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Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-31
3>1 à 11 Autre consolation : la maison du Père
Interrompu par Pierre dans son discours d’adieux (Jean 13:36), Jésus le reprend ici avec la même tendresse pour ses disciples. Il leur a dit clairement qu’il va les quitter (Jean 13:33), ce qui déjà les a remplis de tristesse; la prédiction du reniement de Pierre (Jean 13:38), qui suivait de près la déclaration que l’un d’eux le livrerait (Jean 13:21), les avait consternés; tout devant eux est donc obscurité, sujet d’inquiétude et d’angoisse, leur cœur se trouble.
Jésus lit sur leurs visages ce trouble, et il y compatit d’autant plus vivement que lui-même l’a éprouvé (Jean 12:27). Pour les consoler, il les exhorte à la confiance et développe la magnifique perspective qu’il venait d’entrouvrir devant eux dans cette réponse à Pierre : « Là où je vais,… tu me suivras plus tard » (Jean 13:36).
Pour saisir la force des paroles que Jésus oppose au trouble de ses disciples il importe de se souvenir que la foi est une pleine confiance du cœur.
On pourrait donc traduire ainsi : Confiez-vous en Dieu, confiez-vous aussi en moi.
En Dieu, le Dieu de vos pères qui, accomplissant ses promesses, a fondé son royaume dans ce monde en lui donnant un Sauveur; en moi, sur qui repose tout l’avenir de ce royaume. Cette double confiance dissipera certainement le trouble de votre cœur.
Comme le verbe grec n’a qu’une forme pour l’indicatif et pour l’impératif, on peut traduire ces mots de diverses manières.
Ce qui devait frapper vivement les disciples, c’est que Jésus leur demande d’avoir en lui la même confiance religieuse qu’ils avaient en Dieu.
Après avoir exhorté ses disciples à la confiance, Jésus veut leur faire sentir qu’ils ne doivent pas s’affliger de son départ, puisque dans la maison de son Père où il va, il y a une place assurée pour eux : plusieurs demeures, non les tentes passagères du désert, mais des demeures permanentes, où l’on respire la paix et l’amour la communion du Père.
Impossible d’exprimer avec plus de simplicité, d’assurance et de bonheur l’idée de ce royaume éternel de Dieu, où habitent des milliers d’anges créés pour sa gloire et d’autres milliers de pécheurs sauvés, parvenus à la perfection. Et là, cependant, « il y a encore de la place » (Luc 14:22).
C’était là pour les disciples une pensée pleine de consolation. Cette expression : plusieurs demeures ne désigne pas des positions diverses, des degrés différents de bonheur, comme le pensent plusieurs interprètes, mais l’immensité de la miséricorde divine, grâce à laquelle il y a place pour tous dans la maison du Père.
Si cela n’était pas, c’est-à-dire, s’il n’y avait pas plusieurs demeures dans la maison de mon Père, je vous l’aurais dit, car je vous révèle en toutes choses la vérité et rien que la vérité; mais cela est, car (Codex Sinaiticus, B, A, C, versions.) je vais vous préparer une place.
En effet, il n’y a pas de démonstration plus éclatante et plus douce des réalités du ciel, que le retour et la présence du Sauveur dans la maison du Père. C’est une preuve de fait irrécusable pour tous ceux oui croient en lui.
Mais que faut-il entendre par cette expression : vous préparer une place ? Tout d’abord, c’est le Sauveur qui, en retournant, après avoir achevé son œuvre, dans la maison du Père, en ouvre l’accès à ses rachetés. « Il y est entré pour nous comme précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur éternellement » (Hébreux 6:20). Il est donc le garant de notre admission auprès de Dieu. Et, en outre, c’est par l’exercice de sa souveraine sacrificature, par son intercession auprès de Dieu, qu’il assure aux siens les droits qu’il leur a acquis.
Le texte reçu, omettant la particule car ou parce que, porte : « Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je vais vous préparer une place ». La pensée reste la même.
