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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 13". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/john-13.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 13". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-38
Verset 1
Troisième partie (chapitres 13 à 17)
Le Fils de Dieu et les siens
Jésus lave les pieds des disciples et éloigne Judas
Versets 1 Ã 20 â Le lavement des pieds
Les motsâ¯: avant la fête de Pâque ne renferment quâune indication vague de la date du dernier souper (verset 2) que Jésus fit avec ses disciples et par conséquent de sa mort, qui eut lieu le lendemain.
Comme nous abordons, avec le Jean 13, le récit de la Passion du Sauveur, câest ici le lieu de donner une vue dâensemble de cette question chronologique, lâune des plus obscures que soulève lâhistoire évangélique. La tradition unanime désigne le vendredi comme le jour où Jésus mourut.
Lâincertitude commence quand il sâagit de déterminer les relations de cet événement avec la Pâque juive et de fixer le jour du mois où il eut lieu.
Les uns, se fondant sur les données, à leurs yeux inattaquables, des synoptiques, disent que Jésus prit le dernier repas avec ses disciples le soir du 14 Nisan, à lâheure où tous les Juifs mangeaient lâagneau pascal et quâil mourut sur la croix le 15 Nisan le grand jour de la fête de Pâque.
Les autres, sâappuyant sur des indications du quatrième Ãvangile qui ne leur paraissent pas susceptibles dâêtre détournées de leur sens premier et naturel, estiment que le dernier repas eut lieu le soir du 13 Nisan et que Jésus est mort le 14.
La discussion remonte aux premiers siècles. Elle fut compliquée, dès lâorigine, par une polémique dâordre liturgique entre les Ãglises dâOccident et celles dâAsie Mineure, connue sous le nom de dispute pascale (Voir introduction). Nous ne reviendrons pas sur cette dispute, car, de lâavis même des défenseurs de la chronologie des synoptiques, elle ne fournit pas dâargument péremptoire pour décider à quelle date Jean sâest arrêté dans son évangile.
Ce débat divise les savants les plus compétents. Olshausen, Tholuck, Wieseler, Ebrard, Hengstenberg, Riggenbach, Lange, MM. Luthardt, Keil, Zahn se prononcent pour le 14-15 Nisan et estiment généralement pouvoir accorder avec cette date les données du quatrième évangile.
La date du 13-14 Nisan est adoptée par de Wette, Lücke, Bleek, Néander, Meyer, MM. Weiss, Beyschlag, Godet, Chastand.
1° En faveur de la date du 14-15 Nisan, on invoque les passages suivantsâ¯: Matthieu 26.17 «â¯Le premier jour des pains sans levain (14 Nisan), les disciples sâapprochèrent de Jésus, en disantâ¯: Ou veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâqueâ¯?â¯Â»
Marc 14.12 «â¯Et le premier jour des pains sans levain, quand on immolait la Pâque, ses disciples lui disentâ¯: Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâqueâ¯?â¯Â»
Luc 22.7 «â¯Or, le jour des pains sans levain arriva, dans lequel devait être immolée la Pâqueâ¯Â».
Il ne peut y avoir aucune hésitation sur la date, clairement indiquée par ces passages. Or les données des synoptiques ont une valeur très grande à cause des rapports du premier Ãvangile avec lâapôtre dont il porte le nom et de Marc avec lâapôtre Pierre. Du reste, les indications fournies par les trois premiers évangélistes ne sont pas des opinions individuellesâ¯: elles représentent la croyance de lâÃglise entière jusque vers lâan 80. Elles ont de plus pour elles leur vraisemblance.
Le dernier repas que Jésus prit avec ses disciples fut le repas pascal des Juifs. Cela ressort du récit des préparatifs dans les synoptiques et dâune parole telle que celle-ciâ¯: «â¯Jâai ardemment désiré de manger cette Pâque avec vous avant que je souffreâ¯Â» (Luc 22.15).
Or Jésus ne pouvait prendre le repas pascal quâà lâheure où tout Israël le prenait, le soir du 14 Nisan (commencement du 15). Les ordonnances de la loi étaient formelles (Exode 12.6 et suivants, Lévitique 23.5-6â¯; Nombres 28.16-18â¯; Deutéronome 16.2-3).
Lâagneau pascal devait être immolé dans le temple et lâon ne procédait pas à ce sacrifice avant le jour fixé.
Admettant pour ces raisons, que Jésus a mangé la Pâque le 14 Nisan et est mort le 15, les interprètes et les historiens qui reconnaissent lâauthenticité du quatrième Ãvangile ou du moins attribuent quelque valeur à ses données historiques, sont obligés dâaccuser lâévangéliste dâune erreur, imputable à «â¯une préoccupation dogmatiqueâ¯: il fait mettre Jésus en croix le 14 Nisan, à lâheure même où lâon immolait lâagneau pascal, parce quâil voit un rapprochement à faire entre les deux actesâ¯Â» (Edmond Stapfer).
Ou bien, pour maintenir lâexactitude de ses données chronologiques, ils doivent chercher à les interpréter de telle sorte quâelles fixent, aussi bien que celles des synoptiques, le dernier repas de Jésus au 14 Nisan.
2° Ceci nous amène à faire un rapide examen des passages de notre évangile, desquels on peut déduire la date que Jean assignait au dernier souper. Jean 12.1 «â¯Six jours avant la Pâque Jésus arriva à Béthanieâ¯Â».
Cette arrivée ne put avoir lieu le samedi, car Jésus nâaurait pas fait un jour de sabbat le voyage de Jéricho à Béthanie. Elle doit être fixée au vendredi soir. Or, en comptant six jours depuis ce vendredi, Jean place au jeudi le commencement de la Pâqueâ¯; ce jeudi était donc, pour lui comme pour les premiers évangélistes, le 14 Nisan.
Voici le défaut de ce raisonnementâ¯: rien ne démontre que Jean ait compté le vendredi comme le premier des six Jours quâil indique. Le contraire est aussi probable, car Jésus arrive sans doute vers le soir à Béthanie et le sabbat commençait pour les Juifs le vendredi au coucher du soleil. Le passage invoqué ne tranche la question ni dans un sens ni dans lâautre.
verset 1. Avant la fête de Pâque⦠Est-il naturel que Jean désigne ainsi la soirée du 14-15 Nisan, le moment du repas pascal, principal acte de la fêteâ¯!
