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Thursday, November 21st, 2024
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
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Whole Bible (6)
versets 1-32
La narration reprend au point où l’avait laissée le chapitre 9. Ce verset décrit l’état de l’humanité dans les temps qui suivirent immédiatement le déluge. Cet état ne dut pas être de longue durée, puisqu’au moment de la catastrophe, l’humanité tout entière était encore réunie dans le même campement.
La plupart des commentateurs rapprochent l’événement qui va être raconté de la répartition de la terre (mentionnée selon eux Genèse 10:25) au temps de Péleg. D’après cela, la période depuis le déluge à la tour de Babel aurait duré une centaine d’années, si du moins on suit la chronologie du texte hébreu. Mais nous avons vu en Genèse 10:25 que ce passage doit être interprété tout différemment et que la dispersion était un fait déjà consommé au temps de Péleg.
La tradition qui attribue à Nimrod l’initiative de la construction de Babel n’a également aucun fondement solide. Nous avons vu, au contraire (Genèse 10:10), que Babel devait déjà exister quand il y établit son empire.
La même langue et les mêmes mots : une même prononciation et les mêmes termes. Plusieurs commentateurs, s’appuyant sur l’origine hébraïque des noms propres du commencement de la Genèse, ont supposé que cette langue primitive était l’hébreu qui se serait conservé dans la famille de Sem. Mais rien n’appuie cette supposition, et les noms propres ont fort bien pu être traduits en hébreu au cours de la tradition.
Étant allés. Le terme hébreu sert à désigner les migrations d’un peuple nomade.
Du côté de l’orient. La plupart de nos versions traduisent : Comme ils étaient partis d’orient. Mais si l’on compare Genèse 12:8 et Genèse 13:11, on voit que l’expression employée en hébreu dit justement le contraire; et en effet, l’Arménie, d’où les hommes étaient partis après le déluge, est au nord-ouest de la Babylonie.
Pays de Sinéar. Voir à Genèse 10:10. Cette plaine d’une rare fertilité et admirablement arrosée, ce jardin de Dieu, leur paraît favorable à un établissement définitif.
La maison doit remplacer la tente et la ville le campement. À défaut de pierres, qui n’existent pas dans les terrains d’alluvion de la Babylonie, le sol leur fournit de la terre à briques et du bitume. Pour les constructions ordinaires, on emploie en général des briques séchées au soleil; mais quand on veut que les briques soient plus durables, on les cuit au feu. Les ruines de Babylone attestent que les briques étaient les matériaux essentiels de construction et que le bitume servait de ciment.
Dans les cieux : extrêmement haute. Comparez Deutéronome 1:28; Daniel 4:11.
Un monument. D’autres traduisent : un nom, c’est-à-dire une grande réputation. Mais aux yeux de qui ? Ne sont-ils pas les seuls habitants de la terre ? Le mot hébreu schem, qui signifie nom, a aussi le sens de signe, monument (2 Samuel 8:13; Ésaïe 55:13). Ce sens est le seul possible dans ce passage; ce que veulent les hommes, c’est un monument qui soit pour eux un constant moyen de ralliement.
À cette explication conviennent les mots suivants : De peur que nous ne soyons dispersés. C’est donc à tort qu’on a supposé que les hommes voulaient ou bien escalader le ciel ou bien se mettre à l’abri d’un nouveau déluge. Cette tour sera le point, visible de partout, qui dirigera les hommes au retour de leurs excursions. Mais c’est précisément dans ce dessein que consiste leur péché; car, par là, ils transgressent l’ordre que Dieu leur avait donné : Remplissez la terre. (Genèse 1:28; Genèse 9:1)
11.10-32 Généalogie des Sémites jusqu’à Abraham
Les trois morceaux précédents nous ont présenté le caractère spécial de chacune des trois familles issues de Noé (Genèse 9:18-29), la dissémination sur la terre de l’humanité issue de ces trois familles (chapitre 10) et le point de départ de cette grande migration (Genèse 11:1-9). Le morceau dont nous abordons l’étude poursuit jusqu’à Abraham la ligne des descendants de Sem et forme ainsi la transition entre l’histoire générale de l’humanité primitive et l’histoire spéciale du peuple de Dieu, qui sortira d’Abraham. Ce morceau renoue la chaîne généalogique au point où l’avait laissée le chapitre 5; il appartient donc au document élohiste.
3>10-26 Postérité de Sem
Agé de cent ans. Sem était né lorsque Noé avait 500 ans révolus, c’est-à-dire dans sa 501e année (Genèse 5:32); il avait, par conséquent, 99 ans au moment du déluge (Genèse 7:11). Deux ans après, il était dans sa 101e armée, c’est-à-dire qu’il avait cent ans révolus. Il n’y a donc pas désaccord entre la donnée de notre verset et celles de Genèse 5:32 et de Genèse 7:11.
