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Bible Commentaries
1 Jean 2

Commentaire biblique intermédiaireCommentaire biblique intermédiaire

versets 1-29

Chapitre 2:1-28

V. 1-11

V. 1

Les derniers versets du chapitre 1 nous ont montré que nous ne pouvons pas dire que nous n’avons pas de péché, ni que nous n’avons pas péché. Les premiers versets du ch. 2 en sont la contrepartie, de peur que nous ne nous hâtions de conclure que nous sommes excusables de pécher au motif que l’on ne peut guère s’en empêcher, que c’est pratiquement inévitable. Or il n’y a rien de la sorte. Jean écrivait ces choses afin que nous ne péchions pas. D’autres passages des Écritures parlent des ressources spéciales pour nous empêcher de tomber: le point mis ici en relief est que, si nous entrons dans la sainte communion dont parle le ch. 1:3, nous serons préservés. La jouissance de cette communion exclut le péché, tout comme le péché exclut de la jouissance de cette communion, jusqu’à ce qu’il soit confessé.

Nous avons de grandes ressources pour ne pas pécher, même si le péché est encore en nous. Nous ne devrions pas pécher. Nous n’avons pas d’excuses si nous péchons; mais si cela arrive, il y a pour nous, grâces à Dieu, «un avocat auprès du Père». Le mot traduit ici par «avocat» est le même que celui traduit par «consolateur» en Jean 14 — un mot qui signifie littéralement «quelqu’un qui est appelé pour aider côte à côte». Le Ressuscité, «Jésus Christ, le juste», a été appelé côte à côte avec le Père dans la gloire pour aider Ses saints, si et quand ils pèchent. Le Saint Esprit a été appelé à nos côtés ici sur la terre pour nous aider.

Il est bien dit: «le Père», notons-le, parce que l’Avocat paraît pour ceux qui sont déjà enfants de Dieu. Les premiers mots du chapitre sont: «Mes enfants» — le mot utilisé n’est pas celui qui signifie «petits enfants», mais celui utilisé pour les «enfants» en général. Par ce terme affectueux, l’apôtre embrassait comme siens tous ceux qui sont de vrais enfants de Dieu. Nous avons été introduits dans cette relation bénie par le Sauveur, comme Jean 1:12 nous le dit. Étant dans cette relation, nous avons besoin des services de l’Avocat quand nous péchons.

La justice de notre Avocat est soulignée. On aurait pu s’attendre à ce que l’attention soit attirée sur Sa bonté et Sa miséricorde; ailleurs aussi on trouve l’accent mis sur la justice quand il est question du péché, comme c’est le cas ici. Celui qui se charge de notre cas en la présence du Père quand nous péchons, fera en sorte que la justice prévale. D’un côté, la gloire du Père ne sera pas ternie par notre péché; et de l’autre, Il s’occupera de nous d’une manière juste, pour que nous en arrivions à un jugement correct et juste de notre péché, et que nous le confessions et qu’il soit pardonné et que la purification en soit faite.

V. 2

Celui qui est notre Avocat dans le ciel est aussi «la propitiation pour nos péchés». Ceci nous ramène au fondement de roc sur lequel tout repose. Par Son sacrifice expiatoire, toutes les exigences de Dieu contre nous ont été satisfaites; et Il exerce Son service d’Avocat auprès du Père sur cette base de justice. Sa propitiation a réglé pour nous en tant que pécheurs les questions d’ordre éternel soulevées par nos péchés. Sa fonction d’avocat règle les questions en rapport avec le Père qui se soulèvent lorsque nous péchons en tant qu’enfants de Dieu.

La propitiation est ce que nous pouvons appeler le côté de Dieu de la mort de Christ. Elle concerne le sujet le plus fondamental de tous: satisfaire aux exigences divines contre le péché. Répondre aux besoins du pécheur doit être une question secondaire vis-à-vis de ce premier sujet. C’est pourquoi, quand Paul développe l’évangile dans l’épître aux Romains, nous trouvons que la première mention de la mort de Christ est la propitiation par la foi en son sang (3:25). La substitution n’est pas clairement affirmée avant Romains 4:25 où nous lisons qu’Il «a été livré pour nos fautes».

Comme il s’agit du côté de Sa mort envers Dieu, le cercle le plus large est envisagé: «le monde entier». Quand il est question de substitution, seuls les croyants sont envisagés: ce sont «nos fautes» ou «les péchés de plusieurs». Mais bien que les croyants soient seuls à profiter des bénéfices acquis par la mort de Christ, Dieu a besoin d’une propitiation pour chaque péché jamais commis par les hommes, à cause de tout le grand outrage causé par le péché. Propitiation a donc été faite vis-à-vis de Dieu par la mort de Christ, et à cause de cela Il peut offrir gratuitement le pardon aux hommes sans faire le moindre compromis quant à Sa nature et Son caractère.

Propitiation est un mot qui suscite beaucoup de colère et de mépris chez les opposants à l’évangile. Ils supposent que la propitiation a le même sens que chez les païens, c’est-à-dire qu’il s’agit de pacifier, en versant beaucoup de sang, une puissance en colère, ennemie et assoiffée de sang. Mais dans les Écritures, le mot a un sens d’un niveau bien plus élevé. Il contient encore le sens général d’apaiser ou de rendre favorable par un sacrifice, mais il n’y a aucune raison de considérer Dieu comme ennemi ou comme sanguinaire. Il est infiniment saint. Il est juste dans toutes Ses voies. Il est d’une majesté éternelle. Sa nature et tous Ses attributs doivent recevoir leur dû et être magnifiés dans l’exécution du châtiment approprié: pourtant Il n’est pas contre l’homme, mais pour lui, car ce que la justice demandait, l’amour y a pourvu. Comme nous le lisons maintenant dans notre épître, «Dieu nous aima et il envoya Son Fils [pour être la] propitiation pour nos péchés» (4:10). Dieu lui-même a fourni la propitiation. Son propre Fils, qui était Dieu, est devenu propitiation. Cette propitiation, bien comprise, n’est pas une idée dégradante, mais une idée qui élève et ennoblit. La seule chose dégradante, c’est l’idée du sujet faussement entretenue par ceux qui s’y opposent. Ils essaient de glisser leur idée dégradée dans l’évangile, mais la Parole de Dieu la réfute.

V. 3-4

Nous considérons maintenant une autre affirmation, faite à tort maintes fois: «je Le connais». Il est en effet possible que le croyant dise avec un grand bonheur qu’il connaît Dieu, puisque la «communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ» nous est accordée, et il ne peut pas y avoir de communion sans connaissance. Mais là encore, un test est nécessaire pour déterminer si une telle affirmation n’est qu’une simple prétention. Ce test, c’est l’obéissance aux commandements qu’Il nous a donnés. Connaître Dieu est inséparable de Lui obéir.

En gardant Ses commandements, nous savons que nous sommes arrivés à Le connaître. En dehors de cette obéissance, il ne peut pas y avoir cette connaissance, et si on prétend quand même Le connaître, cela ne fait que manifester que la vérité n’est pas chez celui qui a cette prétention. Comparez les versets 2:4 et 1:8. La vérité n’est pas dans celui qui affirme ne pas avoir de péché, pas plus qu’elle n’est dans celui qui affirme avoir la connaissance de Dieu, et qui malgré cela n’est pas obéissant à Ses commandements.

Il nous faut bien comprendre qu’il y a des commandements dans le christianisme, bien qu’ils ne soient pas d’ordre légal; par cela nous voulons dire qu’ils ne nous sont pas donnés pour pouvoir établir ou maintenir notre position devant Dieu par leur moyen. Toute expression précise de la volonté de Dieu a force de commandement, et nous verrons que cette épître a beaucoup à nous dire sur Ses commandements, et qu’ils ne sont pas «pénibles» (5:3). La loi de Christ est une loi de liberté, du fait que nous participons à Sa vie et à Sa nature.

V. 5

De «garder Ses commandements», nous passons à «garder Sa parole», au v. 5. C’est un pas de plus. Sa parole comprend tout ce qu’Il nous a révélé de Ses pensées et de Sa volonté, y compris Ses commandements bien sûr, mais allant au-delà. Un homme pourrait donner à ses fils beaucoup d’instructions précises — ses commandements. Mais outre cela, ses fils ont comme glané une connaissance intime de ses pensées au cours de leurs entretiens journaliers et de leurs rapports mutuels pendant des années et, même en l’absence d’instructions précises, ils observent soigneusement ses paroles avec un dévouement filial. C’est ainsi qu’il devrait en être des enfants de Dieu. Quand c’est le cas, l’amour de Dieu est «véritablement consommé» [ou: «rendu parfait»], car il a produit en eux ses propres effets et ses propres réponses.

