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Bible Commentaries
Luc 19

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-48

Plan du commentaire biblique de Luc 19

Zachée cherche à voir Jésus

Comme Jésus entre dans Jéricho, un chef des péagers, Zachée, cherche à le voir. En étant empêché par sa petite taille, il monte sur un sycomore (1-4).

Ses efforts récompensés

Jésus, arrivé près de l’arbre, lève les yeux et annonce à Zachée qu’il doit loger chez lui. Zachée le reçoit avec joie (5, 6).

Les murmures des assistants et la résolution de Zachée

L’entrée de Jésus chez un péager provoque les murmures des assistants. Zachée se présente devant le Seigneur et déclare sa résolution de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de restituer le quadruple (7, 8).

La déclaration de Jésus

Jésus déclare à son tour que le salut est entré ce jour même dans la maison de Zachée, car le fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui est perdu (9, 10).

Verset 1

Zachée (1-10)

Grec : Et étant entré, il traversait Jéricho.

Jéricho, ville célèbre dans l’Ancien Testament (Josué 2 et Josué 6), l’est devenue plus encore par la présence et les bienfaits du Sauveur, qui, à son passage par cette antique cité, rendit la lumière aux yeux fermés de l’aveugle (Luc 18.35 et suivants) et ouvrit les sources de la grâce et du salut à l’âme altérée d’un pauvre péager (versets 9 et 10).

Cette ville était située à deux lieues du Jourdain, que Jésus venait de traverser en quittant la Pérée et à sept lieues de Jérusalem, où il se rendait pour la dernière fois.

Anciennement elle occupait le centre d’une délicieuse oasis couverte d’une forêt de palmiers (Deutéronome 34.3) et de plantes aromatiques (le nom même de Jéricho signifie en hébreu bonne odeur). Nulle part on ne voit aujourd’hui d’une manière plus évidente les bouleversements qui ont dû se produire dans toute la Palestine.

Jéricho, à laquelle la Bible donne le nom de ville des palmiers, était entourée jadis d’une forêt de ces beaux arbres. On en voyait quelques-uns encore au commencement de ce siècle ; il n’y en a plus un seul aujourd’hui, il n’y a plus même de sycomore, comme celui sur lequel monta Zachée. Une tour carrée, de construction franque et aux trois quarts ruinée, un pauvre hameau fortifié par une clôture d’épines sèches, voilà tout ce qui reste aujourd’hui de Jéricho.— Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e édition, page 255

Zachée (en hébreu Zaccaï, pur, Esdras 2.9) est désigné comme chef des péagers, sans doute parce qu’il y avait à Jéricho un bureau de douanes romaines dont il était le chef. Cette ville était, en effet, une place de commerce et de transit entre l’Orient et l’Occident (voir, sur les péagers, Matthieu 5.46, note).

Sa vocation était devenue pour Zachée une source de richesses, dont il fera désormais un bon usage (verset 8) Son nom indique qu’il était d’origine juive.

Verset 3

Grec : et il cherchait à voir Jésus, quel il est.

Cette expression ne signifie point, comme le pensent plusieurs interprètes, que Zachée désirât seulement de démêler au milieu de la foule lequel était Jésus, ce qui ne dénoterait chez lui qu’une vaine curiosité.

Mais, ayant entendu parler de lui et sachant combien souvent il s’était montré plein de miséricorde pour les hommes de sa profession méprisée, il souhaitait avec ardeur d’avoir le bonheur de le voir de ses yeux et de retenir au moins les traits de sa physionomie (verset 4).

Verset 4

Le sycomore est un arbre dont les feuilles ressemblent à celles du mûrier et les fruits à des figues. Selon l’étymologie, ce mot signifie en effet figuier-mûrier.

Quoique cet arbre devienne assez grand en Orient, ses branches sont basses et s’étendent horizontalement, en sorte qu’il n’est pas difficile d’y monter.