Mais, depuis les Pères de l’Église jusqu’à Luther, plusieurs interprètes, comprenant mal cette particule, traduisent ainsi : « Si cela n’était pas, je vous aurais dit que je vais vous préparer une place ». C’est introduire dans le texte une contradiction et un non-sens.
D’autres (Weizsäcker, Lange) font de la phrase une question : « Si cela n’était pas, vous aurais-je dit que je vais vous préparer une place ? » Mais il ne leur avait encore rien dit de pareil !
Après avoir affirmé l’existence de la maison du père où leur place sera préparée, Jésus ajoute, pour ses disciples, la précieuse promesse de revenir et de les prendre à lui, afin que là où il est, ils y soient aussi à toujours. Pour eux, qui aimaient leur Maître et qui étaient troublés à la pensée de son départ, c’était la suprême consolation (comparer Jean 12:26; Jean 17:24).
Mais que signifie ce mot : Je reviendrai (grec je viens de nouveau) ? Quand ? Comment ?
Ici les interprètes se divisent à l’infini. Ebrard entend par ce retour la résurrection de Jésus-Christ, d’autres (Lücke, Olshausen, Neander, Godet), l’effusion du Saint-Esprit sur les apôtres (comparez verset 18); d’autres encore pensent que cette promesse s’accomplit à la mort de chaque fidèle (Tholuck, Lande, Reuss, Gess). D’autres enfin (Meyer, Gneiss, Luthardt) soutiennent que ce mot ne peut s’entendre que du retour glorieux et final du Sauveur, qui alors réunira tous ses rachetés auprès de lui.
Mais le présent je reviens (grec) implique un fait prochain, et Jésus n’a jamais enseigné l’imminence de son retour glorieux; d’ailleurs ce sens ne saurait se défendre au verset 18.
Ne pourrait-on pas réunir et concilier toutes ces opinions diverses ? N’y est-on pas invité par ce verbe au présent, je reviens ?
Si les disciples avaient pu comprendre alors cette grande parole, comme ils la comprirent plus tard, il est sûr qu’ils y auraient puisé une consolation puissante.
Jésus avait dit clairement à ses disciples où il allait (Jean 14:2; Jean 6:62; Jean 7:33); et il s’était constamment présenté à eux comme le chemin, le seul médiateur entre Dieu et leur âme.
Ils pouvaient donc savoir et le but et le chemin.
Mais la question de Pierre (Jean 13:36) et l’objection de Thomas (verset 5) montrent que cette connaissance était encore bien obscure. Aussi Jésus veut-il, par cette dernière parole provoquer en eux la réflexion sur les grandes pensées qu’il vient d’exprimer (versets 2, 3).
D’après une variante de Codex Sinaiticus, B, C admise par beaucoup de critiques et d’exégètes, il faudrait traduire ainsi ce verset : Et là où je vais, vous en savez le chemin. Mais le texte reçu qui se fonde sur A, D, la plupart des versions est plus approprié à la pensée de Jésus.
Grec : Comment savons-nous le chemin ?
Le texte reçu porte : et comment pouvons-nous savoir le chemin ?
Thomas est l’homme positif qui n’admet rien que sur des preuves évidentes et est par là même enclin au doute, au découragement (Jean 11:16; Jean 20:25).
Il interrompt Jésus par cette brusque déclaration qu’il ne connaît ni le lieu où il va ni par conséquent le chemin. Après les dernières paroles de Jésus (versets 2, 3), il en savait, plus qu’il ne veut dire, mais il ne le croyait pas.
La raison humaine cherche toujours au loin ce que la parole de Dieu lui présente tout près. Ainsi Marthe reléguait dans un lointain avenir l’espérance de la résurrection de son frère et Jésus lui dit : « C’est moi qui suis la résurrection et la vie » (Jean 11:25).