En outre, par une telle obéissance «nous savons que nous sommes en lui». Être «en Lui» implique notre participation à Sa vie et à Sa nature. Il y a bien sûr un lien très étroit entre savoir «que nous Le connaissons» (2:3), et savoir «que nous sommes en Lui» (2:5). Le second nous introduit dans quelque chose de plus profond. Les anges Le connaissent et obéissent à Ses commandements. Il faut que nous Le connaissions comme ceux qui sont en Lui, et dès lors nous comprendrons la moindre indication de Ses pensées ou de Ses désirs, et cela nous incitera à une obéissance heureuse.

V. 6

Étant en Lui, nous avons à «demeurer en Lui», ce qui signifie, comme nous le comprenons, demeurer dans la conscience et la puissance d’être en Lui. Il est facile pour n’importe qui de nous de dire: «je demeure en Lui»; mais s’il en est ainsi, nous devons produire ce qui prouve la réalité de cette affirmation. Une telle personne «doit aussi marcher comme Lui a marché». Si nous sommes dans Sa vie, et aussi dans la puissance et la jouissance de cette vie, cette vie doit nécessairement s’exprimer dans nos voies et nos activités, comme cela a eu lieu en Lui. La grâce et la puissance de notre marche comparée à la Sienne, seront pauvres et faibles, mais ce sera pourtant une marche du même ordre. Il n’y aura pas de différence de nature mais seulement de degré.

V. 7-8a

Quelle élévation extraordinaire devrait donc caractériser notre marche! Combien nous sommes au-delà du niveau accepté au temps de l’Ancien Testament! Quand Jean écrivait ces paroles, un bon nombre a dû se sentir porté à protester que le niveau attendu était trop haut et qu’il introduisait quelque chose de tout nouveau. C’est pourquoi au v. 7 il les assure de ce qu’il ne disait pas quelque chose de nouveau — comme les enseignements des antichrists, qui eux étaient nouveaux — mais que c’était plutôt un commandement ancien. En même temps, dans un autre sens, c’était un commandement nouveau. Cela ne se contredit pas, bien que ce soit un paradoxe. C’était un commandement ancien car il avait déjà été mis en évidence dès le commencement en Christ, comme étant la sainte volonté de Dieu et Son plaisir pour l’homme: il n’y avait donc rien en lui qui ressemblât aux notions nouvelles des Gnostiques. Cependant c’était un nouveau commandement, car il devait être maintenant mis en évidence en ceux qui étaient de Christ, et en cela, c’était comme du nouveau pour eux. La chose, dit Jean, «est vraie en Lui et en vous». La vie qui a été manifestée en Christ, et qui en premier lieu était exclusivement en Lui, doit se trouver maintenant dans les croyants qui sont en Lui. Tant qu’ils demeurent en Lui, la vie s’exprimera en eux de la même manière, et produira des fruits semblables.

V. 8b

Et nous lisons donc: «La vraie lumière luit déjà». Entre la vie et la lumière il y a le lien le plus étroit possible. Si la vraie vie a été manifestée en Christ, la vraie lumière a également brillée en Lui. Si nous participons à cette vraie vie, la vraie lumière brillera aussi en nous. «Les ténèbres s’en vont», écrit l’apôtre, et non pas: «sont passées». Il faudra attendre jusqu’au monde à venir pour dire qu’elles sont passées, cependant il est clair qu’elles s’en vont [qu’elles sont en train de s’en aller], car la vraie lumière a commencé à briller en Christ et dans les Siens. Quand Dieu agira en jugement et que la fausse vie et la fausse lumière de ce monde seront chassées, alors les ténèbres seront effectivement passées. Actuellement nous pouvons nous réjouir dans l’assurance qu’elles s’en vont, et que la vraie lumière brille. Plus nous marcherons comme Lui a marché, plus la lumière brillera effectivement par nous.

V. 9

Mais en outre, si la lumière va désormais briller en nous et par nous, il faut que nous soyons nous-mêmes dans la lumière. Prétendons-nous être dans la lumière? Eh bien, il y a un test simple par lequel on peut savoir si cette déclaration est authentique. Si quelqu’un dit être dans la lumière et qu’il haïsse son frère, sa déclaration est fausse et il est dans les ténèbres, c’est-à-dire qu’il ne connaît pas réellement Dieu — il n’est pas dans la lumière de Dieu révélée en Christ. Personne ne peut être dans la lumière de Dieu s’il n’a pas la vie de Dieu, qui est amour. C’est pourquoi un peu plus loin dans l’épître nous lisons que «celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort» (3:14). Nous découvrons donc maintenant que la vie, la lumière et l’amour vont tous de pair; et dans la nature même des choses, ils fonctionnent comme des tests l’un vis-à-vis de l’autre. Celui qui aime son frère manifeste la vie, selon le ch. 3. Ici, l’accent est mis sur le fait qu’il demeure dans la lumière.

V. 10-11

Jean ajoute la remarque: «il n’y a point en lui d’occasions de chute» (2:10). C’est en contraste avec ce qui suit au verset 11 où celui qui hait son frère est décrit comme étant dans les ténèbres, marchant dans les ténèbres, et ne sachant pas où il va. Nous n’avons pas de lumière en nous, tout comme la lune n’a de lumière que quand elle est dans la lumière du soleil. Ainsi celui qui hait son frère, étant dans les ténèbres, est entièrement ténèbres lui-même, et il devient par conséquent une occasion de chute pour les autres. Il trébuche lui-même et agit comme une pierre d’achoppement. Tels étaient les antichrists et leurs adeptes. Celui qui aime, comme fruit de ce qu’il possède la vie divine, marche dans la lumière et ne trébuche pas ni n’est une pierre d’achoppement.

Aimer son frère, c’est bien sûr aimer tous ceux qui pareillement à nous, sont nés de Dieu; c’est aimer chacun d’eux. C’est l’amour, divin par nature, étendu à tous ceux qui sont entrés dans la famille divine, — l’amour qui aime les enfants de Dieu en tant qu’enfants de Dieu, indépendamment des préférences ou aversions humaines.

V. 12-17

V. 12

Un nouveau paragraphe commence au v. 12. Au verset 1:4, Jean indiquait les thèmes sur lesquels il écrivait. Maintenant nous avons la base sur laquelle il écrivait. Tous ceux auxquels il s’adressait étaient dans la merveilleuse grâce d’avoir les péchés pardonnés, et tous étaient dans la position d’enfants. Le mot traduit par «enfants» n’est pas celui utilisé pour les «petits enfants». Il inclut tous les enfants de Dieu sans distinction. Le pardon qui est le nôtre est notre part uniquement à cause de Son Nom. La vertu et le mérite n’en reviennent qu’à Lui. C’est en tant que pardonnés et introduits dans une relation formée divinement, que ces paroles nous sont adressées.

V. 13

D’un autre côté, il y a des distinctions dans la famille de Dieu, et le v. 13 les fait apparaître. Il y a des «pères», des «jeunes gens», des «petits enfants». C’est la manière dont Jean indique les différentes étapes de la croissance spirituelle. Nous devons tous nécessairement commencer comme des petits enfants dans la vie divine. Normalement nous devrions nous développer en jeunes gens et finalement devenir des pères. Chacune des trois classes a des caractères précis.

Le v. 13 énonce les traits caractéristiques de ceux à qui il écrit, non pas les thèmes qu’il traite, ni la base sur laquelle il écrit. Les pères sont caractérisés par la connaissance de Celui qui est dès le commencement; c’est-à-dire qu’ils ont mûri dans la connaissance de Christ, cette «Parole de Vie», en qui la vie éternelle a été manifestée. Ils connaissaient réellement Celui en qui a été révélé tout ce qui doit être connu de Dieu. Tout autre connaissance est insignifiante si on la compare à cette connaissance-là: les pères, eux, la possèdent.

Les jeunes gens sont caractérisés par ce qu’ils ont vaincu le méchant. Les versets qui suivent dans le chapitre montrent plus exactement la force de cette expression. Ils ont surmonté les pièges subtils du diable opérant par les enseignements des antichrists, et ils l’ont fait parce qu’ils étaient édifiés sur et dans la Parole de Dieu. Au début de notre course chrétienne, avant d’avoir eu le temps d’être bien fondés dans les enseignements de la Parole, nous sommes bien plus susceptibles de nous laisser égarer par des enseignements subtils contraires à la Parole, et d’être ainsi vaincus par le méchant.