La bienséance n’aurait pas permis à un homme considérable par sa position de monter sur un arbre, mais la foi a vaincu.— Bengel

Verset 5

Le texte reçu avec A et des majuscules ajoute : il le vit et

Jésus appelle Zachée par son nom. Le connaissait-il ? Ou avait-il entendu prononcer ce nom par la foule qui l’entourait ? Ce n’est pas impossible ; mais ce qui est beaucoup plus important que cette question, c’est le fait que « Celui qui connaissait par lui-même ce qui est dans l’homme » (Jean 2.25) avait lu dans le cœur de Zachée son ardent désir du salut ; il l’appelle par son nom pour répondre à sa foi naissante (verset 8, note).

Aujourd’hui, tel est le premier mot de cette phrase, comme au verset 9 ; Jésus met l’accent sur cet aujourd’hui, qui est pour Zachée le jour du salut.

Il faut que je demeure dans ta maison ; sur quoi se fonde cette nécessité ? D’une part, sur la volonté expresse et miséricordieuse de Dieu que Jésus veut accomplir avec amour ; d’autre part, sur le fait qu’il y a là une âme qui soupire après le salut. C’est ce que nous montre la joie avec laquelle Zachée reçut le Sauveur (verset 6).

Verset 7

Tous murmuraient ; même les disciples, comme le pense Calvin ? Cela n’est pas probable, après ce qu’ils avaient vu et entendu (Luc 15.1 et suivants) ; mais tandis que la foule à l’esprit pharisaïque manifestait son indignation, il pouvait rester chez les disciples mêmes une sorte d’étonnement en voyant leur Maître entrer chez un péager.

Un homme pécheur ne doit pas s’entendre en un sens général ; dans la pensée de ceux qui murmuraient, ce mot s’appliquait personnellement à Zachée en sa qualité de péager.

Verset 8

Zachée prend sans doute cette grande et sainte résolution sous l’impression que font sur lui la présence et les paroles de Jésus ; mais cette résolution, signe de son renoncement au monde, avait été préparée dans son cœur par la repentance et par l’ardent désir de connaître le Sauveur.

Et maintenant la joie qu’il éprouve de la faveur inespérée et imméritée que lui fait Jésus lui inspire un sacrifice libre, spontané.

En effet, l’expression : si j’ai fait tort, ne renferme pas un doute, mais bien plutôt une humble et délicate confession de tout ce qu’il y avait eu d’injuste dans sa conduite.

Quelques interprètes pensent que ces verbes au présent : je donne, je rends, expriment non une résolution actuelle mais une ligne de conduite adoptée et observée déjà auparavant. Ils entendent alors par la moitié de mes biens la moitié de mon revenu. Il ne nous parait pas que cette explication soit en harmonie avec l’ensemble du récit.

Verset 9

Jésus lui dit, à Zachée, bien que les paroles suivantes ne s’adressent pas directement à lui, mais qu’elles soient un témoignage que Jésus lui rend en réponse aux murmures blessants qui s’étaient élevés contre lui (verset 7).

Cette scène, dont Luc n’a pas précisé le lieu, se passa-t-elle tout entière devant la maison de Zachée, en présence de la foule qui murmurait contre lui ? Ce serait alors en présence de ce public peu bienveillant qu’il aurait pris son admirable résolution (verset 8) et que Jésus lui aurait adressé les paroles du verset 9. Enfin, ce serait devant ce même public que Jésus aurait prononcé la parabole des versets 11 et suivants ; puis il aurait poursuivi sa route vers Jérusalem (verset 28).

On ne voit pas, dans cette manière de comprendre l’enchaînement des faits, quand il serait entré dans la maison de Zachée et y aurait passé la nuit (verset 5). L’effusion de cœur à laquelle se livre Zachée perdrait beaucoup de sa spontanéité et de sa beauté, si elle était une sorte de justification en présence de ses accusateurs. Ce sont de tout autres pensées qui le préoccupent.

