Lectionary Calendar
Tuesday, November 5th, 2024
the Week of Proper 26 / Ordinary 31
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur James 2". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/james-2.html.
bibliography-text="Commentaire sur James 2". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-26
Plan du commentaire biblique de Jacques 2
L’acception de personnes condamnée
Elle ne doit pas se montrer chez ceux qui croient en Jésus-Christ glorifié (1).
Un exemple de ce travers chez les destinataires de l’épître
Dans leur assemblée, ils font un accueil empressé au riche, tandis qu’ils traitent le pauvre avec mépris, se mettant ainsi en contradiction avec eux-mêmes et obéissant à de mauvaises pensées (2-4).
Les pauvres et les riches devant Dieu et dans leurs rapports avec l’Église
Dieu a choisi les pauvres pour leur faire hériter de son royaume et vous leur faites affront ! Les riches vous oppriment et blasphèment le nom de Christ (5-7).
Réponse à une objection, l’unité de la loi
On ne saurait invoquer la loi royale de l’amour fraternel pour justifier l’accueil flatteur fait au riche, car l’acception de personnes est une transgression de cette loi. Celui qui viole la loi sur un seul point est coupable comme s’il les avait tous violés, car ils émanent tous d’un même législateur (8-11).
La loi de la liberté. La miséricorde et le jugement
Paroles et actes du chrétien doivent être réglés par la pensée qu’il sera jugé selon la loi de la liberté : jugement impitoyable pour qui n’a pas la charité, mais que peut affronter sans crainte celui qui la possède (12-13).
Faire acception de personnes, c’est devenir transgresseur de la Loi
Verset 1
L’acception de personnes et la loi de l’amour fraternel 2.1-13
Versets 1 à 13 — Faire acception de personnes, c’est devenir transgresseur de la Loi
Grec : « N’ayez pas en des acceptions de personnes la foi en notre Seigneur Jésus-Christ de la gloire ». On ne peut faire de cette phrase une interrogation comme on l’a proposé : « Avez-vous en acception de personnes votre foi » ? Car, d’après l’original, cette question exprimerait une supposition peu vraisemblable, tandis que la suite montre qu’il s’agit d’un fait qui, malheureusement, se produisait dans les assemblées.
L’expression : « N’ayez pas votre foi en acception de personnes », signifie que votre foi ne soit pas mêlée d’acception de personnes, qu’elle ne s’allie pas à la tendance à faire des distinctions entre les hommes et à avoir égard à leur apparence.
Cette disposition est incompatible avec la foi en notre Seigneur Jésus-Christ glorifié.
Le génitif (grec) de la gloire se rapporte à toute la locution notre Seigneur Jésus-Christ (Beyschlag), plutôt qu’au seul terme de Seigneur : (1 Corinthiens 2.8) « notre glorieux Seigneur » (Rilliet) ; ou au mot Christ : « Jésus le Christ de gloire » (Stapfer).
Jacques rappelle que l’objet de notre foi est Jésus-Christ élevé dans la gloire éternelle des cieux pour faire comprendre quel est, en sa présence, le néant des distinctions humaines.
Quelques interprètes considèrent, dans ce passage, Jésus-Christ non comme l’objet, mais comme l’auteur de la foi. Le grec, qui porte la foi de notre Seigneur Jésus-Christ, permettrait cette traduction mais celle-ci serait contraire à l’usage constant du Nouveau Testament.
Pour combattre l’esprit pharisaïque et mondain qui régnait chez les juifs et menaçait d’envahir l’Église, Jacques commence par l’attaquer dans une de ses manifestations : la différence marquée qu’on faisait entre le pauvre et le riche (verset 2 et suivants).
Les chrétiens étaient encore en relations constantes et étroites avec les Juifs (voir l’Introduction) ; par ce contact, leur amour mutuel pouvait facilement se refroidir et faire place au sens charnel qui dominait dans la nation juive.
C’est pourquoi Jacques après avoir combattu celui-ci dans l’acception des personnes, rappelle le grand commandement de l’amour du prochain, qui ne connaît nulles différences (verset 8) et fait ressortir l’idée essentielle de la foi, dont on ne peut violer un seul point sans être coupable de tous (versets 10 et 11).