C’est le danger auquel les petits enfants sont exposés, comme nous le verrons. Pourtant, un beau trait les caractérise: ils connaissent le Père. Le bébé humain manifeste vite l’instinct qui lui permet de reconnaître ses parents, et il en est de même pour les enfants de Dieu. Ils ont Sa nature, donc ils Le connaissent. Ils ont encore beaucoup de choses à apprendre sur le Père, mais ils Le connaissent. En tant qu’enfants de Dieu, soyons exercés à ne pas rester des petits enfants. Nous devons commencer par là, mais aspirons à cette connaissance de la Parole de Dieu qui développera notre croissance spirituelle, et nous permettra de devenir des jeunes gens, et même des pères en temps voulu.

V. 14a

Après avoir donné, au verset 13, les traits caractéristiques respectivement des pères, des jeunes gens et des petits enfants, l’apôtre commence au verset 14 le message spécial adressé à chacun d’eux.

Il commence par les pères et son message à leur égard est des plus brefs; de plus l’apôtre reprend exactement les mêmes mots qu’au verset précédent quand il décrivait leur trait caractéristique. C’est vraiment remarquable et nous pouvons bien nous demander pourquoi. Nous croyons que la raison en est que, une fois arrivés à la connaissance de «Celui qui est dès le commencement», nous atteignons la connaissance de Dieu dans une plénitude infinie et éternelle, au-delà de laquelle il n’y a plus rien. Celui qui est «Fils» et «la Parole», «la Parole de vie», manifesté parmi nous, est Celui qui est dès le commencement. En Lui nous connaissons Dieu, et il n’y a rien qui dépasse une connaissance d’une telle profondeur infinie.

Les pères Le connaissent donc de cette manière profonde et merveilleuse. Le Dieu qui est amour est devenu la demeure de leurs âmes, et demeurant dans cet amour ils demeurent en Dieu et Dieu en eux. Ils n’avaient qu’à continuer à approfondir cette connaissance bénie. Il n’y avait pas besoin de leur dire rien de plus.

V. 14b

Les jeunes gens n’avaient pas encore atteint cette stature, mais ils en étaient sur la voie. Leur caractéristique était d’avoir vaincu le méchant, selon v. 13. Nous apprenons maintenant comment cette victoire avait pu avoir lieu. Ils avaient été rendus forts par la Parole de Dieu demeurant en eux.

Nous commençons tous notre vie chrétienne comme des petits enfants, et si nous avons une croissance saine, nous avancerons vers l’état de jeunes gens. Or la connaissance de la Parole de Dieu doit venir en premier. Nous ne pouvons pas demeurer dans ce dont nous sommes ignorants. Ceci nous fait voir en face la raison pour laquelle tant de vrais chrétiens sont restés depuis de nombreuses années des petits enfants — juste des bébés chétifs. Ils n’ont jamais vraiment fait connaissance avec la Parole de Dieu. Le grand adversaire du travail de Dieu connaît très bien cette nécessité, ce qui éclaire vivement l’habileté de ses desseins en profondeur.

Le catholicisme romain a ôté les Écritures des mains de ses adeptes au motif que, s’agissant de la Parole de Dieu, elle est bien trop au dessus des laïques, et seulement propre à être mise entre les mains des docteurs de l’église, seuls capables de l’interpréter. Le modernisme prévaut dans le monde protestant. Dans sa forme la plus évoluée, il renie entièrement la Parole de Dieu: la Bible n’est pour eux qu’une collection de légendes douteuses parsemée de réflexions religieuses obsolètes. Dans sa forme diluée — qui séduit souvent de vrais chrétiens et est donc encore plus nuisible en ce qui nous concerne — il affaiblit l’autorité de la Parole, et condamne ainsi ses adeptes à un infantilisme spirituel perpétuel. Et là où ces maux sont absents, les gens se contentent trop souvent de tirer ce qu’ils connaissent de la Parole, des textes sur lesquels il arrive à leur ministre de prêcher. Ils ne lisent pas, ni n’observent ni n’étudient ni ne digèrent intérieurement la Parole pour eux-mêmes. C’est pourquoi leur croissance ne se poursuit pas.

Mais la Parole ne doit pas simplement être connue, elle doit demeurer en nous. Elle doit demeurer dans nos pensées et dans nos affections; de cette façon elle nous contrôlera, gouvernant nos vies entières. Si ce point est atteint par l’un quelconque d’entre nous, alors on peut dire qu’il est fort, car sa vie est fondée sur le roc invincible de l’Écriture Sainte. Cependant même ainsi, la force n’est pas tout, car il faut encore être conduit à cette connaissance de Celui qui est dès le commencement qui caractérise les pères.

V. 15-16

Les jeunes gens ont affaire à un danger qui, s’il prévaut, les empêchera de poursuivre leur progression vers cette connaissance bénie. Ce danger, c’est le monde et l’amour du monde: non pas le monde simplement comme un concept abstrait, mais les choses concrètes et matérielles qui sont dans le monde. Nous utilisons un grand nombre de ces choses, et occasionnellement au moins, nous y prenons plaisir, mais nous ne devons pas les aimer. Ce que nous aimons nous domine, et nous ne devons pas être dominés par le monde, mais par le Père. L’amour du monde et l’amour du Père sont mutuellement exclusifs. Nous ne pouvons pas être possédé par les deux. Il faut que ce soit ou l’un ou l’autre. Lequel nous possède?

Si l’amour du Père nous possède, nous verrons le monde sous son vrai jour. Nous possèderons la faculté spirituelle qui agit à la manière des rayons-X. Nous descendrons sous la surface des choses jusqu’à l’ossature du squelette sur lequel tout est construit. Ce squelette nous est révélé au verset 16 comme «la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie»; tout cela ne vient pas du Père mais est entièrement du monde.

La convoitise de la chair, c’est le désir d’avoir — le désir de posséder pour soi ces choses qui nourrissent et entretiennent la chair. La convoitise des yeux, c’est le désir de voir, que ce soit avec les yeux de la tête ou les yeux de l’esprit, toutes les choses qui nourrissent et entretiennent ce qui nous plait. Cela couvre la soif intellectuelle insatiable de l’homme, ainsi que sa recherche continuelle de plaisirs spectaculaires. L’orgueil de la vie, c’est le désir d’être — le désir ardent d’être quelqu’un, ou quelque chose qui nourrisse et entretienne l’orgueil du cœur. C’est le mal ancré le plus profondément des trois, et souvent celui qu’on soupçonne le moins.

Nous venons donc de voir le cadre sur lequel est bâti le système du monde; tous les éléments sont en opposition totale au Père, et au monde à venir quand l’ordre mondial actuel aura été mis de côté. Il nous est dit: «le monde s’en va, et sa convoitise». Il n’est pas surprenant de l’entendre dire. Quelle grâce qu’il s’en aille, car la pire calamité ne serait-elle pas que le monde et ses convoitises se perpétuent à jamais? Le monde disparaîtra; le Père et Son monde demeureront. Nous serions bien fous d’être remplis d’amour pour ce qui disparaît plutôt que de l’amour pour Celui qui demeure.

V. 17

Quel contraste frappant au v. 17! On se serait attendu à ce que la fin du verset soit: «mais le Père demeure»; mais cela est si évident qu’il n’est guère besoin de le dire. «Celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement»: c’est un fait merveilleux. Ce qui disparaîtra, c’est le monde. Quand des croyants meurent, on remarque qu’un tel «a disparu». Le monde continue très bien sans eux et semble parfaitement stable. L’apôtre Jean voit les choses du côté divin et nous aide à faire de même. Alors nous voyons le monde en train de disparaître, tandis que celui qui fait la volonté de Dieu, même s’il est retiré de la scène terrestre, c’est lui qui demeure éternellement. Il sert la volonté de Dieu, et cette volonté est fixe et elle demeure. Le serviteur de cette volonté demeure lui aussi.

V. 18-27

Du v. 18 au v. 27, l’apôtre s’adresse aux «petits enfants». Sans aucune préface, l’apôtre se lance dans un avertissement contre les docteurs anti-chrétiens qui commençaient à abonder. L’«Antichrist» est un sinistre personnage dont l’apparition aux derniers jours est prédite. Il n’est pas encore venu, mais de nombreux hommes de moindre importance, ayant le même caractère mauvais à des degrés divers, existent depuis longtemps sur la terre. Cela nous montre que nous sommes dans les derniers temps, c’est-à-dire, l’époque précédant immédiatement le temps où le mal culminera et subira le jugement final.

