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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 11". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/john-11.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 11". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-57
Verset 1
La résurrection de Lazare et la fin du ministère de Jésus (chapitres 11 et 12)
Versets 1 à 44 â La résurrection de Lazare
Lâévangéliste décrit ainsi (versets 1 et 2) en quelques mots très simples, le lieu de lâévénement dont il va faire le récit si plein de vérité, dâintimité et de grandeur.
Il nomme dâabord le malade qui sera lâobjet du plus éclatant miracle du Sauveur, Lazare, abrégé de Ãléazare qui signifie Dieu est le secours.
Il rappelle ensuite que ce malade était de Béthanie (voir sur ce nom Matthieu 21.17, note), village bien connu comme demeure de Marie et de Marthe. Notre évangéliste nâen a point encore parlé. Il suppose ses lecteurs instruits par la tradition apostolique.
Les deux sÅurs, Marthe et Marie, étaient connues en particulier par le gracieux récit de Luc 10.38-42. Câest ainsi que lâÃvangile de Jean et les synoptiques se complètent et se supposent mutuellement.
De ce que Marie est nommée la première, on a quelquefois conclu quâelle était aînée, mais câest à tort. On voit par les versets 5, 19 et 20 et surtout par le récit de Luc déjà cité, que Marthe avait dans la maison le rôle de la sÅur aînée, si Marie occupe ici la première place, câest quâelle était la plus connue par le témoignage de vénération et dâamour quâelle avait donné au Sauveur et que Jean va rappeler (verset 2).
Verset 2
Encore ici, Jean se réfère au récit des premiers évangélistes (Matthieu 26.6-16â¯; Marc 14.3-9) au sujet dâun trait que lui-même va rapporter ci-après (Jean 12.1-8).
Verset 3
Ce message des deux sÅurs que Jean a conservé dans les termes mêmes quâelles avaient employés, est plein, à la fois, de confiance et de délicatesse.
Elles ne demandent rien, elles se bornent à faire connaître à Jésus la maladie de leur frère, qui les remplit dâinquiétude, bien convaincues que ce mot de tendre affectionâ¯: celui que tu aimes, suffira pour amener le Sauveur à leur secours. En effet, Jésus, en parlant de Lazare, ratifiera cette expression de son attachement pour lui (verset 11).
Verset 4
Point à la mort� Jésus se serait il trompé� Il faudrait, pour le penser, connaître bien peu sa manière énigmatique et profonde de parler (comparer Matthieu 9.24).
Dès ce moment, il savait ce qui allait se passer à Béthanie (versets 11 et 14).
Ce quâil veut dire, câest que la mort ne sera pas le résultat définitif de cette maladie. Elle en aura un tout autre, la gloire de Dieu câest-à -dire la manifestation de sa puissance et de son amour, par le triomphe de la vie sur la mort (Romains 6.4).
Et cette gloire resplendira sur le Fils de Dieu par qui le Père révèle toutes ses perfections et opère toutes ses Åuvres (comparer Jean 9.3â¯; Jean 10.30-38).
Jésus reviendra (verset 40) sur cette pensée de la gloire de Dieu, qui est le but suprême de tout ce récit et de toute lâÅuvre du Sauveur (Jean 17.4).
Cette grande parole pouvait soutenir les deux sÅurs affligées jusquâà lâarrivée du Sauveur. Elles devaient, quand elles verraient mourir leur frère, rattacher à cette parole lâespérance qui se manifesta réellement dans le cÅur de Marthe (verset 22). En même temps cette déclaration pouvait préparer les disciples de Jésus et tous ceux qui lâécoutaient, au miracle qui allait sâaccomplir. Câest ce qui ressort de ce terme généralâ¯: il dit, il dit à tous et non il répondit au messager de Marthe et de Marie.
Verset 5
«â¯Heureuse familleâ¯!â¯Â» sâécrie Bengel.
Jésus avait pour chacun de ses membres cet attachement particulier, dont Jean connaissait lui-même tout le bonheur (Jean 13.23).
Mais quelle est lâintention de lâévangéliste, en plaçant ici cette parenthèseâ¯?
On a résolu cette question de diverses manièresâ¯: soit en rattachant la parenthèse au verset 3, comme confirmation de la parole des deux sÅurs, celui que tu aimes (Bengel, de Wette), soit en y voyant le motif de la promesse du verset 4 (Meyer)â¯; soit en pensant que lâévangéliste, dans un sentiment très délicat, ne veut pas quâon puisse interpréter comme de lâindifférence de la part de son Maître ce quâil va raconter au verset 6.
«â¯Sa manière dâagir sâexplique au contraire par son amour pour tous les membres de cette familleâ¯Â» (Luthardt)â¯; soit enfin et câest lâinterprétation qui nous paraît la plus juste, en considérant cet amour de Jésus comme la cause de sa courageuse résolution (verset 7) de retourner en Judée (Godet, Weiss)â¯: la remarque du verset 5 prépare la parole que Jésus prononce au verset 7.
Verset 6
Ce mot lors donc reprend la narration interrompue par la remarque du verset 5.
Mais pourquoi Jésus différa-t-il son départ pendant ces deux jours que les sÅurs de Lazare durent passer dans lâangoisseâ¯?
Question difficile, que lâexégèse rationaliste sâest hâtée dâexploiter contre la vérité historique de notre récit, en attribuant ce délai à un calcul de Jésus qui voulait laisser mourir Lazare, afin dâavoir lâoccasion de le ressusciter. Le verset 15 interdit cette supposition.
Dire, avec Calvin et Olshausen que ce devait être là , pour les deux sÅurs, lâépreuve de leur foiâ¯; ou, avec Lücke et Tholuck, que Jésus était retenu dans la Pérée par les travaux de sa mission (Jean 10.41-42), ne suffit pas à expliquer ce procédé de la part de Celui que nous allons voir ému de compassion pour ses amis affligésâ¯; et dâailleurs le texte nâindique rien de pareil.
La seule explication que celui-ci nous présente se trouve dans la parole du verset 15, ou Jésus se réjouit, comme dâune dispensation providentielle, de ce quâil nâétait pas à Béthanie au moment où Lazare mourut. Il suivit donc, en ceci, comme dans toute sa vie, la direction intérieure de son Père, dont il faisait toujours la volonté (Jean 8.28-29).