Le Sauveur, de même, combattait le pharisaïsme, en relevant le pauvre pour humilier le riche orgueilleux (Luc 6.24 ; Matthieu 19.23 ; Luc 14.8 et suivants ; comparez l’Introduction) et en déclarant coupable la transgression du plus petit commandement de la loi (Matthieu 5.17-20).
Verset 2
Grec : Dans une assemblée de vous.
Il ne faut pas traduire : « dans votre assemblée », comme si l’épître n’était adressée qu’à une seule communauté (Jacques 1.1, 2e note).
Il faut remarquer que le mot grec rendu par assemblée est ici synagogue ; d’où il est permis de conclure, ce qui d’ailleurs ressort de toute l’épître (voir la note précédente et l’Introduction) que Jacques adresse sa lettre à des communautés judéo-chrétiennes, qui avaient conservé à leurs lieux de réunion la désignation usitée chez les Juifs.
On est allé trop loin en affirmant que ces chrétiens n’étaient pas encore séparés de la synagogue et continuaient à se réunir les jours de sabbat avec leurs concitoyens non convertis (Actes 19.8 ; Actes 19.9) ; car s’il s’agissait ici de synagogues juives, les chrétiens n’auraient pas eu qualité pour y assigner des places aux arrivants.
Les assemblées chrétiennes sont également appelées synagogues dans l’épître aux Hébreux (Hébreux 10.25).
Verset 3
Les uns traduisent : honorablement, à cette place d’honneur, les autres : commodément, à ton aise.
Le terme de l’original réunit les deux idées : il désigne une place avantageuse, une place en vue et confortable.
La suite (versets 5-7) semble montrer que les riches accueillis avec cet empressement n’étaient en général pas des chrétiens. On voit, d’après 1 Corinthiens 14.22 ; 1 Corinthiens 14.23, que les assemblées de l’Église primitive recevaient la visite d’auditeurs étrangers à la foi. Le cas devait se présenter fréquemment dans les milieux judéo-chrétiens.
Verset 4
Les premiers mots de ce verset ont été traduits et expliqués de bien des manières diverses.
On peut faire de cette proposition une question ou une affirmation. Le manuscrit B supprime la négation, qui se lit dans les autres documents. Plusieurs de ceux-ci, suivis par le texte reçu, commencent la phrase par et ; cette conjonction, qu’il faudrait traduire par eh bien ! est retranchée comme inauthentique dans les éditions critiques.
Enfin le verbe de la proposition présente diverses significations. Il se trouve au chapitre précédent (Jacques 1.6) dans le sens de hésiter, douter. La plupart des exégètes modernes conservent ici ce sens, qui est le plus usité dans le Nouveau Testament (Matthieu 21.21 ; Actes 10.20 ; Romains 4.20 ; Romains 14.23, etc.) et pensent que Jacques voit dans la conduite de ceux qui font ainsi acception de personnes un manque de foi chrétienne, selon la pensée du verset 1.
On peut préférer une interprétation analogue pour le fond, mais qui est plus claire à première vue et conforme d’ailleurs au sens premier du verbe, diviser, séparer : « Ne vous séparez-vous pas en vous-mêmes » ? C’est-à-dire : « N’y a-t-il pas de l’inconséquence en vous » ? Comme traduit Oltramare ; ou comme nous croyons pouvoir rendre ce terme : Ne vous mettez-vous pas en contradiction avec vous-mêmes et avec la foi que vous professez ?
La plupart de nos versions françaises portent : « Ne faites-vous pas en vous-mêmes une distinction, une différence », entre le riche et le pauvre. Mais cette traduction est plus difficile à justifier par l’usage du Nouveau Testament et de plus elle prête à Jacques une appréciation par trop effacée et naïve de la conduite de ses lecteurs, qu’il a si vivement dépeinte dans les versets précédents. N’allait-il pas sans dire que ceux qui agissaient de la sorte faisaient une distinction entre les personnes ?
Les deux interprétations que nous venons d’indiquer se partagent les principaux commentateurs.
Il en est enfin quelques-uns qui se sont attachés à une troisième signification du verbe grec, juger, discerner et le rendent soit par l’actif : N’avez-vous point de jugement, de discernement ? Soit par le passif : N’êtes-vous pas jugés en vous-mêmes ?
