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Bible Commentaries
Jean 10

Commentaire biblique intermédiaireCommentaire biblique intermédiaire

versets 1-42

Le Berger, les brebis et le Portier

(v. 1-6) — Jésus commence les enseignements de ce merveilleux chapitre en disant: «En vérité, en vérité, je vous dis: Celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par ailleurs, celui-là est un voleur et un larron. Mais celui qui entre par la porte, est le berger des brebis» (v. 1, 2).

La bergerie représente Israël, séparé des autres peuples, parqué en dehors des nations païennes. Dieu lui avait donné sa loi et beaucoup d’avantages spirituels et matériels. Mais ce peuple privilégié fut bientôt corrompu; ayant abandonné la loi, il se plongea dans l’idolâtrie et tous les péchés qui l’accompagnent. Aux jours où le Seigneur était ici-bas, on observait les formes de la religion de Moïse depuis le retour de la captivité babylonienne; mais on manifestait une opposition violente à Jésus et à ses enseignements. Cependant il y avait, dans ce milieu, ceux qui écoutaient le Seigneur et croyaient en lui; il les appelle ses brebis. Mélangés au peuple, ils étaient gouvernés par des conducteurs, les chefs religieux de la nation, prétendus bergers, qui s’occupaient davantage de leurs propres intérêts que de ceux des brebis. Ézéchiel leur reproche leur conduite (chap. 34:1-10) et annonce, à partir du verset 11, la venue d’un berger fidèle et plein d’amour pour les brebis. On fera bien de lire ce chapitre en entier et avec attention. Ce berger est Jésus, tel qu’il fut alors dans ce monde, mais aussi tel qu’il sera dans les temps à venir, le véritable Roi-Berger du nouvel Israël. Durant toute l’histoire de ce peuple et particulièrement à l’époque où le Seigneur était sur la terre, on vit des hommes s’attribuer les fonctions de berger, mais sans amour pour les brebis, ne cherchant dans la position qu’ils prenaient que leurs propres intérêts (voir Ézéchiel 34:3 à 6, 8, 10, 19; Zacharie 11:4, 5; ces passages décrivent précisément l’état de choses tel qu’il existait au temps de Jésus). Aucun de ces hommes n’avait été établi par Dieu; aucun ne portait les caractères requis par lui pour être berger. Dieu, qui est le portier, n’avait pu leur ouvrir la porte; ils s’étaient introduits par ailleurs, établis eux-mêmes; ils portaient les caractères de voleurs. Enfin le Berger promis arriva. Jésus vint au milieu de son peuple en suivant le chemin indiqué à l’avance par les Écritures et portant les caractères annoncés par les prophètes. À lui le portier ouvrit. Mais on remarquera que, lorsqu’il entre, ce n’est pas pour paître les brebis dans la bergerie, enclos ou bâtiment qui les abrite et les garantit des dangers auxquels elles sont exposées, en Orient surtout, où les bêtes sauvages guettent leur proie durant la nuit. Pour paître les brebis, il faut les conduire dehors. Jésus dit de celui qui entre par la porte — et c’est lui-même — «À celui-ci le portier ouvre; et les brebis écoutent sa voix; et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors (v. 3). Voilà une œuvre toute nouvelle.

