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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-36
3>1 à 21 Entretien de Jésus avec Nicodème
Les commentateurs se donnent beaucoup de peine pour rattacher, chacun à sa manière, ce récit aux faits qui précèdent.
Jean, pensent-ils, veut donner une preuve de cette parfaite connaissance que Jésus avait du cÅur de lâhomme (Jean 2:24-25); Ou bien, il veut montrer en Nicodème un exemple de cette foi qui ne se fondait que sur les miracles (Jean 2:23); Ou encore, il introduit ce trait comme une exception à lâattitude pleine de réserve que Jésus avait prise (Jean 2:24); ou, enfin, Jean reproduit et résume dans cette relation les importantes révélations que Jésus a données, dans les premiers temps de son ministère, sur sa personne et sur son Åuvre.
Ne suffit-il pas dâadmettre que cette mémorable rencontre de Jésus avec le pharisien Nicodème fut un des principaux épisodes de ce premier séjour du Sauveur à Jérusalem, dont Jean tient à retracer les résultats ?
Nicodème est désigné comme un chef du peuple juif, câest-à -dire quâil était membre du sanhédrin, conseil suprême de la nation (Jean 7:50).
Il était du parti des pharisiens (voir Matthieu 3:7, note). Du reste, il est inconnu dans lâhistoire, car son identification avec un Nicodème, disciple de Jésus, dont parle le Talmud, et qui vécut jusquâà la ruine de Jérusalem, nâest pas démontrée. Mais notre évangéliste lui a élevé un monument assez durable pour quâil ne soit jamais oublié.
Du fait quâil vint vers Jésus de nuit, on a conclu que Nicodème était un homme timide, et il est resté comme le type de ceux qui cèdent à la crainte de se compromettre. Notre texte ne suffirait pas à lui seul pour fonder cette opinion; mais le soin que prend notre évangéliste de rappeler cette circonstance toutes les fois quâil parle de Nicodème ne laisse guère subsister de doute à cet égard (Jean 7:50; Jean 19:39).
Ce serait bien à tort, toutefois, quâon le jugerait trop sévèrement pour cela. Dans la position sociale quâil occupait comme membre du sanhédrin, entouré dâhommes qui étaient remplis de préjugés contre Jésus, et nâayant lui-même quâune foi faible et obscure, Nicodème prit une détermination dâune hardiesse très méritoire en se décidant à chercher des lumières auprès de ce nouveau prophète galiléen. Sa démarche prouve une sincérité qui lâaffranchira par degrés de la crainte des hommes.
Malgré lâhostilité croissante du sanhédrin, il saura, un jour, prendre dans son sein la défense de Jésus (Jean 7:50); et, au moment du plus grand danger, il ne craindra plus de se déclarer ouvertement en faveur de Celui en qui il aura reconnu son Sauveur (Jean 19:39).
Le titre de Rabbi est intentionnellement honorable, dâautant plus honorable que ceux-là seuls pouvaient le porter qui avaient suivi la carrière des études en usage alors, or Jésus ne lâavait pas fait (Jean 7:15).
Ce verbe au pluriel : nous savons, semble indiquer que Nicodème nâétait pas seul de sa classe à se demander si Jésus était un Envoyé de Dieu (Jean 12:42), et câest à ce pluriel que répond celui du verset 7.
Le petit discours que Nicodème adresse à Jésus nous renseigne sur le degré de ses lumières et la nature de sa foi. Une chose lâa vivement frappé : les miracles (grec signes) que Jésus fait (comparer Jean 2:23).
Rien de plus rationnel ! Le vrai effet des miracles est, non de créer la foi vivante, mais de réveiller lâattention et dâamener les témoins à penser que Celui qui est ainsi revêtu de la puissance de Dieu est envoyé par lui. Câétait là , comme lâobserve Olshausen, la légitimation de lâEnvoyé. Une telle réflexion peut devenir la foi, comme Nicodème eut le bonheur de lâéprouver plus tard.
Jésus répondit aux pensées que Nicodème nâavait pas encore eu le temps dâexprimer, et qui avaient trait au royaume de Dieu (voir sur ce terme Matthieu 3:2, note).
Câétait, en effet, le grand sujet qui préoccupait tout Israélite pieux. Mais quel renversement des idées de Nicodème : avec les pharisiens, dont il était (verset 1) il attendait un royaume extérieur, national, politique. Jésus lui présente un royaume invisible, dans lequel on entre par une transformation morale.
Et, en affirmant la nécessité pour tous de cette naissance dâeau et dâesprit, Jésus détruit du même coup cet édifice de vertus, dâÅuvres, dâobservances de la loi, par lesquelles la propre justice pharisaïque pensait pouvoir subsister devant Dieu !
Il ne sâagit plus de faire, mais dâêtre, et avant dâêtre, il faut naître. Ainsi Jésus répond aux préoccupations intimes de Nicodème.
Cette explication de la réponse de Jésus nous paraît plus naturelle que celle qui lui prête lâintention de faire passer son interlocuteur de la foi fondée sur les miracles à la foi morale qui produit une transformation du cÅur (Augustin, de Wette), ou que celle qui, sâattachant au titre de Rabbi, décerné à Jésus par Nicodème, nous présente celui-ci comme un docteur satisfait de lui-même, avide de discussions et dâinstructions nouvelles, chez lequel Jésus sâappliquerait à éveiller la conscience de ses déficits moraux (Weiss). Jésus va du reste expliquer et compléter sa pensée au verset 5.
Faut-il traduire : naître de nouveau, ou naître dâen haut ? Chrysostome mentionne déjà les deux interprétations. La première est celle dâAugustin, de la Vulgate, de Luther, Calvin, Bèze, Tholuck, Olshausen, Luthardt, Godet, Weiss, et de la plupart de nos versions anciennes et modernes. Leur principal argument est que la méprise de Nicodème nâeût pas été possible si Jésus avait parlé dâune naissance dâen haut (verset 4, voir la note).
Mais il est difficile de justifier cette traduction par lâusage du Nouveau Testament. Pris comme adverbe de temps, le terme employé dans notre passage signifie dès le commencement, dès lâorigine (Luc 1:3; Actes 26:5); cela est tellement vrai que Paul, dans Galates 4:9, lui adjoint lâadverbe de nouveau. Or dans notre passage, où il se trouve seul, il devrait proprement se traduire : «â¯Si un homme nâest né dès le commencementâ¯Â», ce qui ne donne aucun sens acceptable. Il faut donc le prendre comme adverbe de lieu, signifiant dâen haut, du ciel, de Dieu.
