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Tuesday, November 5th, 2024
the Week of Proper 26 / Ordinary 31
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-21
3>1 à 10 Comment Paul fut amené à faire connaître son ministère par les apôtres de Jérusalem
Cet ensuite correspond à celui de Galates 1:18, comme celui-ci continuait le récit du verset 15 et suivants L’un et l’autre peuvent avoir pour point de départ l’époque de la conversion de Paul. Si au contraire ils sont successifs, selon l’opinion de quelques interprètes, ces quatorze ans nous reporteraient à la dix-septième année après sa conversion. Il est donc très difficile de déterminer lequel de ses voyages à Jérusalem l’apôtre a ici en vue.
L’opinion des interprètes varie entre les trois rapportés par Luc dans les Actes, (Actes 11:29; Actes 11:30) et les circonstances historiques, pour autant qu’elles nous sont connues, ne s’adaptent parfaitement à aucun des trois. Gerlach admet le voyage de Actes 18; il y a beaucoup plus de probabilités en faveur de celui de Actes 15, c’est-à-dire que cette conférence de Paul avec les apôtres de Jérusalem serait ce qu’on a appelé le concile apostolique.
En plaçant, comme on le fait d’ordinaire, la conversion de Paul en l’année 36 de notre ère, et en comptant les quatorze ans à dater de cette conversion, on arrive à l’an 50, généralement admis comme l’époque du concile apostolique. S’il en est ainsi, il ne faudrait donc pas entendre les premiers mots de notre chapitre comme si Paul voulait dire qu’il n’a point fait de voyage à Jérusalem avant cette époque, puisque lui-même vient d’en rappeler un, (Galates 1:18) et que Luc en rapporte deux antérieurs (Actes 9; Actes 11 Comparer Actes 11:30, note.).
Ce qui importe ici à notre apôtre, c’est de bien constater ces deux faits :
C’est pour cela encore qu’il rappelle ici qu’il était accompagné dans ce voyage par deux de ses compagnons d’œuvre, Barnabas et Tite, dont l’un était d’origine israélite, l’autre né païen. En prenant ce dernier avec lui, il voulait tenter une épreuve décisive : si Tite était traité comme un frère par les chrétiens de Jérusalem, reçu dans leurs assemblées, leurs agapes, la cause des païens était gagnée, et Paul ramenait avec lui à Antioche la preuve vivante de sa victoire (comparer verset 3, note.).
Cette circonstance n’est pas rapportée dans le livre des Actes; mais Paul reçut une révélation d’en haut qui lui confirma la résolution de toute l’Église d’Antioche, (Actes 15:1; Actes 15:2, note) ou bien cette résolution elle-même fut prise par une direction spéciale de Dieu.
Cette désignation des apôtres, répétée ici plusieurs fois (verset 6 et 9), était sans doute employée avec une affectation marquée par ceux qui opposaient l’autorité de ces apôtres à celle de Paul. Il devait donc tenir d’autant plus à leur exposer dans le particulier, à part de tous les autres, la manière dont il prêchait l’Évangile.
Paul, arrivé à Jérusalem, exposa à ses compagnons d’œuvre dans l’apostolat l’Évangile qu’il prêchait et la manière dont il le prêchait, non pour demander leur approbation ou leur autorisation, ce qui serait en contradiction avec l’indépendance de son ministère, qu’il veut précisément démontrer ici; mais il chercha, par un humble amour de la paix et dans l’intérêt de l’Évangile, à établir son parfait accord avec eux, afin que, d’une part, les faux docteurs ne pussent plus s’appuyer de leur autorité ou même prétendre avoir été envoyés par eux, pour rétablir le règne de la loi; et que, d’autre part, il ne surgît pas des malentendus réels entre lui et les autres apôtres. Dans les deux cas l’action de Paul aurait été entravée; il pouvait craindre d’avoir couru en vain.
Sérieux enseignement sur l’importance de maintenir l’unité et l’harmonie entre les serviteurs de Dieu qui travaillent dans les diverses parties de son règne !