Les brebis écoutent la voix du berger; c’est ce qui seul leur donne le caractère de brebis. Le berger connaît leur nom et les mène dehors, la bergerie juive n’étant plus le lieu où les véritables brebis peuvent rester, nous l’avons vu avec l’aveugle-né. Jusque-là personne n’avait le droit de la quitter, et même beaucoup de brebis juives ont eu grand-peine à s’y résoudre; on voit, dans le livre des Actes, nombre de chrétiens montrer du zèle pour la loi qui cependant ne leur avait pas donné la vie; mais ce n’est pas le sujet traité ici. Ce que le Seigneur affirme, au contraire, c’est que les brebis écoutent sa voix, puisqu’il les a appelées par leur nom, ce qui montre qu’il connaît parfaitement chacune d’elles. «Et quand il a mis dehors toutes ses propres brebis, il va devant elles; et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix; mais elles ne suivront point un étranger, mais elles s’enfuiront de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers. Jésus leur dit cette similitude; mais ils ne comprirent pas ce que c’était qu’il leur disait» (v. 4-6). Les brebis commencent par écouter la voix du berger; elle parle à leur cœur, gagne leur confiance, ce qui les engage à le suivre hors du milieu qui lui est opposé, où elles ne trouvent ni pâture, ni liberté. Une fois dehors, le berger va devant elles pour les conduire; elles le suivent. Il ne requiert d’elles que d’écouter sa voix et de le suivre. Une chose ne va pas sans l’autre. Il se charge de leur trouver les gras pâturages et les eaux paisibles dont parle le Psaume 23. Jamais les brebis n’ont le souci de chercher leur nourriture, lorsqu’elles sont conduites par un berger attentif à tous leurs besoins. Elles ne suivent point un étranger, parce qu’elles ne connaissent pas sa voix et savent discerner celle du berger. La pécheresse du chapitre 7 de Luc, par exemple, avait trouvé dans le Seigneur la voix de la grâce qui ne s’était fait entendre à personne jusqu’alors: «Ta foi t’a sauvée, va-t-en en paix». Supposons qu’un chef du peuple, prétendu berger en Israël, lui eût dit: «Si tu ne fais pas ce que la loi commande, tu ne peux être sauvée», elle aurait bien vite discerné que cette voix n’était pas celle du bon berger qui avait rempli son cœur de paix, de joie et de reconnaissance. L’aveugle du chapitre précédent avait bien compris que les voix des pharisiens étaient tout autres que celle qui lui avait dit: «Va, et lave-toi au réservoir de Siloé». Le Seigneur ne demande de ses brebis aucune capacité, sinon celle d’écouter sa voix pour le suivre.

Puissions-nous être toujours mieux exercés à connaître cette voix dans les temps où nous vivons, car beaucoup de voix étrangères se font entendre, quelques-unes imitant d’assez près celle du bon berger pour que les brebis se laissent tromper. Remarquons que le Seigneur ne dit pas que les brebis doivent le suivre, mais qu’elles le suivent, qu’elles connaissent sa voix, mais non celle des étrangers, qu’elles s’enfuient d’eux. Il donne les vrais caractères des brebis; c’est à chacun des croyants de se demander s’il les réalise. Pour le faire, il faut apprécier la grâce que le Seigneur est venu apporter, et apprendre toujours mieux à le connaître.

Nous venons de voir que la bergerie est Israël, le berger, Jésus, et le portier, qui ouvre la porte au vrai berger, est Dieu. Dans les versets qui suivent, nous verrons Jésus sous le caractère de porte pour introduire les brebis dans un nouvel état de choses.

Jésus la porte des brebis

(v. 7-10) — «En vérité, en vérité, je vous dis que moi je suis la porte des brebis. Tous, autant qu’il en est venu avant moi, sont des voleurs et des larrons; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte: si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; et il entrera et il sortira, et il trouvera de la pâture» (v. 7-9). Dieu avait ouvert la porte de la bergerie au vrai berger, pour en faire sortir ses brebis qui, en Israël, étaient sous la malédiction de la loi; maintenant il fallait une porte pour les faire entrer dans le nouvel état de choses, le christianisme, qui n’est pas une bergerie, mais où les croyants forment un troupeau. Christ lui-même est la porte; c’est par lui qu’on entre; nul ne peut être sauvé par un autre moyen; il s’agit de cela avant tout, car le fait d’être Juif ne sauve pas, pas plus que celui de n’être chrétien que de nom. Puis, par cette porte, il entrera et il sortira, ce qui ne veut pas dire que l’on peut entrer et sortir du christianisme; mais que la brebis jouit d’une pleine liberté — que la loi ne donnait pas, pas plus qu’elle ne donnait le salut — et d’une nourriture abondante, ce que le Psaume 23 présente avec tant de beauté: «Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me mène à des eaux paisibles. Il restaure mon âme; il me conduit dans des sentiers de justice, à cause de son nom». Les gras pâturages représentent les bénédictions spirituelles, toutes concentrées dans la personne de Christ. Hors de lui, c’est le désert, qui ne fournit rien pour la brebis.