Versets 11 à 17
Pour les noms, voir Genèse 10:24-25, notes, et pour les chiffres l’appendice ci-dessous. La version grecque des LXX, suivie par le Nouveau Testament (Luc 3:36), ajoute à cette liste le nom de Kaïnan entre Arpacsad et Sélah.
Réhu signifie probablement ami. On ne retrouve aucune trace de ce nom.
Sérug signifie cep de vigne. Ce nom se retrouve dans celui de Sarug, ville et pays situés en Mésopotamie à une journée au nord de Charan.
Nachor signifie : celui qui respire fortement.
Thérach dérive d’un verbe qui signifie tarder, s’arrêter, et peut signifier campement, lieu où l’on s’arrête.
Abram signifie : père élevé. Nachor fut le père d’un rameau considérable des Araméens; comparez Genèse 22:20-24.
Haran signifie : le montagnard.
Remarquons que cette généalogie, comme celle du chapitre 5, présente dix chaînons jusqu’au personnage à l’histoire duquel elle sert d’introduction, c’est-à-dire depuis Noé jusqu’à Abraham.
27-32 La famille de Thérach
Le but de ces versets est de nous orienter sur les rapports de parenté qui existaient entre les divers personnages dont l’histoire subséquente va faire mention.
Avec ce verset, nous passons de la généalogie à l’histoire. Mais avant de commencer cette dernière, l’auteur pose comme point de départ le résultat auquel avait abouti la généalogie (verset 26); c’est la raison pour laquelle il emploie le plus-que-parfait et non plus le passé indéfini.
En présence de Thérach son père : de telle manière que son père assista à sa mort, lui survécut. L’auteur nous indique par là pourquoi, dans la suite, il ne sera plus question de Haran, mais seulement de son fils Lot.
Ur des Chaldéens. On a cherché longtemps cette ville dans le bassin supérieur de l’Euphrate, sur le chemin que l’on pensait avoir été suivi par les descendants d’Arpacsad dans leur migration vers le sud-ouest; plusieurs auteurs l’ont même identifiée avec la ville d’Edesse qui portait dans l’antiquité le nom d’Urhoi, et se nomme aujourd’hui Urfa. Mais les inscriptions assyriennes ont jeté un jour nouveau sur ce point, en nous apprenant que le pays des Chaldéens (Caldou) se, trouvait sur le bas Euphrate, près du golfe Persique, et que la ville d’Ur, en assyrien Uru, était située sur le bras occidental de ce fleuve, peu au-dessus de son embouchure. On en a retrouvé les ruines, en particulier celles d’un temple dédié à la lune, à l’endroit appelé maintenant Mugheir.
La communauté d’origine des peuples descendus d’Abraham avec les Babyloniens est suffisamment prouvée par la ressemblance frappante d’un grand nombre de leurs usages et de leurs traditions, ressemblance que nous avons pu constater souvent dans l’étude des dix premiers chapitres de la Genèse. L’itinéraire suivi par les descendants d’Arpacsad, à partir des régions du haut Tigre, a donc été plus étendu qu’on ne le pensait autrefois.
La filiation de Sara n’est pas indiquée. D’après Genèse 20:12, elle était aussi fille de Thérach, mais par une autre mère.
Père de Milca et de Jisca. C’était peut-être le nom sous lequel Haran était connu dans la tradition; de là cette expression pléonastique.
Jisca. Ce nom ne reparaît nulle part dans les récits subséquents. La tradition juive, consignée par Josèphe, l’identifie avec Sara, qui serait ainsi la nièce d’Abraham, et non sa sœur. D’autres pensent qu’elle est nommée spécialement parce qu’elle était la femme de Lot qui aurait ainsi épousé sa sœur, comme Abraham, tandis que Nachor avait épousé sa nièce.
Le tableau suivant donne une idée des alliances intervenues entre les différentes branches de la famille de Thérach.
Belle-fille. On peut être surpris qu’elle ne soit pas appelée sa fille; mais maintenant qu’elle est mariée, sa qualité de femme d’Abraham l’emporte sur celle de fille de Thérach.
Ils sortirent. Le mot ils s’applique à tous les personnages secondaires depuis Lot.
Avec eux : avec Abraham et Thérach, les deux personnages principaux nommés en commençant.