Une lecture attentive du récit nous en donne une idée différente : descendu en hâte de son sycomore, Zachée accompagne Jésus dans sa maison et c’est là évidemment qu’il le reçut avec joie (verset 6) Le verset 7 dit clairement que Jésus est entré dans cette maison. C’est là que le péager se présente devant le Seigneur, fait sa déclaration et entend de lui la parole du verset 9. Sans aucun doute, il a reçu aussi les disciples de Jésus et plusieurs de ceux qui le suivaient à Jérusalem, peut-être quelques personnes de sa connaissance.

En leur présence, durant les heures paisibles de la soirée, Jésus prononce ces paroles si encourageantes et si propres à exciter l’espérance du salut (versets 9 et 10), comme aussi la parabole qui suit et qui est destinée à tempérer cette espérance en montrant les conditions dans lesquelles le salut se réalisera. Enfin, c’est le lendemain, au matin, que Jésus poursuit sa route (verset 28).

Le salut, la délivrance du péché et de la mort, par la grâce de Dieu que Jésus annonçait et apportait. Ce salut est venu, il se réalise par la présence de Jésus, non seulement pour Zachée, mais pour sa maison, sa famille.

Jésus motive cette déclaration : parce que (grec conformément à ce que) ce pauvre péager est aux yeux de Jésus qui lit dans son cœur, aussi (aussi bien et mieux que ceux qui le méprisent) un fils d’Abraham. Il l’est, non seulement parce qu’il descend de lui, mais parce qu’il a la foi et l’obéissance du père des croyants.

Verset 10

Le fils de l’homme (voir, sur ce terme, Matthieu 8.20, note) est venu.

D’où ? Le Nouveau Testament tout entier et les synoptiques, non moins que Jean, répondent : Du sein de sa gloire éternelle (Jean 17.5).

Le but de sa venue nous est révélé dans cette double action, que Jésus a accomplie avec une tendre charité par sa vie et par sa mort : chercher et sauver ce qui est perdu. Les deux actes correspondent aux deux sens du mot perdu (Luc 15.6-24).

Cette révélation, consolante pour tout pécheur, dut l’être particulièrement pour Zachée, en ce moment solennel de sa vie, comme elle le devint plus tard pour Saul de Tarse, qui aimait à la rappeler (1 Timothée 1.15).

St cette déclaration a été prononcée par le Sauveur dans la circonstance où Matthieu la rapporte (Matthieu 18.11, voir la note), c’était la seconde fois qu’il la faisait entendre.

Verset 11

Introduction historique

Jésus prononce cette parabole pour calmer l’excitation que provoquaient dans son cortège l’approche de Jérusalem et l’attente de l’avènement immédiat du royaume de Dieu (11).

L’absence du maître

Un homme de haute naissance va dans un pays lointain recevoir l’investiture de la royauté. Il confie à dix de ses serviteurs dix mines à faire valoir par leur travail. Ses concitoyens envoient une ambassade à sa suite pour combattre ses prétentions à la royauté (12-14).

Le retour du maître et le jugement

  1. Les serviteurs fidèles récompensés. Le maître revient investi de la royauté et fait rendre compte aux serviteurs. L’un rapporte dix mines et reçoit dix villes ; l’autre rapporte cinq mines et reçoit cinq villes (15-19).
  2. Le serviteur infidèle condamné. Un serviteur vient, apportant sa mine cachée dans un linge. Il explique sa conduite par la crainte que lui inspire la sévérité de son maître. Le maître répond qu’il le juge sur cette parole : cette crainte devait le pousser à mettre l’argent à la banque. Il ordonne de lui ôter sa mine et de la donner à celui qui a dix mines, et, sur l’objection qu’on lui fait que ce serviteur a dix mines, il déclare qu’on donnera à celui qui a et qu’à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a (20-26).
  3. Le châtiment des ennemis. Le roi ordonne d’amener et d’égorger devant lui ceux qui n’ont pas voulu qu’il régnât sur eux (27).