Tous ceux qui étaient venus avant Jésus n’étaient que des voleurs et des larrons, et les brebis ne les ont pas écoutés. Les voleurs et les larrons s’approprient ce qui ne leur appartient pas, mais il y a une nuance entre eux. Le voleur prend chaque fois qu’il le peut, par violence s’il le faut. Le larron agit en cachette. Le voleur est encore signalé au verset 10, pour faire ressortir la manière d’agir du véritable berger: «Le voleur ne vient que pour voler, et tuer, et détruire; moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance». Avec le vrai berger, la brebis possède la vie, ainsi que la nourriture, la liberté et la sécurité. Il donnait la vie aux brebis qu’il trouvait dans la bergerie juive; mais il voulait qu’elles l’eussent en abondance. Pendant que Jésus était ici-bas, ceux qui allaient à lui avaient la vie, parce qu’il était la vie; mais pour avoir la vie en abondance, il fallait que Christ passât par la mort et qu’il ressuscitât. Une fois ressuscité, au milieu de ses disciples, il souffla en eux l’Esprit Saint, non comme personne, mais comme vie qui, en lui, venait de passer par la mort et la résurrection. À la Pentecôte, le Saint Esprit tomba sur les disciples assemblés et dès lors ils eurent la vie en abondance. On comprend que cette vie-là ne pouvait être reçue avant la résurrection de Christ. Auparavant et dès le commencement, tous les croyants étaient vivifiés; ils possédaient la vie de Dieu; ils en ont montré de beaux fruits; mais ils ne pouvaient distinguer en eux la vieille et la nouvelle nature, parce que la vie n’avait pas été manifestée, dans la personne de Christ, venu dans ce monde pour révéler le Père, car c’est la connaissance du Père et du Fils qui caractérise la vie éternelle (chap. 17:3).

Le bon berger

(v. 11-15) — Au verset 11, le Seigneur se nomme le bon berger en contraste avec les mercenaires, autre caractère de ceux qui prétendaient paître les brebis juives. «Moi, je suis le bon berger: le bon berger met sa vie pour les brebis; mais l’homme qui reçoit des gages, et qui n’est pas le berger, à qui les brebis n’appartiennent pas en propre, voit venir le loup, et laisse les brebis, et s’enfuit; et le loup les ravit, et il disperse les brebis. Or l’homme à gages s’enfuit, parce qu’il est un homme à gages et qu’il ne se met pas en souci des brebis» (v. 11-13). Le bon berger ne pense pas à lui-même. Venu pour ses brebis, elles lui appartiennent en propre. On peut confier un troupeau à un berger payé pour le soigner; mais dès qu’il se voit exposé au même danger que les brebis, il ne pense qu’à sa propre sécurité et abandonne le troupeau, parce qu’il ne lui appartient pas. Jésus prend le titre de «bon berger» lorsqu’il parle de mettre sa vie pour ses brebis, et non seulement de prendre soin d’elles. Son amour est si grand qu’il ne tient aucun compte de sa vie, pourvu que ses brebis ne périssent pas lorsque vient le loup. C’est ce que le Seigneur a fait en allant à la croix. Il fallait nécessairement sa mort pour qu’elles eussent la vie; mais Jésus fait ressortir ici qu’au lieu de s’épargner, il met sa vie pour ses brebis sans défense. Nous avons un exemple de cela en David: lorsqu’il gardait le menu bétail de son père, il délivra le mouton en tuant l’ours et le lion (1 Sam. 17:34, 35).

En Gethsémané, le Seigneur eut à faire avec celui que le loup représente, Satan, qui aurait voulu la perte des brebis. Croyant faire reculer le Sauveur en présence de la mort par laquelle il allait être vaincu, le diable lui en présenta toute l’horreur. Mais l’amour du bon berger triompha. Il marcha à la mort, le loup redoutable fut vaincu et les brebis délivrées de la mort éternelle. Jésus dit à ceux qui venaient s’emparer de lui, au moment de son arrestation: «Si donc vous me cherchez, laissez aller ceux-ci» (chap. 18:8). Un tel amour touche profondément tous ceux qui en sont les objets, afin de les rendre toujours plus sensibles à sa voix pour l’écouter, le suivre et l’honorer. La jouissance de cet amour rend aussi capable de discerner les voix étrangères qui cherchent à égarer les brebis.