Verset 7
Jésus nâignorait pas ce qui sâétait passé à Béthanie (verset 11), le moment de Dieu était donc venuâ¯; mais en parlant de retourner (grec aller de nouveau) en Judée et de sâexposer ainsi aux plus imminents dangers, il provoqua dans le cÅur de ses disciples des objections et des craintes quâil sâefforça de dissiper (verset 8 et suivants).
Verset 8
Il sâétait passé peu de temps entre le moment actuel et la scène décrite au Jean 10.31 (comparez Jean 8.59)â¯; les disciples étaient encore remplis de crainte, non seulement pour eux-mêmes, mais pour le Maître quâils aimaient. Ils auraient donc voulu le retenir dans la Pérée, au-delà du Jourdain, où il était en sûreté.
Verset 9
Cette parole destinée à rassurer les disciples renferme une image dont il est fait une double application.
Dâabord, les douze heures du jour représentent le temps assigné à notre vie, pendant lequel nous devons accomplir la tâche qui nous est donnée, car «â¯la nuit vient en laquelle nul ne peut travaillerâ¯Â» (Jean 9.4).
Celui qui marche ainsi de jour, ne court aucun danger de se heurter, de broncher, parce quâil, est éclairé par la lumière de ce monde, câest-à -dire, la lumière du soleil, qui mesure les douze heures. Mais au-delà de ce temps déterminé, il nây a plus que ténèbres et dangers.
Quelques interprètes (Meyer) ne veulent voir dans cette image que lâidée du temps assigné à chacunâ¯; et Jésus, se lâappliquant à lui-même, en ce moment, aurait voulu dire simplementâ¯:
Serait ce là toute la pensée du Sauveurâ¯? Se servirait il de ce termeâ¯: se heurter ou broncher, pour indiquer la mort qui lâattendâ¯? Et que signifierait cette expressionâ¯: la lumière nâest point en luiâ¯?
Non, évidemment Jésus emploie lâimage, en outre, au sens moral dâobéissance à la vocation reçue, dâaccomplissement de la volonté de Dieu. Celui qui pratique cette obéissance, qui agit selon la volonté de Dieu, qui marche à la lumière de son Esprit, est en sûreté, même au milieu des dangers, mais, hors de là , il nây a pour lâhomme quâoccasions de chutes, au sein des ténèbres parce quâaucune lumière ne lâéclaire intérieurement ni ne luit sur sa routeâ¯: la lumière nâest point en lui ni autour de lui. Les disciples feront plus tard, mieux encore que dans le moment actuel lâexpérience de cette profonde vérité.
Telle est lâinterprétation entrevue déjà par les Pères, soutenue par Calvin et par plusieurs commentateurs modernes.
Verset 11
Grecâ¯: Lazare sâest endormi et dort (verbe au parfait).
Douce image qui signifie que, pour les hommes pieux, la mort est un repos après le travail du jour, un sommeil qui sera suivi du réveil (Matthieu 9.24â¯; Actes 7.60â¯; 1 Corinthiens 15.20â¯; 1 Thessaloniciens 4.13).
«â¯Langage célesteâ¯!â¯Â» sâécrie Bengelâ¯; et cet auteur ajoute au sujet de ce mot, notre amiâ¯: «â¯Avec quelle tendresse tout humaine Jésus associe ses disciples à son amitié pour Lazareâ¯!â¯Â»
Jésus emploie aussi ce terme en réponse à la déclaration des deux sÅursâ¯: (verset 3) «â¯celui que tu aimes est malade.â¯Â»
Verset 12
Sauvé du danger, de la mort.
Les disciples qui, selon leur habitude, ont compris la parole du Maître dans son sens littéral, pensent que ce sommeil est le signe dâune crise favorable, ainsi quâon lâobserve très souvent dans les maladies et ils sâemparent de cette idée, comme dâun argument nouveau, pour empêcher leur Maître dâaller en Judée.
On a trouvé un tel malentendu impossible. Il est sûr que les disciples ne pouvaient penser sérieusement que Jésus allait faire ce voyage pour réveiller Lazare dâun sommeil naturelâ¯: mais dans lâardent désir de retenir leur Maître et convaincus, dâaprès le verset 4, que Lazare ne mourrait pas, ils sâarrêtent uniquement à lâidée de son sommeil et nâattachent aucune importance à ce mot mystérieuxâ¯: je vais lâéveiller.
Verset 13
Grecâ¯: du dormir du sommeil, câest-à -dire dâun sommeil naturel.
Verset 14
Lazare est mortâ¯! Ce fut avec émotion que Jésus prononça ces paroles et les disciples eux-mêmes durent y trouver la raison puissante que leur Maître avait dâaller au secours de la famille en deuil.
On voit encore ici, comme aux versets 4 et 11 que Jésus savait, par une science divine, tout ce qui se passait à Béthanie, car câest à tort, selon nous, que quelques interprètes pensent quâil venait de recevoir un second message, lui apprenant la mort de son ami.
Verset 15
Si Jésus avait été à Béthanie, il aurait guéri Lazare et le plus grand de ses miracles nâaurait pas eu lieu.
Si le Sauveur se réjouit, même dans sa tristesse actuelle, câest, dit-il à ses disciples, à cause de vous, afin que vous croyiez, afin que votre foi soit affermie et développée par le grand miracle dont vous serez témoins.
Ce dernier terme en effet ne signifie pas que jusque-là les disciples nâeussent pas cru en lui mais indique un nouveau degré de leur foi (comparer Jean 2.11â¯; Jean 16.31â¯; Jean 20.31).
à chaque développement nouveau de la foi, où nous ne parvenons que par de rudes combats, il nous semble que jusque-là nous nâavions point encore cru.
Verset 16
Le nom hébreu de Thomas signifie Jumeau, en grec Didyme et câest par son nom ainsi traduit que Thomas était connu des chrétiens de lâAsie Mineure pour qui Jean écrivait.
Thomas, voyant (donc) que son Maître ne se laissait retenir par aucun argument et bien convaincu quâen se rendant, en Judée il allait au devant de la mort, prend brusquement une résolution désespérée dans laquelle, comme lâobserve M. Godet, il y avait «â¯plus dâamour pour la personne de Jésus que de foi en la sagesse de ses démarchesâ¯Â».