Conclusion historique

Après ces paroles, Jésus marche en tête de son cortège, montant à Jérusalem (28).

La parabole de mines (11-28)

Dans ce dernier voyage vers Jérusalem, Jésus fut constamment suivi par de grandes foules (Luc 19.3 ; Luc 18.36), dont l’attente s’exaltait toujours plus à mesure qu’il approchait de la ville (versets 36-38).

C’est que les disciples de Jésus, avec les idées fausses qu’ils se faisaient encore sur la nature de son royaume, pensaient que ce royaume allait paraître, s’établir à l’instant, dès que Jésus aurait fait son entrée à Jérusalem. Jésus prononce la parabole suivante pour combattre cette erreur. Il ne viendra dans son règne et n’établira sa domination sur ses ennemis qu’après une absence prolongée, pendant laquelle ses serviteurs devront faire valoir, par un travail fidèlement accompli, les biens qu’il leur confie.

Cette parabole a divers traits de ressemblance avec celle des talents, prononcée par le Sauveur dans une autre occasion, mais elle en diffère profondément à plusieurs égards (voir Matthieu 25.14, note).

Verset 12

Ce trait principal de la parabole est emprunté aux circonstances politiques du temps.

La maison des Hérode n’exerçait la royauté que sous la dépendance des Romains. Chaque prince de cette famille devait, avant de prendre le gouvernement de ses États, s’en aller à Rome pour y chercher la confirmation impériale. C’est ce que Jésus appelle être investi de la royauté.

Il arrivait alors que les Juifs, mécontents d’un prince, envoyaient après lui des délégués qui devaient, en l’accusant auprès de l’empereur, empêcher son élévation à la souveraineté. Ils combattirent de la sorte l’avènement d’Archélaus (Matthieu 2.22), ainsi que nous l’apprend Josèphe (Antiquités Juives, XVII, 11, 1).

Jésus se représente lui-même dans la position d’un de ces princes ; il ne doit point prendre immédiatement possession de son royaume (verset 11), mais s’en aller auparavant auprès de son Père, où son autorité sera confirmée. Les Juifs agiront envers lui comme ils agissaient envers un prince qu’ils n’aimaient pas (verset 14). Mais il a aussi des serviteurs fidèles, auxquels il confie les moyens de travailler à l’établissement de son règne (verset 13).

Verset 13

Grec : ses propres serviteurs, ceux dont il avait le droit d’attendre une entière fidélité.

Le maître donne à ses dix serviteurs dix mines, c’est-à-dire à chacun une (verset 16).

Dans la parabole des talents, où des valeurs diverses sont confiées aux serviteurs, selon leurs capacités, il s’agit des dons naturels, qui sont en effet très divers, tandis que dans notre parabole la mine représente pour chacun la tâche qu’il doit remplir, quelle qu’elle soit.

La mine grecque valait environ cent francs, somme minime en comparaison du talent.

L’intention de Jésus est précisément de montrer qu’une grande récompense sera accordée à la fidélité dans un travail de peu de valeur en soi (verset 17).

Faites-les valoir, ou, proprement : faites des affaires, du négoce, ce qui a pour but d’augmenter la valeur de l’argent confié ; image de la fidélité et du travail par lesquels grandissent nos capacités pour l’avancement du règne de Dieu.

La leçon la plus autorisée (Codex Sinaiticus, A, B, D) peut se traduire : pendant que je vais, ou que je suis en voyage. Mais même en adoptant ce texte, il est préférable de conserver la traduction ordinaire.

Verset 14

Ces concitoyens du prince représentent les Juifs, qui refusaient obstinément de reconnaître leur Messie (Jean 19.15).

Ils le haïssaient à cause de la vérité qu’il leur annonçait.