Plus le Seigneur avance dans son discours touchant ses brebis, plus il fait ressortir ce qu’il est pour elles, ce qu’elles sont pour lui et tous leurs avantages. «Moi, je suis le bon berger», dit-il, «et je connais les miens et je suis connu des miens, comme le Père me connaît et moi je connais le Père; et je mets ma vie pour les brebis» (v. 14, 15). Le bon berger connaît les siens; cela donne une confiance illimitée en lui; il les connaît non seulement par sa toute-science, mais par l’intérêt que leur porte son grand amour, toujours en activité pour chacun. Il affirme avec certitude que les brebis le connaissent. Comment en serait-il autrement, si l’on jouit de son grand amour? Le Seigneur ne suppose pas qu’il y ait affaiblissement ou défaillance dans cette connaissance; il dit ce qui le caractérise lui et les siens, sans parler de la manière dont les brebis réalisent cette connaissance. De son côté à lui, tout est toujours parfait. Dans quelle mesure cette connaissance est-elle réciproque? Comme le Père le connaît, et comme il connaît le Père. Une communion parfaite s’établit entre le berger et les brebis, comme entre lui et son Père. Le bon berger met sa vie pour que la chose ait lieu. Une pareille position, une relation aussi bénie dépassent infiniment tout ce que les brebis laissaient dans le milieu juif d’où elles étaient sorties, et tout ce que le croyant abandonne aujourd’hui dans le monde dont il ne fait plus partie.

D’autres brebis seront amenées

(v. 16) — Dès la mention faite de la mort de Jésus, on voit apparaître l’accomplissement des conseils de Dieu selon lesquels les croyants de toutes les nations seraient amenés à posséder des bénédictions célestes et éternelles. Jésus dit: «J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie; il faut que je les amène, elles aussi; et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger». Le Seigneur ne voulait pas un troupeau juif seulement, mais un troupeau composé de tous ceux qui écoutent sa voix et auxquels il donne la vie; ces autres brebis sont les croyants appelés du milieu des gentils, œuvre qui s’accomplit par le ministère des apôtres et se poursuit jusqu’à maintenant. Jésus l’avait commencée lui-même en évangélisant les Samaritains au chapitre 4. Toutes ces brebis portent le même caractère; elles écoutent la voix du bon berger. Bien que composé d’éléments divers, ce troupeau serait un, parce qu’il vivrait sous les soins et sous la conduite du seul berger et posséderait la même vie. Si l’on écoute sa voix, il est impossible que les uns soient dirigés d’une manière et les autres d’une autre; c’est pourtant ce qui est arrivé. Lorsqu’on entend un chrétien dire: «Moi, je vois ainsi», un autre: «Moi, je vois autrement», et qu’ils marchent, chacun selon ses vues, on peut se demander quel cas on fait de la voix du bon berger. Il y a méconnaissance complète de sa pensée; ainsi se produisent les nombreuses divisions dans le seul troupeau qui cependant est un, car Jésus dit: «Il y aura un seul troupeau, un seul berger». C’est un fait absolu; pour le réaliser, il suffit d’écouter la voix du seul berger. Si l’on ne peut la discerner, c’est parce qu’on a abandonné l’autre caractère de la brebis, indiqué au verset 5: «Elles ne connaissent pas la voix des étrangers». Aujourd’hui beaucoup courent écouter chaque voix qui se fait entendre; on s’estime capable de connaître les voix étrangères; au lieu de les discerner et de les fuir, on les prend pour celle du bon berger, qui, malgré toutes les difficultés apparentes, se reconnaît parfaitement, à condition de ne pas faire valoir sa propre volonté et de le suivre dans le chemin de l’obéissance qui sort du monde et des organisations religieuses humaines, pour se plier à la volonté de Dieu.

