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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 10". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/john-10.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 10". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-42
Verset 1
Les faux bergers et le vrai berger (1-21)
Ce discours est en relation étroite avec les paroles et les faits rapportés au chapitre précédent. La conduite des Juifs qui cherchaient à annuler lâimpression produite par la guérison de lâaveugle, soit en niant le miracle, soit en persécutant celui qui en avait été lâobjet, obligea Jésus de leur dire de sévères vérités sur leur propre aveuglement (Jean 9.39-41). Il sâefforce maintenant de faire sentir à ces orgueilleux persécuteurs quâils ne sont pas moins coupables comme conducteurs du peuple que comme individus. Ses premiers mots sont solennelsâ¯: En vérité, en vérité.
Cette belle allégorie, que le Sauveur emprunte aux mÅurs pastorales de lâOrient, était familière à ses auditeurs. Afin de préserver leurs troupeaux des bêtes féroces ou des voleurs, les bergers les réunissaient en pleine campagne, dans un bercail à ciel ouvert, entouré dâun mur.
On y ménageait une porte, à laquelle se tenait un serviteur bien armé, qui faisait la garde et ne laissait entrer que les bergers à lui connus. Sur le matin, venaient ces bergersâ¯; chacun appelait ses propres brebis qui, connaissant sa voix, le suivaient pour sâen aller au pâturage. Jésus lui-même expose, dans son discours, le sens spirituel quâil attache aux divers traits de cette allégorie.
Mais, comme il varie dans lâapplication de ces divers traits, on peut se demander si nous avons ou non plusieurs paraboles enchaînées lâune à lâautre.
M. Godet en distingue troisâ¯: celle du berger (versets 1-6), celle de la porte (versets 7-10), celle du bon berger (versets 11-18).
M. Weiss ne trouve dans ce discours que deux parabolesâ¯: la première versets 1-10, quâil intitule la parabole du berger et du brigandâ¯; la seconde, versets 11-18, quâil appelle la parabole du berger et du mercenaire.
Nous estimons plus conforme au texte, plus respectueux de ses nuances, de ne voir dans ce morceau quâune seule similitude, que Jésus expose en termes généraux dans les versets 1-5 et dont il fait deux applications différentes, en sâidentifiant tour à tour avec la porte par laquelle doivent passer bergers et brebis (versets 7-10) et avec le vrai berger auquel les brebis appartiennent et qui donne sa vie pour elles (versets 11-18).
Dans lâexposé premier de la parabole (versets 1-5) sont déjà sous-entendues les applications que Jésus fera des deux traits principauxâ¯: la porte et le berger légitime. La porte représente Jésus lui-même (note suivante, comparez verset 7)â¯; et le berger que nous décrivent les versets 3 et 4, ne peut être un autre que le bon Bergerâ¯; de lui seul on peut dire avec vérité que «â¯les brebis lui appartiennentâ¯Â» et «â¯quâil les appelle par leur nomâ¯Â». Le tableau des versets 3 et 4 contient en germe la peinture de lâactivité du bon berger (versets 11-18).
Verset 2
Le bercail des brebis, câest le peuple de Dieu, Israël, dont Jéhovah, par lâorgane de ses prophètes, sâétait proclamé le berger et auquel il avait promis lâenvoi de bergers selon son cÅur (Jérémie 23.1-8â¯; Ãzéchiel 37.24â¯; Ãsaïe 40.11).
La porte, par laquelle doit entrer tout vrai berger des brebis, ne représente pas seulement lâautorisation divine donnant lâaccès légitime au bercail (Tholuck, Godet et dâautres), mais Christ lui-même, comme il est dit expressément (verset 7).
Les vrais conducteurs du peuple de Dieu ne peuvent entrer que par lui dans leur vocationâ¯; câest lui qui les en rend capables et les y appelleâ¯; lui qui établit une relation intime entre eux et les brebis.
Il en était tout autrement des pharisiens qui, indépendants de lui, incrédules et ennemis de sa vérité, sâarrogeaient la qualité de conducteurs du peuple de Dieu.
Il est donc tout à fait arbitraire dâadmettre que Jésus ne se désignait pas encore ici sous cette image de la porte, bien quâil le fasse ensuite si expressément (versets 7 et 9).
Celui donc qui entre par Christ est un berger, ou simplement est berger des brebis, par opposition «â¯au brigand et au voleurâ¯Â» (verset 1). Il faut remarquer que ce mot, sans lâarticle, est laissé dans toute sa généralité.
Il en est autrement quand Jésus lui-même sâappelle le berger, le bon berger (versets 11 et 14).
Mais si Jésus commence par relever les conditions que doit remplir tout berger des brebis, afin de montrer que les chefs du peuple étaient des voleurs (versets 1 et 2), sa pensée, sortant de la généralité, sâattache, dès le verset 3, au seul berger véritable.
Verset 3
Le portier est, comme nous lâavons indiqué, ce serviteur armé qui veillait à lâentrée du bercail. Jésus nâayant point interprété ce trait de la similitude, les exégètes ont voulu suppléer à son silence.
Les uns donc ont vu dans ce portier Dieu (Jean 6.44), qui ouvre lâentrée de son royaumeâ¯; dâautres, le Saint-Esprit, qui y prépare les cÅursâ¯; dâautres, Moïse qui par la loi, fraye les voies à lâÃvangile (Jean 5.46)â¯; dâautres, Christ lui-même, dâautres enfin, Jean-Baptiste, le précurseur du Sauveur.
De ces diverses interprétations, la dernière, proposée par M. Godet, est la plus vraisemblable (Jean 1.6-7â¯; Jean 1.35â¯; Matthieu 21.23, suivants)â¯; mais il nous paraît plus naturel de voir seulement dans ce détail lâindication que le vrai berger trouve accès au bercail des brebis.
