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Bible Commentaries
Galates 4

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-31

Plan du commentaire biblique de Galates 4

Comment d’esclave l’héritier est devenu enfant de Dieu et ne saurait retourner sous le joug

Un fils, tant qu’il est enfant, ne diffère guère de l’esclave, et, quoique héritier du Maître, il est sous tutelle jusqu’à sa majorité ; ainsi étions-nous asservis sous l’économie de la loi (1-3).

Mais, les temps étant accomplis, Dieu a envoyé son Fils, nous a donné l’Esprit d’adoption, par lequel nous l’invoquons comme notre Père et a fait de nous ses fils et ses héritiers (4-7).

Comment donc vous, après avoir servi de faux dieux, mais connaissant maintenant le Dieu de l’Évangile, retourneriez-vous encore sous la servitude des observances légales ? Aurais-je travaillé en vain parmi vous ? (8-11).

Verset 1

Comment d’esclave l’héritier est devenu enfant de Dieu et ne saurait retourner sous le joug (1-11)

Ce je dis se rapporte à la fois à ce qui précède (Galates 3.23-25) et aux développements qui vont suivre. C’est, en effet, la pensée de la fin du chapitre Galates 3 que l’apôtre reprend ici et qu’il développe par une image nouvelle (versets 1-3), afin d’opposer à l’état de l’homme sous la loi la plénitude des grâces de Dieu, qui sont notre partage depuis la venue du Sauveur (verset 4 et suivants).

Verset 2

Ce second verset explique comment l’héritier, tant qu’il est mineur, ne diffère en rien de l’esclave : il n’a point sa liberté, ni la jouissance et l’administration des biens dont il est pourtant le seigneur par sa naissance.

Le moment de sa majorité est ici représenté comme dépendant uniquement de la volonté du père, ce qui était alors et est aujourd’hui encore le cas en divers pays. Ce détail anticipe sur la pensée exprimée au verset 4 « l’accomplissement des temps » était marqué et fixé par la souveraine volonté de Dieu.

Verset 3

Application de l’image employée aux versets 1 et 2. Paul considère tout ce qui a précédé l’Évangile et la vie chrétienne comme un état d’enfance.

On s’attendait à ce qu’il indiquerait la loi et ses prescriptions sans nombre comme ayant tenu lieu, sous l’ancienne alliance, des « tuteurs et administrateurs ; » (verset 2) c’est ce qu’il a fait ci-dessus (Galates 3.23-25). Au lieu de cela, il nomme les rudiments ou plutôt les éléments du monde.

Ce mot qui ne se retrouve que dans Colossiens 2.8 ; Colossiens 2.20 et ci-dessous, verset 9 (avec des épithètes différentes), a été expliqué de diverses manières.

Le terme d’éléments, en grec comme dans notre langue, a une double signification : appliqué aux objets de la nature, il désigne les parties premières et constitutives d’une chose ; dans un ordre plus élevé, l’art, la science, la religion, il en indique les premiers principes.

Si l’on prend ici ce mot dans le premier sens, il faudrait entendre les forces de la création, la nature avec ses lois ; dans le second sens, il s’agirait des premiers principes de la connaissance religieuse, de la loi avec toutes les minutieuses prescriptions dont elle était entourée.

On n’hésiterait pas à comprendre ainsi ces paroles, si l’apôtre ne désignait ces éléments comme des éléments du monde, terme qui ne paraît guère pouvoir s’appliquer aux prescriptions de la loi mosaïque, ni au peuple juif seul, ni à toute notre humanité, ainsi qu’on l’a prétendu.

D’un autre côté, si Paul avait en vue seulement des païens, dont toute la religion n’était qu’un naturalisme divinisé ou l’adoration de la nature sous mille formes diverses, on pourrait s’arrêter au premier sens que nous avons donné au mot monde ; mais évidemment il parle surtout ici des Juifs et de leur état de servitude sous la loi ; quelle peut donc être sa pensée ? La voici et elle réunit les deux significations du terme : tous les hommes sont asservis aux forces brutes de la nature aussi longtemps qu’ils ne connaissent pas le Dieu qui est esprit et qui veut être adoré en esprit et en vérité.

L’homme, originairement destiné à dominer la nature, en est devenu l’esclave par le péché et tout culte qu’il rend à Dieu se ressent de cet esclavage. Dieu, en donnant aux Juifs des prescriptions légales, symboliques, qui étaient relatives à la vie naturelle (lois sur le manger, le boire, les temps, les saisons, les jours (verset 10), les purifications, etc.), leur avait en même temps fourni assez de lumières pour qu’ils comprissent le sens spirituel de ces ordonnances, en les interprétant comme des symboles, en s’élevant du visible à l’invisible, du corps à l’âme.