Jésus donne à son Père un motif pour l’aimer

(v. 17-21) — Jusqu’ici Jésus a présenté son amour pour ses brebis; cet amour devient pour elles le motif de l’aimer. «Nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier» (1 Jean 4:19). Au verset 17, Jésus élève ses yeux bien au-dessus de ce qui concernait ses brebis et pense à ce que son œuvre sera pour son Père. Le Fils était aimé du Père dont il faisait les délices éternelles (voir Prov. 8:30); mais ici il fournit à son Père un nouveau motif de l’aimer. Dès avant les temps, Dieu avait formé le plan merveilleux d’avoir des hommes parfaits et parfaitement heureux, sur une terre nouvelle, dans la connaissance de lui-même, amour et lumière, comme objets de sa pure grâce. Mais où les prendre? Garder Adam et ses descendants dans l’innocence ne répondait pas à de tels conseils; ils n’auraient jamais connu l’amour de Dieu, la grâce qui pardonne au pécheur, ôte ses péchés et le place devant lui, saint et irréprochable en amour, dans la relation d’un enfant bien-aimé. Adam et Ève ne connaissaient ni le bien, ni le mal, dans leur état d’innocence; ils ne pouvaient donc pas jouir de l’amour d’un Dieu qui pardonne au coupable, ni de la relation d’enfant du Dieu qui est amour et lumière, révélé comme Père dans la personne de son Fils. Ils ne pouvaient jouir de la vie éternelle; pour cela il faut connaître le Père et le Fils. Nous savons qu’au lieu d’engendrer des enfants innocents, Adam devenu pécheur n’engendra que des pécheurs, désobéissants à Dieu, ennemis de Dieu et par conséquent passibles du jugement éternel, selon la justice du Dieu saint offensé. Ils ne pouvaient entrer dans la présence de Dieu; sa justice et sa sainteté les tenaient à une éternelle distance de lui, dans les ténèbres de dehors. Mais Dieu est amour. Il voulait faire connaître cet amour; mais comme il est juste et saint, et qu’il avait prononcé le jugement sur cette race coupable, il devait l’exécuter. Si c’était sur les hommes, tous étaient perdus. Alors Jésus vint dans ce monde, homme parfait, sans péché, et, par ce fait, apte à subir, à la place des coupables, le jugement qu’ils avaient mérité. Il donne sa vie; il porte sur la croix tout le poids de la colère de Dieu. Il met fin, par sa mort, à toute l’histoire de l’homme pécheur en répondant aux exigences de la nature divine. Une fois tout accompli, il reprend sa vie en ressuscitant d’entre les morts et place en lui, devant Dieu, l’homme autrefois pécheur et perdu dans l’état dans lequel Dieu voulait l’avoir de toute éternité. Dès lors Dieu fut libre de donner cours à son amour infini envers des pécheurs, du moment que sa justice était satisfaite. Tous les conseils de Dieu peuvent s’accomplir. À qui Dieu doit-il de pouvoir agir de cette manière? À son Fils bien-aimé qui, en laissant sa vie, l’a pleinement glorifié. Les croyants comprennent cette parole de Jésus: «À cause de ceci le Père m’aime; c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne». Qui peut comprendre cet amour du Père pour son Fils qui a accompli l’œuvre grâce à laquelle il peut réaliser ses pensées d’amour, si chères à son cœur de toute éternité? Et nous, ses heureux rachetés, quels motifs n’avons-nous pas d’aimer Dieu, le Père, qui avait ces pensées envers nous, et le Fils, le Sauveur, le Bon Berger, qui a rendu possible leur accomplissement, en se présentant à son Dieu et en disant: «Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté»?

Si Jésus pense à ses brebis, il donne sa vie pour elles; s’il pense à son Père, c’est pour le glorifier en laissant sa vie pour la reprendre; il fait tout cela par obéissance à son Père. «Il est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix» (Phil. 2:8). Jésus dit (v. 18): «Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre; j’ai reçu ce commandement de mon Père». Quelle gloire que celle de cet homme divin! Il est obéissant; mais qui aurait eu la capacité d’accomplir un pareil acte d’obéissance, sinon le Fils de Dieu? Pour donner sa vie, il est absolument indépendant des hommes; nous avons vu souvent dans cet évangile, et nous le verrons tout à l’heure, que les Juifs voulaient le prendre pour le faire mourir, mais ils ne le purent pas. Ils le prendront, il est vrai, mais lorsqu’il se donnera. Personne ne pouvait lui ôter la vie; il la laissait de lui-même. Lorsque tout fut accompli sur la croix, il dit: «Père, entre tes mains, je remets mon esprit». Il obéissait en mourant, comme il l’avait fait tout le long de son ministère. Il avait le pouvoir de laisser sa vie. Qui, sinon cet homme divin, aurait eu le pouvoir de laisser sa vie? Mais il le fait par obéissance. Il a aussi le pouvoir de la reprendre; il ne le fait pas de son propre chef; il a reçu ce commandement de son Père. Il avait dit aux Juifs (chap. 2:19): «Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai». Lorsqu’il fut ressuscité, ses disciples se souvinrent de ces paroles: il parlait du temple de son corps. Toute la vie de Jésus fut un acte d’obéissance, de même que sa mort et sa résurrection.

