Lectionary Calendar
Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
video advertismenet
advertisement
advertisement
advertisement
Attention!
StudyLight.org has pledged to help build churches in Uganda. Help us with that pledge and support pastors in the heart of Africa.
Click here to join the effort!
Click here to join the effort!
Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Colossians 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/commentaries/fre/cbi/colossians-1.html.
bibliography-text="Commentaire sur Colossians 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-29
Chapitre 1er
(v. 1 et 2) â Lâépître commence à peu près comme celle aux Ãphésiens. De même que celle-ci, elle fut écrite de Rome où Paul était prisonnier, et envoyée par Tychique accompagné dâOnésime qui fut aussi porteur de la lettre à Philémon (Ãph. 6:21; Col. 4:7-9).
«Paul, apôtre (ou envoyé) du Christ Jésus, par la volonté de Dieu». Paul ne manque jamais, surtout dans les épîtres qui exposent dâune manière spéciale soit les doctrines du salut, soit les vérités qui se rapportent à Christ et lâÃglise, de revendiquer son titre dâenvoyé par Jésus Christ. Son autorité, soit pour prêcher, soit pour enseigner, exhorter ou reprendre, lui vient directement du Chef glorieux de lâÃglise, et câest par «la volonté de Dieu» qui a conféré à Christ cette place de gloire comme Homme (Ãph. 1:20-23), et dont le conseil avait destiné Paul à sa mission (Gal. 1:15).Câest donc comme tel quâil écrit et que lâÃglise a à recevoir son enseignement et ses exhortations. Ce nâest pas le message dâun homme, mais celui de Jésus Christ, par la volonté de Dieu.
Mais ici Paul sâadjoint «Timothée, le frère», ce quâil ne fait pas en écrivant aux Ãphésiens. Est-ce pour ajouter de la force au témoignage quâil rend aux grandes vérités quâil va développer, suivant une parole plus dâune fois rappelée dans lâÃcriture? (Matt. 18:16; 2 Cor. 13:1). Quoi quâil en soit, nous voyons souvent lâapôtre sâadjoindre soit tous les frères qui sont avec lui (Gal. 1:2), et ici câest évidemment pour montrer leur unanimité avec lui dans les reproches quâil va adresser â soit un ou deux quâil désigne (1 Cor. 1:1; Phil. 1:1; 1 Thess. 1:1; Philém. 1), et qui ont été ses compagnons dâÅuvre auprès des saints à qui il écrit.
Le titre donné aux chrétiens de Colosses est «saints et fidèles», comme dans lâépître aux Ãphésiens; mais ici, il ajoute «frères». Le caractère de «saints et fidèles» se rapporte à la relation des chrétiens avec Dieu et le Seigneur, et convient plus exclusivement à ceux dâÃphèse, qui sont envisagés dans une position céleste, tandis que «frères» exprime la communion des saints les uns avec les autres sur la terre, mais toutefois comme ressuscités avec le Christ.
Puis vient la salutation ordinaire: «Grâce et paix à vous, de la part de Dieu, notre Père, et du Seigneur Jésus Christ».
(v. 3-8) â Ces versets et la prière qui les suit correspondent aux versets 15 et suivants du premier chapitre aux Ãphésiens. Mais nous ne trouvons pas dans les Colossiens les conseils de Dieu, lâappel et les privilèges de lâhéritage, bénédictions merveilleuses dont la pensée fait jaillir du cÅur de lâapôtre ces paroles: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ» (Ãph. 1:3-14).
Ici, comme dans les Ãphésiens, au v. 15, lâapôtre rend grâces pour les chrétiens auxquels il écrit, et il motive ses actions de grâces dans les deux cas, parce quâil a entendu parler de «leur foi dans le Christ Jésus et de lâamour quâils ont pour tous les saints». Comme toujours, lâapôtre se plaît à reconnaître le bien qui est en eux. Câest pour lui une source incessante de reconnaissance envers Dieu et de joie pour son cÅur, en même temps que cela le conduit à les présenter toujours à Dieu dans ses prières, pour que ce bien sâaffermisse et que leurs âmes progressent. Dans notre mesure, ne devrions-nous pas avoir quelque chose de cette sollicitude de lâapôtre?
«Ayant ouï parler de votre foi dans le Christ Jésus et de lâamour que vous avez pour tous les saints», voilà pourquoi il rend grâces. Câétait un beau témoignage. Le Christ Jésus â et cela comprend sa Personne et son Åuvre â était lâobjet de leur foi, de leur confiance; leur regard spirituel sâarrêtait sur lui. De là découle nécessairement lâamour, car la foi est opérante par lâamour. Sans amour, elle est comme un arbre sans fruits. Et cet amour nâavait rien dâexclusif; il embrassait «tons les saints», tous ceux qui, de même quâeux, avaient été mis à part pour Dieu et participaient aux privilèges de ses enfants. Câest le caractère de lâamour chrétien, dâêtre large.
Si lâapôtre rend grâces et prie constamment pour les Colossiens, câest aussi «à cause de lâespérance qui leur est réservée dans les cieux».
Lâapôtre savait ce qui leur était réservé dans les cieux, en dehors de la terre, il sâen réjouissait pour eux et dirigeait leurs regards vers ce but céleste. Ressuscités avec le Christ, un Christ maintenant dans les cieux, ils ne pouvaient avoir dâautre espérance quâune espérance céleste; câétait ce qui les caractérisait et ce qui devait caractériser leur marche. Ni le judaïsme avec ses ordonnances, ni la philosophie avec ses vaines spéculations, ne pouvaient leur donner cette espérance qui détache de la terre et attache au ciel où se trouve lâobjet de la foi et de lâamour. LâÃvangile seul nous éclaire dâune lumière céleste, car il vient dâen haut et y appelle nos cÅurs. Les Colossiens en danger dâêtre entraînés dans les pratiques dâune religion terrestre, sont ramenés à leur vraie destination par ce seul mot de lâapôtre: «lâespérance qui vous est réservée dans les cieux». Puissions-nous, exposés que nous sommes à céder aux préoccupations de la terre, nous souvenir sans cesse de «lâespérance qui nous est réservée dans les cieux» et qui doit faire de nous des hommes célestes, réalisant que nous sommes ressuscités avec le Christ, non pour la terre mais pour le ciel, où se trouve la source de notre vie.
Les Colossiens nâignoraient pas quâil y avait pour eux une espérance céleste. LâÃvangile la bonne nouvelle, était «parvenu» jusquâà eux. Cet Ãvangile, parole de la vérité, parce quâil vient de Dieu, nous place en rapport avec Dieu dans le ciel. Le judaïsme ne le pouvait pas, car Dieu demeurait caché derrière le voile, et aussi longtemps que le judaïsme subsistait, le chemin des lieux saints â du ciel â nâétait pas manifesté. Mais maintenant, par la mort de Christ, le voile a été déchiré, nous avons par le sang de Jésus une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints, et Jésus y est entré comme précurseur pour nous (Héb. 9:8-12; 10:19, 20; 6:19, 20). LâÃvangile nous donne donc en Christ une espérance céleste (voyez 1 Pierre 1:3, 4), et les Colossiens, à qui il était parvenu, avaient par lui connaissance de cette espérance. Il en est ainsi pour nous. Quelle grâce dâavoir ainsi pour nos cÅurs une espérance qui nous délivre de ce monde et des choses visibles qui nous cachent Dieu.
Mais cet Ãvangile, parole de vérité qui apportait une religion céleste, en contraste avec ce que prétendaient donner le judaïsme et la philosophie, nâétait pas seulement pour un peuple particulier, ni pour les seuls adeptes dâune prétendue science. Il était pour tous, et sâétait répandu dans «tout le monde où il portait du fruit et où il croissait». Câest ici, comme au verset 23, plus caractéristique quâhistorique. LâÃvangile du salut est pour le monde entier. Câest là sa sphère; il est destiné à pénétrer partout pour y porter du fruit et y croître, ainsi que cela avait eu lieu pour les Colossiens: «Comme aussi parmi vous», dit lâapôtre. Nous ne pouvons dâailleurs point douter que lâÃvangile du temps même des apôtres, nâait été porté plus loin que peut-être on ne serait disposé à le penser.
