérité historique du fait, on peut dire avec Meyerâ¯:
Le récit est en tout cas fort ancien, Eusèbe rapporte (Histoire Ecclésiastique 3.39) que lâécrit de Papias sur les évangiles contenait lâhistoire dâune femme qui, à cause de ses péchés, fut accusée devant le Seigneur. «â¯Cette histoire, ajoute-t-il, se trouve dans lâÃvangile des Hébreuxâ¯Â».
Cela prouverait que notre récit appartient à la tradition apostolique. Il a été inséré dans la suite à cette place, parce que le piège tendu à Jésus (verset 6) paraissait en harmonie avec les dispositions hostiles des autorités à son égard (Jean 7.32-45 et suivants).
Verset 3
Qui étaient ces scribes (terme étranger au style de Jean) et ces pharisiens et quelle était leur mission�
Souvent on a vu en eux des délégués du sanhédrin et, par conséquent, des juges de la malheureuse femme quâils amènent. Ils viendraient, avant dâinstruire son procès, proposer à Jésus une question juridique concernant lâaccusée.
Cette vue fausse de la situation a été la source de la plupart des difficultés historiques quâon a trouvées dans notre récit. Quelle apparence que le conseil souverain de la nation juive, qui méprisait et haïssait Jésus et venait dâenvoyer des huissiers pour lâarrêter (Jean 7.32-45), voulût lui soumettre officiellement la cause dâune accusée quâil avait à jugerâ¯! Et quelle apparence que Jésus eût consenti à se prononcer dans une affaire qui ressortissait exclusivement au tribunalâ¯! (comparer Luc 12.14).
Non, ces hommes nâagissent que sous leur inspiration individuelle et ils viennent, comme ils lâavaient fait souvent, proposer à Jésus une question captieuse (verset 6, note). Pour cela, aveuglés par lâhypocrisie et la haine, ils auront la cruauté de produire en public la malheureuse femme dont ils se sont emparés et qui nâétait encore ni jugée, ni condamnée (verset 9, note).
Verset 5
Ici encore on a contesté la vérité de notre récit. La peine de mort était prononcée contre lâadultère (Lévitique 20.10â¯; Deutéronome 22.22) mais la lapidation, nâétait infligée, selon la lettre de la loi, quâà la fiancée infidèle (Deutéronome 22.24) les pharisiens nâauraient donc pas eu le droit de dire que Moïse avait ordonné ce genre de supplice. Mais comme, en fait, on lâappliquait lorsque la loi nâen prescrivait pas dâautre (Exode 31.14â¯; comparez avec Nombres 15.32-36), ils pouvaient sâappuyer de lâusage, pour prononcer ces paroles.
Meyer résout autrement la difficulté. Pour retrouver ici exactement la lettre de la loi, il admet que la femme dont il sâagit était en effet une fiancée devenue infidèle. Cela est très peu probable.
Verset 6
En quoi consistait lâépreuve, ou le piège tendu au Sauveurâ¯? Cette question est résolue de manières diverses par les interprètes.
Lücke et de Wette la déclarent même insolubleâ¯!
La plupart lâexpliquent ainsiâ¯: si Jésus se prononçait contre la lapidation, les pharisiens lâauraient accusé auprès du sanhédrin comme contempteur de la loi de Moïse, sâil sâétait prononcé pour le supplice, ils lâauraient dénoncé à lâautorité romaine comme les incitant à usurper un droit â celui de mettre à mort qui ne leur appartenait plus.
Cette dernière supposition est invraisemblable. Pilate ne se serait pas ému du fait quâun simple rabbin galiléen avait donné son avis dans une question semblable. Et lors même que Jésus eût été compétent pour prononcer une sentence capitale, le gouverneur restait toujours libre de ne pas la confirmer.
Le sanhédrin lui-même nâhésitera pas à condamner Jésus à mort sans sâêtre assuré au préalable si Pilate ratifierait son jugement et Pilate ne lui en fera pas un grief.
Nous comprenons donc le piège dressé à Jésus dâune manière un peu différenteâ¯: si Jésus sâétait prononcé pour lâapplication rigoureuse de la loi, les pharisiens lâauraient accusé non auprès de lâautorité romaine, mais devant tout le peuple juif, comme un homme déchu de son rôle de Messie miséricordieux, qui jusquâici avait annoncé la grâce et le pardon aux plus grands pécheurs et Lui, maintenant, voulait rétablir une loi que sa rigueur même avait fait tomber en désuétude.
Ainsi, selon sa réponse, accuser Jésus devant le sanhédrin comme méprisant la loi, ou le discréditer devant le peuple comme rigoriste, tel était le dilemme dans lequel ses ennemis espéraient lâenfermer. Cette explication est celle de Luther, Calvin, Bengel, Tholuck et dâautres.
Jésus était assis dans lâun des parvis du temple (verset 2)â¯; il nâavait donc quâà se baisser en avant pour écrire sur la terre.
Mais quelle était son intentionâ¯? Ãvidemment, comme cette attitude était peu respectueuse à lâégard de ceuxâ¯; qui lui adressaient la parole, câétait leur dire tacitement quâil ne voulait pas leur répondre, ni, en particulier, sâimmiscer dans une affaire juridique qui ne regardait que leurs tribunaux (comparer Luc 12.14).
Lâexégète ne doit donc pas se demander ce que Jésus écrivait. Tout au plus pourrait-on penser quâil écrivait la sentence quâil va prononcer (verset 7).
Verset 7
Réponse divine qui confond la ruse des accusateurs, enfonce dans leur conscience les traits brûlants de leurs propres péchés, laisse la loi intacte, sanctionne la Justice, donne un libre cours à la miséricorde et, sans atténuer le crime, fait comprendre quâil peut y avoir au dedans de lâhomme des péchés pires, aux yeux de Dieu, que les plus grossières transgressionsâ¯!
Cette sentence tombant comme un coup de foudre sur les adversaires, leur enlève tout moyen et toute envie dâaccuser le Sauveur, soit devant le sanhédrin, soit auprès du peuple. Sâils veulent appliquer la loi dans sa rigueur, câest leur affaire et même ils devront eux-mêmes y mettre la main, car, dâaprès cette loi, ce sont les témoins qui doivent, les premiers, jeter la pierre sur le condamné (Deutéronome 17.7â¯; comparez Actes 7.58).
Mais Jésus met à cela une condition quâaucun ne pourra remplirâ¯: Que celui de vous qui est sans péchéâ¯!⦠Ce nâest pas que Jésus veuille accuser ainsi tous ces hommes dâêtre des adultères, mais si lâon considère ce péché à la lumière du principe quâil a posé lui-même (Matthieu 5.28), qui en est innocentâ¯? Et combien de convoitises charnelles sont des violations flagrantes du commandement de Dieuâ¯!
Telle est lâinterprétation de cette parole, dâaprès le contexte. Mais quelques interprètes pensent que Jésus entend par ce mot, sans péché, être exempt de toute transgression quelconque. Nous ne pouvons partager cette opinion, car Jésus aurait posé ainsi une condition impossible qui, comme telle, nâaurait pu atteindre la conscience des accusateurs de la femme.
Cette parole de Jésus a une portée morale qui sâétend bien au-delà du cas actuel, elle est propre à faire rentrer en eux-mêmes tous ceux qui, comme les pharisiens du texte, se constituent les accusateurs et les juges de leurs frères, en sondant leur cÅur ils y trouveront toujours assez de raisons de garder le silence, de sâhumilier et de nâéprouver pour les plus grands pécheurs quâune tendre compassion (Matthieu 7.1-5â¯; Romains 2.1).
Verset 8
Cette seconde fois, Jésus voulait sans doute signifier quâil nâajouterait plus aucune parole en cette affaire (verset 6, note).
Verset 9
Quels que fussent lâaveuglement et lâendurcissement de ces pharisiens, il est des situations où lâhomme ne peut résister à la force de la vérité morale. Que sera ce au jour du jugementâ¯? Chaque pécheur, se voyant à la lumière de la sainteté divine, prononcera lui-même sa propre sentence.
Il faut remarquer cet imparfait qui peint la scène, ils sortaient, on les voit défiler un à un. Ce sont les plus âgés qui commencent, étant assez avisés pour ne pas sâexposer à une nouvelle confusion et tous suivent, jusquâaux derniers.
Ce mot désigne les derniers qui sortent et non un rang quâils auraient observé entre eux.