Avec quelle tristesse Jésus dut prononcer cette parole ! Il y a quelque chose de méprisant dans le mot celui-ci et de très résolu dans le terme : nous ne voulons pas qu’il règne sur nous !

La vraie cause de la révolte de l’homme pécheur, c’est que le Seigneur veut régner sur lui.

Verset 15

Grec : afin de connaître qui l’avait fait valoir quoi.

Cette tournure réunit les deux questions : Lequel a gagné quelque chose ? Et : qu’a-t-il gagné ?

Codex Sinaiticus, B, D portent : ce qu’ils l’avaient fait valoir, mais Tischendorf lui-même conserve la leçon reçue. C’est le moment du grand compte à rendre.

Après avoir reçu la royauté ; ainsi la révolte de ses concitoyens et toutes les résistances du monde ne sauraient empêcher que le Seigneur ne soit et ne reste le roi souverain (Psaumes 2.1-6).

Verset 16

Grec : ta mine a opéré (ou travaillé) de plus dix mines.

Ce n’est donc pas à lui-même que ce serviteur attribue un si beau résultat (1 Corinthiens 15.10).

Verset 17

Plus le serviteur se montre humble (verset 16), plus est belle la louange et grande la récompense que le maître lui accorde.

Avec ces dix mines, il aurait à peine acheté une maison et le maître lui donne dix villes à gouverner. Telles sont les richesses de la grâce.

Comment faut-il entendre cette récompense quand il s’agit du royaume de Dieu ? Le Seigneur ne le dit pas ; mais il est évident que la position plus élevée et l’activité plus étendue qui est assignée aux serviteurs sont une image de la vie glorieuse et féconde que les enfants de Dieu posséderont dans la maison de leur Père.

Dans la parabole des talents, la récompense est ainsi énoncée : « Bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton Seigneur » (Matthieu 25.21).

Verset 19

Récompense également proportionnée à la fidélité. Elle suppose des degrés divers de félicité et d’activité dans le royaume de Dieu.

Dans Matthieu, les deux serviteurs reçoivent la même louange et la même récompense, bien que les résultats de leur travail soient différents.

C’est une autre face de la même vérité. Le don immense de la vie éternelle fait disparaître les diversités.

Verset 22

Texte reçu avec A, majuscules : Mais il lui dit… Grec : Par ta bouche je te jugerai.

Verset 26

Voir, sur ces excuses du serviteur infidèle et sur la réponse de son maître, Matthieu 25.24-29, notes.

Il n’y a entre les deux paraboles que quelques légères différences.

Dans Matthieu, le serviteur infidèle cache l’argent de son maître dans la terre ; ici, il l’a gardé dans un linge.

L’expression de Luc : tu prends ce que ta n’as point déposé, est plus rude encore que celle de Matthieu.

La principale divergence résulte du fait que dans la parabole de Luc tous les serviteurs reçoivent la même somme à faire valoir et que dès lors il est difficile de comprendre le reproche que le mauvais serviteur fait à son maître : tu prends ce que tu n’as pas déposé (verset 21).

Cette plainte s’explique mieux dans la parabole de Matthieu : l’unique talent qu’il avait reçu pouvait lui paraître comme rien en comparaison des multiples talents confiés aux autres.

Aussi a-t-on diversement interprété la raison qu’il allègue chez Luc. D’après les uns, il voudrait dire : tu t’appropries le fruit du travail de tes serviteurs, sans les faire participer au bénéfice. D’après d’autres (Meyer, Weiss) : Si j’avais perdu la mine, tu te serais dédommagé en en reprenant la valeur sur mon avoir. M. Godet pense qu’il faut envisager cette expression comme une formule proverbiale qui serait à désigner un maître exigeant à l’excès.

Le Seigneur continue son discours, sans avoir l’air de répondre à l’objection du verset 25 et pourtant il la réfute par un principe plein de profondeur (Matthieu 25.29, note).

