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Sunday, November 24th, 2024
the Week of Christ the King / Proper 29 / Ordinary 34
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Bible Commentaries
1 Pierre 1

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versets 1-25

Chapitre 1er

Pierre, apôtre de Jésus Christ, à ceux de la dispersion, du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie et de la Bithynie, qui séjournent parmi les nations, élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit, pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ. Que la grâce et la paix vous soient multipliées. (v. 1-2)

Il est intéressant de constater que l’apôtre Pierre adresse son épître aux chrétiens sortis du judaïsme dans les provinces mêmes où l’apôtre Paul commença l’exercice de sa mission. Ce fait nous parle du jugement définitif de Dieu sous lequel Israël était placé dorénavant, tandis que la grâce se tournait vers les nations; mais il nous parle aussi de cette même grâce envers le peuple coupable, grâce qui, malgré tout, amenait un pauvre et faible résidu d’entre eux à Christ pour avoir part aux bénédictions dont les nations jouissaient désormais. On comprend d’autant mieux le contraste entre la doctrine de Pierre et celle de Paul, tout en voyant que l’une comme l’autre est d’origine absolument divine. C’est ce que nous allons chercher à démontrer.

Et d’abord il y a une opposition du tout au tout entre la foi d’un juif asservi à la loi et celle d’un juif converti au christianisme. Les deux versets que nous venons de lire le prouvent surabondamment. Les trois personnes de la divinité, Dieu le Père, le Saint Esprit et Jésus Christ le Sauveur, inconnus au peuple juif dans leur caractère propre, sont cités ici comme formant la base sur laquelle la foi de ces croyants est édifiée. Cette foi elle-même a son point de départ, non pas comme celle d’Israël dans l’élection d’Abraham, mais dans la préconnaissance de Dieu le Père. Il faut remonter à l’éternité pour en découvrir l’origine et là encore nous ne pouvons la découvrir, puisqu’elle plonge dans l’infini. Cette préconnaissance a ses racines dans l’amour, car c’est Dieu le Père qui la possède. Elle s’est manifestée dans l’élection et il est arrivé un moment où la réalité de cette élection a éclaté aux yeux des saints. C’est ce qui faisait dire à Paul, écrivant aux Thessaloniciens: «SACHANT, frères aimés de Dieu, votre élection» (1 Thess. 1:4). Comment pouvait-il le savoir? Par les fruits que le Saint Esprit leur faisait porter. Mais avant même que ces fruits, visibles à tous, soient produits, il y a une action préliminaire du Saint Esprit pour sanctifier, c’est-à-dire pour mettre à part, les élus en vue du témoignage auquel ils sont appelés. Cette action est multiple. Qu’elle consiste en épreuves, en pertes, en maladies, en coups subits, en appels arrivant au moment favorable, etc., etc.; l’âme est, à un moment donné, isolée de cette manière, obligée de prêter l’oreille pour entendre le son doux et subtil de la grâce, qu’elle n’aurait pas entendu sans cette intervention divine. Voilà ce qui est exprimé par ces mots: En sainteté de l’Esprit. Celui qui a pu assister à l’action sanctifiante du Saint Esprit et en a vu les effets, peut dire alors comme l’apôtre: «Sachant, frères aimés de Dieu, votre élection».

Ayant assisté pour ainsi dire aux conseils de Dieu et à tout son travail préliminaire dans les saints, nous sommes informés du but auquel ce travail devait aboutir. Ce but est double dans cette épître; il est résumé par ces mots: Élus... pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ.

«Élus pour l’obéissance de Jésus Christ»1. Dieu veut avoir sur la terre un peuple qui suive les traces de l’homme parfait. Toute la vie de Christ ici-bas se résume dans ce seul mot: Obéir à Dieu. «Voici, dit-il, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté». Il a réalisé cette obéissance jusque dans l’agonie de Gethsémané en disant: Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui soit faite (Luc 22:42) et encore quand son âme était troublée devant l’heure de l’abandon: Père, glorifie ton nom! (Jean 12:28).