Jean lâemploie toujours dans ce sens local (Jean 3:31; Jean 19:11-23; comparez Matthieu 27:51; Jacques 1:17; Jacques 3:15), conformément à sa notion de lâhomme régénéré, quâil désigne comme «â¯né de Dieuâ¯Â» (Jean 1:13; 1 Jean 2:29; Jean 3:9; Jean 4:7; Jean 5:1). Sâil avait voulu dire : naître de nouveau, il avait pour cela à sa disposition le verbe grec quâemploie lâapôtre Pierre (1 Pierre 1:23), ou un autre terme exprimant le renouvellement de lââme, et qui se trouve fréquemment sous la plume de Paul (Romains 2:2; Ãphésiens 4:23; Colossiens 3:10).
Le Nouveau Testament nous paraît donc tout entier favorable au sens que nous adoptons et dans lequel la pensée de Jésus est plus complète et plus en harmonie avec lâexplication quâil en donne lui-même au verset 5, quand il appelle cette naissance dâen haut une naissance dâEsprit.
Notre traduction est celle dâOrigène et de plusieurs Pères grecs, dâErasme, Bengel, Lücke, de Wette, Meyer, Lange Weizsäcker, Rilliet, Reuss, et de la version de Lausanne.
Grec : peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? Nicodème ne sâarrête quâau verbe naître sans prendre garde au circonstanciel dâen haut il le répète deux fois, tant il lui paraît présenter une idée incompréhensible et absurde. Et câest précisément cette absurdité quâil relève dans sa question.
Il nâest pas nécessaire dâexcuser sa méprise en disant quâil était troublé par la brusque déclaration de Jésus, ni de réduire sa question à signifier : «â¯Tu nâentends pourtant pas ce mot naître dans son sens littéral et matériel ?â¯Â» Nicodème pose intentionnellement, peut-être avec un sourire ironique, une question absurde, pour montrer que la pensée de Jésus lui paraît telle, à sâen tenir au sens littéral de ses paroles.
En disant : Un homme peut-il naître quand il est vieux, il pense probablement à lui-même et se dit quâil ne pourra, en aucune façon, remplir la condition posée par la parole énigmatique de Jésus, alors même quâelle lui présenterait un sens acceptable. Il y a de la tristesse dans cette réflexion.
Par ces paroles lumineuses et profondes, Jésus élève la pensée de Nicodème bien au-dessus du matérialisme qui a inspiré sa question, il lui indique les moyens par lesquels seuls peut sâaccomplir la naissance spirituelle dont il lui a parlé.
Ces moyens sont : lâeau et lâEsprit. Lâun est le symbole, lâautre la réalité. Nicodème, qui connaissait les Ãcritures, ne pouvait pas être entièrement étranger au fait ainsi décrit dans les termes mêmes des prophètes (Ãzéchiel 36:25-27; Jérémie 33:8; Zacharie 13:1).
En outre, il ne pouvait ignorer le baptême dâeau que Jean-Baptiste prêchait et administrait en vue de la repentance (Matthieu 3:11); peut-être avait il appris que Jean annonçait Celui qui devait venir après lui et qui baptiserait du Saint-Esprit (Matthieu 3:11; Jean 1:33).
Il pouvait donc comprendre que lâeau, employée dans toutes les purifications rituelles en usage chez les Juifs, était le signe et le sceau de la repentance, de la douleur causée par le péché et qui, en le faisant haïr, «â¯purifie la conscience des Åuvres mortes;â¯Â» (Hébreux 10:22) mais que cette repentance ne suffisait pas, quâil fallait, pour accomplir la transformation morale appelée par Jésus une «â¯naissance dâen hautâ¯Â», lâEsprit, le principe éternel, tout-puissant, créateur de la vie divine par lequel seul lâhomme est régénéré et sanctifié. Tel est lâenseignement de tout le Nouveau Testament, et Jésus emploie ailleurs les deux mêmes termes pour désigner la plénitude de la vie nouvelle par le Saint-Esprit (Jean 7:38-39).
La condition posée par Jésus-Christ est absolue : il ne peut entrer dans le royaume de Dieu, par la simple raison que ce royaume est spirituel et que ceux-là seuls qui sont nés de lâEsprit sont capables dâen jouir.
Cette parole de Jésus renferme toute la profonde vérité que le baptême chrétien symbolisera plus tard (Matthieu 28:1; Matthieu 28:9; Matthieu 3:5), mais elle ne traite point encore formellement de ce rite. Il en est de même de son enseignement sur la nécessité de «â¯manger sa chair et de boire son sangâ¯Â» (Jean 6:52 et suivants), où il ne parle pas proprement de la cène, qui nâavait point encore été instituée, mais où il présente à ses auditeurs la vérité éternelle dâune communion intime et vivante du fidèle avec le Sauveur, vérité qui sera un jour figurée dans la cérémonie de la sainte cène.
Par ce contraste profond entre la chair et lâEsprit, reproduisant nécessairement chacun son semblable, Jésus explique et motive la sentence qui précède.
Le mot chair désigne lâhomme naturel, tel quâil naît, grandit et vit, depuis que, par la chute, le péché a envahi notre humanité (comparer Romains 1:3; Romains 7:14, note).
Le mot est pris ici dans son sens moral mais il renferme, en outre, la notion de lâinfirmité, de la souffrance et de la mort qui sont la suite du péché. Or, dâun tel homme assujetti à la chair, il ne peut naître que des êtres en tout semblables à lui.
Au contraire, ce qui est né sous lâaction puissante et créatrice de lâEsprit de Dieu est un être de nature spirituelle affranchi de la domination de la chair pénétré et dirigé par le même principe qui lui a donné la vie, le Saint-Esprit (voir la note précédente et, pour ce contraste de la chair et de lâesprit, Romains 8:5-9; Galates 5:16-24).
Jésus aurait pu dire : «â¯Ce qui est né de la chair est charnel ce qui est né de lâEsprit est spirituel;â¯Â» mais, en employant le substantif au lieu de lâadjectif, il donne à entendre que la chair ou lâEsprit sont lâessence même de lâêtre qui est sous la domination de lâune ou de lâautre de ces puissances (comparer Jean 6:63; Jean 12:50).
