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Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
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Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Colossians 2". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/colossians-2.html.
bibliography-text="Commentaire sur Colossians 2". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-23
(v. 1) — L’apôtre, dans ce qui précède, avait parlé d’une manière générale de son travail et des combats qu’il soutenait par l’efficacité de la puissance de Christ agissant en lui, afin de présenter tout homme parfait en Christ. Mais il voulait que les saints qui ne le connaissaient pas personnellement, qui n’avaient pas vu son visage, sussent aussi particulièrement le vif intérêt qu’il leur portait, et comme son cœur les embrassait ainsi que tous les autres. Il nomme spécialement, et l’assemblée de Colosses et celle de Laodicée, comme ayant une grande part dans ses exercices d’âme, dans sa sollicitude et ses prières, dans ce combat qu’il soutenait pour elles. Les saints, dans ces deux localités, étaient exposés à de grands dangers; ils couraient risque de cesser d’apprécier la personne de Christ; nous pouvons bien voir, par la lettre du Seigneur à l’ange de Laodicée, que ces exhortations à tenir «ferme le Chef», étaient bien nécessaires. Hélas! les Laodicéens n’avaient pas tenu compte de ce qui leur avait été dit, et en étaient venus à se croire riches sans Christ (Apoc. 3:14-22). L’apôtre, dont l’œil spirituel discernait l’état des âmes et voyait ce qui les menaçait, combattait avec énergie pour les Colossiens et les Laodicéens.
(v. 2, 3) — Le but du combat spirituel à l’égard de ceux pour lesquels Paul avait une si vive sollicitude, est indiqué dans ces versets. C’est «afin», dit-il, «que vos cœurs soient consolés, étant unis ensemble dans l’amour et pour toutes les richesses de la pleine certitude d’intelligence, pour la connaissance du mystère de Dieu, dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance». Il y a ici trois choses qui sont l’objet du combat et des prières de Paul pour les Colossiens. Premièrement, c’est qu’ils soient «consolés», encouragés et affermis, selon toute la signification de ce mot (voyez 1 Thess. 3:2; et 2 Thess. 2:17). En second lieu, l’apôtre désirait qu’ils fussent unis ensemble dans l’amour. Non pas simplement dans l’affection fraternelle, dans l’amour les uns pour les autres, mais dans ce qui est la source de tout vrai amour et ce qui seul unit réellement, savoir l’amour de Christ, cet amour connu dans une union réelle et consciente avec Christ, le Chef du corps, amour qui est le lien de la perfection (chap. 3:14). L’amour de Christ réalisé dans une vivante union avec lui, par tous les membres du corps, est ce qui les unit par la grâce et la puissance de l’Esprit Saint. Enfin, troisièmement, l’apôtre luttait dans ses prières, pour que les Colossiens possédassent toutes les richesses de la pleine certitude d’intelligence, pour connaître «le mystère de Dieu». Le chrétien a besoin d’intelligence pour connaître la plénitude de la vérité divine dont le centre est Christ. Mais ce n’est pas l’intelligence naturelle qui se livre à toute espèce de raisonnements et de spéculations sur les choses de Dieu, et qui ainsi s’égare. C’est l’intelligence éclairée par l’Esprit Saint et qui est toujours jointe à l’amour. «La connaissance enfle, mais l’amour édifie», dit Paul (1 Cor. 8:1). «Les yeux de votre cœur étant éclairés, pour que vous sachiez», dit-il ailleurs (Éph. 1:18). De plus l’apôtre désire pour les fidèles de Colosses «une pleine certitude d’intelligence»; il ne s’agit pas seulement de connaître, mais d’avoir la certitude entière que ce que l’on a saisi par l’intelligence et le cœur est bien la vérité divine, et ici c’est Christ, de sorte que l’on ne vacille pas, que l’on ne soit pas à se demander si l’on est bien dans le vrai, si l’on n’a pas à chercher autre chose. On est pleinement assuré que Christ et ce que l’on possède en lui, sont bien la pleine et entière vérité de Dieu. Et l’apôtre, pour exprimer la valeur d’une telle certitude, la présente par ces mots: «toutes les richesses». Quel trésor, en effet, pour l’âme d’avoir saisi «le mystère de Dieu», et d’en être pleinement assurée!
Ainsi ces trois choses sont: l’encouragement qui affermit l’âme, l’amour dans l’union avec Christ qui la réchauffe, et l’intelligence de la vérité qui l’éclaire. La possession de ces trois grâces rend capable de résister à l’erreur qui ébranle, tend à séparer de Christ, et jette le doute, l’incertitude et le trouble dans le cœur.
Ces trois choses devaient concourir à établir les Colossiens dans la connaissance du «mystère de Dieu». Qu’est-ce que ce mystère? Ce n’est pas simplement ce qui avait été caché dès les siècles et les générations concernant l’Église, composée des croyants juifs et gentils placés sur un même pied, et unie à Christ, son chef dans le ciel. C’est cela, et c’est plus. Ce mystère de Dieu, ce sont toutes les gloires de la Personne de Christ révélées dans le premier chapitre, et toute l’œuvre de la rédemption avec ses conséquences infinies. Et c’est pourquoi l’apôtre ajoute: «Dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance» (ou science). Il ne s’agit point ici de la sagesse humaine qui règle notre conduite dans les choses d’ici-bas, bien que nous ayons à être sages et prudents à leur égard; la connaissance, non plus, n’est pas celle des choses que l’esprit naturel de l’homme acquiert par ses facultés; la sagesse et la connaissance se rapportent ici aux choses divines, et ont pour objet les pensées de Dieu, l’une étant la perception de leur vérité et de leurs relations entre elles, et l’autre l’intelligence que l’on en a, mais une intelligence spirituelle qui les fait comprendre et apprécier. Ces deux choses, «sagesse» et «connaissance», sont souvent réunies par l’apôtre (voyez chap. 1:9; 1 Cor. 12:8; Éph. 1:17). Toutes les choses auxquelles s’appliquent la vraie sagesse et la vraie science, sont nommées ici «les trésors», à cause de leur prix infini: Christ en étant le centre. Tout ce qui tendrait à une autre fin que lui, ou qui l’amoindrirait, serait l’objet d’une fausse sagesse et d’une fausse science.