Dans le second membre de ce verset ainsi construit en grec : « N’êtes-vous pas devenus des juges de mauvaises pensées » ? Jacques veut dire qu’ils se constituent en juges de leurs frères et en juges mal inspirés, quand ils tiennent la conduite décrite aux versets 2 et 3 (comparer versets 5 et 6).
Verset 6
Les versets 5 à 7, introduits par cette apostrophe : mes frères bien-aimés, destinée à relever l’importance des considérations qui suivent, montrent à quel point leur conduite est en contradiction avec leur foi : Dieu honore le pauvre et vous le déshonorez, par des procédés comme celui qui est décrit versets 2 à 4 !
L’honneur que Dieu fait aux pauvres consiste en ceci : Dieu (verset 5) les a choisis (grec élus 1 Corinthiens 1.27), non parce qu’ils sont pauvres, non parce qu’ils sont riches en foi, bien moins encore parce qu’ils seraient, en tant que pauvres, héritiers du royaume, mais par sa pure grâce (Jacques 1.18 1re note), pour les faire riches en foi et héritiers de son royaume.
Leur pauvreté n’est donc pas un titre à cette élection, mais elle est un moyen dont Dieu se sert pour accomplir les desseins de sa grâce. Le sentiment de leur misère terrestre, de l’oppression et des privations dans lesquelles ils vivent, excite en eux, beaucoup plus facilement que chez les riches, le besoin de la grâce qui les enrichira. Il leur fait chercher le royaume des cieux, qui sera pour eux une abondante compensation à leurs souffrances (Matthieu 6.33 ; 2 Corinthiens 4.17 ; 2 Corinthiens 4.18).
Dieu, d’ailleurs, se plaît à élever ce qui est bas, afin de confondre toute hauteur qui s’oppose à son règne (comparer Luc 1.52 ; Luc 1.53 et surtout 1 Corinthiens 1.26-28).
Cette explication est la plus conforme à la pensée générale du Nouveau Testament, comme aux termes de notre passage. Celui-ci porte littéralement : « Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres selon le monde, riches en foi et héritiers du royaume » ?
Quelques interprètes font des mots riches en foi et héritiers… L’apposition des mots les pauvres ; mais, avec cette construction, le verbe a choisi est privé du complément qu’il demande.
Le texte le plus autorisé (majuscule) porte, non les pauvres du monde, mais les pauvres selon le monde (datif), ce que les uns interprètent : « aux yeux du monde », les autres : « en biens de ce monde ». Ce dernier sens est préférable comme formant antithèse aux riches en foi.
Verset 7
L’apôtre dit ailleurs (Jacques 5.4) en quoi consistait cette oppression des riches à l’égard des pauvres.
Ils les traînent devant les tribunaux, pour exercer contre eux des persécutions religieuses (Matthieu 10.17 ; Actes 9.2 ; Actes 26.10 ; Actes 26.11), peut-être aussi pour des affaires d’intérêt.
Ils blasphémaient le beau nom de Christ qui a été invoqué sur les chrétiens, non par leur conduite seulement (comme 1 Pierre 4.14 ; 2 Pierre 2.2), mais directement, en tant qu’ils rejetaient et maudissaient le Seigneur (comparer Actes 18.6 ; Actes 26.11 ; 1 Corinthiens 12.3).
Quand le verbe blasphémer est accompagné d’un régime et surtout du complément : le nom de,… il est plus naturel de l’entendre de l’outrage en paroles (Matthieu 27.39 ; Apocalypse 13.6 ; Apocalypse 16.9).
Aussi ne saurions-nous voir dans ces riches des chrétiens ; ce sont des Juifs incrédules et mondains, tout au plus des hommes qui, après avoir été attirés un temps, étaient retombés dans un judaïsme charnel et n’avaient plus rien ni des enfants d’Abraham ni des disciples de Christ (voir Jacques 1.9 et suivants, note et l’Introduction). C’est ce que prouve aussi cette distinction si tranchée : « Eux, les riches, vous oppriment », etc.
Verset 8
Les lecteurs pouvaient tenter de justifier l’accueil fait aux riches par le commandement de l’amour du prochain Jacques leur concède (sans doute) que cet accueil est en soi une action louable ; mais il leur rappelle que ce même précepte, ils le violent en recevant mal le pauvre.