Pour aller au pays de Canaan. Le pays de Canaan était pour les habitants de la Chaldée l’extrême occident. Cette migration est, sans doute, en rapport avec le grand mouvement des peuples vers l’ouest, mouvement qui a aussi amené les Cananéens sur la côte de la Méditerranée, les Hyksos en Égypte, etc.
Ils vinrent jusqu’à Charan. Les émigrants, accomplissant, sans le savoir, la volonté de Dieu, se dirigent vers le pays de Canaan; mais, avant trouvé à Charan ce qu’ils désiraient, ils s’y établissent. Nous verrons (Genèse 12:1) comment Dieu fit reprendre à l’un d’eux leur projet primitif.
Charan, ville de la Mésopotamie septentrionale dont on a retrouvé les ruines à une forte journée de marche au sud-est d’Edesse. Comparez Ésaïe 37:12, note. Son nom qui signifie, d’après une racine arabe, terre desséchée, lui vient sans doute de sa pauvreté en arbres et en sources.
Thérach mourut. Cette notice est placée ici par anticipation, pour finir l’histoire de ce patriarche avant de passer à celle d’Abraham. En effet, si l’on additionne les données de Genèse 11:26 et de Genèse 12:4 on trouve que Thérach était âgé de 145 ans quand Abraham le quitta et que, par conséquent, il vécut encore soixante ans après le départ de ce dernier.
Cette mention anticipée a été la cause d’une erreur dans la tradition juive qui a passé dans le discours d’Étienne (Actes 7:4); on a cru qu’Abraham n’avait quitté sa famille qu’après la mort de Thérach.
Appendice : aperçu chronologique de la période qui s’étend du déluge à Abraham
Le morceau que nous venons d’étudier est la continuation de la généalogie qui commence au chapitre 5 et qui relie, par un fil conducteur, les grandes époques de l’histoire du monde ancien, la création et la chute, le déluge, la vocation d’Abraham.
Un coup d’œil jeté sur ces deux généalogies nous montre que, à mesure que l’humanité s’éloigne de ses origines, la longévité va en s’abaissant : sauf Sem, aucun des patriarches postérieurs au déluge ne dépasse la moitié de la vie des premiers patriarches. La moyenne de trente ans pour le mariage et de deux cents pour la mort remplace peu à peu celles de cent et de neuf cents ans.
On s’est aussi servi (voir chapitre 5) des chiffres donnés par cette généalogie pour essayer de fixer la durée de la période pendant laquelle ont vécu ces patriarches. Mais il se trouve que les trois textes du Pentateuque que nous possédons, le texte hébreu, le texte samaritain et la traduction des LXX, présentent sur ce point des divergences considérables. Voir le tableau.
Ce tableau soulève deux questions :
Pour ce qui concerne Kaïnan, la réponse n’est pas douteuse. Ce nom ne se trouve ni dans la généalogie parallèle des Chroniques, ni dans la traduction grecque de ce morceau (voir 1 Chroniques 1:24); il manque de même dans le texte samaritain, dans Josèphe et dans Philon. Ce qui contribue aussi à le rendre suspect, c’est que ce quatrième nom de cette généalogie est identique au quatrième nom de celle du chapitre 5 et que les chiffres qui s’y rattachent sont les mêmes que ceux de Sélah, qui le suit immédiatement. Il est donc fort probable que les LXX ont ajouté ce nom pour rendre cette généalogie tout à fait semblable à celle du chapitre 5 : dix générations, dont la dernière se ramifie en trois membres. Mais ils n’ont pas compris que ces dix chaînons existent déjà dans le texte hébreu par le fait qu’Abraham est le personnage principal d’où sortira un développement nouveau; c’est en réalité lui, et non Thérach, qui est le pendant de Noé.
Quant aux chiffres donnés par les divers textes, la plupart des interprètes envisagent que c’est dans le texte hébreu que nous trouvons les vraies leçons. L’adjonction de Kaïnan, en montrant la liberté avec laquelle les traducteurs ont agi, suffirait déjà pour rendre les LXX suspects. Mais nous avons une autre raison de doute tirée des chiffres eux-mêmes.
En effet, les chiffres donnés par les LXX étant beaucoup plus considérables que ceux du texte hébreu, simplifieraient beaucoup une question que nous discuterons plus bas, celle du rapport entre la chronologie de la Bible et celle des peuples anciens. Car la chronologie biblique paraît beaucoup trop restreinte en face de l’histoire des peuples de l’antiquité. Mais c’est justement cette simplification qui rend les LXX suspects. Les traducteurs grecs ont sans doute senti déjà la difficulté, et, avec la liberté qu’on leur connaît, ils ont, de même qu’au chapitre 5, cherché à allonger cette période en augmentant de cent ans l’âge de chaque patriarche à la naissance de son premier fils.