Remarquons encore le mot «cachés», ce qui ne veut pas dire que l’homme ne puisse les connaître et les posséder. L’Esprit Saint les révèle dans la Parole. Mais l’homme naturel, avec sa sagesse hautaine et sa vaine science, ne peut les découvrir (lisez 1 Cor. 2:6-8). Pour lui, ces trésors sont cachés, car il ne veut pas de Christ. «Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre», dit le Seigneur Jésus, «parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants» (Matt. 11:25). Mais celui qui, dans l’humilité, a appris à connaître Dieu en Christ, pénètre par la foi toujours plus dans ces trésors de sagesse, de science divine, de vérité, de lumière, qui rayonnent de ce centre divin — Christ — et à mesure qu’il y entre, son cœur s’y réchauffe, et il est mis à l’abri des vaines recherches de la sagesse et de la science humaines. C’était le but de l’apôtre, dont on peut ainsi traduire la pensée: «Qu’allez-vous chercher auprès de tous ces docteurs qui prétendent vous mener à des hauteurs plus grandes que celles où le christianisme vous a conduits? Dans le mystère de Dieu, qu’il a bien voulu vous révéler en Christ, sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance. En lui, dans sa glorieuse Personne, à laquelle sa grâce vous a unis, vous avez tout».
(v. 4) — De là l’exhortation de ce verset: «Or je dis ceci, afin que personne ne vous séduise par des discours spécieux», de faux raisonnements qui sembleraient fondés sur des vérités chrétiennes. Les discours persuasifs qui auraient une apparence de sagesse, mais qui, n’étant pas puisés dans la sagesse et la science divines, tendraient à introduire quelque chose qui séparerait l’âme de Christ.
(v. 5) — Nous voyons encore ici la tendre sollicitude de Paul pour les chrétiens de Colosses. «Absent de corps», et même ne les ayant jamais vus, il prenait cependant une vive part à ce qui concernait leur bien-être spirituel. Il était avec eux «en esprit», sa pensée, toujours occupée de Christ, l’était aussi par conséquent des membres de son corps, soit pour s’affliger s’il y avait quelque chose qui allât mal, soit pour avertir si quelque danger menaçait, soit pour se réjouir s’il trouvait quelque fruit dans la marche des saints du Seigneur. Fidèle serviteur de son Maître dans son service envers l’Assemblée entière, et non pour une localité spéciale, il est un modèle pour ceux qui sont appelés à travailler dans la même œuvre. Étant donc en esprit au milieu des Colossiens, il trouvait un motif de joie dans l’ordre selon lequel ils marchaient, et dans la fermeté de leur foi. Il les voyait marcher, pour ainsi dire, en bon ordre de bataille, comme des soldats qui, serrés les uns contre les autres, s’appuient et se soutiennent mutuellement. Leur foi étant dans le Christ, lui en était l’objet, ensemble ils s’appuyaient sur lui; ils n’auraient pas voulu se détourner de Celui qui les avait sauvés et amenés à Dieu; ils étaient restés fermes jusque-là. Mais l’ennemi cherchait à les séduire; il dirigeait ses batteries justement contre la Personne de ce Chef adorable. Des doctrines pernicieuses, judaïques et philosophiques, avec de hautes prétentions, tendaient à s’insinuer parmi eux et à les séparer peu à peu, sans qu’ils s’en doutassent, de la Personne de Christ, et s’ils les écoutaient, bientôt l’ordre serait rompu, leur foi chancellerait, et ils seraient la proie de l’adversaire. Voilà pourquoi l’apôtre en appelle à l’ordre qui existait encore et à la foi encore ferme chez eux, pour les mettre en garde contre le danger terrible qui les menaçait. Combien de nos jours, où tant de spéculations ont cours sur la Personne du Seigneur et tendent à la rabaisser, les chrétiens sincères qui veulent être fidèles à leur Seigneur, n’ont-ils pas à se garder de ces idées étrangères, de ces fatales erreurs qui se présentent sous des apparences spécieuses, et une fois reçues ne vont à rien moins qu’à ébranler et renverser la foi!
(v. 6 et 7) — L’apôtre s’appuie donc sur ce qui le réjouissait et qu’il approuvait chez les Colossiens, pour les exhorter à y persévérer. C’était ce qu’ils avaient reçu «dès le commencement» de leur foi, et il est bien remarquable que ce soit là une exhortation si souvent répétée dans la Parole. L’homme veut ajouter, de son propre fonds, ses idées à lui, à ce que Dieu nous révèle; il veut un développement en dehors de ce que l’Écriture nous présente, mais constamment la Parole nous ramène à ce qui était «dès le commencement» c’est-à-dire à Christ, le centre des pensées de Dieu. Ainsi Paul dit aux Colossiens: «Comme donc vous avez reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez en lui». L’apôtre fait appel à ce qui était en eux une expérience personnelle, à ce qu’ils avaient reçu. Et qu’était-ce? Non pas un système de doctrines, un ensemble de vérités, mais c’était Christ lui-même, sa Personne, devenue l’objet de leur foi et par là aussi de leurs affections. Et c’est Christ tout entier, comme l’expriment tous les noms qui lui sont attribués: le Christ, Celui qui s’est donné pour nous; Jésus, ou Jéhovah le Sauveur, c’est son nom personnel, le Seigneur, Celui qui a l’autorité. Autour de lui tout se groupe, à lui tout se rattache, et la doctrine chrétienne n’est tout entière que le développement de ce qu’il est, de ce qu’il a fait, et de l’accomplissement des desseins de Dieu relativement à la gloire de sa Personne. Connaître Christ, c’est connaître Dieu, l’amour, la vie, le salut et la gloire. L’avoir reçu par la foi dans son cœur, sous l’action et la puissance de l’Esprit Saint, c’est posséder toutes ces choses; que faut-il de plus? Il faut ce que l’apôtre ajoute: «Marchez en lui»; non pas seulement pour lui, par lui, ou avec lui, mais en lui, ce qui implique une communion intime avec lui, qui résulte de la conscience que nous avons de lui être unis, communion dans laquelle nous goûtons tout ce qu’il est en amour, en grâce, en vie, en puissance et qui a son reflet dans notre marche, dans notre conduite journalière, communion qui écarte d’instinct tout ce qui porterait atteinte à sa glorieuse Personne.