Tel était en particulier le but constant de la prédication des prophètes. Mais, à l’exception d’un petit nombre d’hommes vraiment pieux et éclairés, ce peuple, par un effet de son aveuglement charnel, resta constamment attaché au sens matériel des prescriptions ; il prit le moyen pour la fin ; son culte dès lors retomba dans un naturalisme presque païen et ainsi, au lieu de s’élever par degrés, selon l’intention de Dieu, vers la liberté et l’adoration spirituelles, il resta dans la servitude des éléments du monde.

Voilà pourquoi l’apôtre appelle ces éléments faibles et pauvres (verset 9) ; ils ne sauraient par eux-mêmes communiquer à l’âme ni force, ni vie, ni paix (comparer Colossiens 2.20). C’est à ces rudiments que les faux docteurs voulaient ramener les chrétiens de Galatie, déjà en possession de cet Évangile spirituel, éternel, qui porte tous les caractères d’une œuvre du Dieu vivant (versets 4 et 5).

Verset 4

Grec : « Mais lorsque vint la plénitude ou l’accomplissement du temps »

Terme très important à remarquer, par lequel l’apôtre signale l’époque précise choisie par la sagesse de Dieu pour envoyer son Fils. Il ne pouvait le faire qu’après une longue préparation du peuple juif et des nations païennes.

Cette préparation eut lieu pour le premier par les révélations divines, par les promesses, par la loi, par toutes les institutions mosaïques ; elle eut lieu pour les secondes par le développement de la civilisation, par les efforts impuissants de la philosophie, par les dispensations de Dieu et les expériences des peuples, convaincus enfin qu’ils ne pouvaient parvenir par eux-mêmes ni à connaître Dieu, ni à s’affranchir de la servitude du péché. À tous égards, les temps étaient accomplis quand Christ parut.

Verset 5

Le Fils de Dieu, né de femme, terme qui indique sa parfaite humanité (Job 14.1), a dû être en toutes choses semblable à ses frères. Il a dû même naître et vivre sous la loi, en porter le joug, l’accomplir parfaitement, par une obéissance dont le dernier acte a été sa mort sur le Calvaire. Et tout cela afin de racheter ceux qui avaient violé cette loi (Galates 3.13), et de les élever à la condition glorieuse d’enfants de Dieu, caractérisée ici par le terme d’adoption (Romains 8.15, note).

Dès ce moment, Juifs et païens jouissent par la foi d’une double liberté : comme majeurs, ils ne sont plus sous la tutelle des « éléments du monde » et ils adorent Dieu leur Père en esprit et en vérité ; la loi ne se dresse plus devant eux avec ses menaces et ses condamnations ; mais revêtus de la justice de Christ, rendus agréables à Dieu en son Fils bien-aimé, ils reçoivent la force d’accomplir la loi avec une filiale obéissance, dans laquelle ils trouvent le bonheur au lieu de l’esclavage.

Verset 6

Voir Romains 8.15, note.

Ces fils de Dieu sont revêtus de tous les privilèges et de l’Esprit même du Fils de Dieu, par lequel ils invoquent Dieu comme leur Père !

Verset 7

Voir Romains 8.17, note.

Ici diverses variantes.

Le texte reçu : héritier de Dieu par Christ ; d’autres : héritier par Christ ou encore par Jésus-Christ ; quelques-uns : héritier de Dieu, cohéritier de Christ (copié de Romains 8.17) ; un seul : héritier tout court.

La leçon de notre texte est la plus autorisée. Elle correspond évidemment aux derniers mots du verset 2, qui attribuent au père la détermination du moment où il met son fils en possession de ses biens.

Ces paroles s’adressent aux Galates, nés pour la plupart dans le paganisme, comme le prouve verset 8. Il y a d’autant plus de force dans le reproche que leur fait l’apôtre (versets 9-11), de vouloir retourner sous le joug de la servitude. Pour donner encore plus de précision à ses paroles, il les adresse à ses lecteurs individuellement en employant tout à coup ce pronom au singulier : tu n’es plus esclave…

Verset 8

Point de vrais dieux. « Quand vous les serviez ne connaissant point Dieu, vous étiez en quelque degré excusables, mais maintenant » (verset 9) !