Loi souveraine, qui domine toutes les autres, d’où elles dépendent (Matthieu 22.39 ; Matthieu 22.40 ; Romains 13.9 ; Romains 13.10). Elle est selon l’Écriture, parce qu’elle est contenue dans l’Écriture et conforme à son esprit.
Lévitique 19.18.
Verset 9
Ainsi, Jacques considère la conduite qu’il blâme ici comme une transgression de la loi, de la loi suprême, celle de l’amour du prochain, peut-être aussi, tout simplement, de la loi de Moïse, car le précepte cité est précédé, dans Lévitique 19.15, de ce commandement : « … Tu n’auras point égard à la personne du pauvre et tu ne favoriseras pas la personne du grand » (Spitta).
Verset 11
Jacques cite ces deux commandements, parce qu’ils sont les deux premiers de la seconde table, qui renferme les devoirs envers le prochain. Il intervertit leur ordre, mettant la défense de l’adultère avant celle du meurtre, conformément à une ancienne tradition, suivie également dans Marc 10.19 ; Luc 18.20, note ; Romains 13.9.
Faillir, ou broncher, ou tomber, en un seul commandement rend coupable à l’égard de tous. Jacques justifie ce jugement par la pensée que tous les commandements de la loi émanant du même Législateur suprême, c’est sa volonté sainte tout entière qu’on foule aux pieds par cette violation, quel qu’en soit d’ailleurs l’objet.
Il aurait pu ajouter que ce principe absolu est approuvé par la conscience ; car quiconque peut violer volontairement un seul point de la loi, peut en violer un autre et tous successivement, selon l’occasion.
Cette unité de la loi se montre avec évidence dans le cas supposé, où il s’agit du commandement qui prescrit l’amour du prochain : ce commandement transgressé, toute la loi est violée dans son essence, alors même qu’on en observerait extérieurement tous les préceptes, car « Dieu regarde au cœur ».
C’est toujours un signe que l’Église retombe dans les aberrations du pharisaïsme, quand on y voit apparaître l’aride casuistique qui place l’observation de la loi, non dans le cœur, mais dans les minutieuses prescriptions d’une morale sans amour comme sans liberté (verset 12).
Verset 12
Cette loi de la liberté (comparez Jacques 1.25, note) nous a affranchis à la fois du péché et de cette légalité servile qui choisit entre les commandements, calcule son obéissance et nourrit la propre justice.
D’autant plus grande sera notre responsabilité, si nous ne marchons pas d’une manière digne de cette vocation, comme des enfants de Dieu et non comme des esclaves sans amour (verset 13).
Verset 13
Comparer Matthieu 18.23-35.
Matthieu 5.7. Grec : « La miséricorde se glorifie contre le jugement ».
Le jugement menace le pécheur ; mais la charité qui anime le chrétien lui communique la joyeuse assurance qu’il échappera à la condamnation. C’est la victoire que l’amour de Dieu, répandu dans le cœur de ses enfants, remporte sur les châtiments de sa justice.
Calvin entend ici par miséricorde la miséricorde de Dieu, par laquelle Dieu pardonne au pécheur et triomphe ainsi de son propre jugement. Le contexte ne fait pas penser à Dieu, mais cette interprétation renferme une part de vérité, en ce que la miséricorde humaine n’est qu’un rejet de la divine miséricorde.
Verset 14
La foi qui ne produit pas des œuvres d’amour ne peut sauver
Si un homme se vante d’avoir la foi, sans faire d’œuvres, cette foi ne peut le sauver, car elle est morte, comme la charité qui s’en tient à de bonnes paroles (14-17).
La foi sans œuvres ne peut se prouver
Tu ne peux me montrer ta foi sans œuvres, tandis que je te montrerai ma foi dans mes œuvres. Tu crois en un Dieu unique ; les démons aussi (18, 19).
Inutilité de la foi sans œuvres démontrée par l’exemple d’Abraham
Elle ressort du fait qu’Abraham fut justifié par le sacrifice d’Isaac. Dans cette épreuve, qu’il subit victorieusement, sa foi fut rendue parfaite par les œuvres et la parole fut accomplie par laquelle sa foi lui avait été imputée à justice. C’est donc par les œuvres, non par la foi seule que l’homme est justifié (20-24).