Si l’on se représente les préjugés judaïques qui régnaient encore parmi les chrétiens de Jérusalem (par exemple Actes 11:1 et suivants), on conviendra qu’il devait leur paraître fort étrange de voir un incirconcis compagnon d’œuvre de notre apôtre.
Et cependant tous reconnurent sa liberté d’action, au point de ne pas exiger la circoncision de Tite, que Paul n’aurait sûrement pas accordée en ces circonstances, bien que lui-même ait fait peu après circoncire Timothée (Actes 16:3, note.).
Il n’attachait aucune importance à ces cérémonies de la loi, pourvu qu’on ne s’en autorisât pas pour affaiblir ou ruiner la doctrine du salut par grâce; mais dans ce cas, il s’y opposait avec la plus grande énergie (comparer Galates 5:3-6, note.).
Ces deux versets (versets 4, 5) donnent la raison pour laquelle Tite ne fut point circoncis : à cause des faux frères, qui, imbus de préjugés pharisaïques, s’étaient glissés dans l’assemblée et cherchaient, précisément dans la sainte liberté chrétienne que donne la justification par la foi seule, un prétexte pour attaquer l’Évangile de Paul.
« En toute autre circonstance, semble dire l’apôtre, nous n’eussions fait aucune difficulté à l’égard de Tite; mais alors ni les apôtres de Jérusalem, ni nous ne leur cédâmes, même pour un instant » Leur céder n’eût point été supporter des frères faibles, ni renoncer volontairement et par charité à une liberté légitime, comme notre apôtre lui-même le recommande instamment (Romains 14; 1 Corinthiens 8; 1 Corinthiens 9 Romains 15:1-3);; mais c’eût été renier la vérité, une doctrine fondamentale de l’Évangile, et remettre les chrétiens, surtout les païens convertis, sous le joug de la loi.
Cette admirable distinction que Paul faisait ainsi, est de la plus haute importance et d’une application journalière de notre temps encore. Lorsqu’il s’agissait de chrétiens faibles, peu éclairés, timorés dans leur observance de la loi (dont ils ne faisaient point une condition du salut, mais par laquelle ils cherchaient à obéir à Dieu selon leurs lumières), l’apôtre commandait le support et déclarait lui-même qu’il se faisait Juif avec les Juifs, tout à tous, (1 Corinthiens 9:20-22) parce qu’il espérait par là les amener à une plus grande liberté, tandis qu’il aurait craint de les éloigner en les heurtant ou en leur imposant plus d’indépendance que n’en comportait leur connaissance ou leur foi.
Mais quand des hommes s’érigeaient orgueilleusement en docteurs, enseignaient la nécessité d’observer la loi pour être sauvé, et renversaient ainsi la grande doctrine de la justification par la foi, alors Paul, et avec lui les autres apôtres, ne leur cédaient point, pas même une heure, pour se soumettre à eux (Actes 16:3, note; Romains 14:1-4, note.). Sans quoi la vérité de l’Évangile, loin d’être maintenue, aurait certainement péri.
Paul vient de dire de quelle manière il maintient la vérité vis-à-vis des faux frères. « Quant aux apôtres eux-mêmes les plus considérés (Grec : » considérés comme étant quelque chose« de grand) pour quelque estimés qu’ils soient ou qu’ils méritent d’être, peu importe, je conserve toute mon indépendance à leur égard, par la simple raison que Dieu n’a pas égard à l’apparence (Grec : » au visage« ) de l’homme ».