L’apôtre nous montre le ressort caché de cette marche en Christ dans ces paroles: «enracinés et édifiés en lui». Les racines d’un arbre, tout en ne paraissant point au-dehors, le maintiennent debout. Plus elles s’enfoncent dans la terre, plus l’arbre est ferme et peut résister aux efforts de la tempête. Par les racines aussi, l’arbre tire les sucs nécessaires à son existence et à sa croissance. Ainsi en est-il de Christ pour le fidèle. C’est de lui, c’est de la connaissance toujours plus profonde, plus réelle et plus intime de sa Personne et de son amour — l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance (Éph. 3:19), que le chrétien tire sa force et puise sa vie, c’est ainsi qu’il peut croître et se développer et braver les assauts de l’adversaire. L’apôtre ajoute: «édifiés en lui», établis sur lui, comme sur une base inébranlable, ainsi qu’un édifice sur un solide fondement.
La conséquence de ce qui précède est l’affermissement dans la foi. C’est la connaissance de Christ, c’est la communion avec lui, c’est la jouissance de ce qu’il est, c’est la réalisation dans le cœur de tout ce qui est renfermé dans sa Personne bénie, qui nous affermit dans la foi, c’est-à-dire dans la doctrine chrétienne. Elle n’est plus pour nous simplement une affaire d’intelligence, mais elle s’empare du cœur et des affections, en même temps que de la vie. Puis remontant toujours au commencement de leur vie chrétienne, l’apôtre dit: «selon que vous avez été enseignés», et non selon ce que vous enseignent les faux docteurs. Épaphras, un fidèle serviteur du Christ, leur avait fait entendre «la grâce de Dieu en vérité», c’est en cela qu’ils avaient à persévérer: la grâce de Dieu connue selon la vérité qui est en Christ. L’apôtre Jean exhorte aussi les chrétiens, afin que ce qu’ils ont entendu dès le commencement demeure en eux, et il ajoute, parlant de l’onction reçue de Christ, c’est-à-dire l’Esprit Saint: «Et selon qu’elle vous a enseignés, vous demeurerez en lui», c’est-à-dire en Christ (1 Jean 2:24-27). Partout nous trouvons les mêmes exhortations à ne pas chercher des nouveautés, et à ne pas prêter l’oreille à ceux qui les enseignent, parce que partout et de tout temps, c’est la pente naturelle du cœur et le piège de l’ennemi.
Affermis ainsi dans la foi, selon l’enseignement qu’ils avaient reçu, les Colossiens devaient aussi y abonder, c’est-à-dire que leur foi devait s’emparer de plus en plus de ce qui leur était donné en Christ. L’âme heureuse dans la jouissance toujours plus grande des trésors d’amour et de grâce qui se trouvent en lui, exprime sa reconnaissance par des actions de grâces.
(v. 8) — Maintenant vient l’avertissement relatif aux dangers qui les menaçaient. «Prenez garde», dit l’apôtre, «que personne ne fasse de vous sa proie (ou ne vous emmène comme une dépouille) par la philosophie et par de vaines déceptions, selon l’enseignement des hommes, selon les éléments du monde, et non selon Christ». Ceux dont l’apôtre parle ici, sont ces docteurs philosophes, raisonneurs et judaïsants, qui mêlaient artificieusement leurs spéculations intellectuelles avec les cérémonies légales données autrefois de Dieu au peuple juif, mais ayant fini leur temps. Ils s’appuyaient du fait que Dieu les avait données, afin de s’accréditer eux-mêmes, et de faire passer leurs propres idées qui toutes tendaient à rabaisser Christ. Ils sont comparés à des loups qui voulaient faire des chrétiens leur proie, comme Paul l’avait exprimé aux anciens de l’assemblée d’Éphèse: «Il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau» (Actes 20:29). Les anciens devaient veiller sur le troupeau, mais les simples fidèles, même une simple femme (2 Jean 8-10), ont à prendre garde à ceux qui voudraient les enseigner d’un enseignement d’homme et non selon Christ.
Par philosophie, l’apôtre veut dire cette connaissance faussement ainsi nommée (1 Tim. 6:20), par laquelle l’homme prétend, par ses propres facultés et ses raisonnements, arriver à la connaissance des choses de Dieu. L’esprit naturel ne peut connaître que les choses qui sont de son domaine; l’Esprit de Dieu seul révèle les choses de Dieu (voyez 1 Cor. 2:11). Le propre de cette philosophie est de conduire l’homme à nier ce qu’elle ne peut comprendre et soumettre à ses raisonnements. C’est ainsi que, de nos jours, elle s’attaque, comme autrefois, au mystère de la Personne de Christ et de la rédemption, et que l’on voit même des docteurs portant le nom de chrétiens, suivre ces raisonnements, ces vaines déceptions qui conduisent à dépouiller le chrétien de ce qu’il a de plus précieux, la Personne de son Sauveur. Combien vaines sont-elles, ces déceptions! L’esprit est trompé par cette philosophie qui ne donne rien pour satisfaire les réels besoins de l’âme. Quel danger d’écouter la voix de ces docteurs! Combien nous avons à veiller!