Exemple de Rahab. La foi morte
Rahab aussi fut justifiée pour avoir reçu les espions. La foi sans les œuvres est semblable à un cadavre (25, 26).
La foi sans œuvres 2.14-26
Versets 14 à 26 — L’assurance illusoire d’une foi morte
Jusqu’ici Jacques a combattu les tendances pharisaïques qu’il sait exister chez une partie de ses lecteurs ; elles se manifestaient par un christianisme superficiel qui ne se souciait pas de mettre en pratique la Parole de Dieu (Jacques 1), par une foi qui s’alliait à un manque de charité et d’égards pour les humbles, parce qu’elle méconnaissait l’unité de la loi (versets 1-13)
Maintenant il pénètre jusqu’au défaut qui est à la base de tous les autres : la sécurité trompeuse qu’inspire une foi sans œuvres. Selon son habitude, il énonce d’emblée la pensée principale.
La foi sert à sauver, à procurer l’absolution au jour du jugement (Jacques 2.13 ; Jacques 4.12 ; comparez Romains 5.9 ; Romains 8.24).
Ce but ne saurait être atteint si celui qui dit avoir la foi (qui se l’attribue à tort par une erreur inconsciente et non en cherchant à se faire passer pour ce qu’il n’est pas) n’a pas les œuvres, s’il n’accomplit pas les commandements de la loi (Jacques 1.25). La foi toute seule, sans œuvres, ne peut le sauver (Matthieu 7.21).
Verset 15
A, D et la plupart des documents portent : mais si…
Quelques exégètes conservent cette particule, qui manque dans Codex Sinaiticus, B estimant qu’elle introduit l’argumentation dirigée contre les adversaires.
Verset 16
Ces vaines paroles, ces vœux stériles, auraient-ils la moindre valeur, seraient-ils de la charité ? Jacques tire la même conclusion relativement à la foi (verset 17).
Verset 18
La foi, si elle n’a pas d’œuvres, est sans puissance de vie, elle est morte en elle-même, dans son principe et non seulement quant à ses effets (verset 17).
C’est pourquoi quelqu’un dira avec raison… (verset 18)
Ce quelqu’un n’est pas l’adversaire que Jacques réfute, puisqu’il représente les mêmes idées. La plupart des exégètes voient en lui un tiers que l’auteur fait intervenir pour dramatiser la discussion. Ce nouvel interlocuteur vient en aide à Jacques. Il montre que la foi sans œuvres n’est pas seulement inutile (verset 14), mais indémontrable. Ce qui fait douter de la légitimité de cette interprétation, c’est d’une part que l’intervention de ce troisième personnage n’est pas clairement indiquée dans le texte et d’autre part que la formule : mais dira quelqu’un, est toujours destinée à amener une objection à la thèse de l’auteur (1 Corinthiens 15.35).
Pour ces raisons, on propose de considérer les mots : tu as la foi, comme une question ironique de l’adversaire qui dirait à Jacques : As-tu vraiment la foi, toi qui ne lui attribues aucune valeur en elle-même ? À quoi Jacques répondrait : Moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi… (von Soden). Cette explication fait violence à la phrase grecque. Les deux membres de celle-ci ne peuvent être séparés, comme le montre la conjonction : « et moi j’ai les œuvres ».
Devant l’impossibilité de donner un sens satisfaisant au texte, on a supposé qu’un copiste aurait par inadvertance interverti les termes. L’auteur aurait écrit : « Mais dira quelqu’un : Toi tu as les œuvres ? Et moi j’ai la foi ». À quoi, Jacques aurait répliqué : « Montre-moi », etc (Pfleiderer). On a recouru aussi à l’hypothèse d’une lacune. Après les mots : Mais dira quelqu’un, le texte aurait porté primitivement l’objection de l’adversaire, à laquelle Jacques répondrait : « Tu as la foi et moi j’ai les œuvres », etc (Spitta).
Enfin, l’on pourrait admettre que la formule : « Mais dira quelqu’un », ne faisait pas partie du texte. Elle y aurait été introduite par un lecteur qui n’avait pas saisi la suite des pensées dans ce morceau. Mais ces conjectures, qui ne trouvent aucun appui dans les anciens documents, sont fort hasardées.