Verset 27

Comparer verset 14. Ce terme rigoureux : Égorgez-les, correspond à l’idée du souverain politique, qui fait périr des gens révoltés contre son autorité ; il s’appliqua littéralement à des milliers et des centaines de milliers de Juifs, quarante ans plus tard. Mais, de plus, c’est une prédiction du redoutable jugement de Dieu qui atteindra les rebelles au dernier jour.

Il y a donc, dans cette parabole, deux actions parallèles : l’une qui se passe entre un souverain et des sujets révoltés, l’autre qui a lieu entre le maître et ses serviteurs dont il éprouve la fidélité.

Verset 28

Les mots : après avoir dit cela, se rapportent sans doute à la parabole qui précède, mais n’indiquent pas exactement le moment où Jésus quitte Jéricho, afin de poursuivre sa route vers Jérusalem (voir verset 9, note).

L’heure était décisive. Jésus se met en marche, à la tête d’un cortège qui grandit à chaque instant (verset 37) ; et par ce mot : il allait devant eux (d’autres traduisent : il allait en avant), Luc marque la courageuse détermination avec laquelle le Sauveur se met en marche, sachant très bien tout ce qui l’attend à Jérusalem, car il l’a annoncé plus d’une fois (Luc 18.31 et suivants).

Aussi Marc (Marc 10.32) nous dit-il que les disciples en étaient effrayés, saisis de crainte.

Verset 29

L’entrée à Jérusalem

  1. Les préparatifs. Jésus prend l’initiative en envoyant deux de ses disciples chercher un ânon dans le bourg qui est devant eux. Les disciples, de leur côté, après avoir exécuté cet ordre, mettent leurs vêtements sur l’ânon pour y faire monter leur Maître et les étendent sur le chemin (29-36).
  2. La joie qui éclate dans le cortège à la descente du mont des Oliviers. Elle est blâmée par les pharisiens, mais Jésus prend la défense de ses disciples (37-40).
  3. Les larmes de Jésus. En apercevant la ville, Jésus pleure sur elle et prophétise sa ruine (41-44).

Purification du temple

  1. Expulsion des vendeurs. Entré dans le temple, Jésus chasse les vendeurs en déclarant que de cette maison de prière ils font une caverne de voleurs (45, 46).
  2. Tableau sommaire de l’activité de Jésus dans le temple et de sa situation vis-à-vis des chefs du peuple (47, 48).

La semaine sainte

Les premiers jours de la semaine, l’entrée de Jésus à Jérusalem

Versets 29 à 48 — L’entrée à Jérusalem et la purification du temple

Voir, sur ce récit (versets 29-38) et Matthieu 21.1-9 ; Marc 11.1-10, notes.

Verset 30

Marc 11.2-3, note.

Marc et Luc ne rappellent pas ici la prophétie de Zacharie que Matthieu (Matthieu 21.4-5) cite pour ses lecteurs juifs.

Verset 37

Cette joie éclate, ces chants de louange montent vers Dieu, au moment où Jésus, à la tête de son cortège, est arrivé vers la descente de la montagne des Oliviers, c’est-à-dire sur le col qui relie le mont des Oliviers au mont du Scandale.

De là, on voit Jérusalem se déployant sur la montagne opposée, au-delà de la vallée du Cédron, avec ses tours, ses palais et son temple.

C’est à cette vue que toute la multitude des disciples, pénétrée d’une joyeuse attente, se met à louer Dieu à haute voix.

Pour la plupart, la cause de cette joie, c’étaient les miracles qu’ils avaient vus et tout spécialement le miracle de la résurrection de Lazare, qui avait eu lieu peu de temps auparavant.

Selon le récit de Jean (Jean 12.9 et suivants), Jésus venait de passer à Béthanie, où la foule avait pu voir Lazare vivant.

Verset 38

Voir, sur ce chant de louange, Matthieu 21.9, note.

