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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-21
3>1 à 10 Comment Paul fut amené à faire connaître son ministère par les apôtres de Jérusalem
Cet ensuite correspond à celui de Galates 1:18, comme celui-ci continuait le récit du verset 15 et suivants Lâun et lâautre peuvent avoir pour point de départ lâépoque de la conversion de Paul. Si au contraire ils sont successifs, selon lâopinion de quelques interprètes, ces quatorze ans nous reporteraient à la dix-septième année après sa conversion. Il est donc très difficile de déterminer lequel de ses voyages à Jérusalem lâapôtre a ici en vue.
Lâopinion des interprètes varie entre les trois rapportés par Luc dans les Actes, (Actes 11:29; Actes 11:30) et les circonstances historiques, pour autant quâelles nous sont connues, ne sâadaptent parfaitement à aucun des trois. Gerlach admet le voyage de Actes 18; il y a beaucoup plus de probabilités en faveur de celui de Actes 15, câest-à -dire que cette conférence de Paul avec les apôtres de Jérusalem serait ce quâon a appelé le concile apostolique.
En plaçant, comme on le fait dâordinaire, la conversion de Paul en lâannée 36 de notre ère, et en comptant les quatorze ans à dater de cette conversion, on arrive à lâan 50, généralement admis comme lâépoque du concile apostolique. Sâil en est ainsi, il ne faudrait donc pas entendre les premiers mots de notre chapitre comme si Paul voulait dire quâil nâa point fait de voyage à Jérusalem avant cette époque, puisque lui-même vient dâen rappeler un, (Galates 1:18) et que Luc en rapporte deux antérieurs (Actes 9; Actes 11 Comparer Actes 11:30, note.).
Ce qui importe ici à notre apôtre, câest de bien constater ces deux faits :
Câest pour cela encore quâil rappelle ici quâil était accompagné dans ce voyage par deux de ses compagnons dâÅuvre, Barnabas et Tite, dont lâun était dâorigine israélite, lâautre né païen. En prenant ce dernier avec lui, il voulait tenter une épreuve décisive : si Tite était traité comme un frère par les chrétiens de Jérusalem, reçu dans leurs assemblées, leurs agapes, la cause des païens était gagnée, et Paul ramenait avec lui à Antioche la preuve vivante de sa victoire (comparer verset 3, note.).
Cette circonstance nâest pas rapportée dans le livre des Actes; mais Paul reçut une révélation dâen haut qui lui confirma la résolution de toute lâÃglise dâAntioche, (Actes 15:1; Actes 15:2, note) ou bien cette résolution elle-même fut prise par une direction spéciale de Dieu.
Cette désignation des apôtres, répétée ici plusieurs fois (verset 6 et 9), était sans doute employée avec une affectation marquée par ceux qui opposaient lâautorité de ces apôtres à celle de Paul. Il devait donc tenir dâautant plus à leur exposer dans le particulier, à part de tous les autres, la manière dont il prêchait lâÃvangile.
Paul, arrivé à Jérusalem, exposa à ses compagnons dâÅuvre dans lâapostolat lâÃvangile quâil prêchait et la manière dont il le prêchait, non pour demander leur approbation ou leur autorisation, ce qui serait en contradiction avec lâindépendance de son ministère, quâil veut précisément démontrer ici; mais il chercha, par un humble amour de la paix et dans lâintérêt de lâÃvangile, à établir son parfait accord avec eux, afin que, dâune part, les faux docteurs ne pussent plus sâappuyer de leur autorité ou même prétendre avoir été envoyés par eux, pour rétablir le règne de la loi; et que, dâautre part, il ne surgît pas des malentendus réels entre lui et les autres apôtres. Dans les deux cas lâaction de Paul aurait été entravée; il pouvait craindre dâavoir couru en vain.
Sérieux enseignement sur lâimportance de maintenir lâunité et lâharmonie entre les serviteurs de Dieu qui travaillent dans les diverses parties de son règne !