Le fait quâils abandonnent ainsi la femme quâils accusaient, montre jusquâà lâévidence quâil nây avait rien dâofficiel dans la mission quâils sâétaient donnée à eux-mêmes, par haine contre le Sauveur.
Les mots repris par la conscience manquent dans un grand nombre de manuscritsâ¯; sâils ne sont pas authentiques, ils nâen expriment pas moins un fait intérieur qui est évident par lui-même.
Au milieu des disciples et du peuple, car il est clair que ceux-ci nâétaient pas sortis avec les pharisiens. La femme restant seule avec Jésus, câétait, comme le dit si bien Augustinâ¯: «â¯la misère avec la miséricordeâ¯Â».
Verset 10
Condamnée à passer en jugement pour y être traitée selon la loiâ¯; car ces hommes, dans ce moment, nâétaient pas ses juges. De là ce mot individuel personne, aucun dâeux.
Verset 11
Ce mot plein de respect, Seigneur, montre aussi lâimpression que faisaient sur la femme la présence et la parole du Sauveur.
Cette grande parole de Jésus, comme tous les traits de ce récit, écarte toute idée dâune sentence juridique quâil nâaurait jamais voulu prononcer. Il se place au point de vue tout moral de son royaume, où il est venu pour «â¯chercher et sauver ce qui est perduâ¯Â».
Il ne dit pas à cette femme, comme à une autre pécheresse, «â¯tes péchés te sont pardonnésâ¯Â» (Luc 7.48), mais ne pas condamner, câest absoudre et cette miséricorde divine était tout ce quâil y avait de plus propre à opérer dans le cÅur de la femme la repentance et la régénération. Lâavenir le prouvera, de là cette dernière parole qui garantit la moralité de cette histoire parce quâil nây a rien de plus sanctifiant que la grâceâ¯: Va et ne pèche plusâ¯!
Verset 12
Dernières déclarations de Jésus point culminant de la lutte à la fête des Tabernacles (12-59)
Ces mots nâindiquent pas avec précision le moment ou eurent lieu les enseignements et les discussions qui vont suivreâ¯; si lâon omet lâhistoire de la femme adultère, ils se rattachent au Jean 7.52, mais dâune manière assez vague, car celui-ci se terminait par le récit dâune séance du sanhédrin. Il semble que Jésus a devant lui un autre auditoire (voir la fin de la note suivante), assemblé dans un autre endroit (verset 20).
Dâautre part, les mots de nouveau, donc, montrent que dans la pensée de lâévangéliste ces nouveaux témoignages rendus par Jésus se rattachent à ceux qui sont rapportés en Jean 7.
Quoi quâil en soit, on reconnaît facilement, dans ce discours de Jésus, trois parties distinctesâ¯: dans la première (versets 12-20), Jésus déclare quâil est la lumière du mondeâ¯; dans la seconde (versets 21-29), il fait ressortir le contraste profond qui existe entre sa personne et le peuple qui lâentoureâ¯; dans la troisième enfin (versets 30-59), il poursuit ce contraste jusque dans ses raisons les plus profondes.
Sans cesse interrompus par quelques-uns des auditeurs les enseignements de Jésus prennent ici là forme du dialogue. Les adversaires dâabord retenus par la main de Dieu (verset 20), puis divisés, parce que plusieurs parmi le peuple crurent en Jésus (verset 30), finissent par donner essor à toute leur haine, au point dâattenter à la vie du Sauveur (verset 59).
Ce grand témoignage que le Sauveur se rend à lui-même ne laisse au lecteur de lâÃvangile dâautre alternative que de croire pleinement sa divinité ou de lâaccuser dâune prétention extravagante. Jésus nâest pas seulement la lumière de son peuple, auquel il révélait la vérité divine, mais la lumière du monde, câest-à -dire de notre humanité tout entière (comparer Jean 9.5â¯; Jean 12.35).
Comment saisir cette pensée immenseâ¯? Notre évangéliste a dit ailleursâ¯: «â¯Dieu est lumièreâ¯Â» (1 Jean 1.5), or, ce que Dieu est en lui-même, le Sauveur lâest pour le monde, car Dieu nâest connu que par lui et en lui.
Quand Jésus dira plus tardâ¯: «â¯Je suis la véritéâ¯Â», il nâexprimera pas une idée différente.
Mais il faut se garder de donner à ces mots de «â¯véritéâ¯Â» et de lumière un sens purement intellectuel, car Jésus les met toujours en relation avec la vie. «â¯Je suis la vérité et la vieâ¯Â» (Jean 14.6), «â¯celui qui me suit aura la lumière de la vieâ¯Â».
En effet comme le soleil est pour notre terre à la fois lumière, chaleur et vie, tel est le Sauveur pour notre humanité (comparer Jean 1.4 note). Aussi sâest-il dâabord présenté, comme la vie (Jean 6.32-58) avant de se déclarer la lumière, car il nâest lumière que pour ceux dont il est la vie.
Cette affirmation suppose que le monde nâa pas la lumière, quâil est plongé dans les ténèbres et câest ce qui ressort de la seconde partie de ce verset. Pour ne pas marcher dans les ténèbres, qui sont à tous égards lâopposé de la lumière, lâhomme doit suivre Jésus, câest-à -dire recevoir ses enseignements, entrer en communion avec lui par une foi vivante et conformer toute sa vie à la vie sainte du Sauveur.
Ainsi non seulement il ne marchera plus dans les ténèbres, mais il aura en sa possession la lumière de la vie câest-à -dire une lumière qui procède de la vie (Jean 1.4). En effet, de même que les ténèbres sont lâerreur, le péché et la mort, de même la lumière est, pour lââme croyante, inséparable de la sainteté et de la vie (Ãphésiens 5.8â¯; Colossiens 1.13). Comparez avec (Galates 2.20).
Comme Jésus avait rattaché son précédent témoignage à lâun des souvenirs évoqués par les cérémonies de la fête des Tabernacles (Jean 7.37, 2e note), plusieurs interprètes pensent que lâidée de se désigner comme la lumière du monde lui fut inspirée par la vue de lâimmense candélabre quâon allumait durant la fête dans le parvis des femmes et qui, de là , illuminait une partie de la ville.
M. Godet préfère ici encore (comparez Jean 7.37, 2e note) remonter du symbole établi au temps de Jésus, au fait miraculeux dont il était le mémorial, il pense que Jésus se compare à la colonne de feu qui, au désert, éclairait la marche dâIsraël durant la nuit et quâil nâavait quâà suivre pour ne pas sâégarer.
On peut objecter à cette double supposition que la fête des Tabernacles était passée. En effet, Jésus prononça la déclaration de Jean 7.37 et suivants «â¯Le dernier et grand jour de la fêteâ¯Â». Or il paraît résulter de divers indices que les enseignements et les discussions rapportés à Jean 8 eurent lieu le lendemain ou lâun des jours qui suivirent la fête.
La situation a changéâ¯; lâauditoire nâest plus le même.
à Jean 7 câétait «â¯la fouleâ¯Â», composée surtout de pèlerins (Jean 7.20-31, suivants, Jean 7.40-43)â¯; lâévangéliste distingue de celle-ci les «â¯habitants de Jérusalemâ¯Â» (Jean 7.25).
à Jean 8, il nâest plus fait aucune mention de cette «â¯fouleâ¯Â», dâoù lâon a conclu que la fête était achevée. Dâautre part, le candélabre auquel on pense nâétait allumé, dâaprès certains auteurs, que le premier soir de la fête.
Est-il donc nécessaire de supposer une allusion à cette cérémonie spécialeâ¯? Ne suffisait-il pas de rappeler que les Ãcritures présentes à la mémoire de tous les auditeurs de Jésus annoncent partout la venue du Sauveur en employant cette belle image de la lumière qui luit dans les ténèbresâ¯? (Ãsaïe 49.6â¯; Ãsaïe 60.1-3â¯; Malachie 4.2 comparez Luc 1.79â¯; Luc 2.32)
Verset 13
Cette étonnante déclaration provoque la contradiction des pharisiensâ¯; sans toucher au fond, ils soulèvent une question de forme.
Ils auraient pu rétorquer à Jésus une de ses paroles (Jean 5.31).
Il est en effet admis, soit en justice, soit dans la société, quâun homme ne peut rendre témoignage de lui-même.
Dans sa réponse Jésus traite dâabord la question de fond, puis il revient à lâobjection de forme (versets 16-18).