Il nâétait donc pas resté stérile chez les Colossiens. Il y avait porté du fruit par la conversion des âmes à Dieu et à Christ, par les résultats en marche chrétienne, sainte et divine au Seigneur, et en amour pour les saints. Et il y croissait. Combien cela est important! Les Colossiens progressaient; ils ne restaient pas stationnaires, satisfaits de ce quâils connaissaient déjà , ou du point où ils étaient arrivés dans la vie chrétienne. Ils réalisaient lâexhortation de lâapôtre Pierre: «Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ» (2 Pierre 3:18). Et cette marche en avant avait commencé et sâétait continuée «depuis le jour où ils avaient entendu et connu la grâce de Dieu», que lâÃvangile leur annonçait. Câest quâils lâavaient entendue et connue «en vérité», câest-à -dire vraiment, dâune manière réelle, dans leur cÅur. Combien il serait à désirer quâil en fût ainsi de nous! Appliquant mal ce qui est adressé par le Seigneur à lâÃglise dâÃphèse comme un reproche: «Tu as abandonné ton premier amour», on parle comme si ce relâchement devait arriver nécessairement dans la vie du chrétien. Malheureusement, il en est trop souvent ainsi. Après la première joie du salut, on se laisse envahir, sinon par les plaisirs, au moins par les occupations de la terre, et on ne fait point de progrès. Non seulement cela, mais, suivant une loi nécessaire, on recule, car on ne peut rester stationnaire dans la vie chrétienne. Mais est-ce nécessaire? Assurément non. Paul ne se ralentissait pas dans sa course, et ne se laissait pas arrêter par les difficultés et les choses terrestres. «Je fais une chose», dit-il: «oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de lâappel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (Phil. 3:14). Soyons ses imitateurs, comme nous y sommes exhortés, ayant nos cÅurs dégagés de tout sauf de Christ, et puisse lâÃvangile dans ses résultats bénis, croître parmi nous et en nous!
Paul mentionne ensuite, au verset 7, lâinstrument dont le Seigneur sâest servi pour leur faire entendre la parole de la vérité. Câest Ãpaphras, sur lequel nous nâavons dâautres détails que ceux donnés ici, au chapitre 4, et dans lâépître à Philémon (v. 23); mais le peu que lâEsprit Saint nous dit de lui suffit pour nous peindre son caractère et nous faire apprécier ce serviteur de Dieu. Câest le propre de la parole de Dieu de décrire ainsi en peu de mots les qualités de ceux qui plaisent au Seigneur, et à qui il donne une place dans son livre où leur nom est conservé. Inconnus du monde qui exalte ses héros, précieux aux yeux de Dieu, qui leur a réservé une place dans sa gloire.
Deux choses caractérisent ici Ãpaphras. à la fin de lâépître, nous trouvons dâautres traits. Il était le «bien-aimé compagnon de service» de lâapôtre. On sait combien celui-ci avait un cÅur chaud et dégagé de toute jalousie. Il aimait, pour lâamour de Christ, à voir des ouvriers être engagés dans lâÅuvre et le service du Seigneur. Il ne sâarrogeait sur eux aucune autorité, ils étaient ses compagnons. Pour eux, il éprouvait une vive affection, et savait reconnaître leur caractère et leur travail. Ainsi, il rend témoignage à Ãpaphras quâil «est un fidèle serviteur du Christ», exerçant pour le bien des Colossiens le ministère quâil avait reçu. Puissent aujourdâhui les ouvriers du Seigneur être animés du même esprit que Paul! LâÅuvre ne pourra que se ressentir en bien de leur amour dévoué et sincère les uns pour les autres. Ãpaphras apportant à Paul des nouvelles de Colosses, lui parle de ce qui réjouit le cÅur de lâapôtre: «lâamour dans lâEsprit» qui animait les Colossiens.
Nous avons déjà fait remarquer que le v. 8 est le seul passage de lâépître où lâEsprit Saint soit mentionné. Ajoutons que, tandis que dans lâépître aux Ãphésiens lâEsprit Saint est présenté comme une Personne divine agissant dans les saints et dans lâÃglise, dans celle aux Colossiens, et cela dans ce seul passage, nous ne le voyons pas tant comme une Personne divine ici-bas que simplement comme caractérisant leur amour. Ce nâétait pas une affection ou des affections naturelles, mais lâamour dans lâEsprit, fruit de la vie qui est en Christ. Or, câest là ce qui est mis en évidence partout dans lâépître. Tout y ramène à Christ.
(v. 9 à 11) â Ici, au v. 9, commence la prière de lâapôtre pour les saints. Ainsi quâau v. 15 du premier chapitre aux Ãphésiens, Paul commence par «câest pourquoi», se rapportant dans lâune et lâautre épître, à ce quâil a exposé, et motivant ainsi sa prière. Mais dans la première épître, il a développé les privilèges merveilleux et les bénédictions spirituelles que les saints ont en Christ, et qui résultent des conseils de Dieu à leur égard. Aussi, dans sa prière, Paul demande pour eux quâils aient «lâesprit de sagesse et de révélation» pour comprendre ces conseils, et connaître la puissance par laquelle ils y avaient part. Dans les Colossiens, le «câest pourquoi» se rattache sans doute à leur foi et à leur amour, au bien quâil a reconnu en eux, et auquel il désire quâils ajoutent «la connaissance» de la volonté de Dieu; mais câest surtout en vue de «lâespérance réservée dans les cieux» quâil prie, afin que leur marche pratique réponde au but placé devant eux.
Il demande donc dans ses prières incessantes1 pour les Colossiens, quâils soient remplis de «la connaissance de la volonté de Dieu en toute sagesse et intelligence spirituelle». Câest le premier principe nécessaire pour diriger notre marche, comme ressuscités avec Christ et tendant vers un but céleste. Les ordonnances humaines, les commandements dâhommes, qui ont une apparence de sagesse (2:23), ne peuvent y conduire. Il faut plus et autre chose. Il faut «la connaissance de la volonté de Dieu» qui résulte de notre relation avec lui comme hommes ressuscités et ainsi sortis des liens dâune religion terrestre, et possédant une vie capable de le connaître réellement. Cette connaissance de sa volonté ne peut découler que dâune communion intime avec lui, communion qui est le propre de cette vie. Là , en effet, nous connaissons vraiment son caractère et sa nature.
1 Remarquons ce caractère de persévérance dans les prières, si en harmonie avec lâexhortation du Seigneur (Luc 18:1), et que nous devrions aussi posséder. Il existera là où se trouveront des besoins réellement sentis.
Câest pour cela que lâapôtre ajoute «en toute sagesse et intelligence spirituelle». La sagesse consiste surtout dans le discernement ou lâappréciation exacte des choses, et lâintelligence en fait lâapplication dans les circonstances diverses par lesquelles on a à passer. Mais remarquez que ce nâest pas lâintelligence et la sagesse naturelles. Ce sont celles qui sont le produit de la vie spirituelle, de la vie de Dieu dans lââme, de lâaction de lâEsprit. Elles dépendent donc de notre état spirituel, de la proximité où nous sommes de Dieu, et sâappliquent à notre marche comme chrétiens dans ce monde. Câest selon cette sagesse et cette intelligence spirituelle, que nous avons la connaissance de la volonté de Dieu, et non par des ordonnances. Plus vous vivrez près de Dieu, dans sa communion, dans ses pensées, plus vous aurez cette sagesse et cette intelligence, et mieux vous connaîtrez ce que Dieu veut de vous et par vous et pour vous.
Mais lâapôtre ne borne pas sa prière à demander que les saints connaissent quelque chose de cette volonté. Il demande quâils soient remplis, ou quâils soient accomplis «dans la connaissance de la volonté de Dieu». Cela suppose, non pas une connaissance intellectuelle de quelque chose qui est en dehors de nous, et que nous cherchons; mais une connaissance intime, intérieure, et telle quâelle ne nous laisse point dans lâincertitude ou lâindécision quant à ce quâelle est. De là résulte, ainsi que quelquâun lâa dit, «que Dieu a attaché la découverte du sentier de sa volonté â son chemin â à lâétat intérieur de lââme, et il nous fait passer par les circonstances diverses de la vie ici-bas, afin dâéprouver et de nous faire découvrir à nous-mêmes ce quâest cet état. Câest selon son état spirituel que le chrétien connaît les voies de Dieu, et la parole de Dieu en est le moyen (voyez Jean 17:17, 19). Dieu a un chemin à lui, chemin que lâÅil du vautour nâa pas aperçu, qui nâest connu que de lâhomme spirituel, qui se rattache à la connaissance de Dieu et qui en provient (voyez Exode 33:13).