Si lâon se représente les préjugés judaïques qui régnaient encore parmi les chrétiens de Jérusalem (par exemple Actes 11:1 et suivants), on conviendra quâil devait leur paraître fort étrange de voir un incirconcis compagnon dâÅuvre de notre apôtre.
Et cependant tous reconnurent sa liberté dâaction, au point de ne pas exiger la circoncision de Tite, que Paul nâaurait sûrement pas accordée en ces circonstances, bien que lui-même ait fait peu après circoncire Timothée (Actes 16:3, note.).
Il nâattachait aucune importance à ces cérémonies de la loi, pourvu quâon ne sâen autorisât pas pour affaiblir ou ruiner la doctrine du salut par grâce; mais dans ce cas, il sây opposait avec la plus grande énergie (comparer Galates 5:3-6, note.).
Ces deux versets (versets 4, 5) donnent la raison pour laquelle Tite ne fut point circoncis : à cause des faux frères, qui, imbus de préjugés pharisaïques, sâétaient glissés dans lâassemblée et cherchaient, précisément dans la sainte liberté chrétienne que donne la justification par la foi seule, un prétexte pour attaquer lâÃvangile de Paul.
«â¯En toute autre circonstance, semble dire lâapôtre, nous nâeussions fait aucune difficulté à lâégard de Tite; mais alors ni les apôtres de Jérusalem, ni nous ne leur cédâmes, même pour un instantâ¯Â» Leur céder nâeût point été supporter des frères faibles, ni renoncer volontairement et par charité à une liberté légitime, comme notre apôtre lui-même le recommande instamment (Romains 14; 1 Corinthiens 8; 1 Corinthiens 9 Romains 15:1-3);; mais câeût été renier la vérité, une doctrine fondamentale de lâÃvangile, et remettre les chrétiens, surtout les païens convertis, sous le joug de la loi.
Cette admirable distinction que Paul faisait ainsi, est de la plus haute importance et dâune application journalière de notre temps encore. Lorsquâil sâagissait de chrétiens faibles, peu éclairés, timorés dans leur observance de la loi (dont ils ne faisaient point une condition du salut, mais par laquelle ils cherchaient à obéir à Dieu selon leurs lumières), lâapôtre commandait le support et déclarait lui-même quâil se faisait Juif avec les Juifs, tout à tous, (1 Corinthiens 9:20-22) parce quâil espérait par là les amener à une plus grande liberté, tandis quâil aurait craint de les éloigner en les heurtant ou en leur imposant plus dâindépendance que nâen comportait leur connaissance ou leur foi.
Mais quand des hommes sâérigeaient orgueilleusement en docteurs, enseignaient la nécessité dâobserver la loi pour être sauvé, et renversaient ainsi la grande doctrine de la justification par la foi, alors Paul, et avec lui les autres apôtres, ne leur cédaient point, pas même une heure, pour se soumettre à eux (Actes 16:3, note; Romains 14:1-4, note.). Sans quoi la vérité de lâÃvangile, loin dâêtre maintenue, aurait certainement péri.
Paul vient de dire de quelle manière il maintient la vérité vis-à -vis des faux frères. «â¯Quant aux apôtres eux-mêmes les plus considérés (Grec :â¯Â» considérés comme étant quelque chose«â¯de grand) pour quelque estimés quâils soient ou quâils méritent dâêtre, peu importe, je conserve toute mon indépendance à leur égard, par la simple raison que Dieu nâa pas égard à lâapparence (Grec :â¯Â» au visage«â¯) de lâhommeâ¯Â».
Personne, pas même Pierre, Jean, ni Jacques, ne jouit dâune faveur spéciale de Dieu, de telle sorte que Dieu soit dépendant de lui et quâon puisse dire : ce qui ne vient pas de lui est sans valeur. Pierre nâest pas plus grand devant Dieu quâun autre et, dans la balance divine, il ne pèse pas plus que Paul. Pierre a suivi Jésus depuis le Jourdain jusquâen Golgotha; il nâen résulte pas que Dieu doive tout accomplir par lui et ne puisse choisir Paul pour instrument⦠Lâapôtre sâexprime sur ce ton tranchant, parce quâil combat des gens qui, par leur attachement à lâhomme, lui attribuent en propre lâhonneur qui lui est seulement prêté par Dieu. Il demande quâon ne fasse pas dâun apôtre, fût-ce de Pierre, plus quâun homme.