Câest en vain que lâon cite Nombres 28.16 et suivants, Lévitique 23.5 et suivantsâ¯; où la fête des pains sans levain semble ne commencer que le lendemain 16 Nisan. Dans ces passages mêmes, le 14 est appelé la Pâque et dâailleurs on mangeait des pains sans levain au repas pascal. Exode 12.8â¯; Josué 5.10-11 et Matthieu 26.17 (voir la note) mettent hors de doute que la fête de Pâque commençait pour les Juifs avec la soirée du 14 Nisan.
verset 29. Judas nâaurait pu «â¯acheter ce dont on avait besoin pour la fêteâ¯Â» dans cette soirée du 14, où toutes les familles étaient assemblées dans leurs demeures autour de lâagneau pascal. Les partisans du 14 Nisan répondent que, si nous étions au 13 Nisan, toute la journée du lendemain resterait pour ces emplettes et lâidée ne viendrait pas aux disciples que Jésus pût envoyer Judas les faire sur lâheure même.
Jean 18.28 «â¯Ils nâentrèrent point eux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas se souiller et de pouvoir manger la Pâqueâ¯Â». Ce passage est décisif aux yeux de la plupart des interprètes. Les Juifs nâavaient pas encore mangé lâagneau pascalâ¯; ils sâapprêtaient à le manger le soir de ce jour. Ce jour était donc, dâaprès notre évangile, le 14 Nisan. Ceux qui le contestent sont obligés de donner à lâexpression «â¯manger la Pâqueâ¯Â», le sens indéterminé de célébrer la fête de Pâque. Cette interprétation est peu probable, malgré les arguments spécieux dont on essaie de lâappuyer.
Jean 19.14-31 «â¯Câétait la préparation de la Pâque, ce jour de sabbat était un grand jourâ¯Â». Le terme de «â¯préparationâ¯Â», nâest pas seulement la désignation usuelle du vendredi veille du sabbat (Marc 15.42), puisque lâévangéliste ajoute expressément «â¯de la Pâqueâ¯;â¯Â» de plus, si le sabbat du lendemain était «â¯un grand jourâ¯Â», câest quâil coïncidait cette année-là avec le premier jour des pains sans levain, 15 Nisan.
Lâinterprétation naturelle de tous ces passages de notre Ãvangile nous oblige donc à admettre que, dâaprès lui, Jésus a pris son dernier repas avec ses disciples le soir du 13 Nisan et est mort le 14 Nisan. Cette donnée constitue-t-elle une erreurâ¯? Nullement. Elle nous paraît beaucoup plus vraisemblable que celle des synoptiques. La nuit du 14 au 15 Nisan avait tous les caractères dâun sabbat solennel (Exode 12.16). Le Talmud confirme cette indication de la loi et mentionne parmi les actes défendus le port des armes, les séances de tribunal, le prononcé dâune sentence et les exécutions.
Dâaprès Exode 12.22â¯; Deutéronome 16.5-7, on ne pouvait quitter sa demeure ni, en tout cas, sortir de la ville pendant la nuit du repas pascal. Or Judas ne doute pas que Jésus ne se rende cette nuit-là , selon sa coutume, en Gethsémanéâ¯; la troupe quâil y conduit est composée de serviteurs du sanhédrin quâaccompagnent même les sacrificateurs et des pharisiens, le sanhédrin sâassemble, délibère et prononce un jugement, peu avant le crucifiement, Simon de Cyrène revient des champs, où il avait travaillé, selon toute probabilité, Jésus est crucifié, il est vrai, par des soldats romains, mais les chefs juifs font toutes sortes de démarches peu compatibles avec la célébration de la fête.
Si nous étions le premier et grand jour de la fête de Pâque, leur conduite formerait un contraste étrange avec les scrupules du roi Hérode Agrippa, qui nâose juger et exécuter Pierre pendant la fête (Actes 12.3-4). Eux, qui firent si souvent à Jésus un crime de violer le sabbat, auraient ainsi oublié toutes les prescriptions de la loi qui assimilait le grand jour de Pâque à un sabbat. Le fanatisme ne peut expliquer une telle attitudeâ¯; ils nâen sont du reste pas tellement dominés, puisquâils évitent dâentrer dans le prétoire (Jean 18.28), réserve qui nâétait pas de nature à disposer Pilate en leur faveur.
Ajoutons enfin quâaprès la mort de Jésus, Joseph dâArimathée achète un linceul (Marc 15.46) et que les femmes renoncent à embaumer Jésus, parce que le sabbat approche (Luc 23.56).
Tous ces faits semblent prouver que le jour de la mort de Jésus nâétait pas un jour de fête. Or la plupart dâentre eux sont rapportés par le récit des synoptiquesâ¯; ceux-ci contredisent ainsi la date quâils assignent eux-mêmes aux événements.
Lâerreur quâils ont commise, sans en avoir conscience, sâexplique par le fait que dans ce dernier souper avec ses disciples Jésus avait tenu à manger avec eux la Pâque (Luc 22.15) et quâil sâétait conformé au rituel de la cérémonie juive.
La tradition admit pour cette raison que le repas avait eu lieu au jour fixé par la loi. Elle perdit de vue que Jésus avait anticipé la célébration de la Pâque, circonstance secondaire dont le souvenir put fort bien sâeffacer.
Que des narrations nées spontanément des besoins de la prédication et dont lâexactitude chronologique était le moindre souci, aient commis une erreur dâun jour en plaçant au 14 et au 15 Nisan des événements qui sâétaient accomplis le 13 et le 14, cela nâest nullement inadmissible.
Nos deux premiers évangiles nâont-ils pas placé le repas de Béthanie «â¯deux joursâ¯Â» avant la Pâqueâ¯? (Marc 14.1-9â¯; Matthieu 26.6, note). Si leurs rédacteurs et leurs premiers lecteurs ne se sont pas fait les objections que nous avons exposées ci-dessus, câest quâils attribuaient au fanatisme ces violations de la loi commises par les autorités sacerdotales et y voyaient une aggravation du crime dont elles sâétaient rendues coupables en tuant le Messie.
Lâerreur de Jean, au contraire, ne saurait être expliquée. Un défaut de mémoire est inadmissible de la part du disciple qui avait suivi les événements avec un calme courage et qui en demeure le principal témoin. Et lâon ne saurait sans injustice lâaccuser dâavoir volontairement antidaté la mort de Jésus pour obéir à des préoccupations dogmatiques. Lui seul, au contraire, avait lâautorité nécessaire pour corriger la tradition qui sâétait établie. Sâil ne la rectifie pas en termes plus exprès, câest quâune telle rectification ne sâaccordait pas avec le caractère de sa narration. Il lui suffisait, par les détails de celle-ci, de replacer les faits à leur vraie date.