V. 18-19

Or les antichrists apparus du temps où Jean écrivait, avaient eu un temps leur place parmi les croyants, comme le montre le v. 19. Mais depuis, ils avaient rompu leur relation et étaient sortis du milieu d’eux. Ce faisant, ils avaient rendu manifeste qu’ils n’avaient jamais réellement fait partie de la famille de Dieu — ils ne faisaient pas partie «de nous». Le caractère du vrai croyant est de tenir ferme la foi. Ils l’avaient abandonnée et étaient sortis de la compagnie des chrétiens, révélant par là qu’ils n’avaient pas de lien vital avec les enfants de Dieu. Le vrai enfant de Dieu a l’onction de la part du Saint, et c’est précisément ce que les antichrists n’ont jamais possédé.

V. 20-21

L’«Onction» du v. 20 est la même que celle du v. 27, et les deux fois il est fait référence au Saint Esprit. Demeurant dans les enfants de Dieu, Il devient la Source d’où provient leur intelligence spirituelle. Or le plus jeune enfant de la famille divine a reçu cette onction, et on peut donc dire qu’il «connaît toutes choses». Le terme «connaître» ici signifie une connaissance intérieure et consciente. S’il s’agissait d’une question de connaissance acquise, il y a dix mille détails ignorés actuellement du jeune enfant, mais l’Onction lui donne cette capacité intérieure qui met toutes choses à sa portée. Il connaît toutes choses potentiellement, mais non pas encore de manière détaillée.

On peut donc même dire que le jeune enfant «connaît la vérité», et qu’il possède la capacité de faire la différence entre la vérité et ce qui est mensonge. Pour le moment, il se peut qu’il ne connaisse que l’évangile le plus élémentaire; cependant dans l’évangile il a la vérité non diluée — la vérité fondamentale d’où jaillissent toutes les vérités subséquentes — et tous les mensonges du diable peuvent être détectés s’ils sont placés en contraste avec le fond brillant de l’évangile.

V. 22-23

Tout mensonge du diable vise en quelque manière la vérité concernant le Christ de Dieu. Ce n’est pas un tireur de niveau juste moyen, et même quand il paraît tirer au bord extérieur de la cible, il calcule une action de rebond qui lui fera atteindre finalement juste le centre de la cible. Aux jours de l’apôtre, il visait ouvertement le centre de la cible. Les antichrists niaient ouvertement que Jésus était le Christ: ils niaient le Père et le Fils. À notre époque, certains en sont encore à ce stade, mais d’autres, bien plus nombreux, font autre chose; ils introduisent des enseignements d’un genre très subtil, pas trop dommageables en apparence, mais conduisant finalement exactement aux mêmes reniements, ce qui fait que le centre de la cible est atteint.

Quand l’Antichrist paraîtra, il sera la négation totale et parfaite du Père et du Fils. Il «s’exaltera, et s’élèvera contre tout dieu, et proférera des choses impies contre le Dieu des dieux» (Daniel 11:36), et cette prédiction est développée en 2 Thess. 2:4. Les «plusieurs [nombreux] antichrists» qui l’auront précédé suivent tous des voies semblables. Leurs reniements portent plus particulièrement sur le Fils qui a été manifesté sur la terre, et ils vont même jusqu’à déclarer qu’ils n’ont rien à dire pour ou contre le Père. Une telle déclaration est vaine. Nier le Fils, c’est nier le Père. Confesser le Fils, c’est avoir aussi le Père. Bien qu’étant des personnes distinctes, Ils sont un dans la Déité, et celui qui a l’Onction (le saint Esprit), qui est aussi un avec Eux dans la Déité, sait très bien cela, et ne risque pas d’être trompé sur ce point.

Tout le courant de l’Ancien Testament montre que Jésus est le Christ, comme nous le voyons en Actes 17:2-3. La vérité quant au Père et au Fils est révélée dans le Nouveau Testament. Ce n’est pas que la relation du Père et du Fils n’a commencé qu’alors, mais cette relation qui existait éternellement dans la Déité fut alors pour la première fois révélée pleinement. La communion dans laquelle nous sommes introduits est avec le Père et le Fils, comme le dit le début de l’épître; c’est pourquoi le reniement de cette vérité est destructeur de notre communion.

Il faut remarquer que l’erreur prend le plus souvent la forme de la négation d’une vérité. Les négations sont dangereuses: elles devraient n’être énoncées qu’avec le plus grand soin, et se baser sur une connaissance étendue. Habituellement, il faut une plus grande connaissance pour nier quelque chose que pour l’affirmer. Par exemple, je peux affirmer qu’une certaine chose est dans la Bible; pour le prouver, il suffit de connaître un seul verset de la Bible, celui où cela est indiqué. Mais si je nie que c’est dans la Bible, j’ai besoin de connaître la Bible du début à la fin, avant d’être sûr que je ne serai pas valablement contredit.

V. 24

Dès le commencement, Jésus a été manifesté comme le Christ, et comme Fils Il a révélé le Père. Même les petits enfants étaient arrivés à cette connaissance, laquelle devait demeurer en eux comme aussi en nous maintenant. Jésus est le Christ, c’est-à-dire l’Oint: nous avons reçu l’Onction pour que la vérité puisse demeurer en nous, et alors par conséquent, nous demeurerons dans le Fils et dans le Père.

L’apôtre Paul nous instruit que nous sommes «en Christ» comme le fruit de l’œuvre de grâce de Dieu. L’apôtre Jean nous instruit au sujet de la révélation du Père et du Fils, et de la communion établie en rapport avec cette relation dans laquelle tout enfant de Dieu, même le plus jeune, est introduit, de sorte que nous pouvons demeurer «dans le Fils et dans le Père». Le Fils vient en premier car nous ne pouvons demeurer dans le Père que si nous demeurons dans le Fils. Demeurer, c’est rester dans la connaissance et la jouissance conscientes du Fils et du Père, rendues possibles pour nous du fait que nous sommes nés de Dieu et que nous avons reçu l’Onction.

V. 25

Demeurer dans le Fils et dans le Père, c’est la vie éternelle. La promesse de la vie éternelle existait même «avant les temps des siècles» selon Tite 1:2. Le Seigneur Jésus disait de la vie éternelle: «c’est… qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ» (Jean 17:3). Le v. 25 de notre chapitre va un stade plus loin. Celui qui demeure dans le Fils et dans le Père demeure dans la vie qui est éternelle. La Vie Éternelle avait été manifestée et vue, mais seuls les apôtres avaient eu ce privilège. Maintenant nous pouvons posséder cette vie et demeurer en elle, et c’est pour nous tous, car ces choses ont été écrites aux petits enfants de la famille de Dieu.

V. 26-27

L’apôtre a dit tout cela pour fortifier les petits enfants contre ceux qui enseignaient des séductions. Au v. 27 il revient encore à l’Onction, car c’est par l’Esprit qui leur a été donné que toutes ces choses sont à leur disposition. Quel encouragement de savoir que l’Onction demeure en nous! Il n’y a ni variation ni échec ici. Et l’Onction non seulement demeure en nous, mais elle nous enseigne toutes choses. L’instruction peut provenir de l’extérieur, mais c’est par le Saint Esprit que nous avons la capacité de la saisir. Nous n’avons pas besoin qu’un homme nous enseigne. Cette remarque n’a pas pour but de discréditer les docteurs [enseignants] que le Seigneur peut avoir suscité et doué pour faire Son œuvre, sinon elle pourrait servir à discréditer justement cette épître que nous sommes en train de lire. Elle a pour but de nous faire réaliser que même les docteurs doués ne sont pas absolument indispensables, tandis que l’Onction, elle, est indispensable.

L’Onction — Celui-là même qui oint — est la vérité. C’est répété en des termes légèrement différents au ch. 5 v.6. Christ est la vérité comme un Objet devant nous. L’Esprit est vérité, l’apportant dans nos cœurs par l’enseignement divin. À ces petits enfants, Jean pouvait dire «selon qu’elle vous a enseignés» car ils avaient déjà l’Onction.

Grâce à Dieu, nous avons aussi l’Onction. C’est pourquoi cette parole «vous demeurerez en Lui» est aussi pour nous. Nous pouvons n’être que de petits enfants, avec peu de connaissance, mais que rien ne nous détourne de cette vie et de la communion dans laquelle nous sommes! Tout est centré sur Lui. Demeurons en Lui.

V. 28

Le paragraphe adressé spécialement aux «petits enfants» commençait au v. 18 pour se terminer au v. 27. Au verset 28, il y a l’expression «enfants», dans un sens général: c’est le même mot qu’aux versets 1 et 12 (ch. 2), et on le retrouvera au ch. 3 v. 7, 10, 18.