Luther disait : «â¯Ma personne importe peu; Dieu saura bien créer dix docteurs Martinâ¯Â», Paul dit de même de Pierre, Jacques et Jean :
Et eux, en toute humilité partageaient son sentiment, puisquâil peut ajouter : ils ne mâont rien imposé ou (Grec :) «â¯communiqué de plus, ajoutéâ¯Â», quant à la doctrine ou à lâexercice de lâapostolat. Il faut remarquer du reste que ces paroles un peu rudes ne sâadressaient pas aux apôtres, mais aux faux docteurs qui usaient et abusaient de leur nom pour sâopposer à Paul.
Et câest en cela même, dans cette «â¯démonstration dâesprit et de puissanceâ¯Â» que les apôtres de Jérusalem durent nécessairement reconnaître le sceau de Dieu sur le ministère de Paul. Du reste, ces deux champs de travail assignés ici à Pierre et à Paul, nâétaient point délimités dâune manière absolue; les premiers païens furent amenés à lâÃvangile par Pierre, (Actes 10) et Paul, dans tous ses voyages missionnaires, prêchait dâabord dans les synagogues.
Mais il reste vrai que dès sa conversion, (Actes 9:15) et plus tard encore, (Actes 22:17-21) Paul avait reçu pour mission spéciale lâévangélisation des païens, ce qui fut en effet lâÅuvre de sa vie. Cette mission, venant directement du Seigneur, ne pouvait pas être méconnue de ses frères dans lâapostolat.
Pierre (comparer Jean 1:42; Matthieu 16:18).
Grec : «â¯Les mains droites de communionâ¯Â». Tous, en leur donnant la main dâassociation, les reconnurent solennellement comme étant leurs compagnons dâÅuvre et travaillant dans la même communion fraternelle, qui procède de lâunion de chaque membre avec le Sauveur (comparer Actes 15). Le récit de Luc se trouve ainsi complété par ces paroles de Paul.
Si les apôtres eux-mêmes mettaient tant dâimportance à être reconnus par leurs condisciples dans la communion de lâÃglise, combien plus les autres serviteurs de Dieu doivent-ils y tenir, dans lâintérêt de lâunité et de la charité ! Sâisoler, se fractionner à lâinfini, ne vouloir que des églises et oublier lâÃglise, nâest point un fruit de lâEsprit de Dieu.
Plusieurs passages de ses lettres montrent, en effet, avec quel soin Paul remplissait cette recommandation de lâÃglise. Ce devoir lui était dicté du reste par sa charité (voir Actes 11:30; Romains 15:25; 1 Corinthiens 16:1-4; 2 Corinthiens 8; 2 Corinthiens 9).
Le soin des pauvres, des malades, de tous les êtres souffrants, fut, dès lâorigine, non seulement un fruit de lâamour chrétien, mais un lien puissant entre les Ãglises judéo-chrétiennes et celles qui sortaient du paganisme. Ce moyen, constamment joint à la prédication de lâÃvangile, sera, de nos jours encore, le plus puissant pour ramener à Jésus-Christ une génération qui sâéloigne de lui.
Plan
3>II. Quatrième preuve : Paul résiste à Céphas
Pierre étant arrivé à Antioche, je lui résistai, parce que, sous lâinfluence dâémissaires venus de Judée, il se retirait des frères convertis du paganisme, ne voulant plus manger avec eux, et parce que lâexemple de cette dissimulation était suivi par dâautres (11-14).
Nous-mêmes, Juifs, renonçant à être justifiés par les Åuvres de la loi, nous avons cru en Jésus-Christ, pour lâêtre par la foi en lui ; si donc, en cherchant cette justification, nous montrons par notre conduite que nous ne lâavons point obtenue, est-ce la faute de Christ ? Non ! car si je reconstruis le faux système de la propre justice, câest moi qui me constitue transgresseur (15-18).
