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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 14". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/john-14.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 14". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-31
Verset 1
Autre consolationâ¯: la maison du Père (1-11)
Interrompu par Pierre dans son discours dâadieux (Jean 13.36), Jésus le reprend ici avec la même tendresse pour ses disciples. Il leur a dit clairement quâil va les quitter (Jean 13.33), ce qui déjà les a remplis de tristesseâ¯; la prédiction du reniement de Pierre (Jean 13.38), qui suivait de près la déclaration que lâun dâeux le livrerait (Jean 13.21), les avait consternésâ¯; tout devant eux est donc obscurité, sujet dâinquiétude et dâangoisse, leur cÅur se trouble.
Jésus lit sur leurs visages ce trouble et il y compatit dâautant plus vivement que lui-même lâa éprouvé (Jean 12.27). Pour les consoler, il les exhorte à la confiance et développe la magnifique perspective quâil venait dâentrouvrir devant eux dans cette réponse à Pierreâ¯: «â¯Là où je vais⦠tu me suivras plus tardâ¯Â» (Jean 13.36).
Pour saisir la force des paroles que Jésus oppose au trouble de ses disciples il importe de se souvenir que la foi est une pleine confiance du cÅur.
On pourrait donc traduire ainsiâ¯: Confiez-vous en Dieu, confiez-vous aussi en moi.
En Dieu, le Dieu de vos pères qui, accomplissant ses promesses, a fondé son royaume dans ce monde en lui donnant un Sauveurâ¯; en moi, sur qui repose tout lâavenir de ce royaume. Cette double confiance dissipera certainement le trouble de votre cÅur.
Comme le verbe grec nâa quâune forme pour lâindicatif et pour lâimpératif, on peut traduire ces mots de diverses manières.
Ce qui devait frapper vivement les disciples, câest que Jésus leur demande dâavoir en lui la même confiance religieuse quâils avaient en Dieu.
Verset 2
Après avoir exhorté ses disciples à la confiance, Jésus veut leur faire sentir quâils ne doivent pas sâaffliger de son départ, puisque dans la maison de son Père où il va, il y a une place assurée pour euxâ¯: plusieurs demeures, non les tentes passagères du désert, mais des demeures permanentes, où lâon respire la paix et lâamour la communion du Père.
Impossible dâexprimer avec plus de simplicité, dâassurance et de bonheur lâidée de ce royaume éternel de Dieu, où habitent des milliers dâanges créés pour sa gloire et dâautres milliers de pécheurs sauvés, parvenus à la perfection. Et là , cependant, «â¯il y a encore de la placeâ¯Â» (Luc 14.22).
Câétait là pour les disciples une pensée pleine de consolation. Cette expressionâ¯: plusieurs demeures ne désigne pas des positions diverses, des degrés différents de bonheur, comme le pensent plusieurs interprètes, mais lâimmensité de la miséricorde divine, grâce à laquelle il y a place pour tous dans la maison du Père.
Si cela nâétait pas, câest-à -dire, sâil nây avait pas plusieurs demeures dans la maison de mon Père, je vous lâaurais dit, car je vous révèle en toutes choses la vérité et rien que la véritéâ¯; mais cela est, car (Codex Sinaiticus, B, A, C, versions) je vais vous préparer une place.
En effet, il nây a pas de démonstration plus éclatante et plus douce des réalités du ciel, que le retour et la présence du Sauveur dans la maison du Père. Câest une preuve de fait irrécusable pour tous ceux oui croient en lui.
Mais que faut-il entendre par cette expressionâ¯: vous préparer une placeâ¯? Tout dâabord, câest le Sauveur qui, en retournant, après avoir achevé son Åuvre, dans la maison du Père, en ouvre lâaccès à ses rachetés. «â¯Il y est entré pour nous comme précurseur, ayant été fait souverain sacrificateur éternellementâ¯Â» (Hébreux 6.20). Il est donc le garant de notre admission auprès de Dieu. Et, en outre, câest par lâexercice de sa souveraine sacrificature, par son intercession auprès de Dieu, quâil assure aux siens les droits quâil leur a acquis.
Le texte reçu, omettant la particule car ou parce que, porteâ¯: «â¯Si cela nâétait pas, je vous lâaurais dit. Je vais vous préparer une placeâ¯Â». La pensée reste la même.
Mais, depuis les Pères de lâÃglise jusquâà Luther, plusieurs interprètes, comprenant mal cette particule, traduisent ainsiâ¯: «â¯Si cela nâétait pas, je vous aurais dit que je vais vous préparer une placeâ¯Â». Câest introduire dans le texte une contradiction et un non-sens.
Dâautres (Weizsäcker, Lange) font de la phrase une questionâ¯: «â¯Si cela nâétait pas, vous aurais-je dit que je vais vous préparer une placeâ¯?â¯Â» Mais il ne leur avait encore rien dit de pareilâ¯!
Verset 3
Après avoir affirmé lâexistence de la maison du père où leur place sera préparée, Jésus ajoute, pour ses disciples, la précieuse promesse de revenir et de les prendre à lui, afin que là où il est, ils y soient aussi à toujours. Pour eux, qui aimaient leur Maître et qui étaient troublés à la pensée de son départ, câétait la suprême consolation (comparer Jean 12.26â¯; Jean 17.24).
Mais que signifie ce motâ¯: Je reviendrai (grec je viens de nouveau)â¯? Quandâ¯? Commentâ¯?
Ici les interprètes se divisent à lâinfini. Ebrard entend par ce retour la résurrection de Jésus-Christ, dâautres (Lücke, Olshausen, Neander, Godet), lâeffusion du Saint-Esprit sur les apôtres (comparez verset 18)â¯; dâautres encore pensent que cette promesse sâaccomplit à la mort de chaque fidèle (Tholuck, Lande, Reuss, Gess). Dâautres enfin (Meyer, Gneiss, Luthardt) soutiennent que ce mot ne peut sâentendre que du retour glorieux et final du Sauveur, qui alors réunira tous ses rachetés auprès de lui.