Objectera-t-on à cette date que Jésus ne pouvait se séparer de son peuple et déroger à la coutume établie par la loi en célébrant le repas pascal la veille du jour fixéâ¯? Mais celui qui se proclamait «â¯le Seigneur du sabbatâ¯Â» ne pouvait-il se permettre cette légère infraction au rituel pascal, au moment surtout où il allait lui substituer un rite nouveauâ¯? Il était du reste excommunié ainsi que ses disciples, les sacrificateurs auraient refusé dâimmoler pour lui un agneau dans le temple. Il était obligé de célébrer cette Pâque dâune manière indépendanteâ¯: câest ce qui le conduisit à lâanticiper.
Cette anticipation nâest elle pas indiquée dans le message quâil envoie au propriétaire de la chambre hauteâ¯? «â¯Mon temps est procheâ¯; que je fasse la Pâque chez toi avec mes disciplesâ¯Â» (Matthieu 26.18).
Comme le remarque M. Godet, «â¯la seule relation satisfaisante à établir entre ces deux propositions est celle-ciâ¯: il faut que je me hâte, car demain ce sera trop tardâ¯; je ne serai plus là , fais donc en sorte que je puisse manger immédiatement la Pâque chez toi (verbe au présent)â¯Â».
Le disciple bien-aimé nous fait lire dans le cÅur de son Maître, il peint en quatre traits les circonstances extérieures et intérieures au milieu desquelles Jésus sâabaissa jusquâà laver les pieds de ses disciples. Premier traitâ¯: Jésus allait accomplir cet acte sachant que son heure était venue, cette heure solennelle, suprême, dont notre Ãvangile parle si Souvent (Jean 7.30â¯; Jean 8.20â¯; Jean 12.23). Jésus savait que cette heure était celle de ses souffrances et de sa mortâ¯; mais il savait aussi que ce sombre défilé le faisait passer de ce monde au Père. Second traitâ¯: cette pensée si douce de quitter ce monde agité et hostile pour rentrer dans le sein de lâamour éternel, était inséparable dâune autre pensée, celle quâil allait quitter les siens ses chers disciples, quâil avait toujours aimés, auxquels il avait donné tant de preuves de cet amour. Or, sachant quâil les laissait dans le monde où ils étaient, exposés à tant de dangers et de souffrances, il les aima jusquâà la fin (Marc 13.13), ou mieuxâ¯: au plus haut degré (Weiss). M. Godet traduitâ¯: «â¯Il acheva de leur témoigner tout son amourâ¯Â». Et il va leur en donner le témoignage le plus émouvant. Chaque disciple de Jésus peut aussi recueillir dans son cÅur cette parole comme une précieuse promesse que son Sauveur lâaimera jusquâà la fin.
Verset 2
Non pas après le souper comme traduisent à tort nos versions ordinairesâ¯: mais, grec un souper étant venu, au moment où lâon venait de se mettre à table (verset 4 et 12).
Même la leçon reçue, qui porte le participe aoriste, ne signifie pasâ¯: un repas ayant eu lieu maisâ¯: étant arrivé et en cours dâexécution (Weiss).
Il est probable quâil faut lire le participe présent, selon le texte de Codex Sinaiticus, B, adopté par la plupart des critiques.
De lâabsence dâarticle devant souper plusieurs interprètes concluent que lâauteur ne considère pas ce souper comme le repas pascal. Cette conclusion ne nous paraît pas justifiée, car dans le grec du Nouveau Testament lâarticle manque souvent là où les écrivains classiques lâauraient mis et lâauteur de notre Ãvangile a composé son récit pour des lecteurs qui savaient par les synoptiques que Jésus avait mangé la Pâque avec ses disciples la veille de sa mortâ¯; ces lecteurs ne pouvaient penser à un autre repas que ce repas pascal qui leur était bien connu.
Troisième trait de cette introduction profonde par laquelle Jean prépare ses lecteurs à lâaction qui va suivreâ¯: le diable avait déjà fait son Åuvre dans le cÅur de Judas.
Mais quel est le but de cette remarque�
Suivant les uns, elle doit marquer lâimminence de la catastrophe, en montrant que déjà le traître, sous lâinspiration du démon, avait conçu son noir dessein (comparez Matthieu 26.14-16) et que Jésus, qui ne lâignorait pas, voulut saisir ce moment suprême pour témoigner aux siens son amour.
Dâautres pensent que lâévangéliste signale ce fait pour mieux faire ressortir le support et la charité de Jésus qui allait laver les pieds de Judas lui-même. M. Godet estime que ce trait doit «â¯motiver les différentes allusions que Jésus va faire à la présence du traître dans tout le cours de la scène suivante (comparez versets 10, 18, 21, 26) et surtout expliquer la conduite et le mot sévère de Jésusâ¯Â», verset 27
Ces allusions elles-mêmes nâavaient dâautre but que dâavertir le malheureux disciple, de réveiller sa conscience, de le sauver encore si possible.
Une variante de Codex Sinaiticus, B, Itala, admise par la plupart des critiques et des exégètes porteâ¯: «â¯Le diable ayant déjà jeté dans le cÅur que Judas, fils de Simon, lâIscariot le livrâtâ¯Â». Le cÅur de quiâ¯? Pas du diable lui-même, comme le prétendait Meyer, mais de Judas Iscariot dont le nom abhorré a été relégué à là fin de la phrase pour porter lâaccent.
Verset 3
Ce quatrième trait de lâintroduction nous montre que Jésus va agir dans la pleine conscience de son éternelle divinité.
Ce sentiment est rendu ici par trois déclarations dâune sublime grandeur.
La première exprime lâautorité et la puissance divinesâ¯: il sait que le Père lui a remis (grec donné) toutes choses entre les mains (comparer Matthieu 28.18).
La seconde nous révèle sa préexistence éternelleâ¯: il est (grec) sorti de la part de Dieu (comparer Jean 8.42).
La troisième nous montre en Jésus le pressentiment de la gloire divine dont il va reprendre possessionâ¯: il va à Dieu (Verbe au présentâ¯; comparez Jean 17.5).
Et câest avec cette conscience de sa grandeur divine que Jésus va condescendre à faire lâÅuvre dâun esclaveâ¯!
Verset 5
Quel contraste entre les pensées du verset 3 et cette scène du verset 4.
Avec quelle émotion Jean la décrit jusque dans ses moindres détailsâ¯! Il la rend vivante et tout à fait actuelle par ces verbes au présentâ¯: il se lève, pose ses vêtements (vêtements de dessus, le manteau, qui lâaurait gêné dans son action et il ne garde que la tunique, costume des esclaves), puis il verse de lâeau dans le bassin, celui qui se trouvait là et servait à cet usage.