Le verset 10 nous montre que câest bien dans un but pratique, en vue de la marche chrétienne des Colossiens, dâune marche qui, dans ce monde, répondît à leur espérance céleste, que Paul a demandé pour eux quâils soient remplis de la connaissance de la volonté de Dieu. Câest «pour marcher dâune manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne Åuvre, et croissant par la connaissance de Dieu». «Marcher dâune manière digne du Seigneur». Cette expression exprime la mesure de la marche ou de la conduite du chrétien. Nous la retrouvons dans dâautres épîtres, mais sous des formes différentes quant au mobile de la marche. Ainsi, dans lâépître aux Ãphésiens, nous lisons: «Je vous exhorte à marcher dâune manière digne de lâappel dont vous avez été appelés» (4:1). Cet appel était que Juifs et gentils (et nous aussi) fussent ensemble un seul corps et une habitation de Dieu par lâEsprit, par lâEsprit Saint demeurant dans lâAssemblée. Cette mesure de la marche est en rapport avec la teneur de lâépître. Lâappel saint et élevé dont ils ont été appelés, résulte des conseils de Dieu relativement au mystère de lâÃglise.
Dans lâépître aux Philippiens, une autre mesure de la marche chrétienne nous est présentée: «Seulement conduisez-vous1 dâune manière digne de lâévangile du Christ» (1:27), digne de cette bonne nouvelle qui, en apportant le salut, délivre lâhomme de la puissance du péché et lui présente Christ comme vie, comme modèle, comme but et comme force. Les Philippiens qui avaient éprouvé la puissance de cet Ãvangile que leur avait apporté Paul et qui en goûtaient les bénédictions, prenaient part de cÅur à la prédication de lâÃvangile (1:5) et, demeurant dans la foi à ce quâil leur avait fait connaître, ils pouvaient résister aux adversaires, et se conduire, gouverner leur vie, dâune manière qui glorifiât lâÃvangile
1 Lâexpression «conduisez-vous» nâest pas la même que «marchez», dans lâoriginal. La première comporte lâidée de «se gouverner», comme en Actes 23:1. La seconde renferme lâidée de se mouvoir au milieu des circonstances.
Aux Thessaloniciens, Paul écrivait: Pour que vous marchiez dâune manière digne de Dieu, qui vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire (1° épître 2:12). Câest vers Dieu quâils avaient été tournés en abandonnant les idoles; câest ce Dieu vivant et vrai quâils avaient maintenant à servir; comme assemblée ils étaient en Dieu le Père; ils avaient pour espérance le royaume et la gloire de ce Dieu, et ils sont exhortés à marcher dâune manière digne de Dieu, dans la sainteté qui répond à son caractère (voyez 3:13; 4:1-8; 5:23).
Mais ici, dans cette épître qui ramène tout à Christ, qui le place sans cesse sous les yeux des chrétiens, la mesure de la marche est «dâune manière digne du Seigneur». Tout ce que Christ est, va être placé devant leurs yeux, mais il est le Seigneur; câest lâautorité dont il est revêtu que ce mot exprime; nous lui appartenons; que notre marche réponde et soit à la gloire de notre «Seigneur». Il y a en même temps dans cette expression quelque chose qui sâadresse à notre responsabilité vis-à -vis de lui.
Ayant donc appris dans la communion avec Dieu ce quâest sa volonté, étant rempli de la connaissance de cette volonté par la sagesse et lâintelligence spirituelle qui résultent de cette communion, le chrétien peut marcher «dâune manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards». Remarquons cette expression «plaire au Seigneur», lui être agréable, jouir ainsi de son approbation, quoi de plus précieux et en même temps de plus propre à nous encourager! Et câest «à tous égards». La vie chrétienne nâest pas une vie morcelée, pour ainsi dire, une vie dont une partie sera pour Christ et lâautre pour nous-mêmes ou le monde. Non, elle est un tout, sâimprime sur tout. Rien dans le chrétien ne doit échapper à son action; câest «à tous égards» quâil est appelé à plaire au Seigneur. Remarquons aussi comme cela se lie à être «remplis de la connaissance de la volonté de Dieu». Cette volonté de Dieu dans laquelle Christ prenait ses délices ici-bas (voyez Jean 4:34; Héb. 10:7), de sorte quâil pouvait dire: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8:29), est aussi ce dont la connaissance, quand nous en sommes remplis, nous fera «marcher dâune manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards». Quel motif dâactivité pour le chrétien de «plaire à son Seigneur!» (voyez Luc 19:17; Matt. 25:21). Nous comprenons ainsi lâimportance de la prière de Paul. Puissions-nous nous y associer de cÅur!
Lâapôtre précise maintenant sa pensée par ces paroles: «Portant du fruit en toute bonne Åuvre». Câest ainsi quâon plaît au Seigneur à tous égards. La vie dans le chrétien se montre dans la pratique: il porte du fruit en toute bonne Åuvre. Le fruit, câest-à -dire le résultat manifeste de la vie, ainsi quâil arrive pour un arbre, câest «toute bonne Åuvre». Cela nâest point limité à telle ou telle Åuvre, selon que nous le trouverons bon, ou que nous y serons conduits par nos goûts ou nos préférences. Non, câest «toute bonne Åuvre». Or, quâest-ce qui caractérise une bonne Åuvre? Quâest-ce qui fait quâelle est telle devant Dieu? Puisquâelle est le fruit de la vie de Dieu, quâelle résulte de la connaissance de sa volonté, câest toute Åuvre faite selon lui, répondant à sa nature, accomplie au nom du Seigneur Jésus, et montrant ce qui est énuméré dans ces paroles: miséricorde, bonté, humilité, douceur, longanimité, support mutuel, esprit de pardon et de paix, amour (Col. 3:12-17). De toutes ces choses se composera la vie pratique du chrétien, sainte et agréable au Seigneur. Câest ce que lâapôtre désirait pour les Colossiens, et ce que nous avons à désirer pour nous.
Mais un autre trait vient sâajouter à ceux qui précèdent, câest le progrès dans cette vie pratique: «croissant par la connaissance de Dieu». Comme nous lâavons remarqué, on ne peut rester stationnaire, si lâon nâavance pas, on recule. De là les exhortations à croître, à abonder de plus en plus en amour, en sainteté, en connaissance, que nous trouvons dans la Parole (Ãph. 4:15; 1 Pierre 2:2; 2 Pierre 3:18; 1 Thess. 3:12).
Mais ici, nous avons le moyen intérieur qui produira cette croissance, cette marche en avant de lââme; câest «par la connaissance de Dieu». Il ne sâagit point ici de la connaissance de sa volonté pour diriger notre marche, mais de la connaissance même de Dieu, connaissance pleine et entière, dans le cÅur et non dans lâintelligence seulement; connaissance de son caractère, de son amour, de sa sagesse, de sa bonté, de notre relation avec lui; connaissance qui, exerçant son action sur les affections, les attire et les attache toujours plus à lui, et fait que lââme sâélève et grandit en amour, en sainteté, en ressemblance avec Dieu (voyez 2 Pierre 1:2) , étant ainsi dégagée de tout ce qui pourrait arrêter son développement. En effet, si notre cÅur est occupé de Dieu, de ce quâil est, de ce quâil a fait et fait pour nous, les choses de la terre cessent dâavoir leur influence sur nous, et nous croissons spirituellement dans la mesure où cela a lieu. Heureux état que celui où Dieu remplit de plus en plus lââme de sa lumière et de son amour!
(v. 11) â Or, pour marcher ainsi dâune manière digne du Seigneur, en portant du fruit et en progressant par la connaissance de Dieu, il y a une chose nécessaire, câest la force. Nous trouvons donc maintenant cette vérité précieuse: la connaissance de Dieu nous fait voir où est le secret de la force. Câest en lui quâelle se trouve; câest de lui que nous la tirons: «Ãtant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire». Le chrétien est fortifié par une force qui vient dâen haut, de la gloire où la puissance de Dieu a placé Christ après lâavoir ressuscité dâentre les morts (Ãph. 1:19, 20). Câest cette puissance infinie vue en Christ dans la gloire, qui donne au chrétien «toute force», non pas seulement une force pour une circonstance particulière, mais cette force dont il a besoin à chaque instant pour réaliser la vie de Christ ici-bas; la vie céleste dans des circonstances terrestres; une vie en harmonie avec le caractère de Dieu quâil connaît. Telle est la mesure de la force du chrétien: «Fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire»: nulle borne nây est posée, car câest la puissance même de Dieu. Nây a-t-il pas là de quoi encourager et soutenir dans le chemin?