Mais le présent je reviens (grec) implique un fait prochain et Jésus nâa jamais enseigné lâimminence de son retour glorieuxâ¯; dâailleurs ce sens ne saurait se défendre au verset 18.
Ne pourrait-on pas réunir et concilier toutes ces opinions diversesâ¯? Nây est-on pas invité par ce verbe au présent, je reviensâ¯?
Si les disciples avaient pu comprendre alors cette grande parole, comme ils la comprirent plus tard, il est sûr quâils y auraient puisé une consolation puissante.
Verset 4
Jésus avait dit clairement à ses disciples où il allait (Jean 14.2â¯; Jean 6.62â¯; Jean 7.33)â¯; et il sâétait constamment présenté à eux comme le chemin, le seul médiateur entre Dieu et leur âme.
Ils pouvaient donc savoir et le but et le chemin.
Mais la question de Pierre (Jean 13.36) et lâobjection de Thomas (verset 5) montrent que cette connaissance était encore bien obscure. Aussi Jésus veut-il, par cette dernière parole provoquer en eux la réflexion sur les grandes pensées quâil vient dâexprimer (versets 2 et 3).
Dâaprès une variante de Codex Sinaiticus, B, C admise par beaucoup de critiques et dâexégètes, il faudrait traduire ainsi ce versetâ¯: Et là où je vais, vous en savez le chemin. Mais le texte reçu qui se fonde sur A, D, la plupart des versions est plus approprié à la pensée de Jésus.
Verset 5
Grecâ¯: Comment savons-nous le cheminâ¯?
Le texte reçu porteâ¯: et comment pouvons-nous savoir le cheminâ¯?
Thomas est lâhomme positif qui nâadmet rien que sur des preuves évidentes et est par là même enclin au doute, au découragement (Jean 11.16â¯; Jean 20.25).
Il interrompt Jésus par cette brusque déclaration quâil ne connaît ni le lieu où il va ni par conséquent le chemin. Après les dernières paroles de Jésus (versets 2 et 3), il en savait, plus quâil ne veut dire, mais il ne le croyait pas.
Verset 6
La raison humaine cherche toujours au loin ce que la parole de Dieu lui présente tout près. Ainsi Marthe reléguait dans un lointain avenir lâespérance de la résurrection de son frère et Jésus lui ditâ¯: «â¯Câest moi qui suis la résurrection et la vieâ¯Â» (Jean 11.25).
De même ici, Thomas prétend ignorer le chemin et il lâa devant les yeux et Jésus doit lui répondreâ¯: câest moi qui suis le chemin.
Il ne dit pas quâil montre le chemin qui conduit au Père, ce qui, comme lâobserve de Wette, établirait un rapport tout extérieur entre lui et son disciple. Il ditâ¯: Je suis le chemin, il est lui-même le médiateur vivant qui sâunit au croyant et ainsi le conduit au but, câest-à -dire à la communion avec Dieu (comparer Ãphésiens 3.12â¯; Hébreux 10.20).
Il lâest en tant quâil est la vérité, câest-à -dire la révélation complète de Dieu même, la vérité que lâhomme doit sâapproprier personnellement pour être sauvé. Il est par là même la vie, parce quâil est pour le croyant la source unique de la vie de lââme, de la vie éternelle (Jean 6.50â¯; Jean 11.25)â¯; tellement que quiconque ne puise pas cette vie en lui demeure dans la mort.
De ces prémisses résulte cette sentence absolue qui se comprend dâelle-même après de telles parolesâ¯: nul ne vient au Père que par moi.
La plupart des interprètes modernes sâaccordent à ne point considérer ces trois termesâ¯: chemin, vérité, vie comme coordonnés, en sorte quâils indiqueraient le commencement, le milieu et la fin de la foi (Luther, Calvin). En effet, le Sauveur est, dâune manière constante, pour le croyant, le chemin, câest-à -dire le moyen dâarriver au Père, en étant pour lui la vérité et la vie. Il lâest, sans doute, plus ou moins complètement, selon le degré de notre communion avec lui.
Verset 7
Ce verset est à la fois lâapplication et le commentaire de celui qui précède. Quiconque connaît Jésus tel quâil vient de se révéler à ses disciples, connaît aussi son Père, dont il est la manifestation visible (Jean 8.19).
Bien plus, il va jusquâà affirmer que dès à présent, après lâinstruction profonde quâil vient de leur donner, ils connaissent le Père et quâils lâont vu en lui.
Les disciples nâavaient sans doute que les premiers rudiments de cette connaissanceâ¯; mais il y a une grande sagesse pédagogique à les encourager ainsi, en leur supposant plus de lumières quâils nâen ontâ¯; et, du reste, la Parole divine que Jésus répandait alors dans leur âme y restera comme le principe vivifiant de la connaissance qui leur manque encore. Câest exactement ainsi quâil leur parle au Jean 15.3.
Lâinterprétation que nous venons dâexposer est celle quâadmettent Tholuck, Meyer, MM. Luthardt et Godet. Dâautres exégètes (Chrysostome, Lücke) estimant que Jésus ne pouvait, dès cette époque, parler ainsi à ses disciples, pensent que câétait là une sorte dâindication anticipée de ce qui leur sera accordé par lâEsprit à la Pentecôte.
Mais ce sens ne peut sâaccorder avec les plus-que-parfaits et le dès à présent. Lâobjection qui arrête ces interprètes a probablement donné naissance à la leçon de Codex Sinaiticus, Dâ¯: Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père.