Le texte reçu porte ici : « Montre-moi ta foi par tes œuvres ». La variante adoptée d’après Codex Sinaiticus, B. A, C, peut seule rendre la pensée de Jacques. Voici le sens complet de ce verset : Tu as la prétention d’avoir la foi ; montre-moi donc ta prétendue foi sans les œuvres ! Si tu es embarrassé pour répondre à cette demande, moi je te montrerai au contraire la foi (Codex Sinaiticus, B. C), la vraie foi (et non ma foi, selon A, majuscules, versions), par les fruits qu’elle produit nécessairement et qui en sont les seuls signes certains, c’est-à-dire par mes œuvres.
Verset 19
Ces paroles indiquent ce que Jacques entend par la fausse foi qu’il combat : Tu crois qu’il y a un seul Dieu : tu fais bien ; approbation sans ironie, mais voici la valeur de cette foi : les démons aussi croient qu’il y a un Dieu et ils tremblent ; leur foi n’est que la connaissance purement intellectuelle d’un fait qu’ils sont contraints d’admettre, quelque intérêt qu’ils eussent à le nier.
Mais comme cette connaissance ne produit chez eux que de l’effroi et de la haine, elle ne peut les sauver. Il en est ainsi de la certitude que Dieu existe, quand elle reste sans effet sur la vie morale et ne devient pas la confiance d’un cœur qui se donne tout entier à l’Auteur de toute grâce (Jacques 1.3-5).
Verset 21
Ô homme vain ! Toi qui n’es pas seulement inintelligent et ignorant, mais dépourvu d’une vie chrétienne véritable.
La foi sans les œuvres est inutile (Codex Sinaiticus, A, majuscules portent morte ; leçon empruntée aux versets 17 et 26) ; l’auteur ne veut pas dire qu’elle ne produit pas de fruits utiles, car ce serait une tautologie ; mais qu’elle ne peut sauver.
Jacques choisit Abraham comme exemple, parce qu’il était renommé pour sa foi : si, tout en possédant une telle foi, il dut faire des œuvres pour être justifié, combien est insensée la prétention de ceux qui veulent se passer d’œuvres !
Être justifié ne signifie pas être approuvé (comme dans Matthieu 11.19 ; Romains 3.4). Le contexte montre qu’il s’agit du salut et de ses conditions (verset 14).
Par des œuvres est un pluriel de catégorie, car le sacrifice d’Isaac est spécialement envisagé comme l’œuvre qui valut à Abraham d’être justifié. La Genèse (Genèse 22) ne dit pas que le patriarche fut justifié par ce sacrifice, auparavant déjà, sa confiance en l’Éternel, qui lui promettait une postérité, lui avait été « imputée à justice » (Genèse 15.6).
Mais l’idée exprimée par Jacques était conforme à l’opinion régnante chez les Juifs : « Abraham ne fut-il pas trouvé fidèle dans l’épreuve, et cela, ne lui fut-il pas imputé à justice » (2.52) ? Toutefois, dans la pensée de Jacques, cette épreuve n’eut pas pour effet de le rendre juste ; elle lui valut seulement d’être déclaré juste.
Jacques prend le mot : justifier, dans son acception juridique : proclamer juste, mais, comme l’Ancien Testament, il lui donne le sens de reconnaître l’homme pour ce qu’il est, il n’a pas encore l’idée, soutenue par Paul, d’une déclaration de grâce qui « justifie l’impie » (Romains 4.5).
Verset 22
Au verset 22, Jacques énonce la conclusion qu’il tire de l’exemple d’Abraham : sa foi ne demeurait pas oisive ; elle agissait (Codex Sinaiticus, A, ont le verbe au présent) avec ses œuvres.
Cette coopération de la foi et des œuvres a pour résultat la justice du patriarche. Sa foi le poussait à accomplir des œuvres et par ces œuvres la foi fut rendue parfaite, elle se développa dans l’épreuve et s’épanouit en un acte d’admirable obéissance.
Verset 23
Le passage, Genèse 15.6, paraissait contredire la thèse de Jacques et confirmer l’opinion de ceux qui s’appuyaient, pour être sauvés, sur la foi sans les œuvres. Jacques se fait de ce passage qu’on lui oppose un dernier argument pour achever de convaincre ses adversaires.