Verset 14
La règle de droit que lui opposent les adversaires ne sâapplique pas à lui, parce quâil ne se rend pas témoignage comme un homme ordinaire, mais avec la conscience claire quâil est venu de Dieu pour remplir de sa part sa sainte mission et quâil sâen va à lui pour reprendre possession de sa gloire.
Son témoignage quâil est «â¯la lumière du mondeâ¯Â» est donc revêtu de lâautorité même de Dieu.
Par une raison inverse, la cause pour laquelle ses auditeurs ne croient pas son témoignage, câest que, dans leur aveuglement moral, ils ne savent, ni dâoù il vient, ni où il va. Ils se sont rendus incapables de reconnaître, dans ses paroles et dans ses Åuvres, les signes évidents de son origine divine.
Verset 15
Les adversaires venaient de porter sur Jésus un jugement injuste (verset 13), il affirme que câest là juger selon la chair (comparer 7.24).
Les uns traduisent selon la chair par «â¯charnellementâ¯:â¯Â» les dispositions charnelles des contradicteurs faussent leur jugementâ¯; les autres lui donnent le sens de «â¯selon lâapparenceâ¯:â¯Â» les adversaires sâarrêtent dans leur appréciation de Jésus à son apparence infirme, à sa «â¯forme de serviteurâ¯Â».
La présence de lâarticle (la chair) recommanderait ce second sens, qui comprend du reste le premier.
Tandis que les adversaires se permettent de le juger Jésus leur fait entendre cette parole pleine de miséricordeâ¯: Moi, je ne juge personne.
Cette déclaration nâest elle pas en contradiction avec le verset 16â¯? Plusieurs commentateurs restreignent sa portée de diverses manières, en faisant dire à Jésusâ¯: «â¯Je ne juge personne selon la chair, comme vousâ¯;â¯Â» ou bienâ¯: «â¯Je ne juge pas maintenantâ¯;â¯Â» ou encoreâ¯: «â¯Ce nâest pas moi seul qui juge, puisque le Père est avec moiâ¯;â¯Â» (verset 16) ou, enfin, en mettant lâaccent sur personneâ¯: «â¯Je ne juge aucun individu en particulier, mais seulement lâétat moral du peuple dans son ensembleâ¯Â».
Il faut expliquer cette parole par celle de Jean 3.17, dans laquelle Jésus déclarait que son office de Messie nâétait pas de juger, mais de sauver. Ce caractère général de sa mission nâexclut pas les appréciations morales quâil est appelé à formuler dans ce monde pécheur où il poursuit son Åuvre (verset 16).
Verset 16
Son jugement est vrai et digne de foi, parce quâil est celui de Dieu même qui est avec lui et qui parle par sa bouche.
Grecâ¯: mais moi et le Père qui mâa envoyé, sous-entenduâ¯: nous sommes là , ensemble, pour juger (Jean 5.30â¯; comparez Jean 9.39).
Codex Sinaiticus, D omettentâ¯: le Père.
Verset 18
Par lâaffirmation quâil nâest pas seul, mais que le Père est avec lui (verset 16), Jésus est revenu à lâobjection de forme que lui faisaient ses contradicteurs (verset 13).
Il leur cite maintenant lâarticle de la loi qui exige le témoignage de deux hommes et leur montre quâil remplit cette condition, car, à son propre témoignage, sâajoute celui du Père qui lâa envoyé (versets 17 et 18). Et quelle autorité que celle de Dieu même parlant par son Envoyéâ¯!
La prescription légale à laquelle Jésus fait une simple allusion, sans la citer textuellement se lit Deutéronome 17.6â¯; Deutéronome 19.15 (comparer Matthieu 18.16). Il faut remarquer cette expressionâ¯: votre loi (comparez Jean 10.34â¯; Jean 15.25), cette loi sur laquelle les Juifs sâappuyaient pour repousser le témoignage de Jésus et qui les condamnera. Jésus ne nie point par là lâautorité de la loi pour lui-même et ne la déclare point abolie comme lâont pensé quelques interprètes, mais, dans sa position unique, il ne pouvait ni ne voulait dire notre loi, ce qui eût été se mettre au niveau de ses auditeurs.
Câest ainsi quâil ne dit jamais en parlant de Dieuâ¯: notre Père, maisâ¯: mon Père et votre Père (Jean 20.17, comparez Matthieu 5.16â¯; Matthieu 6.8).
Les interprètes se demandent quel est ce témoignage du Père auquel Jésus en appelle ici.
Les uns pensent aux déclarations solennelles de Dieu à lâoccasion du baptême de Jésus ou de sa transfiguration, dâautres y voient ses miracles (Jean 5.36). Il sâagit plutôt de la conscience intime quâil avait de son unité avec Dieu, qui se manifestait à ceux qui lâapprochaient dans un rayonnement de toute sa personne et faisait de sa belle et sainte vie, de ses enseignements comme de ses Åuvres, un évident témoignage rendu par Dieu.
Verset 19
La question des Juifsâ¯: Où est ton Pèreâ¯? est une raillerie impie, car ils ne pouvaient pas ignorer que Jésus leur parlait de Dieu et de son témoignage qui est tout intérieur.
Le Sauveur se contente donc de leur déclarer quâils rejettent ce témoignage, parce quâils ne connaissent dâune manière vivante, ni son Père, ni lui-même, par qui seul Dieu se révèle.
Sâils le connaissaient, ils verraient quâil nâest pas seul (verset 16), ils reconnaîtraient le Père en lui (Jean 14.9â¯; Matthieu 11.27).
Verset 20
Cette remarque de lâévangéliste sur le lieu où Jésus venait de prononcer ces paroles montre lâimportance que celles ci prirent à ses yeuxâ¯; leur souvenir est demeuré lié à celui de lâendroit où il les entendit.
De plus, elle nous rend attentifs à ce fait très significatifâ¯: Jésus enseignait dans une dépendance du temple, dans le lieu où était le trésor ou la trésorerie (voir Marc 12.41, note), où il se trouvait sur le passage de la foule.
Or ce lieu était voisin de la salle où le sanhédrin tenait ses séancesâ¯; et pourtant personne ne se saisit de lui, parce quâune puissance divine retenait la main des adversaires. Câest là ce que Jean indique par les motsâ¯: parce que son heure nâétait pas encore venue (voir Jean 7.30, note).
Verset 21
Il leur dit donc de nouveauâ¯; donc parce quâil en avait encore la liberté (verset 20)â¯; de nouveau, câest-à -dire en sâadressant à des auditeurs qui avaient déjà reçu ses précédentes déclarations (comparer verset 12).
Comparer Jean 7.33-34. Cette annonce réitérée de son départ était, pour les auditeurs de Jésus, un sérieux avertissement car sâils persistaient à repousser la lumière et la grâce quâil leur offrait, il ne leur resterait plus, après lui, que les ténèbres et la condamnation.
Câest ce quâil leur annonce en ces termes clairs et terriblesâ¯: Vous mourrez dans votre péché.
Le péché, câest la corruption naturelle du cÅur et lâincrédulité qui rend impossible le renouvellement moral. Les péchés (verset 24) ne sont que les fruits mauvais et inévitables de cet état dââme. Sous les jugements de Dieu qui fondront sur eux, ils le chercheront, non avec la foi qui aspire au salut, mais poussés par le seul désir dâun secours terrestre et ils ne le trouveront point, parce que là où il va, dans le ciel, dans la gloire, ils ne pourraient lâatteindre que par une foi vivante et leur péché, câest lâincrédulité (verset 35, note). Il ne restera donc que la ruineâ¯!
Verset 22
Aux redoutables paroles du Sauveur, les Juifs, incrédules et frivoles, répondent par la moquerie.
Naguère (Jean 7.35), ils se demandaient ironiquement sâil allait se faire le Messie des païens, ici, sâil sâen ira par le suicideâ¯! Et ils insinuent que, dans ce cas, ils ne se soucient pas de le suivre là où il va (verset 21).
Câest ainsi que lâimpiété interprétait les paroles de Jésusâ¯!
Verset 23
Sans sâarrêter à leurs sarcasmes, Jésus leur révèle la cause profonde des dispositions de leurs cÅurs et leur expose en même temps pourquoi ils ne peuvent ni le comprendre, ni le suivre là où il va (verset 21).