B, C omettent le et devant dès à présentâ¯; M. Weiss adopte cette variante et traduit par lâimpératifâ¯: Connaissez-le dès à présent, tel quâil vous est révélé en moi, et vous lâaurez vu.
Verset 8
La parole de Jésusâ¯: Vous lâavez vu, comprise par Philippe comme si Dieu pouvait exister pour lui à côté ou en dehors du Sauveur, lui inspire le désir de voir une théophanie ou révélation extraordinaire de Dieu, comme la demandait Moïse (Exode 33.18)â¯; et il exprime naïvement ce désir à son Maître.
Cela nous suffit, ajoute-t-il nous nâaurons plus aucun doute que le Père ne se révèle pleinement par toi.
Verset 9
Câest avec tristesse que Jésus reproche à son disciple de ne lâavoir pas connu, malgré toutes les expériences que, depuis si longtemps, il avait pu faire auprès de lui.
Il lâappelle affectueusement par son nomâ¯: Philippe, afin de lâinviter à réfléchir sur la demande quâil venait de lui adresser.
Cette interpellationâ¯: Philippe, peut aussi être rattachée à la phrase suivante. Ainsi font la plupart de nos versions. Mais il est plus naturel de joindre Philippe à la phrase qui précède. Câest son reproche que Jésus adresse à ce disciple nommément.
Celui qui a vu Jésus a vu le Père, le Dieu qui est sainteté et amour et dont le Sauveur était sur la terre la parfaite manifestation Cette grande révélation est expliquée au verset suivantâ¯; elle est conforme à tous les enseignements du Nouveau Testament (Jean 1.18â¯; Jean 12.45â¯; Colossiens 1.15â¯; Hébreux 1.3).
Verset 10
Philippe demandait à voir, Jésus lâexhorte à croire.
Câest uniquement par la foi quâil pouvait pénétrer dans ce mystère de lâunité absolue du Père et du Fils qui lui permettrait de voir le Père dans le Fils (verset 9).
En effet, ces paroles de Jésus expriment, tout ensemble, lâintime unité dâessence et le rapport mutuel vivant, actif, quâil y a entre le Père et le Fils, Jésus va le prouver en déclarant que câest le Père qui parle et agit en lui.
Les paroles et les Åuvres du Sauveur, ces paroles qui sont esprit et vie (Jean 6.63), ces Åuvres de puissance divine et dâamour divin, telle est la démonstration irrécusable que le Père était en lui, parlait et agissait par lui.
Au lieu de câest lui qui fait les Åuvres, Codex Sinaiticus, B, D portentâ¯: il fait ses Åuvres (Jean 5.19-21â¯; Jean 10.25â¯; Jean 10.37-38â¯; Jean 12.49).
Verset 11
Après avoir donné à Philippe cette instruction profonde, Jésus se tourne vers tous ses disciples et il les exhorte à le croire quand il leur déclare quâil est dans le Père et que le Père est en lui, à le croire sur la seule autorité de sa parole.
Mais il ajoute, sans doute avec tristesse que si leur foi est encore trop obscure et trop faible pour se fonder uniquement sur sa parole, ils doivent au moins le croire à cause de ses Åuvres mêmes, considérées en elles-mêmes. Il entend par là ses miracles (Jean 10.37-38).
La foi, fondée sur ces Åuvres, nâest pas encore la vraie foi (Jean 2.23â¯; Jean 3.2), mais elle peut conduire à la foi immédiate.
Au lieu de traduireâ¯: Croyez-moi que je suis,⦠câest-à -direâ¯: quand je vous dis que je suis,⦠on peut traduire aussiâ¯: Croyez-moi, parce que je suis dans le Père et que non seulement mes paroles, mais toute ma manière dâêtre, ma sainteté parfaite et mes Åuvres (verset 10) attestent que le Père est en moiâ¯; sinon, si vous nâavez pas assez de discernement spirituel pour le reconnaître en moi, croyez du moins à cause des Åuvres mêmes.
Verset 12
Nouvelles sources de consolationâ¯: les Åuvres et la prière, lâEsprit Saint, la communion avec Jésus et avec Dieu (12-24)
Jésus revient ici au discours plein de consolation quâil adresse à ses disciples au sujet de son départ (verset 1 et suivants) et dans lequel il a été interrompu par Thomas (verset 5) et par Philippe (verset 8). Et comme il leur a montré, en répondant à la requête de celui-ci, que le Père se manifestait pleinement en lui dans ses paroles et dans ses Åuvres (versets 9-11), il leur fait maintenant une magnifique promesse qui, en se réalisant, leur donnera de sa divinité et de la pleine révélation de Dieu en lui une preuve propre à créer une intime convictionâ¯: câest que celui qui croit en lui fera lui aussi les mêmes Åuvres et en fera de plus grandes encore.
Il promet avec une autorité solennelleâ¯: En vérité, en vérité, la communication de lâEsprit et des grâces qui en résulteront pour les disciples (versets 12-24). Cette promesse, en même temps, ajoute à la perspective encore éloignée de la réunion dans la maison du Père (versets 1-3), celle dâune prochaine réunion en espritâ¯: les disciples reverront bientôt le Sauveur qui va les quitter pour sâen aller au Père (versets 18 et 19).
Que faut-il entendre par ces Åuvres semblables à celles du Sauveur et plus grandes encore, quâaccompliront ceux qui auront cru en luiâ¯?
Ce ne sont sûrement pas des Åuvres extérieures, des miracles matériels, plus étonnants encore que les siens comme lâont cru quelques exégètesâ¯; mais bien des miracles spirituels, que les apôtres feront, quand leur parole, animée de lâEsprit de Dieu, régénérera les âmes, fondera lâÃglise et portera la lumière et la vie au milieu de toutes les nations.