Mais il nâen est point ainsi ; car par la loi je suis mort à la loi ; crucifié avec Christ, câest lui qui vit en moi après sâêtre donné pour moi ; rejeter cette grâce, revenir à la loi, ce serait dire que Christ est mort en vain (19-21).
11 à 21 Paul résiste à Céphas
Antioche de Syrie, siège dâune Ãglise nombreuse, composée en grande partie de païens convertis (comparer Actes 13:1 et suivants). Paul était retourné à Antioche après le concile de Jérusalem (Actes 15:33-35). Lâépoque où Pierre y vint nâest pas indiquée, mais il est probable que ce fut plus tard, pendant un séjour que Paul fit à Antioche entre son second et son troisième voyage missionnaire (Actes 18:22; Actes 18:23, notes.)
On peut traduire plus exactement : «â¯Parce quâil était blâmé, accuséâ¯Â», ou même «â¯condamnéâ¯Â», sans doute par des chrétiens dâAntioche que sa conduite scandalisait. Les versets suivants montrent à quel sujet. Paul raconte cet événement pour convaincre dâautant mieux les Galates de lâindépendance de son apostolat, et de lâimportance quâils devaient attacher à la doctrine fondamentale de la justification par la foi seule. Ce récit complète celui qui précède et forme lâintroduction la plus naturelle à la partie de lâépître qui va exposer de nouveau la grande doctrine en question.
Mangeait avec les chrétiens convertis du paganisme, câest-à -dire vivait en communion avec eux (Luc 15:2). Câest cette liberté qui choquait les chrétiens judaïsants, (Actes 11:3) et cela surtout parce que, dans leurs repas et leur alimentation, les païens nâobservaient pas les dispositions de la loi mosaïque et de la tradition juive (comparer Lévitique 11; Actes 15:20; Actes 15:28-29; Marc 7:1 et suivants).
Il nâest point dit dans quel but ces quelques-uns venaient (de Jérusalem à Antioche) de la part de Jacques; il est douteux quâils fussent chargés par cet apôtre dâagir dans un esprit judaïsant; car, bien que lui-même observât la loi, il avait positivement reconnu le ministère de Paul parmi les païens (verset 9; comparez Actes 15:13 et suivants).
Quoi quâil en soit, câest sous lâinfluence de ces personnes, venues de la Judée, que Pierre sâesquivait et se tenait à lâécart momentanément et affectait un judaïsme qui, sous lâautorité et par lâexemple dâun si grand apôtre, pouvait exercer au sein de lâÃglise une influence pernicieuse sur la doctrine même. Le verset verset 13 en fournit la preuve. Le motif dâune telle conduite, indiqué verset 12, était tout à fait en harmonie avec le caractère de ce disciple : Pierre fut entraîné par cette crainte des hommes qui avait naguère causé son reniement.
Grec : «â¯Et les autres Juifs usèrent dâhypocrisie avec lui, en sorte que Barnabas fut entraîné dans leur hypocrisieâ¯Â».
Il ne faut rien retrancher de la force de ces expressions, car, tout en aggravant la faute de Pierre, elles réfutent à lâavance les conséquences erronées quâon pourrait tirer, et quâon a souvent essayé en effet de déduire de cette faute. «â¯Où est, a-t-on dit, lâunité de doctrine dans les apôtres ? Où est leur autorité absolue dans les vérités du salut ? Voici deux des plus grands apôtres en flagrante contradiction sur le point le plus important de la doctrineâ¯Â».
Il nây a rien dans ce récit qui donne lieu à ces conclusions, ni qui rende nécessaires les hypothèses auxquelles on a eu recours pour lâexpliquer, ni qui justifie une théorie de lâinspiration dâaprès laquelle les écrits seuls des auteurs sacrés auraient été inspirés et non leur personne et leur enseignement oral.