1 «De Jésus Christ» se rapporte à obéissance aussi bien qu’à aspersion du sang.

Mais notre passage nous présente un second but de l’élection: pour l’aspersion du sang de Jésus Christ. C’était à quoi les Hébreux étaient venus. Vous êtes venus, leur dit l’apôtre, au sang d’aspersion qui parle mieux qu’Abel (Héb. 12:24). Il s’agit ici de l’aspersion de sang dont étaient purifiées toutes choses sous la loi (Lév. 16:14; Héb. 11:28). Impossible d’entrer dans le chemin de l’obéissance de Christ sans avoir été purifiés par son sang. Il ne s’agit pas ici du rachat, du pardon, du salut, mais d’être rendus participants de la pureté de Christ devant Dieu pour pouvoir obéir comme lui. Or nous sommes mis à part par l’aspersion du sang de Christ sans laquelle aucune obéissance, semblable à la sienne, ne serait possible.

En contraste avec l’élection de ces chrétiens sortis du judaïsme, voyons ce que l’apôtre Paul nous dit du choix des nations. Le passage de 2 Thessaloniciens est particulièrement instructif sous ce rapport: «Mais nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le SALUT dans la sainteté de l’Esprit et dans la foi de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre évangile pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ» (2 Thess. 2:13, 14).

Ces croyants étaient des frères aimés du Seigneur. L’amour de Christ était à la base de tout ce qui avait été fait à leur égard. Dieu les avait choisis dès le commencement. Quel était ce commencement, sinon celui où la Parole était déjà, (Jean 1:1) un commencement qui nous plonge dans l’éternité infinie? Au moment où tout était encore à créer, ces Thessaloniciens étaient déjà les objets du choix de Dieu; et en vue de quoi? Pour le salut. Le salut était l’objet que Dieu s’était proposé pour eux, en opposition à l’homme de péché qui s’était voué lui-même à la perdition et y avait entraîné ceux qui n’avaient pas «reçu l’amour de la vérité pour être sauvés», qui n’en avaient pas voulu.

Qu’est-ce donc que ce salut? Il est d’abord l’absolue délivrance du péché et de toutes ses conséquences. Avant que le péché eût été introduit dans le monde, Dieu y avait déjà pourvu; et quand Satan semblait avoir gagné la partie, tous ses desseins étaient déjà réduits d’avance à néant. Dieu avait décidé d’abolir toutes les conséquences du péché: la mort, la colère de Dieu, le jugement, en sorte que, délivrés de cet affreux esclavage, les rachetés pussent jouir, en pleine liberté devant Dieu, de la vie, de la faveur de Dieu, de la gloire! — Mais le salut est en second lieu l’introduction dans la lumière parfaite de la présence de Dieu, selon la pleine acceptation de Christ. Cela ne pouvait avoir lieu que si d’abord Christ avait pris ma place, et ensuite m’avait donné la sienne.

Voilà ce que signifie ce terme: le salut. Mais, pour me le donner, il a fallu d’abord une intervention de l’Esprit de Dieu qui nous a choisis pour le salut dans la sainteté de l’Esprit. Dieu nous a mis à part en nous confiant aux soins du Saint Esprit dès notre apparition dans le monde. C’est la même pensée qui est exprimée en 1 Pierre 1:2, par ces mots: «En sainteté de l’Esprit» et, comme nous l’avons vu à propos de ce passage, les moyens de mise à part avant la conversion sont infiniment variés. L’épître aux Corinthiens s’exprime à ce sujet, par un seul mot: «Vous avez été sanctifiés» (1 Cor. 6:11).