Verset 4
Admirable tableau dâune relation intime pleine de confiance et dâamour, entre le berger et les brebisâ¯! Lui, dès quâil est entre dans le bercail, appelle ses brebis par leur nomâ¯; il connaît, il nomme chacune dâelles (comparez Ãsaïe 43.1â¯; Jean 1.43â¯; Jean 20.16), il les mène dehorsâ¯; et, quand il a fait sortir toutes (B, D, Itala) ses propres brebis, il marche devant elles, pour les conduire au pâturage.
Elles, de leur côté, entendent sa voix, et, parce quâelles connaissent cette voix, elles le suivent docilement.
Le mot deux fois répétéâ¯: ses propres brebis, semble établir une distinction entre celles qui appartiennent au berger et dâautres.
Par son appel, le berger opérerait un triage entre les brebisâ¯; celles qui entendent sa voix représenteraient les membres vivants du troupeau, selon lâexpression de Calvin, ou, suivant lâexplication de M. Godet, ces brebis, que le berger mène dehors, figureraient
Mais il nâest pas dit expressément que lâenclos renferme plusieurs troupeaux mélangés.
Le terme ses propres brebis signifie simplement quâelles sont à lui, lui appartiennent en propre et que, comme telles, il les aime. On peut lire aux versets 5 et 12 la pensée opposée.
Verset 5
Les brebis, loin de suivre un étranger, fuiront loin de lui, par cette raison quâelles ne connaissent pas la voix des étrangers.
Il y a en tout vrai disciple de Jésus un tact chrétien, un discernement des esprits, qui lui font immédiatement reconnaître une parole, un enseignement, un ton, une manière dâagir opposés au caractère du vrai berger, retracé dans les versets 3 et 4.
Verset 6
Ce que les auditeurs de Jésus ne comprirent point, ce ne sont pas les termes simples et clairs quâil employait, mais les choses spirituelles et morales quâil voulait enseigner.
Ils ne pouvaient ni ne voulaient les comprendreâ¯; car leur aveuglement (comparez Jean 9.40-41) les rendait incapables de saisir de telles vérités.
Verset 7
Voilà surtout ce que les adversaires ne voulaient ni comprendre ni croireâ¯; câest que Jésus-Christ est la porte des brebis (verset 2, note), par laquelle seule entrent les vrais bergers (verset 8) et les brebis elles-mêmes (verset 9).
Câest ici la première application de notre similitude que Jésus se fait à lui-mêmeâ¯; une seconde, la principale, est au verset 11 et suivants.
Verset 8
Câest là une parole qui a singulièrement occupé les interprètes et qui est, en effet, assez difficile à expliquer.
Un commentateur célèbre (de Wette) trouve quâelle ne répond pas à la sagesse et à la douceur de Jésus et renonce à lui trouver un sens satisfaisant.
Les motsâ¯: avant moi, sont omis par neuf majuscules, plus de cent minuscules, lâItala, la Vulgate et des Pères de lâÃglise. Tischendorf les omet, mais leur retranchement a tout lâair dâêtre une correction destinée à aplanir la difficulté, il change du reste peu de chose à la pensée. La plupart des critiques et des exégètes les conservent, se fondant sur B, A, D, majuscules.
Mais quelle est la pensée du Sauveurâ¯? Ãvidemment il ne parle ni de Moïse, ni des prophètes, dont il reconnaît lâautorité dans mainte parole de notre Ãvangile (Jean 4.22â¯; Jean 5.39â¯; Jean 5.45-47).
Les termes de voleurs et de brigands ne sauraient sâappliquer non plus aux faux messies, qui nâapparurent quâà une date postérieure. Enfin câest faire violence au texte que de prendre avant moi dans le sens deâ¯: «â¯en se séparant de moiâ¯Â» ou de traduire à ma place.
Jésus parle uniquement des chefs actuels de la théocratie, auxquels sâadressait ce discours et quâil a déjà désignés dans les mêmes termes au verset 1.
Câest ce que prouve très clairement le verbe au présent, sont des voleurs et des brigands, quâil faut bien se garder de traduire, avec Ostervald, par ont été. Jésus peut dire dâeuxâ¯: ils sont venus avant moiâ¯:
Ne méritaient-ils pas les épithètes de voleurs et de brigands, ces hommes qui sâétaient emparés du peuple de Dieu pour lâopprimer de leur tyrannieâ¯; qui, «â¯ayant enlevé la clef de la science, nâétaient pas entrés eux-mêmes, mais empêchaient dâentrer ceux qui le voulaientâ¯Â» (Luc 11.52â¯; comparez Matthieu 7.15)â¯; qui bientôt formeront contre le Sauveur des desseins meurtriers et dont la haine ne sera pas même assouvie quand ils lâauront cloué sur la croix, mais qui poursuivront de leurs persécutions ses disciplesâ¯?
Quâon relise, à Matthieu 23, les jugements terribles prononcés par le Christ sur cette hiérarchie orgueilleuse, hypocrite et ennemie de la vérité et lâon ne trouvera plus rien dâétrange dans la sentence de notre texte.
Les brebis sont ici les mêmes dont Jésus a parlé aux versets 3 et 4. Ce nâétaient pas seulement les âmes pieuses qui refusaient dâécouter les pharisiens et les scribesâ¯; mais, en général, les classes pauvres et souffrantes du peuple, pour lesquelles ces hommes nâavaient ni cÅur ni entrailles, qui se sentaient abandonnées «â¯comme des brebis qui nâont point de bergerâ¯Â» (Matthieu 9.36) et qui tremblaient de crainte sous lâoppression de leurs chefs (Jean 9.22).
Verset 9
Jésus vient de dire que les brebis nâont pas écouté la voix des faux conducteursâ¯; dans les verset 9 et 10, qui forment un contraste frappant avec les paroles qui précèdent, il peint lâheureuse condition de ceux qui viennent à lui.
Il est la porte. Si quelquâun entre par lui dans le bercail des brebis, sâil obtient par lui la réconciliation avec Dieu et lâaccès à son royaume, voici les biens immenses dont il jouiraâ¯: il sera sauvé, ce qui ne signifie point seulement, comme le pense Meyerâ¯: il trouvera protection et sécurité, mais bienâ¯: il sera sauvé dâun salut éternel.