Câest bien le même homme que nous retrouvons ailleurs, dans notre évangile, mais sombre, enclin au doute, sâattachant au présent, au visible, incapable de saisir par la foi lâavenir, lâinvisible (Jean 14.5â¯; Jean 20.25).
Verset 17
Arrivé près de Béthanie, où il nâentra pas tout de suite (verset 30).
Tischendorf retranche déjà , sur la foi de A, D, plusieurs versions. Les autres critiques le maintiennent.
Pour se rendre compte de ces quatre jours, on admet généralement que Lazare mourut le jour même où Jésus reçut le message de ses sÅurs dans la Pérée, au-delà du Jourdain (Jean 10.40) câest-à -dire à un distance de dix lieues au moins.
Jésus étant resté, là encore deux jours (verset 6) et ayant ensuite mis une journée pour se rendre à Béthanie nây arriva quâà la fin du quatrième jour. Et comme les Juifs déposaient leurs morts dans la grotte sépulcrale le jour même du décès, il y avait bien quatre jours que Lazare y reposait.
Verset 19
Cette remarque de lâévangéliste sur la distance de Jérusalem à Béthanie (15 stades, trois kilomètres environ) nâa dâautre but que dâexpliquer comment beaucoup de Juifs avaient pu venir offrir leurs condoléances aux deux sÅurs en deuil. Il ressort de ce détail que la famille de Lazare était bien connue à Jérusalem et y jouissait de quelque considération.
Comme lâauteur de cet Ãvangile connaît bien lieux et distancesâ¯!
Verset 20
Marthe, active au dehors jusque dans son affliction, apprend la première lâarrivée de Jésusâ¯; et sans même en avertir sa sÅur, elle sâélance au-devant de lui.
Marie, plongée dans sa douleur, reste assise à la maison.
Ce sont précisément là les caractères divers que Luc (Luc 10.38-42) prête aux deux sÅurs.
Verset 21
Comparer verset 32, note.
Quelle confiance en la puissance de Jésus exprime cette première parole de Martheâ¯! Ce nâest pas un reproche, pas même une plainte, mais un profond regretâ¯; car elle est bien persuadée quâen présence du Sauveur la mort nâaurait eu aucun empire sur son frère (verset 15, note). Mais elle sâélève plus haut encore.
Verset 22
Non seulement la foi de Marthe est assez forte pour être assurée que Jésus présent aurait guéri son frère, mais (ce mais, qui se lit dans le texte reçu, manque dans Codex Sinaiticus, B, C) maintenant même quâil est mort et que, humainement parlant, tout est bien fini, elle sait que la prière de son Sauveur sera toute-puissante auprès de Dieu.
Tout ce que tu demanderasâ¯: Marthe comprend-elle, dans ce tout, même le retour de son frère à la vieâ¯? Elle ne le dit pas. Mais cet espoir se trahit dans ses paroles. Il se fondait sur la déclaration du Sauveur (verset 4), qui avait certainement été rapportée textuellement aux deux sÅurs. Cette promesse doit se réaliser dâune manière ou dâune autre.
Marthe le croit fermement, mais sans oser formuler lâobjet de son attente elle sâen remet avec une pleine confiance à la sollicitude de son céleste ami et à la toute-puissance de Dieu, dont elle prononce par deux fois le nom auguste.
Verset 23
Il y avait déjà pour Marthe une grande consolation dans cette paroleâ¯: Ton frère ressuscitera et nous savons bien dans quel sens Jésus la prononçait (verset 11).
Mais, pour Marthe, elle pouvait avoir deux significations très différentesâ¯: la délivrance actuelle de son frère, qui lui serait rendu immédiatement, ou sa résurrection au dernier jour.
Câest à dessein que Jésus emploie ce terme à double entente, afin de solliciter cette âme croyante à sâélever au-dessus dâun intérêt actuel et personnel jusquâà la source de la vie qui sâoffrait à elle en Celui qui lui parlait (verset 25).
Verset 24
Des deux espérances que pouvait présenter à Marthe la parole de Jésus, elle sâattache à la plus faible, la plus lointaine, la résurrection au dernier jour.
Il semble donc quâici sa foi soit moins courageuse quâau verset 22. Mais est il bien sûr quâil ne lui reste que de la tristesse (Luthardt), ou même que la résignation dâun grand mécompte (Meyer)â¯?
Ne peut-on pas penser, avec de Wette, quâen prononçant cette parole qui exprimait le moins, lâesprit pénétrant de cette femme angoissée interrogeait les regards de Jésus pour y découvrir le plusâ¯?
Verset 25
Marthe nâayant pas osé saisir la promesse de Jésus (verset 23) dans toute sa réalité actuelle, cherchait dans un avenir lointain la résurrection et ses consolations (verset 24). Jésus la ramène au présent et à sa personne, en lui disantâ¯: Câest moi.
Lui, en effet, est la résurrection, parce quâil est la vie (Jean 14.6â¯; Colossiens 3.4)â¯; il lâest en lui-même, et, dans ses rachetés, la résurrection ne sera que le dernier épanouissement de la vie impérissable quâil leur a communiquée (comparer Jean 6.54, note).
Jésus fait immédiatement lâapplication de cette profonde vérité, en ajoutant que celui qui croit en lui, qui a puisé en lui la vie de la foi, quand même il serait mort comme Lazare, vivra dâune vie éternelle sur laquelle la mort nâa point dâempire.
Après cette grande affirmation, Jésus exprime la même vérité dâune manière négative, pour ceux qui vivent encore sur cette terreâ¯: Quiconque vit et croit en moi, alors même quâil subira la dissolution du corps, ne mourra jamais.
Il y a ici une double négation qui signifieâ¯: ne mourra certainement jamais. Câest ainsi que traduit Rilliet.
Tout pour Marthe, dépendait de sa foi au Sauveur, tel quâil se révélait à elle. De là la question directe et pénétrante quâil lui adresseâ¯: Crois-tu celaâ¯?
Verset 27
Marthe, en présence de Jésus et sous lâimpression de sa parole, sent sa foi sâaffermir et grandirâ¯; elle répond sans hésiterâ¯: Oui, Seigneurâ¯!
Et la preuve quâelle a maintenant compris que le vrai objet de sa foi et de toutes ses espérances se concentre dans la personne du Sauveur, câest quâelle le confesse lui (grec)â¯: Moi je crois (verbe au parfait, exprimant un fait accompli et permanent, comme Jean 6.69) que toi tu es le Christ, le Fils de Dieu.