En effet, câest à Pierre lui-même que fut révélée dâabord la grande vérité du salut des païens par la foi sans les Åuvres de la loi (Actes 10). Devenu le premier héraut de cette vérité, et, à cause de cela, accusé par les chrétiens judaïsants de Jérusalem, il se justifie devant tous, sâappuyant de la révélation expresse de Dieu et du don du Saint-Esprit accordé aux païens convertis (Actes 11). Enfin la question est solennellement portée par Paul et Barnabas devant les apôtres et lâÃglise de Jérusalem, (Actes 15) et câest Pierre qui, le premier, prend la parole et défend avec énergie la liberté chrétienne de ceux que Dieu a appelés à la foi du sein du paganisme. «â¯Maintenaient donc, conclut-il, pourquoi tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous nâavons pu porter ? Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, de même quâeuxâ¯Â» (Actes 15:10; Actes 15:11).
Bientôt après, Pierre vient à Antioche⦠A-t-il changé de conviction ? Non, puisque sa conduite judaïsante est déclarée une hypocrisie. Enseigne-t-il une doctrine contraire à celle de Paul sur la loi et sur la grâce ? Nullement, pas plus quâil ne professait une théorie de la trahison lorsquâil renia son Maître dans la cour de Caïphe. Ici, comme alors, il commet une faute, un péché, et par la même faiblesse de son cÅur : la crainte des hommes, ainsi que Paul le déclare positivement (Actes 15:12).
En principe, les deux apôtres sont parfaitement dâaccord, ils professent la même vérité; mais dans la conduite, Pierre est un moment inconséquent à cette doctrine. Il succombe à une tentation vers laquelle inclinait son caractère naturel, et Paul lâen reprend : voilà tout le sens de cet événement. Or, nul dans lâÃglise, même en admettant complètement lâautorité apostolique, nâa jamais songé à revendiquer pour les apôtres lâimpeccabilité (comparer Actes 15:39; Actes 23:3 et suivants).
UN SEUL a eu le droit de dire : «â¯Qui de vous me convaincra de péché ?â¯Â» Au reste, Pierre pouvait dâautant plus facilement se faire illusion sur la portée et les conséquences de sa faiblesse en cette occasion, que les observances de la loi étaient alors encore religieusement gardées par tous les chrétiens de la Palestine, et que Paul lui-même ne se faisait pas le moindre scrupule de sây soumettre lorsque les circonstances lui garantissaient que la doctrine du salut par grâce nâen recevrait aucun dommage (comparer versets 3-5, note, et surtout Actes 21:20 et suivants, note.).
Enfin, tout porte à croire que Pierre reconnut son erreur, et ainsi il ne fut pas moins admirable dans son humilité, que Paul dans son zèle énergique pour la vérité : souffrir la répréhension est plus difficile encore que de la faire. Et voilà lâhomme dont on a voulu faire le prince des apôtres et le premier des papes ! Ce pape aurait donc été moins infaillible que ses successeurs. Il est vrai que pour se mettre à lâaise on a commencé par accréditer lâinvention quâil ne sâagit point, dans ce chapitre, de lâapôtre Pierre, mais de quelque disciple portant le même nom !
Avant lâarrivée des judaïsants, Pierre, bien que Juif de naissance, vivait à la manière des païens convertis, câest-à -dire, quâil mangeait avec eux (verset 12) et ne sâastreignait plus aux prescriptions de la loi. Dieu lui-même lâavait conduit dans cette voie (Actes 10) et telle avait été dès lors, on peut le supposer, sa pratique habituelle.
Mais, depuis que les envoyés de Jacques sont à Antioche, il se met à observer rigoureusement la loi : câétait proclamer que cette observation était nécessaire au salut, et obliger, moralement, par lâautorité de son exemple, les chrétiens dâAntioche, sortis du paganisme, à judaïser. Tel est le reproche de Paul. Après lâavoir exprimé, il le motive, dans les versets suivants, par lâexposition de la doctrine quâil sâagissait de préserver intacte.