Ces Åuvres plus grandes, Jésus lui-même ne pouvait les faire, parce que «â¯lâEsprit nâétait pas encoreâ¯Â» (Jean 7.39). Mais bientôt elles seront possibles et se produiront réellement, dit Jésus, parce que je vais au Père.
Quand il aura repris possession de sa gloire et que «â¯toute puissance lui sera donnée au ciel et sur la terreâ¯Â» (Matthieu 28.18), il accomplira lui-même dans ses disciples la parole quâil prononce. Il le fera en répondant à toutes leurs prières (versets 13 et 14) et en répandant sur eux le Saint-Esprit de la Pentecôte (versets 16 et 17).
Verset 13
Cette promesse est encore dans un rapport immédiat avec la parole précédenteâ¯: «â¯parce que je mâen vais au Pèreâ¯Â».
Aussi la plupart des interprètes modernes, peut-être avec raison, font-ils dépendre encore la seconde proposition du parce queâ¯; ils traduisentâ¯: «â¯et que tout ce que vous demanderez en mon nom, je le feraiâ¯Â».
Les disciples restent avec Jésus dans un rapport plus intime et plus vivant que jamais. Eux, sur la terre, prient en son nom et lui leur accorde toutes leurs demandes (grecâ¯: moi, je le ferai).
Grâce à son action puissante, ils accomplissent ses Åuvres et même de plus grandes, afin que le Père soit glorifié dans le Fils (voir Jean 13.32, note).
Mais quâon le remarque bien, Jésus donne ici à la prière un caractère tout spécial et tout nouveau pour ses disciples, il sâagit de la prière qui sâadresse à Dieu en son nom et il insistera encore sur cette parole (Jean 15.16â¯; Jean 16.23).
Quel en est le sensâ¯? En son nom, ne signifie pas seulementâ¯: sur son ordre, en son autorité, par ses méritesâ¯; dans le style des Ãcritures le nom désigne lâêtre, révélé dans son essence et toutes ses propriétés.
Prier au nom de Jésus, câest donc, comme le dit Keil, dont M. Godet adopte lâinterprétation, prier «â¯en nous replongeant avec foi dans la connaissance que nous avons reçue de lui comme Fils de Dieu abaissé et glorifiéâ¯Â», ou, mieux encore (car cette connaissance nâest point purement intellectuelle, mais implique une relation de vie) câest prier en Jésus lui-même, le seul médiateur qui nous ouvre lâaccès au trône de la grâce, câest prier dans une communion intime avec lui, selon sa volonté, par son Esprit, qui seul nous communique la puissance dâaccomplir cet acte religieux.
Quand celui qui prie ainsi se sent devenu un avec le Sauveur, il est certain dâêtre exaucé (comparer Romains 8.26).
Le vrai commentaire de cette parole nous est donné par Jésus lui-mêmeâ¯: «â¯Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez et il vous sera faitâ¯Â».
Codex Sinaiticus, B et quelques majuscules portentâ¯: Si vous me demandez quelque chose en mon nom. Cette leçon ne présente aucun sens acceptable.
Verset 15
Jésus vient de faire à ses disciples une précieuse promesse (versets 13 et 14)â¯; il va leur en faire une plus précieuse encore (verset 16)â¯; dans ce moment il leur présente la condition morale quâils doivent remplir pour recevoir ce quâil leur promet, il les invite à demeurer avec lui dans une vraie communion dâamour et dâobéissance, câest par là que leur cÅur sera ouvert à lâaction du Saint-Esprit quâil va leur annoncer.
Aimer Jésus et garder ses commandements doit être, dans le cÅur de son disciple, une seule et même chose (verset 21).
Par ses commandements, il ne faut point entendre seulement certains préceptes ou certains devoirs prescrits mais tout ce quâil a enseigné sa révélation complète. Câest ce quâil appelle ailleurs garder sa parole (Jean 8.51), la conserver précieusement dans le cÅur et la mettre en pratique dans la vie.
B et quelques autres témoins ont le futurâ¯: vous garderez.
Verset 16
La liaison de ces deux versets est bien remarquableâ¯: «â¯Si vous mâaimez, gardez mes commandements et moi je prierai le Père, qui fera lui-même abonder en vous lâamour et lâobéissanceâ¯Â».
Ce que le Sauveur demandera à Dieu, câest quâil donne aux disciples son Saint-Esprit qui deviendra leur vie et celle de lâÃglise.
Câest ici la première fois que paraît le terme de Paraklètos (comparez Jean 14.26â¯; Jean 15.26â¯; Jean 16.7), qui ne se trouve que dans les écrits de Jean (comparez 1 Jean 2.1) et que, dâaprès Origine et Chrysostome, nos réformateurs (Luther, Calvin) ont rendu par Consolateur.
Ce nom serait très beau et bien en harmonie avec le but de ces discours de Jésus. Mais le mot grec nâa pas le sens actif, il est passif et signifie littéralementâ¯: appelé auprès deâ¯; câest exactement le sens du latin advocatus et de notre mot avocat, défenseur dâun accusé devant un tribunal.
Les auteurs classiques lui donnent toujours cette signification et câest aussi celle quâadmettent la plupart des exégètes modernes.
Si nous nâadoptons pas ce termeâ¯: avocat dans la traduction, câest quâil éveille lâidée dâun procès, qui est tout à fait étrangère au contexte.
Nous nous en tenons au motâ¯: aide qui conserve le caractère indéterminé de lâexpression originale.
Cet aide ne sera pas avec les disciples pour un peu de temps seulement, comme lâa été le Sauveur dans sa vie ici-bas, il sera pour toujours, éternellement avec eux.