Même cette expression il se mit, que Jean nâemploie presque jamais, a quelque chose de solennel. Quel étonnement et quelle confusion pour les disciplesâ¯! On le comprendra dâautant mieux si lâon admet, avec la plupart des interprètes anciens et modernes, que cette action de Jésus fut provoquée par une discussion qui venait de sâélever entre les disciples sur cette questionâ¯: «â¯Lequel dâentre eux était estimé le plus grandâ¯Â» (Luc 22.24, note).
Elle était donc littéralement vraie, la parole que Jésus leur adresse alorsâ¯: «â¯Moi je suis au milieu de vous comme celui qui sertâ¯Â» (Luc 22.27).
Pour comprendre cette scène, assez étrangère à nos mÅurs, il faut se souvenir que chez les orientaux, ou lâon se chaussait de sandales qui laissaient le pied nu, il était dâusage de procéder à lâablution quand on entrait dans une maison, surtout quand on allait y prendre un repas. Mais câétait un esclave que lâon chargeait de cet office.
Verset 6
Pierre, dont lââme ardente est pleine de vénération et dâamour pour le Sauveur, a compris la leçon quâil veut donner à ses disciplesâ¯; il a honte et il exprime son sentiment en relevant le contraste criant par ces deux motsâ¯: Toi, à moiâ¯! Et le titre de Seigneur, que Jésus va approuver et réclamer (verset 13), rend le contraste encore plus complet.
Il est dit dâabordâ¯: il commença, puisâ¯: il vient donc à Simon Pierreâ¯; ce disciple ne fut donc pas le premier auquel Jésus lava les pieds.
Les mots et celui-ci manquent dans quelques manuscrits.
Verset 7
Grecâ¯: tu le connaîtras après ces choses, ou après ceci.
Quelques interprètes ont supposé que Jésus désignait par là le moment ou Pierre serait éclairé par lâEsprit de Dieu. Mais il est plus simple de rapporter ces mots à lâexplication que Jésus allait donner à ses disciples (verset 12 et suivants).
Cette parole est dâune application universelle à toutes les voies du Seigneur que nous ne comprenons pas au moment même.
Verset 8
Jamais, grec en éternité.
Il y a dans ce refus absolu de Pierre une véhémence bien en harmonie avec son caractère. Pierre montre sa vénération et son amour pour le Maîtreâ¯; mais il oublie que le premier devoir dâun disciple câest lâobéissance. Sa présomption lui cache son ignorance (tu ne sais pas) et lâempêche de recevoir avec confiance la promesse de Jésus (tu comprendras dans la suite).
La réponse de Jésus à la première objection de son disciple était pleine de douceur et de bonté. Sur son refus réitéré il lui parle dâun ton sévère. Sa menace dut produire dâautant plus dâeffet que Pierre sâétait montré, récemment encore (Matthieu 19.27), préoccupé des avantages que lui procurerait son dévouement à Jésus.
Mais que signifient les paroles de Jésusâ¯! Il est évident quâici et au verset 10, Jésus donne à son action une signification nouvelle. Elle nâest plus seulement un «â¯exempleâ¯Â» (verset 15) dâhumble dévouement au service dâautrui. Elle devient le symbole de la régénération, qui est la condition du Salut (comparer verset 10, note).
En effet, avoir part avec lui, câest trouver dans sa communion le pardon des péchés, la réconciliation avec Dieu, la vie éternelleâ¯; nâavoir point de part avec lui, câest être privé de ces immenses bienfaits (Luc 12.46â¯; Apocalypse 20.6â¯; Apocalypse 21.8â¯; Apocalypse 22.19).
Or il est clair que Jésus ne pouvait pas faire dépendre cette alternative du simple fait de laver, ou de ne laver pas, les pieds de son disciple. Il faut remarquer dâailleurs que Jésus lui ditâ¯: «â¯si je ne te laveâ¯Â», ce qui est tout différent de laver les pieds.
Ces paroles signifient doncâ¯: Si je ne te purifie de ta volonté propre, de tes péchés, de ta corruption naturelle, tu nâas point de part avec moi.
Verset 9
Pierre a-t-il compris la pensée profonde de son Maîtreâ¯? Dans ce cas, sa réponse signifieâ¯: «â¯Seigneur, ne me lave pas seulement les pieds, mais purifie-moi dans tout mon êtreâ¯!â¯Â» Câest ainsi que quelques interprètes (Tholuck, Luthardt) comprennent le disciple.
Dâautres pensent au contraire que Pierre sans se donner le temps de réfléchir (Marc 9.5-6), mais saisi, effrayé à la pensée dâêtre exclu de la communion de son Sauveur, se livre à lui avec lâimpétuosité de son caractère et dépasse le but, parce quâil conserve encore sa volonté propre, tout en obéissant.
Câest ainsi que Olshausen, Meyer, Astié interprètent la pensée de ce disciple. Il est, en effet, difficile de croire que Pierre se soit élevé dâemblée à lâidée dâun renouvellement spirituel.
Verset 10
Variante du Codex Sinaiticusâ¯: nâa pas besoin de se laver, il est pur tout entier.
Jésus ne désapprouve pas le zèle de son discipleâ¯; il rectifie avec douceur lâerreur dans laquelle il était et il profite de cette erreur même pour ajouter à la leçon quâil voulait dâabord donner aux siens (verset 8, 2e note), un enseignement nouveau.
Laver les pieds était un acte par lequel le Sauveur sâhumiliait. Laver aussi les mains et la tête, lâêtre tout entier, donnait à lâacte un autre caractère.
Lâimage dont il se sert est celle-ciâ¯: un homme qui sâest baigné entièrement lavé, nâa plus besoin, en rentrant chez lui, que de laver ses pieds pour les purifier de la poussière qui sây est attachée pendant le trajet (verset 5, note).
De cette image le Sauveur tire une instruction encourageante pour ses disciplesâ¯: quand un homme a été purifié par le pardon de ses péchés et par le renouvellement de sa nature morale, il nâa plus besoin que dâêtre lavé des inévitables souillures quâil peut contracter en marchant dans ce monde corrompuâ¯; alors il est pur tout entier et il nâa pas à remettre sans cesse en question son état de grâce et de salut.
Pour donner à cette vérité plus de force et de précision, il lâapplique immédiatement à ses disciplesâ¯: et vous, vous êtes pursâ¯; et il leur dira bientôt comment ils le sont devenus (Jean 15.3). Mais, hélasâ¯! Ils ne lâétaient pas tousâ¯; et lâévangéliste, dans le verset suivant, nous apprend la raison de cette restriction.