Telle est donc la première action de Dieu envers nous. Sous cette action, la vérité nous est présentée. La vérité, exprimée en trois mots, c’est ce que je suis, ce que Dieu pense de moi, et ce qu’Il est pour moi. Amené en présence de la vérité, je l’accepte et cette acceptation est la foi. Je n’y suis pour rien; c’est entièrement l’œuvre de Dieu. Nous sommes sauvés «par grâce, par la foi; cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu». Comment ce grand salut nous est-il apporté? Comment avons-nous été appelés? Par l’Évangile (2 Thess. 2:14). Le dixième chapitre de l’épître aux Romains, v. 14, 15, nous montre de quelle manière cela s’opère... Le résultat final de toute cette œuvre est de nous faire obtenir la gloire de notre Seigneur Jésus Christ comme cela nous est montré dans cet admirable passage de 2 Thessaloniciens 2. On ne peut aller plus loin!

C’est ici que les deux caractères des épîtres de Pierre et de Paul ressortent d’une manière frappante. Le premier, Pierre, introduit le chrétien sur la terre pour y suivre le chemin d’obéissance de l’Homme parfait, chemin qui conduit à la gloire, et pour lequel le sang de Christ le qualifie. Le second, Paul, annonce un salut si complet par la foi, qu’en vertu de ce salut le chrétien obtient la gloire, et cette gloire est la même que celle de notre Seigneur Jésus Christ!

Que la grâce et la paix vous soient multipliées, nous dit l’apôtre Pierre. Pour suivre cet humble chemin d’obéissance ici-bas, nous avons encore plus besoin de la faveur spéciale et des relations sans nuage de nos âmes avec Dieu, que pour entrer dans la jouissance de notre position céleste!

Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible, conservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps. (v. 3-5)

Le changement opéré chez les chrétiens auxquels s’adressait l’apôtre n’avait d’autre motif que la miséricorde de Dieu le Père. Ils étaient régénérés, engendrés de nouveau. Ce n’était en aucune manière une amélioration de leur ancien état dans la chair, mais une nature entièrement nouvelle qui leur était communiquée par Dieu lui-même. Nous voyons, au v. 23 de ce chapitre, quel était l’agent de cette vie nouvelle: «la vivante et permanente Parole de Dieu». Combien il est important d’insister là-dessus de nos jours, où Satan poursuit son œuvre de désagrégation dans le monde en niant la valeur immuable de cette Parole pour les âmes. Cette nouvelle naissance, avons-nous dit, n’avait pas d’autre motif que «Sa grande miséricorde». Elle avait pour but de leur apporter «une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts»; mais remarquez qu’elle ne leur apportait aucune part terrestre. Ces chrétiens n’entraient par la foi en possession de quoi que ce fût ici-bas. Il en sera autrement des croyants juifs dans les jours prophétiques, mais alors comme actuellement l’espérance juive ne sera pas vivante. Elle tient et tiendra aux choses actuelles et terrestres qui entourent le croyant et qui seront détruites à la fin. L’espérance chrétienne appartient à une vie et à une région toutes nouvelles. Elle est attachée aux choses célestes et c’est dans ces choses que ces chrétiens sortis du judaïsme étaient introduits par «la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts». Leur espérance était céleste; leur héritage n’avait plus rien à faire avec la possession d’avantages terrestres et corruptibles; il était entièrement céleste. Il ne pouvait se souiller, il ne pouvait se flétrir. Pendant le peu d’instants où Dieu avait autrefois confié l’héritage terrestre à Israël, il s’était, comme une fleur entr’ouverte, déjà fané au bout d’un jour. Quant à l’héritage céleste, sa pureté complète, l’impossibilité d’y introduire quelque souillure, ou de le voir prendre fin, le caractérisent. Bien plus, le chrétien ne peut le perdre; il est conservé par Dieu lui-même dans les cieux pour nous. Vous direz: Cela est vrai, mais peut-être moi, je ne serai pas conservé pour y entrer. Bien au contraire; s’il m’est conservé, moi, je suis gardé pour en prendre possession plus tard.

Qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps. (v. 5)

Tout est donc absolument certain pour le chrétien, quel qu’il soit. Son héritage lui est conservé, lui-même est gardé, pour la délivrance finale qui reste encore à être révélée, mais le sera au dernier temps. Cette puissance de Dieu nous garde pour ce moment-là en même temps que, de notre part, la foi qu’Il nous a donnée nous garde. La foi arrive toujours à ses fins. Elle est «l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas». Nous sommes gardés, et de quelle manière merveilleuse, pour entrer en possession de cet héritage! L’apôtre lui donne ce nom: un salut, parce qu’il écrit à des chrétiens sortis du judaïsme. La délivrance, pour eux, n’est pas encore révélée; il leur faut attendre pour cela «le dernier temps», mais elle est toute prête à l’être. Dès que le dernier temps aura paru, ce salut sera révélé, c’est-à-dire la pleine et définitive délivrance: tous les résultats éternels et glorieux de l’œuvre de Christ.

En quoi vous vous réjouissez, tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire, afin que l’épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ. (v. 6, 7)

Comment ne pas être rempli de joie en pensant à ce salut, à cette délivrance future, qui se résume en un seul mot: la gloire? Mais ces chrétiens ne devaient pas oublier que le temps actuel, quoiqu’il fût court désormais, était un temps où ils avaient à être affligés par diverses tentations. Ces tentations ne nous sont pas présentées ici avec le sens de Jacques 1:13-15, mais comme des épreuves envoyées de Dieu dans un but de grâce afin de porter des fruits pour Sa gloire. De ces épreuves, quand elles se présentent, le chrétien peut toujours dire: «Cela est nécessaire». Jamais Dieu ne nous dispensera une tentation qui ne le soit pas. C’est un grand point et nos cœurs sont affermis au milieu dés difficultés, quelles qu’elles soient, par la pensée qu’elles nous sont nécessaires pour notre bien et pour le triomphe final de la grâce sur l’ennemi de nos âmes. Mais bien plus, ces tentations sont l’épreuve de la foi que Dieu nous a donnée. Comment Dieu, si elle vient de Lui, ne l’éprouverait-il pas et ne triompherait-il pas en l’éprouvant? Cette épreuve de notre foi sera trouvée tourner à louange, à gloire et à honneur dans la révélation de Jésus Christ par les fruits glorieux qu’elle portera pour lui en nous faisant les compagnons de sa gloire.

Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes. (v. 8, 9)

Le Christ qui va être révélé et devenir centre de gloire et de bénédictions, ces chrétiens ne l’avaient pas encore vu, mais ils l’aimaient sans le voir et c’était en contraste avec toutes les espérances juives. Leur affection était attirée vers un Christ invisible; la foi qu’ils avaient reçue les remplissait de joie, quoique maintenant ils ne le vissent pas encore. Cette joie ne pouvait être exprimée par des paroles et avait le caractère et l’avant-goût des bénédictions célestes et glorieuses. Ces chrétiens, quoiqu’ils n’entrassent en possession de rien, ne vissent et ne touchassent rien, recevaient cependant la fin de leur foi, non pas à l’état de gloire et de possession tangible, mais comme une chose actuelle qui comprenait à elle seule toute la gloire céleste en espérance: Le salut des âmes, ou «un salut d’âmes» en contraste avec les délivrances temporelles sur lesquelles les Juifs étaient habitués à compter.