Au v. 28, l’apôtre recommence à s’adresser à toute la famille de Dieu, à tous ceux qui sont Ses enfants, indépendamment de leur croissance ou de leur état spirituels. Il venait d’assurer aux petits enfants qu’ils avaient l’Onction et que, par conséquent, ils pouvaient «demeurer en Lui». Il se tourne maintenant vers toute la famille de Dieu et les exhorte à «demeurer en Lui». Ce qui est bon pour les petits enfants est bon pour tous, et le seul moyen de croître spirituellement et de porter du fruit, c’est ce fait de demeurer en Lui. Quand nous nous détournons de Lui et que les affections et les intérêts de nos cœurs sont centrés sur les choses du monde, alors nous sommes faibles et stériles. L’apôtre considérait la manifestation de Christ quand nous serons tous manifestés dans notre vrai caractère, et il désirait que nous ayons tous de l’assurance en ce jour-là, et que nous n’ayons pas honte.

Il sera manifesté, et nous aussi nous serons manifestés à Sa venue; il est évidemment possible qu’un croyant soit couvert de honte à cette heure solennelle. Il est très probable que, par ces mots, l’apôtre indiquait son propre sens de responsabilité à leur égard, et il souhaitait qu’ils lui fassent honneur — si on peut s’exprimer ainsi — en ce jour-là. Mais ces paroles indiquent sûrement aussi que chacun de nous peut être couvert de honte pour notre compte. Que chacun d’entre nous demeure réellement en Lui, afin que maintenant nous portions du fruit, et qu’alors nous ayons de l’assurance; et qu’ainsi il n’y ait de la honte ni pour nous ni pour ceux qui ont travaillé en notre faveur, que ce soit des évangélistes ou des pasteurs.

Chapitres 2:29 et 3

V. 29 à 3:3

Le v. 28 forme un court paragraphe autonome, et il aurait mieux valu que le chapitre 2 se termine par lui. Le v. 29 commence un autre paragraphe qui s’étend jusqu’au v. 3 du ch. 3.

Ch. 2:29 et 3:1

On pourrait bien vouloir demander maintenant: mais qui sont les enfants de Dieu? et comment les distinguer avec exactitude d’avec ceux qui n’en sont pas?

La réponse donnée ici c’est que ceux qui sont nés de Dieu sont les enfants de Dieu, et qu’on peut les distinguer par ce qu’ils pratiquent la justice. Pratiquer, c’est quelque chose d’habituel et de caractéristique. Ce n’est pas qu’ils agissent selon la justice par intermittence, de temps à autre; mais ils la pratiquent comme une habitude dans leur vie. Ils sont loin de le faire parfaitement — Un seul l’a fait. Et encore, comme nés de Dieu ils ont nécessairement Sa nature. Il est juste: nous le savons très bien. Alors ceux qui sont nés de Lui sont nécessairement caractérisés par la justice: il ne pourrait pas en être autrement. Ainsi donc quand nous voyons quelqu’un pratiquer réellement la justice, nous pouvons à bon droit admettre qu’il s’agit d’un vrai enfant de Dieu.

La pratique de la justice est une question très importante, qui dépasse de beaucoup le fait de payer cent centimes en échange d’un euro. Il faut commencer avec Dieu et Lui rendre ce qui Lui est dû, et ensuite considérer comment rendre à tous les autres ce qui leur est dû. On ne peut pas dire d’un inconverti qu’il pratique la justice, car il n’a jamais commencé par le premier pas de la justice. Il ne pratique pas ce qui est juste au regard de Dieu.

Nous connaissons Dieu. Il est juste. Voici quelqu’un qui pratique la justice. Nous pouvons sans risque considérer qu’il est né de Dieu. Il appartient à la famille divine. Mais alors quel merveilleux amour il y a là! Et il nous est accordé par le Père Lui-même!

Le mot que Jean utilise ici est «enfants» plutôt que «fils». C’est un terme plus intime. Il est parlé des anges dans l’Écriture comme étant des «fils de Dieu». Toutes choses sont à Lui comme ayant été créées par Lui, mais pour être Ses enfants il nous faut être «nés de Lui». C’est quelque chose de plus profond et en même temps de plus intime, et nous pouvons bien nous émerveiller de la manière dont l’amour de Dieu agit, nous accordant une pareille grâce. Nous avons été introduits dans cette nouvelle relation par l’opération de Dieu Lui-même, accomplie en nous par la puissance du Saint Esprit. Il aurait pu Lui plaire, tout en nous sauvant, de nous introduire dans une relation avec Lui bien inférieure à celle-ci. Mais non, telle a été la manière d’agir de Son amour.

Mais il y a plus; tout comme cet acte de nous engendrer nous a liés à Lui dans cette nouvelle relation, ainsi aussi cet acte nous a détachés du monde, et cela d’une manière tout à fait fondamentale. Quand Christ était ici-bas, le monde n’a connu et compris ni Lui ni Son Père: c’était parce qu’Il lui était totalement opposé, tant quant à l’origine que quant au caractère. Il leur dit: «Vous êtes d’en bas; moi, je suis d’en haut: vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde». Et encore, quand ils prétendaient avoir Dieu pour Père, Il dit: «Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez» (Jean 8:23, 42). Le problème était qu’ils n’avaient pas la nature qui les aurait rendus capables de connaître ou de comprendre Christ. Or nous, grâces à Dieu, nous avons la nature qui Le connaît et qui L’aime; mais c’est justement la raison pour laquelle, nous non plus, le monde ne nous connaît pas, ni ne nous comprend. C’est inhérent à la nature des choses.

V. 2

La place d’enfants nous appartient MAINTENANT. L’amour du Père, qui est le propre de la relation, est à nous MAINTENANT. Mais il y a ce que nous attendons. Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais ce sera manifesté quand Il apparaîtra. Quand Il sera manifesté en gloire, nous serons non seulement avec Lui, mais aussi comme Lui, car nous Le verrons comme Il est. En ce jour-là, le monde Le verra, revêtu de Sa majesté et de Sa puissance. Ils Le verront dans Ses gloires officielles. Nous, nous Le verrons dans Ses gloires personnelles plus intimes. On voit les rois de ce monde dans leurs vêtements d’apparat pour les cérémonies officielles, mais les membres des familles royales les voient dans le privé tels qu’ils sont.

Or nous devons être comme Lui pour Le voir comme Il est. Ce n’est que comme porteurs de l’image du Céleste que nous pourrons marcher dans les parvis célestes et Le contempler de manière intime. Nous allons être effectivement COMME LUI. Il n’y a rien à regarder de spécial chez les enfants de Dieu aujourd’hui. Ce sont souvent des gens pauvres et méprisés. À l’automne on peut voir nombre de chenilles ternes et inintéressantes ramper sur les orties. Ce qu’elles vont devenir n’apparaît pas encore. Attendez l’été prochain quand elles écloront sous forme de splendides papillons! C’est de cette même manière que nous surgirons à Sa ressemblance au jour de Sa manifestation. Nous serons vus alors dans l’état qui convient aux enfants de Dieu.

V. 3

Telle est notre espérance en Christ. Quand nous la considérons, nous devons sûrement être conscients de sa puissance pour élever et purifier. Si c’est notre haute et sainte destinée, nous ne pouvons nous contenter d’accepter les souillures de ce monde, qu’elles soient au dedans ou au dehors de nous. Nous devons nous purifier avec une telle espérance en vue. Nous pourrions nous satisfaire de la souillure si ces choses n’étaient pour nous que de simples notions et théories, mais c’est impossible si c’est une espérance réelle. Avec une espérance brûlante dans nos cœurs, nous devons nous purifier et ce processus continuera aussi longtemps que nous serons ici-bas, car la mesure de la pureté c’est: «comme Lui est pur». Nous pouvons faire une application de Marc 9:3 qui parle de Ses vêtements qui «devinrent d’une extrême blancheur, comme de la neige, tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui puisse ainsi blanchir». Aucun foulon sur terre ne peut nous blanchir jusqu’à ce niveau, nous ne l’atteindrons que quand nous serons semblables à Lui en gloire.

V. 4-9

V. 4

En passant du v. 3 de notre chapitre au v. 4, nous sommes conscients d’un changement très abrupt. Il vient de nous être dit comment nous pouvons discerner les vrais enfants de Dieu par leur pratique de la justice. Nous allons voir maintenant le contraste complet qui existe entre les enfants de Dieu et les enfants du diable. Ce sont deux semences distinctes sur la terre du point de vue moral et spirituel, et diamétralement opposées l’une à l’autre. On ne peut ni les confondre ni les mélanger, bien qu’un individu puisse passer de l’une à l’autre par une opération de Dieu, en étant engendré de Lui.