On peut remarquer encore, avec Meyer, que si, jusquâici, Pierre nâavait pas compris le sens le plus profond de lâaction de son Maître, il dut le saisir par cette application directe que Jésus en faisait à ses disciples. Et cependant, il reste encore à celui-ci à en tirer pour eux la leçon de charité quâil pensait leur donner dès le début (verset 12 et suivants).
Verset 15
Comprenez-vous ce que je vous ai fait� en avez-vous saisi la signification profonde�
Câest par cette question que Jésus introduit lâinstruction quâil veut donner à ses disciples. Ceux-ci lâappelaient ordinairement Rabbi, Maître, celui qui enseigne et Jésus réclamait ce titre pour lui seul, dans son acception la plus élevée (Matthieu 23.8).
Ils lâappelaient encore le Seigneur, nom qui devait prendre pour eux un sens de plus en plus religieux, car câest par ce vocable que la version grecque des Septante traduit constamment le nom de Jéhovah.
Jésus approuve et ajouteâ¯: Si donc, moi, le Seigneur et le Maître, je me suis abaissé jusquâà vous laver les pieds, à plus forte raison devez-vous aussi être prêts à vous rendre mutuellement les services les plus humbles du dévouement et de lâamour.
Comme Jésus fut, dans toute sa vie, le modèle accompli que les siens doivent imiter, il venait de leur donner, dans ce cas particulier, un exemple dâhumilité profonde et dâamour sans bornes, qui restait comme lâidéal vers lequel ils devaient tendre. Ici encore, Jésus enseigne en action ce quâil avait enseigné en paroles (Luc 22.26â¯; Matthieu 20.26).
Nous avons donné un sens tout moral à cet ordreâ¯: Vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres et câest bien là sa signification principaleâ¯; mais nous nous garderons dâexclure le sens littéral, dans les cas où un tel devoir sâimpose.
Lâapôtre Paul vante lâablution des pieds comme une des pratiques de lâhospitalité chez les premiers chrétiens (1 Timothée 5.10).
Toutefois Jésus nâa pas voulu instituer un rite, comme lâÃglise lâa admis dès le quatrième siècle, accomplir littéralement ce devoir sans lâhumilité et lâamour quâil suppose, est une vaine formalité ou même un acte dâhypocrisie et dâorgueil. Cette cérémonie se pratique chaque année à Rome et ailleurs.
Verset 16
Donc, vous, serviteurs et apôtres, vous ne devez pas vous refuser à des actes dâhumilité et dâamour que votre Seigneur et Maître vient dâaccomplir.
Jésus aimait cette comparaison quâil emploie souvent ailleurs, dans des applications diverses (Jean 15.20â¯; Matthieu 10.24-25â¯; Luc 6.40).
Verset 17
Entre savoir et, faire, il y a un abîmeâ¯; le premier à lui seul, rend coupable, le dernier rend heureux, car il donne au disciple un trait précieux de ressemblance avec le Maîtreâ¯: lâhumilité et lâamour.
On voit que Jésus en exhortant les disciples à imiter son exemple passe sous silence le sens particulier que la résistance de Pierre lâavait amené à donner à son action (versets 8-10, note).
La raison en est bien simple, câest que, lui seul, au moyen de son sang et de son Esprit, peut purifier le pécheur de ses souillures. Nous ne pouvons avoir à cette Åuvre quâune part très indirecte pour dâautres en les amenant à Jésus. Dans ce sens, lâexemple nous concerne aussi.
Verset 18
Je ne dis point cela de vous tous, câest-à -dire, que vous êtes heureux (verset 17), car il en est un au milieu de vous qui ne le sera jamais. En effet, je sais très bien quels sont ceux que jâai choisis, je les connais, je les pénètre jusquâau fond. Ce nâest donc point par erreur que jâai choisi Judas, mais afin dâaccomplir le dessein de Dieu, prédit dans les Ãcritures (voir la note suivante et comparez Jean 6.64-70, note).
Plusieurs interprètes ont entendu ce choix dans le sens de lâélection pour le salut. Mais le contexte et les deux passages que nous venons de citer ne sont pas favorables à cette opinion.
Grecâ¯: mais (il en est ainsi) afin que lâÃcriture soit accomplie (comparer Jean 17.12, où la même pensée mystérieuse est exprimée dans les mêmes termes). La parole de lâÃcriture que Jésus applique ici à Judas est tirée du Psaumes 41.10.
Manger du pain avec quelquâun, câest-à -dire être reçu à sa table, signifie, selon les mÅurs orientales, être admis dans sa familiarité et dans sa confiance, comme un hôte dans sa maisonâ¯; toute perfidie de la part de cet hôte en devient beaucoup plus coupable.
Lâexpressionâ¯: lever son talon contre quelquâun, comme le cheval qui rue, est lâimage de la brutalité, non de la ruse.
Si ce Psaume est de David, comme lâindique sa suscription (voir Bible annotée) le personnage historique auquel se rapporte cette parole est Achitophel, conseiller de David (2 Samuel 15.12), qui prit parti pour Absalom dans la révolte de ce fils ingrat contre son père (2 Samuel 17.14) et qui, voyant sa trahison découverte, sâen alla et sâétrangla (2 Samuel 17.23).
Ãtrange ressemblance de sa destinée avec celle de Judas, auquel Jésus applique ces parolesâ¯! La plainte de David, sur ce traître, se lit ainsi dans lâhébreuâ¯: «â¯Même lâhomme avec qui jâétais en paix, en qui je me confiais, qui mangeait mon pain, a levé le talon contre moiâ¯Â». Jésus évite de dire mon pain, parce que, pauvre, il nâen avait point à donner. Mais il faisait mieux pour Judasâ¯: il lui donnait le pain de vie.
Câest ce quâont méconnu les copistes, qui, pour conformer la citation au texte du Psaume, ont écritâ¯: Celui qui mange mon pain (B, C), au lieu deâ¯: celui qui mange du pain avec moi (Sin, A, D, majuscules, versions).
Verset 19
Grecâ¯: que, je suis.
Que je suis tout ce que je vous ai révélé sur ma personne, le Messie, le Fils de Dieu, le Sauveur (voir sur cette expression Jean 8.24â¯; Jean 8.28â¯; Jean 8.58 notes).
Jésus tient à avertir ses disciples de la trahison de Judas (versets 11 et 21), craignant que leur foi en lui ne fût ébranlée sâil ne la leur avait pas prédite et sâil leur paraissait, à la fois, la dupe et la victime de ce crime horrible.