Verset 17
Les motsâ¯: lâEsprit de vérité, indiquent quel est lâaide que Jésus annonce à ses disciples.
Le Saint-Esprit est ainsi désigné (ici et ailleurs, Jean 15.26â¯; Jean 16.13), parce que, comme Esprit de Dieu, il est lumière et vie, câest-à -dire vérité complète. Et cette vérité, il la communique à lââme au moyen de la Parole divine.
Toute vérité révélée nâest pour nous la vérité que lorsque par lâEsprit de Dieu nous en avons fait une expérience vivante. Câest lui qui, en nous mettant en communion avec Dieu nous le révèle tel quâil est dans sa sainteté et son amour, câest lui qui glorifie Christ en nous, câest-à -dire nous met en possession de lui. Câest lui enfin qui rétablit dans le vrai tout ce qui est faussé en nous, qui, en un mot, éclaire, régénère sanctifie lââme.
Le monde, éloigné de Dieu et incrédule, ne peut recevoir cet Esprit, dit le Sauveur, parce quâil ne le voit point, câest-à -dire ne sait le discerner dans aucune de ses manifestations, il ne le connaît point par une expérience intime, parce quâil reste étranger et fermé à son influence (1 Corinthiens 2.14).
Bien différents étaient, alors déjà , les disciples, auxquels Jésus pouvait direâ¯: vous le connaissez, parce quâil demeure avec vous.
En effet, ils avaient, dans une certaine mesure, respiré cet Esprit en vivant avec Jésus, en étant les témoins de ses actes, de sa sainte vie, en écoutant ses paroles, en se soumettant aux directions par lesquelles le Maître sâétait efforcé de faire leur éducation. En Jésus et par son intermédiaire, lâEsprit agissait constamment sur eux et ce nâest que par cet Esprit quâils avaient cru en lui et confessé son nom (Matthieu 16.17).
à lâinverse des disciples, le monde, câest-à -dire les Juifs incrédules en méconnaissant toutes ces manifestations de lâEsprit en Jésus, en attribuant ses miracles à Béelzébul (Matthieu 12.24 et suivants), avaient refusé de voir lâEsprit et sâétaient mis dans lâimpossibilité de le recevoir.
Câest donc une erreur de ne voir dans ces verbes au présent, comme le font plusieurs interprètes, quâune anticipation de ce qui ne sera réalisé quâaprès la Pentecôte. Il y a sans doute une promesse relative à la Pentecôte, mais elle est seulement dans ce verbe au futurâ¯: il sera en vous.
Jusquâici, veut dire Jésus, pendant que je vis en votre société, lâaide est avec vousâ¯; alors cet aide sera en vous. Ils posséderont dans leurs cÅurs lâEsprit, qui ne sera autre que Jésus lui-même sous une autre forme (verset 18 et suivants).
Cette nuance est méconnue par B, D qui ont ce dernier verbe au présent comme les précédentsâ¯: il est en vous.
Verset 18
Ceux que Jésus avait appelés avec tendresse petits enfants, il les aime trop pour les abandonner comme des orphelins qui vont perdre en lui plus quâun père.
La riche promesse quâil vient de leur faire est le garant quâil nâen sera point ainsiâ¯: Je viendrai à vous, leur dit-il.
Câest donc par son Esprit quâil viendra à eux et non, comme le pensent divers exégètes, par sa résurrection ou même par son retour au dernier jour. Le contexte sâoppose à ces explications (versets 21 et 23).
Verset 19
Il restait peu, bien peu de temps, puisque Jésus devait mourir le lendemain et disparaître aux yeux du monde, qui ne le verra plus. Malgré cela, les siens le verront.
Et, comme si ce moment était déjà là , il est exprimé en grec par des verbes au présentâ¯: Le monde ne me voit plus, mais vous, vous me voyez.
Quand et commentâ¯? Quand Jésus leur apparaîtra ressuscitéâ¯? Câest ainsi que quelques interprètes entendent ces paroles.
Mais il sâagit ici dâune vue spirituelle et permanente (verbe au présent, comparez 2 Corinthiens 3.18), qui se réalise par une communion toute nouvelle avec lui. Câest ce que prouvent les derniers mots de ce verset et tout le contexte (versets 20, 21, 23). Il y a une grande force dans la raison que Jésus allègue à lâappui de la promesse de vie quâil fait à ses disciplesâ¯: vous vivrez, parce que je vis. Jésus ne dit pasâ¯: Je ressusciterai, je vivrai, mais je vis (voir la note précédente).
Celui qui «â¯a la vie en lui-mêmeâ¯Â» sait que la mort quâil va subir nâaura pas le pouvoir de détruire cette vie. Et la conséquence magnifique quâil en tire pour les siens est celle-ciâ¯: Vous aussi, vous vivrez. Sa vie est leur vie et dans le temps et dans lâéternité. Ainsi parlait lâapôtre Paul, dâaprès sa propre expérience (Galates 2.20â¯; Philippiens 1.21â¯; Colossiens 3.3-4).
La relation entre la vie du Christ et celle du croyant est moins nettement exprimée quand on traduit avec MM. Luthardt et Weissâ¯: «â¯Vous me verrez, parce que je vis et que vous vivrezâ¯Â».
Lâantithèse du futurâ¯: vous vivrez et du présentâ¯: je vis recommande plutôt la construction que nous avons adoptée.
Verset 20
En ce jour-là , date précise quâil ne faut pas rendre incertaine et vaine par de fausses interprétations, câest le jour de lâeffusion de lâEsprit de lumière et de vie, la Pentecôte.