Dans cet évangile, où la gloire divine de Jésus ressort comme nulle part ailleurs, son obéissance, sa dépendance ressortent aussi dans toute leur perfection, et inséparables de sa divinité. Quel mystère glorieux et insondable que celui de l’union de la divinité et de l’humanité dans la personne de Jésus, que notre salut rendait nécessaire!

À l’ouïe de ces merveilleuses paroles, il y eut de nouveau de la division chez les Juifs; plusieurs d’entre eux disaient: «Il a un démon, et il est fou; pourquoi l’écoutez-vous? D’autres disaient: Ces paroles ne sont pas d’un démoniaque; un démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles? » (v. 20, 21). Les choses les plus glorieuses, devant lesquelles l’âme reste en contemplation et adore, passent pour folie et pour paroles de démons. Tel est l’homme naturel! Il ne reçoit pas les choses de Dieu; elles sont «folie pour ceux qui périssent». Combien cette déclaration de Paul est solennelle! Il périt, celui qui traite de folie les choses de Dieu.

Jésus au portique de Salomon

(v. 22-30) — «Or la fête de la Dédicace se célébrait à Jérusalem, et c’était en hiver. Et Jésus se promenait dans le temple, au portique de Salomon (v. 22, 23). Ce n’était pas une des fêtes instituées par Moïse et dont nous avons parlé au chap. 7. Le roi de Syrie, Antiochus Épiphane, cruel persécuteur des Juifs, avait profané le temple d’une manière outrageante. Après sa mort, au temps des Macchabées, le temple fut purifié et le service rétabli. À cette occasion, il y eut une grande fête qui se célébrait dès lors chaque année au mois correspondant à décembre; c’est pourquoi il est dit que c’était en hiver.

Nous ne savons pas exactement pourquoi Jésus se promenait le jour de cette fête, au portique de Salomon où l’on trouve, en Actes 3:11, Pierre et Jean avec l’homme boiteux qui avait été guéri. Jésus était le vrai Salomon; le temple lui sera dédié un jour (voir Ézéchiel 43:7 et Malachie 3:1). Pour le moment, il est le roi rejeté. Les Juifs l’environnent et lui posent une question qui dénote le malaise de leur conscience, en présence des faits leur prouvant ce qu’ils niaient; car l’incrédulité ne donne pas de repos. C’est elle qui tenait leur âme en suspens, et non Jésus; car ils luttaient contre leur conscience avec la volonté bien arrêtée de ne pas le recevoir. «Jusques à quand tiens-tu notre âme en suspens? » disent-ils. «Si toi, tu es le Christ, dis-le-nous franchement. Jésus leur répondit: Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que moi je fais au nom de mon Père, celles-ci rendent témoignage de moi; mais vous, vous ne croyez pas, car vous n’êtes pas de mes brebis, comme je vous l’ai dit» (v. 24-26). Les paroles de Jésus au chapitre 8, ses œuvres (chap. 5 et 9) ne pouvaient rendre un plus éclatant témoignage à ce qu’il était; mais les Juifs ne voulaient pas croire; il n’y avait aucune utilité à déclarer qu’il fût le Christ, dès le moment qu’on n’acceptait pas ces témoignages. Le temps était passé pour les Juifs comme peuple. N’étant pas des brebis du bon berger, ils ne croyaient pas.

Leur incrédulité donne au Seigneur l’occasion de faire ressortir encore une fois les caractères des brebis et la beauté de leurs privilèges. Il laisse les Juifs et s’occupe des siens. «Mes brebis écoutent ma voix», dit-il, «et moi je les connais, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. Moi et le Père, nous sommes un» (v. 27-30).