Après avoir lu Romains 3:9, nul ne saurait être tenté dâinterpréter ici les paroles de lâapôtre comme sâil voulait dire que les Juifs ne sont pas des pécheurs. Ce serait même directement lâopposé de sa pensée, puisquâil déclare précisément quâeux, Juifs de naissance, ne peuvent être justifiés par les Åuvres de la loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ (verset 16).
Et si pour eux, Juifs de naissance, il nây avait pas dâautre moyen de salut, combien moins pour les pécheurs dâentre les païens, que les faux docteurs, et Pierre lui-même en judaïsant, voulaient ramener sous le joug de la loi !
Romains 3:20. La doctrine fondamentale de la justification du pécheur par la foi seule, sans les Åuvres de la loi, a été exposée par lâapôtre dans Romains 1:17 à Romains 5 (voir les notes, et comparez ci-dessous les Galates 3 et Galates 5).
Ces paroles (versets 15, 16) prouvent que Paul est convaincu de trouver en Pierre la doctrine quâil professait lui-même, car ces mots : nous, Juifs de naissance, sachant, etc., embrassent lâun et lâautre (comparer verset 13, note.).
Or, la vue de Juifs répudiant toute confiance pour le salut dans les Åuvres de la loi, et sâappuyant uniquement sur la foi en Jésus-Christ, devait faire une profonde impression sur les païens convertis que de faux docteurs avaient, en partie, ramenés sous la loi. Il importait donc dâautant plus que lâexemple de Pierre à Antioche ne vint pas affaiblir cette impression et troubler la foi que Paul avait prêchée.
Paul continue sa démonstration sans indiquer si ces paroles font encore partie du discours adressé à Pierre, (verset 14) ou sâil se tourne maintenant vers les Galates. Quelques exégètes bornent (à tort) ce discours au verset 14; dâautres lâétendent jusquâau verset 16; dâautres, jusquâà la fin du chapitre.
Peu importe pour le sens. Mais câest ce sens même qui, ici, (versets 17, 18) a donné lieu à des interprétations très diverses.
Au premier abord, on serait tenté dâappliquer ces paroles à la sanctification, plutôt quâà la justification, et de les entendre ainsi : «â¯Si nous, qui admettons le salut de lâhomme par la foi en Christ, restons pourtant dans la péché (péché actuel et corruption), ne faisons-nous pas de Christ le ministre du péché ? Nâest-ce pas dire quâil lâautorise ? Loin de nous ce blasphème ! car, si je rebâtis précisément ce que jâai voulu détruire, une liberté charnelle; si je dis : péchons afin que la grâce abonde, câest moi, moi-même qui suis un transgresseurâ¯Â»â¯!
Mais cette interprétation nâentre point dans lâensemble du raisonnement de Paul, qui, évidemment, discute deux moyens opposés de justification : la foi en Christ et les Åuvres de la loi.
Voici donc plutôt ce quâil veut dire : Si nous, Juifs, qui avons reconnu que nous ne pouvons être justifiés par les Åuvres de la loi (versets 15, 16) et qui cherchons à lâêtre en Christ, par la foi en son nom, nous étions encore, nous aussi, trouvés pécheurs (comme ces pécheurs dâentre les païens verset 15), câest-à -dire non justifiés, sans justice, et quâainsi notre foi en Christ se fût montrée insuffisante et vaine, alors Christ serait donc un ministre du péché (et non de la justice) ? il serait cause que, pour lui, nous avons renonce à la justice de la loi, et il nous laisserait dans le péché et la condamnation ? Loin de nous cette pensée, ce blasphème ! Car, si (comme Pierre voudrait le faire en judaïsant) je rebâtis les choses que jâai détruites, câest-à -dire la loi, la justice par les Åuvres, bien loin que Christ soit ministre du péché, câest moi-même qui me constitue (ou Grec : «â¯me recommandeâ¯Â», avec ironie) comme un transgresseur.
Comment ? Parce que je recours de nouveau à cette loi que jâai violée, qui me condamne, et que moi-même jâai transgressée encore en ne lâobservant plus, en la rejetant.