Personne, pas même Pierre, Jean, ni Jacques, ne jouit d’une faveur spéciale de Dieu, de telle sorte que Dieu soit dépendant de lui et qu’on puisse dire : ce qui ne vient pas de lui est sans valeur. Pierre n’est pas plus grand devant Dieu qu’un autre et, dans la balance divine, il ne pèse pas plus que Paul. Pierre a suivi Jésus depuis le Jourdain jusqu’en Golgotha; il n’en résulte pas que Dieu doive tout accomplir par lui et ne puisse choisir Paul pour instrument… L’apôtre s’exprime sur ce ton tranchant, parce qu’il combat des gens qui, par leur attachement à l’homme, lui attribuent en propre l’honneur qui lui est seulement prêté par Dieu. Il demande qu’on ne fasse pas d’un apôtre, fût-ce de Pierre, plus qu’un homme.
Luther disait : « Ma personne importe peu; Dieu saura bien créer dix docteurs Martin », Paul dit de même de Pierre, Jacques et Jean :
Et eux, en toute humilité partageaient son sentiment, puisqu’il peut ajouter : ils ne m’ont rien imposé ou (Grec :) « communiqué de plus, ajouté », quant à la doctrine ou à l’exercice de l’apostolat. Il faut remarquer du reste que ces paroles un peu rudes ne s’adressaient pas aux apôtres, mais aux faux docteurs qui usaient et abusaient de leur nom pour s’opposer à Paul.
Et c’est en cela même, dans cette « démonstration d’esprit et de puissance » que les apôtres de Jérusalem durent nécessairement reconnaître le sceau de Dieu sur le ministère de Paul. Du reste, ces deux champs de travail assignés ici à Pierre et à Paul, n’étaient point délimités d’une manière absolue; les premiers païens furent amenés à l’Évangile par Pierre, (Actes 10) et Paul, dans tous ses voyages missionnaires, prêchait d’abord dans les synagogues.
Mais il reste vrai que dès sa conversion, (Actes 9:15) et plus tard encore, (Actes 22:17-21) Paul avait reçu pour mission spéciale l’évangélisation des païens, ce qui fut en effet l’œuvre de sa vie. Cette mission, venant directement du Seigneur, ne pouvait pas être méconnue de ses frères dans l’apostolat.
Pierre (comparer Jean 1:42; Matthieu 16:18).
Grec : « Les mains droites de communion ». Tous, en leur donnant la main d’association, les reconnurent solennellement comme étant leurs compagnons d’œuvre et travaillant dans la même communion fraternelle, qui procède de l’union de chaque membre avec le Sauveur (comparer Actes 15). Le récit de Luc se trouve ainsi complété par ces paroles de Paul.
Si les apôtres eux-mêmes mettaient tant d’importance à être reconnus par leurs condisciples dans la communion de l’Église, combien plus les autres serviteurs de Dieu doivent-ils y tenir, dans l’intérêt de l’unité et de la charité ! S’isoler, se fractionner à l’infini, ne vouloir que des églises et oublier l’Église, n’est point un fruit de l’Esprit de Dieu.
Plusieurs passages de ses lettres montrent, en effet, avec quel soin Paul remplissait cette recommandation de l’Église. Ce devoir lui était dicté du reste par sa charité (voir Actes 11:30; Romains 15:25; 1 Corinthiens 16:1-4; 2 Corinthiens 8; 2 Corinthiens 9).
Le soin des pauvres, des malades, de tous les êtres souffrants, fut, dès l’origine, non seulement un fruit de l’amour chrétien, mais un lien puissant entre les Églises judéo-chrétiennes et celles qui sortaient du paganisme. Ce moyen, constamment joint à la prédication de l’Évangile, sera, de nos jours encore, le plus puissant pour ramener à Jésus-Christ une génération qui s’éloigne de lui.
Plan
3>II. Quatrième preuve : Paul résiste à Céphas
Pierre étant arrivé à Antioche, je lui résistai, parce que, sous l’influence d’émissaires venus de Judée, il se retirait des frères convertis du paganisme, ne voulant plus manger avec eux, et parce que l’exemple de cette dissimulation était suivi par d’autres (11-14).