Mais tout d’abord, la vraie nature du péché doit être exposée. Certaines versions traduisent le mot «iniquité» par «transgression de la loi». Ce n’est pas le sens du mot ni du texte, mais «quiconque pratique le péché pratique aussi l’iniquité, et le péché est l’iniquité» [iniquité signifiant, ici et dans la suite, «une marche sans loi, sans frein»]. Si le péché avait été la transgression de la loi, alors il n’y aurait pas eu de péché commis d’Adam à Moïse, comme Romains 5:13, 14 le dit. Mais le péché est quelque chose de plus profond que cela, car l’iniquité est la négation et le refus de toute loi, et non pas seulement la violation d’une loi une fois promulguée. Si les planètes qui tournent autour du soleil se mettaient soudain à rejeter toute loi, le système solaire serait détruit. L’iniquité [ou: «marche sans loi, sans frein»] chez les créatures intelligentes de Dieu est pareillement mortelle, et destructrice de Son ordre moral et de Son gouvernement.

V. 5

Ainsi donc le péché est une abomination pour Dieu, qui ne peut pas le laisser toujours perdurer. C’est pourquoi Christ (Celui chez qui le péché était entièrement absent) a été manifesté pour l’ôter. Le v. 5 va seulement jusqu’au point que Lui, a été manifesté pour ôter nos péchés, les péchés des enfants de Dieu. Nos péchés ne sont qu’une partie de tous les péchés, mais ils sont la partie dont il est question ici; car l’accent est mis ici sur le fait que les enfants de Dieu ont été retirés de l’iniquité qui les caractérisait autrefois, et ont été introduits dans l’obéissance.

V. 6

Celui en qui il n’y a pas de péché a été manifesté, et le résultat en est qu’Il a ôté nos péchés pour que nous demeurions en Lui et que nous ne péchions plus. Le verset 6 présente le contraste d’un point de vue abstrait et doit être lu en relation avec le v. 4, en sorte que la force du mot «pécher» est «pratiquer l’iniquité». Les enfants de Dieu sont caractérisés par ce qu’ils demeurent en Celui qui a été manifesté pour ôter nos iniquités; dès lors sous Sa direction, ils ne pratiquent pas l’iniquité. À l’opposé, celui qui pratique l’iniquité n’a ni vu ni connu cette Personne bénie.

V. 7

La justice du v. 7 fait contraste avec l’iniquité du v. 6. Ne nous trompons pas sur ce point car l’arbre se reconnaît à son fruit. Nous pouvons raisonner bien sûr en partant de l’arbre vers son fruit, et dire que celui qui est juste pratique la justice. Cependant ici, nous raisonnons du fruit en remontant à l’arbre, car Jean déclare que celui qui pratique la justice est juste, selon la justice de Celui qui l’a engendré. C’est ce qui apparaît si nous relions les versets 3:7 et 2:29.

V. 8

D’un autre côté, celui qui pratique l’iniquité n’est pas de Dieu du tout. Il est du diable puisqu’il montre exactement le même caractère que Celui dont il est issu. Depuis le commencement le diable pèche. Il a été adonné à l’iniquité dès le commencement, et le Fils de Dieu a été manifesté pour détruire ses œuvres. Ce que le diable a fait, en conduisant les hommes à l’iniquité, le Fils de Dieu est venu le défaire.

V. 9

Le verset 9 met l’accent sur ce qui vient d’être dit aux v. 6 et 7, en le formulant de manière plus solennelle. Personne qui est né de Dieu ne pratique l’iniquité, et cela pour une raison très fondamentale. La semence divine demeure en lui, et du fait qu’il est né de Dieu, il ne peut pas pécher. Ce sont des énoncés dogmatiques d’une grande force. Il n’est pas permis d’apporter aucune restriction susceptible d’en modifier la force positive. C’est pourquoi ils ont présenté une grande difficulté pour beaucoup de personnes.

Deux choses aident à éclaircir ces difficultés. La première est de comprendre simplement la force des déclarations abstraites. En disant «abstraites», nous éliminons à dessein dans nos esprits et nos paroles toute idée de restriction — ceci afin de pouvoir faire ressortir plus clairement la nature essentielle de ce dont nous parlons. Prenons une illustration très simple: nous disons le liège flotte, l’alcool intoxique, le feu brûle. Nous énonçons par là le caractère essentiel ou la nature de ces choses, sans nous prononcer sur ce qui peut sembler le contredire en pratique. La vieille dame dans une chaumière éloignée, par exemple, pourrait dire que par tel jour froid et venteux, elle aurait bien voulu que son feu brûle effectivement. Nous savons tous que cette anomalie malheureuse qui arrive de temps à autres, n’altère pas la vérité de l’affirmation abstraite: le feu brûle.

La seconde chose est que nous lisons ce passage à la lumière du v. 4 qui en est comme une préface. Il n’est pas fait mention de péché depuis 2:12 jusqu’à 3:4. Mais du v. 4 au v. 9 le mot péché apparaît environ dix fois sous des formes diverses; et d’entrée il nous est donné le sens exact attaché à ce mot. Le mot est défini pour nous, c’est pourquoi une erreur dans sa traduction [ce serait une «transgression de la loi» selon la version autorisée (anglaise) du roi Jacques] est particulièrement malheureuse. Tout le long il est question de la pratique de la justice qui s’exprime dans l’obéissance, en contraste avec la pratique de l’iniquité qui s’exprime dans la désobéissance.

Au v. 9 celui qui est né de Dieu est vu dans son caractère abstrait. Si on le considère en dehors de son caractère abstrait, on trouve en lui du péché, et des péchés qui, quand il y en a, doivent être confessés et pardonnés, selon ce qui a été dit auparavant dans l’épître (1:8 à 2:1). Vu abstraitement, il ne pratique pas l’iniquité, et en effet il ne peut pas être inique simplement parce qu’il est né de Dieu.

Quel énoncé merveilleux, parfaitement merveilleux! Telle est notre nature comme nés de Dieu. Actuellement le fait est souvent obscurci à cause de la chair qui est encore en nous, et parce que nous lui laissons de la place. Mais quand nous serons avec Lui et comme Lui, et que nous le verrons comme Il est, la chair aura été éliminée pour toujours. Il n’y aura plus de restrictions alors. Le fait sera absolu, et non pas seulement abstrait. Quand nous serons glorifiés avec Christ, ce ne sera plus seulement que nous ne pécherons plus, mais nous ne pourrons absolument plus pécher. Nous ne pourrons pas plus pécher que Lui.

Si quelqu’un désire davantage d’aide pour saisir ce sujet, il peut l’avoir en regardant le contraste entre notre passage et Romains 8:7-8. La chair est vue là dans sa nature abstraite, et c’est exactement le contraire de ce que nous avons ici. La chair est essentiellement inique [sans loi, sans frein] et complètement opposée à Dieu et à Sa nature.

V. 10-17

V. 10

Le verset 10 présente un autre fait caractéristique des vrais enfants de Dieu. Non seulement ils pratiquent la justice, mais ils sont aussi marqués par l’amour. D’autres passages de l’Écriture nous montrent que l’amour doit caractériser nos contacts avec le monde. Ici il nous est dit de faire preuve d’amour envers nos frères, c’est-à-dire tous ceux qui, comme nous, sont nés de Dieu. Ceux qui ont leur origine en Dieu et ceux qui ont leur origine dans le diable sont donc nettement différenciés par ces deux choses: L’un a la justice et l’amour, l’autre n’a ni l’un ni l’autre.

L’amour et la justice sont étroitement liés, mais distincts. L’amour est entièrement une question de nature. «Dieu est amour», lisons-nous, tandis que nous ne lisons pas que Dieu soit justice. L’amour est ce qu’Il est en Lui-même. La justice exprime Sa relation avec tous ceux qui sont extérieurs à Lui. Nous sommes nés de Dieu: par conséquent, d’un côté nous manifestons Sa nature, et d’un autre côté nous agissons comme Lui agit.

V. 11

Chez l’enfant de Dieu, l’amour doit nécessairement se déverser vers tous ceux qui sont Ses enfants. C’est l’amour de la famille divine. L’instruction de s’aimer l’un l’autre n’était pas nouvelle, car elle avait été donnée dès le commencement. Dès le commencement nous avons été exhortés à l’amour. Voyez à quel point le Seigneur insiste sur ce sujet en Jean 13:34-35.