Cela dit, lâapôtre poursuit son argumentation et prouve (verset 19) quâil nây a rien de fondé dans la supposition quâil vient de faire, mais que la loi a accompli son Åuvre en lui dâune manière bien plus profonde, jusquâà ce quâil ait trouvé ailleurs une vraie justice, une vie nouvelle.
Ceux qui séduisaient les Galates ne prétendaient pas, sans doute, quâils dussent absolument renier Christ et renoncer à la foi en lui comme moyen de salut; mais semblables à des milliers de chrétiens de nos jours, spécialement au sein du catholicisme, ils cherchaient le salut à la fois dans les Åuvres de lâhomme et dans lâÅuvre de Christ. Or, lâapôtre déclare partout, et avec la plus grande énergie, que ces deux moyens sâexcluent et quâil faut choisir entre la loi et la grâce (comparer Galates 3 et Galates 5:2-4).
Que veulent dire ces mots : Par la loi je suis mort à la loi, au moyen desquels lâapôtre motive la déclaration qui précède ?
Augustin répond :
Il y a du vrai dans cette double interprétation mais elle ne va pas au fond des paroles de lâapôtre. Il faut en chercher le commentaire dans Romains 7:7-12. Câest là quâil nous apprend comment la loi reconnue et sentie dans toute sa spiritualité et son inviolable sainteté, accuse, condamne et tue le pécheur en rendant «â¯le péché excessivement péchantâ¯Â». Par la loi il meurt à la loi quâil désespère dâaccomplir jamais; il meurt en même temps à lui-même et à toute propre justice, et il se sent forcé de chercher ailleurs sa vie.
Cette expérience douloureuse, Paul lâa faite en particulier au moment de sa conversion, quand il vit sâécrouler tout lâédifice de sa justice légale. Si jamais il y eut un homme mort, ce fut Saul de Tarse après lâapparition de Jésus. Dans cette situation sans issue et désespérée, à laquelle lâa réduit la loi et le zèle même quâil a montré pour lui obéir, dans cet état de mort se présente à lui la foi en Christ, qui le justifie et le vivifie, afin que désormais il vive à Dieu, câest-à -dire en Dieu et pour Dieu.
Dès lors il accompli la loi dans une vie nouvelle, parce quâil connaît lâobéissance de lâamour : la loi est «â¯Ã©crite dans son cÅurâ¯Â». Les paroles qui suivent et qui ne font que développer celles-ci, ne laissent aucun doute sur leur vrai sens (verset 20).
Comparer sur cette profonde union du chrétien avec son Sauveur Romains 6:3 et suivants, notes, et 2 Corinthiens 5:14; 2 Corinthiens 5:15, notes.
La foi nous transplante si bien en Christ, que sa mort et sa vie deviennent notre mort et notre vie. Le crucifiement du Sauveur se reproduit dans son racheté par les renoncements douloureux et la mort graduelle du vieil homme, de ce moi que Paul nomme ici comme ne vivant plus.
Mais par lâunion du racheté avec son Sauveur, Christ ressuscite en lui, créant en lui le nouvel homme; le croyant sâapproprie par la foi le Sauveur ressuscité et vivant, et sâidentifie avec lui. Christ vit en moi, peut-il dire. Il vit bien encore maintenant dâune vie terrestre (dans la chair); mais sâil est obligé de continuer à vivre de cette vie, il ne vit plus que dans la foi au Fils de Dieu, cette foi qui est comme lâélément dans lequel il respire, la source et la condition de son existence nouvelle.
Et comment nommer ce Fils de Dieu sans rappeler lâimmense amour par lequel il sâest donné lui-même pour nous faire part de sa vie ! Pour Paul, cet amour est devenu tout personnel : mâa aimé, sâest donné pour moi.
Rien de plus concluant que ce dilemme : Ãtre sauvé par grâce, ou rejeter la grâce; et alors Christ serait mort en vain. Raisonnement ab imposibili, observe Erasme.