En ce jour, les disciples connaîtront, par cet Esprit et par leur expérience personnelle, dâabord, lâunité de Christ avec son Père, quâil leur a si souvent affirmée (Jean 14.10â¯; Jean 14.28)â¯; ensuite, ils feront lâexpérience toujours plus intime de leur communion avec le Sauveur en qui ils vivent et qui vit en eux.
Cette relation nouvelle dans laquelle ils seront avec Jésus leur fera comprendre la relation de Jésus avec le Père, ils comprendront, ce quâils nâavaient pu saisir encore (versets 9-11), que le Père est dans le Fils.
Dans ce double rapport si intime et si profond que Jésus exprime avec tant de simplicitéâ¯: moi en mon Père, vous en moi et moi en vous, les disciples ont toute la révélation de lâimmense amour de Dieu manifesté en Jésus (verset 21).
Verset 21
Ce verset développe le précédent et en précise le sens.
Qui sont ceux à qui Jésus a ditâ¯: Vous connaîtrezâ¯? Il répondâ¯: Celui qui a dans son cÅur mes commandements et qui les garde avec fidélité dans sa vie (verset 15, note)â¯; car câest lui seul qui mâaime.
Son cÅur est alors ouvert à tous les trésors de lâamour divinâ¯: il sera aimé du Père, qui le contemple en son Fils, objet suprême de son amourâ¯; Jésus aussi lâaimera et lui en donnera des preuves toujours plus intimes en se manifestant à lui dans sa vie intérieureâ¯; le verbe grec signifie se manifester au dedans.
Ces magnifiques promesses sâaccompliront par lâEsprit de vérité (verset 17), dont Jésus décrit lâaction dans la suite du discours (comparer verset 26).
Verset 22
Ce Judas, nommé aussi Lebbée et Thaddée (Matthieu 10.3), était fils dâun homme appelé Jacques (Luc 6.16â¯; comparez Actes 1.13).
La remarque par laquelle lâévangéliste le distingue de Judas Iscariot, superflue après Jean 13.30, trahit lâhorreur que lui inspirait son homonyme.
La question de ce disciple montre quâil attendait encore un Messie qui serait le roi terrestre dâIsraël, le juge des nations. Or, il ne pouvait comprendre que, comme tel, Jésus ne dût se manifester quâau petit nombre de ceux qui lâaimaient et non à tout le monde.
Le et par lequel sâouvre la question a été omis dans B, A, D, Itala. Il marque bien lâétonnement de Judas.
Verset 23
Jésus ne répond pas directement à la question et pourtant il la résout de la manière la plus profonde. Pour la troisième fois (versets 15 et 21), il dévoile, dans le cÅur même de ceux qui lâaiment, les causes morales pour lesquelles il se manifeste à eux. Câétait déjà dire clairement pourquoi il ne pouvait pas se révéler au monde qui le haïssaitâ¯; puis il annonce plus explicitement, au verset 24, la raison de sa manière dâagir.
Mais ici, aux grandes promesses quâil venait de faire aux siens (versets 20 et 21), Jésus ajoute la déclaration expresse que la communion de lââme avec Dieu résulte de son union avec lui, Jésusâ¯: Nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure chez lui.
Dieu avait établi sa demeure visible au milieu dâIsraël (Lévitique 26.11-12â¯; Ãzéchiel 37.26-28), il avait habité au milieu de son peuple par la Parole faite chair (Jean 1.14), maintenant il promet de faire de chaque fidèle sa demeure (même mot quâau verset 2), son tabernacle, son temple (1 Corinthiens 3.16â¯; 1 Corinthiens 6.19).
Verset 24
Les paroles de Jésus sont les paroles de Dieu même. Or, comment le Sauveur pourrait-il se manifester à celui qui ne lâaime pas et qui rejette ses parolesâ¯?
Cette conclusion devait être évidente pour le disciple qui avait posé la question.
Verset 25
Il y a évidemment ici une pause dans le discours, comme lâindiquent ces mots qui ont lâair dâun résuméâ¯: Je vous ai dit ces choses (Verbe au parfait).
Jésus jette ainsi un regard en arrière sur les grandes consolations quâoffre aux siens lâespoir de la réunion future dans la maison du Père (verset 1 et suivants) et la perspective de son retour prochain par le Saint-Esprit (verset 12 et suivants).
En même temps, ces motsâ¯: pendant que je demeure avec vous, font pressentir son départ si prochain. Mais, se hâte-t-il dâajouter, voici un puissant secours qui pourvoira à tout dans votre vie intérieure et dans vos travaux (verset 26).
Verset 26
Lâaide (verset 16, note) venait dâêtre désigné comme lâEsprit de vérité (verset 17)â¯; ici Jésus le nomme lâEsprit-Saint.
Câest que la vérité divine nâest jamais, dans les Ãcritures, une froide doctrine destinée à éclairer lâintelligence seule, elle est une vie qui pénètre la conscience et le cÅur et les sanctifie. En effet, lâEsprit qui crée cette vie en nous est saint, comme Dieu est saint.
Cet Esprit, mon Père lâenverra en mon nom, dit Jésus.
Quâest-ce à direâ¯? Explications diversesâ¯: Parce quâil prendra ma place auprès de vous, parce que les disciples demandent lâEsprit au nom de Jésus (verset 13), parce que Jésus le demande pour eux (verset 16), parce quâil glorifiera le nom de Jésus qui est la source unique du salutâ¯; parce que le Père envoie lâEsprit à ceux qui aiment Jésus et que Jésus aime (verset 23).
Ne peut-on pas réunir les éléments de vérité quâil y a dans ces interprétations, en disant que le nom de Jésus est celui du Médiateur par lequel seul les croyants reçoivent toutes les grâces de Dieu et spécialement le don du Saint-Espritâ¯?