La première des deux sentences de ce verset formule, suivant M. Godet, la nécessité de la nouvelle naissance, la seconde sa réalité et par conséquent sa pleine possibilité.
Il faut remarquer encore avec Meyer que, bien que Jésus parle dâêtres personnels, il emploie le pronom neutre ce qui, afin dâindiquer dâautant mieux lâuniversalité du double principe quâil pose ici.
voir verset 3, note.
Il vous faut,
La nécessité de cette naissance dâen haut est absolue pour tous.
Pour dissiper si possible lâétonnement de Nicodème, Jésus peint lâaction de lâEsprit par une comparaison empruntée à la nature. Cette comparaison sâoffrait à lui dans le terme même qui, en hébreu et en grec, désigne lâesprit et qui signifie en même temps vent. Il personnifie le vent (il souffle où il veut) et fait remarquer quâon le constate par ses effets (le bruit, grec la voix), bien quâon ne sache ni dâoù il vient ni où il va (Ecclésiaste 11:5).
Il en est de même de lâÅuvre de lâEsprit; celui en qui elle sâaccomplit a conscience de la transformation qui sâopère en lui, il la constate par ses effets, mais il ignore de quelle manière elle sâaccomplit. Toute vie est un mystère.
Nicodème a demandé (verset 4) et il a demander encore (verset 9) comment ? à cette question, il ne saurait y avoir de réponse propre à satisfaire une curiosité tout intellectuelle. Quâil se replie sur lui-même quâil sâarrête au fait dâexpérience et quâil se demande : Suis-je né dâen haut ?
Par lâimage quâil a choisie, Jésus révèle la parfaite liberté de lâEsprit dans son action. «â¯Il souffle où il veutâ¯Â», et souvent là même où les hommes le soupçonnent le moins. Jésus enseigne encore par la même image que ceux en qui cet Esprit opère ne savent pas jusquâoù il les conduira. Il ouvre ainsi devant eux de grandes et glorieuses perspectives.
Câest à tort quâon a pensé que, par cette nouvelle question, Nicodème sâobstine dans son opposition à ce que lui enseigne Jésus. Nous dirons plutôt avec R. Stier :
Il ne nie point; mais il confesse que, pour lui-même, il est étranger à ces choses : il voudrait savoir comment elles se réalisent (ce qui nâest pas la question), et être assuré de leur possibilité.
Comment peuvent-elles se faire ? On ne questionne pas ainsi, sans un retour sur soi-même et le désir sérieux de sâinstruire.
Aussi Jésus, malgré le reproche quâil va lui adresser (verset 10), condescendra-t-il à lui donner abondamment les enseignements et les lumières dont il a besoin.
Jésus sâétonne, à son tour, et il ne craint pas dâexprimer cet étonnement, au risque dâhumilier son interlocuteur, en lui faisant sentir que jusquâici il avait négligé la source où il aurait pu puiser les lumières qui lui manquent.
Comme docteur dâIsraël (le docteur, lâarticle défini montre que Jésus le considère comme représentant du corps enseignant dans sa nation), il aurait dû avoir compris, pour lui-même et pour dâautres, par les Ãcritures, les vérités religieuses que Jésus lui enseigne (Ãzéchiel 11:19-20; Ãzéchiel 36:26-27; Ãzéchiel 37:1 et suivants; Jérémie 31:31-34; Ãsaïe 44:3-5).
Jésus insiste, et il veut maintenant faire sentir à Nicodème quâil y a en lui et dans ses pareils (vous), non seulement de lâignorance, mais de lâincrédulité.
En effet, non seulement ils nâont point pénétré dans le sens profond des Ãcritures qui les auraient éclairés, mais voici un témoignage, rendu avec la plus entière certitude (ce que nous savons), reposant sur une intuition immédiate de la vérité divine (ce que nous avons vu), un témoignage affirmé dans les termes les plus solennels (en vérité, en vérité), et ce témoignage, ils ne le reçoivent point (comparer Jean 3:32; Jean 1:11).
Ils montrent ainsi quâils sont animés de lâincrédulité qui repousse les choses divines. Il sâagit moins, en effet, de comprendre celles-ci par lâintelligence que de les recevoir dans le cÅur, câest-à -dire de les croire.
Reste une question que les interprètes ont résolue de manières diverses. De qui parle Jésus en employant ce pluriel nous : nous savons, nous disons, nous avons vu, nous témoignons ?
Quelques-uns (Luthardt, Weiss) ont pensé que Jésus associe à son propre témoignage celui de Jean-Baptiste, plusieurs fois rappelé dans les premiers chapitres ne notre évangile, et quâil reprocherait ainsi aux pharisiens de ne lâavoir pas reçu. Luther, Bèze, Tholuck pensent que Jésus veut dire : Moi et tous les prophètes, Bengel : Moi et le Saint Esprit; Chrysostome : Moi dans mon unité avec Dieu. Dâautres, nâont vu dans ce nous quâun pluriel de majesté; mais cette forme de langage ne se retrouve pas dans la bouche du Sauveur.
M. Godet, avec Lange, Hengstenberg, M. Westcott, admet quâil sâagit des disciples de Jésus, «â¯dont un où plusieurs se trouvaient en ce moment auprès de lui et qui commençaient déjà à devenir les organes de ce doctorat nouveau inauguré par lui. En la personne de Jésus puis dans ses actes et ses paroles, le ciel est constamment ouvert sous leurs yeux (Jean 1:51); déjà ils voient et savent véritablement⦠Sur ce fondement, déjà ils témoignentâ¯Â».
«â¯Quelle vivacité, quelle fraîcheur dans la déclaration de Jean et dâAndré (Jean 1:42), dans celle de Philippe (Jean 1:47), dans lâexclamation de Nathanaël⦠! (Jean 1:50) Jésus ne se sent donc plus seul. De là le sentiment de joie profonde qui respire dans ces pluriels : nous disons, nous savons, et qui se trahit jusque dans la forme du langageâ¯Â».
En effet, Luthardt a fait observer avec raison que : «â¯nous voyons paraître ici cette forme du parallélisme qui constitue le rythme poétique de la langue hébraïque. Ce trait de style trahit lâémotion et caractérise toujours un moment dâélévation particulièreâ¦â¯Â» (Jean 5:37; Jean 6:35; Jean 6:55-56; Jean 12:44-45).