Quant au texte samaritain, il parait avoir été composé au moyen du texte hébreu et de celui des LXX. En effet, l’âge de chaque patriarche, au moment où il engendre son premier fils, y est le même que chez les LXX, tandis que la durée totale de la vie est la même que celle indiquée par le texte hébreu, à cette seule différence près que le texte samaritain corrige deux chiffres pour avoir, comme au chapitre 5, une série constamment décroissante. Le texte hébreu nous paraît donc devoir être préféré aux deux autres.
D’après la Genèse, la période qui s’est écoulée du déluge à la vocation d’Abraham est donc de 367 ans. Cette donnée peut-elle s’accorder avec ce que nous savons de l’histoire des Babyloniens et des Égyptiens, les seuls peuples de l’antiquité dont les souvenirs historiques remontent jusqu’à ces temps reculés ?
Pour répondre à cette question, nous devons tout d’abord chercher à fixer d’après la Bible la date de la vocation d’Abraham. La première date que l’on puisse établir avec quelque sûreté est celle de la sortie d’Égypte, qui ne peut être placée au-delà de l’an 1490 avant notre ère. Pour plus de détails sur ce point, nous renvoyons le lecteur à Exode 12:40. Le séjour en Égypte ayant duré 430 ans (d’après le texte hébreu) et l’ère patriarcale 215, la vocation d’Abraham devrait donc être placée, si la date ci-dessus est exacte, vers l’an 2135 avant Jésus-Christ. Le déluge qui a eu lieu, d’après la Genèse, 367 ans auparavant, se placerait donc vers l’an 2500.
Ces dates ne sont pas en contradiction avec la chronologie babylonienne, car les faits historiques mentionnés dans les inscriptions ne remontent guère au-delà de l’an 2000, moment où nous trouvons établi à Ur en Chaldée le roi Uruk, le premier qui ait porté le titre de roi de Sumir et Accad (Haute et Basse Babylonie).
Les données bibliques peuvent aussi s’accorder avec les renseignements de l’historien chaldéen Bérose, d’après lequel la première dynastie des rois de Babylone se place entre 2250 et 2500. Le même historien parle, il est vrai, d’une période héroïque d’environ 34 000 ans, qui serait placée entre les 432 000 ans de la période mythologique et les temps historiques, soit entre le déluge et la première dynastie des rois de Babylone. Mais cette donnée appartient à la légende et ne peut entrer ici en ligne de compte.
Les difficultés soulevées par la chronologie égyptienne sont beaucoup plus grandes; car, ainsi que nous le verrons en étudiant l’Exode, il est probable que dix-huit dynasties ont régné sur l’Égypte avant le moment où les Israélites en sont sortis. Mais les égyptologues sont loin d’être d’accord sur la durée qu’il faut attribuer à ces dynasties. Voici les différentes dates qu’on assigne à l’avènement du premier roi d’Égypte : 5702, 5613, 4455, 4157, 3892, 3623. On voit combien la chronologie égyptienne est peu sûre. Ce n’est qu’à partir de la 26e dynastie, dit l’un des hommes les plus compétents en cette matière, que la chronologie est fondée sur des dates qui laissent peu à désirer pour leur exactitude.
À supposer même que ce soit la dernière date qui doive être préférée, ce qui est peu probable, l’accord avec les données bibliques est impossible, car cette date nous transporte à plus de 1100 ans avant le moment assigné par la Bible au déluge et au commencement de l’humanité nouvelle.
Dans l’état actuel de la science, il n’est donc pas possible de faire coïncider les deux chronologies. Mais, comme nous l’avons déjà remarqué, la chronologie égyptienne ne peut fournir un point de comparaison absolument certain, puisqu’elle est loin d’être fixée d’une manière définitive.D’autre part, la Bible ne donne pas de chiffres d’ensemble pour cette période, comme elle le fera Exode 12:40 pour le temps du séjour des Israélites en Égypte et 1 Rois 6:1 pour la période qui s’étend de la sortie d’Égypte à la construction du temple, ce n’est qu’en additionnant les chiffres attribués à chaque patriarche par l’auteur élohiste qu’on arrive à ce résultat. Or, les généalogies étant souvent incomplètes, cela ne donne pas une base suffisamment solide.
Il est certainement douteux que trois siècles et demi puissent suffire pour la formation et la constitution des divers peuples avec lesquels Abraham se trouve en relation et pour l’existence de deux couches de population, l’une sémitique, l’autre chamitique, qui semblent avoir occupé successivement le pays de Canaan avant l’arrivée d’Abraham.