Par le premier de ces titres, Marthe reconnaît en Jésus le Messie, lâOint de Dieu, le Libérateur promis à son peupleâ¯; par le second, elle confesse en lui un être qui est avec Dieu dans le rapport tout spécial dâun fils à son père et qui, comme tel, est véritablement «â¯la résurrection et la vieâ¯Â» (comparer Jean 6.69).
Le dernier qualificatif appliqué par Marthe à Jésus ne constitue pas un troisième titre, parallèle aux deux autres. Il est donc inexact de le rendre parâ¯: Celui qui devait venir (comparer Jean 6.14).
Il y a en grec un participe présent. On doit donc traduireâ¯: qui vient dans le monde, qui doit venir, dâaprès la promesse divine et qui vient en effet.
Cette expression est constamment appliquée au Libérateur promis dans les Ãcritures et qui, selon la foi des Israélites croyants, vient certainement (Matthieu 11.3, note).
Verset 28
Jésus, après avoir amené Marthe à sâappuyer sur le seul fondement qui pût la soutenir et la consoler, met fin à lâentretien et lâinvite à faire venir sa sÅur quâil voulait voir pour la préparer aussi aux grandes scènes qui vont se dérouler. Câest ce qui ressort clairement de ce motâ¯: il tâappelle.
Marthe sâacquitta de cette mission avec empressement, mais en secret. Elle voulait que Marie seule fût avertie de lâarrivée du maître et quâelle pût le voir en particulier, comme elle-même en avait eu le privilège.
Verset 29
Ces verbes au présent rendent vivement lâempressement de Marie. La plupart des critiques adoptent les variantesâ¯: Elle se leva (Codex Sinaiticus, B, C, D), et elle venait (Codex Sinaiticus, B, C). Tischendorf maintient, avec raison, le présent pour les deux verbes.
Verset 30
Jésus nâétait entré ni dans le village, ni, par conséquent, dans la maison mortuaire, où certainement son cÅur lâattiraitâ¯; câest quâil savait quâil y avait là beaucoup de monde et quâil voulait voir sans témoins les sÅurs affligées.
Verset 31
Puisque ces hommes étaient venus dans lâintention de consoler Marie, ils ne voulaient pas la laisser aller seule au sépulcre, où ils pensaient quâelle se rendait pour pleurer.
Ils ignoraient lâimpuissance des consolations humaines et ne savaient pas que cette âme en deuil allait trouver le seul vrai consolateur.
Verset 32
Verset 21 note. Les deux sÅurs expriment les mêmes douloureux regrets. Il est probable quâavant lâarrivée de Jésus elles sâétaient communiqué cette penséeâ¯: qui les hantait dans leur affliction.
Leur exclamation, qui paraît identique dans la traduction française, présente en grec une double nuanceâ¯:
La douleur de Marie est plus personnelle plus égoïste, plus désespérée aussi. La différence entre leurs deux caractères se montre du reste dans leur attitude. Marie, tout entière à sa douleur, ne peut que se laisser tomber aux pieds de Jésus et laisser couler ses larmes sur la mort de son frère (verset 32), sans ajouter, comme lâavait fait Marthe (verset 22), aucune parole dâespérance.
Si lâon compare ce tableau avec celui que nous a retracéâ¯; Luc (Luc 10.38 et suivants) et Jean lui-même (Jean 12.1 et suivants), on est frappé de la vérité intime qui se révèle dans la peinture de ces caractères, ils sont évidemment pris dans la vie.
En présence dâun tel accablement, Jésus ne prononce aucune parole de consolation. Sa profonde sympathie (versets 33-35) et son action divine seront seules assez puissantes pour relever cette âme défaillante.
Verset 33
Le donc présente lâémotion comme lâeffet de la douleur de Marie et des pleurs des Juifs.
Le terme de lâoriginal que toutes les versions rendent, ici et au verset 38, par ce motâ¯: il frémit en son esprit, signifie que Jésus éprouva alors, dans la profondeur la plus intime de son être, une violente indignation.
Si lâon examine avec soin les autres passages du Nouveau Testament où ce mot se retrouve (Matthieu 9.30â¯; Marc 1.43â¯; Marc 14.5), on se convaincra quâil implique toujours lâidée de vive désapprobation.
Mais quâest-ce qui cause ce frémissement dans lââme du Sauveurâ¯? Et sâil va jusquâà lâindignation, contre qui lâéprouve-t-ilâ¯?
Dâaprès Chrysostome et plusieurs Pères, Jésus sâindignerait contre lui-même de ce quâil ne peut maîtriser son émotionâ¯! Ou de ce quâil nâa pas pu épargner ce grand deuil à ses amisâ¯!
Dâaprès Erasme, Keim, M. Holtzmann et dâautres, ce serait leur manque de foi ou lâincrédulité des Juifs qui encourraient sa réprobation.
Dâaprès Meyer et M. Weiss, Jésus voit pleurer Marieâ¯; il voit pleurer les Juifs qui lâentourent et le contraste entre la douleur de la première et les condoléances hypocrites des seconds excite son indignation.
Dâaprès M. Godet celle-ci serait bien provoquée par les Juifs de lâentourage de Marie, mais en tant que Jésus voit en eux les traîtres (comparez Jean 13.21) qui prendront occasion de la plus belle de ses Åuvres (Jean 10.32) pour le dénoncer et précipiter le moment de sa mort (versets 46-53).
Le plus simple et le plus naturel nous paraît être de supposer que ce frémissement dâindignation était excité en Jésus par la vue de la mort et des maux quâelle cause et par lâapproche de lâennemi qui en est lâartisan cruel (Jean 8.44).
Câest pourquoi ce frémissement se renouvelle au moment ou Jésus se rend au sépulcre (verset 38).
Câest à peu près ainsi que beaucoup dâinterprètes, Calvin, Olshausen, Tholuck, Ebrard, Luthardt Hengstenberg, Keil, Astié, sâexpliquent cette scène mystérieuse de la vie de Jésus.
Quelques interprètes relèvent le fait que le grec porte nonâ¯: il fut troublé, maisâ¯: il se troubla il sâémut lui-mêmeâ¯; lâévangéliste aurait choisi cette tournure pour écarter lâidée que Jésus aurait subi une secousse irréfléchie.