Nicodème doit comprendre que les choses sont plus avancées quâil ne le pense ! Tandis que ses collègues et lui attendent encore lâheure solennelle de lâavènement du royaume, ce royaume est déjà là à leur insu et dâautres y participent avant eux.
«â¯vous ne recevez pas notre témoignage (verset 11), que sera ce donc quand je vous parlerai de choses beaucoup plus élevées ?â¯Â»
Les choses terrestres sont celles qui ont lieu sur la terre (sens du mot grec), à la portée de lâhomme, ou dans lâhomme même, quelle quâen soit dâailleurs la nature (1 Corinthiens 15:40; 2 Corinthiens 5:1; Philippiens 2:10; Jacques 3:15).
Or, même la régénération dont Jésus a parlé à Nicodème appartient à ce domaine, parce quâelle sâaccomplit sur la terre et dans lâexpérience même de lâhomme, qui peut en éprouver le besoin et savoir quant elle a été réalisée en lui.
Les choses célestes sont celles qui ont lieu dans le ciel et qui, par leur nature, appartiennent exclusivement à ce monde invisible où Dieu règne (Matthieu 18:35; 1 Corinthiens 15:40; 1 Corinthiens 15:48-49; Ãphésiens 1:3; Philippiens 2:10).
Ici, les choses célestes dont Jésus va parler (verset 14 et suivants) sont toutes celles qui étaient renfermées dans le conseil de Dieu pour la rédemption du monde, y compris la vie éternelle qui en est le but suprême (versets 15, 16).
Sans doute, ces grands faits du salut sâaccompliront aussi sur la terre et deviendront lâobjet de la foi des croyants, mais ils nâétaient point encore révélés quand Jésus en parlait à Nicodème; il pouvait donc encore les désigner comme des choses célestes, qui même resteront telles à toujours par leur nature, leur origine et leur destination. Or il est sûr que, si lâhomme ne croit point quand on lui parle de lui-même, de sa conscience, de la nécessité dâun renouvellement moral, il croira bien moins quand on lui parlera de sa rédemption par lâenvoi du Fils de Dieu, par sa vie, par sa mort, et par son retour dans la gloire.
Aussi est-ce avec beaucoup de raison que M. Godet fait observer que
Toutes les autres vérités de la foi seront reçues avidement par celui qui aura été amené à les désirer, à en avoir faim et soif.
Jésus dit vous comme au verset 7, parce que Nicodème avait dit nous, voulant parler en son nom et en celui des hommes de sa classe.
«â¯Et ces choses célestes, nul ne peut vous les révéler, si ce nâest le Fils de lâhommeâ¯Â». Câest ainsi que Meyer dâaprès de Wette, indique simplement et clairement le sens de ce verset et son rapport avec le verset qui précède.
M. Godet le fait en ces termes qui présentent lâautre face de la même vérité : «â¯Sans la foi à mon témoignage, point dâaccès pour vous aux choses célestesâ¯Â».
Ces paroles de Jésus reproduisent, au fond, la pensée exprimée au Jean 1:18 «â¯Personne ne vit jamais Dieu, le Fils unique qui est dans le sein du Père est celui qui nous lâa fait connaîtreâ¯Â» (voir la note).
Ce fait : Personne ne vit jamais Dieu, et, par conséquent, nul ne le connaît dans son essence, est exprimé ici en ces termes : Personne nâest monté au ciel, ni nâa pu en rapporter la vérité divine. Celui-là seul est excepté qui, par son incarnation, est descendu du ciel, et qui ainsi est devenu le Fils de lâhomme (Matthieu 8:20, note).
Lui seul peut vous enseigner les choses célestes que vous devez croire, car, non seulement il est venu du ciel, mais par sa communion intime et indissoluble avec Dieu, il est dans le ciel. Ces derniers mots (qui sont omis dans Codex Sinaiticus. B) ont le même sens que ceux du Jean 1:18 «â¯qui est dans le sein du Pèreâ¯Â».
Lâexplication donnée ci-dessus de cette parole profonde se recommande par sa simplicité.
Cependant quelques interprètes éprouvent des scrupules à prendre comme une métaphore lâexpression monter au ciel, à cause du terme qui lui fait antithèse : Celui qui est descendu du ciel.
Cette dernière expression, comme le remarque M. Weiss, signifie dans le langage du quatrième Ãvangile (Jean 16:28) que Jésus a quitté lâexistence céleste, dont il vivait auparavant auprès du Père.
Si donc on prend au propre le terme est monté, il faudrait, avec Meyer Weiss, lâappliquer aux hommes en général, en exceptant Jésus : «â¯Personne nâest monté au ciel, si ce nâest Celui qui (sans y être monté) en est descendu, le Fils de lâhomme qui est (par essence) où qui était (antérieurement) dans le ciel :â¯Â» interprétation qui revient à dire que Jésus explique par son essence divine où par sa préexistence la connaissance quâil a des choses célestes.
à cette explication M. Godet objecte quâelle ne tient pas compte du si ce nâest. Cette locution oblige à appliquer à Jésus aussi, mais en le prenant au sens figuré, le verbe est monté. M. Godet croit trouver dans le baptême de Jésus la circonstance où il accomplit lâascension spirituelle à laquelle il fait allusion. «â¯Le ciel alors lui fut ouvert; il y plongea ses regards; il lut dans le cÅur de Dieu, et il connut à ce moment tout ce quâil devait révéler aux hommes du plan divin, les choses célestesâ¯Â».
Par les déclarations des verset 1 et suivants, Jésus sâefforce dâinitier Nicodème à ces «â¯choses célestesâ¯Â» (verset 12), que lui seul pouvait révéler (verset 13).
Le verset 13 énonçait un premier motif de croire, en légitimant Jésus comme révélateur; le verset 14 ajoute (et) à ce premier motif un second, en le présentant comme rédempteur.
Pour rendre accessible à Nicodème le mystère de son Åuvre rédemptrice, Jésus emprunte à lâAncien Testament (Nombres 21:5-11) un magnifique symbole bien connu de son interlocuteur; et, se lâappliquant à lui-même, il en fait une prédiction très claire de sa mort.