Puisque Jésus rappelle ce qui caractérise ses brebis, il n’est pas superflu de considérer ses paroles. Premier caractère: elles écoutent sa voix; les Juifs incrédules ne l’écoutaient pas. Souvenons-nous toujours, si nous sommes une brebis de Jésus, qu’il dit de nous: «Elles écoutent sa voix». Comme réponse à ce caractère, Jésus dit «et moi, je les connais»; il emploie le double pronom pour renforcer son affirmation: précieuse déclaration pour le cœur. Le bon berger connaît chacune de ses brebis; il a mis sa vie pour elles; avec le même amour il prend connaissance de tout ce qui les concerne. Ensuite: «Elles me suivent». À cela Jésus répond: «Et moi, je leur donne la vie éternelle», une vie alimentée sans cesse par la connaissance du Père et du Fils. En conséquence: «Elles ne périront jamais». Une autre garantie, pour ainsi dire, qu’elles ne périront jamais, c’est qu’elles sont dans la main de celui qui a mis sa vie pour elles; personne ne peut les en arracher. Puis son Père, qui les lui a données pour les amener dans une pareille bénédiction, est plus grand que tous ceux qui pourraient s’opposer à elles; donc personne ne peut les ravir de la main de son Père. Il y a unité parfaite entre le Père et le Fils au sujet des brebis, comme en toutes choses: «Moi et le Père, nous sommes un». Plus le rejet de Jésus s’accentue, plus sa gloire divine resplendit. La sécurité des brebis est donc parfaite. Se sachant entre les mains du Père et du Fils, que craindraient-elles!

Si quelqu’un, en lisant ces lignes, n’avait pas la certitude d’être une brebis du bon berger, qu’il s’empresse d’écouter sa voix pour jouir d’une si belle part, présente et éternelle.

Les Juifs veulent encore lapider Jésus

(v. 31-42) — Sept fois l’évangile de Jean nous rapporte que les Juifs cherchaient à faire mourir Jésus. L’esprit de Dieu indique, par ce fait, la perfection de leur persévérance à se défaire de lui (chap. 5:16 et 18; 7:1 et 30; 8:59; 10:31 et 39; 11:53). «Les Juifs donc levèrent encore des pierres pour le lapider. Jésus leur répondit: Je vous ai fait voir plusieurs bonnes œuvres de la part de mon Père: pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous? » (v. 31, 32). Le Seigneur avait accompli beaucoup d’œuvres; l’apôtre dit, à la fin de cet évangile, que, écrites une à une, il ne pense pas que le monde pourrait contenir les livres qui en renfermeraient le récit. Mais les œuvres auxquelles le Seigneur fait allusion sont celles par lesquelles les Juifs devaient reconnaître qui il était. Notre évangile rapporte tous les miracles qui caractérisaient ses enseignements et mettaient en lumière la vérité. Les Juifs répondirent: «Nous ne te lapidons pas pour une bonne œuvre, mais pour blasphème; et parce que toi, étant homme, tu te fais Dieu» (v. 33). Cependant, au chapitre 5:16, ils veulent le faire mourir, parce qu’il avait guéri un infirme le jour du sabbat. Jésus tire des écritures la preuve qu’il ne blasphémait point en s’appelant Fils de Dieu; il cite le Psaumes 82:6. «N’est-il pas écrit dans votre loi: «Moi j’ai dit: Vous êtes des dieux? » S’il appelle dieux ceux auxquels la parole de Dieu est venue (et l’écriture ne peut être anéantie), dites-vous à celui que le Père a sanctifié, et qu’il a envoyé dans le monde: Tu blasphèmes, parce que j’ai dit: Je suis le Fils de Dieu? (v. 34-36). Les hommes appelés «dieux» dans le Psaume 82 sont les juges établis par Dieu au milieu du peuple, ses représentants. Mais, infidèles dans leur service et n’ayant pas agi selon Dieu, après leur avoir dit (v. 6): «Vous êtes des dieux, et vous êtes tous fils du Très-Haut», il ajoute (v. 7): «Mais vous mourrez comme un homme, et vous tomberez comme un des princes». Or si Dieu appelle dieux des hommes auxquels il avait confié l’autorité au milieu de son peuple, pouvait-on refuser le titre de Fils de Dieu, à celui que «le Père a sanctifié», c’est-à-dire mis à part avant que le monde fût, pour accomplir sa volonté, et qu’il avait envoyé au temps convenable? Était-ce un blasphème de sa part? Dieu lui-même n’avait-il pas déclaré deux fois qu’il était son Fils bien-aimé? (Matthieu 3:17 et 17:5).