Arrêtons-nous un moment sur cette vérité, d’autant plus qu’elle est le thème capital des épîtres de Pierre et qu’il est de toute importance de la saisir, parce qu’elle caractérise tout un côté de notre christianisme, en contraste, mais sans les contredire en rien, avec les enseignements de l’apôtre Paul. Ce dernier présente la croix comme le point de départ des chrétiens. C’est là que son vieil homme a été crucifié avec Christ. C’est dans la résurrection de Christ qu’il est devenu un homme nouveau, uni avec Christ, participant de sa vie de résurrection et pouvant dire: «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi». Possédant cette vie de résurrection qui est la vie de Christ lui-même, le chrétien se trouve là où Christ se trouve, dans les lieux célestes. Sa vie est cachée avec le Christ en Dieu en attendant que Christ soit manifesté et qu’il soit manifesté avec Lui en gloire. Dans cette espérance, il jouit des choses célestes comme lui appartenant. S’il est encore laissé sur la terre, c’est comme un luminaire céleste destiné à éclairer autour de lui, et sa responsabilité est de montrer dans toute sa marche la personne et le milieu auxquels il est uni pour toujours. Il n’en est pas ainsi de l’enseignement de l’apôtre Pierre:

Il nous présente le chrétien régénéré, possédant à sa conversion une vie toute nouvelle, une vie divine, et laissé dans ce monde pour y reproduire le caractère de Christ homme. Dieu prend soin, par les épreuves, qu’il soit rendu capable de ce témoignage et il l’encourage en plaçant devant le chrétien une espérance d’autant plus assurée qu’il possède «le salut de son âme» comme une chose actuelle, mais qui lui assure d’une manière absolue la possession future de la gloire. Sauf donc le salut de son âme, le chrétien n’a rien dans ce monde qu’une espérance, n’y possède aucun héritage terrestre, ne possède pas davantage un héritage céleste, quoiqu’il sache que cet héritage est conservé pour lui, ne possède pas non plus la délivrance finale, quoiqu’il en attende la révélation au dernier temps. Cependant son bonheur est complet: Il aime celui qu’il ne voit point; sa joie ne peut être exprimée par la parole, car le salut de son âme est une chose actuelle et qu’aucune puissance ennemie ne pourra jamais lui arracher. Malheureux chrétien, direz-vous: La terre est un désert pour lui, où la seule chose qui lui soit demandée soit l’obéissance, sans même qu’une récompense lui soit promise; le ciel est une contrée dont il n’a pas pris possession, bien qu’il soit, il est vrai, certain de le posséder un jour. Bien au contraire, dirons-nous: heureux chrétien! Sa course ici-bas le conduit au but; ce but est un héritage assuré; le Seigneur lui-même l’y recevra; sa foi s’approprie toutes ces choses comme des réalités éternelles! Sa joie n’a pas de bornes dans l’attente de cette délivrance! Elle est glorieuse et pourtant il ne possède pas la gloire!

Duquel salut les prophètes qui ont prophétisé de la grâce qui vous était destinée, se sont informés et enquis avec soin, recherchant quel temps, ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient; et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel, dans lesquelles des anges désirent de regarder de près. (v. 10-12)

Ce salut d’âmes actuel, produit de la rédemption, les prophètes juifs qui avaient annoncé la grâce qui leur appartiendrait à eux, croyants juifs d’aujourd’hui, dans un temps alors futur, ces prophètes avaient consacré tous leurs soins à s’en enquérir. Ils prophétisaient «par l’Esprit de Christ qui était en eux»; sentence importante, parce qu’elle nous montre que c’est le même Esprit qui agit au milieu de l’apparente contradiction entre les principes des différentes économies. Cet Esprit n’avait pas encore été «envoyé du ciel», comme il le fut au jour de la Pentecôte, mais, dans les prophètes, il rendait, en ces temps reculés, témoignage par avance des souffrances futures de Christ et des gloires qui en seraient la suite. Il fut révélé à ces prophètes de l’ancienne alliance qu’ils n’administraient pas ces choses pour eux-mêmes, mais pour les chrétiens sortis du judaïsme, auxquels Pierre écrivait. Or les apôtres, continuateurs des prophètes de jadis, leur avaient annoncé maintenant l’Évangile par le même Esprit que celui des prophètes, sauf, différence essentielle, que cet Esprit était envoyé du ciel par un Christ monté, en résurrection, à la droite de Dieu.