Le peuple dâIsraël ayant murmuré contre Dieu, fût châtié par le fléau terrible de serpents brûlants qui causèrent la mort dâun grand nombre des coupables. Alors le peuple repentant, confessant son péché vint vers Moïse, le suppliant dâintercéder pour lui. En réponse à sa prière, le serviteur de Dieu reçut lâordre dâélever sur une perche un serpent dâairain, et tous ceux qui, croyant la promesse de Dieu, contemplaient cette image du mal dont ils souffraient, furent guéris.
De même, ajoute Jésus, il faut que le Fils de lâhomme soit élevé; élevé sur la croix dâabord, qui deviendra pour lui le chemin de la gloire.
Le sens de ce mot être élevé nous est certifié par dâautres déclarations du Sauveur lui-même (Jean 8:28; Jean 12:32-33), et aussi par le fait que, dans la langue araméenne quâil parlait, le terme correspondant, quâil a du employer, signifie : être élevé sur un poteau, y être pendu ou crucifié.
Il faut, dit Jésus : glorieuse nécessité, fondée sur la miséricorde éternelle de Dieu, sur son conseil déjà annoncé par les prophéties, qui doivent être accomplies. Et le but de cette Åuvre immense de lâamour de Jésus sera semblable à celui qui fût atteint au désert pour les Israélites mourants : afin que quiconque croit en lui (grec tout croyant en lui, universalité et richesse de cette Åuvre de rédemption !) ne périsse point dans son péché, comme les coupables périssaient au désert, mais quâil ait la vie éternelle.
Cette dernière parole se trouve ici pour la première fois dans notre évangile. Elle reviendra très souvent dans la suite. Le don de la vie éternelle implique non seulement le pardon, la réconciliation avec Dieu, mais la participation de lââme sauvée à la vie de Dieu même, vie impérissable et bienheureuse. Et il faut remarquer le présent : ait la vie, quâil lâait dès le moment où il embrassera par une foi vivante du cÅur ce Sauveur quâil contemple sur la croix (versets 16, 36).
Les mots : ne périsse point, mais, manquent dans Codex Sinaiticus, B, quelques versions, et la plupart des critiques les suppriment, supposant quâils ont été copiés par mégarde du verset 16. Mais, comme le remarque M. Godet, ils pourraient avoir été écrits par lâauteur pour établir entre notre verset et le suivant ce parallélisme qui est la marque de lâexaltation du sentiment (comparez verset 11 note).
Ce verset explique le précédent (car;) il élève la pensée au-dessus des symboles et montre dans le mystère de la croix la révélation de lâamour éternel de Dieu.
Il y a dans cette parole plus à adorer, à croire, à aimer quâà expliquer.
Dieu a tellement aimé : cet amour est le principe et la source suprême du salut. Il a aimé le monde, ce monde déchu, pécheur, en révolte contre lui; il a aimé notre humanité tout entière à laquelle il destinait cette manifestation de son amour. Il a donné, non seulement envoyé, mais abandonné, ce quâil avait de plus cher, son Fils unique; «â¯il lâa livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ?â¯Â» (Romains 8:32; comparez 1 Jean 4:9).
Il nâexige de tout homme, pour quâil ne périsse pas dans son péché et sa misère, que de croire en son Fils, câest-à -dire de mettre en lui toute la confiance de son CÅur. Enfin, il ouvre aux yeux de ce croyant les immenses et bienheureuses perspectives de la vie éternelle (verset 15, note).
Plusieurs exégètes de tendances théologiques diverses se sont demandé si les versets qui nous occupent (Jean 4:16-21) sont encore la continuation de lâentretien de Jésus avec Nicodème, ou sâils renferment une méditation que lâévangéliste y aurait ajoutée, et ils se décident pour cette dernière opinion.
Si elle était fondée, nous nâaurions pas moins ici les pensées que le disciple avait puisées dans lâesprit et dans le cÅur de son Maître. Mais les raisons invoquées en faveur de cette opinion ne sont pas décisives : les verbes au passé (verset 19) semblent indiquer une époque plus avancée; mais lâattitude que les autorités avaient déjà prise son égard (Jean 2:18), comme à lâégard de Jean-Baptiste (Jean 1:19 et suivants), autorisait Jésus à sâexprimer ainsi.
Le mot de Fils unique ne se trouve pas ailleurs dans la bouche de Jésus; il est propre à Jean (Jean 1:14-18; 1 Jean 4:9), mais pourquoi Jésus ne sâen serait-il pas servi, lui qui sâappelle si souvent le Fils, le Fils de Dieu ?
Enfin, on invoque le silence de Nicodème, qui paraît ôter à ce discours le caractère dâun entretien, mais combien nâétait-il pas naturel que cet homme, venu auprès de Jésus pour sâinstruire, et de plus en plus pénétré de ses paroles, se contentât de les écouter avec une religieuse attention ?
Aussi Meyer, M. Godet et dâautres interprètes regardentils, avec raison, cette fin du discours comme prononcé par Jésus.
Telle est aussi lâopinion de M. Weiss qui incline vers le premier parti, estimant que lâévangéliste, tout en relatant un entretien qui a vraiment eu lieu, prête à Jésus des pensées (versets 14, 19) que celui-ci a dû émettre dans une situation plus avancée.
Jésus confirme dans ces paroles (car) que le but de sa venue dans le monde était bien de manifester lâamour éternel de Dieu (verset 16), et non de juger le monde.
Le dessein de cet amour est si universel, que le monde entier pourrait être sauvé par Jésus-Christ.
Cette universalité du salut est exprimée encore de la manière la plus solennelle par la triple répétition du mot monde (comparer Luc 19:10).
Mais Jésus, en proclamant ainsi le but miséricordieux de sa venue, est bien éloigné de nier, comme on lâa prétendu, le jugement dernier, qui, au contraire, lui est réservé pour la fin des temps et quâil annonce de la manière la plus solennelle (Jean 5:28-29). Et, même pendant son séjour sur la terre, et tout en annonçant la miséricorde divine, le Sauveur exerce, par la puissance de la vérité, un autre jugement actuel, intérieur, auquel nul homme nâéchappe (versets 18, 19; comparez Jean 9:39).
Câest donc bien à tort que nos anciennes versions rendent le mot juger par celui de condamner. Cette erreur a été commise, parce quâon a confondu les deux jugements très distincts que nous venons de signaler.
Remarquons encore que par ce dernier développement (versets 17-21) Jésus rectifie les idées de Nicodème.