En même temps, à leurs spéculations intellectuelles, ils joignaient l’enseignement ou la tradition des hommes. Les Juifs avaient une quantité de ces traditions auxquelles ils attachaient une grande autorité, autorité aussi et plus grande souvent pour eux, que celle des Écritures. Le Seigneur le leur reproche en termes énergiques (Matt. 15:1-11). Tout cela constituait une religion qui s’adaptait bien à l’homme dans la chair. Elle était selon «les éléments du monde», c’est-à-dire selon des principes appropriés à l’homme, tel qu’il est comme descendant d’Adam et vivant dans ce monde. C’était un contraste de tous points avec le vrai christianisme qui est céleste. L’enseignement contre lequel les Colossiens étaient mis en garde, et nous avec eux, n’était pas «selon Christ», le Christ céleste dont les gloires ont été présentées dans le chapitre précédent et dans lequel se trouvent toute sagesse, toute plénitude, et tout ce qui répond à nos besoins. Cet enseignement rabaissait Christ pour exalter l’homme, et privait le chrétien de ce qui seul peut remplir le cœur.
(v. 9) — L’apôtre revient donc avec bonheur à ce grand sujet, Christ, pour montrer que là, en lui, nous trouvons toutes les bénédictions, en dehors des spéculations de l’esprit humain, en dehors des superstitions auxquelles l’homme est disposé à s’adonner, en dehors des formes par lesquelles il cherche à satisfaire Dieu.
Il vient de nommer Christ, et son âme le contemple dans sa grandeur divine et sa pleine suffisance pour nous. «Car en lui habite toute la plénitude de la Déité corporellement». L’apôtre met devant nous, en contraste avec les spéculations des hommes, Christ vrai Dieu et vrai homme, ainsi qu’il l’a déjà fait au chapitre 1. La plénitude de la Déité exprime ce que Dieu est comme Dieu, son essence, ses attributs et ses perfections, sa gloire. Et elle «habite», non a habité, corporellement, substantiellement et réellement en Christ homme. Cette union ineffable de Dieu avec l’homme — un homme parfait, forme avec lui un seul Être, mystère devant lequel nous ne pouvons qu’adorer. C’est la Parole qui est devenue chair, ainsi que le dit Jean (Jean 1:14). La plénitude de la Déité s’est plu à habiter au milieu des hommes dans cet homme, le Christ Jésus, non en le revêtant de dons excellents et en en faisant par sa sainteté et ses perfections morales un homme à part et au-dessus des autres, mais par une union personnelle, de sorte que l’on peut dire de Christ: Il est Dieu et il est homme, mais c’est Christ qui est cela. Et remarquons qu’il est dit «habite», c’est une chose permanente qui existe maintenant qu’il est glorifié, comme lorsqu’il était sur la terre. Qu’on le prenne dans la crèche, à Bethléem, ou dans les bras de Siméon, ou à douze ans dans le temple interrogeant les docteurs, ou ensuite à Nazareth, soumis à ses parents; ou bien que ce soit dans le cours de son ministère, ou sur la croix, et enfin dans la gloire; où que ce soit, autrefois, aujourd’hui et dans l’éternité, il est Celui en qui habite corporellement toute la plénitude de la Déité.
(v. 10) — Voilà ce qu’il est dans sa Personne, et, dans ce v. 10, nous voyons ce que nous sommes en lui — «accomplis», pleins ou remplis, c’est-à-dire qu’en lui nous avons tout devant Dieu, rien ne nous manque; notre position est parfaite. En cherchant à ravir à Christ quelque chose de sa gloire, on nous ôterait quelque chose de notre position devant Dieu. Mais du moment que toute la plénitude de la Déité habite en lui, nous avons en lui tout ce qu’il nous faut devant Dieu, là en lui nous sommes dans toute la perfection de sa Personne. Quelle place pour le chrétien! Il est accompli devant Dieu en Christ, étant uni à ce Chef glorieux.
L’apôtre ajoute qu’il est «le chef de toute principauté et autorité». L’homme, dans sa folie, serait disposé à fléchir les genoux devant les anges (v. 18); c’est à quoi Satan voulait entraîner les Colossiens par le moyen des faux docteurs et de leurs raisonnements. Mais Christ est Chef de ces autorités et de ces puissances célestes, quel que soit leur rang. Il est au-dessus d’elles, non seulement comme Dieu qui les a créées (chap. 1:16), mais aussi comme homme glorifié, il a été établi au-dessus de toutes (Éph. 1:21). En lui, bien loin d’avoir à les adorer, nous sommes au-dessus d’elles. Il nous suffit pleinement, soit que nous le considérions comme nous donnant, en lui-même, une position parfaite devant Dieu, soit comme l’Objet divin qui seul peut remplir nos cœurs. En lui, nous avons tout, car nous sommes au centre des délices divines.
(v. 11-15) — L’apôtre, dans ces versets, montre en détail que le croyant a, en effet, tout en Christ, et n’a rien à chercher en dehors de lui dans les enseignements humains, les traditions et les observances d’un culte terrestre.