Ils sont dâen bas, littéralement des choses dâen basâ¯; ce que Jésus explique par ces motsâ¯: de ce monde, où règnent les ténèbres, le péché et la mortâ¯; ils en proviennent, ils y sont nés et y viventâ¯; tel est lâétat moral de tout homme naturel.
Jésus, au contraire, est dâen haut, du ciel et ce terme exprime, à la fois, son origine et lâesprit céleste qui lâanime. Il y a un abîme entre les deux termes de cette antithèse qui se retrouve souvent dans les enseignements de Jésus et de ses apôtres (Jean 3.31â¯; 1 Jean 4.5-6â¯; Colossiens 3.1-2â¯; Philippiens 3.19-20).
Verset 24
Aussi (grec donc), à cause de cette corruption naturelle de votre cÅur, je vous ai dit⦠et le Sauveur répète ici deux fois cette terrible prédictionâ¯: vous mourrez dans vos péchés.
Une seule chose aurait pu délivrer les Juifs de cet état moral et de cette condamnation, la foiâ¯; de là ces mots conditionnels qui laissent encore ouverte la porte du salutâ¯: Si vous ne croyez pas.
Mais que devaient-ils croireâ¯? Que câest moi⦠(comparer verset 28 et 58).
On supplée ordinairementâ¯: que câest moi qui suis le Messie, le Christ (dâaprès Jean 4.26) et cette interprétation est vraieâ¯; mais en omettant tout attribut et en disant simplementâ¯: que câest moi, Jésus donne à sa pensée quelque chose de majestueux qui laisse entendre tout ce quâil est pour notre humanité.
En parlant ainsi, Jésus adopte simplement la parole divine de lâAncien Testamentâ¯: Je suis.
Verset 25
Au lieu de recevoir lâavertissement que Jésus leur donnait, les adversaires lui demandent avec méprisâ¯: Toi, qui es tuâ¯? Dâoù te vient le droit de nous parler ainsiâ¯?
La réponse de Jésus a donné lieu à diverses interprétations.
Elles peuvent être groupées en deux classes.
Les uns ne voient dans la parole de Jésus quâune manière de rompre lâentretienâ¯: En général, pourquoi je parle encore avec vous, je nâen sais rien, ouâ¯: Vous devriez vous le demanderâ¯! (Lücke, Weiss, Holtzmann, Westcott).
Les autres lui donnent plus de portée et en font une réponse directe à la question poséeâ¯: Qui es-tuâ¯?
Je suis précisément ou avant tout, ce quâaussi je vous déclare.
Cette explication est celle de Winer, de Wette, Reuss et M. Godet (voir pour sa légitimation le commentaire de ce dernier).
Jésus, au lieu de répondre par une définition de sa personne, qui serait restée inintelligible pour ses auditeurs, en appelle simplement à sa parole, aux témoignages nombreux quâil a rendus de sa personne et de sa mission divine. Ils remplissent ce chapitre même et ceux qui précèdent. Ils constituaient pour les Juifs le seul moyen de savoir qui il est.
Mais encore fallait-il que sa parole fût reçue par la foi. Or les adversaires la rejetaient, il ne restait donc à Jésus que de leur refuser toute autre révélation sur sa personneâ¯; ils ne lâauraient ni comprise ni crue.
La plupart des exégètes modernes rejettent la traductionâ¯: Je suis ce que je vous dis dès le commencement.
Verset 26
Il ne faut pas rattacher ces paroles à celles du verset 25, qui ne renferme quâun incident, mais au verset 24, Où Jésus adresse comme ici des reproches à ses auditeurs et énonce les jugements quâil a à porter sur eux.
Il continueâ¯: Jâai maintenant encore beaucoup à dire de vous et à juger en vous, et cela, à proportion de votre coupable résistance à la véritéâ¯; mais quelque sévères que puissent vous paraître mes paroles, Celui qui mâa envoyé et au nom duquel je les prononce, est vrai, il est la vérité même et je ne révèle dans le monde que ce que jâai entendu de lui.
Câest-à -dire que, dans son unité absolue avec le Père, Jésus a la conscience claire que toutes les paroles et tous les jugements quâil prononce sont les paroles et les jugements de Dieu même.
Ce mot dans le monde, ou pour le monde montre que Jésus savait fort bien que les vérités quâil énonçait nâétaient pas destinées seulement au cercle limité de ses auditeurs actuels, mais quâelles prendraient possession du monde entier, comme révélation divine et définitive.
Verset 27
Cette remarque de lâévangéliste attribue aux auditeurs de Jésus une inintelligence que plusieurs exégètes (de Wette entre autres), trouvent inexplicable.
Il nâest pourtant pas nécessaire, pour lever la difficulté, dâadmettre, comme on lâa fait, que Jésus nâavait pas devant lui les mêmes auditeurs que dans les discours qui précèdent, ou dâinsister sur le fait que, dans ce dernier entretien, en parlant de «â¯Celui qui lâa envoyéâ¯Â», le Sauveur ne lâavait pas nommé son Père (voir verset 16), ou enfin que câétait le rapport intime de Jésus avec Dieu que les Juifs ne comprenaient pas.
Non, il suffit, pour trouver naturelle cette observation, de relire le verset 19 et dâajouter, avec Bengelâ¯: «â¯Par cette remarque, Jean exprime son étonnement sur lâincrédulité et lâaveuglement des Juifs, comme au Jean 12.37â¯Â»
Verset 28
Donc, par suite de cette incurable ignorance volontaire de ses auditeurs, Jésus porte son regard vers un avenir prochain, ou la lumière se fera nécessairement. Lorsque vous aurez élevé le Fils de lâhomme, alors vous connaîtrez⦠Elevé⦠sur la croix (Jean 3.14â¯; Jean 12.32).
Jésus nâa pas seulement une vue claire de cette issue qui lui est réservée, il sait que câest son peuple (vous) qui lâattachera à la croix (Actes 5.30).
Mais la croix est pour le Sauveur le chemin de la gloire dâune gloire qui se manifestera dans sa mort, dans sa résurrection, par lâeffusion de lâEsprit de Dieu par la fondation de lâÃglise et la création dâune humanité nouvelle.
Alors vous connaîtrez, les faits vous obligeront dâadmettre ce que maintenant vous ne croyez pas sur ma parole (verset 24).
Le grand objet de cette connaissance sera la divinité de Christ mêmeâ¯: vous connaîtrez que câest moi (verset 24, note), vous connaîtrez, enfin, que tout ce que je fais et tout ce que je dis émane du Père avec lequel je parle et jâagis dans une unité parfaite Dieu en Christ, tel est lâobjet de la connaissance et de la foi chrétiennes.
Verset 29
En face de lâincrédulité qui le repousse, Jésus a exprimé lâespérance que lâavenir le fera connaître (verset 28), il exprime maintenant la certitude quâil a de la présence et de lâappui de Dieu. Telle est la relation que M. Weiss établit entre les versets 28 et 29.
Meyer et M. Godet font encore dépendre la première proposition du verbeâ¯: Vous connaîtrez.
Malgré la solitude et lâabandon où Jésus paraît être en présence de ses adversaires, il a la conscience que le Père est avec lui et que jamais, dans sa vie dâhumiliation sur la terre, il ne lâa laissé seul.
Cette présence permanente du Père a eu pour condition la constante et parfaite obéissance du Filsâ¯: parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
Grâce à cette obéissance complète, grâce à sa sainteté parfaite, Jésus jouit sans interruption et jouira jusquâà la fin, de la communion du Père. Lâon conçoit que Jésus éprouva une consolation profonde en prononçant cette grande parole.
Verset 30
Ces choses que Jésus disait sont les paroles du verset 29.
Plusieurs de ses auditeurs, touchés de tout ce quâil y avait de douceur, de résignation, de confiance en Dieu dans son langage, crurent en lui. Câétaient des âmes sincères qui inclinaient à reconnaître Jésus comme le Messie.
Quelle que fût encore la faiblesse de leur foi, cette foi, comme lâobserve de Wette a un autre fondement que celle des auditeurs dont il est parlé Jean 2.23â¯; Jean 7.31, qui ne croyaient que pour avoir vu les miracles de Jésus. Aussi Jésus cherche-t-il à lâéclairer et à lâaffermir (verset 31).
Mais ici se présente une difficultéâ¯: Jésus adresse bientôt à ses auditeurs des paroles dâune extrême sévérité (versets 34, 37, 43, 44) et eux, de leur côté, manifestent une hostilité croissante, une haine qui va jusquâà chercher la mort de Jésus (versets 37 et 59).