Verset 34
Câest aux sÅurs de Lazare ou à ceux qui les entouraient que Jésus adresse cette question et ce sont eux qui lui répondent.
Verset 35
Jésus pleure avec ceux qui pleurent.
Au verset 33 se trouve un mot qui signifie pleurer des yeux et de la voix avec des sanglots, ici est un terme différent dont le sens est verser des larmes, larmes silencieuses qui coulent sur le visage de Jésus, provoquées par une profonde et douloureuse sympathie pour ses amis (verset 36).
En présence de cette scène, on sâarrête, on contemple avec émotion et lâon se ditâ¯: câest bien là Celui qui a été fait semblable à ses frères en toutes choses, afin quâil fût un souverain sacrificateur miséricordieux, il peut avoir compassion de nos infirmités, parce quâil a été tenté comme nous, en toutes choses, sans péché (Hébreux 2.17â¯; Hébreux 4.15).
Verset 36
Donc, à la vue de ces larmes de Jésus, ces hommes ont tout naturellement la preuve de son profond amour pour Lazare et eux-mêmes en sont émus.
Verset 37
La réflexion de ces quelques-uns est toute naturelle.
La guérison de lâaveugle né, qui est encore toute fraîche dans leur souvenir (Jean 9.1 et suivants), était, à leurs yeux, plus difficile à opérer que celle de Lazare malade.
Mais quel sentiment leur inspire cette questionâ¯? Venant immédiatement à la suite des paroles pleines de sympathie qui précèdent, il paraît naturel dây voir lâexpression dâun intérêt bienveillant et du regret sincère que Jésus nâait pas guéri le frère de Marthe et de Marie.
Un grand nombre dâexcellents interprètes voient cependant dans ces paroles un sentiment dâhostilité contre Jésus, une insinuation de son impuissance. Meyer, MM. Weiss et Godet vont jusquâà prétendre que ces hommes voient dans les larmes de Jésus une preuve de son impuissance et nient la guérison de lâaveugle-né.
Ils expliquent par cette manifestation dâincrédulité et de haine le nouveau frémissement de Jésus verset 38.
Cette interprétation procède de lâidée que les mêmes interprètes se sont faite, en général, au sujet des amis de la famille de Lazare, venus de Jérusalem pour partager le deuil de ses sÅurs.
Parce que Jean les appelle des Juifs (versets 19, 31 et 36), terme par lequel il désigne ordinairement les chefs de la théocratie ennemie de son Maître (Jean 1.19, note) et parce que le verset 46 nous montre quelques-uns dâentre eux allant raconter aux pharisiens le miracle de Béthanie, les mêmes interprètes en concluent que ces hommes étaient, pour la plupart, des adversaires du Sauveur.
Est-ce bien là lâimpression que veut produire lâévangélisteâ¯? Ne nous dit-il pas deux fois (versets 19 et 31) que ces visiteurs étaient venus pour «â¯consolerâ¯Â» les sÅurs en deuilâ¯? Ne nous les montre-t-il pas pleurant avec elles (verset 33) et admirant lâamour de Jésus pour Lazareâ¯? (verset 36).
Enfin et surtout, ne nous apprend-il pas (verset 45) que beaucoup dâentre eux (même terme quâau verset 19), sous lâimpression du miracle, crurent en Jésusâ¯?
Câest donc, ce nous semble, introduire une note fausse dans ce beau récit que de représenter ces amis de la famille de Béthanie comme des adversaires de Celui quâelle aimait. Et comme, dans notre verset, il nây a pas un mot qui suppose de la malveillance nous concluons avec Lücke, Tholuck, de Wette et dâautres, quâon peut voir plutôt dans la réflexion qui nous est rapportée un sympathique intérêt.
Verset 38
Cette violente émotion de lââme du Sauveur se renouvelle au moment suprême où il vient au sépulcre et par les mêmes causes que nous avons exposées au verset 33.
Les interprètes dont nous nâavons pu admettre les vues pensent, encore ici, que Jésus frémit dâindignation contre les Juifs à cause de leurs paroles (verset 37), ils se fondent sur cette particule donc qui leur paraît relier les deux versets.
Mais Jean reprend simplement par ce mot son récit interrompuâ¯; Jésus a demandéâ¯: Où lâavez-vous misâ¯? On lui a ditâ¯: Viens et vois. Il vient donc au sépulcre, de là son émotion.
On voit maintenant encore en Palestine, autour de Jérusalem et ailleurs, de nombreux tombeaux taillés dans le roc et dont une pierre ferme lâentrée (comparer Jean 20.1â¯; Matthieu 27.60).
à Béthanie même on montre aux voyageurs un sépulcre de Lazare, mais cette tradition est plus quâincertaine. On peut traduireâ¯: placée dessus ou devant, car, suivant la forme du sépulcre, on y entrait de plain-pied ou lâon y descendait par un escalier.
Verset 39
Il y a quelque chose de solennel dans cet ordre. Sûr de ce quâil va faire Jésus commande à ses alentours comme il va commander à la mort.
De ce quâil est là depuis quatre jours, Marthe conclut que la corruption du corps doit avoir commencé et par le sentiment naturel et instinctif dâhorreur quâinspire un tel spectacle, elle voudrait en épargner la vue à Jésus et à elle-même.
Câest ce que lâévangéliste fait délicatement sentir par ce mot touchantâ¯: La sÅur du mort.
Dâordinaire on considère la parole de Marthe comme une preuve que la confiance dont elle était animée à lâarrivée du Sauveur (verset 22) et même la foi quâelle avait professée peu après (verset 27), défaillirent en présence du tombeau.
Il est probable quâelle ne croyait pas à la résurrection immédiate de son frère. Jésus du reste sâétait présenté à elle comme la résurrection et la vie (verset 25), mais il ne lui avait pas dit expressément quâil allait rappeler son frère dâentre les mortsâ¯; elle pouvait donc en douter à ce moment, sans que sa foi au Sauveur, qui élevait son âme au-dessus de la vie et de la mort, eût subi aucune atteinte.
Verset 40
Jésus rappelle ainsi à Marthe sa grande affirmation (versets 25 et 26)â¯; mais il se sert pour cela des termes quâil avait employés dans son premier message aux deux sÅursâ¯: (verset 4) la gloire de Dieu, sa puissance et sa miséricorde allaient se manifester avec éclat par le triomphe de la vie sur la mort.