Au lieu de : « Hosanna dans les lieux très hauts », Luc, écrivant pour des étrangers qui ne comprenaient pas l’hébreu, dit : Paix dans le ciel, où l’œuvre du Sauveur allait en effet rétablir la paix entre Dieu et les hommes (Éphésiens 1.10, note ; Colossiens 1.20) ; et encore : Gloire dans les lieux très hauts, car, par la rédemption du monde, Dieu allait être glorifié, toutes ses perfections manifestées.

Sans doute, les espérances des disciples devaient s’accomplir tout autrement qu’ils ne s’y attendaient ; les pieux sentiments qu’ils exprimaient dans leur saint enthousiasme étaient plus conformes à la vérité que les idées qu’ils se faisaient de l’avenir n’étaient exactes.

Verset 40

Ce court dialogue est particulier à Luc.

Mais Matthieu (Matthieu 21.15-16) mentionne, après l’entrée de Jésus à Jérusalem, un semblable mouvement d’indignation parmi les pharisiens.

Ici, quelques-uns de ces hommes, orgueilleux de leur position et jaloux de leur influence sur le peuple, se montrent irrités des acclamations et des louanges dont Jésus est l’objet et ils lui demandent de reprendre ses disciples, afin de leur imposer silence.

Quelle note discordante au sein de ce joyeux concert ! La réponse de Jésus est revêtue d’une image proverbiale qui signifie : Il est désormais impossible de comprimer cet élan de louanges, de reconnaissance et d’amour, qui s’élèvera de la terre au ciel.

Ce contraste entre la pierre et l’homme se retrouve dans une autre application, Luc 3.8 (comparer Habakuk 2.11).

Verset 41

La multitude des disciples éclate en joyeuses acclamations et Jésus pleure !

Les paroles qu’il prononce nous disent la cause de ses larmes. Mais ces larmes mêmes nous révèlent, mieux encore que ses paroles, à la fois la tendre compassion du Sauveur, son amour pour son peuple dont il prévoit la ruine et la certitude des jugements de Dieu que ce peuple va attirer sur lui par son endurcissement.

Plus tard, au sein même de la ville coupable, Jésus éprouva encore cette profonde et douloureuse émotion (Matthieu 23.37).

Verset 42

Cette exclamation est une phrase inachevée ; l’émotion empêche Jésus de la finir.

Chacun des mots qu’il y accumule a sa signification profonde : Si tu avais connu ! C’est donc par ignorance que le peuple juif va rejeter son Sauveur et combler par ce crime la mesure de ses péchés (comparez Luc 23.34 ; Actes 3.17 ; 1 Corinthiens 2.8) ; mais cette ignorance était volontaire : « Vous ne l’avez pas voulu ! » (Matthieu 23.37)

Toi aussi, comme mes disciples, ces âmes droites et simples qui se sont ouvertes à la foi.

Au moins dans ce jour qui est à toi, ou, comme traduisent littéralement nos vieilles versions, au moins dans cette tienne journée : ce jour suprême où Jésus faisait son entrée à Jérusalem offrait une dernière occasion au peuple et à ses chefs de venir se jeter, repentants, aux pieds de Jésus !

Jésus appelle (verset 44) ce jour « le temps de ta visitation ».

Il y a dans le développement des peuples comme des individus des moments qui, mis à profit ou négligés, déterminent leur destinée pour longtemps, peut-être pour toujours ; ce sont des temps de crise, de décision pour le bien ou pour le mal (comparer Hébreux 3.7 ; Hébreux 3.13 ; Hébreux 3.15).

La présence de Jésus provoqua une lutte entre un petit nombre d’âmes bien disposées et la masse corrompue du peuple. Tandis que celles-là s’ouvrirent à son influence et trouvèrent en lui la lumière et la vie, celle-ci n’en reçut que l’anéantissement de ses vaines espérances et de ses visées égoïstes.— Olshausen

Les choses qui regardent ta paix. Ces choses d’une si immense importance, c’était la vérité, le pardon, le salut que Jésus offrait à tous. S’ils l’avaient reçu avec foi, tous auraient trouvé en lui la paix et la prospérité. Le mot hébreu qu’employait le Sauveur a les deux significations.