Ensuiteâ¯: il entrera et sortira, expression hébraïque qui signifie le libre usage dâune demeure dans laquelle on entre et de laquelle on sort à volonté, où lâon se sent chez soi, pour parler avec M. Godet et désigne dâune manière générale, la liberté des mouvements, de lâactivité que rien nâentrave (Deutéronome 28.6â¯; Deutéronome 31.2â¯; Jérémie 37.4â¯; Actes 1.21, note).
Enfinâ¯: il trouvera de la pâture, terme dont le sens spirituel se comprend de soi-même et qui est abondamment expliqué au verset suivant.
Ce dernier mot aurait dû suffire pour faire comprendre que Jésus parle ici des brebis et non des bergersâ¯; il rend inadmissible lâexplication de Meyer et de Luthardt dâaprèsâ¯; laquelle, au verset 9 encore, Jésus se présenterait comme la porte pour les bergers aussi bien que pour les brebis (comparer verset 1).
En appliquant ce verset au berger, ils prétendent «â¯quâil sera sauvéâ¯Â» dans le sens de 1 Timothée 4.16 et «â¯quâil trouvera de la pâtureâ¯Â» pour le troupeau. Interprétation certainement forcée.
Verset 10
Encore une fois, Jésus fait ressortir le contraste entre le voleur (versets 1 et 8) qui nâa que des pensées dâinjustice, de meurtre, de destruction et lui-même qui est pour les siens la source de la vie, de la vie éternelle, quâil peut et veut leur communiquer en abondance.
Par cette affirmation de ses compassions infinies et de son amour pour les brebis, Jésus prépare la révélation quâil va donner en se présentant lui-même comme le bon berger, comparaison quâil développera au long (versets 11-18), en lâopposant à lâimage du mercenaire.
Verset 11
Grecâ¯: moi, je suis le berger, le bon.
Jésus ne dit pasâ¯: un berger, comme au verset 2 et comme Luther traduit à tortâ¯; mais le berger, dans un sens absolu et exclusif. Puis lâadjectif signifie à la fois bon et beauâ¯:
En parlant ainsi, Jésus présentait à ses auditeurs, comme pleinement réalisée en lui, une image qui leur était familière par les Ãcritures (voir Psaumes 23.1, Psaumes 80.1â¯; Ãsaïe 40.11â¯; Ãzéchiel 34.11-23).
Seulement, comme dans tous ces passages de lâAncien Testament câest lâÃternel lui-même qui se représente sous lâimage du berger, on voit que Jésus, en nous montrant en lui la pleine réalisation de cette image, parle avec la conscience dâêtre un avec Dieu.
Câest ici la seconde application de la similitude (verset 7, note et verset 2, note). Il nây a point de contradiction à ce que Jésus se représente, à la fois, comme la porte et comme le berger. Il est la porte par laquelle seule les bergers et les brebis entrent dans le bercail du royaume de Dieu, et, dans ce royaume, il est le conducteur suprême des uns et des autres. Il est le Berger des bergers et le Berger des brebis.
Grecâ¯: met sa vie, littéralement son âme, pour ses brebis. Cette manière de parler est propre à notre évangéliste (Jean 10.15â¯; Jean 10.17-18â¯; Jean 13.37-38â¯; Jean 15.13â¯; 1 Jean 3.16).
Lâexpressionâ¯: il met sa vie, signifie que le bon berger expose sa vie dans le combat, pour la défense de ses brebis, par opposition au mercenaire qui sâenfuit lâchement (verset 12), elle annonce lâimmense sacrifice par lequel Jésus livrera sa vie pour sauver les siens (Jean 13.37).
Quelques exégètes pensent que ce terme figuré est emprunté à lâidée dâun vêtement quâon dépose (Jean 13.4) ou à celle dâun dépôt dâargent, dâune rançon payée (Matthieu 20.28).
Mais ces idées ne peuvent sâappliquer aux relations que le berger a soit avec ses brebis, soit avec le loup.
Verset 13
Le personnage du mercenaire, différent de celui du voleur et du brigand (versets 1 et 8), est dans la similitude un trait nouveau. Son caractère est retracé en quelques traits saisissants.
Il est mercenaire, il ne travaille quâen vue dâun salaireâ¯; il nâest pas berger, les brebis ne lui appartiennent pas en propre, il nâa donc pour elles ni intérêt ni amourâ¯: à lâapproche du danger, il abandonne les brebis et sâenfuit.
Cette odieuse conduite est expliquée par le caractère servile et intéressé du personnage, qui ne se soucie point des brebis.
Qui est-ce que Jésus a voulu peindre dans cette image nouvelle�
La plupart des interprètes lâappliquent aux pharisiens qui étaient alors les conducteurs dâIsraël et que Jésus a comparés précédemment à des «â¯voleursâ¯Â» et des «â¯brigandsâ¯Â» (verset 8, note). M. Godet y voit les sacrificateurs et les lévites, seuls fonctionnaires attitrés et salariés de la théocratie, tandis que le loup figurerait les pharisiens, qui obligeaient les chefs légitimes à plier devant eux et à subir leur influence.
Nous pensons plutôt que la figure du mercenaire est surtout destinée à faire ressortir par contraste le caractère du bon berger (Hengstenberg, Weiss). Il y a eu malheureusement, de tous temps des conducteurs de brebis qui, nâétant pas animés de lâesprit du Berger, ont réalisé ce triste type. Les mercenaires nâont jamais manqué dans lâÃglise de Dieu.
De même la comparaison du loup, qui ravit quelques-unes des brebis et disperse les autres, qui, en un mot, exerce un véritable ravage dans le troupeau, ne doit pas être entendue dâune catégorie spécialeâ¯: les pharisiens (Godet) ou les hérétiques, ennemis de la vérité (Augustin, dâaprès Actes 20.29), câest toute la puissance ennemie du royaume de Dieu, cette puissance qui se personnifie dans le prince de ce monde (Jean 12.31â¯; Jean 14.30).