Puisque le Fils de Dieu est venu, non pour juger, mais pour sauver, celui qui croit en lui, qui a embrassé en lui la grâce divine, qui sâest donné à lui, nâest point jugé.
Le jugement a bien dû sâexercer dans sa conscience, par la vérité, et lâamener à la repentance, mais maintenant il en est affranchi et il respire dans lâatmosphère de la grâce et de lâamour divins, il en a le témoignage au dedans de lui (1 Jean 5:10).
Jésus confirme abondamment cette précieuse parole en déclarant que le croyant est affranchi, même du jugement final (Jean 5:24), où il ne comparaîtra que pour voir constater au grand jour son état dââme.
Mais (particule omise dans Codex Sinaiticus, B.), ajoute le Sauveur, celui qui ne croit point, qui persiste dans son incrédulité est déjà jugé, par le seul fait que le Fils unique de Dieu sâest présenté à lui, plein de grâce et de vérité, et quâil lâa repoussé en lui fermant son cÅur. Il reste dans son péché, auquel il a ajouté le péché le plus grave, le mépris de la miséricorde divine.
Jésus pénètre plus profond encore dans lââme humaine et y découvre la nature et la cause du jugement. Câest que la lumière, câest-à -dire la vérité et la sainteté divines, sont apparues dans le monde par la venue du Sauveur, et quâen présence dâun tel Ãtre, une décision, une crise, un jugement sâopère en toute âme : ou elle aime la lumière et se donne à Celui qui la fait resplendir, ou elle aime mieux les ténèbres, câest-à -dire lâerreur, le mensonge, le mal, et elle sây réfugie pour se livrer à ses Åuvres qui étaient mauvaises et qui le restent. Le verbe à lâimparfait montre que ces Åuvres étaient déjà mauvaises avant le jugement intérieur dont il sâagit.
Ces deux versets (versets 20, 21) confirment et développent (car) la grande vérité morale exprimée au verset 19. Quiconque se livre à des Åuvres mauvaises ou fait le mal non seulement nâaime pas la lumière (verset 19), mais il la hait, parce quâelle révèle, accuse et condamne les dispositions intimes de son cÅur, et il se garde bien de venir à la lumière, câest-à -dire, de sâapprocher de Jésus; car il sait que ses Åuvres seraient reprises, convaincues de culpabilité, comme devant un tribunal.
Il en est tout autrement de celui qui pratique la vérité, la vérité morale, qui, dans les écrits de Jean, est souvent à peu près synonyme de sainteté (Jean 4:23; Jean 8:44; 1 Jean 1:6) et qui, ici, est tout lâopposé des Åuvres mauvaises (verset 19), ou du mal (verset 20).
Celui qui agit ainsi vient à la lumière, sâapproche avec confiance du Sauveur, ne craignant point, mais désirant, que ses Åuvres soient manifestées. Câest quâil a en lui le témoignage que ses Åuvres, sa vie, les dispositions de son cÅur sont faites en Dieu, en communion avec lui, en conformité avec son esprit et sa volonté.
On peut se demander avec M. Godet, si cette expression nâest pas
Ainsi, malgré la sentence générale du verset 19, Jésus reconnaît quâil y a des hommes qui, même avant de venir a lui, la lumière parfaite, ont un cÅur sincère et droit, aimant la vérité et cherchant la lumière. «â¯Quiconque est de la vérité : écoute ma voixâ¯Â» (Jean 18:37).
Ce sont les âmes que le Père attire au Sauveur (Jean 6:44) et qui ne lui résistent pas. Cette parole, qui termine lâentretien, était un encouragement pour Nicodème, qui était lui-même «â¯venuâ¯Â» à Jésus.
22 à 36 Jésus en Judée, dernier témoignage de Jean-Baptiste
Après cela, câest-à -dire après ce premier séjour à Jérusalem (Jean 2:13 et suivants) où eut lieu lâentretien avec Nicodème (verset 1 et suivants).
Jésus quitte la capitale, où sa manifestation dans le temple et les miracles quâil avait accomplis nâavaient pu lui assurer lâadhésion générale ni lâapprobation des autorités théocratiques. Il en a conclu que lâÅuvre de préparation accomplie par Jean-Baptiste doit se poursuivre encore et il sây associe lui-même, il se rend dans les campagnes de la Judée pour séjourner là quelque temps avec ses disciples. Là aussi, il joint à la prédication le baptême.
Lâévangéliste rectifie et complète le renseignement quâil donne ici, en disant que «â¯ce nâétait pas Jésus lui-même qui baptisait mais ses disciplesâ¯Â» (Jean 4:2). Ce baptême était comme celui du Précurseur, un baptême administré en signe de repentance; le baptême dâEsprit nâeût lieu quâaprès la Pentecôte (Jean 7:39; Actes 1:5).
Dans lâÃglise chrétienne, ces deux baptêmes furent réunis en un seul, qui devint le sceau de la régénération (Ãphésiens 5:26; Ãphésiens 3:5).
Jean continuait son Åuvre, parce quâà ses yeux le royaume de Dieu. en vue duquel il prêchait et baptisait, nâétait pas encore établi. Il lui fallait, pour mettre un terme à sa mission, un ordre de Dieu; il le reçut bientôt par le fait de son emprisonnement.
On nâa que des conjectures sur la situation précise de ces deux localités Enon et Salim. Le premier de ces noms est dérivé probablement dâun mot hébreu qui signifie les sources, et le second est dans les Septante la transcription du nom hébreu de Schilchim, qui veut dire les conduites dâeau, les ruisseaux.
Cette double signification est en harmonie avec cette observation de lâévangéliste, quâil y avait là beaucoup dâeau.
On en a conclu, avec raison, quâalors Jean ne baptisait pas dans le Jourdain, sans quoi cette remarque eût été superflue.
Les deux noms Schilchim et Aïn se trouvent réunis dans une énumération des villes de «â¯la contrée du midiâ¯Â» de Juda (Josué 15:32).
Lâévangéliste explique comment lâactivité de Jean-Baptiste pouvait continuer encore.
Mais pourquoi cette observation était-elle nécessaire ? Ãvidemment parce que le récit des deux premiers évangiles (Matthieu 4:12, Marc 1:14) qui ne suivaient point un ordre chronologique rigoureux, laissait croire que lâemprisonnement de Jean-Baptiste avait eu lieu avant le premier retour de Jésus de Judée en Galilée, immédiatement après son baptême.