Mais pour la voir, cette gloire, pour en être pénétrée, consolée, fortifiée, il fallait que Marthe crûtâ¯; la foi seule saisit lâinvisible.
Sans la foi, alors même que Marthe aurait revu son frère vivant, elle nâaurait pas vu la gloire de Dieu.
Verset 41
Le texte reçu ajouteâ¯: du lieu ou le mort était couché, ces mots, omis par Codex Sinaiticus, B, C, D, sont inutiles.
Jésus leva les yeux en haut, au-dessus de la mort, vers la source de la vie, au-dessus de la terre, vers le ciel qui, pour lui, nâétait pas un ciel vide (Jean 17.1).
Cette action de grâce prononcée à lâavance et surtout ces motsâ¯: tu mâas exaucé, supposent-ils que Jésus avait, avant ce moment, élevé son cÅur à Dieu, par une prière silencieuseâ¯? Ou expriment-ils seulement la certitude actuelle que Dieu allait déployer par lui sa toute-puissanceâ¯?
On a soutenu lâune et lâautre de ces interprétations et lâune et lâautre peuvent être vraies. Quoi quâil en soit il ne faut pas oublier que, dès la première annonce de la maladie de Lazare, Jésus savait quâelle aurait une issue qui serait à la gloire de Dieu (verset 4).
Verset 42
Pourquoi Jésus a-t-il prononcé à haute voix et devant tous son action de grâce�
Non pas parce quâil aurait considéré le miracle que Dieu lui donnait dâaccomplir comme une chose nouvelle, inattendue ou extraordinaire dans sa vie. Dieu qui lâexauçait toujours, parce quâil vivait avec lui dans une communion intime, avait souvent opéré par lui des actes de sa puissance, en répondant à ses prières. Sa mission habituelle était de manifester les perfections de Dieu dans notre humanité déchue.
Mais cette grande vérité, il fallait que la foule qui lâentourait la comprit et en fût pénétréeâ¯; sans cela le plus grand des miracles de Jésus nâaurait été, à ses yeux, quâun prodige propre à exciter son étonnement et nâaurait point créé en elle la vraie foi. Or, le désir ardent de Jésus, câest quâelle soit amenée par ce miracle à le reconnaître comme lâenvoyé de Dieu, le Sauveur.
Lâeffet de la guérison de lâaveugle-né avait été annulé par cette affirmation des adversairesâ¯: une Åuvre accomplie en violation du sabbat ne peut être de Dieu.
Câest pourquoi, avant de ressusciter Lazare, Jésus prend Dieu à témoin, le met en demeure de lui accorder ou de lui refuser sa demande, lâinstitue garant de lâÅuvre quâil va accomplir (Luc 5.22-24â¯; comparez 1 Rois 18.36). Il écarte ainsi par avance tous les obstacles qui pourraient arrêter le développement de la foi chez ceux qui lâentourent.
Ce but si élevé et si saint de sauver les âmes aurait dû prévenir, ce semble, lâobjection de certains exégètes qui trouvent étrange que Jésus adresse à Dieu des paroles qui ont lâair dâune réflexion plutôt que dâune prière. Ce nâest pas une prière en effet, mais un témoignage rendu à la vérité et distinct de lâaction de grâce prononcée dâabord (verset 41), en présence de ce tombeau, où la vie allait triompher de la mort.
Verset 43
Grecâ¯: Lazare, ici, dehorsâ¯! Il nây a point de verbe dans cette phrase, câest une exclamation puissante, ayant le sens dâun ordre, dâun appel adressé au mort et qui le fait renaître à la vie.
Telle fut lâÅuvre de la Parole de «â¯Celui qui fait revivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaientâ¯Â» (Romains 4.17).
Câest cette même Parole qui retentit à lâorigine des chosesâ¯: Que la lumière soitâ¯! (Genèse 1.3-4).
Verset 44
Les anciens ensevelissaient leurs morts en enveloppant de bandes de toile le corps et chaque membre à part. Lazare rendu à la vie, put sans difficulté marcher et sortir.
Il ne faut donc pas voir, avec quelques Pères, un nouveau miracle dans ce fait. Mais il nâeut toute la liberté de ses mouvements quâaprès lâexécution de cet ordreâ¯: Déliez-le et le laissez aller.
Et câest alors que parut évidente aux yeux de tous la grande parole de Jésus à Martheâ¯: «â¯Je suis la résurrection et la vieâ¯!â¯Â»
Le récit de la résurrection de Lazare porte tous les caractères de la vérité historique, non seulement dans lâenchaînement des faits extérieurs, mais jusque dans les nuances psychologiques les plus délicates qui sont observées dans les sentiments manifestés par les personnages de ce drame émouvant.
Malgré cela, on devait sâattendre à ce que les théologiens rationalistes, dont la philosophie a décidé que tout miracle est impossible, ne trouvassent, dans ce chapitre, quâun sujet nouveau dâexercer leur critique négative.
Pour plusieurs, Lazare nâétait mort quâen apparence et fut ranimé par la fraîcheur du tombeau ou par les parfums aromatiques dont il était entouré.
On ne manquera pas dâappliquer la même explication fantaisiste à la résurrection de Jésus-Christ lui-même.
Elle a paru trop grossière aux historiens modernes qui, depuis Strauss et selon son système, trouvent dans cette histoire un mythe, un récit fictif destiné à illustrer cette thèse métaphysiqueâ¯: «â¯Je suis la résurrection et la vieâ¯Â» (Baur), ou suivant les plus récents (Keim, Schenkel, Holtzmann), la parabole du mauvais riche et de Lazare, racontée par Jésus aurait été transformée par la tradition et aurait donné naissance à notre histoireâ¯!
Pour lâexégète qui admet la réalité du miracle se présente une questionâ¯: câest celle du silence des évangiles synoptiques. Comment se fait-il quâils nâaient pas rapporté ce miracle, qui, selon notre évangile, eut une si grande influence sur la catastrophe par laquelle allait se terminer la vie de Jésusâ¯?
On a répondu que les premiers évangélistes se sont tus par un ménagement délicat pour la famille de Lazare, qui pouvait vivre encore et qui était devenue lâobjet de la haine et des desseins meurtriers des ennemis (Jean 12.10).