Nous-mêmes, Juifs, renonçant à être justifiés par les œuvres de la loi, nous avons cru en Jésus-Christ, pour l’être par la foi en lui ; si donc, en cherchant cette justification, nous montrons par notre conduite que nous ne l’avons point obtenue, est-ce la faute de Christ ? Non ! car si je reconstruis le faux système de la propre justice, c’est moi qui me constitue transgresseur (15-18).
Mais il n’en est point ainsi ; car par la loi je suis mort à la loi ; crucifié avec Christ, c’est lui qui vit en moi après s’être donné pour moi ; rejeter cette grâce, revenir à la loi, ce serait dire que Christ est mort en vain (19-21).
11 à 21 Paul résiste à Céphas
Antioche de Syrie, siège d’une Église nombreuse, composée en grande partie de païens convertis (comparer Actes 13:1 et suivants). Paul était retourné à Antioche après le concile de Jérusalem (Actes 15:33-35). L’époque où Pierre y vint n’est pas indiquée, mais il est probable que ce fut plus tard, pendant un séjour que Paul fit à Antioche entre son second et son troisième voyage missionnaire (Actes 18:22; Actes 18:23, notes.)
On peut traduire plus exactement : « Parce qu’il était blâmé, accusé », ou même « condamné », sans doute par des chrétiens d’Antioche que sa conduite scandalisait. Les versets suivants montrent à quel sujet. Paul raconte cet événement pour convaincre d’autant mieux les Galates de l’indépendance de son apostolat, et de l’importance qu’ils devaient attacher à la doctrine fondamentale de la justification par la foi seule. Ce récit complète celui qui précède et forme l’introduction la plus naturelle à la partie de l’épître qui va exposer de nouveau la grande doctrine en question.
Mangeait avec les chrétiens convertis du paganisme, c’est-à-dire vivait en communion avec eux (Luc 15:2). C’est cette liberté qui choquait les chrétiens judaïsants, (Actes 11:3) et cela surtout parce que, dans leurs repas et leur alimentation, les païens n’observaient pas les dispositions de la loi mosaïque et de la tradition juive (comparer Lévitique 11; Actes 15:20; Actes 15:28-29; Marc 7:1 et suivants).
Il n’est point dit dans quel but ces quelques-uns venaient (de Jérusalem à Antioche) de la part de Jacques; il est douteux qu’ils fussent chargés par cet apôtre d’agir dans un esprit judaïsant; car, bien que lui-même observât la loi, il avait positivement reconnu le ministère de Paul parmi les païens (verset 9; comparez Actes 15:13 et suivants).
Quoi qu’il en soit, c’est sous l’influence de ces personnes, venues de la Judée, que Pierre s’esquivait et se tenait à l’écart momentanément et affectait un judaïsme qui, sous l’autorité et par l’exemple d’un si grand apôtre, pouvait exercer au sein de l’Église une influence pernicieuse sur la doctrine même. Le verset verset 13 en fournit la preuve. Le motif d’une telle conduite, indiqué verset 12, était tout à fait en harmonie avec le caractère de ce disciple : Pierre fut entraîné par cette crainte des hommes qui avait naguère causé son reniement.
Grec : « Et les autres Juifs usèrent d’hypocrisie avec lui, en sorte que Barnabas fut entraîné dans leur hypocrisie ».
Il ne faut rien retrancher de la force de ces expressions, car, tout en aggravant la faute de Pierre, elles réfutent à l’avance les conséquences erronées qu’on pourrait tirer, et qu’on a souvent essayé en effet de déduire de cette faute. « Où est, a-t-on dit, l’unité de doctrine dans les apôtres ? Où est leur autorité absolue dans les vérités du salut ? Voici deux des plus grands apôtres en flagrante contradiction sur le point le plus important de la doctrine ».
Il n’y a rien dans ce récit qui donne lieu à ces conclusions, ni qui rende nécessaires les hypothèses auxquelles on a eu recours pour l’expliquer, ni qui justifie une théorie de l’inspiration d’après laquelle les écrits seuls des auteurs sacrés auraient été inspirés et non leur personne et leur enseignement oral.