Les apôtres reliaient donc les chrétiens juifs auxquels ils s’adressaient, aux croyants d’autrefois dont les prophètes avaient les mêmes révélations qu’eux-mêmes, les apôtres, sauf, cela va sans dire, la plénitude de la révélation appartenant au temps de la fin. Les deux grands sujets du témoignage des prophètes, aussi bien que des apôtres, étaient les souffrances de Christ et les gloires qui suivraient, mais, dans le premier cas comme événements futurs, dans le second comme événements accomplis pour l’éternité.

Il est important de noter ici que Pierre passe entièrement sous silence la révélation de l’Église, corps de Christ et Épouse de l’Agneau, vérité dont l’Ancien Testament ne contient nulle trace, si ce n’est en figure ou comme type. Cette omission facilite dans une grande mesure la distinction entre le témoignage individuel du chrétien dans les écrits de ces deux apôtres. Mais, même en dehors de l’Église, «des anges désirent de regarder de près» les immenses privilèges qui nous appartiennent, à nous que le péché avait séparés de Dieu.

C’est pourquoi, ayant ceint les reins de votre entendement et étant sobres, espérez parfaitement dans la grâce qui vous sera apportée à la révélation de Jésus Christ, comme des enfants d’obéissance, ne vous conformant pas à vos convoitises d’autrefois pendant votre ignorance; mais, comme Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite; parce qu’il est écrit: «Soyez saints, car moi je suis saint». (v. 13-16)

Depuis le v. 13 nous avons les exhortations qui découlent des vérités proclamées dans les versets 1 à 12 de ce chapitre. En somme, toutes les exhortations de cette épître ne sont pas autre chose que l’exposé de l’obéissance, de la marche, de la conduite de Christ (v. 2, 15), et par conséquent de la nôtre. Toute l’épître nous parle des souffrances de Christ dans ce chemin, et des gloires qui en ont été la suite, et nous engage dans les mêmes souffrances, mais avec l’espérance de gloires que nous n’avons pas encore atteintes comme Lui. Ces croyants juifs sont exhortés d’abord à «ceindre les reins de leur entendement»: La vérité, la Parole, est en Éph. 6 la ceinture de nos reins pour le combat; ici elle est la ceinture de notre entendement pour la marche. Dans les deux cas cette ceinture nous est indispensable. Une seconde exhortation c’est: «étant sobres». Si nous nous laissons entraîner par les choses du monde qui enivrent l’âme, nous perdons la force pour marcher dans l’obéissance, car cette dernière nous sépare toujours de ce que le monde pourrait nous offrir. Dans cet état, avec les reins ceints et la sobriété, nous sommes capables d’espérer parfaitement, alors même que nous ne l’avons pas encore atteinte, la faveur qui nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ. Cette grâce est une chose toujours présente devant nous parce qu’elle est réalisée par la foi, et rien ne peut l’ébranler dans nos cœurs. Elle nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ. Ce n’est pas ainsi que l’apôtre Paul la considère quand il dit que nous avons trouvé accès, par la foi, à cette grâce ou faveur dans laquelle nous sommes, mais elle est aussi parfaite dans un cas que dans l’autre. La ceinture de nos reins et la sobriété nous rendent capables de considérer cette révélation de Jésus Christ non seulement avec tranquillité, mais avec une surabondance de joie.

v. 14. Nous avons déjà insisté au verset 2 de ce chapitre sur le rôle capital de l’obéissance dans la vie des élus. Dans ce verset, les saints sont exhortés à être des «enfants d’obéissance» et, au verset 22, elle est le moyen de «purifier nos âmes». Les «enfants d’obéissance» sont gardés des convoitises d’autrefois pendant leur ignorance. Obéir, c’est faire la volonté de Dieu, et comment cette dernière pourrait-elle nous conduire dans le chemin des convoitises? Elles sont les choses qui appartenaient à notre vie de jadis, passée dans l’ignorance des pensées de Dieu, et n’ont rien à faire avec notre connaissance actuelle de Celui sur lequel nos yeux sont maintenant fixés.