En premier lieu (v. 11), le chrétien est «circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par la circoncision du Christ». La circoncision faite de main dans la chair, était le signe établi de Dieu de son alliance avec Israël, son peuple terrestre; pour faire partie de ce peuple, il fallait être circoncis. En même temps, cette cérémonie avait une signification spirituelle, elle était le symbole du dépouillement de la chair. Les docteurs judaïsants, sans reconnaître cette signification, attachaient une grande importance à la circoncision (voyez Actes 15:1; Gal. 6:12, 13), et voulaient y astreindre les croyants d’entre les gentils. L’apôtre renverse ici leurs prétentions, en montrant que les chrétiens ont en Christ la réalité de ce dont la circoncision n’était que le signe. Par la foi, ils ont part à l’efficacité de la mort de Christ; ils sont morts avec lui, et dans cette mort, ils ont trouvé le vrai dépouillement du corps de la chair — non du corps mortel — mais de l’ensemble du péché considéré ici comme un organisme complet — un corps. Possédant en même temps la puissance de vie qui est en Christ, ils se tiennent pour morts au péché. C’est là ce que l’apôtre appelle la circoncision du Christ. Nous trouvons cette doctrine en Rom. 6:6 et 7. «Notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché. Car celui qui est mort est justifié (quitte) du péché». Puis il ajoute: «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus». Tel est le grand privilège du chrétien; voilà ce qu’il trouve dans la mort du Christ auquel il est uni; non pas seulement que Christ est mort pour ôter ses péchés et annuler la condamnation qui était sur lui, mais qu’il est mort avec Christ, uni à lui dans cette mort — pour que le corps du péché en lui soit annulé; il l’a ainsi dépouillé complètement. Remarquons bien que ce n’est pas une chose à accomplir par des efforts graduels; c’est une chose accomplie: «vous avez été circoncis», «notre vieil homme a été crucifié», c’est un fait; et c’est en vertu de cette relation avec Christ, et de cette position en Christ où il est de fait, que le chrétien est armé contre le péché, auquel il est mort, et est délivré de sa servitude. La mort avec Christ et la vie en lui, est le point de départ. Se tenant pour mort au péché, et ayant la vie en Christ, il peut servir Dieu. Quelle grâce merveilleuse!
(v. 12) — Ici, nous trouvons le baptême, cérémonie chrétienne, qui est aussi un signe d’une chose spirituelle, et qui explique bien ce qui précède. Le baptême est le signe de notre entrée dans cette mort avec Christ: «ensevelis avec lui dans le baptême», c’en est la déclaration publique. Être enseveli, c’est la disparition finale de l’homme de la scène présente, de même être enseveli avec Christ indique moralement la fin de l’homme en Adam, aussi bien que notre fin. Nous en avons fini avec notre état dans la chair. Mais on n’en reste pas là. Nous passons, ou plutôt nous avons passé dans un état nouveau. Christ n’est pas seulement mort, et n’a pas été seulement enseveli. Il est aussi ressuscité, passant ainsi dans cette nouvelle vie sur laquelle la mort n’a plus de puissance (Rom. 6:9). Nous sommes aussi ressuscités ensemble avec lui, nous sommes avec lui dans cet état nouveau, et le baptême est le signe à la fois de notre mort et de notre résurrection avec Christ. Quel heureux renouvellement! Être morts à ce que nous étions dans la chair et qui n’amenait pour nous rien que misère, et être ressuscités et participants de cette nouvelle vie de lumière, d’amour et de bonheur où Christ se trouve, sur un terrain où le péché et le jugement n’ont plus de place!
L’apôtre nous fait ensuite connaître le moyen par lequel ces choses deviennent en nous une vivante réalité, et ne restent pas une affaire d’intelligence. Ce moyen, c’est la foi. Elle s’approprie ce qui nous est présenté et le rend nôtre. Mais ce qui produit et la foi et cette nouvelle vie en Christ, c’est l’opération puissante de Dieu qui a été manifestée dans la résurrection de Christ. C’est ainsi que nous lisons dans les Éphésiens: «Pour que vous sachiez... quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts... Et nous, alors même que nous étions morts dans nos fautes, il nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble...» (Éph. 1:19, 20; 2:5, 6).
(v. 13) — Ce verset contient en même temps la doctrine de l’épître aux Éphésiens et celle de l’épître aux Romains: nous y voyons la mort morale dans laquelle nous étions dans nos péchés, et le poids de la condamnation qui pesait sur nous à cause de ces péchés. En Christ, nous avons la réponse à ces deux choses. Il a pris sur lui la condamnation due au péché, il est mort pour nous, et nous avons ainsi par lui le pardon de toutes nos fautes, il n’y a plus de condamnation pour nous. De plus, il est ressuscité, et nous, ressuscités avec lui, nous participons à cette vie dans laquelle il est entré; nous sommes sortis de la mort où nous étions et nous sommes vivifiés ensemble avec lui.
Remarquons que l’apôtre dit aux Colossiens: «Vous étiez morts dans vos fautes et dans l’incirconcision de votre chair». Les Juifs étaient bien aussi par nature morts dans leurs fautes (Éph. 2:5), mais ils étaient circoncis comme gage que l’alliance et les promesses leur appartenaient; ils avaient un Dieu et une espérance (Éph. 2:11 12). Les pauvres gentils n’avaient rien de tout cela. Morts dans leurs fautes, ils l’étaient aussi dans l’incirconcision de leur chair: ils n’avaient aucun droit devant Dieu; ils ne pouvaient être que les objets de sa pure et souveraine grâce, et elle s’était exercée envers eux. L’apôtre le rappelle aux Éphésiens (2:5, 8). Quel sujet de reconnaissance pour nous! Mais l’apôtre dit ensuite: «Nous ayant pardonné toutes nos fautes». Les Juifs avaient tout aussi besoin du pardon et de la grâce qui vivifie que les gentils eux-mêmes. Tout en reconnaissant leurs privilèges spéciaux, la Parole les place toujours, comme pécheurs, sur le même pied que les gentils. Le péché nous a placés tous dans la mort et sous la condamnation; en Christ mort et ressuscité, tous peuvent trouver le pardon et la vie. Quel bonheur de les posséder, et non pas seulement de savoir qu’ils sont en lui, ces trésors précieux! Ce qui nous manque trop souvent, c’est de réaliser ces grâces dans notre âme par une foi qui s’en empare et nous en fait jouir. Remarquons encore que le pardon est à la base de tout dans la vie chrétienne, c’est le commencement. L’apôtre dit: «nous ayant pardonné toutes nos fautes». C’est après ce pardon que vient la vivification avec Christ. Il a laissé derrière lui, dans sa mort, la condamnation qu’il avait prise sur lui, et nous l’avons aussi derrière nous, et dans sa résurrection, nous avons la vie. Enfin, faisons attention à ces mots: «Toutes nos fautes». Le pardon est complet, rien ne reste à notre charge. Quelle sécurité pour l’âme croyante! Dans cette vie nouvelle en Christ, il n’y a plus de condamnation, car il n’y a plus de fautes (Rom. 8:1).