Ce nâest cependant pas pour accomplir des actes de puissance aux yeux des hommes que cette force dâen haut nous est donnée. Câest pour réaliser le vrai caractère de la vie chrétienne ici-bas, tel quâil lâa été dâune manière parfaite par le Seigneur sur la terre. On est fortifié «pour toute patience et constance, avec joie». Les peines, les afflictions, les oppositions et les difficultés de toutes sortes abondent dans le chemin de la foi. Le Seigneur ne lâa pas caché aux siens et les apôtres le rappellent (Jean 16:33; Actes 14:22). Lui-même a rencontré toutes ces épreuves et a montré en elles sa patience et son endurance constantes. Il est évident que, pour suivre une telle voie, il est nécessaire que la volonté propre soit subjuguée. Mais le Seigneur nâavait dâautre volonté que celle de son Père (Jean 4:34; 5:30; 6:38). De là découlait sa vie de patience et de support constant, qui ne se lassait jamais quelle que fût la contradiction des pécheurs et les efforts de lâennemi. Pour nous, afin que notre volonté soit soumise et que nous puissions manifester la vie de Dieu en «toute patience et constance», nous avons besoin dâêtre «fortifiés en toute force» par la puissance dâen haut. Rien ne manifeste plus la force que la patience; non cette patience passive qui se soumet et supporte parce quâil le faut, mais une patience active qui endure, parce que câest la volonté connue de Dieu. Avons-nous cette patience dans les circonstances contrariantes et pénibles de la vie? Avons-nous ce support constant dans nos relations avec les autres? Cela ne provient pas dâun caractère naturel, apathique ou indifférent, mais dâune force venant de Dieu: «Fortifiés selon la puissance de sa gloire». La patience attend. Elle sait que le moment vient où les peines et les difficultés auront passé, et où lâon sera arrivé à la gloire dâoù vient maintenant la force. Cette perspective encourage le cÅur à la patience, et est placée plus dâune fois devant nous par la Parole (Jacq. 5:8; 2 Thess. 3:5).
Dans le chemin de lâobéissance et de la patience se trouve aussi la joie, en dépit de tout ce que nous avons à supporter, une joie qui vient dâen haut, la joie que Jésus goûtait dans sa communion constante avec son Père, la joie dont il dit: «Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie» (Jean 15:11; 17:13). Câest une joie qui découle de la certitude que Jésus vit dans la gloire, que nous avons le glorieux privilège de demander au Père en son nom tout ce qui concerne les besoins de nos âmes; câest une joie qui, résidant dans la connaissance de ce glorieux Sauveur, ne peut nous être ôtée (Jean 16:22-24). Nous pouvons ainsi comprendre ces exhortations réitérées de lâapôtre à nous réjouir dans le Seigneur, à être toujours joyeux (Phil. 3:1; 4:4; 1 Thess. 5:16), lâaffirmation de Pierre: «Croyant en lui, vous vous réjouissez dâune joie ineffable et glorieuse» (1 Pierre 1:8), et la déclaration de Jean, que dans la communion du Père et du Fils, notre joie est accomplie (1 Jean 1:4).
Merveilleuse chose que la vie de Dieu dans le chrétien, vie bienheureuse lorsquâelle est réalisée, témoignage puissant à sa force glorieuse opérant dans les âmes.
(v. 12) â Une vraie connaissance de Dieu et du sentiment de sa force glorieuse agissant en nous, pour nous faire poursuivre avec patience et constance notre course chrétienne selon la connaissance de la volonté de Dieu, produit la joie, et cette joie trouve son expression dans les actions de grâces. Elles sont lâeffusion nécessaire dâun cÅur qui goûte ce que Dieu a fait pour lui. Nous rendons «grâces au Père, qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière». Remarquons dâabord quâil nâest pas dit «nous rendra capables». Il ne sâagit pas dâune chose à atteindre, et où lâon ferait des progrès, mais dâune position qui nous a été donnée, dâune grâce qui nous a été accordée et que nous possédons: «Il nous a rendus capables»: câest un fait. Aussi Dieu est-il introduit ici, sous son nom de Père. Sâagit-il de notre marche et de notre responsabilité, nous avons affaire avec Dieu, nous croissons par la connaissance de Dieu. Mais sâil est question de notre relation avec lui, câest la grâce, et Dieu est présenté comme Père. Câest ainsi quâil est écrit: «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu» (1 Jean 3:1).
La grâce dont il est parlé ici, câest «de participer au lot des saints dans la lumière». «Dieu est lumière» (1 Jean 1:5); câest le domaine où il habite; excluant toutes ténèbres. Cette lumière, câest la sainteté et la pureté parfaites, en dehors de toute souillure, manifestant en même temps tout ce qui est ou non conforme à sa nature. Or, on ne peut être en relation avec Dieu que dans cette lumière (1 Jean 1:6, 7); et pour cela, il faut être «saint», à part comme lui de la souillure. Le «lot», la part des saints est dans la lumière, en Dieu lui-même. Qui pourrait se vanter dây atteindre? Dieu seul, par sa toute-puissance, pourrait nous en rendre capables ou dignes, et il lâa fait dans sa grâce. Notre part, à chacun de nous, est là ; nous sommes avec les saints là où Dieu se trouve, dans la lumière. Câest la région céleste et bienheureuse, où nous avons le privilège de demeurer et de nous mouvoir. Quâil nous soit donné de le réaliser.
(v. 13) â Ce nâest pas là que nous étions dans notre état naturel. Nous nous trouvions sous le «pouvoir des ténèbres», sous lâempire et la domination de Satan (voyez Actes 26:18, et Ãph. 6:12), qui est le prince de ces ténèbres (2 Cor. 4:4). Les ténèbres où Satan agit et exerce son pouvoir sur lâhomme devenu son esclave par le péché, sont en contraste frappant avec la lumière où Dieu habite, qui est sa nature même, et où il donne par grâce une part aux saints. Il a agi envers eux dans sa grâce infinie et, intervenant dans sa toute-puissance, il les a «délivrés» de la puissance sous laquelle ils étaient. Du domaine où Satan règne, brisant leurs liens et ouvrant la porte de leur obscur cachot, il les a introduits dans le domaine de la lumière. Apprécions-nous comme nous le devons cette grâce immense?
Mais il y a plus encore. «Dieu est amour» aussi bien que «lumière», et le domaine de la lumière est aussi celui de lâamour. Nous ayant «délivrés du pouvoir des ténèbres, il nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour». Câest encore un fait, câest une position dans laquelle nous ont placés sa souveraine grâce et sa puissance. Câest une chose sur laquelle nous ne saurions trop insister pour la joie et la paix de nos âmes: une part dans la lumière, une place dans le royaume du Fils de son amour. Tout vient du Père, nous a été conféré par lui.
«Transportés» indique comme un effort de la puissance qui nous délivre, qui nous arrache au pouvoir de lâennemi, et qui, lui ayant ravi sa proie, lâemporte bien loin de son atteinte, dans un lieu où son pouvoir vient se briser. Nous y sommes sous la garde dâun amour tout puissant. Ainsi que quelquâun lâa dit: «Ce nâest pas là une règle judaïque pour lâhomme; câest une opération de la puissance de Dieu, qui nous traite comme étant complètement et par nature esclaves de Satan et des ténèbres, et nous place par un acte de cette puissance dans une position et une relation toutes nouvelles à lâégard de lui-même».
Remarquons que nous retrouvons bien ici en principe ce qui est exprimé en Ãph. 1:4, 5, et 2:1-6. Mais là câest la chose elle-même telle quâelle est dans la pensée de Dieu, selon ses conseils; dans les Colossiens, câest le fait que nous y avons part.
«Le royaume du Fils de son amour»; câest la seule fois que cette expression se trouve dans le Nouveau Testament. Le royaume est présenté sous différents aspects dans lâÃcriture. Câest le royaume des cieux, le royaume de Dieu, le royaume du Père, le royaume du Fils de lâhomme. Dans ce dernier cas, il sâagit de la manifestation glorieuse du Seigneur Jésus pour juger et gouverner la terre (Apoc. 11:15; Matt. 25:31, etc.). Ici, dans notre verset, nous voyons la relation éternelle du Seigneur avec le Père, comme son Fils unique, de même essence que lui, et lâObjet de son amour ineffable. Le royaume est la sphère actuelle, invisible et céleste, où cette relation est manifestée et où elle est connue de ceux qui y sont introduits, qui y ont été transportés. Câest la Personne adorable du Fils qui nous y est présentée comme les délices éternelles du Père; câest plus que la gloire, ou bien câen est la partie la plus élevée, la plus excellente, câest lâamour du sein du Père, se déversant sur son Fils. Et câest là où nous sommes amenés, pour que nous le contemplions et lâadorions. Combien cela rattache le cÅur à Jésus, et affranchit du monde et des ordonnances! Câest à ce Fils de lâamour du Père que les Colossiens étaient unis, et que nous le sommes! Nous sommes dans le royaume de lâamour; où cet amour règne, où il domine tout, où il est la règle et la loi; nous appartenons à ce royaume bienheureux. Puissions-nous en goûter les délices, apprécier toujours plus la position que la grâce nous a donnée en nous y plaçant.