Ces auditeurs sont-ils les mêmes hommes que ceux dont lâévangéliste nous dit quâils crurent en Jésusâ¯?
Plusieurs exégètes le pensent et en concluent que leur foi était une foi de mauvais aloi, qui laissait subsister dans le fond de leur cÅur les germes de leur inimitié naturelle. Mais nâest-ce pas là une contradiction psychologique et moraleâ¯? Donc, avec de Wette, Lücke, Tholuck, Meyer et dâautres, nous pensons que ce discours sâadresse à un auditoire mélangé, où, avec ceux qui croyaient, se trouvaient les adversaires de la vérité, assez clairement désignés par lâévangéliste.
Il y eut aussi sans doute quelques défections parmi ceux qui avaient été dâabord touchés des paroles de Jésus⦠(verset 30) Sâil se trouvait dans leur nombre des chefs du peuple, la promesse, par laquelle Jésus chercha à développer et à épurer la foi de ces nouveaux croyants (versets 31 et 32), révolta bientôt leur orgueil (verset 33).
Ce sont ces hommes et leurs pareils que Jean appelle dans la suite de lâentretien les Juifs, terme qui lui est familier pour indiquer les chefs de la théocratie (versets 48, 52 et 57, comparez Jean 1.19, note).
Ce sont ces hommes encore qui, dans cette discussion, sâemportent contre Jésus jusquâà une haine amère (versets 48 et 52) et jusquâà des desseins meurtriers (versets 37 et 40).
Cela seul explique les paroles sévères que le Seigneur leur adresse (verset 44). «â¯la foule était mélangéeâ¯Â», selon lâexpression de Bengel et lâon peut distinguer, par les paroles mêmes de Jésus, ceux de ses auditeurs auxquels il les adresse.
Verset 32
Cette promesse est un encouragement et constitue en même temps une épreuve pour ceux qui avaient cru et que Jésus distingue de la foule par ces motsâ¯: Vous, si vous demeurez dans ma parole.
Demeurer dans la parole de Jésus, câest la pratiquer dans une obéissance persévérante et en vivre par lâintelligence, par la conscience, par le cÅurâ¯; nous demeurons semblablement dans lâair que nous respirons.
Ailleurs Jésus ditâ¯: «â¯Que mes paroles demeurent en vousâ¯Â» (Jean 15.7) lâidée est la même. Si telle est votre attitude, vous êtes (présent) véritablement mes disciples, vous lâêtes et le resterez et nâaurez point reçu seulement une impression passagère de la parole que vous venez dâentendre.
La vérité qui est le contenu de ma parole, cette vérité qui est la parfaite révélation de lâessence du Dieu qui est amour, cette vérité que je suis moi-même (Jean 14.6) et qui est en moi le rayonnement de ma sainteté, cette vérité vous rendra libres, libres de toute servitude morale, du péché, de la corruption (comparez verset 34)â¯; elle vous rendra libres, en vous ramenant à Dieu qui est votre destination.
Un être nâest libre en effet que lorsquâil peut se développer conformément à la nature que Dieu lui a donnée et atteindre le but de son existence. En leur présentant ainsi la vraie liberté, Jésus encourage ses auditeurs à persévérer dans leur foi naissante, mais en même temps il met cette foi à lâépreuve et cherche à lâépurer en la débarrassant des éléments de propre justice, dâorgueil national, dâespérances politiques et charnelles dont elle était encore entachée.
Verset 33
Le ton hautain de cette réponse trahit les chefs de la théocratieâ¯; ils étaient présents et en faisant appel à lâorgueil de race, si profond chez les Juifs, ils entraînent dâautres auditeurs dans une opposition hostile à la parole du Sauveur.
Se méprenant sur le sens de ce motâ¯: être rendus libres, ils sâimaginent que Jésus méconnaît les privilèges quâils tiennent de leur descendance dâAbraham et dont ils étaient si fiers (comparer Matthieu 3.9).
Quelle est la liberté dont ils se vantent, en disantâ¯: Nous ne fumes jamais esclaves de personneâ¯?
Les interprètes diffèrent sur cette question.
Les uns pensent que les Juifs sâattribuent la liberté politique, oubliant dans lâaveuglement de leur orgueil national les diverses servitudes de leur peuple en Ãgypte, à Babylone, niant même quâà cette époque ils sont sous la domination des Romains.
Dâautres, estimant impossible une prétention si contraire aux faits, croient quâils parlent de la liberté religieuse que leur assurait leur privilège de peuple élu, la connaissance du vrai Dieu les élevant au-dessus des autres peuples asservis aux ténèbres du paganisme.
Les promesses faites à Abraham (Genèse 17.16â¯; Genèse 22.17-18), prises à la lettre, les entretenaient dans cette idée de leur supériorité et de leur indépendance spirituelles. Mais cette explication est alambiquée et lâon a peine à croire que les adversaires de Jésus se soient arrêtés à de telles pensées. Il est plus simple dâadmettre avec Lücke, MM. Weiss et Godet, quâils entendent la promesse de Jésusâ¯: la vérité vous rendra libres, de la liberté civile et quâils se vantent de nâavoir jamais été asservis à leurs concitoyens, la loi (Lévitique 25.39 et suivants) interdisant de réduire en esclavage un Israélite. La réponse de Jésus (verset 35) montre quâil sâagissait bien dâesclaves domestiques.
Verset 34
Cette parole claire et profonde, rendue plus pénétrante encore par lâaffirmation solennelleâ¯: En vérité, en vérité, je vous dis, replace la question de liberté ou dâesclavage sur son vrai terrain, celui de la conscience morale.
Le péché est, dans son essence, la révolte contre Dieu, la folie de vouloir être indépendant de lui. Lâhomme qui sây adonne tombe donc par là dans lâesclavage de la chair, du monde du prince de ce monde, il a mille maîtres, tous étrangers à sa nature.
Le développement des passions, en particulier, est un commentaire effrayant de cette parole (comparer Romains 6.17-18â¯; Luc 15.11 et suivants).
Verset 35
Jésus explique et développe sa pensée de lâesclavage moral en le comparant à lâesclavage social.
Lâesclave nâa aucun droit dans la maisonâ¯; il nây demeure pas toujoursâ¯; son maître peut le vendre ou le renvoyer. Telle était partout dans lâantiquité sa déplorable condition.
Peut-être même, pour répondes à lâobjection des Juifs (verset 33), Jésus fait-il allusion au fils dâAgar chassé de la maison, bien quâil fût «â¯la postérité dâAbrahamâ¯Â» (Genèse 21.10, Galates 4.30).
Le fils, au contraire, a tous ses droits dans la maison, il y demeure toujours il en sera lâhéritierâ¯; alors il aura le droit dâaffranchir tous les esclaves (verset 36).
Si maintenant on se souvient que cette maison est la maison de Dieu, sa famille, son royaume, on comprendra quel sérieux avertissement il y avait dans cette parole pour les auditeurs de Jésusâ¯!
Plusieurs interprètes pensent quâici déjà Jésus se désigne lui-même par ce motâ¯: le fils. Mais ce terme ne désigne encore que la qualité dâun fils et non la personne du Filsâ¯; ce nâest quâau verset suivant que Jésus se fait à lui-même lâapplication de lâimage.
Verset 36
Si donc (puisquâil en a le droit et la puissance) le Fils vous rend libres vous serez réellement libres.
Réellement, non de la fausse liberté dont vous prétendez jouir (verset 33), mais de «â¯la liberté des enfants de Dieuâ¯Â» (Romains 8.21).
Verset 37
Jésus ne nie pas les privilèges extérieurs que ces Juifs tenaient de leur descendance dâAbrahamâ¯; mais il leur prouve, en dévoilant les mauvais desseins de leurs cÅurs, combien ils sont éloignés dâêtre ses enfants.
Il leur montre ainsi quâil connaissait leurs sentiments et que la haine dont il les savait animés, devait aboutir à sa mortâ¯: Vous cherchez à me faire mourir (grec à me tuer)â¯! Et la raison quâil en donne, câest que sa parole, qui les aurait rendus libres de leurs passions, ne pénètre pas en eux.
Dâautres traduisentâ¯: ne fait pas de progrès en vous et pensent que cette déclaration sâadressait à . ceux qui avaient commencé à croire (verset 30). Le verbe signifie proprement avancer.