v. 15. Quel est donc le caractère de Christ, de Celui qui nous a appelés, après nous avoir élus? (v. 2). Celui qui nous a appelés est saint, séparé de tout mal; donc nous devons l’être aussi si nous voulons marcher à Sa suite. Car il s’agit, dans tout ce passage, de notre marche, de notre conduite et c’est à cela que reviennent toutes les exhortations de cette épître. La sainteté est une exigence primordiale du caractère de Dieu qui veut nous associer avec Lui-même (Lév. 19:2). Impossible de lui être associés sans porter ce caractère; aussi dit-il: «Soyez saints, car moi je suis saint».

Et si vous invoquez comme Père Celui qui, sans acception de personnes, juge selon l’œuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas, sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache. (v. 17-19)

N’oublions pas que nous avons non seulement affaire à Christ comme à Celui qui nous a appelés, mais à Dieu que nous invoquons comme Père. Sans doute, ce Père n’est pas pour nous un Juge, mais, selon qu’il est dit ici, il «juge selon l’œuvre de chacun». Il ne fait aucune acception de personnes; il apprécie toutes choses sans aucune partialité envers ses enfants. Tels sont les principes du gouvernement de Dieu à l’égard de tous les hommes. Notre Père est Dieu et l’un ne peut être séparé de l’autre. C’est ce sentiment qui domine notre conduite: «Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas». Dans le temps éternel qui suivra ce séjour, il n’y aura plus, de notre part, que la jouissance absolue de l’amour du Père, sans crainte de lui déplaire, comme il n’y aura non plus de sa part aucun jugement quelconque de ses enfants, amenés alors à la perfection.

Mais (v. 18), il y a un second motif à notre conduite. Ce n’est pas seulement que nous avons affaire au Saint et au Dieu qui, tout en étant Père, veut être craint. Ce second motif, c’est que nous avons été rachetés à un prix d’une valeur infinie: par le sang précieux de Christ. Ces chrétiens avaient été délivrés, par le sang de Christ, de quoi? De tout ce qui faisait autrefois leur gloire comme Juifs et qui leur avait été enseigné par leurs pères. Or ce que leurs pères leur enseignaient était une vaine conduite, car il est impossible au pécheur, juif ou gentil, sans la rédemption, d’avoir une conduite qui n’aboutisse pas au jugement éternel. Ils avaient donc été rachetés de cette conduite passée pour être introduits dans une conduite toute nouvelle, celle de Christ homme ici-bas. À la base de ce rachat, il n’y avait aucun élément corruptible, comme pour le rachat de l’Israélite, ni argent, ni or, ni aucune autre offrande, mais le sang précieux de l’Agneau sans défaut et sans tache, préfiguré jadis en type par l’agneau pascal.

Préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous, qui, par lui, croyez en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance fussent en Dieu. (v. 20, 21)

Cet Agneau avait été préconnu bien avant le rachat d’Égypte, car c’était avant la fondation du monde. Il en était de même pour ces chrétiens sortis du judaïsme, comme nous l’avons vu au v. 2 de ce chapitre. Quelle chose merveilleuse que d’être les objets des conseils éternels de Dieu et cela aussi complètement que le Sauveur lui-même. Mais ce n’était qu’à la fin des temps qu’Il avait été manifesté pour ces chrétiens juifs, car tout ce passage ne s’adresse ici qu’à eux. C’était pour eux que cette œuvre immense avait été accomplie. C’était par Lui qu’ils croyaient en Dieu, sans lequel cette œuvre n’aurait pu avoir lieu; Lui qui, en récompense du sacrifice de son Fils, l’avait ressuscité d’entre les morts et l’avait introduit dans la gloire, en sorte que leur foi et leur espérance fussent en Dieu. Le Père et le Fils étaient également intéressés à l’œuvre de leur salut, le Fils par son sang, le Père par la résurrection et la gloire, en sorte que Dieu fût l’auteur de l’œuvre, et que la foi de ces Hébreux et leur espérance eussent un fondement commun. L’apôtre part ici de la résurrection de Christ et de la gloire que Dieu lui a donnée, mais ne considère pas ceux auxquels il parle comme ressuscités avec Christ et assis avec Lui dans les lieux célestes. Eux, ayant un Christ céleste comme objet de foi et d’espérance, sont tenus de marcher ici-bas comme Lui y a marché.

Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur, vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu: parce que «toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe: l’herbe a séché et sa fleur est tombée, mais la parole du Seigneur demeure éternellement». Or c’est cette parole qui vous a été annoncée. (v. 22-25).

Ce qui devait caractériser ces chrétiens, c’était la même marche que Christ, «l’obéissance à la vérité»; la vérité, la pensée de Dieu, ayant des droits absolus sur notre cœur. Ainsi en était-il de l’homme parfait, du Christ Jésus, mais Lui n’avait pas besoin, comme nous, que l’obéissance à la vérité purifiât son âme. La vérité le gouvernait; n’était-il pas lui-même «le chemin, la vérité et la vie»? Quant à nous, cette obéissance à la vérité purifie nos ânes et les empêche de se porter sur des objets contraires à la sainteté de Dieu. La conséquence en est que tout objet étranger au caractère de Dieu est banni du cœur. Or le caractère de Dieu est l’amour et nous réalisons cet amour en portant notre affection sur les frères, sur ceux que Dieu aime. Chez le chrétien, conséquent avec son caractère, cette affection est réelle, sans hypocrisie, ne se donnant pas des apparences qui ne correspondent pas à la réalité. Elle a de l’ardeur et part de cœurs d’où la souillure n’a pas de place. La chose était d’autant plus importante à dire que ces chrétiens se trouvaient transportés hors des coutumes étroites et des intérêts égoïstes du judaïsme, dans le large amour chrétien.

Quelle différence, en effet (v. 23), entre leur position actuelle et leur état précédent! Comme Juifs, la semence dont ils étaient issus était corruptible. Ils appartenaient à un peuple pécheur et condamné par le fait de son origine terrestre et pécheresse. Mais désormais ils n’avaient plus rien à faire avec leur nature d’autrefois. C’était une nouvelle naissance et la semence qui l’avait produite était vivante et permanente, c’est-à-dire demeurant éternellement: la Parole de Dieu. Quant à la semence corruptible, il n’en restera rien! Toute chair est comme l’herbe; elle disparaît comme la fleur de l’herbe qui brille un moment, puis sèche et tombe et n’est bonne que pour le feu. Il en est ainsi de l’homme; et, chose merveilleuse, il en fut ainsi du Christ venant en grâce prendre la place de l’homme pour le sauver (voyez Ps. 102:5, 12; 103:15, 16; És. 40:6-8; Jacq. 1:11).

La Parole qui leur avait été annoncée demeure éternellement. C’était à elle qu’ils devaient rester attachés. C’est aussi la seule sauvegarde pour nous, en des jours où Satan a réussi à mettre cette Parole en doute, à en affaiblir la portée aux yeux et dans le cœur des chrétiens, jusqu’au moment où il la déclarera hautement puérile et sans valeur.

Remarquons, en terminant ce chapitre que, dès le début de cette épître, l’Esprit en fait ressortir le caractère éminemment pratique. Il s’agit pour un peuple de pèlerins qui tire son origine d’un Christ ressuscité et glorifié, de réaliser, dans toute sa marche ici-bas, son caractère de peuple sauvé, en dehors de tous les principes du judaïsme qui voudraient le rattacher à une religion terrestre.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 1 Peter 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/1-peter-1.html.
 
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