De même ici, Thomas prétend ignorer le chemin et il l’a devant les yeux, et Jésus doit lui répondre : c’est moi qui suis le chemin.
Il ne dit pas qu’il montre le chemin qui conduit au Père, ce qui, comme l’observe de Wette, établirait un rapport tout extérieur entre lui et son disciple. Il dit : Je suis le chemin, il est lui-même le médiateur vivant qui s’unit au croyant et ainsi le conduit au but, c’est-à-dire à la communion avec Dieu (comparer Éphésiens 3:12; Hébreux 10:20).
Il l’est en tant qu’il est la vérité, c’est-à-dire la révélation complète de Dieu même, la vérité que l’homme doit s’approprier personnellement pour être sauvé. Il est par là même la vie, parce qu’il est pour le croyant la source unique de la vie de l’âme, de la vie éternelle (Jean 6:50; Jean 11:25); tellement que quiconque ne puise pas cette vie en lui demeure dans la mort.
De ces prémisses résulte cette sentence absolue qui se comprend d’elle-même après de telles paroles : nul ne vient au Père que par moi.
La plupart des interprètes modernes s’accordent à ne point considérer ces trois termes : chemin, vérité, vie comme coordonnés, en sorte qu’ils indiqueraient le commencement, le milieu et la fin de la foi (Luther, Calvin). En effet, le Sauveur est, d’une manière constante, pour le croyant, le chemin, c’est-à-dire le moyen d’arriver au Père, en étant pour lui la vérité et la vie. Il l’est, sans doute, plus ou moins complètement, selon le degré de notre communion avec lui.
Ce verset est à la fois l’application et le commentaire de celui qui précède. Quiconque connaît Jésus tel qu’il vient de se révéler à ses disciples, connaît aussi son Père, dont il est la manifestation visible (Jean 8:19).
Bien plus, Il va jusqu’à affirmer que dès à présent, après l’instruction profonde qu’il vient de leur donner, ils connaissent le Père et qu’ils l’ont vu en lui.
Les disciples n’avaient sans doute que les premiers rudiments de cette connaissance; mais il y a une grande sagesse pédagogique à les encourager ainsi, en leur supposant plus de lumières qu’ils n’en ont; et, du reste, la Parole divine que Jésus répandait alors dans leur âme y restera comme le principe vivifiant de la connaissance qui leur manque encore. C’est exactement ainsi qu’il leur parle au Jean 15:3.
L’interprétation que nous venons d’exposer est celle qu’admettent Tholuck, Meyer, MM. Luthardt et Godet. D’autres exégètes (Chrysostome, Lücke) estimant que Jésus ne pouvait, dès cette époque, parler ainsi à ses disciples, pensent que c’était là une sorte d’indication anticipée de ce qui leur sera accordé par l’Esprit à la Pentecôte.
Mais ce sens ne peut s’accorder avec les plus-que-parfaits et le dès à présent. L’objection qui arrête ces interprètes a probablement donné naissance à la leçon de Codex Sinaiticus, D : Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père.
B, C omettent le et devant dès à présent; M. Weiss adopte cette variante et traduit par l’impératif : Connaissez-le dès à présent, tel qu’il vous est révélé en moi, et vous l’aurez vu.
La parole de Jésus : Vous l’avez vu, comprise par Philippe comme si Dieu pouvait exister pour lui à côté ou en dehors du Sauveur, lui inspire le désir de voir une théophanie ou révélation extraordinaire de Dieu, comme la demandait Moïse (Exode 33:18); et il exprime naïvement ce désir à son Maître.
Cela nous suffit, ajoute-t-il nous n’aurons plus aucun doute que le Père ne se révèle pleinement par toi.
C’est avec tristesse que Jésus reproche à son disciple de ne l’avoir pas connu, malgré toutes les expériences que, depuis si longtemps, il avait pu faire auprès de lui.
Il l’appelle affectueusement par son nom : Philippe, afin de l’inviter à réfléchir sur la demande qu’il venait de lui adresser.