Au verset 13, les motsâ¯: mais le mercenaire sâenfuit, sont omis par Codex Sinaiticus, B, D.
Verset 15
Jésus répète cette grande déclarationâ¯: Je suis le bon berger, pour la mettre en opposition avec le caractère du mercenaireâ¯; puis il décrit en deux traits profonds ce qui fait de lui le Berger parfait.
Dâabord, il y a entre lui et ses brebis une connaissance mutuelle fondée sur la confiance et lâamour, une communion de même nature que celle qui existe entre lui et son Père (comparer Jean 14.20â¯; Jean 15.10â¯; Jean 17.8â¯; Jean 17.21-26).
Ensuite, ce qui le caractérise surtout comme le bon Berger, câest le dévouement suprême de son amourâ¯: Il donne sa vie pour ses brebis (verset 11, note).
Ainsi se consomme la communion profonde et vivante du fidèle avec Dieu par lâintermédiaire du Sauveur, qui, pour réintroduire les siens dans cette unité divine, donne sa vie.
Codex Sinaiticus, B, D, versions portentâ¯: et mes brebis me connaissent, au lieu de la leçon reçueâ¯: je suis connu de mes brebis.
Verset 16
Jésus, en se déclarant encore une fois le bon berger et en décrivant son Åuvre divine qui se consommera par sa mort (versets 14 et 15), est saisi de la pensée que cette Åuvre ne sera pas limitée à son peuple et il jette un regard plein de joie sur ce prochain avenir où les païens auront part aussi aux fruits de son sacrifice et entreront dans le royaume de Dieu.
Mais il faut bien remarquer chaque terme de cette grande prophétie, qui nous montre quelle vue lumineuse le Seigneur avait de lâavenir de son règneâ¯:
Lâaccomplissement de cette grande parole de Jésus qui nous révèle si magnifiquement lâuniversalité de lâÃvangile de la grâceâ¯; a commencé avec la conversion des païens et se poursuit à travers des siècles par lâévangélisation du monde, jusquâà ce quâil soit arrivé à sa perfection (Romains 11.25).
Verset 17
Jésus a achevé de décrire la conduite du bon Berger (versets 11-16), le bon berger se dévoue jusquâà la mort (versets 11 et 15).
Mais cette mort, Jésus éprouve le besoin dâen expliquer le caractère moral et dâen indiquer les motifs il déclare solennellement quâelle sera parfaitement libre (versets 17 et 18).
De la part de Dieu, aucune contrainte ne lui est imposée, car toute communication entre le Père et lui est une effusion de lâamour divin (Jean 3.35â¯; Jean 5.20).
Ainsi, spécialement dans le don de sa vie, le Père lâaime, parce que son sacrifice accomplit le dessein éternel de lâamour divin, le salut du monde. Dans le mystère de notre rédemption, il faut donc bien se garder de penser quâil nây a en Dieu que la justice qui demande satisfaction et que le Fils seul manifeste lâamour qui sauve le pécheur. Nous sommes redevables du salut à lâamour du Père aussi bien quâà lâamour du Fils (Jean 3.16).
Mais si Jésus donne sa vie, ce nâest pas, ce ne pouvait pas être, pour rester dans la mortâ¯; il la donne afin de la reprendre (grec afin que je la prenne de nouveau).
Ces mots ne marquent pas seulement la suite ou la condition de sa mort comme le pensent Calvin et de Wette mais lâintention, clairement exprimée, le but avéré du Sauveur.
Et si sa mort est la rançon pour les péchés du monde sa résurrection est la vie des siens. Voilà pourquoi, dans les synoptiques, toutes les fois que Jésus annonce ses souffrances et sa mort, il annonce en même temps sa résurrection (Matthieu 16.21 et ailleurs).
Verset 18
Si, de la part de Dieu, aucune contrainte nâétait imposée à Jésus autre que celle de lâamour (verset 17), de la part des hommes, nul ne pouvait, sans sa volonté, lui ôter la vieâ¯; il la donne de lui-même, dans la sainte liberté de lâamour. La nécessité de mourir est, pour lâhomme, la suite du péché (Romains 6.12)â¯; pour le Saint et le Juste cette nécessité nâexistait pas.
Jésus lâaffirme dans cette déclaration répétéeâ¯: Jâai le pouvoir de la donner et jâai le pouvoir de la reprendre.
Cette parole du Sauveur nâest point en contradiction avec la doctrine constante du Nouveau Testament dâaprès laquelle câest Dieu qui a ressuscité Jésus dâentre les morts (Actes 2.32â¯; Actes 3.15â¯; Actes 4.10â¯; Romains 6.4) car, comme le dit M. Godetâ¯:
Toute la vie du Sauveur, depuis son incarnation, qui fut un premier et immense dévouement, jusquâà sa mort et à sa résurrection, nâa été que lâaccomplissement de la volonté de Dieu (Jean 14.31â¯; Matthieu 26.39-42).
Jésus a constamment obéi à ce quâil appelle lâordre ou le commandement quâil a reçu de son Pèreâ¯; câétait la mission quâil avait librement acceptée et quâil a parfaitement remplie.
Dans notre passage, toutefois, lâordre du Père au Fils sâapplique moins aux actes de donner sa vie et de la reprendre, quâil nâétablit la pleine liberté avec laquelle le Fils accomplira ces actes.
M. Godet paraphrase cet ordre comme suitâ¯: «â¯Tu pourras mourir ou ne pas mourir, ressusciter ou ne pas ressusciter, selon les libres aspirations de ton amourâ¯Â».
Verset 19
De nouveau, car il y avait eu déjà de la division entre eux (Jean 9.16).
Les Juifs sont, selon le langage de Jean, ces mêmes pharisiens qui venaient de sâopposer aux paroles de Jésus (Jean 9.40). Ils persistent dans leur inimitié et lâexpriment par des injures.