En effet, c’est à Pierre lui-même que fut révélée d’abord la grande vérité du salut des païens par la foi sans les œuvres de la loi (Actes 10). Devenu le premier héraut de cette vérité, et, à cause de cela, accusé par les chrétiens judaïsants de Jérusalem, il se justifie devant tous, s’appuyant de la révélation expresse de Dieu et du don du Saint-Esprit accordé aux païens convertis (Actes 11). Enfin la question est solennellement portée par Paul et Barnabas devant les apôtres et l’Église de Jérusalem, (Actes 15) et c’est Pierre qui, le premier, prend la parole et défend avec énergie la liberté chrétienne de ceux que Dieu a appelés à la foi du sein du paganisme. « Maintenaient donc, conclut-il, pourquoi tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, de même qu’eux » (Actes 15:10; Actes 15:11).
Bientôt après, Pierre vient à Antioche… A-t-il changé de conviction ? Non, puisque sa conduite judaïsante est déclarée une hypocrisie. Enseigne-t-il une doctrine contraire à celle de Paul sur la loi et sur la grâce ? Nullement, pas plus qu’il ne professait une théorie de la trahison lorsqu’il renia son Maître dans la cour de Caïphe. Ici, comme alors, il commet une faute, un péché, et par la même faiblesse de son cœur : la crainte des hommes, ainsi que Paul le déclare positivement (Actes 15:12).
En principe, les deux apôtres sont parfaitement d’accord, ils professent la même vérité; mais dans la conduite, Pierre est un moment inconséquent à cette doctrine. Il succombe à une tentation vers laquelle inclinait son caractère naturel, et Paul l’en reprend : voilà tout le sens de cet événement. Or, nul dans l’Église, même en admettant complètement l’autorité apostolique, n’a jamais songé à revendiquer pour les apôtres l’impeccabilité (comparer Actes 15:39; Actes 23:3 et suivants).
UN SEUL a eu le droit de dire : « Qui de vous me convaincra de péché ? » Au reste, Pierre pouvait d’autant plus facilement se faire illusion sur la portée et les conséquences de sa faiblesse en cette occasion, que les observances de la loi étaient alors encore religieusement gardées par tous les chrétiens de la Palestine, et que Paul lui-même ne se faisait pas le moindre scrupule de s’y soumettre lorsque les circonstances lui garantissaient que la doctrine du salut par grâce n’en recevrait aucun dommage (comparer versets 3-5, note, et surtout Actes 21:20 et suivants, note.).
Enfin, tout porte à croire que Pierre reconnut son erreur, et ainsi il ne fut pas moins admirable dans son humilité, que Paul dans son zèle énergique pour la vérité : souffrir la répréhension est plus difficile encore que de la faire. Et voilà l’homme dont on a voulu faire le prince des apôtres et le premier des papes ! Ce pape aurait donc été moins infaillible que ses successeurs. Il est vrai que pour se mettre à l’aise on a commencé par accréditer l’invention qu’il ne s’agit point, dans ce chapitre, de l’apôtre Pierre, mais de quelque disciple portant le même nom !
Avant l’arrivée des judaïsants, Pierre, bien que Juif de naissance, vivait à la manière des païens convertis, c’est-à-dire, qu’il mangeait avec eux (verset 12) et ne s’astreignait plus aux prescriptions de la loi. Dieu lui-même l’avait conduit dans cette voie (Actes 10) et telle avait été dès lors, on peut le supposer, sa pratique habituelle.
Mais, depuis que les envoyés de Jacques sont à Antioche, il se met à observer rigoureusement la loi : c’était proclamer que cette observation était nécessaire au salut, et obliger, moralement, par l’autorité de son exemple, les chrétiens d’Antioche, sortis du paganisme, à judaïser. Tel est le reproche de Paul. Après l’avoir exprimé, il le motive, dans les versets suivants, par l’exposition de la doctrine qu’il s’agissait de préserver intacte.