(v. 14) â «En qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés». Voilà la base sur laquelle, en justice, nous avons pu être rendus capables dâavoir notre part dans la lumière et une entrée et une place dans le royaume du Fils de lâamour du Père. La rédemption est en même temps la manifestation de lâamour divin envers nous. Cette rédemption, ce rachat, a été accomplie par lui, le Fils, par lâÅuvre de la croix, et quant à son efficacité et à ses fruits permanents, elle est et demeure en lui. Le résultat personnel en est «la rémission des péchés». Pardonnés en vertu de la rédemption accomplie, nous avons part au lot des saints dans la lumière, nous sommes délivrés de la puissance de Satan et placés dans le royaume du Fils, où lâamour a sa pleine et souveraine manifestation. Quelle grâce!
(v. 15, etc.) â Le Fils ayant été ainsi introduit comme lâobjet suprême de lâamour du Père, lâEsprit Saint, par la plume de lâapôtre, déroule devant nous toutes les gloires qui lui appartiennent, toutes les dignités dont il est revêtu. Jusquâau v. 20, il nâest plus question que de lui, et non pas du tout de nous. Si même il est parlé de lâAssemblée (v. 18), ce nâest pas de ses privilèges, de sa gloire propre, mais câest en rapport avec Christ, et pour rehausser dâautant sa gloire à lui. Et il est placé ainsi devant les Colossiens, afin de les délivrer du danger où ils étaient dâêtre asservis au joug des ordonnances. En tout, câest le Fils qui affranchit (voyez Jean 8:36).
Avant dâentrer dans lâexamen de ces gloires du Fils, remarquons que, dans tout ce passage, 13-20, nous le voyons, soit dans son caractère dâhomme sur la terre, accomplissant la rédemption (v. 14) , soit comme Homme glorifié (v. 18), ou enfin dans son existence éternelle (v. 17), mais partout câest Lui, la personne adorable du Fils; Il est toujours, ce quâil est en lui-même, dans son essence divine.
Dâabord, il «est lâimage du Dieu invisible». Câest le premier caractère de sa gloire personnelle. Partout dans lâÃcriture, nous trouvons cette déclaration: Dieu est invisible. Cela ne veut pas dire invisible physiquement, mais bien quâil ne saurait être connu, contemplé en lui-même, dans son essence et ses perfections, par aucune créature. Câest ce que lâÃternel dit à Moïse (Exode 33:20).
LâEsprit Saint en Jean déclare: «Personne ne vit jamais Dieu» (Jean 1:18). Lâapôtre Paul écrit à Timothée, en parlant de Dieu: «Lui qui seul possède lâimmortalité, qui habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes nâa vu, ni ne peut voir» (1 Tim. 6:16).
Mais Christ est lâimage du Dieu invisible: il présente, dans sa nature, dans son être, ce quâest Dieu, sa gloire, ses attributs, ses perfections morales, son caractère. Câest ce quâil est, non ce quâil était, ni ce quâil est devenu. Mais étant tel, et étant devenu un homme, il a manifesté dans la création ce que Dieu est. Il a été sur la terre «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3:16). Si personne ne vit jamais Dieu, «le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, lâa fait connaître» (Jean 1:18). Il a révélé pleinement dans sa personne lâêtre et les caractères dé Dieu aux yeux des hommes, car qui lâavait vu, avait vu le Père (Jean 14:9), et aux yeux des anges, car câest comme Dieu manifesté en chair quâil est dit: «Vu des anges». En lui donc, le Fils de son amour, lâimage de Dieu, Dieu a été parfaitement révélé. Je ne puis voir Dieu, connaître Dieu que par Christ et en Christ. Quand je connais Christ, je connais Dieu en gloire, en puissance, en sainteté, en justice, en amour. Il a montré ces caractères sur la terre, il les manifeste dans le ciel (2 Cor. 4:6). Mais il lâa montré et le manifeste, parce quâil est en lui-même lâimage de Dieu, «le resplendissement de sa gloire, et lâempreinte de sa substance».
Adam avait été créé à lâimage de Dieu. Cela se rapporte à sa position comme centre et chef dans la création qui lui était assujettie. En ce sens, il était la figure de Christ. Mais Christ, le Fils unique, est lâimage de Dieu, avant même quâune création existât où il pût manifester Dieu. Et câest pourquoi, étant tel, lorsquâil entre dans la création, câest pour y être comme centre et chef de toutes choses. Il ne peut y occuper une autre place. Aussi est-il dit de lui quâil est «le premier-né de toute la création». Câest ici un nom de relation exprimant sa suprématie sur tout ce qui a été créé. Il nâest point question de temps, comme si lâapôtre eût voulu dire quâil était en date la première des créatures. Câest une expression analogue à celle dont Dieu se sert pour montrer lâexcellence de Salomon1 au-dessus des autres rois: «Je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre» (Ps. 89:28).
1 Et de Celui dont Salomon est le type.
(v. 16) â Ce verset se rattachant au précédent par le mot «car», nous dit la raison qui élève ainsi Christ au-dessus de la création. Câest quâil lâa faite: Il est le Créateur. Câest une autre de ses gloires qui est placée devant nous. Ainsi Christ, le Fils unique, est nettement séparé de la création. Il est le Créateur et non une créature. Rien nâétablit plus fortement sa divinité, dâautant plus que lâexpression dont se sert lâapôtre et quâil faudrait rendre par «en lui ont été créées toutes choses», indique que la puissance créatrice réside en lui1.
1 Lâédition de 1872 du Nouveau Testament a la note suivante: «en, dans la puissance de la personne duquel. Il était celui dont la puissance intrinsèque caractérisait la création. Elle existe comme sa créature».
Après avoir renfermé la création dâune manière générale, dans ces mots «toutes choses», lâapôtre insiste en détaillant ces choses, afin de répondre aux erreurs que certains docteurs cherchaient à répandre. Ils prétendaient que des anges auraient été choisis de Dieu pour créer le monde. Non, dit Paul. «Toutes choses», soit «dans les cieux», soit «sur la terre», lâunivers tout entier a été fait par la puissance créatrice du Fils. Et pour ne laisser aucun doute, il ajoute «les visibles et les invisibles», entendant par ces dernières ces êtres intelligents, ces esprits qui peuplent le monde qui ne tombe pas sous nos sens et qui, bien loin dâavoir été des agents de la création, ne sont que des créatures. Et parmi eux il mentionne les plus élevées, les trônes, les seigneuries, les principautés, les autorités. Il coupe ainsi court à la vénération dont on aurait voulu entourer des créatures, au culte idolâtre que lâon aurait été conduit à leur rendre (chap. 2:18). Il montre ainsi le Fils, élevé au-dessus de tout, dans sa dignité divine de Créateur, par le moyen duquel toutes choses existent, et en vue de qui, pour qui elles ont été faites. En lui réside la puissance créatrice; il lâa exercée en créant toutes choses â elles ont été créées par Lui, et câest pour Lui, de sorte quâil les possède comme y ayant droit. Comparez avec cette déclaration de lâapôtre et avec celle qui suit, au v. 17, les paroles des saints glorifiés se prosternant devant Celui qui est assis sur le trône et qui vit aux siècles des siècles: «Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, et lâhonneur, et la puissance; car câest toi qui as créé toutes choses: et câest à cause de ta volonté quâelles étaient et quâelles furent créées» (Apoc. 4:11).
(v. 17) â Pour être le Créateur de toutes choses, il fallait quâil fût avant elles. Sa préexistence est donc ici affirmée: «il est avant toutes choses». Remarquons que Paul ne dit pas comme Jean: «Au commencement était la Parole». Lâévangéliste présente lâhistoire de la Parole éternelle. Voilà pourquoi il dit: «Elle était». Paul exprime la permanence de lâêtre en Christ: «Avant toutes choses il est», il subsiste. Preuve nouvelle de sa divinité éternelle, comme lorsque le Seigneur lui-même dit: «Avant quâAbraham fût, Je suis» (Jean 8:58), et non jâétais. Nous ne saurions trop remarquer le soin que met la Parole à faire ressortir lâexcellente grandeur de Christ.
Mais ces choses quâil a créées, comment subsistent-elles? Qui est-ce qui soutient leur être? Continuent-elles leur existence par elles-mêmes? Non; elles tomberaient bientôt dans la confusion et le néant. La même puissance créatrice qui les tira du néant, les empêche dây retomber; elle est essentielle à leur conservation. Ainsi quâil est dit aux Hébreux: «Soutenant toutes choses par la parole de sa puissance» (Héb. 1:3). Dans quelle grandeur majestueuse nous apparaît la Personne du Fils! Revêtu de tous les attributs qui nâappartiennent quâà une Personne divine, câest lui qui sâest abaissé jusquâà devenir semblable à nous pour nous racheter! Que nos âmes se prosternent devant lui et lâadorent! Il en est digne.