Verset 20
Ces paroles outrageantes, Jésus avait dû les entendre plus dâune fois déjà (Jean 7.20â¯; Jean 8.48-52).
Les motsâ¯: il est hors de sens, sont lâexplication de ceux-ciâ¯: il a un démon, car, selon les idées populaires du temps, la folie avait pour cause la possession.
Dâoù ils concluent avec mépris quâil ne vaut plus la peine dâécouter celui qui parle.
Il faut convenir, en effet, que les paroles que Jésus venait de prononcer (versets 17 et 18) sont ou de Celui qui est un avec Dieu, ou dâun insensé. Il nây a pas dâautre alternative, pas plus pour les lecteurs actuels que pour les auditeurs dâalors.
Verset 21
Ces autres étaient aussi des auditeurs de Jésus, qui, moins prévenus, plus sincères, plus sérieux, avaient tiré une tout autre conclusion de la guérison de lâaveugle (Jean 9.16).
Ici, ce nâest pas seulement du miracle quâils se montrent impressionnés mais, ce qui est beaucoup, plus important, des paroles mêmes du Sauveurâ¯: Ce ne sont pas là , les discours dâun démoniaque.
Le contact immédiat de la vérité avec lââme humaine est le seul moyen dâune vraie conviction et la conclusion de ces gens-là sera toujours la plus puissante apologie de lâévangile.
On fait remarquer que ce jugement est encore tout négatifâ¯: cela est vrai de sa formeâ¯; mais rien nâempêche de croire quâil ne dénote une impression plus positive dans le cÅur de ceux qui lâexprimentâ¯; car il leur fallait, pour parler ainsi en présence des puissants ennemis de Jésus, un certain courage. Et ses ennemis ne trouvent rien à répondre.
Verset 22
Jésus à la fête de la dédicace (22-42)
Cette fête, appelée en hébreu et en grec Rénovation, Inauguration, Dédicace, avait été instituée par Judas Maccabée, en souvenir de la restauration du temple et de lâautel, après quâAntiochus Ãpiphane les eut profanés. On la célébrait durant huit jours, à dater du 25 du mois de Kisleu, qui correspond au mois de décembre (voir 1 Maccabées 4.55â¯; et suivantsâ¯; 1 Maccabées 10.2 et suivants et aussi Josèphe Antiquités Juives, XII, 7, 8).
Cette fête étant dâinstitution humaine, il nây avait point, pour les Juifs, la même obligation dây assister quâaux autres solennités religieuses. Mais Jésus se conformait volontiers à tout ce quâil y avait de bon et de louable dans les mÅurs de son peuple et il saisit cette occasion pour adresser à celui-ci un dernier appel, avant la Pâque.
Câétait lâhiver, la mauvaise saison, câest pourquoi le discours suivant fut prononcé sous le portique de Salomon (verset 23, note) et non en plein air. Ces petits détails précis dénotent le témoin oculaire.
Entre la fête des tabernacles (Jean 7.2), où eurent lieu les discussions qui précèdent (Jean 7.14-10.21) et celle de la dédicace, deux mois sâétaient écoulés, sur lesquels notre évangéliste garde un silence absolu.
Les uns pensent que, dans cet intervalle, Jésus resta à Jérusalem et dans les environs (Ainsi Bengel, Tholuck, Olshausen, Stier Lücke, Hengstenberg, Meyer, Weiss Holtzmann).
Mais, objectent dâautres, est il probable que le Sauveur ait pu rester tout ce temps à Jérusalem, exposé aux embûches de ses ennemis dont la haine et les desseins meurtriers sâétaient plus dâune fois déclarés contre luiâ¯? (voir aussi verset 31).
En outre, il faudrait admettre, en ce cas, quâaprès le départ de Galilée mentionné Jean 7.10, Jésus ne revint plus dans cette province.
Or, si lâon consulte le récit que Luc nous fait du dernier voyage de Jésus de Galilée en Judée (Luc 9.51-19.28), on est tout naturellement conduit aux deux remarques suivantesâ¯:
Il faut donc admettre quâaprès la fête des tabernacles, Jésus retourna en Galilée. Il rapportait de Jérusalem la conviction que ses appels aux autorités théocratiques avaient été définitivement repoussés, que sa mort était inévitable et prochaine. Sous cette impression, il prend congé de cette province qui avait été le principal champ de son activité. Il effectue alors le départ solennel dont le récit de Luc a marqué le caractère tragique (Luc 9.51). Il sâachemine lentement vers Jérusalem, évangélisant la Galilée méridionale et la Pérée. Il fait une courte apparition à Jérusalem, à la fête de la dédicace, puis il retourne en Pérée, où il reste Jusquâaux approches de la Pâque (verset 40). Telle est lâopinion dâEbrard, de Néander, de Lange, de MM. Luthardt, Keil et Godet.
Verset 23
Le portique de Salomon, situé dans la partie orientale du temple, était, selon Josèphe (Antiquités Juives, XX, 9, 7), la seule portion de lâancien édifice qui fût restée debout lors de sa destruction sous Nébucadnetsar.
Ce lieu était cher au souvenir des chrétiens (Actes 3.11) et notre évangéliste ne lâavait point oublié. Aussi cette remarque trahit-elle, comme tant dâautres, le témoin oculaire (comparer Jean 8.20).
Verset 24
Doncâ¯: cette particule montre que les adversaires saisissent avec empressement lâoccasion que leur offre la présence de Jésus sous ce vaste portique pour lâentourer, le séparer de ses disciples, le serrer de près et lui poser une question directe qui devait le forcer à déclarer franchement, ouvertement, sâil était le Christ, le Messie.
Que ceux qui le pressent ainsi agissent dans un esprit hostile, câest ce qui ressort de ce termeâ¯: les Juifs, par lequel Jean désigne en général les ennemis du Sauveur. La réponse de Jésus le démontre également.