Cet Esprit vous enseignera toutes choses, câest-à -dire, toutes les vérités relatives au salut (Jean 16.13), et, pour cela, il vous fera ressouvenir, il rendra lumineuses et vivantes en vous toutes les choses, toutes les paroles que je vous ai dites.
LâEsprit fait ressouvenir non seulement par la mémoire, mais par le cÅur. De cette double déclaration de Jésus il résulte que lâEsprit nâenseigne point des choses étrangères à la parole du Sauveur, il enseigne, au contraire par cette Parole.
Il nây a donc rien dans ce passage qui soit favorable à la doctrine catholique de la tradition ecclésiastique, élevée à côté ou au-dessus de la Parole, ni aux illusions du mysticisme qui rêve une illumination de lâEsprit supérieure à la Parole révélée. Jésus fonde, par cette promesse, la souveraine autorité de lâenseignement apostolique quâil égale au sien (Jean 17.8-20).
Verset 27
Le Sauveur, pressentant toutes les difficultés et toutes les craintes qui pourront encore assaillir le cÅur de ses disciples, leur fait part dâune grâce suprême, dâun bien sans lequel il nây a point pour lâhomme de bonheur, avec lequel il ne saurait jamais être malheureuxâ¯: la paix.
Jésus fait allusion dans ces paroles à la formule de salutation par laquelle les Israélites sâabordaient ou se quittaient (comme Jean 20.26).
La plupart des commentateurs allemands prennent le mot de paix dans le sens de lâhébreu schalôm, bien-être, prospérité, salut et pensent que Jésus présente aux siens tous les fruits objectifs de son Åuvre, en un mot, le salut éternel. Mais non, ce quâil leur donne, câest la paix intérieure dâune âme remplie dâune douce confiance en son Dieu Sauveur.
Ce sens est rendu évident, comme lâobserve M. Godet, par les dernières paroles du versetâ¯: câest le cÅur des disciples qui doit être préservé du trouble, des tristesses et des craintes que leur inspirait la pensée de rester dans ce monde, seuls, sans leur céleste ami.
Il leur laisse donc la paix, comme le plus précieux des legs à son départ. Il fait plusâ¯: il leur donne actuellement et réellement sa paix, la paix inaltérable et profonde dont il jouissait lui-même et quâil puisait constamment dans la communion de son Père. Câest ainsi quâil leur fera part encore de sa joie (Jean 15.11â¯; Jean 17.13), car tout ce qui est à lui appartient à ses rachetés.
à la rigueur, on pourrait, avec la plupart de nos versions, traduire ainsi ces motsâ¯: Je ne vous la donne pas comme le monde la donne, mais comme ce pronom nâest pas dans lâoriginal et comme cette pensée supposerait que le monde peut, dans un sens quelconque, donner la paix, nous préférons laisser dans toute sa généralité ce contraste que Jésus établit entre sa manière de donner et celle du monde.
Le monde en est réduit à de vains souhaits, à de trompeuses promesses, souvent intéressées. Jésus donne réellement, abondamment et par lâamour le plus pur. Ces paroles devaient donc inspirer aux disciples la plus entière confiance en lui.
Jésus, à la fin du discours, revient ainsi à son point de départ (verset 1)â¯; mais câest après avoir donné aux siens tous les secours les plus puissants pour dissiper le trouble et les craintes qui pouvaient encore assaillir leur cÅur.
Verset 28
Les pauvres disciples nâavaient que trop bien entendu cette paroleâ¯: je mâen vais (versets 2 et 12), mais ils avaient moins bien saisi celle-ciâ¯: je reviens à vous (versets 3 et 18)â¯; de là leur tristesse et leur trouble.
Câest pourquoi Jésus, plongeant un regard dans leur cÅur, voudrait leur faire sentir que leur amour pour lui devrait leur faire de son élévation auprès du Père un motif de joie. Ils prendraient part à la joie quâil éprouve lui-même de quitter ce monde de péché et de souffrance pour retourner auprès du Père et partager sa félicité et sa gloire.
Câest ici peut-être le seul passage des évangiles où Jésus pense à lui-même et tire de son propre repos le motif dâune exhortation.
Maisâ¯:
Câest ainsi également que Tholuck, R. Stier, MM. Luthardt, Weiss et dâautres exégètes comprennent cette belle pensée. Ceux qui (de Wette, Meyer) pensent que Jésus invite ses disciples à considérer lâintérêt quâils ont à son élévation, qui lui permettra de leur assurer une protection plus puissante (comparez Jean 16.7), ne tiennent pas compte de cette paroleâ¯: si vous mâaimiez.
Parce queâ¯: il faut remarquer avant tout cette particule importante, car elle nous montre que Jésus, dans cette paroleâ¯: le Père est plus grand que moi, donne simplement la raison pour laquelle ses disciples doivent se réjouir de son retour auprès de son Père.
En isolant cette déclaration de son contexte, on lâa sollicitée en sens divers pour éclairer par son moyen le mystère des relations du Fils avec son Père. Mais quel sujet de joie les disciples auraient-ils bien trouvé dans une théorie abstraite à laquelle ils nâauraient rien comprisâ¯? Jésus sâexprime ainsi, en ayant conscience quâil est le Fils de Dieu, celui qui «â¯a reçu du Père dâavoir la vie en lui-mêmeâ¯Â» (Jean 5.26) et en même temps quâil est «â¯la Parole faite chairâ¯Â».
Celui qui, «â¯existant en forme de Dieu, sâest dépouillé lui-même en prenant une forme de serviteur fait à la ressemblance des hommesâ¯Â» et qui allait «â¯sâabaisser encore en devenant obéissant jusquâà la mort, même jusquâà la mort de la croixâ¯Â» (Philippiens 2.6-8). Dans cette position qui était alors la sienne, il éprouvait en son âme sainte, comme lâobserve Bengel, un sentiment profond de son humiliation quâil ne pouvait sâempêcher dâexprimer parfois (Marc 10.18â¯; Marc 13.32, voir la note) et qui le faisait soupirer après le terme de lâépreuve (Luc 12.50).