V. 12

Tout à fait pareillement, la haine qui caractérise le monde, et ceux qui trouvent leur origine dans le diable et son mensonge, date de temps très anciens. Elle remonte aussi au commencement, le début des activités du diable parmi les hommes. À peine y eut-il un homme engendré dans le péché, et qu’il y eut moralement de cette manière la semence du diable, immédiatement cette caractéristique fut trouvée en cet homme. Caïn fut cet homme, et la haine inhérente à la semence du diable a été mise au jour dans toute sa force. Il tua son frère. Il n’y avait pas d’amour, mais de la haine. Et pourquoi? Parce qu’il n’y avait pas de justice mais de l’iniquité.

Le tableau fait ainsi une illustration complète. Caïn, la semence du diable, était un homme inique qui, à cause de cela, haïssait et tua son frère. Comme nés de Dieu, nous avons l’amour comme notre nature propre, et nous sommes laissés ici-bas pour pratiquer aussi la justice. En aimant notre frère et en pratiquant la justice, nous manifestons clairement que nous sommes des enfants de Dieu.

Puisse ce fait être manifesté toujours plus clairement en chacun de nous.

Toute chose créée se reproduit «selon son espèce». Ce fait est déclaré dix fois en Genèse 1. Dans notre chapitre nous voyons la même loi valable aussi dans le domaine spirituel. Ceux qui sont «nés de Dieu» sont caractérisés par l’amour et la justice, ceux qui sont «enfants du diable» sont caractérisés par la haine et l’iniquité, parce que c’est «selon leur espèce». Les deux semences sont clairement manifestes en cela, et elles sont totalement opposées l’une à l’autre.

V. 13

Il n’y a donc rien d’étonnant si le croyant est confronté à la haine de ce monde. Le «monde» ici n’est pas le monde comme système — celui-ci ne peut pas haïr — mais c’est les gens dominés par le monde comme système. L’enfant de Dieu ne les hait pas. Comment le pourrait-il, quand aimer est sa vraie nature? Le monde le hait, pour la même raison que celui qui fait le mal hait la lumière, pour la même raison que Caïn haïssait Abel. Il faut confesser comme un fait bien triste que très souvent nous nous étonnons d’être haïs, alors que c’est ridicule de notre part. C’est plutôt à cette haine que nous devons nous attendre selon la nature des choses.

V. 14

Le chrétien ne hait pas, il aime. Mais au v. 14 il n’est pas dit, sous forme de contraste, que nous aimons le monde. Si c’était dit, nous serions en danger d’entrer en conflit avec le verset 2:15. Il est vrai que nous devons être caractérisés par l’amour pour les hommes en général, comme le montre Romains 13:8-10, mais ce qui est dit ici c’est que nous aimons les frères, c’est-à-dire tous ceux qui sont nés de Dieu. L’amour est la vie même de la famille de Dieu.

Comment passons-nous de la mort à la vie? Une réponse à cette question nous est donnée en Jean 5:24. C’est en entendant la parole de Christ et en croyant Celui qui L’a envoyé. Dans le passage qui est devant nous, la réponse est évidemment: en étant nés de Dieu — le contexte le fait voir. En associant les deux passages, nous obtenons d’une part ce que nous pourrions appeler notre côté du sujet, et d’autre part le côté de Dieu. Décider précisément comment les deux côtés, le divin et l’humain, se combinent, cela nous dépasse. Le mode exact par lequel le divin et l’humain sont réunis nous dépasse forcément toujours, que ce soit en Christ lui-même, ou dans l’Écriture sainte ou n’importe où ailleurs.

Mais le fait demeure que nous sommes passés de la mort à la vie, et la preuve en est que nous aimons les frères, car l’amour est pratiquement la vie même de la famille, comme il est celle du Père Lui-même. Ce que l’apôtre Jean dit ici corrobore les déclarations infinies sur l’amour, de l’apôtre Paul au début de 1 Corinthiens 13. Il nous dit que si quelqu’un d’entre nous n’aime pas son frère, il demeure dans la mort, en dépit de nos apparences. Paul nous dit que, en dépit de tout ce que nous paraissons avoir, si nous n’avons pas l’amour nous ne sommes rien — nous ne comptons simplement pour rien du tout dans les comptes de Dieu.

V. 15

Le v. 15 établit le cas encore plus fortement. Nous ne pouvons pas être neutres dans ce domaine. Si nous n’aimons pas notre frère, nous le haïssons; et celui qui hait, est potentiellement un meurtrier. Caïn en a été effectivement un, mais en Matthieu 5:21, 22, le Seigneur Jésus met l’accent non pas sur l’acte, mais sur la colère et la haine qui poussent à l’acte; c’est aussi ce que fait notre passage. Celui qui est possédé par un esprit de haine, est possédé par l’esprit de meurtre, et une telle personne ne peut pas posséder la vie éternelle. Comme nous l’avons vu, la vie éternelle est à nous en tant que demeurant «dans le Fils et dans le Père» (2:24, 25). Demeurant en Lui, la vie éternelle demeure en nous, et la nature essentielle de cette vie est l’amour.

V. 16a

Mais bien que l’amour soit la simple respiration de la vie que nous possédons, aucun de nous ne l’a comme si nous étions chacun une petite fontaine autonome. La manifestation subjective de l’amour en nous ne peut jamais être détachée de sa manifestation objective en Dieu. C’est pourquoi nous avons toujours besoin de regarder en dehors de nous, si nous voulons réellement percevoir l’amour comme il est réellement en lui-même. «Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que Lui a laissé Sa vie pour nous» (3:16). C’était la manifestation suprême de l’amour réel.

Si nous désirons percevoir l’amour d’une manière quelque peu adéquate, nous devons méditer très profondément sur toute la vertu et l’excellence et la gloire renfermées dans ce mot: «LUI», et ensuite contempler le péché, le malheur et la misère qui caractérisaient le «nous». Il est très important de le faire, car c’est le seul moyen de pouvoir faire face à l’obligation qui par conséquent repose sur nous. Il a manifesté l’amour en laissant Sa vie pour nous. En tant que fruits de cette œuvre, nous vivons dans Sa vie qui est une vie d’amour. Cela achève un cercle de toute beauté: Il nous a aimés; Il a laissé Sa vie pour nous; nous vivons de Sa vie; nous aimons.

V. 16b

Passons maintenant à l’obligation: «nous devons laisser nos vies pour les frères» (3:16). L’amour en nous devrait aller jusque là. Priscilla et Aquilas étaient allés jusque là pour Paul, car ils avaient, «pour sa vie, exposé leur propre cou» (Rom. 16:4). L’auraient-ils fait pour un croyant très humble et tout à fait quelconque, nous demandons-nous? Très certainement, car ils sont placés en tête de la longue liste des chrétiens dignes d’être salués en Romains 16. En tout cas, c’est jusque là que va l’amour de nature divine.

Si l’amour va jusque là, il ira jusqu’à n’importe quel point en deçà. Il y a de nombreuses manières par lesquelles un enfant de Dieu peut mettre sa vie pour les frères sans que cela implique la mort, ou même sans l’envisager effectivement. La maison de Stéphanas, par exemple (dont il est question en 1 Corinthiens 16:15), s’était vouée au service des saints. S’ils ne mettaient pas leur vie pour les frères, au moins ils la consacraient à leur service. Ils servaient Christ dans Ses membres, et déployaient l’amour de manière très pratique.

V. 17

L’amour de Dieu demeurait en eux, et il doit demeurer en nous comme le v. 17 le montre. Si c’est le cas, il doit nécessairement trouver à se déverser vers les autres enfants de Dieu. Dieu n’a pas de besoins auxquels nous pourrions pourvoir. Le bétail sur mille montagnes est à Lui (Ps. 50:10), s’Il en avait besoin. Ce sont les enfants de Dieu ont des afflictions et des besoins dans ce monde. La manière pratique de montrer notre amour envers Dieu, c’est de prendre soin de Ses enfants si nous les voyons dans le besoin. Si nous avons ces moyens du monde, et que nous refusions la compassion envers notre frère dans le besoin afin de profiter de nos biens tout seuls, il est très certain que l’amour de Dieu ne demeure pas en nous.

Arrivés à ce point, on souligne ce mot très caractéristique de cette épître: demeurer. Il est important de le noter pour mieux suivre la continuité de la pensée de l’apôtre. Du fait qu’il traite de ce qui est fondamental et essentiel dans la vie et la nature divines, il est inévitable qu’il parle des choses qui demeurent.