(v. 14) — Une autre grâce nous est présentée ici comme résultat de la mort de Christ sur la croix: «Ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances, et qui nous était contraire, et il l’a ôtée en la clouant à la croix». Une obligation, comme nous le savons, est un écrit souscrit par quelqu’un et qui l’oblige à un paiement. N’y pas faire honneur entraîne une pénalité. Cette obligation qui était contre les Juifs (l’apôtre dit «nous»), consistait dans les ordonnances1 de la loi, dont la non-observation entraînait la mort. Or les Israélites avaient mis, pour ainsi dire, leur signature à cette obligation, en disant: «Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons» (Exode 19:8). Tant qu’ils étaient sous la loi, ils étaient tenus à l’obéissance à ces ordonnances. Or les docteurs judaïsants voulaient placer les autres sous le joug insupportable (Actes 15:1, 10), sous cette obligation que l’homme ne peut remplir, et qui ainsi laisse la conscience oppressée sous un poids que les efforts de l’homme ne peuvent enlever. Tel est le cas encore maintenant pour bien des âmes qui sont sincères, qui veulent, par des œuvres, se faire une position devant Dieu et se tranquilliser, mais qui se voient toujours bien au-dessous de ce qui peut satisfaire la justice de Dieu. Eh bien, que ces âmes lisent avec attention la précieuse déclaration de l’apôtre, destinée à prémunir les Colossiens contre un enseignement qui tendait à les placer sous cette obligation des ordonnances de la loi, déclaration que nous pouvons saisir aussi pour nous: «Il (Christ) l’a ôtée en la clouant à la croix». Elle a été effacée, annulée, détruite, lorsque Christ a été cloué à la croix; là elle a trouvé sa fin, et le croyant en est entièrement libéré. Vie, pardon et liberté, nous avons tout en Christ.
1 Ordonnances ou «décrets», selon le mot de l’original.
(v. 15) — Une autre chose était contre nous, c’étaient les «principautés et les autorités», la puissance spirituelle de méchanceté (Éph. 6:12), dont le chef est le diable ou Satan. Christ a triomphé d’elles en la croix. Chose merveilleuse! C’était la puissance des ténèbres qui semblait avoir prévalu, lorsque Christ avait été livré, saisi par des mains iniques, dépouillé, injurié, et enfin cloué sur la croix. Les hommes et les démons assistaient là au triomphe apparent de Satan, et à la défaite de Christ. Mais en réalité, aux yeux de Dieu, pour sa gloire et celle de son Christ, pour notre salut et notre bonheur éternels, dans cette ignominie et cette mort du Sauveur, éclatait sa victoire. Il vainquait en subissant tout ce que la haine de l’homme, conduit par Satan, avait pu imaginer contre lui; il vainquait par la mort celui qui avait l’empire de la mort (Héb. 2:14). Comme un vainqueur, il dépouillait de leur puissance et de leur force ces autorités et ces principautés malfaisantes pour l’homme et ennemies de Dieu; il les désarmait définitivement, comme il avait montré précédemment qu’il pouvait le faire (voyez Matt. 12:29). Il les exposait publiquement devant les hommes et les anges (1 Tim. 3:16), à la honte de leur défaite; et ce triomphe glorieux, il le remportait sur la croix et par la croix: là brillait sa gloire, là s’accomplissait notre délivrance. Ô merveille de la sagesse et de l’amour de Dieu! (1 Cor. 1:18, 24). Remarquons que, s’il s’agit des principautés et des autorités qui sont bonnes — les anges — Christ en est le Chef (v. 10); et que, quant aux puissances spirituelles de méchanceté, il les a vaincues.
C’est ainsi que les Colossiens avaient tout pleinement en Christ, et l’apôtre exalte ses gloires et déploie les trésors qui sont en lui, pour dégager les Colossiens des pièges qui les menaçaient, en les ramenant à Celui en qui réside la plénitude de la Déité, et pour leur rendre la conscience et la puissance de leur union avec lui. La fin de l’homme dans la chair, la délivrance de la puissance du péché et de la condamnation, le pardon, la vie, l’affranchissement de la loi et de ses ordonnances, et l’anéantissement de la puissance de l’ennemi, nous avons tout dans cette Personne adorable, Fils de l’amour du Père, Créateur tout puissant, Chef de l’Assemblée, Sauveur mort et ressuscité, vivant à jamais, et auquel nous sommes unis d’une manière indissoluble. À lui soit la gloire!