On a répondu encore (Meyer, Luthardt) que les trois premiers évangiles sont ici en parfait accord avec leur plan général, suivant lequel ils ont voulu ne raconter que le ministère de Jésus en Galilée et sa fin tragique à Jérusalem.
On a répondu enfin que, à son origine, la tradition apostolique, toute remplie de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ, nâavait recueilli, de tout ce qui sâétait passé à Jérusalem, que ce grand fait du salut, en laissant dans lâombre tout le reste (voir le Commentaire de M. Godet).
Verset 45
Conséquences de la résurrection de Lazare (45-57)
Donc, à la suite de ce triomphe de la vie sur la mort dont ils venaient dâêtre témoins, beaucoup, un grand nombre, crurent en lui.
Il pouvait y avoir des degrés très divers dans cette foi opérée par la vue du miracle (comparer Jean 2.11-23, note).
Dâaprès ce que nous avons vu des dispositions de ces amis de Lazare (verset 37, note), il est possible que plusieurs fussent dâavance préparés à la foi en Jésus. Chez dâautres, cette foi ne fut peut-être que lâimpression vive, mais passagère, du miracle. Dâautres, enfin, ne reçurent pas même cette impression (verset 46).
Verset 46
Au grand nombre de ceux qui crurent, lâévangéliste en oppose (mais) quelques-uns qui, témoins de la puissance divine et de lâamour de Jésus, allèrent vers les pharisiens et leur dirent ce que Jésus avait fait.
Dans quelle intentionâ¯? Les termes mêmes quâemploie lâévangéliste et la suite du récit ne le prouvent que trop. Ils allèrent dénoncer à ces pharisiens, ennemis du Sauveur et qui exerçaient la plus grande influence sur le sanhédrin, ce qui venait de se passer à Béthanie.
Verset 47
Donc, comme conséquence de la dénonciation qui précède.
Ces mêmes pharisiens, avec les principaux sacrificateurs convoquent une séance du sanhédrin (grec un sanhédrinâ¯; câest ici la seule fois que Jean emploie ce mot), pour délibérer sur lâévénement quâon vient de leur dénoncer et qui était de nature à grandir démesurément lâinfluence redoutée de Jésus sur le peuple.
Il faut remarquer ce verbe au présentâ¯: que faisons-nousâ¯? Il est urgent de faire quelque chose et de le faire tout de suite.
Ce qui les remplit dâinquiétude câest que cet homme (terme de mépris) fait beaucoup de miracles.
Ce nâest donc pas seulement la résurrection de Lazare qui les trouble, celle-ci nâa fait que mettre le comble à ces manifestations de la puissance divine qui agissait par Jésus et que les chefs du peuple ne peuvent tolérer. Ils croient ces miracles, ils les constatent officiellement et ils veulent condamner celui qui les opèreâ¯!
Verset 48
Cette crainte des Romains était-elle sincère�
Plusieurs interprètes le pensent avec les idées charnelles que les Juifs se faisaient du Messie, ils pouvaient redouter que Jésus ne suscitât parmi le peuple quelque émeute, qui aurait provoqué une répression sévère de la part des Romains et amené peut-être la suppression du pouvoir du sanhédrin.
Câest là ce quâils expriment par ces termes énergiquesâ¯: Ils détruiront (grec enlèveront, supprimeront) et notre lieu câest-à -dire Jérusalem et son temple, siège de notre gouvernement et notre nation, à laquelle ils ôteront ce qui lui reste de son antique indépendance.
Que cette crainte fût sincère ou simulée leur principal mobile était lâambition égoïsteâ¯: ils craignent que les Romains ne mettent un terme à leur domination sur ce quâils appellent notre (tout lâaccent porte sur ce mot en grec) lieu, notre nation.
Verset 49
Les motsâ¯: souverain sacrificateur cette année-là , ne signifient point que dans la pensée de lâauteur cette charge fût annuelle.
Même si notre évangéliste nâétait pas lâapôtre Jean, il se montre trop instruit des coutumes de lâAncienne Alliance pour ignorer que le souverain sacrificateur était nommé à vie. Il nâest pas même nécessaire, pour expliquer le terme quâil emploie, de rappeler que cette haute dignité était depuis longtemps conférée arbitrairement par lâautorité romaine, qui, redoutant le pouvoir dâun fonctionnaire inamovible, remplaçait fréquemment les titulaires de cette charge.
Tout ce que Jean veut dire, par cette expression qui se retrouve au verset 51 et au Jean 18.13, câest que Caïphe était souverain sacrificateur dans cette année-là , lâannée mémorable et fatale de la mort du Sauveur (Jean 18.13, noteâ¯; Matthieu 26.3â¯; Luc 3.9, note).
Verset 50
Caïphe, en vrai sadducéen (Josèphe, Bell. jud. 2, 8, 14), parle avec rudesseâ¯: Vous nây entendez rien (grec vous ne savez rien)â¯; puis, invoquant la raison dâÃtat, au nom de laquelle tant dâiniquités ont été commises, il leur ditâ¯: Vous ne considérez pas quâil vous (B, Dâ¯: le texte reçu, avec A, majuscules porte nous) est avantageux de sacrifier un seul homme pour sauver la nation.
Innocent ou coupable, il faut que cet homme périsseâ¯! Par là , ce politique qui se croit habile ne fait que reprendre en sous-ordre le raisonnement du verset 48 et il ne voit pas que câest précisément le crime quâil conseille qui amènera, par un juste jugement de Dieu, la ruine, de son peupleâ¯!
Verset 51
Lâévangéliste ajoute (versets 51 et 52) aux paroles de Caïphe un commentaire inattendu, lumineux, profond.
Les exégètes ne sont pas dâaccord sur la nature de cette prophétie attribuée au souverain sacrificateur. Les uns, se rappelant que, dans les beaux jours de la vie religieuse en Israël, le souverain sacrificateur était censé posséder le don de prophétiser, ou de prononcer des oracles en consultant lâÃternel (Exode 28.30â¯; Nombres 27.21â¯; Deutéronome 33.8), pensent quâen ce moment lâEsprit de Dieu renouvela en Caïphe ce don depuis longtemps disparu et lui fit prononcer, en vertu de sa charge, une véritable prophétie.