Cette interpellation : Philippe, peut aussi être rattachée à la phrase suivante. Ainsi font la plupart de nos versions. Mais il est plus naturel de joindre Philippe à la phrase qui précède. C’est son reproche que Jésus adresse à ce disciple nommément.
Celui qui a vu Jésus a vu le Père, le Dieu qui est sainteté et amour, et dont le Sauveur était sur la terre la parfaite manifestation Cette grande révélation est expliquée au verset suivant; elle est conforme à tous les enseignements du Nouveau Testament (Jean 1:18; Jean 12:45; Colossiens 1:15; Hébreux 1:3).
Philippe demandait à voir, Jésus l’exhorte à croire.
C’est uniquement par la foi qu’il pouvait pénétrer dans ce mystère de l’unité absolue du Père et du Fils qui lui permettrait de voir le Père dans le Fils (verset 9).
En effet, ces paroles de Jésus expriment, tout ensemble, l’intime unité d’essence et le rapport mutuel vivant, actif, qu’il y a entre le Père et le Fils, Jésus va le prouver en déclarant que c’est le Père qui parle et agit en lui.
Les paroles et les œuvres du Sauveur, ces paroles qui sont esprit et vie (Jean 6:63), ces œuvres de puissance divine et d’amour divin, telle est la démonstration irrécusable que le Père était en lui, parlait et agissait par lui.
Au lieu de c’est lui qui fait les œuvres, Codex Sinaiticus, B, D portent : il fait ses œuvres (Jean 5:19-21; Jean 10:25; Jean 10:37-38; Jean 12:49).
Après avoir donné à Philippe cette instruction profonde, Jésus se tourne vers tous ses disciples et il les exhorte à le croire quand il leur déclare qu’il est dans le Père et que le Père est en lui, à le croire sur la seule autorité de sa parole.
Mais il ajoute, sans doute avec tristesse que si leur foi est encore trop obscure et trop faible pour se fonder uniquement sur sa parole, ils doivent au moins le croire à cause de ses œuvres mêmes, considérées en elles-mêmes. Il entend par là ses miracles (Jean 10:37-38).
La foi, fondée sur ces œuvres, n’est pas encore la vraie foi (Jean 2:23; Jean 3:2), mais elle peut conduire à la foi immédiate.
Au lieu de traduire : Croyez-moi que je suis,… c’est-à-dire : quand je vous dis que je suis,… on peut traduire aussi : Croyez-moi, parce que je suis dans le Père, et que non seulement mes paroles, mais toute ma manière d’être, ma sainteté parfaite et mes œuvres (verset 10) attestent que le Père est en moi; sinon, si vous n’avez pas assez de discernement spirituel pour le reconnaître en moi, croyez du moins à cause des œuvres mêmes.
Il y a évidemment ici une pause dans le discours, comme l’indiquent ces mots qui ont l’air d’un résumé : Je vous ai dit ces choses (Verbe au parfait).
Jésus jette ainsi un regard en arrière sur les grandes consolations qu’offre aux siens l’espoir de la réunion future dans la maison du Père (verset 1 et suivants) et la perspective de son retour prochain par le Saint Esprit (verset 12 et suivants).
En même temps, ces mots : pendant que je demeure avec vous, font pressentir son départ si prochain. Mais, se hâte-t-il d’ajouter, voici un puissant secours qui pourvoira à tout dans votre vie intérieure et dans vos travaux (verset 26).
L’aide (verset 16, note) venait d’être désigné comme l’Esprit de vérité (verset 17); ici Jésus le nomme l’Esprit-Saint.
C’est que la vérité divine n’est jamais, dans les Écritures, une froide doctrine destinée à éclairer l’intelligence seule, elle est une vie qui pénètre la conscience et le cœur et les sanctifie. En effet, l’Esprit qui crée cette vie en nous est saint, comme Dieu est saint.