Or notre évangéliste, qui rapporte (Jean 1:44) un premier voyage en Galilée et (Jean 4:3-43 et suivants) un second voyage, distinguant ainsi ces deux retours, que la tradition synoptique avait fondus en un seul, rétablit lâordre chronologique de ces premiers temps de lâactivité du Sauveur, et nous apprend que la prédication du Précurseur eut lieu, quelque temps encore, simultanément avec celle de Jésus.
Selon le texte reçu, cette dispute des disciples de Jean aurait eu lieu avec des Juifs, mais la plupart des documents sont en faveur du singulier, un Juif.
Le pluriel se lit dans plusieurs anciennes versions et chez Origène, mais parmi les manuscrits il nâa pour lui que le Codex Sinaiticus, et des minuscules.
Lâévangéliste ne dit pas qui était ce Juif.
Cette discussion avait pour objet la purification, câest-à -dire le baptême. Il sâagissait probablement dâaprès le contexte, de décider lequel des deux baptêmes, celui de Jean ou celui de Jésus, était le plus efficace.
De là une sorte dâirritation chez les disciples de Jean, et leur démarche auprès de leur Maître (verset 26).
Ces paroles respirent la jalousie : Celui à qui tu as rendu témoignage, que tu as recommandé avec un désintéressement si généreux (grec), voici, celui-là baptise !
Il cherche à te supplanter par une concurrence directe ! Et ils ajoutent avec lâexagération du dépit : et tous vont à lui !
On comprend ces sentiments chez des hommes sincères mais peu éclairés vivement attachés à leur maître et qui nâavaient pas cru en Jésus. Mais quel contraste entre de telles dispositions et lâadmirable humilité qui ressort de chaque mot de la réponse de Jean !
Jean exprime en ces mots une vérité générale, absolue (comparer Jacques 1:17).
Mais à qui lâapplique-t-il ?
Les uns répondent : à lui-même; il nâa aucune prétention à avoir ou à être rien de plus que ce qui lui a été départi (Bengel, Lücke, Hengstenberg, Godet).
Dâautres, à Jésus; il nâaurait pas les succès dont les disciples de Jean étaient jaloux, si ceux-ci ne lui avaient été donnés du ciel (De Wette Meyer, Astié, Weiss, Holtzmann). Dâautres enfin, à Jean et à Jésus tout ensemble, chacun dâeux devant remplir la mission qui lui a été assignée de Dieu (Tholuck, Luthardt, Keil).
Il nous semble que la première de ces explications est le plus en harmonie avec le verset 28 où Jean continue à parler de lui-même et de ce qui ne lui a pas été donné.
Les disciples de Jean ne pouvaient pas ignorer les déclarations si positives de leur maître (Jean 1:20-34) sur son rapport avec le Messie.
Eux-mêmes viennent de faire allusion (verset 26) au témoignage rendu par Jean. Aussi se contente-t-il de leur dire : Vous-mêmes mâêtes témoins.
Le Précurseur montre encore, par une belle et touchante image, quelle est sa position subordonnée à lâégard du Sauveur : Lui est lâépoux, à qui appartient lâépouse, câest-à -dire lâÃglise quâil a rachetée. Jean nâest que lâami de lâépoux, mais cela suffit pleinement à sa joie.
Cette image, Jean lâavait trouvée dans lâAncien Testament (Ãsaïe 54:5; Ãsaïe 62:5; Osée 2:16 et suivants); mais quelle vue profonde fallait-il quâil eût, et de lâÃcriture, et du Messie, pour appliquer à ce dernier ce que les prophètes avaient dit de lâunion de lâÃternel avec son peuple !
Jésus lui-même se sert de cette image qui peint si vivement son amour pour lâÃglise (Matthieu 9:15; Matthieu 25:1 et suivants), et ses disciples, après lui, se sont bien gardés de lâoublier (Ãphésiens 5:25 et suivants; Apocalypse 19:7; Apocalypse 21:2).
La position que Jean sâattribue par cette comparaison est celle dâami de lâépoux, son intermédiaire auprès de lâépouse, chargé de demander la main de celle-ci, et enfin de préparer les noces.
Câest ce beau rôle que Jean décrit par ces détails : Lâami de lâépoux se tient là , à sa disposition, il lâécoute, il est ravi de joie (grec se réjouit de joie) dâentendre sa voix, pendant la fête des noces (Jérémie 7:34).
Puis Jean ajoute que cette joie qui est la sienne est parfaite, parvenue à son plein accomplissement (Le même mot qui se retrouve Jean 15:11; Jean 16:24; Jean 17:13).
Quel contraste entre cette joie du maître et la jalousie des disciples ! (verset 26).
Admirable conclusion de la similitude qui précède ! Expression dâhumilité la plus touchante qui soit sortie de la bouche dâun serviteur de Dieu !
Jésus grandira en effet, son règne sâétendra sur le monde entier, toute-puissance lui sera donnée au ciel et sur la terre ! Et Jean va bientôt voir diminuer sa mission, son influence, sa vie même, qui ira sâéteindre dans un cachot.
Il faut, dit-il; telle est, envers Jésus et envers lui-même, la souveraine volonté de Dieu !
La plupart des interprètes considèrent cette belle conclusion comme la fin du discours de Jean-Baptiste et estiment que les versets suivants (versets 31-36) renferment des développements de sa pensée, ajoutés par lâévangéliste. Ils se fondent dâabord sur ce que les idées exprimées dans ces versets sur la nature divine du Sauveur dépassent, selon eux, le point de vue où se trouvait le Précurseur, et ensuite, sur le fait que le style de ce morceau est décidément celui de Jean.
Ces raisons ne sont pas sans importance, et il nây aurait rien à perdre pour la foi, si ce magnifique témoignage rendu au Sauveur était sorti de la plume de Jean, au lieu de venir de la bouche du Précurseur.
Cependant, dâéminents exégètes, Meyer et M. Godet entre autres, voient dans ces versets la continuation du discours de Jean-Baptiste, rien nâindiquant que celui-ci se soit terminé avec le verset 30. Et, en effet, pourquoi Jean-Baptiste, qui a appelé Jésus «â¯Agneau de Dieu qui ôte le péché du mondeâ¯Â», qui vient de nous montrer en lui le céleste époux de lâÃglise, nâexprimerait-il pas encore, à son sujet, les grandes pensées qui vont suivre ?