Verset 20
Voir, sur ces paroles, Matthieu 10.40, note.
Ici, on ne voit pas au premier abord comment elles sâadaptent à lâensemble du discours.
Quelques exégètes sont allés jusquâà penser quâelles nâétaient quâune reproduction déplacée du passage de Matthieu. Parmi ceux qui rejettent avec raison cette supposition, les uns MM. Weiss et Godet rattachent cette solennelle déclaration (en vérité, en vérité) au verset 16 et alors elle signifieraitâ¯: Si le serviteur, lâenvoyé ne doit pas vouloir être plus que le Maître et le Seigneur, celui-ci, de son côté, veut lâélever jusquâà sa hauteur lâégaler à lui, comme lui est égalé au Père qui lâa envoyé.
Dâautres rapprochent ce verset des parolesâ¯: (verset 17) «â¯Vous êtes bienheureuxâ¯Â» et Jésus ferait ainsi sentir à ses disciples, en quoi consiste ce bonheur.
Dâautres enfin, trouvant peu naturelle cette liaison avec des paroles déjà éloignées, rattachent notre verset à ce qui précède immédiatement. Jésus vient de dire que le crime de Judas nâébranlera pas la foi des disciples et il leur donne ici un nouveau et puissant motif dâassurance, dans la pensée que, en remplissant leur sainte mission, ils seront reçus comme lui-même, qui est au milieu dâeux le représentant et lâenvoyé de Dieu. En travaillant pour lui, ils travailleront pour Dieu même qui sera leur lumière et leur force.
Telle est lâinterprétation de Meyer qui était déjà défendue par Calvin «â¯Il est plus probable que Christ a ici voulu remédier au scandale⦠Cette admonition du Seigneur Jésus montre que ce nâest point une chose raisonnable que lâimpiété dâaucuns, qui conversent méchamment ou autrement quâil ne faut en leur office, diminue quelque chose de lâautorité apostoliqueâ¯Â».
Verset 21
Jésus éloigne le traître (21-30)
Après avoir dit ces choses, câest-à -dire après la sérieuse instruction que Jésus venait de donner à ses disciples (versets 12-20), sa pensée se reporte avec douleur sur Judas, il en est troublé en son esprit.
Deux fois déjà , il a fait allusion au crime de ce malheureux (verset 11 et 18)â¯; maintenant le moment est venu dâen avertir directement les disciplesâ¯; il le fait avec la plus grande solennité.
Câest un témoignage quâil rend en ces termes si gravesâ¯: En vérité, en vérité, puis il révèle ce fait inouïâ¯: lâun de vous me livrera.
Cette révélation, nécessaire aux disciples (verset 19), est aussi rapportée par les trois premiers évangiles, dans les mêmes termes (Matthieu 26.21â¯; Marc 14.18â¯; Luc 22.21).
Preuve évidente que Jean raconte le même souper que les synoptiques (comparer verset 36 et suivants).
Verset 22
Grecâ¯: étant en perplexité pour savoir duquel il parlait.
Lâimpression douloureuse que les disciples reçurent de cette révélation est exprimée avec beaucoup plus de force dans les premiers évangilesâ¯: «â¯Ils furent fort attristés et ils se mirent chacun dâeux à direâ¯: Seigneur, est-ce moiâ¯?â¯Â» (Matthieu 26.22) Câest le trouble où ils étaient qui leur inspire cette question.
Verset 23
Chez les Orientaux, on se mettait à table à demi couché sur le côté gauche et appuyé sur les coussins dâun divan.
Celui qui se trouvait à la droite de son voisin, était donc penché sur son sein (Luc 7.38, note).
Jean, évitant de se nommer, se désigne par ces motsâ¯: celui que Jésus aimait (Jean 19.26â¯; Jean 20.2â¯; Jean 21.7-20).
Jésus aimait tous ses disciples (Jean 15.14), mais Jean était évidemment pour lui un ami particulier, auquel il dévoilait ses intimes pensées et qui les comprenait le mieux.
Verset 24
Pierre, profondément affligé de ce quâil vient dâentendre, toujours ardent dans ses impressions, ne peut garder le silence.
Il fait donc signe à Jean de demander à Jésus duquel dâentre eux il parlait.
Une variante de B, C, Itala porteâ¯: «â¯Pierre lui fait signe lui ditâ¯: Dis quel est celui dont il parleâ¯Â». Mais cela supposerait que Jean le savait et dâailleurs, puisque Pierre devait lui faire signe, cela prouve quâil était trop éloigné de lui pour lui parler.
Le texte reçu, A, D, majusc, est donc préférable.
Verset 26
Deux variantes sont à noter dans les versets 25 et 26â¯:
Dans le repas de la Pâque, le père de famille donnait aux convives des morceaux de pain trempés dans un brouet de fruits cuits (Matthieu 26.23, note). En donnant ainsi le morceau à Judas, Jésus le désignait à Jeanâ¯; mais en même temps, il adressait un suprême appel à la conscience du traitée.
Jésus parlait à voix basse, de manière à nâêtre entendu que de Jean (verset 28), et cela, par ménagement pour Judas. Dans les autres évangiles, de même, Jésus désigne le malheureux disciple en termes vagues (Matthieu 26.23â¯; Luc 22.21).
Mais il paraît que la scène se prolongea par les questions des disciples qui demandaientâ¯: «â¯Est-ce moi, Seigneurâ¯?â¯Â» Et quand Judas poussa lâhypocrisie jusquâà dire aussiâ¯: «â¯Est-ce moiâ¯?â¯Â» Jésus lui répondit ouvertementâ¯: Tu lâas ditâ¯! Mais même ce dialogue paraît nâavoir pas été entendu ou compris des autres disciples (Matthieu 26.25, note).
Verset 27
Alors, ce mot, effacé par la plupart de nos versions (Codex Sinaiticus, D lâomettent), marque, nous lâavons dit, le moment fatal.
Mais il ne faudrait pas voir dans le fait exprimé par ces motsâ¯: Satan entra en lui, une action magique du morceau de pain. Jean ne dit pasâ¯: avec le morceau, maisâ¯: après le morceau.
La prise de possession du cÅur de Judas par Satan sâexplique, au contraire, dâune manière toute psychologique. Judas, en cédant à ses passions, à lâavarice (Jean 12.6), avait ouvert son cÅur à lâinfluence du démonâ¯; puis, se voyant déçu dans son ambition, irrité de ne pas trouver en suivant Jésus ce quâil avait espéré, il nâéprouva plus pour lui quâune sorte de répulsion et de haine.