Il considère la déclaration par laquelle la foi d’Abraham lui fut imputée à justice (Genèse 15.6) comme une sorte de prophétie qui n’a eu son accomplissement qu’au sacrifice d’Isaac : dans la foi commençante du patriarche, Dieu avait vu déjà sa foi parfaite ; il la lui avait imputée à justice dans la prévision qu’elle se développerait jusqu’à la perfection.
Ou, comme l’expliquent d’autres, Jacques distinguerait entre imputer à justice et justifier ; le premier terme ne s’appliquerait qu’à un jugement provisoire, concernant un acte spécial et qui serait un acompte, en quelque sorte, pour le jugement définitif ; celui-ci seul s’étendrait à toute la vie ; le second terme, justifier, se rapporterait à ce jugement suprême.
Quoi qu’il en soit, le passage Genèse 15.6 est, aux yeux de l’auteur, une prophétie, qui a été accomplie par l’épreuve rapportée Genèse 22.
Le titre d’ami de Dieu n’est pas donné à Abraham dans la Genèse ; mais on trouve dans la prière de Josaphat (2 Chroniques 20.7) et dans Ésaïe 41.8 des expressions d’où est provenue cette qualification du patriarche, devenue courante chez les Juifs et chez les Arabes.
L’exemple d’Abraham (Genèse 15.6) est invoqué par Paul (Romains 4.3 ; Galates 3.6) pour démontrer la thèse en apparence opposée de la justification par la foi sans les œuvres de la loi. On ne saurait cependant donner ce fait pour une preuve que Jacques ait connu les épîtres aux Galates et aux Romains et ait eu l’intention de contredire l’apôtre des gentils (voir l’Introduction et la note suivante).
Verset 24
Cette conclusion, prise dans un sens absolu et séparée du contexte, serait en pleine contradiction avec l’enseignement de Paul, spécialement avec Romains 3.20 ; Romains 3.28 ; Galates 2.16.
Mais il faut remarquer d’abord que Jacques, à son point de vue, nie que l’homme soit justifié par la foi seulement c’est-à-dire par une foi sans œuvres. Ensuite, il est de toute évidence que Jacques et Paul entendent, soit par la foi, soit par les œuvres, des choses tout à fait différentes.
Les œuvres auxquelles Paul dénie le pouvoir de justifier le pécheur sont les efforts par lesquels l’homme cherche à se sauver sans l’aide de Dieu, Jacques, au contraire, parle d’œuvres qui sont la manifestation, le fruit de la foi et de l’amour. D’un autre côté, la foi, à laquelle Paul attribue la justification du pécheur devant Dieu, est un principe vivant de confiance, d’obéissance, qui a toujours pour dernière fin la sanctification de la vie toute entière.
Jacques, au contraire, combat sous le nom de foi une connaissance stérile, la simple croyance à l’existence de Dieu (verset 14, note ; verset 19, note ; verset 26).
Or, il est bien évident qu’en attribuant la justification aux œuvres, Jacques la fait remonter à la même source que Paul, puisque, selon lui, ces œuvres sont la manifestation de la foi qui « agit avec elles » (verset 22).
Verset 25
L’auteur de l’épître aux Hébreux (Hébreux 11.31) cite l’action de Rahab comme une preuve de sa foi.
Jacques y voit, comme dans l’exemple d’Abraham (verset 21 et suivants), une preuve que cette foi se manifesta, se justifia par une œuvre que Rahab accomplit courageusement, au péril de sa vie.
Ces deux appréciations, très différentes au premier abord, sont vraies l’une et l’autre, chacune à son point de vue (comparer verset 24, note).
Verset 26
Grec : Le corps sans esprit ou souffle (Genèse 2.7 ; Matthieu 27.50).
La comparaison porte sur l’absence du souffle et l’absence d’œuvres, l’une et l’autre signes de mort.
On ne saurait donc attribuer à l’auteur l’idée que les œuvres soient l’âme de la foi. Il a voulu établir seulement que les œuvres prouvent que la foi est vivante, comme le souffle montre que le corps n’est pas un cadavre.
Cela est conforme à tous les enseignements de l’Écriture :