Et si lâon ne peut méconnaître dans la forme de son enseignement les caractères du style de lâévangéliste, il ne faut pas oublier que celui-ci a dû reproduire en grec un discours tenu en araméen.
Jean-Baptiste confirme et généralise le contraste absolu quâil vient dâétablir entre le Sauveur et lui.
Celui qui vient dâen haut, le Fils de Dieu, est au-dessus de tous, de tous les hommes. de ses serviteurs les plus éminents, fusent-ils prophètes ou apôtres.
Câest ce que confirme abondamment lâexpérience; aucun des plus excellents serviteurs ne supporte la moindre comparaison avec le Maître. Jean exprime cette vérité en opposant à Celui qui vient dâen haut celui qui est de la terre : il en émane, il appartient à notre pauvre humanité déchue, il est et reste de la terre, il en porte les caractères, les infirmités; et quand il parle, il ne peut le faire que comme étant de la terre. Le grec porte littéralement : il parle de la terre; les mots de la terre se rapportent proprement au contenu des discours : ils ne traitent que de choses terrestres (comparez verset 12). voir lâopposé au verset 31.
Ces paroles malgré ce quâelles ont dâabsolu, nâexcluent ni la vocation dâen haut que peut avoir reçue un serviteur de Dieu (Luc 3:2), ni les révélations ou les secours de lâEsprit de Dieu qui font de sa parole une parole divine (Jean 1:33-34). Mais la propre expérience de Jean-Baptiste (Matthieu 11:2) montra bientôt que ce jugement sévère nâétait que trop fondé.
Une variante, adoptée par Tischendorf dâaprès Codex Sinaiticus, D, supprime les mots : est au-dessus de tous, en sorte que la phrase serait celle-ci : «â¯Celui qui vient du ciel témoigne ce quâil a vu et entenduâ¯Â».
Celui qui vient du ciel, et parle de ce quâil a vu et entendu a une connaissance immédiate et parfaite de ce quâil affirme (comparez verset 11 et 13, note).
Grand contraste avec «â¯celui qui est de la terre !â¯Â»
Comment Jean peut-il ajouter cette réflexion attristée : mais personne ne reçoit son témoignage. On venait de lui dire : «â¯Tous vont à luiâ¯Â» (verset 26), lui-même a exprimé toute sa joie de voir les prémices de lâÃglise se réunir autour du céleste époux (verset 29).
Câest que Jean pas plus que lâévangéliste (Jean 1:10-11), pas plus que Jésus lui-même (verset 11), ne se faisait dâillusions sur les dispositions du cÅur de lâhomme; il reste vrai que, auprès de la masse des incrédules et des indifférents, le nombre de ceux qui se donnent à Jésus est infiniment petit.
«â¯Ce mot : personne, est lâhyperbole dâune profonde douleurâ¯Â» (Meyer); et Jean-Baptiste lui-même va en modifier lâexpression en parlant (verset 33) de ceux qui reçoivent le Sauveur.
Celui qui a reçu dans son cÅur par une foi vivante, le témoignage rendu par Jésus-Christ (grec) a par là même scellé, certifié au moment de son sceau, le fait que Dieu est vrai ou véridique.
Câest ce quâexplique (car) le verset 34, en affirmant que le témoignage de Jésus est celui de Dieu même : Celui que Dieu a envoyé parle les paroles de Dieu lui-même.
La foi, la confiance du cÅur est en elle-même, de la part du croyant, une attestation de la véracité de Dieu, tandis que celui qui ne croit pas Dieu, «â¯le fait menteurâ¯Â» (1 Jean 5:10).
Le verbe sceller, employé dans un sens figuré et spirituel, revient souvent dans le Nouveau Testament (Jean 6:27; 1 Corinthiens 9:2; 2 Corinthiens 1:22, etc).
Grec : Car Dieu (ce mot manque dans Codex Sinaiticus, B, C, il est probablement une glose) ne donne pas lâEsprit avec mesure.
Ce qui nâest pas donné avec mesure, est donné sans mesure, avec une abondance infinie, comme Dieu donne.
Mais à qui le donne-t-il ainsi ? Ãvidemment à Celui quâil a envoyé (verset 34), à son Fils quâil aime et à qui il a remis toutes choses (verset 35).
Aussi est-ce avec raison que toutes nos versions suppléent le pronom lui, qui nâest pas dans le grec, et sans lequel cette phrase générale «â¯nâaurait aucun sensâ¯Â» (De Wette).
En effet aucun prophète nâa reçu lâEsprit de Dieu dâune manière infinie et permanente. Chaque croyant le reçoit dans la mesure que Dieu lui dispense, le Fils de Dieu seul en a toute la plénitude (Colossiens 1:19).
En parlant de ce don de lâEsprit, Jean-Baptiste pense sans doute à ce dont il a été témoin au baptême de Jésus (Jean 1:32).
Grec : a donné tout dans sa main, lâa mis en sa puissance.
Câest dans cet ineffable rapport dâamour qui lâunit au Père, que le Fils possède non seulement la plénitude de lâEsprit, mais toutes choses.
«â¯Tout ce qui est à moi, est à toi, et ce qui est à toi, est à moiâ¯Â» (Jean 17:10; Jean 13:3; Jean 17:2; Matthieu 11:27; Matthieu 28:18; 1 Corinthiens 15:27; Ãphésiens 1:22).
Telle est la conclusion pratique de tout ce qui vient dâêtre dit du Fils de Dieu, la foi en lui ou lâincrédulité à son égard ont des conséquences qui se prolongent jusque dans lâéternité.
Croire en lui câest avoir actuellement la vie éternelle (A et non aura).
Lui-même est la vie (Jean 14:6); être avec lui, par la foi, dans une communion vivante, câest posséder, en lui, cette vie impérissable qui, un jour, sâépanouira pleinement dans le ciel (Jean 5:24).
Mais quels contrastes entre cette déclaration et la sentence qui suit !
Ces paroles sont la conclusion vraiment prophétique du discours et de tout le témoignage du Précurseur. Câest comme sâil avait dit, avec Moïse : «â¯Voici jâai mis devant toi la vie et la mort !â¯Â» (Deutéronome 30:15).