Cet Esprit, mon Père l’enverra en mon nom, dit Jésus.
Qu’est-ce à dire ? Explications diverses : Parce qu’il prendra ma place auprès de vous, parce que les disciples demandent l’Esprit au nom de Jésus (verset 13), parce que Jésus le demande pour eux (verset 16), parce qu’il glorifiera le nom de Jésus qui est la source unique du salut; parce que le Père envoie l’Esprit à ceux qui aiment Jésus et que Jésus aime (verset 23).
Ne peut-on pas réunir les éléments de vérité qu’il y a dans ces interprétations, en disant que le nom de Jésus est celui du Médiateur par lequel seul les croyants reçoivent toutes les grâces de Dieu et spécialement le don du SaintEsprit ?
Cet Esprit vous enseignera toutes choses, c’est-à-dire, toutes les vérités relatives au salut (Jean 16:13), et, pour cela, il vous fera ressouvenir, il rendra lumineuses et vivantes en vous toutes les choses, toutes les paroles que je vous ai dites.
L’Esprit fait ressouvenir non seulement par la mémoire, mais par le cœur. De cette double déclaration de Jésus il résulte que l’Esprit n’enseigne point des choses étrangères à la parole du Sauveur, il enseigne, au contraire par cette Parole.
Il n’y a donc rien dans ce passage qui soit favorable à la doctrine catholique de la tradition ecclésiastique, élevée à côté ou au-dessus de la Parole, ni aux illusions du mysticisme qui rêve une illumination de l’Esprit supérieure à la Parole révélée. Jésus fonde, par cette promesse, la souveraine autorité de l’enseignement apostolique qu’il égale au sien (Jean 17:8-20).
Le Sauveur, pressentant toutes les difficultés et toutes les craintes qui pourront encore assaillir le cœur de ses disciples, leur fait part d’une grâce suprême, d’un bien sans lequel il n’y a point pour l’homme de bonheur, avec lequel il ne saurait jamais être malheureux : la paix.
Jésus fait allusion dans ces paroles à la formule de salutation par laquelle les Israélites s’abordaient ou se quittaient (comme Jean 20:26).
La plupart des commentateurs allemands prennent le mot de paix dans le sens de l’hébreu schalôm, bien-être, prospérité, salut, et pensent que Jésus présente aux siens tous les fruits objectifs de son œuvre, en un mot, le salut éternel. Mais non, ce qu’il leur donne, c’est la paix intérieure d’une âme remplie d’une douce confiance en son Dieu Sauveur.
Ce sens est rendu évident, comme l’observe M. Godet, par les dernières paroles du verset : c’est le cœur des disciples qui doit être préservé du trouble, des tristesses et des craintes que leur inspirait la pensée de rester dans ce monde, seuls, sans leur céleste ami.
Il leur laisse donc la paix, comme le plus précieux des legs à son départ. Il fait plus : il leur donne actuellement et réellement sa paix, la paix inaltérable et profonde dont il jouissait lui-même et qu’il puisait constamment dans la communion de son Père. C’est ainsi qu’il leur fera part encore de sa joie (Jean 15:11; Jean 17:13), car tout ce qui est à lui appartient à ses rachetés.
À la rigueur, on pourrait, avec la plupart de nos versions, traduire ainsi ces mots : Je ne vous la donne pas comme le monde la donne, mais comme ce pronom n’est pas dans l’original, et comme cette pensée supposerait que le monde peut, dans un sens quelconque, donner la paix, nous préférons laisser dans toute sa généralité ce contraste que Jésus établit entre sa manière de donner et celle du monde.
Le monde en est réduit à de vains souhaits, à de trompeuses promesses, souvent intéressées. Jésus donne réellement, abondamment et par l’amour le plus pur. Ces paroles devaient donc inspirer aux disciples la plus entière confiance en lui.