Après avoir lu Romains 3:9, nul ne saurait être tenté d’interpréter ici les paroles de l’apôtre comme s’il voulait dire que les Juifs ne sont pas des pécheurs. Ce serait même directement l’opposé de sa pensée, puisqu’il déclare précisément qu’eux, Juifs de naissance, ne peuvent être justifiés par les œuvres de la loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ (verset 16).
Et si pour eux, Juifs de naissance, il n’y avait pas d’autre moyen de salut, combien moins pour les pécheurs d’entre les païens, que les faux docteurs, et Pierre lui-même en judaïsant, voulaient ramener sous le joug de la loi !
Romains 3:20. La doctrine fondamentale de la justification du pécheur par la foi seule, sans les œuvres de la loi, a été exposée par l’apôtre dans Romains 1:17 à Romains 5 (voir les notes, et comparez ci-dessous les Galates 3 et Galates 5).
Ces paroles (versets 15, 16) prouvent que Paul est convaincu de trouver en Pierre la doctrine qu’il professait lui-même, car ces mots : nous, Juifs de naissance, sachant, etc., embrassent l’un et l’autre (comparer verset 13, note.).
Or, la vue de Juifs répudiant toute confiance pour le salut dans les œuvres de la loi, et s’appuyant uniquement sur la foi en Jésus-Christ, devait faire une profonde impression sur les païens convertis que de faux docteurs avaient, en partie, ramenés sous la loi. Il importait donc d’autant plus que l’exemple de Pierre à Antioche ne vint pas affaiblir cette impression et troubler la foi que Paul avait prêchée.
Paul continue sa démonstration sans indiquer si ces paroles font encore partie du discours adressé à Pierre, (verset 14) ou s’il se tourne maintenant vers les Galates. Quelques exégètes bornent (à tort) ce discours au verset 14; d’autres l’étendent jusqu’au verset 16; d’autres, jusqu’à la fin du chapitre.
Peu importe pour le sens. Mais c’est ce sens même qui, ici, (versets 17, 18) a donné lieu à des interprétations très diverses.
Au premier abord, on serait tenté d’appliquer ces paroles à la sanctification, plutôt qu’à la justification, et de les entendre ainsi : « Si nous, qui admettons le salut de l’homme par la foi en Christ, restons pourtant dans la péché (péché actuel et corruption), ne faisons-nous pas de Christ le ministre du péché ? N’est-ce pas dire qu’il l’autorise ? Loin de nous ce blasphème ! car, si je rebâtis précisément ce que j’ai voulu détruire, une liberté charnelle; si je dis : péchons afin que la grâce abonde, c’est moi, moi-même qui suis un transgresseur » !
Mais cette interprétation n’entre point dans l’ensemble du raisonnement de Paul, qui, évidemment, discute deux moyens opposés de justification : la foi en Christ et les œuvres de la loi.
Voici donc plutôt ce qu’il veut dire : Si nous, Juifs, qui avons reconnu que nous ne pouvons être justifiés par les œuvres de la loi (versets 15, 16) et qui cherchons à l’être en Christ, par la foi en son nom, nous étions encore, nous aussi, trouvés pécheurs (comme ces pécheurs d’entre les païens verset 15), c’est-à-dire non justifiés, sans justice, et qu’ainsi notre foi en Christ se fût montrée insuffisante et vaine, alors Christ serait donc un ministre du péché (et non de la justice) ? il serait cause que, pour lui, nous avons renonce à la justice de la loi, et il nous laisserait dans le péché et la condamnation ? Loin de nous cette pensée, ce blasphème ! Car, si (comme Pierre voudrait le faire en judaïsant) je rebâtis les choses que j’ai détruites, c’est-à-dire la loi, la justice par les œuvres, bien loin que Christ soit ministre du péché, c’est moi-même qui me constitue (ou Grec : « me recommande », avec ironie) comme un transgresseur.
Comment ? Parce que je recours de nouveau à cette loi que j’ai violée, qui me condamne, et que moi-même j’ai transgressée encore en ne l’observant plus, en la rejetant.