(v. 16 et 17) — Du v. 9 au v. 15, l’apôtre a exposé de nouveau ce qui concerne la gloire de la Personne de Christ, en qui habite toute la plénitude de la déité corporellement, puis les résultats infiniment précieux de son œuvre pour les chrétiens. Il revient maintenant à l’exhortation qu’il adressait aux Colossiens, au v. 8, en signalant les erreurs qui les menaçaient et qu’il détruit par l’application des vérités qu’il vient d’exposer. C’est comme s’il disait: Puisque l’obligation, qui consistait en ordonnances, a été clouée à la croix, que personne donc ne vous juge de ce que vous n’observez pas ces ordonnances. Et il entre dans le détail de ce à quoi elles se rapportaient. Il s’agit ici de prescriptions juives, comme le montre clairement le v. 17; les faux docteurs ne se bornaient pas à vouloir imposer celles que la loi de Moïse indiquait (comme la distinction des viandes pures et impures; Lév. 11); ils y ajoutaient celles qu’avaient établies les traditions, comme ce qui concerne «le boire». Nous ne voyons pas qu’en effet, sauf le cas du vœu de nazaréat, il y eût rien de prescrit quant aux boissons dans la loi de Moïse. L’apôtre cite ensuite les différentes fêtes établies aussi par la loi mosaïque, et que les faux docteurs voulaient imposer aux chrétiens; mais toutes ces choses préfiguraient ce dont la réalité — le corps — est en Christ. Et puisqu’ils avaient Christ, qu’avaient-ils besoin de ces ombres? Remarquons que ce n’est pas le seul passage où se trouve combattue cette prétention des docteurs judaïsants. Les Galates s’y étaient laissé prendre. «Vous observez», dit l’apôtre, «des jours, et des mois, et des temps, et des années» (Gal. 4:10), et il appelle cela de faibles et misérables éléments. C’est une tendance naturelle du cœur humain, à laquelle l’Église chrétienne n’a pas échappé. Elle aussi a voulu avoir ses fêtes, sans que rien dans la parole de Dieu l’y autorisât. Au contraire, les passages que nous avons sous les yeux nous montrent clairement que c’est retourner aux éléments du monde. On vit dans le monde, on s’y mêle, on suit son train, mais viennent ces fêtes, on devient chrétien pour un jour, pour retourner ensuite à sa vie habituelle, ayant, comme on le croit, satisfait à ses devoirs envers Dieu. Le vrai chrétien a Christ en tout temps, cela lui suffit. Il vit avec Christ, sans qu’il soit besoin de fêtes spéciales pour lui rappeler que sa vie est celle de Christ, cachée avec lui en Dieu. Il a laissé les ombres; il possède la réalité. Remarquons encore que le sabbat même, comme obligation légale, est mis de côté. C’est le jour de repos pour le premier homme; mais c’est celui que Christ, mis à mort par l’homme, a passé dans le tombeau. Lui, le second homme, est ressuscité le premier jour de la semaine, et c’est notre privilège, non une obligation légale, de rappeler ses souffrances et sa mort, en ce premier jour, sur le terrain de la résurrection. Christ met de côté tout ce qui est du premier homme.
(v. 18) — Nous revenons ici aux doctrines erronées et aux enseignements pernicieux, que les faux docteurs mêlaient aux prescriptions judaïques, et qui ne tendaient à rien moins qu’à séparer de Christ, le Chef, la Tête du corps. Les ordonnances juives ramenaient aux ombres ceux qui possédaient le corps, les doctrines gnostiques détruisaient la toute-suffisance de Christ comme Médiateur, et plaçaient entre lui et les âmes des créatures. Tout cela reposait, non sur la parole de Dieu, mais sur des imaginations de l’esprit orgueilleux de l’homme.
«Que personne ne vous frustre du prix du combat», ne vous enlève le prix vers lequel vous tendez — allusion à un juge qui, dans les jeux des anciens, aurait ôté injustement le prix à qui avait combattu ou couru pour cela. Le combat chrétien se livre sur une ligne tout autre que celle des ordonnances juives et des folies des gnostiques. Les faux docteurs voulaient entraîner les chrétiens de Colosses en dehors de leur vraie course (Phil. 3:14), les faire tendre vers ce qui les détournait de Christ, et les priver ainsi du prix. Paul pousse un cri d’alarme pour les ramener vers le Chef. Remarquons que, tandis que pour les ordonnances, l’apôtre dit simplement «que personne ne vous juge», de même que, dans l’épître aux Romains, chap. 14, il exhorte au support envers ceux qui, faibles en la foi, croiraient devoir faire encore des distinctions dans le manger et dans les jours, quand il s’agit des hérésies fatales, il dit: «Que personne ne vous frustre du prix». C’est qu’en effet il y avait là en jeu la volonté propre et le vain orgueil de l’homme s’ingérant dans les choses que Dieu a réservées à sa connaissance, et de plus une prétendue humilité et une fausse spiritualité conduisant à rendre à des créatures, si élevées fussent-elles, un hommage qui ne leur appartenait pas. Dieu avait-il montré les anges autrement que comme des serviteurs prompts à obéir à ses ordres? (voyez Ps. 103:20 et Héb. 1:14). Les avait-il jamais présentés comme des objets d’adoration? Loin de là. La loi même disait: «Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul» (Luc 4:8). C’était donc aller contre le clair enseignement de Dieu et montrer ainsi sa propre volonté opposée à celle de Dieu. Et cela dans une prétendue humilité, car c’était avoir l’air de s’abaisser devant des êtres supérieurs, et qui pouvaient servir de médiateurs entre l’homme et l’Être suprême. Nous savons hélas! combien ces fatales erreurs ont pénétré et sont demeurées dans une grande portion de la chrétienté. N’est-il pas remarquable qu’en cela, comme pour d’autres doctrines erronées, ce qui se passait au temps de l’apôtre ait donné lieu à ces enseignements destinés à nous garantir et aussi à ramener les âmes engagées dans ces erreurs?
De plus, c’était de l’orgueil et des pensées toutes charnelles que d’avoir la prétention d’entrer d’une manière quelconque, par des raisonnements ou des visions, dans un domaine que Dieu ne leur avait pas ouvert par sa révélation.