Verset 38
Pourquoi ma parole nâa-t-elle aucun empire sur vousâ¯? Câest parce que cette parole provient dâune tout autre source que vos sentiments et vos actions. Moi je dis ce que jâai vu chez mon Pèreâ¯; câest donc lui qui parle par ma bouche.
Vous donc aussi (ce donc marque une ironie pleine de tristesse), ce que vous avez entendu de votre père, vous le faites.
Il ne dit point encore qui est ce père, il le dira au verset 44. Ainsi Dieu et le prince des ténèbres, tels sont les deux êtres invisibles desquels dépendent Jésus dâune part et ses auditeurs dâautre part.
Comment pourrait il y avoir entre eux harmonieâ¯? Comment la parole de Jésus pourrait-elle pénétrer en ceux qui lâentendentâ¯?
Le texte reçu porteâ¯: mon Père et votre père. Mon est omis dans B, Câ¯; votre dans B. il reste alors, dans les deux propositions, simplement le père.
Ce texte adopté par les éditeurs modernes donne à la pensée un caractère encore plus finement énigmatique et ironique.
En outre, le texte reçu avec. Codex Sinaiticus, D, Itala porteâ¯: ce que vous avez vu, au lieu deâ¯: entendu. Les copistes auront voulu rendre semblables les deux phrases parallèles.
Verset 39
En entendant Jésus leur parler dâun père quâils imitent dans leurs actions, ses auditeurs se réclament pour la seconde fois (verset 33) de leur descendance dâAbrahamâ¯; mais le Seigneur, plongeant son regard dans leur cÅur et dans leur vie leur prouve quâils ne sont point moralement enfants dâAbraham, puisquâils font des Åuvres tout opposées aux siennes (verset 40).
Dâaprès une variante, Jésus aurait ditâ¯: «â¯Si vous êtes (Codex Sinaiticus, B, D) enfants dâAbraham, vous feriez ou (impératif) faites (B, vulgate) les Åuvres dâAbrahamâ¯Â». Lâidée serait la même au fond.
Verset 40
Quel contraste criant entre une telle conduite et les Åuvres dâAbrahamâ¯!
Le trait le plus saillant de son caractère fut une humble obéissance à Dieuâ¯; et vous, vous cherchez à faire mourir un homme qui vous annonce la vérité de Dieuâ¯!
Verset 41
Pour la seconde fois (verset 38), Jésus cherche à leur faire sentir que, loin dâêtre moralement les enfants dâAbraham, ils sont sous lâinfluence dâun autre père dont ils imitent les Åuvres (verset 44) et quâil évite encore de nommer.
Sâapercevant enfin que Jésus parle dâune filiation spirituelle et leur reproche dâêtre les enfants dâun père invisible auquel ils obéissent, ils affirment hardiment quâils nâont quâun seul père et que ce Père, câest Dieu.
Pour le prouver, ils disent avec un orgueil indignéâ¯: «â¯Nous ne sommes pas des enfants illégitimesâ¯Â» (grec nous ne sommes pas nés de la fornication ou de lâadultère).
Puisquâil sâagit de leur prétention dâavoir Dieu pour père, ils entendent ces paroles dans un sens spirituel.
En effet, dans le langage de lâÃcriture, Dieu est le Père de son peuple (Ãsaïe 63.16, Malachie 2.10), les Israélites, qui se détournent de lui pour suivre dâautres dieux, sont nommés les enfants de lâadultère (Ãsaïe 1.21â¯; Ãsaïe 57.3â¯; Osée 2â¯; 4â¯; Jérémie 3.8).
Câest dans ce sens, de leur fidélité au seul vrai Dieu, que les auditeurs de Jésus sâempressent dâaffirmer quâils ne sont pas des enfants illégitimes, mais quâils nâont quâun Père, Dieu. On a donné diverses autres explications de cette parole, celle que nous venons dâindiquer nous paraît la plus conforme aux idées que les Juifs empruntaient aux Ãcritures.
Tout au plus pourrait-on ajouter avec M. Godet que, «â¯même en sâélevant avec Jésus au point de vue moral, ils ne peuvent se dégager de leur idée de filiation physiqueâ¯Â» et que, en se comparant aux Samaritains, ils se vantent de «â¯nâavoir pas une goutte de sang idolâtres dans les veinesâ¯Â», dâêtre «â¯Hébreux, nés dâHébreuxâ¯Â» (Philippiens 3.5).
Verset 42
Si Dieu était votre Père, vous auriez en vous les sentiments dont ses enfants sont animés et vous mâauriez reconnu des lâabordâ¯; bien plus, vous mâaimeriez, puisque câest de lui que je tire mon origineâ¯: câest de Dieu que je suis issuâ¯; câest de son essence même que jâémane (comparez Jean 13.3â¯; Jean 16.27-28â¯; Jean 16.30â¯; Jean 17.8) et câest aussi de lui que je tiens ma missionâ¯: câest lui qui mâa envoyé.
Verset 43
Le langage, câest la forme, lâaccent lâidiome (Matthieu 26.73), la parole, câest le fond, le contenu, la pensée.
Or les auditeurs de Jésus ne reconnaissent pas son langage, parce quâils ne peuvent pas écouter sa parole de manière à la recevoir dans leurs cÅursâ¯; ils sâen sont rendu moralement incapables. Câest ainsi que, bien souvent, le langage même de lâÃvangile est inintelligible a ceux qui nâen sentent pas la vérité.
Verset 44
Grecâ¯: Vous, vous êtes du père, le diable, câest-à -dire le père dont vous êtes les enfants, câest le diable.
Jésus venait de dénier à ses adversaires quâils fussent enfants de Dieu (verset 42). Deux fois il avait insinué quâils avaient un autre père (versets 38 et 41) maintenant, en présence de leurs orgueilleuses prétentions, il nomme ce père duquel ils sont issus, sans reculer devant la sévérité de cette révélation.
Il est évident quâil ne faut entendre ce mot de père, ni dans son sens naturel, ni dans un sens métaphysique, mais lui donner une signification morale. Dans le langage de lâÃcriture, chacun est fils de celui dont il reçoit les inspirations et qui lâanime de son esprit.
Il est donc tout naturel dâajouter que de tels hommes veulent agir a la manière de celui qui les inspire, accomplir ses désirs ou ses convoitises.
Quels sont ces désirs� Jésus va le dire, en retraçant en traits saisissants le caractère de Satan, caractère dans lequel les adversaires du Sauveur seront forcés de se reconnaître.
Il y a dans ces mots une allusion évidente à lâhistoire de la chute, bien connue des auditeurs de Jésus.
Satan a été meurtrier ou homicide en entraînant le premier homme dans le péché, cause de la mort temporelle et éternelle (Romains 5.12â¯; comparez 2 Corinthiens 11.3â¯; 1 Jean 3.8).
Le mot dès le commencement, câest-à -dire dès lâorigine de notre humanité, confirme cette interprétation. Dâautres, se fondant sur 1 Jean 3.12-15, voient dans ces paroles une allusion au meurtre dâAbelâ¯; mais nulle part la Bible nâattribue à Satan un rôle spécial dans ce crime.
Il est évidant, dâailleurs, que Jésus a en vue un fait universel dans ses conséquences et qui a constitué enfants du diable ceux qui, comme lui, portent dans leur cÅur des desseins meurtriers. Câest ce qui ressort clairement de ce discours (versets 37, 40 et 44) et surtout de ces motsâ¯: «â¯vous voulez accomplir les désirs de votre pèreâ¯Â».
Jésus emploie ici les mots de vérité et de mensonge dans leur sens absolu.
La vérité, câest la parfaite harmonie dâun être avec lui-même et avec la pensée qui a présidé à sa créationâ¯; en dâautres termes, lâharmonie entre sa nature et sa destination, qui est Dieu. Dès quâun être tombe de cette vérité, se sépare de Dieu qui est la vérité suprême, il devient une vivante contradiction, un mensonge et il vit dans le mensonge. Câest là ce que Jésus nous révèle sur la nature de Satan.
On ne doit pas traduire, avec la Vulgate et la plupart des anciennes versionsâ¯: il ne sâest point tenu dans la vérité, ni voir dans ces mots, avec Augustin et la plupart des interprètes catholiques, une affirmation de la chute du démon (2 Pierre 2.4).