Verset 25
Grecâ¯: Je vous ai dit, le régime sous-entendu estâ¯: ce que vous me demandez. Jésus ne sâest pas déclaré le Messie en propres termes, mais il a émis mainte affirmation propre à montrer quâil se tenait pour le Christ, le Fils de Dieu (Jean 8.25, note).
Par ces déclarations il leur a, comme dit M. Godet, «â¯Ã©pelé, en quelque sorte, son titre de Christ, de telle façon que, sâils veulent croire, ils nâont plus quâà le prononcer eux-mêmesâ¯Â».
De plus, si elles ne leur suffisent pas, quâils considèrent les Åuvres quâil fait évidemment au nom de son Père et qui toutes portent le sceau de la puissance et de lâamour divins.
Câest là le témoignage qui aurait dû les amener à la foi en lui et en sa parole (Jean 10.38â¯; Jean 5.36â¯; Jean 15.24).
Mais Jésus ajoute avec tristesseâ¯: vous ne croyez pas et il va en dire clairement la raison.
Verset 26
Jésus trouve au fond du cÅur de ses adversaires la cause de leur incrédulitéâ¯: vous ne croyez pas, parce que vous nâêtes pas de mes brebis et la preuve que vous nâen êtes pas, câest que mes brebis me connaissent et entendent ma voix (verset 27, comparez versets 15 et 16), tandis que vous repoussez mes paroles.
Si les motsâ¯: comme je vous lâai dit, omis par Codex Sinaiticus, B, sont authentiques, il ne faut pas les prendre à la lettre, car Jésus nâavait pas encore déclaré ouvertement à ses adversaires et en propres termes, quâils nâétaient pas de ses brebisâ¯: mais, en retraçant, dans lâallégorie versets 1-15, les caractères de ceux qui lui appartiennent il avait fait entendre assez clairement à ses ennemis quâils nâétaient point de ce nombre.
Quelques interprètes font de cette phrase un préambule du verset 27, qui est une citation littérale de paroles prononcées dans le discours précèdent.
Dans lâune ou lâautre de ces applications, ces motsâ¯: comme je vous lâai dit, sont donc assez clairs.
Mais la plupart des éditeurs et des commentateurs les retranchent.
On a trouvé étrange que Jésus se réfère ici à sa parabole du berger et des brebis, quâil avait prononcée deux mois auparavant (verset 22, note) et la critique négative sâest empressée dâen tirer des conclusions contre la vérité historique de ces discours. Mais, comme lâobserve Meyer, ce rapprochement sâexplique par le fait que Jésus nâavait, dans lâintervalle, plus eu de rapports avec ses adversaires et quâil se retrouve pour la première fois en leur présence, comme le prouve le verset 24. Jésus rappelait de même aux Juifs (Jean 7.21) la guérison quâil avait accomplie dans son précédent séjour à Jérusalem, six mois auparavant (Jean 5.2 et suivants).
Verset 27
Les caractères que Jésus relève de nouveau chez ses brebis disent assez aux adversaires quâils nâen sont pas. Mais, en même temps, ce tableau touchant ne constituait-il pas un appel pour ceux qui nâétaient pas entièrement endurcisâ¯?
Quel rapport intime et vivant Jésus établit entre lui et ses brebisâ¯! Elles entendent sa voix, cette voix connue et aiméeâ¯; et moi, dit-il, je les connais, avec tout lâamour du bon bergerâ¯; et elles, parce quâelles connaissent ma voix, me suivent (versets 14 et 15).
Puis Jésus va élever cette relation à une hauteur plus sublime encoreâ¯: Et moi⦠(verset 28).
Verset 28
Chacune de ces trois déclarations révèle lâamour du Sauveur et fonde la parfaite assurance de ses brebis. Il ne dit pasâ¯: je leur donnerai, mais je leur donne dès maintenant, la vie éternelle.
La vie quâelles puisent dans ma communion se développera jusque dans lâéternitéâ¯! (Jean 3.16-36â¯; Jean 5.24â¯; Jean 17.2).
Puisquâelles ont la vie éternelle, elles ne périront jamais.
Enfin, bien quâelles soient entourées dâennemis acharnés à leur perte, nul ne les ravira de ma main.
Ces derniers mots leur assurent une protection puissante et pleine dâamour. «â¯Sa main les protège, les porte, en prend soin, les conduitâ¯Â». Meyer (comparer Psaumes 23.2-3â¯; Luc 15.4-7).
Verset 29
Pour accroître encore lâassurance quâil veut inspirer aux siens, Jésus élève sa pensée jusquâau Dieu tout-puissant, éternel, qui est amour car il est son Père.
Ses brebis, câest ce Père qui les lui a données (Jean 17.6â¯; Jean 17.9â¯; Jean 17.12)â¯; or, comme il est plus grand, plus puissant que tous, qui pourrait jamais les ravir de sa mainâ¯?
Le texte de ce verset présente plusieurs variantes. La plus importante pour le sens est celle de B, Itala, adoptée par la plupart des éditeurs modernesâ¯: ce que le (ou mon) Père mâa donné est plus grand que tout.
M. Weiss déclare cette leçon inacceptable au point de vue exégétique, parce quâelle introduit une idée étrangère au contexte.
Verset 30
Il faut dâabord saisir le rapport de cette grande déclaration avec ce qui précède, car câest par elle que Jésus explique et complète sa pensée.
Il venait de sâattribuer le pouvoir divin de donner aux siens la vie éternelle et de les garder en sa main (verset 28).
Puis, sâélevant plus haut encore, il avait fondé leur assurance sur le fait quâils ne pouvaient être soustraits à la main, câest-à -dire à la toute-puissance de son Père (verset 29).
Sont-ce là deux choses différentes� Non, car tout ce que le Père fait en faveur de ses enfants, il le fait par le Fils qui est leur Sauveur.
Bien plus, ces deux puissances nâen sont quâune, en vertu de lâunité dâessence entre le Père et le Filsâ¯: Moi et le Père nous sommes un.
Il faut remarquer que cette unité est exprimée en grec par un pronom neutre, qui la rend encore plus absolue et exclusiveâ¯: Moi et le Père nous sommes une même chose (comparer Jean 17.10-11â¯; Jean 17.21).