(v. 18, etc.) â Nous arrivons maintenant à une nouvelle gloire de Christ, à un autre genre de suprématie. Nous lâavons vu dans la gloire inhérente à sa Personne comme Fils unique, et dans sa gloire comme Créateur de toutes choses, comme Celui qui les soutient et pour qui elles furent faites. Maintenant nous le voyons essentiellement comme homme, comme Homme ressuscité, qui a vaincu la mort, et comme tel, il occupe encore le premier rang dans une sphère toute nouvelle â la sphère de la nouvelle création. Et là il se trouve en relation avec dâautres qui appartiennent à cette nouvelle création et participent à sa gloire, en vertu de la rédemption quâil a accomplie et de la puissance de vie qui est en lui.
«Il est le chef (la Tête) du corps, de lâAssemblée». Ceux quâil a rachetés, qui par lui ont la rémission de leurs péchés (v. 14), forment cette Assemblée, le corps dont lui est la Tête. Lâexpression Chef indique lâautorité, et il faut retenir cette pensée en contemplant Christ ressuscité. Il est le Chef. Mais lâexpression Tête implique plus que cela. Elle indique lâunion intime dans laquelle se trouvent les rachetés avec Christ. De même que les membres du corps sont indissolublement unis à la tête, ainsi chaque chrétien est uni indissolublement à Christ, la Tête, dans le ciel. Et leur ensemble forme un corps mystique. Les Colossiens avaient grand besoin que cette union avec Christ leur fût rappelée. Combien de chrétiens de nos jours oublient cette vérité capitale, si riche en précieuses conséquences pratiques!
«Lui qui est le commencement». Plus haut (v. 16, 17), nous avons vu Christ dans sa divinité éternelle, être le commencement de lâancienne création, de la création naturelle, si lâon peut dire ainsi. Par sa puissance divine il a créé les mondes. Ici, nous le voyons comme Homme (mais en vertu de sa gloire divine), être le commencement de la nouvelle création (voyez Apoc. 3:14). Câest la puissance divine sâexerçant, non en tirant les êtres du néant, mais dans le domaine de la mort pour amener à la vie ceux qui étaient retenus sous cette puissance de la mort. Or Christ est le commencement de cette nouvelle vie, en dehors de la puissance de la mort, lui qui, comme Homme, a bien voulu sây assujettir, mais qui lâa annulée par sa résurrection dâentre les morts.
Câest pourquoi il est appelé «le premier-né dâentre les morts». Lui, le premier, est sorti du tombeau en puissance de vie â dâune vie impérissable, sur laquelle la mort nâa plus de pouvoir. Et câest dans cette vie quâil introduit ceux quâil a rachetés, les membres de son corps, lâAssemblée, contre laquelle les portes du Hadès ne peuvent prévaloir. «Premier-né de toute la création», à sa tête comme Créateur de toutes choses, il est aussi «premier-né dâentre les morts», à la tête de la nouvelle création comme vainqueur de la puissance de lâennemi, «afin quâen toutes choses, il tienne, lui, la première place». Il a donc une double suprématie, comme Créateur, et comme Chef ou Tête de lâÃglise, Câest dans ces deux sphères que se déploie la gloire de Dieu; câest dans ces deux sphères quâil occupe la première place. Combien grande est la gloire de sa Personne!
(v. 19) â «Car, en lui, toute la plénitude sâest plu à habiter». Nous avons ici la raison de ce qui précède, comme de ce qui suit. «Toute la plénitude habite en lui». Et si nous demandons quelle est cette plénitude, le v. 9 du chapitre suivant nous le dit: «En lui habite toute la plénitude de la Déité corporellement». En Christ homme, habite toute la plénitude de la Déité. Et câest ainsi que Dieu a été pleinement révélé en lui. Tout ce que Dieu est en puissance créatrice et de vie, en sagesse, en amour, a été manifesté en Christ homme, parce que toute la plénitude de la Déité habite en lui. Tel est le Sauveur glorieux que nous connaissons et dont nous jouissons. Par lâEsprit Saint, dont la plénitude était en lui et quâil nous communique, nous connaissons le Père, révélé dans le Fils, nous connaissons le Fils de lâamour du Père. Précieuse grâce pour nous! Puissions-nous arrêter nos regards sur lui en qui toute la plénitude sâest plu à habiter, et puissent nos cÅurs jouir toujours plus entièrement de tout ce quâil est et révèle!
(v. 20) â «Et, par lui, à réconcilier toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix». Nous avons ici une nouvelle gloire de Christ, lâÅuvre de réconciliation quâil a accomplie, et quâil ne pouvait accomplir que parce que «toute la plénitude de la Déité habite en lui corporellement». Pour une telle Åuvre, il devait être Homme, mais il devait aussi être Dieu, toutefois une seule Personne, Christ.
à cause du péché, la création était souillée, éloignée de Dieu, en dehors de toute relation avec lui, avec la plénitude. Mais il a plu à la plénitude de la Déité, cela a été son bon plaisir, de réconcilier toutes choses avec elle-même, de rapprocher dâelle toutes choses, de remettre toutes choses en relation immédiate avec Dieu, étant rendues propres pour cela. Cette réconciliation a lieu sur le fondement de lâÅuvre accomplie par Christ sur la croix: «ayant fait la paix par le sang de sa croix».
Il faut bien remarquer que le fondement est posé, que la paix est faite, en vertu du sacrifice offert sur la croix; ainsi quâil est dit autre part: «En la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour lâabolition du péché par le sacrifice de lui-même» (Héb. 9:26). Et encore: «Voilà lâAgneau de Dieu qui ôte le péché du monde» (Jean 1:29). Mais la puissance divine nâest pas encore intervenue pour établir lâeffet de cette réconciliation de toutes choses dans les cieux et sur la terre pour introduire ce nouveau régime où tout rentrera dans lâordre, où les cieux et la terre, délivrés de la présence et de la puissance du mal, jouiront de leur relation avec Dieu et des bénédictions qui en résultent, où toutes choses seront rendues propres pour Dieu selon toute la valeur du sacrifice de Christ. Une première manifestation de cette réconciliation aura lieu dans le millénium, alors que sâaccomplira cette parole: «La bonté et la vérité se sont rencontrées; la justice et la paix se sont entre baisées. La vérité germera de la terre, et la justice regardera des cieux» (Ps. 85:10-13). Toute manifestation du mal sera réprimée, mais quand les nouveaux cieux et la nouvelle terre dans lesquels habitera la justice (2 Pierre 3:13; Apoc. 21:1-5), seront établis, le mal en sera absolument banni; la réconciliation aura son plein effet. Câest ce que «nous attendons selon sa promesse».
(v. 21) â Mais lâÅuvre de la réconciliation est double. Il y a la réconciliation des choses; elle est encore à venir; il y a la réconciliation des personnes, câest-à -dire des croyants, fait déjà accompli. «Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement, dans les mauvaises Åuvres, il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort». Tel était le triste état naturel où se trouvaient ceux qui maintenant sont réconciliés. Ils nâétaient pas seulement souillés par le péché, comme lâest la création, mais «étrangers et ennemis de Dieu quant à leur entendement dans les mauvaises ouvres». Nous avons là des hommes, créatures intelligentes, ayant un entendement, une faculté morale qui les met au-dessus de lâanimal, et les rend capables dâêtre dans une relation consciente avec Dieu. Mais le péché les a séparés et éloignés de Dieu, quant à leur entendement. Ils ne le connaissent pas, ne sont plus en relation avec lui: ils sont totalement étrangers, aliénés de Dieu, et leur entendement obscurci sâest tourné vers le mal, au point quâils sont, non seulement étrangers aux choses divines, mais ennemis de Dieu. Et cet état moral se montre «dans les mauvaises Åuvres». Ce sont de tels êtres qui, par la grâce divine, sont maintenant réconciliés, rapprochés de Dieu, le connaissant, rendus propres à être en relation avec lui et à jouir de sa présence et de son amour.
Câest Christ qui a amené ce résultat; câest en vertu de lâÅuvre parfaite quâil a accomplie dans le corps de sa chair, en souffrant et mourant, que la réconciliation a été effectuée. Et câest maintenant déjà que les croyants jouissent des bénéfices de cette réconciliation, dont cependant les fruits glorieux et bénis ne seront pleinement vus que dans la gloire, comme nous le voyons au verset suivant. Remarquons en passant que lâapôtre fait une application personnelle aux Colossiens de cette grande et précieuse vérité: «Et vous», leur dit-il; insistant sur cette position excellente quâils ont en Christ, et que lui seul, dans sa mort, pouvait leur donner.