(v. 19) — De plus encore, et c’était la conséquence de leur fausse humilité qui cachait leur vain orgueil et les pensées de la chair, par ces doctrines ils reniaient effectivement leur union avec le Chef, Christ — «ne tenant pas ferme le Chef» (ou la Tête). Ce n’est pas qu’ils rejetassent Christ, mais, professant le christianisme, ils enseignaient ce qui rabaissait le Seigneur, en y ajoutant les ordonnances comme chose nécessaire, et ce qui séparait de lui, — c’est le propre de toute erreur, — en détournant la pensée des chrétiens vers d’autres objets que Christ. Si l’on tient ferme le Chef, si l’on a la conscience de son union avec lui, si l’on jouit de sa communion, on ne place rien entre lui et soi. Si l’on est un avec lui, on est bien au-dessus des créatures les plus élevées. Quelle grâce merveilleuse! Quels privilèges précieux en découlent pour nous! Ne laissons rien se placer entre la gloire du Chef et nos âmes; ne souffrons rien qui le voile à nos cœurs; tenons ferme le Chef. Nous sommes unis à lui, là où il est; c’est un fait: que Dieu nous donne d’en garder la conscience et la jouissance!
Et voici ce qui résulte de cette union des membres — du corps — avec la Tête. En opposition avec les prétentions des faux docteurs qui voulaient mener les chrétiens par un développement tiré de leurs raisonnements et de leur imagination, nous avons ici un accroissement de Dieu, un accroissement divin dans sa source et sa nature, et non humain. Cet accroissement provient de ce que les membres du corps, unis à la Tête, Christ, reçoivent de lui les trésors de vie et de grâce qui sont en lui. Ce qui alimente ainsi le corps, tient les membres par toute la terre bien unis les uns aux autres, et ainsi le corps prend sa force et son accroissement. Les différentes parties du corps ne s’isolent pas; elles subsistent ensemble et vivent d’une même vie: «bien unis ensemble, dit l’apôtre; toutes ces parties sont nourries ensemble par la communication qu’elles ont entre elles: «alimenté», est-il dit. Cette réalité du corps de Christ, un, bien que composé de différents membres, qui sont les vrais chrétiens, possédant la vie de Christ, unis à lui dans le ciel, cette réalité bénie doit être soigneusement maintenue. C’est une chose qui subsiste, en dépit de toute la ruine. Le Chef, que nous avons à tenir ferme, a ses membres ici-bas, son corps qui croît d’un accroissement de Dieu. La réalisation et la conscience de ce fait sont une autre chose, mais il subsiste. Les Colossiens, et nous aussi, avaient à y être ramenés.
(v. 20-23) — L’apôtre juge maintenant le système des faux docteurs au point de vue de notre position comme chrétiens. Quelle est cette position? «Vous êtes morts avec Christ», est-il dit. Ce n’est pas toute notre position, car nous sommes aussi ressuscités avec lui et unis à lui dans le ciel; mais c’est le fait de notre mort avec Christ que l’apôtre emploie pour montrer l’inanité du système des ordonnances. Elles sont pour la terre, pour quelqu’un qui vit dans ce monde, et qui par elles voudrait, dans cette vie-là, entrer en relation avec Dieu. Or, le chrétien est mort avec Christ, ainsi que l’expose le chap. 6 aux Romains. Il n’est donc plus dans l’existence à laquelle s’adaptent les ordonnances. Il est mort aux éléments du monde. Qu’est-ce qu’un mort a à faire avec cela? N’étant plus en vie dans le monde, c’est-à-dire ne vivant plus de la vie qui dirige les pensées et les principes du monde dans les choses religieuses (et même en tout), pourquoi le chrétien agirait-il comme s’il vivait encore de cette vie, en établissant des ordonnances? Ces ordonnances, Paul les résume en ces quelques mots: «Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas». Elles étaient établies selon des enseignements et des commandements d’hommes. C’était un joug que l’on voulait imposer aux chrétiens, sous prétexte que leur abstention des choses que Dieu a créées (1 Tim. 4:3), les conduirait à la sainteté. Prescriptions méticuleuses qui, au contraire, détournant les pensées des choses du ciel et les portant sur les choses qui périssent, sont destructives de la vraie sainteté. Que reste-t-il pour l’âme qui s’est astreinte à ces ordonnances? Rien; «elles sont destinées à périr par l’usage». Il y a eu des ordonnances pour un peuple terrestre, mais elles ont fait leur temps, elles ont trouvé leur fin à la croix; pourquoi les ramener pour les imposer aux chrétiens, et même les aggraver par des interdictions minutieuses? Ce sont des choses venant de l’homme qui veut se glorifier ainsi dans la chair.
En effet, l’apôtre dit: «Qui ont bien une apparence de sagesse en dévotion volontaire et en humilité, et en ce qu’elles n’épargnent pas le corps, ne lui rendant pas un certain honneur». L’apôtre accorde bien qu’il y a, dans ces abstinences et ces macérations que prescrivaient les faux docteurs, une apparence de sagesse. Ce culte ou dévotion volontaire, c’est-à-dire arbitraire, envers des êtres élevés au-dessus des hommes, je veux dire les anges, cette humilité prétendue qui se montrait en affectant de ne pas tenir compte du corps, ne lui rendant pas un certain honneur et ne l’épargnant pas, se livrant à des privations volontaires de toutes sortes, tout cela faisait beau voir aux yeux des hommes. Ces doctrines erronées ont pénétré plus tard dans l’Église, et on les a vus, ces ascètes, ces solitaires vêtus grossièrement, se laissant exténuer par la faim, et acquérant ainsi un renom de sainteté. Mais c’était une sagesse apparente; bien qu’il pût y avoir chez quelques-uns de la sincérité, c’était ce qu’ils s’imposaient de leur propre volonté, c’était donc la chair qui profitait; c’était pour la satisfaction de la chair, non pour la gloire de Christ. Heureuse liberté que celle où le chrétien a été mis par sa mort avec Christ. Elle le délivre du joug des ordonnances, non pas toutefois pour qu’il use de cette liberté comme d’une occasion pour la chair, car ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises. Morts avec Christ, ils vivent à Dieu. Morts avec Christ, ils sont aussi ressuscités avec lui, et c’est ce dont le chapitre suivant va nous entretenir.