Et câest sous lâinfluence de lâesprit de ténèbres quâil conçut lâidée horrible de sa trahison (verset 2). Notre évangéliste marque donc les degrés de sa chute. Au moment où le malheureux se vit pénétré par son Maître, il veut dans sa conscience une crise qui pouvait le ramener encore.
Mais il sâendurcit et se livra ainsi à la puissance de lâesprit du mal. Câest ce moment tragique que Jean décrit par ce motâ¯: Satan entra en lui. Luc (Luc 22.3) exprime ce dénouement dans les mêmes termes (comparer sur la chute de ce disciple, Matthieu 26.15, note).
On a donné de cet ordre de Jésus à Judas deux explications qui sont loin de sâexclure lâune lâautre.
Meyer pense que Jésus désire réellement dâaccomplir le plus tôt possible son sacrifice, sachant que son heure était venueâ¯; «â¯sa décision résignée ne veut aucun délaiâ¯Â», dit cet exégète.
Dâautres interprètes cherchent lâexplication de cet ordre dans le besoin pressant quâavait Jésus de voir sâéloigner le traître pour rester seul avec ses disciples fidèles, dans ces dernières heures si importantes.
Il est certain que cette dernière pensée se fait jour au verset 31. Au reste, si Jésus avait eu le moindre espoir de voir Judas revenir à lui, il ne lui aurait pas donné cet ordre dont lâexégèse rationaliste sâest souvent scandaliséeâ¯; mais aux yeux de Celui oui sonde les cÅurs, la destinée de Judas était accomplie, Satan était entré en lui.
Verset 28
Aucun. M. Godet pense que Jean sâexcepte tacitement lui-même.
M. Weiss nâest pas de cet avis. Il estime que Jean, aussi bien que les autres, ne dut pas comprendre la portée de lâordre de Jésus, parce quâil ne pouvait se douter que la trahison de Judas fut si proche et que Jésus lui-même lâinvitait à la consommer.
Verset 29
Jean donne cette double supposition de quelques-uns des disciples comme une preuve quâils nâavaient pas compris.
Câest ici le second passage de notre Ãvangile (comparez verset 1, note) dâoù lâon tire un indice que ce repas ne pouvait avoir lieu le soir du 14 Nisan, selon la chronologie des synoptiquesâ¯; car comment acheter ce quâil fallait pour la fête, puisque la fête était commencée par son acte le plus important et que, dès lors, des achats ne devaient plus être permisâ¯?
Les défenseurs de la date fournie par les synoptiques répondent quâil sâagissait de provisions pour toute la durée de la fête. Ils citent le passage Exode 12.16 dâaprès lequel la foi autorisait les familles israélites, même le 15 nisan, à «â¯préparer la nourriture de chaque personneâ¯Â» et en concluent quâon pouvait même faire des achatsâ¯; conclusion quelque peu forcée.
Ils objectent, dâautre part, que si ce repas avait eu lieu le 13, les disciples ne penseraient pas quâil fallût faire en toute hâte des approvisionnements pour la fête, puisque le lendemain restait pour cela tout entier. Mais ils peuvent avoir interprété ainsi lâordre de Jésus sans avoir compris ses motifs.
Verset 30
Dâaprès Matthieu 26.21 et Marc 14.18, lâentretien touchant Judas, pendant lequel Jésus lui donna le morceau trempé, eut lieu avant lâinstitution de la cène et comme ici on voit que ce disciple sortit aussitôt quâil eut pris le morceau, il est clair quâil ne participa pas à la cène qui, du reste, ne fut célébrée quâaprès le repas de la Pâque.
Luc seul rapporte ces événements de manière à autoriser une conclusion différente, mais il est probable quâil ne suit pas lâordre chronologique (comparer Luc 22.21, note).
Il était nuitâ¯! Non seulement dans la nature, mais plus encore dans lââme de Judas. On sent aussi dans cette remarque du témoin oculaire, que Jean avait conservé de ce moment une impression ineffaçable.
Verset 31
Entretiens de Jésus avec ses disciples
Versets 31 à 38 â La séparation prochaine, lâamour fraternel, consolation des disciples
Verset 32
Maintenantâ¯! Le départ du traître, sorti pour accomplir son Åuvre de ténèbres, cause à Jésus un immense soulagement.
Maintenant le Fils de lâhomme a été glorifié.
Ce verbe au passé embrasse toute la vie écoulée du Sauveur jusquâà ce moment, cette vie de renoncement, de souffrances, dâobéissance, de dévouement efficace, dâactivité puissante, par laquelle le Fils de lâhomme a été glorifié dans le cÅur de ceux qui lâont reconnu comme lâenvoyé de Dieu (Jean 11.4â¯; Jean 12.28, 2e note).
Cette gloire quâil a ainsi acquise par lâhumilité et la charité resplendira encore de lâéclat le plus pur dans ses humiliations et ses souffrances, en Gethsémané et sur la croix, où il pourra sâécrier de sa voix mouranteâ¯: Tout est accompliâ¯! Son Åuvre sera achevée, il aura sauvé un monde perdu.
Mais par une telle vie Dieu a été glorifié en lui. La gloire de Dieu, ce sont ses perfections, sa Justice et sa sainteté, sa miséricorde et son amourâ¯; jamais elles nâont été manifestées dâune manière plus lumineuse quâen Jésus-Christ, qui nous les révèle dans leur pleine harmonie.
Or le sentiment profond dâavoir ainsi glorifié Dieu par sa parfaite obéissance (si Dieu a été glorifié en lui, mots omis dans Codex Sinaiticus, B, C, D, Itala, mais qui, malgré ces témoignages, sont maintenus par Tischendorf, MM. Weiss et Godet) donne à Jésus la victorieuse assurance que Dieu aussi le glorifiera en lui-même, câest-à -dire, lâadmettra dans la gloire qui est son essence divine.
Câest ainsi que bientôt Jésus dira dans sa dernière prièreâ¯: «â¯Je tâai glorifié sur la terre, jâai achevé lâÅuvre que tu mâas donnée à faire et maintenant glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi, de la gloire que jâavais auprès de toi avant que le monde fûtâ¯Â» (Jean 17.4-5).
Paul indique de même lâabaissement et lâobéissance du Sauveur comme le chemin qui lâa conduit à la gloire divine (Philippiens 2.5-11â¯; comparez Ãphésiens 1.20-23). Et il le glorifiera bientôt (grec aussitôt), ajoute Jésus, faisant allusion à sa résurrection, qui sera le premier degré de sa glorification.