Remarquons que ces deux réconciliations des choses et des personnes sont présentées en type au chap. 16 du Lévitique, versets 15, 16 et 33. Le sang était mis sur le propitiatoire, et la propitiation, la paix était faite. Puis on faisait aspersion du sang sur le tabernacle et ses ustensiles pour les purifier. Ainsi il était fait propitiation pour le saint sanctuaire, pour la tente dâassignation et pour lâautel; mais, en outre, aussi, pour les sacrificateurs et pour le peuple.
(v. 22) â Voilà le résultat final et glorieux de la réconciliation des personnes: «Pour vous présenter saints et irréprochables et irrépréhensibles devant lui». Sans doute quâen Christ, selon les desseins éternels de Dieu, nous sommes déjà devant Dieu, «saints et irréprochables en amour» (Ãph. 1:4); dâun autre côté nous avons à être, dans notre marche au milieu du monde, «sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables» (Phil. 2:15); mais ici, câest le but final, dans la gloire, être présentés «saints et irréprochables et irrépréhensibles» devant Dieu, ainsi que nous le lisons en Jude: «à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez, et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie», etc. (v. 24).
Ainsi, tandis que toutes choses, dans les cieux et sur la terre, seront réconciliées un jour, et seront la scène de bénédictions glorieuses, les chrétiens sont déjà maintenant réconciliés, et, jouissant des avantages de cette réconciliation, attendent de se trouver dans le ciel tels que Dieu les veut et que Christ les aura faits. Les coupables, demeurés dans leurs péchés, ayant refusé Christ et son Åuvre, seront en dehors de cette scène glorieuse de félicité (Apoc. 22:15; 21:8).
(v. 23) â Mais participer à cette fin glorieuse, suppose nécessairement que lâon demeure dans la foi jusquâau bout: «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, ne vous laissant pas détourner de lâespérance de lâévangile que vous avez oui». Ce «si du moins» est introduit ici, à cause du danger que couraient les Colossiens de se laisser détourner de lâespérance glorieuse de lâÃvangile, cette espérance «réservée dans les cieux» pour ceux qui persévèrent. «Se laisser détourner», dans lâoriginal, est une expression très forte qui signifie proprement: «être emporté loin de», comme un navire emporté par la tempête loin du port. Tel était le danger que faisaient courir aux Colossiens les faux docteurs avec leurs ordonnances judaïques et leurs spéculations philosophiques. Les «si», dans la Parole, se rapportent à notre responsabilité ici-bas, et non à notre position en Christ. Ils sâadressent à la conscience, et sont destinés à empêcher le chrétien de sâendormir dans une fausse sécurité et de se relâcher dans sa marche. En même temps que nous trouvons dans la Parole ces avertissements si sérieux, nous y lisons aussi de consolantes promesses pour encourager ceux qui désirent marcher fidèlement et qui sentent leur faiblesse. Dieu a promis de les garder dans le chemin, et dans ces promesses il nây a point de «si» (voyez Jude 24; 1 Cor. 1:2; 10, 13, etc.).
Lâapôtre, au commencement de ce verset, comme nous lâavons vu, avait adressé une parole sérieuse aux Colossiens, en leur disant: «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, et ne vous laissant pas détourner (ou emporter loin) de lâespérance de lâévangile que vous avez ouï [= entendu]». Pour demeurer, et être fermes, il est nécessaire dâêtre fondés, enracinés. Un arbre sans racines serait bientôt renversé par le vent; une maison sans fondement ne résisterait pas longtemps. Il fallait donc que les Colossiens fussent fondés, établis quant aux vérités présentées à leur foi, et spécialement la grande vérité relative à la Personne et à lâÅuvre de Christ, sur lequel repose lâespérance présentée par lâÃvangile et qui est lâobjet de cet Ãvangile. Les Colossiens lâavaient entendu, il fallait le retenir. Et tout cela sâapplique à nous comme à eux, dans nos temps difficiles où tant de doctrines perverses circulent.
Mais en parlant de lâÃvangile que les Colossiens avaient ouï, la pensée de lâapôtre se porte sur la vaste sphère où sâexerce la puissance de lâÃvangile et sur le ministère glorieux dont lui, Paul, avait été chargé à cet égard. Comme nous lâavons déjà vu (v. 6), la sphère de lâÃvangile de la grâce apportée par Christ, dépassait le judaïsme. Volontiers les Juifs lâauraient renfermé dans ces étroites limites, et câétait une des causes de leur opposition à Paul, et même déjà au Seigneur (Luc 4). Mais la grâce et la vérité apportées par le Fils de Dieu étaient pour tous, et la prédication en retentissait partout sous le ciel â «dans toute la création». Câest de cet Ãvangile universel â pour tous â que Paul, lâapôtre des nations (voyez 1 Tim. 2:4-7), était devenu serviteur. Il était lâinstrument béni dont Dieu se servait, «un vase dâélection pour porter le nom du Seigneur devant les nations et les rois, et les fils dâIsraël» (Actes 9:15).
(v. 24, 25) â Un second ministère avait été confié à lâapôtre; il était devenu, ou avait été fait «serviteur de lâassemblée», le corps de Christ. Il rappelle encore ici cette grande vérité: lâassemblée est le corps de Christ, composé, comme nous le voyons dans lâépître aux Ãphésiens, de Juifs et de gentils réunis sur le même pied, jouissant des mêmes privilèges. Câest là le mystère, dont il est question plus loin. Dans les Ãphésiens, lâapôtre sâétend sur cette réunion des Juifs et des gentils (chap. 2:11, 22). Ici, dans les Colossiens, il parle surtout des gentils et des privilèges dont ils jouissent comme introduits dans lâassemblée.
Mais comme «serviteur de lâassemblée», comme révélateur envers les gentils du mystère de lâÃglise, comme lâinstrument dont Dieu sâétait servi pour les y introduire, lâapôtre avait eu à souffrir, et il souffrait encore dans les liens. Les Juifs, peuple dans la chair, religieux selon la chair, ne pouvaient supporter la grâce qui sâétendait à tous, et les mettait sur le même rang que les gentils, comme pécheurs et ayant besoin de la même grâce. De là , leur inimitié contre Paul, de là , ses souffrances de leur part.
Mais il pouvait dire avec un cÅur que remplissait la joie dâannoncer la grâce illimitée de Dieu: «Maintenant», dans le moment présent où il était dans les chaînes, «maintenant, je me réjouis dans les souffrances pour vous». Câétait à cause dâeux, pour leur avoir annoncé lâÃvangile quâil souffrait, mais lâamour de Christ qui étreignait toujours son cÅur, lui faisait trouver de la joie dans les souffrances mêmes quâil endurait pour ceux qui étaient les objets de lâamour du Christ et du sien. Telle est la nature, et tels sont les effets du véritable amour. Et cela nous donne lâintelligence des paroles qui suivent: «Jâaccomplis (ou jâachève) dans ma chair ce qui reste [encore à souffrir] des afflictions du Christ pour son corps qui est lâassemblée». Câest par amour pour lâÃglise, que Christ a souffert afin de la racheter, ainsi quâil est dit: «Le Christ a aimé lâassemblée et sâest livré lui-même pour elle» (Ãph. 5:25); câest par amour pour Christ et pour son assemblée que Paul endurait des souffrances, afin de la rassembler dâentre les Juifs et les gentils; câest ainsi quâil accomplissait dans sa chair ce qui restait à souffrir des afflictions du Christ pour son corps qui est lâassemblée. Câest ainsi quâil avait part aux souffrances du Christ pour son corps qui est lâassemblée; câest ainsi que, dans notre faible mesure, nous pouvons aussi y avoir part, et que nous y aurons part, si nous aimons vraiment ce qui est cher au cÅur de Christ, «son assemblée», «la perle de grand prix», pour laquelle, afin de lâacquérir, il a fait abandon de tout ce quâil avait (Matt. 13:45, 46). Au milieu dâun monde ennemi de Christ, entourés dâune foule à qui convient mieux une religion de formes et qui sâassocie avec le monde, si notre cÅur est attaché à un Christ céleste, et à lâassemblée, corps de Christ et céleste aussi, nous aurons à souffrir.