Cela dit, l’apôtre poursuit son argumentation et prouve (verset 19) qu’il n’y a rien de fondé dans la supposition qu’il vient de faire, mais que la loi a accompli son œuvre en lui d’une manière bien plus profonde, jusqu’à ce qu’il ait trouvé ailleurs une vraie justice, une vie nouvelle.
Ceux qui séduisaient les Galates ne prétendaient pas, sans doute, qu’ils dussent absolument renier Christ et renoncer à la foi en lui comme moyen de salut; mais semblables à des milliers de chrétiens de nos jours, spécialement au sein du catholicisme, ils cherchaient le salut à la fois dans les œuvres de l’homme et dans l’œuvre de Christ. Or, l’apôtre déclare partout, et avec la plus grande énergie, que ces deux moyens s’excluent et qu’il faut choisir entre la loi et la grâce (comparer Galates 3 et Galates 5:2-4).
Que veulent dire ces mots : Par la loi je suis mort à la loi, au moyen desquels l’apôtre motive la déclaration qui précède ?
Augustin répond :
Il y a du vrai dans cette double interprétation mais elle ne va pas au fond des paroles de l’apôtre. Il faut en chercher le commentaire dans Romains 7:7-12. C’est là qu’il nous apprend comment la loi reconnue et sentie dans toute sa spiritualité et son inviolable sainteté, accuse, condamne et tue le pécheur en rendant « le péché excessivement péchant ». Par la loi il meurt à la loi qu’il désespère d’accomplir jamais; il meurt en même temps à lui-même et à toute propre justice, et il se sent forcé de chercher ailleurs sa vie.
Cette expérience douloureuse, Paul l’a faite en particulier au moment de sa conversion, quand il vit s’écrouler tout l’édifice de sa justice légale. Si jamais il y eut un homme mort, ce fut Saul de Tarse après l’apparition de Jésus. Dans cette situation sans issue et désespérée, à laquelle l’a réduit la loi et le zèle même qu’il a montré pour lui obéir, dans cet état de mort se présente à lui la foi en Christ, qui le justifie et le vivifie, afin que désormais il vive à Dieu, c’est-à-dire en Dieu et pour Dieu.
Dès lors il accompli la loi dans une vie nouvelle, parce qu’il connaît l’obéissance de l’amour : la loi est « écrite dans son cœur ». Les paroles qui suivent et qui ne font que développer celles-ci, ne laissent aucun doute sur leur vrai sens (verset 20).
Comparer sur cette profonde union du chrétien avec son Sauveur Romains 6:3 et suivants, notes, et 2 Corinthiens 5:14; 2 Corinthiens 5:15, notes.
La foi nous transplante si bien en Christ, que sa mort et sa vie deviennent notre mort et notre vie. Le crucifiement du Sauveur se reproduit dans son racheté par les renoncements douloureux et la mort graduelle du vieil homme, de ce moi que Paul nomme ici comme ne vivant plus.
Mais par l’union du racheté avec son Sauveur, Christ ressuscite en lui, créant en lui le nouvel homme; le croyant s’approprie par la foi le Sauveur ressuscité et vivant, et s’identifie avec lui. Christ vit en moi, peut-il dire. Il vit bien encore maintenant d’une vie terrestre (dans la chair); mais s’il est obligé de continuer à vivre de cette vie, il ne vit plus que dans la foi au Fils de Dieu, cette foi qui est comme l’élément dans lequel il respire, la source et la condition de son existence nouvelle.
Et comment nommer ce Fils de Dieu sans rappeler l’immense amour par lequel il s’est donné lui-même pour nous faire part de sa vie ! Pour Paul, cet amour est devenu tout personnel : m’a aimé, s’est donné pour moi.
Rien de plus concluant que ce dilemme : Être sauvé par grâce, ou rejeter la grâce; et alors Christ serait mort en vain. Raisonnement ab imposibili, observe Erasme.