Mais nây a-t-il pas quelque chose qui répugne dans la pensée que lâEsprit de Dieu aurait réellement agi sur lâesprit dâun homme tout rempli de desseins meurtriersâ¯? Est-ce là ce que Jean a voulu direâ¯? Cette pensée ne ressemblerait-elle pas à la monstrueuse erreur du catholicisme, attribuant aux papes les plus corrompus lâinfaillibilité, en vertu de leur sacerdoceâ¯?
Non, câest bien Caïphe lui-même qui, de son propre mouvement, prononce un principe de sa détestable politique, mais, par une direction spéciale de la providence divine, il le fait en des termes dans lesquels lâévangéliste pouvait, à bon droit, voir une prophétie involontaire de la mort du Fils de Dieu.
Pilate aussi, comme lâobserve Bengel, proclama la royauté divine de Jésus-Christ aux yeux de tous, en attachant à la croix le titre de cette dignité. Nous dirons donc, avec M. Luthardt, que Caïphe prophétisa non comme souverain sacrificateur, en vertu de sa charge, mais comme souverain sacrificateur de cette année-là (lâadjonction de ces derniers mots nâaurait pas de sens sâils ne portaient lâaccent) car cette année-là devait voir sâaccomplir le grand sacrifice qui mettrait fin à tout lâancien sacerdoce.
Verset 52
Le principe énoncé par Caïpheâ¯: un pour tous ne sâapplique pas seulement au peuple Juifâ¯; il a un caractère dâuniversalité, que lâévangéliste relève encore.
Ce nâest pas seulement pour la nation juive que Jésus devait mourir, mais afin de rassembler en un seul corps, par la prédication de lâévangile, les enfants de Dieu dispersés parmi toutes les nations (comparer Jean 10.16, note).
Les motsâ¯: en un seul corps (grec en un) indiquent la sainte communion dâesprit et dâamour dans laquelle Juifs et païens convertis ne sont plus quâun cÅur et quâune âme en Jésus, leur chef et leur Sauveur.
Mais dans quel sens Jean peut-il appeler enfants de Dieu ces milliers dâhommes de lâavenir qui nâavaient encore aucune connaissance de luiâ¯?
Des interprètes, jaloux dâattribuer à lâhomme le plus possible et à Dieu le moins possible dans lâÅuvre du salut, répondent que ces enfants de Dieu étaient ceux que Dieu voyait disposés à le devenir. Mais, répondent Meyer et Luthardt, tout luthériens quâils sont, câest se mettre en opposition avec tous les principes de lâÃcriture que de donner le titre dâenfants de Dieu à des hommes pécheurs qui sont encore en dehors de toutes les conditions du salut.
Lâexpression est donc prophétique comme le dit Meyer, ici en parfait accord avec Calvinâ¯; lâévangéliste parle au point de vue de la prescience de Dieu, en dâautres termes, de lâélection de sa grâce.
Câest là le mystère de la miséricorde divine, sâétendant à toutes les nations et dont Paul a été le grand prédicateur (Romains 8.28-29â¯; Ãphésiens 1.9 et suivantsâ¯; Ãphésiens 3.4 et suivants, Colossiens 1.26-27).
Verset 53
Le mot donc montre que la décision de faire mourir Jésus fut prise en conséquence de la proposition de Caïphe, qui fut ainsi adoptée par le conseil.
Depuis ce jour-là leurs délibérations ne concernèrent plus que les voies et les moyens dâexécuter leur dessein.
Verset 54
Jésus nâignorait pas la décision qui venait dâêtre priseâ¯; il quitte donc les environs de Jérusalem et la Judée, il ne paraissait plus (grec), il ne marchait plus ouvertement, en public, librement, parmi les Juifs, il se retire dans la contrée voisine du désert de Juda qui sâétendait au loin dans la direction du Jourdain et de la mer Morte.
Il va séjourner avec ses disciples dans une ville appelée Ãphraïm.
Cette ville selon Eusèbe, était à huit milles, selon Jérôme à vingt milles au nord-est de Jérusalem. Lâhistorien Josèphe la place dans le voisinage de Béthel (comparer 2 Chroniques 13.19).
M. Luthardt observe que par cette retraite Jésus montrait à ses adversaires que leur volonté ne serait pas accomplie sans la sienne et quâelle le serait, non comme ils le voulaient, mais comme il le voudra. Quand son heure sera venue, il ira lui-même au-devant dâeux.
Verset 55
Le motâ¯: contrée ne désigne pas spécialement le pays où Jésus sâétait retiré, mais en général les campagnes, par opposition à la capitale.
Ces gens se rendaient à Jérusalem avant la Pâque, afin que ceux qui étaient atteints de quelque souillure légale eussent le temps de se purifier par des sacrifices et diverses cérémonies, pour pouvoir prendre part à la fête.
Par cette observation, Jean prépare ce quâil va raconter au verset suivant.
Verset 56
Lâévangéliste nous décrit ainsi un mouvement de curiosité chez les uns, de sérieuse attente chez les autres. Leur attente était excitée par le bruit quâavait fait le dernier miracle de Jésus.
Mais la décision prise par le sanhédrin contre lui rendait très douteuse, à leurs yeux, sa venue à la fête.
Ils se demandent donc les uns aux autres, avec un vif intérêtâ¯: Que vous en sembleâ¯? (grec) quâil ne viendra point à la fêteâ¯?
Ils se posaient ces questions, se tenant là dans le temple où ils savaient que Jésus avait lâhabitude de se rendre pour parler au peuple.
Verset 57
Tandis que se produisait parmi la foule ce mouvement, qui montrait toute lâinfluence que Jésus exerçait encore sur elle, les chefs du sanhédrin avaient pris leurs mesures pour exécuter leur décision.
Ils avaient donné lâordre que quiconque savait où il était, le dénonçât, afin quâils pussent se saisir de lui.
Le texte reçu, avec D et quelques majuscules, porteâ¯: avaient aussi donné lâordre. Ce aussi marque, suivant M. Godet, «â¯un nouvel anneau dans la série des mesures hostiles, si bien retracée par Jeanâ¯: Jean 5.16-18â¯; Jean 7.32â¯; Jean 9.22â¯; Jean 11.53â¯Â».
Tout est donc préparé, lâheure de la catastrophe approche. Mais si Jésus était resté dans les montagnes ou il sâétait retiré, tous ces desseins des adversaires auraient été vains (Jean 12.1-12).