Le sens estâ¯: il ne se tient point dans la vérité et ces mots caractérisent la position actuelle de Satan.
Il nâest pas moins vrai que la chute de Satan est supposée par notre passage. Satan nâa pas été créé dans le mal et la conception dualiste dâun principe éternel du mal est étrangère à notre évangile. Satan ne se tient pas dans la vérité, parce quâil nây a point de vérité en lui.
M. Godet fait remarquer lâabsence dâarticle devant le mot vérité et paraphrase ainsiâ¯: «â¯Satan est privé de la vérité, parce quâil manque de vérité, de cette droiture de la volonté qui aspire à la réalité divineâ¯Â»
Le mensonge est sa nature et quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds.
Et enfin, non seulement il est menteur, mais le père du mensonge, parce quâil lâa introduit dans ce monde, en prononçant ce premier mensongeâ¯: «â¯Vous ne mourrez nullementâ¯Â» (Genèse 3.4) et parce quâil a inspiré dès lors tous les mensonges qui ont eu cours parmi les hommes.
Le grec porte ici littéralementâ¯: il est menteur et son père, plusieurs interprètes rapportent le pronom son à menteur et entendent quâil est le père du menteur quâil lâinspire.
Mais, avec de Wette et dâautres, nous préférons la version admise dans le texte, qui fait du mensonge un principe émanant du diable. Un homme pourrait être le «â¯père du menteurâ¯Â» en lui inspirant la fausseté, mais être le «â¯père du mensongeâ¯Â» ne peut se dire que du démon.
Quand Jésus parle ainsi de Satan, on ne saurait lui imputer une accommodation aux idées reçues, car «â¯câest spontanément que Jésus donne cet enseignement sur la personne, le caractère et le rôle de cet être mystérieuxâ¯Â», Godet.
à quoi on peut ajouter, avec Tholuck, que si les déclarations de ce verset sâappliquent fort bien à un être personnel déchu, elles résistent au contraire à toute explication qui tendrait à ne faire du diable quâune personnification, propre au langage populaire, de lâesprit du monde ou du mal.
Verset 45
Ce motâ¯: mais moi, placé en tête de la phrase, marque lâopposition absolue quâil y a entre Jésus et «â¯le Père du mensongeâ¯Â» (verset 44).
Moi, je dis la véritéâ¯; et câest précisément la raison (parce que) pour laquelle vous, les enfants de ce père, ne me croyez point. Si je proférais le mensonge, vous me croiriez, parce que je parlerais selon lâesprit qui vous anime (verset 47). Abîme de dépravation morale et intellectuelleâ¯!
Verset 46
La preuve sans réplique que Jésus dit la vérité, câest la sainteté de sa vieâ¯: (Jean 8.29â¯; Jean 7.18) Qui de vous (grec) me convainc de péchéâ¯?
La question que Jésus jette comme un défi à ses adversairesâ¯:
La sainteté parfaite de Jésus-Christ ressort avec évidence de lâassurance avec laquelle il pose cette question.
En effet, comme le dit M. Godetâ¯:
Ce fait de la sainteté de Jésus-Christ sâimpose donc à la conscience humaine et doit gagner au Sauveur la confiance de toute âme sincère. Et comme ce fait est absolument unique dans lâhistoire de notre humanité, il forcera tout homme non prévenu à conclure de la sainteté du Sauveur à sa divinité.
Câest ce quâa fait Ullmann dans son beau livreâ¯: La sainteté parfaite de Jésus-Christ traduit par Th. Bost.
Il faut donc bien se garder de donner ici au mot de péché le sens dâerreur et de dire, comme Calvin, que Christ «â¯défend plutôt sa doctrine que sa personneâ¯;â¯Â» car Jésus ne cherche pas à provoquer une discussion tout intellectuelle, qui serait contraire à sa méthode habituelle.
Cette explication dépouille la parole de Jésus de sa signification profonde en méconnaissant la solidarité quâelle établit entre la sainteté et la vérité.
Verset 47
Telle est la vraie réponse à la question qui précèdeâ¯: Pourquoi ne me croyez-vous pasâ¯? Et cette réponse est en même temps une sentence prononcée sur leur incrédulité.
Pour croire la vérité, il faut être de Dieu dont elle émane, câest-à -dire être sous lâinfluence de son Esprit, éprouver «â¯lâattrait du Pèreâ¯;â¯Â» (Jean 6.44) câest ce que Jésus nomme ailleurs «â¯Ãªtre de la véritéâ¯Â» (Jean 18.37).
Or, ses adversaires ne sont pas de Dieuâ¯; ils sont du diable (verset 44, la préposition qui indique ce rapport est la même dans les deux cas) et voilà pourquoi ils nâécoutent point ses paroles.
Ce verbe a ici le sens de lâhébreu qui signifie, à la fois, écouter avec attention, comprendre, obéir.
Verset 48
Les Juifs haïssaient et méprisaient les Samaritains, parce quâils les considéraient comme des ennemis du peuple de Dieu et des schismatiques (Matthieu 10.5-6, noteâ¯; comparez Jean 4.9).
Appeler quelquâun Samaritain était une injure.
Mais, non contents de cet outrage, les adversaires de Jésus en ajoutent un second, plus haineux encore, par ces motsâ¯: Tu as un démon, câest-à -dire tu en es possédé, tu es fou.
Les Juifs voyaient dans la folie un effet de lâinfluence satanique (Jean 8.52â¯; Jean 7.20). Ainsi, plus les vérités que proférait le Sauveur devenaient claires et sévères, plus la haine de ses adversaires augmentait. Ne pouvant réfuter ses paroles, ils lâinjurient.
Verset 49
Sans sâémouvoir de ces injures, Jésus se contente de répondre avec calme et dignité que, dans tout ce quâil vient de dire, il ne cherche que lâhonneur de Dieu, non sa propre gloire et il remet sa cause et tout jugement à son Père céleste.
Eux, au contraire, le déshonorent par leurs outrages il le sent fort bien mais il sâen remet à Dieu (1 Pierre 2.23).
Verset 51
à qui sâadressent ces parolesâ¯?
Les interprètes se divisent sur cette question.
Les uns, Calvin, de Wette, M. Godet, pensent que Jésus, après une pause, se tourne vers ses auditeurs les mieux disposés, vers ceux qui avaient éprouvé un premier mouvement de foi (verset 30) et rempli la condition posée par lui au verset 31â¯; il fait maintenant briller à leurs regards la magnifique promesse du verset 51.
Dâautres comme Meyer, Weiss, Luthardt, pensent que ces paroles se relient immédiatement à celles qui précèdent et que Jésus, tout en annonçant le jugement de Dieu (verset 50), déclare une dernière fois que la parole quâil annonce est le seul moyen dâéchapper à la mort.
Si la première supposition paraît plus conforme à la teneur du verset 51 on peut remarquer, à lâappui de la seconde, quâau verset 52 ce sont les mêmes adversaires qui répondent en reproduisant la pensée injurieuse quâils avaient énoncée (verset 48).
Quoi quâil en soit, Jésus proclame une de ces vérités profondes qui renferment des trésors de consolation et dâespérance.
Garder sa parole, câest y demeurer (verset 31), en faire lâélément de sa vie intérieure, la pratiquer dans toute sa conduite (Jean 14.23-24â¯; Jean 17.6).
Quiconque vit de cette parole, possède la vie éternelleâ¯: il ne verra jamais la mort.
Il ne faut pas diminuer la portée de cette parole en la paraphrasantâ¯: «â¯Il mourra bien, mais non à jamaisâ¯Â».
Cette déclaration absolue et paradoxale doit sâexpliquer à la lumière de Jean 11.25-26â¯; comparez Jean 5.24â¯; Jean 6.50.
Aux yeux de Jésus la mort du corps nâest pas la mort mais un sommeil (Matthieu 9.24â¯; Jean 11.11), le passage à la plénitude de la vie. La mort vraie, complète, est celle de lââme sa séparation dâavec Dieu, or une telle mort est devenue impossible pour celui qui possède en Dieu la vie éternelle.
Sur cette expression significativeâ¯: voir la mort, comparez Luc 2.26.
Verset 53
Les Juifs, prenant le mot de mort dans un sens purement matériel, sâaffermissent dans leur opinion injurieuse que Jésus est fou, quâil parle sous lâinfluence dâun démon (verset 48, note).