Comment donc nâaurait-il pas éprouvé une joie profonde et sainte à lâaspect si prochain de son élévation auprès du Pèreâ¯? Câétait pour lui rentrer en possession de la gloire éternelle, objet de sa dernière prière (Jean 17.5)â¯; câétait sa réintégration dans toutes les prérogatives divines dont il allait jouir dans une pleine communion dâessence et dâamour avec Dieu, son Père. Cette joie il invite ses disciples à la partager avec lui.
Obéissant à son invitation, lâapôtre Paul, après avoir décrit, dans les paroles que nous venons de rappeler, le profond abaissement du Sauveur, célèbre son élévation avec amour (Philippiens 2.9-11) et la joie quâil exprime dans ce chant de triomphe est celle de lâÃglise tout entière (Ãphésiens 1.20-23).
Câest à ce point de vue que Luther, Calvin, MM. Luthardt et Godet envisagent ce passage. «â¯Christ, dit Calvin, ne compare point ici la divinité du Père avec la sienne, ni sa nature humaine avec lâessence divine du Pèreâ¯; mais plutôt son état présent avec la gloire céleste dans laquelle il allait être reçu bientôt. Câest comme sâil disaitâ¯: Vous désirez de me retenir dans le mondeâ¯; mais il vaut mieux que je monte au cielâ¯Â».
Quant à la divinité de Jésus-Christ, cette parole la proclame hautementâ¯; car si un homme, un ange du ciel disaitâ¯: Dieu est plus grand que moi, il émettrait une affirmation que son évidence même rendrait oiseuse. Il ne faut pas, quand Jésus nous parle de sa joie, que lâexégèse transforme cette joie en dogmatique.
Verset 29
Que vous croyiez que je mâen suis réellement allé à mon Père et que vous compreniez la nature spirituelle de mon règne.
Ces promesses si positives de Jésus, bientôt rendues vivantes dans leur cÅur par le Saint-Esprit, leur seront expliquées par les grands événements de sa mort, de sa résurrection et de son retour dans la gloire. Alors ils croiront.
Verset 30
Le prince du monde (Jean 12.31, note) vient, sâapproche.
Jésus le voit venir dans les misérables instruments dont il va se servir pour accomplir son Åuvre de ténèbres (Jean 13.2-27). Mais il ajoute aussitôtâ¯: Tout prince du monde quâil est, il nâa rien en moi, ni droit, ni pouvoir.
La mort même à laquelle Jésus va se soumettre sera parfaitement libre et volontaire (Jean 10.18)â¯; ce sera le sacrifice de son dévouement et de son amour. Pour parler ainsi, il fallait que Jésus eût la conscience de sa parfaite sainteté.
Verset 31
La mort libre et volontaire du Sauveur fera connaître au monde que le Fils aime le Père et agit selon son commandement.
Et câest afin de fournir au monde cette démonstration éclatante que Jésus dit aux disciplesâ¯: Levez-vous, partons dâici, allons courageusement dans ce jardin de Gethsémané, notre lieu de réunion habituel (Jean 18.2), où je me livrerai à la troupe conduite par le traîtreâ¯!
Les deux derniers versets sont susceptibles de deux interprétations qui, pour le sens, reviennent au même. «â¯Le prince de ce monde vient, et, à la vérité, il nâa rien en moi qui légitime le pouvoir quâil va prendre sur moi, mais, pour que le monde connaisse mon amour pour le Père, je me livre à lui librementâ¯Â». Ou bienâ¯: «â¯Il vient, mais il nâa point de pouvoir sur moiâ¯; néanmoins, pour que le monde connaisseâ¦â¯Â»
On peut aussi construire le verset 31 en mettant un point aprèsâ¯: ainsi jâagis. Il faut alors sous-entendre un verbeâ¯: Mais cela arrive ainsi afin que le monde connaisse que jâaime le Père, et que, comme le Père mâa commandé ainsi jâagis.
Levez-vous, partons dâici. La plupart des éditeurs du texte et des traducteurs préfèrent cette ponctuation. Mais celle que nous avons adoptée, avec Rilliet, Astié, M. Godet, est plus naturelle et donne une tournure plus vive à la parole de Jésus.
²Malgré lâordre donné à ses disciples, Jésus continue ses discours (Jean 15.1) sans que rien indique un changement de scène. De là , parmi les interprètes, deux manières dâexpliquer la situation.
Telle est aussi lâopinion de Lücke, Tholuck, Olshausen, Keil, MM. Luthardt, Weiss. Dâautre part, Luther, Lange, Ebrard, Hengstenberg, Gess, M. Godet pensent que Jésus et ses disciples quittèrent, à ce moment, la salle où ils étaient assemblés et se rendirent dans quelque solitude de la vallée du Cédron, près de Gethsémané, où Jésus aurait prononcé les discours qui suivent, ainsi que sa dernière prière.
Cette opinion sâaccorde difficilement avec Jean 18.1. On peut objecter aussi que si Jésus avait prononcé la prière sacerdotale (Jean 17) sur le chemin de Gethsémané et au moment dâarriver en ce lieu, il aurait passé presque instantanément de la paix profonde qui sâexprime dans cette prière aux terribles angoisses quâil éprouva dans le jardin des Oliviers (Matthieu 26.37â¯; Marc 14.33).
Cela nâest pas vraisemblable au point de vue psychologique. Cette supposition accroît la difficulté quâil y a à concilier la relation de Jean avec ses récits des synoptiques.