Ainsi donc les deux Ãtres et les deux actions révélées aux verset 28 et 29 apparaissent maintenant dans leur complète harmonie. Câest précisément ainsi que le Sauveur expliquait et justifiait son pouvoir de rendre la vie aux morts (Jean 5.25-26).
On a prétendu ne voir ici entre le Père et le Fils quâune unité de volonté ou dâactivitéâ¯: nous voulons une même chose, nous travaillons à une même Åuvre (1 Corinthiens 3.9).
Augustin remarque avec raison que le mot nous sommes, qui établit une distinction entre le Père et le Fils, réfute le sabellianismeâ¯; et que le mot un ou une même chose réfute lâarianisme.
M. Godet répond à lâobjection tirée du fait que lâexpressionâ¯: être un, est appliquée ailleurs à la relation de Jésus avec les fidèlesâ¯: (Jean 17.22).
Et nous ajouteronsâ¯: ce rapport fondé par lâincarnation est confirmé et réalisé dâune manière toujours plus effective par notre communion vivante avec le cep dont nous sommes les sarments (Jean 15.1-8), avec le chef dont nous sommes les membres (Ãphésiens 4.15-16â¯; Ãphésiens 5.30).
Verset 31
Donc, à cause de la parole qui précède.
De nouveau, car ils avaient déjà manifesté ces desseins homicides (Jean 5.18â¯; Jean 8.59).
Quelques-uns des adversaires où de leurs acolytes apportèrent des pierres dans lâintention de le lapider et ils nâen furent retenus sans doute que par lâimposante dignité du Sauveur. Ils diront eux-mêmes (verset 33) la cause qui excite leur fanatisme.
Verset 32
On pourrait traduire, avec Rillietâ¯: beaucoup de belles Åuvres.
Le complément de par le Père (Codex Sinaiticus, B, D omettent le possessifâ¯: mon Père) indique la volonté et la puissance de Dieu comme la cause des Åuvres accomplies par le Fils (Jean 5.30-36).
Il y a dans cette questionâ¯: Pour quelle bonne Åuvre me lapider vousâ¯? une poignante ironie.
Cet appel que Jésus fait sans cesse à ses Åuvres, à toute sa vie, eût été, pour des hommes moins aveuglés, une démonstration sans réplique (versets 37 et 38).
Verset 33
Meyer et dâautres exégètes prétendent que les Juifs agissent et raisonnent ainsi parce quâils comprennent mal la parole de Jésus et en exagèrent la portée (verset 30).
Au contraire, ils lâont très bien comprise. Mais dans leur monothéisme rigoureux, ils voient un abîme entre lâhomme et Dieu et ils pensent que Jésus, en se déclarant un avec le Père franchit témérairement cet abîme, de là lâaccusation de blasphème, plus dâune fois portée contre lui par la même raison (Jean 5.17-18â¯; Jean 8.58-59)â¯; et ce sera enfin pour ce prétendu crime de blasphème que Jésus sera mis à mort (Matthieu 26.65-66).
Or, si les chefs du peuple sâétaient mépris sur le sens de ses paroles, Celui qui est la vérité ne le leur aurait-il pas déclaréâ¯?
Verset 34
Le mot loi est pris ici pour lâÃcriture en général, le passage cité nâétant pas dans la loi proprement dite, mais au Psaumes 82.6 (comparer Jean 12.34â¯; Jean 15.25â¯; 1 Corinthiens 14.21).
Comme à Jean 8.17, Jésus dit à dessein votre loi, cette loi qui est faite pour vous, sur laquelle vous vous fondez et dont vous êtes si orgueilleux.
Verset 36
Jésus repousse dâabord, en sâappuyant sur un passage de lâÃcriture, lâaccusation de blasphème portée contre lui (versets 34-36), puis il prouve, par ses Åuvres, son unité essentielle avec Dieu quâil a déclarée à (Jean 10.30â¯; Jean 10.37-38).
On lit dès les premiers mots de ce Psaumes 82 «â¯Dieu se tient dans lâassemblée de Dieu il juge au milieu des dieuxâ¯Â», câest-à -dire au milieu des chefs de la théocratie, qui y exerçaient au nom de Dieu les fonctions de juge et qui ainsi étaient ses représentants au milieu du peuple.
Malgré cela, Dieu leur adresse ses reproches les plus sévères sur les prévarications et les injustices dont ils se rendaient coupables puis il ajouteâ¯: (verset 6) «â¯Jâavais ditâ¯: Vous êtes des dieux, vous êtes tous des fils du Très-Haut. Cependant vous mourrez comme des hommes, vous tomberez comme un prince quelconqueâ¯Â» (Traduction Segond).
On voit quâil sâagit ici de personnages auxquels la Parole de Dieu (la parole même de ce Psaume) est adressée pour les reprendre de leurs iniquités et leur annoncer le châtiment quâils sâétaient attiré en souillant leur charge sacrée. On voit encore que tout ce que Jésus veut constater dans ce Psaume, câest que, dans lâÃcriture, le nom de dieu est attribué à des hommes mortels, à cause de la charge dont ils sont revêtus, sans que pour cela cette Ãcriture blasphème, car elle reste vraie et sainte, elle ne peut être abolie ou annulée (comparer Matthieu 5.17).
Or, à ces hommes mortels et coupables, qui reçoivent pourtant le titre de dieux, Jésus oppose, non sans quelque ironie Celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde.
Ce dernier mot implique la préexistence de Christ, car Dieu lâa sanctifié dâabord, mis à part pour sa mission, rempli de lâEsprit-Saint sans mesure, pour lâÅuvre quâil avait à faire, puis il lâa envoyé dans le monde.
On ne peut, sans renverser arbitrairement lâordre des termes, appliquer lâexpressionâ¯: il lâa sanctifié, à la naissance miraculeuse ou au baptême, ces faits étant postérieurs a lâenvoi du Fils dans le monde.