Jésus, à la fin du discours, revient ainsi à son point de départ (verset 1); mais c’est après avoir donné aux siens tous les secours les plus puissants pour dissiper le trouble et les craintes qui pouvaient encore assaillir leur cœur.
Les pauvres disciples n’avaient que trop bien entendu cette parole : je m’en vais (versets 2, 12), mais ils avaient moins bien saisi celle-ci : je reviens à vous (versets 3, 18); de là leur tristesse et leur trouble.
C’est pourquoi Jésus, plongeant un regard dans leur cœur, voudrait leur faire sentir que leur amour pour lui devrait leur faire de son élévation auprès du Père un motif de joie. Ils prendraient part à la joie qu’il éprouve lui-même de quitter ce monde de péché et de souffrance pour retourner auprès du Père et partager sa félicité et sa gloire.
C’est ici peut-être le seul passage des évangiles où Jésus pense à lui-même, et tire de son propre repos le motif d’une exhortation.
Mais :
C’est ainsi également que Tholuck, R. Stier, MM. Luthardt, Weiss et d’autres exégètes comprennent cette belle pensée. Ceux qui (de Wette, Meyer) pensent que Jésus invite ses disciples à considérer l’intérêt qu’ils ont à son élévation, qui lui permettra de leur assurer une protection plus puissante (comparez Jean 16:7), ne tiennent pas compte de cette parole : si vous m’aimiez.
Parce que : il faut remarquer avant tout cette particule importante, car elle nous montre que Jésus, dans cette parole : le Père est plus grand que moi, donne simplement la raison pour laquelle ses disciples doivent se réjouir de son retour auprès de son Père.
En isolant cette déclaration de son contexte, on l’a sollicitée en sens divers pour éclairer par son moyen le mystère des relations du Fils avec son Père. Mais quel sujet de joie les disciples auraient-ils bien trouvé dans une théorie abstraite à laquelle ils n’auraient rien compris ? Jésus s’exprime ainsi, en ayant conscience qu’il est le Fils de Dieu, celui qui « a reçu du Père d’avoir la vie en lui-même » (Jean 5:26), et en même temps qu’il est « la Parole faite chair ».
Celui qui, « existant en forme de Dieu, s’est dépouillé lui-même en prenant une forme de serviteur fait à la ressemblance des hommes », et qui allait « s’abaisser encore en devenant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Philippiens 2:6-8). Dans cette position qui était alors la sienne, il éprouvait en son âme sainte, comme l’observe Bengel, un sentiment profond de son humiliation qu’il ne pouvait s’empêcher d’exprimer parfois (Marc 10:18; Marc 13:32, voir la note) et qui le faisait soupirer après le terme de l’épreuve (Luc 12:50).
Comment donc n’aurait-il pas éprouvé une joie profonde et sainte à l’aspect si prochain de son élévation auprès du Père ? C’était pour lui rentrer en possession de la gloire éternelle, objet de sa dernière prière (Jean 17:5); c’était sa réintégration dans toutes les prérogatives divines dont il allait jouir dans une pleine communion d’essence et d’amour avec Dieu, son Père. Cette joie il invite ses disciples à la partager avec lui.
Obéissant à son invitation, l’apôtre Paul, après avoir décrit, dans les paroles que nous venons de rappeler, le profond abaissement du Sauveur, célèbre son élévation avec amour (Philippiens 2:9-11), et la joie qu’il exprime dans ce chant de triomphe est celle de l’Église tout entière (Éphésiens 1:20-23).
C’est à ce point de vue que Luther, Calvin, MM. Luthardt et Godet envisagent ce passage. « Christ, dit Calvin, ne compare point ici la divinité du Père avec la sienne, ni sa nature humaine avec l’essence divine du Père; mais plutôt son état présent avec la gloire céleste dans laquelle il allait être reçu bientôt. C’est comme s’il disait : Vous désirez de me retenir dans le monde; mais il vaut mieux que je monte au ciel ».