V. 18-24

V. 18-19

Le verset 18 n’est pas adressé aux petits enfants, mais à tous les enfants de Dieu indépendamment de leur niveau spirituel. Rappelons-nous toujours que l’amour n’est pas un simple sentiment, ni une question de paroles tendres prononcées des lèvres. C’est une question d’action et de réalité. L’amour que nous avons vu au v. 16 n’existe pas simplement dans des mots, mais il éclate dans un acte de vertu suprême. L’amour de Dieu demeurait en Lui, et Il a laissé Sa vie pour nous. Si l’amour de Dieu demeure en nous, nous exprimerons notre amour envers notre frère en action et en œuvre, plutôt qu’en paroles seulement.

Si nous aimons ainsi EN vérité il sera manifeste que nous sommes DE la vérité. Nous sommes, pour ainsi dire, nés de la vérité, et c’est pourquoi la vérité s’exprime dans nos actions; et non seulement les autres seront assurés que nous sommes de la vérité, mais nous gagnerons de l’assurance pour nos propres cœurs et devant Dieu. Un homme peut acheter ce qu’on lui dit être un pommier de telle variété, et pour le lui assurer on lui tend un certificat signé par l’horticulteur qui a cultivé l’arbre. C’est bien, mais une erreur est quand même possible. Quand, en sa saison, l’homme ramasse sur cet arbre des pommes de la variété en question, il a alors l’assurance la plus parfaite possible. Quand l’amour et la vérité de Dieu portent leur fruit dans la vie et dans les actes, nos cœurs peuvent bien être assurés.

V. 20

«Hélas! je ne suis guère positif; ce fruit désirable a souvent manqué en moi» — c’est ainsi que beaucoup de nous s’exprimeraient. Et l’apôtre l’anticipe justement au verset suivant. Considérant ces choses, nos cœurs nous condamnent. Combien est solennel alors le fait que «Dieu est plus grand que notre cœur et il sait toutes choses» (3:20). C’est solennel et pourtant très béni; car voyez comment ce grand fait a opéré dans le cœur de Simon Pierre, selon le récit de Jean 21:17.

Pierre qui s’était vanté avec tant d’assurance de son amour pour le Seigneur, avait remarquablement manqué à le montrer en actes. Au lieu de cela, il L’avait renié trois fois avec serment et imprécations. Le Seigneur le questionne maintenant à trois reprises sur ce point, sondant ainsi sa conscience. Au lieu d’avoir de l’assurance, le cœur de Pierre le condamnait, bien qu’il sût au fond de son cœur qu’il aimait vraiment le Seigneur. Si Pierre avait quelque conscience de sa faute, le Seigneur qui savait toutes choses en voyait la profondeur bien mieux que Pierre. Mais pourtant, justement parce qu’Il voyait tout, Il savait que, malgré son reniement, il y avait chez lui un amour authentique. Pierre dit donc: «Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime» (Jean 21:17). Il était heureux de se rejeter sur le fait que «Dieu est plus grand que notre cœur et il sait toutes choses». Que cela puisse être notre part, en pareille situation.

V. 21

D’un autre côté il arrive des occasions où, grâces à Dieu, notre cœur ne nous condamne pas; des occasions où la vie et l’amour et la vérité de Dieu dans nos âmes ont eu de la vigueur, et se sont exprimés dans la pratique. Alors nous avons confiance et assurance devant Dieu. Nous avons de la liberté en Sa présence. Nous pouvons Lui faire des requêtes avec l’assurance qu’Il y réponde, et que nous recevrons en son temps ce que nous avons demandé.

V. 22

L’expression «quoi que nous demandions» du verset 22 nous présente un chèque en blanc, avec liberté à nous de le remplir. Mais le «nous» à qui ce chèque est présenté, est limité par ce qui suit aussi bien que par ce qui précède. Ce sont ceux dont le cœur ne les condamne pas, ceux qui gardent Son commandement, et qui font les choses qui Lui plaisent. À de telles personnes on peut confier des chèques en blanc. Ce sont les chrétiens qui aiment en action, et non pas seulement en paroles; ils sont marqués par cette obéissance qui plaît tant à Dieu. Celui qui est caractérisé par l’amour et l’obéissance aura ses pensées et ses désirs en harmonie avec ceux de Dieu de sorte qu’il demandera selon Sa volonté, et il recevra par conséquent les choses qu’il désire.

Nous gardons Ses commandements, mais il y a un commandement qui se détache tout spécialement, et qui se divise en deux chefs — la foi et l’amour. Nous devons croire au nom de Jésus Christ, le Fils de Dieu, et puis nous aimer l’un l’autre comme Il l’a commandé à Ses disciples, notamment en Jean 13:34-35. Nous reconnaissons ici les deux choses si souvent mentionnées ensemble dans les épîtres. Paul n’avait pas été à Colosses, mais il rendait grâces à Dieu à leur sujet «ayant ouï parler de votre foi dans le Christ Jésus et de l’amour que vous avez pour tous les saints» (Col. 1:4). Ces deux choses familières sont la preuve d’une vraie conversion, évidence d’un travail authentique de Dieu.

Ce qui ne nous est peut-être pas si familier, c’est que la foi et l’amour soient tous les deux traités comme un commandement. Il vaut la peine de bien remarquer que, parmi tous les apôtres, Jean est celui qui a le plus écrit aux chrétiens sur les commandements qui nous ont été donnés. Il écrivait quand les autres apôtres étaient déjà délogés, et quand la tendance à transformer la grâce en dissolution commençait à s’accentuer; c’est la raison de cette insistance particulière, croyons-nous. Ce ne sont pas des commandements légaux, à accomplir pour établir notre justice en la présence de Dieu; mais ce sont néanmoins des commandements. Ce que Jean nous déclare dans cette épître, c’est pour que nous puissions être introduits dans la communion avec Dieu. Si nous entrons dans cette communion, nous découvrons vite les commandements, et il n’y a rien d’incompatible entre eux. Ils sont en complet accord, car la communion n’est goûtée et maintenue que dans l’obéissance aux commandements.

V. 24

C’est ce sur quoi le v. 24 insiste; dans ce verset, celui qui demeure en Lui, c’est le saint qui marche dans l’obéissance. À la fin du ch. 2, les enfants — c’est-à-dire toute la famille de Dieu — étaient exhortés à demeurer en Lui, car c’est le chemin d’une vie chrétienne vraie et fructueuse. Ici nous trouvons que demeurer en Lui dépend de notre obéissance. Les deux choses vont ensemble, agissant et réagissant l’une sur l’autre. Celui qui demeure en Lui obéit, mais il est également vrai que celui qui obéit demeure en Lui.

Mais l’obéissance conduit à ce qu’Il demeure en nous, autant qu’à ce que nous demeurions en Lui. Si nous demeurons en Lui, nous tirons nécessairement de Lui toutes les sources fraîches de notre vie spirituelle, et comme notre vie pratique est ainsi tirée de la Sienne, c’est Sa vie qui vient à être manifestée en nous, et On voit qu’Il demeure en nous. Nous croyons que Jean fait ressortir ici en principe ce que Paul énonce comme sa propre expérience en Galates 2:20. C’était parce qu’il «vivait dans la foi au Fils de Dieu» qu’il pouvait dire: «Christ vit en moi».

Par l’Esprit qui nous a été donné, nous savons que Christ demeure en nous. L’Esprit est l’énergie de la vie nouvelle que nous avons en Christ, et d’autres passages nous montrent qu’Il est «l’Esprit de Christ». D’autres gens peuvent savoir que Christ demeure en nous en observant au moins quelque chose de Son caractère manifesté en nous. Nous le savons par Son Esprit qui nous a été donné.

Il a été fait allusion au Saint Esprit au chapitre 2 comme étant l’Onction, donnant ainsi même aux petits enfants la capacité de connaître la vérité; mais maintenant nous pensons à Lui comme à l’Esprit par lequel Christ demeure en nous pour que nous puissions Le manifester ici-bas. Il a aussi demeuré ici-bas afin qu’Il puisse faire que la Parole de Dieu soit exprimée. Il l’a fait au commencement par le moyen des apôtres et des prophètes qu’Il a inspirés. Il est la puissance par laquelle la Parole de Dieu est donnée, aussi bien que la puissance par laquelle elle est reçue.

Ce fait fournit aux antichrists un point d’attaque. Ces antichrists du début sont connus comme les «Gnostiques», un mot qui signifie: «ceux qui savent». Eux aussi parlaient par une puissance qui émanait à l’évidence d’un esprit. Ils prétendaient savoir, et établir leurs idées en opposition à ce qui avait été révélé par les apôtres. C’est à cause de cela que l’apôtre s’éloigne un petit peu de son thème principal dans les premiers versets du chapitre 4.

La digression était importante à cette époque, et elle l’est non moins de nos jours, comme nous allons le voir.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 1 John 2". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/1-john-2.html.
 
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