Les plus grands hommes de Dieu, Abraham, les prophètes sont mortsâ¯; et toi, tu prétends avoir la puissance dâexempter de la mortâ¯!
Qui prétends-tu être� (grec qui te fais-tu toi même�).
Au lieu du termeâ¯: voir la mort, ces disputeurs disent goûter la mort. Lâidée est la même, avec cette différence que ce dernier mot offre lâimage dâune coupe amère quâil sâagit de vider (comparer Matthieu 16.28).
Verset 54
Jésus répond à ceux qui lâaccusent de sâélever lui-même jusquâà prétendre délivrer de la mortâ¯: Si câest moi, moi seul, qui me glorifie, cette gloire est vaineâ¯; mais je la puise tout entière dans mon unité avec mon Père (comparer verset 16).
Câest lui, dont vous ditesâ¯: Il est notre Dieu, qui me glorifie. Sâil était vraiment votre Dieu, vous croiriez en moiâ¯; mais votre opposition contredit vos paroles.
Le texte reçu avec Codex Sinaiticus, B, D porteâ¯: «â¯Quâil est votre Dieuâ¯Â».
Meyer, Tischendorf, Tregelles préfèrent le texte de A, C, la plupart des majuscules, estimant que votre est une correction faite sous lâinfluence du vous qui précède.
Verset 55
Vous ne le connaissez pointâ¯; il y a en grec le parfait qui signifieâ¯: vous nâavez pas appris à le connaître et vous ne le connaissez pas actuellement.
Malgré la révélation de Dieu dans sa Parole, ils sont dans cette profonde ignorance, à cause de leur aveuglement moral.
Mais Jésus le connaît et il garde sa parole, car il est avec lui dans une complète unité de volonté et dâamour. Câest à ce caractère que les Juifs auraient dû reconnaître la vérité divine de ses paroles.
Indigné de leur résistance à cette vérité, Jésus leur rappelle encore lâesprit de mensonge qui en est la cause et quâil leur a déjà signalé au verset 44.
Verset 56
Jésus, après sâêtre justifié du reproche de se glorifier lui-même, aborde la question posée par les Juifsâ¯: «â¯Es-tu plus grand quâAbrahamâ¯?â¯Â» (verset 53) Oui, je le suis, répond-il hardiment, puisque jâai été lâobjet de lâespérance et de la joie de ce patriarche.
Il y a de lâironie dans ce motâ¯: Abraham, votre père, celui que vous vénérez, sâest humblement réjoui dans lâespoir de ma venue.
Quel contraste avec leur attitudeâ¯!
Lâévénement après lequel soupirait Abraham et que Jésus appelle mon jour, ne peut être que lâapparition du Sauveur sur la terre, pour accomplir la rédemption du monde (Luc 17.22). En effet, quoique ce terme désigne fréquemment sa seconde venue (Luc 17.24-26â¯; 1 Corinthiens 1.8, Philippiens 1.6â¯; 1 Thessaloniciens 5.2 etc.), il nâest pas probable quâil faille lâentendre ici dans ce sens.
Mais quand est-ce quâAbraham a tressailli dans lâespérance de voir ce jour de Christâ¯? Et quand est-ce quâil lâa vu et sâen est réjouiâ¯? car ce sont bien ces deux joies successives que Jésus attribue au patriarche.
Sur la première question, les interprètes sont dâaccordâ¯: les promesses de Dieu, auxquelles Abraham crut, furent la cause de sa joyeuse espérance, car elles avaient pour objet le salut du monde (Genèse 18.17-18â¯; Genèse 22.18, etc.).
Sur la seconde questionâ¯: quand est-ce quâAbraham a vu ces espérances réalisées et sâen est réjouiâ¯? les opinions sont diverses.
Les Pères de lâÃglise et les réformateurs ont généralement rapporté ce fait à la vie dâAbraham sur la terre et lâexpliquent, soit, encore ici, par sa foi aux promesses de Dieu, soit par une vision prophétique (comparez Hébreux 11.13), ou quelque révélation, qui lui auraient été accordées à un moment de sa carrière que nous ne connaissons pas, soit par quelque événement important de sa vie, par exemple, lorsquâIsaac lui fut donné dans sa vieillesse ou lui fut rendu après lâépreuve de Morija (Genèse 22).
Mais les interprètes modernes objectent à cette explication que les deux propositions du versetâ¯: il a tressailli de voir mon jour et il lâa vu et sâest réjoui nâexprimeraient quâune même émotion, ce qui nâest pas naturelâ¯; et que, dâautre part, elle ne rend pas compte de ce terme précis mon jour, ou lui donne un sens forcé. Ils admettent donc quâAbraham a réellement vu le jour du Sauveur, câest-à -dire sa venue sur la terre, et cela, du haut du ciel où il vit.
Ce serait en même temps, une réfutation indirecte de la parole des Juifsâ¯: «â¯Abraham est mortâ¯Â» (verset 52) et une confirmation de la déclaration du Sauveurâ¯: «â¯Si quelquâun garde ma parole, il ne verra jamais la mortâ¯Â» (verset 51).
Câest lâinterprétation admise par la plupart des exégètes modernes, Lücke, Tholuck, de Wette, Lange, MM. Luthardt, Weiss, Godet.
On pourrait objecter que lâidée de mettre ainsi un habitant du ciel en rapport avec la terre et de lui attribuer la connaissance de ce qui sây passe est étrangère au Nouveau Testament. Divers indices significatifs montrent cependant que les deux mondes ne sont pas absolument fermés lâun à lâautre. Voir, relativement à ce même Abraham, Luc 16.23.25.
Et quand il sâagit dâun fait aussi immense que la venue du Sauveur, pouvait-il être ignoré dans le cielâ¯? Moïse et Ãlie nâen furent-ilsâ¯; pas les témoins (Matthieu 17.3â¯; Marc 9.4â¯; Luc 9.30-31)â¯? Ne fut-il pas annoncé à la terre par des anges (Luc 2.10-11â¯; Luc 2.13-14)â¯?
Verset 57
De ce quâAbraham a vu le jour de Christ, il paraissait résulter que Christ avait dû voir Abraham, câest-à -dire avoir existé deux mile ans avant son temps. Quelle absurdité aux yeux des Juifsâ¯!
Bien que Jésus nâeût que trente et quelques années, les Juifs disentâ¯: Tu nâas pas encore cinquante ans, afin dâêtre sûrs de dépasser son âge dans leur estimation. Ils veulent direâ¯: Tu nâes pas encore un vieillard (Nombres 4.3-39â¯; Nombres 8.24-25).
Verset 58
Grecâ¯: Avant quâAbraham devint, naquit à lâexistence, moi, je suis.
Le devenir appartient à tout ce qui est crééâ¯; lâêtre absolu, éternel, appartient à Dieu seul et câest dans ce sens que Jésus-Christ parle ici (comparer verset 24, note).
Il faut bien remarquer ce présentâ¯: je suisâ¯; Jésus ne dit pasâ¯: jâétais, comme le voudrait la grammaire et comme traduit Ostervald, pour lui, le temps nâexiste pas. Cette grande vérité de sa préexistence éternelle, Jésus lâaffirme solennellement, en présence de ses ennemis, comme il lâexprimera en parlant à Dieu son Père, dans sa dernière prière (Jean 17.5).
Câest donc de la bouche même de son Maître que Jean à tiré lâidée sublime de son prologue (Jean 1.1).
Il est tristement instructif de voir les efforts dâimagination que faisait lâancien socinianisme et que font encore aujourdâhui bien des théologiens, pour échapper à la vérité révélée par ces paroles.
Verset 59
Ils ont compris. «â¯Devant cette réponse, il ne restait aux Juifs quâà adorer,⦠ou à lapiderâ¯Â». Godet (Jean 5.18â¯; Jean 10.31-33).
Jésus se cacha dans la foule qui lâentourait et où ses disciples purent faciliter son évasion. Ainsi il sortit du temple pour se soustraire aux desseins meurtriers de ses ennemis.
Le texte reçu ajouteâ¯: passant au milieu dâeuxâ¯; et ainsi il sâen alla.
Ces mots qui manquent dans Codex Sinaiticus, B, D, Itala sont presque littéralement empruntés à Luc 4.30 et ont été introduits dans notre texte afin de marquer que Jésus recourut à un miracle pour se soustraire au danger.
Mais lâexpressionâ¯: il se cacha exclut plutôt quâelle ne suppose une action surnaturelle.