Elle ne peut désigner que «â¯lâordreâ¯Â» (verset 18) reçu avant lâincarnation (1 Pierre 1.20). Sanctifié et envoyé par le Père, il est le Saint et le Juste, le Sauveur du monde (comparer Jean 6.27, Romains 1.4).
Est ce quâil blasphème quand il sâappelle Fils de Dieuâ¯? Ce titre de Fils de Dieu est choisi à dessein, il exprime exactement et pleinement la pensée du verset 30, dâou les adversaires avaient tiré cette conclusionâ¯: «â¯Tu te fais Dieu et tu blasphèmesâ¯Â» (verset 33). Jésus, au lieu dâaffirmer à nouveau son égalité avec Dieu, accentue dans sa réponse sa subordination au Pèreâ¯: Je suis Fils de Dieu.
On pourrait objecter (et lâon nâa pas manqué de le faire), que Jésus, par sa citation, a prouvé seulement quâil pouvait, sans blasphème, bien quâétant homme, sâattribuer le titre de dieu, mais quâil nâa point justifié lâaffirmation, qui scandalisait surtout ses adversaires, de sa divinité effective, quand il déclarait que «â¯lui et le Père étaient unâ¯Â» (verset 30).
En parlant ainsi, il se disait Dieu dans un sens différent de celui que ce titre comportait quand il était appliqué par le psalmiste aux juges théocratiques.
Plusieurs interprètes en ont conclu que Jésus, en sâappelant Fils de Dieu, sâattribuait seulement la plus haute des fonctions théocratiques, le rôle de Messie. Mais ainsi comprise, sa pensée serait en contradiction avec mainte autre déclaration celle du verset 30 notamment, qui implique, nous lâavons vu, lâunité substantielle du Fils avec le Père.
Pour saisir le raisonnement de Jésus, il faut remarquer la gradation quâil y a cotre les verset 35 et 36â¯: «â¯Si lâÃcriture nâa pas blasphémé en appelant dieux les personnes à qui est adressée la révélation, comment aurais je blasphémé en me déclarant Dieu, moi que Dieu envoie au monde comme sa révélation elle-mêmeâ¯?â¯Â», M. Godet, qui relève cette gradation, ajoute une réflexion qui met ce passage dans sa vraie lumièreâ¯:
Verset 38
Conclusion frappante de tout ce débatâ¯! Jésus vient de justifier son titre divinâ¯; maintenant il prouve la qualité même quâil sâattribue par la seule démonstration qui soit à la portée de tousâ¯: ses Åuvres, qui sont les Åuvres de son Père parce quâelles portent toutes le sceau de la puissance et de la miséricorde de Dieu même (comparer Jean 10.25â¯; Jean 15.24).
Et quelle force dans ce dilemmeâ¯: si je ne les fais pas, ne me croyez pas, restez dans votre incrédulitéâ¯; mais si je les fais et que, malgré cela, vous ne puissiez pas vous élever jusquâà la foi en moi comme Fils de Dieu, croyez à mes Åuvres (on peut traduire aussiâ¯: à ses Åuvres, aux Åuvres de mon Père) que vous ne pouvez pas nier, afin que vous sachiez et reconnaissiez (Bâ¯: texte reçuâ¯: croyiez) ce que je vous ai dit (verset 30), que le Père est en moi et que je suis dans le Père.
Expression complète de cette unité ineffable dâessence, de vie, de volonté et dâamour, que Jésus révèle dâune manière si lumineuse dans tout cet évangile.
Verset 39
Donc, quelle conclusion, après un tel discoursâ¯!
De nouveau, triste allusion à tant dâautres tentatives pareilles (Jean 10.31â¯; Jean 7.30â¯; Jean 8.59).
Mais encore ici, les ennemis sont frustrés dans leur attente. Jésus sâéchappa (grec sortit) de leurs mains, déjà tendues pour le saisir. Lâévangéliste ne dit pas comment cela se fit.
Peut-être Jésus sâéloigna-t-il et se perdit-il dans la foule. Rien nâautorise à voir là , avec quelques interprètes, une action miraculeuse, comme celle de se rendre invisible (comparer Jean 8.59).
Verset 40
Par ce motâ¯: de nouveau, lâévangéliste rappelle lâépoque mémorable ou Jean avait baptisé à Béthanie au-delà du Jourdain (Jean 1.28) et ou Jésus, entrant dans son ministère, avait fait la connaissance personnelle de son Précurseur (Jean 1.40).
Dâabord oppose ce lieu à Enon près de Salim, ou Jésus et Jean travaillèrent plus tard ensemble (Jean 3.23). Comme tous ces détails sont restés vivants dans la mémoire du narrateur et comme ils trahissent le témoin oculaireâ¯!
Verset 42
On voit, par ce récit, quâil y avait dans cette contrée, où Jean avait prêché et baptisé, un grand nombre dââmes qui étaient restées sous lâimpression de sa parole et qui, dès quâelles en ont lâoccasion, sâempressent de venir à Jésus.
Ce fut, comme lâobserve Bengel, un fruit posthume du ministère de Jean. Sans doute Jésus ne resta pas inactif au milieu dâeuxâ¯; et, dès quâils lâont vu et entendu, ils se rappellent le témoignage que lui avait rendu le Précurseur et disentâ¯: Bien que Jean nâait fait aucun miracle tout ce quâil a dit de celui-ci était vrai. Ils tirent cette conclusion, soit de ce quâils avaient entendu raconter de la vie de Jésus, soit surtout de lâexpérience personnelle quâils faisaient alors de sa puissance. Et câest ainsi que la foi naquit dans ces âmes. Plusieurs crurent en lui en ce lieu.
Quel contraste pour le cÅur de Jésus entre les scènes violentes auxquelles lâavaient exposé lâincrédulité et la haine des chefs de la théocratie (versets 31 et 39) et ce moment paisible ou il a la joie de voir un grand nombre dââmes naître à la foi et à la vieâ¯!