Jésus leur dit encore: «Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas; mais si je les fais, alors même que vous ne me croiriez pas, croyez les œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi, et moi en lui» (v. 37, 38). Les œuvres propres de Jésus portaient le cachet divin de son Père. S’ils ne croyaient pas ses paroles, ils avaient, par ses œuvres, la preuve qu’il ne pouvait être autre que le Fils de Dieu. Ils prétendaient ne pas le lapider pour les bonnes œuvres qu’il faisait; c’était un non-sens, puisque ces œuvres-là prouvaient qu’ils portaient sur Jésus un jugement faux. Ils avaient sous les yeux un double témoignage de leur erreur, celui des Écritures, et ses œuvres, sans parler de ses paroles. Ils auraient dû croire que le Père était en Jésus et lui dans le Père. Au lieu de croire, «ils cherchaient donc encore à le prendre; mais il échappa de leur main et s’en alla encore au delà du Jourdain à l’endroit où Jean avait baptisé au commencement, et il demeura là» (v. 39, 40). Jésus quitte le temple pour franchir le Jourdain et laisse les Juifs sous les conséquences terribles de leur incrédulité, car, avec la fin du chapitre 10, nous avons, d’après le plan de cet évangile, la fin du ministère public de Jésus par lequel il prouvait aux Juifs qui il était.

Les chapitres 11 et 12 présentent encore son activité, par laquelle Dieu rend un triple témoignage à son Fils, puisque les Juifs ont rejeté le sien. Nous le voyons Fils de Dieu à la résurrection de Lazare, Messie à son entrée à Jérusalem comme roi (chap. 12:9-19) et fils de l’homme lorsque les Grecs désirent le voir (v. 20-26). Dans les chapitres 13 à 16, Jésus s’entretient avec ses disciples, au chapitre 17 avec son Père; puis vient la condamnation, la mort, la résurrection, l’apparition de Jésus aux siens, avec un enseignement symbolique, et le relèvement de Pierre.

Jésus retourne au point d’où il était parti au début de son ministère, là où Jean baptisait au commencement, et «demeura là», est-il dit. Il réalisait ce que dit la prophétie d’ Ésaïe 49:4: «J’ai travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain; toutefois mon jugement est par devers l’Éternel, et mon œuvre par devers mon Dieu»1. Il exprime par ces paroles que, pour Israël comme peuple, son ministère a été inutile, puisque le peuple l’a rejeté. Israël sera sauvé plus tard, par la foi en celui qu’il a rejeté. En attendant on peut encore venir à lui, bien que rejeté et demeurant au delà du Jourdain, figure de la mort.

1 Voyez la réponse de Dieu à ces paroles au verset 6.

«Plusieurs vinrent à lui, et ils disaient: Jean n’a fait aucun miracle; mais toutes les choses que Jean a dites de celui-ci étaient vraies. Et plusieurs crurent là en lui» (v. 41, 42). Jésus est toujours le point d’attraction de ceux qui ont des besoins, où qu’il se trouve. Mais lorsqu’il est rejeté de la masse, il faut s’en séparer pour aller à lui. Ceux qui crurent en lui étaient des brebis qui écoutaient sa voix. Ils crurent là en lui, dans la position que la haine des Juifs lui avait faite. Il en va de même aujourd’hui: le salut s’obtient par la foi en un Christ rejeté, mais qui a pris place au delà de la mort en attendant que son peuple terrestre le reçoive. Ceux qui allèrent à lui reconnaissaient le ministère de Jean le baptiseur. Jean n’avait pas fait de miracles; il était une voix, et ce que cette voix avait dit de Jésus s’est réalisé. Il avait frayé le chemin pour arriver à lui (chap. 1:23).

Il y a un mot très caractéristique dans cet évangile, celui de croire, qu’on y trouve quatre-vingt-dix-neuf fois. Quelle grâce merveilleuse de Dieu! Il a voulu mettre à la disposition de la foi tous les résultats insondables de la venue de son Fils qui, par sa mort, a rendu possible et si simple le salut de pauvres pécheurs tels que nous sommes tous par nature. Que tous ceux qui auraient une tendance à raisonner sur les choses de Dieu, cherchent tous les passages où le verbe «croire» se trouve et méditent sur sa signification.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 10". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/john-10.html.
 
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