Paul était donc «serviteur» de lâassemblée, et comme tel il souffrait. Mais à ce ministère qui lui avait été confié, «selon lâadministration de Dieu quâil avait reçue» envers les gentils, se rattachait une chose remarquable: «Serviteur de lâassemblée», «pour compléter la parole de Dieu». Cela ne veut pas dire quâaprès les écrits inspirés de Paul, il nây en eut pas dâautres. Nous savons en particulier que Jean écrivit les siens longtemps plus tard. Mais le mystère de lâÃglise, dont la révélation était confiée à Paul, était le dernier sujet qui, après avoir été caché dès les siècles en Dieu, était maintenant donné à connaître par le moyen de Paul. Câest ainsi quâil complétait la parole de Dieu, câest ainsi que cette Parole était complète, que rien ne pouvait y être ajouté, quant aux sujets que Dieu nous y présente. «La totalité de cette Parole est devant nous, totalité démontrée par les sujets quâelle renferme. Tous les sujets que Dieu a voulu traiter dans sa Parole, sont entièrement complétés, et ce fait exclut tout autre sujet quâon pouvait prétendre introduire. La loi, le royaume, la personne du Christ, la vie en lui, les voies de Dieu, avaient déjà été mis en avant; la doctrine de lâÃglise, restait à révéler» (Ãtudes sur la parole de Dieu).
(v. 26, 27) â Or ce «mystère» avait été «caché dès les siècles et dès les générations». Les âges précédents, les générations du passé, nâen avaient rien su. à lâégard du mystère, «le silence a été gardé dès les temps éternels» (Rom. 16:25). Les prophètes et Israël ne lâont point connu; les anges eux-mêmes lâont ignoré, jusquâà sa révélation, par la formation de lâassemblée (Ãph. 3:9, 10). Mais «maintenant Dieu lâa manifesté à ses saints». Dans lâépître aux Ãphésiens, nous lisons que «le mystère... en dâautres générations, nâa pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par lâEsprit» (Ãph. 3:5). Lâépître aux Romains dit: «Le mystère a été manifesté maintenant, et, par des écrits prophétiques, a été donné à connaître à toutes les nations» (Rom. 16:26). Nous apprenons donc, de ces passages réunis, que le mystère, révélé aux apôtres et prophètes, a été manifesté par des écrits prophétiques aux nations, parmi lesquelles se trouvaient les Colossiens. Il ne faudrait pas conclure de là , que ce nâétait que par des écrits que le mystère était manifesté. Les apôtres et prophètes en parlaient aussi, sans doute, dans leurs enseignements. Mais pour nous, ce sont bien leurs écrits prophétiques qui nous le font connaître.
Dieu donc avait manifesté le mystère à «ses saints, auxquels il a voulu donner à connaître quelles sont les richesses de la gloire de ce mystère parmi les nations, câest-à -dire Christ en (ou parmi) vous lâespérance de la gloire». Ainsi que nous lâavons remarqué, dans lâépître aux Colossiens, lâapôtre ne sâoccupe pas, comme dans celle aux Ãphésiens, de lâunion des Juifs et des gentils en un seul corps, composant lâassemblée. Ici, tout est rapporté uniquement aux gentils. Le mystère, dont la révélation leur donnait à connaître, à eux, autrefois étrangers, sans Dieu et sans espérance, leur introduction dans les bénédictions divines en Christ, était en effet une chose glorieuse. La gloire de ce mystère était grande. Dieu y magnifiait sa sagesse, son amour et sa grâce sans limites. Lâapôtre renforce encore lâexpression de sa pensée, lui dont le cÅur était rempli de lâexcellence de ce mystère qui glorifiait tellement Christ et son Åuvre. Il dit que Dieu a donné à connaître aux saints «les richesses de la gloire de ce mystère». Non seulement on y voit briller la gloire de Dieu et de Christ, mais les richesses de bénédictions répandues sur les nations, non de bénédictions temporelles, comme celles que pouvaient attendre les Juifs, mais de bénédictions célestes, spirituelles et éternelles en Christ â «les richesses insondables du Christ» (Ãph. 3:8-10).
Et lâapôtre résume en un seul mot ce que sont ces richesses accordées aux nations, montrant aussi de cette manière leur différence dâavec ce que les Juifs ont à attendre; il dit: «Câest-à -dire Christ en (ou parmi) vous lâespérance de la gloire». Les Juifs attendaient un Messie qui serait manifesté parmi eux en gloire, sur la terre, les gentils nâayant quâune part subordonnée à la bénédiction quâil apporterait. Tandis que «le mystère» consistait en ceci relativement aux nations, Christ demeurant en eux et au milieu dâeux, dâune manière invisible, et étant ainsi, non la gloire même, mais «lâespérance de la gloire». Câétait une chose toute nouvelle, dont les écrits de lâAncien Testament ne parlent point du tout. Câétait le mystère maintenant révélé. Christ en nous, y demeurant, quelle grâce immense! Puissions-nous la réaliser! Et à mesure que nous la saisirons et la goûterons, lâespérance assurée de la gloire deviendra aussi plus vivante. Remarquons encore combien tout, dans cette épître, est destiné à nous rapprocher de la personne du Seigneur. Sa grandeur comme Fils de lâamour de Dieu, sa divinité manifestée dans la création, sa place de Chef de la nouvelle création, la plénitude de la Déité demeurant en lui, le Réconciliateur de toutes choses et des pécheurs avec Dieu, et Celui-là , câest Celui qui est en nous, et au milieu de nous, «lâespérance de la gloire». Que nous faut-il de plus? Cela fermait la porte à toutes les rêveries subtiles des philosophes, au légalisme des docteurs judaïsants, qui ne pouvaient donner rien qui équivalût à «Christ en nous, lâespérance de la gloire». Tout ce qui toucherait à la gloire de Christ, diminue pour nous lâespérance. Que ce Christ habite donc dans nos cÅurs par la foi (Ãph. 3:17), câest-à -dire quâil nous soit donné de réaliser, par la foi, cette grande vérité, afin que nos cÅurs soient remplis de joie, sachant et goûtant notre union avec lui.
(v. 28) â Paul annonçait ce Christ, tel quâil lâa présenté dans tout ce qui précède. Ce Christ, soit quâil prêchât aux inconvertis, ou quâil instruisît les saints, était lâobjet divin et céleste de ses discours. Ses appels, ses exhortations et ses enseignements, étaient selon la sagesse de Dieu que lâEsprit Saint lui avait fait connaître (1 Cor. 2:6-10). Il sâadressait à tout homme, Juif ou gentil, où quâil fût, selon le ministère de lâÃvangile qui lui avait été confié et qui sâétendait à toute création sous le ciel. Mais ce nâétait pas seulement pour que tout homme fût sauvé. De nos jours, on sâarrête trop souvent à ce premier pas. Quelque important et indispensable quâil soit, il y a un second pas à faire, et lâapôtre lâindique: «Afin que nous présentions tout homme parfait en Christ».
Lâeffet de la prédication de lâapôtre, selon la sagesse et la puissance de lâEsprit de Dieu, devait être finalement de «présenter»1 tout homme parfait en Christ, câest-à -dire arrivé à lâétat dâhomme fait, dans cet état spirituel où Christ est connu selon la révélation qui est donnée de lui, et où, étant ainsi connu par le croyant, celui-ci est transformé à son image et le reflète dans sa vie par la puissance de la parole de Dieu et de lâEsprit Saint (voyez 2 Cor. 3:18; Phil. 3:8-16).
1 «Présenter» non pas «rendre», comme dans quelques versions. Paul voulait présenter la chose comme accomplie en tout homme. Présenter à qui? Devant les hommes, mais aussi à Dieu, comme ayant reçu tout ce que le ministère de lâapôtre pouvait lui communiquer quant à Christ.
(v. 29) â Câétait le but des efforts de Paul; il y travaillait, il combattait pour cela, car des obstacles intérieurs dans les âmes, extérieurs de la part des adversaires, devaient être vaincus. Mais Paul nâagissait pas avec son énergie propre, pas plus quâil nâétait apôtre selon sa volonté ou celle des hommes. Tout lui venait de Dieu, et il ne voulait rien tenir que de Lui. Christ opérait en lui et par lui avec puissance; câétait avec cette force quâil combattait et travaillait. Aussi les résultats bénis de son ministère étaient-ils manifestes. Puissent les serviteurs de Dieu marcher sur les traces du saint apôtre! Par quels moyens sâeffectuait ce combat? Il se passait dans lââme, eu égard aux grands sujets confiés à lâapôtre, aux besoins des saints et au salut des pécheurs, et devant Dieu, en prières.
En résumé, dans ce chapitre, nous avons deux gloires et primautés de Christ, dans lâancienne création, et dans la nouvelle; deux réconciliations correspondant à ces deux gloires, celle de toutes choses dans les cieux et sur la terre, et celle des personnes; deux ministères de lâapôtre, celui de lâÃvangile et celui dans lâÃglise.