Enfin, Jésus ne dit pasâ¯: le Fils de Dieu, mais le Fils de lâhomme est glorifié (comparez sur ce terme Matthieu 8.20, note)â¯; car câest comme Fils de lâhomme, membre et chef de notre humanité quâil a embrassée dans les étreintes de son amour pour la sauver, câest comme Fils de lâhomme quâil a accompli son Åuvre et quâil est monté dans sa gloire. Et ainsi, il a rouvert à notre humanité sauvée le chemin de cette gloire.
Verset 33
De ces hauteurs de sa gloire, Jésus revient à ses pauvres disciples quâil va quitter bientôtâ¯: je suis peu de temps encore avec vous et sympathisant à leur tristesse, câest avec une effusion de tendresse quâil leur parleâ¯: petits enfantsâ¯! (Câest le seul passage de nos évangiles où Jésus emploie ce terme).
Il sent le vide immense et douloureux quâil va laisser dans leur cÅur et dans leur vieâ¯: Vous me chercherez, avec un ardent désir de retrouver nos relations actuelles (Jean 20.15. Comparer Luc 17.22).
Mais le moment de la réunion éternelle nâest pas venuâ¯; il vous reste à accomplir votre tâche et comme jâai dit aux Juifs, mais dans un sens bien différent (Jean 7.34â¯; Jean 8.21), je vous le dis aussi maintenantâ¯: vous ne pouvez venir où je vais.
Jésus, dans ses dernières communications intimes, va sâappliquer à les consoler de cette séparation (Jean 14.1 et suivants) et à élever leur cÅur à la pensée dâune communion invisible et spirituelle avec lui (chapitres 14-17).
Aussi croyons nous que câest à ce moment du récit de Jean quâil faut placer lâinstitution de la cène, après laquelle les paroles qui vont suivre (verset 34) sont admirablement appropriées.
Verset 34
Dans cette tristesse de la séparation, Jésus fait à ses disciples, comme première compensation de son absence, un don infiniment précieuxâ¯: lâamour fraternel.
Il est vrai quâil sâagit dâun commandementâ¯; mais câest un commandement quâil se charge lui-même dâaccomplir dans leur cÅur et dans leur vie. Câest même en cela quâil est nouveau.
Ce mot a singulièrement occupé les exégètes. Comment, ont ils demandé, ce commandement de lâamour mutuel peut-il être nouveau, puisquâil se trouve déjà dans lâAncien Testament (Lévitique 19.18) et que Jésus lui-même le cite comme étant lââme de la loiâ¯? (Matthieu 22.39) Et ils ont réponduâ¯: Il est nouveau parce quâil renferme tous les autres commandements de la loi (Luther), parce que Jésus lâa renouvelé (Calvin), parce quâil renouvelle lâhomme (Augustin), parce quâil est toujours nouveau (Olshausen), parce quâil est le principe dâune vie nouvelle (de Wette), parce quâil établit la différence quâil y a entre lâamour fraternel (les uns les autres) et la charité pour le prochain (Grotius et dâautres).
Il y a du vrai dans toutes ces interprétationsâ¯; mais il est plus vrai encore de dire que ce commandement est nouveau dans son essence, parce que Jésus lui-même lâaccomplit dans le cÅur de ses disciples par lâamour dont il les a aimés.
Cet amour
Comparer 1 Jean 2.7-8, note.
Câest évidemment là ce que Jésus a voulu dire en ajoutant dans la seconde partie de ce versetâ¯: que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres.
Lâamour de Jésus ne donne pas seulement la mesure mais la nature et le caractère du véritable amour mutuel de ses disciples. Le verset suivant montre lâimportance suprême que Jésus attache à cet amour. Aussi y insiste-t-il à diverses reprises (Jean 15.12, Jean 15.17). Et nul ne lâa mieux senti que notre évangéliste (1 Jean 2.7-8â¯; Jean 3.11â¯; Jean 4.20-21).
Verset 35
Lâamour, un amour semblable à celui de Jésus, est la seule preuve que lâhomme est sous une influence divine, qui triomphe de tous les penchants égoïstes de son cÅur.
La connaissance peut être acquise par des pécheurs endurcis, la foi sâallie souvent à une vie asservie aux passions, les Åuvres sont accomplies par divers motifsâ¯; lâamour seul, unissant les enfants de Dieu les uns aux autres, comme il les unit à leur Sauveur et, par lui, au Père céleste, est une marque certaine de leur participation à la nature divine.
à ceci, dit Jésus, tous connaîtrontâ¯; et plus loin il voit dans cette unité des siens un moyen dâamener le monde à la foi (Jean 17.21).
Verset 36
Pierre a compris que le Maître va les quitter pour être glorifié (versets 32 et 33)â¯; il a même compris vaguement que le chemin qui le conduira a la gloire, câest la mort (verset 37).
Mais, comme cette pensée, qui le remplit de tristesse, est encore enveloppée dâobscurité, dans la vivacité de ses impressions il lâinterrompt par cette questionâ¯: Où vastuâ¯? bientôt suivie dâune autreâ¯: Pourquoi ne puis-je pas te suivreâ¯?
Il y a encore beaucoup dâignorance, mais il y a aussi le plus vif amour pour son Maître dans ces questions. Elles sont inspirées par les mêmes sentiments qui le portaient à résister à Jésus quand celui-ci voulait lui laver les pieds (versets 6-9).
La raison pour laquelle Pierre ne pouvait pas suivre Jésus maintenant, câest quâil avait son Åuvre à faire dans ce monde.
Sans doute encore il y avait, dans son caractère naturel, plus dâun penchant mauvais dont il devait être purifié par lâEsprit de la Pentecôte, avant de pouvoir suivre son Maître dans la gloire (verset 38).
Mais, ajoute Jésus, comme consolation et encouragement, tu me suivras plus tardâ¯; il le suivra réellement par la voie du martyre.
Verset 37
Pierre est parfaitement sincère en parlant ainsi. Et pourtant, quel douloureux contraste entre cette déclaration si pleine dâassurance et la réponse de Jésusâ¯! (verset 38).
Verset 38
Cet avertissement précis nâempêcha point la chute du présomptueux disciple.
Il paraît pourtant avoir fait impression sur lui, car, dès ce moment et jusquâà la fin de ces entretiens, il ne reprend plus la parole.
Voir, sur ce dialogue avec Pierre, Matthieu 26.33-35â¯; Marc 14.29-31â¯; Luc 22.31-34, notes.
Après cette interruption, Jésus reprend son discours destiné à consoler ses disciples et à les préparer à la communion spirituelle avec lui (Jean 14.1 et suivants).