Le verbe sont cachées indique un fait accompli ; et cependant Jésus allait encore prêcher à Jérusalem durant toute une semaine et ses apôtres après lui pendant quarante ans ; mais, pour le grand nombre, la mesure des iniquités était comblée, le temps de la grâce, de la visitation (verset 44), était passé.

« En voyant, ils ne verront point ; en entendant, ils n’entendront point ». Ces redoutables paroles n’excluaient point du salut les Israélites qui, individuellement, croiraient au Sauveur (Romains 11.1-5).

Verset 43

Ici encore, la phrase est suspendue par l’émotion : grec des jours viendront sur toi…et tes ennemis t’environneront, etc.

Puis les divers traits de la prédiction se succèdent, liés les uns aux autres par le mot et, cinq fois répété.

Un retranchement, autour d’une ville assiégée, était une sorte de rempart en palissade, élevé par l’ennemi, afin de réduire la ville par la famine.

L’historien Josèphe raconte que les Romains élevèrent un tel retranchement autour de Jérusalem, d’abord en bois puis en pierre, quand le premier eut été brûlé par les Juifs.

Verset 44

Le mot traduit par : ils te détruiront, signifie proprement : ils te raseront au niveau du sol, de sorte qu’il ne restera pierre sur pierre.

On peut aussi traduire : ils te briseront contre le sol ; les Septante ont employé ce verbe dans Psaumes 137.9 et l’on pourrait voir dans notre prophétie une réminiscence de ce passage.

Toi et tes enfants, c’est-à-dire tous les habitants de Jérusalem ; il ne s’agit point des enfants par opposition aux adultes. La cause de ces malheurs est clairement indiquée par le Sauveur à la fin de sa prédiction.

Le temps de ta visitation est un hébraïsme bien connu. Dieu visite une ville, un peuple, une âme, quand il s’en approche et leur parle, soit par sa parole et son Esprit, soit par de grandes épreuves ou de grandes bénédictions.

Toute cette prophétie fut accomplie à la lettre, au milieu de calamités inouïes, quarante ans après, lors de la destruction de Jérusalem par les Romains.

Certains critiques ont prétendu que la prophétie que Luc attribue à Jésus avait été écrite après l’événement. Ils se fondent sur la ressemblance qu’elle présente avec le récit de Josèphe. C’est oublier que cette prédiction s’en tient à des traits généraux qui se reproduisaient au siège de chaque ville. Un passage d’Ésaïe (Ésaïe 29.3), annonçant le siège de Jérusalem par les Assyriens, renferme, dans la version des Septante, des expressions identiques à celles de notre texte.

Verset 45

Voir, sur ce trait, Matthieu 21.12-17, notes et Marc 11.15-17, notes.

Le texte reçu ajoute : ceux qui vendaient en lui (dans le temple) et ceux qui achetaient. Les mots soulignés paraissent inauthentiques.

Verset 47

Chaque jour de cette dernière semaine ; puis, le soir venu, Jésus se retirait hors de la ville, soit à la montagne des Oliviers, soit à Béthanie (Marc 11.11-19).

Grec : les premiers du peuple.

Luc unit ainsi l’aristocratie juive aux sacrificateurs et aux scribes, qui avaient déjà décrété la mort de Jésus et qui cherchaient les moyens de mettre à exécution leur dessein (Marc 11.18 ; Matthieu 26.3-4).

Verset 48

Grec : tout le peuple pendait à lui (à ses lèvres) en écoutant.

Jésus était tellement entouré de la multitude, avide de l’entendre et impressionnée par ses enseignements, que les chefs du peuple, craignant une émeute, n’osaient rien entreprendre contre lui.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 19". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/luke-19.html.
 
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