Quant à la divinité de Jésus-Christ, cette parole la proclame hautement; car si un homme, un ange du ciel disait : Dieu est plus grand que moi, il émettrait une affirmation que son évidence même rendrait oiseuse. Il ne faut pas, quand Jésus nous parle de sa joie, que l’exégèse transforme cette joie en dogmatique.
Que vous croyiez que je m’en suis réellement allé à mon Père, et que vous compreniez la nature spirituelle de mon règne.
Ces promesses si positives de Jésus, bientôt rendues vivantes dans leur cœur par le Saint-Esprit, leur seront expliquées par les grands événements de sa mort, de sa résurrection et de son retour dans la gloire. Alors ils croiront.
Le prince du monde (Jean 12:31, note) vient, s’approche.
Jésus le voit venir dans les misérables instruments dont il va se servir pour accomplir son œuvre de ténèbres (Jean 13:2-27). Mais il ajoute aussitôt : Tout prince du monde qu’il est, il n’a rien en moi, ni droit, ni pouvoir.
La mort même à laquelle Jésus va se soumettre sera parfaitement libre et volontaire (Jean 10:18); ce sera le sacrifice de son dévouement et de son amour. Pour parler ainsi, il fallait que Jésus eût la conscience de sa parfaite sainteté.
La mort libre et volontaire du Sauveur fera connaître au monde que le Fils aime le Père et agit selon son commandement.
Et c’est afin de fournir au monde cette démonstration éclatante que Jésus dit aux disciples : Levez-vous, partons d’ici, allons courageusement dans ce jardin de Gethsémané, notre lieu de réunion habituel (Jean 18:2), où je me livrerai à la troupe conduite par le traître !
Les deux derniers versets sont susceptibles de deux interprétations qui, pour le sens, reviennent au même. « Le prince de ce monde vient, et, à la vérité, il n’a rien en moi qui légitime le pouvoir qu’il va prendre sur moi, mais, pour que le monde connaisse mon amour pour le Père, je me livre à lui librement ». Ou bien : « Il vient, mais il n’a point de pouvoir sur moi; néanmoins, pour que le monde connaisse… »
On peut aussi construire le verset 31 en mettant un point après : ainsi j’agis. Il faut alors sous-entendre un verbe : Mais cela arrive ainsi afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et que, comme le Père m’a commandé ainsi j’agis.
Levez-vous, partons d’ici. La plupart des éditeurs du texte et des traducteurs préfèrent cette ponctuation. Mais celle que nous avons adoptée, avec Rilliet, Astié, M. Godet, est plus naturelle et donne une tournure plus vive à la parole de Jésus.
²Malgré l’ordre donné à ses disciples, Jésus continue ses discours (Jean 15:1) sans que rien indique un changement de scène. De là, parmi les interprètes, deux manières d’expliquer la situation.
Telle est aussi l’opinion de Lücke, Tholuck, Olshausen, Keil, MM. Luthardt, Weiss. D’autre part, Luther, Lange, Ebrard, Hengstenberg, Gess, M. Godet pensent que Jésus et ses disciples quittèrent, à ce moment, la salle où ils étaient assemblés et se rendirent dans quelque solitude de la vallée du Cédron, près de Gethsémané, où Jésus aurait prononcé les discours qui suivent, ainsi que sa dernière prière.
Cette opinion s’accorde difficilement avec Jean 18:1. On peut objecter aussi que si Jésus avait prononcé la prière sacerdotale (Jean 17) sur le chemin de Gethsémané et au moment d’arriver en ce lieu, il aurait passé presque instantanément de la paix profonde qui s’exprime dans cette prière aux terribles angoisses qu’il éprouva dans le jardin des Oliviers (Matthieu 26:37; Marc 14:33).
Cela n’est pas vraisemblable au point de vue psychologique. Cette supposition accroît la difficulté qu’il y a à concilier la relation de Jean avec ses récits des synoptiques.