Verset 9

Ici l’apôtre se corrige, se reprend, en quelque sorte, pour donner à sa pensée plus de force : Nous ne connaissons Dieu réellement que lorsque nous avons été connus de lui, ce qui implique de sa part l’amour, l’adoption (comparer 1 Corinthiens 8.1-3, note ; Jean 10.14 ; Jean 10.15).

Paul ajoute beaucoup par là à son argument : ce n’est pas l’homme qui prévient Dieu et qui le choisit, mais l’inverse (Romains 8.28 ; Romains 8.29 ; Ésaïe 65.1 ; Jean 15.16). Or, la pensée de cette libre grâce de Dieu, par laquelle seule l’homme a connu Dieu, devait humilier plus encore les Galates d’avoir pu se laisser entraîner de nouveau sous le joug des faibles et pauvres éléments du monde.

Verset 10

Voir sur ces éléments ou rudiments verset 3, note. Ici l’apôtre les rabaisse encore par ces épithètes : faibles et pauvres, qu’il oppose à la force et à la richesse de l’Esprit Puis il cite l’observation des diverses fêtes israélites comme exemple du joug légal que les faux docteurs avaient imposé aux Galates.

Vous observez avec anxiété (grec), avec un esprit servile, contraire à la liberté du chrétien : tel est le sens du verbe original.

Ces jours sont les sabbats et autres fêtes fixées par la loi, les mois sont les nouvelles lunes qui marquaient certaines solennités ; les temps indiquent en général les époques consacrées à de grandes fêtes, comme la Pâque (Lévitique 23.4) ; les années désignent le retour d’autres solennités, comme le grand jubilé, l’année sabbatique.

Imposer ces observances comme une obligation servile, y chercher en tout ou en partie sa justification devant Dieu, voilà ce qui était déroger à la libre grâce de Dieu et ce que l’apôtre censure avec tant de force.

C’était, à la lettre, retomber sous les éléments du monde, puisque par là on faisait dépendre son obéissance et sa piété du cours des astres et des saisons, objets du culte des païens eux-mêmes (verset 3, note). Aussi Paul exprime-t-il (verset 11) toute la crainte que lui inspiraient ces aberrations pour le résultat de ses travaux parmi les Galates.

Verset 12

Restons unis, je vous le demande avec prière ; ce n’est pas à moi que vous avez fait tort ; au contraire, vous m’avez reçu, malgré mon infirmité, comme un ange de Dieu. Vous étiez alors si heureux ! Et vous m’aimiez au point que vous m’auriez témoigné cet amour par les plus douloureux sacrifices ; serais-je donc devenu votre ennemi ? (12-16).

D’autres aussi ont du zèle pour vous, mais c’est afin de vous attirer à eux en vous détachant de moi (17, 18).

De là, ô mes enfants bien-aimés ! Les douleurs que j’éprouve à votre sujet ; que ne puis-je être auprès de vous et vous faire entendre ma voix ! (19, 20)

Vive et douloureuse effusion de cœur (12-20)

Plusieurs entendent ces paroles comme 1 Corinthiens 11.1 « Imitez-moi dans la liberté chrétienne où je suis, où j’ai trouvé l’assurance et la paix » ! Mais que signifie alors le second membre de la phrase : car moi aussi je suis comme vous ? Paul veut dire, a-t-on répondu, que, quoique né juif, il s’est dépouillé de tout préjugé pour recevoir le salut tel qu’il l’annonçait aux païens. Ce sens est très admissible, d’autant plus que l’on peut traduire ainsi : Devenez comme moi, car moi aussi je suis devenu comme vous, comme si j’étais sans loi (1 Corinthiens 9.21).

Mais on peut voir aussi dans ces paroles simplement l’expression de l’affectueuse communion d’esprit dans laquelle l’apôtre désire rester avec les Galates, malgré les reproches qu’il leur adresse : « Mettez-vous à ma place et comprenez-moi ; car moi aussi je me mets à la votre, vos intérêts spirituels sont les miens ». Tel serait le début de l’appel pathétique, effusion de sa profonde tendresse, par lequel Paul va tenter de ramener les Galates (versets 12-20).

Si les raisons scripturaires qu’il a développées jusqu’ici n’avaient pas convaincu l’esprit de ses lecteurs, son amour du moins touchera leur cœur par le souvenir des rapports intimes que Dieu avait formés entre eux et lui lorsqu’il leur prêcha l’Évangile et dans lesquels ils s’étaient sentis si heureux. Après avoir ainsi donné essor aux sentiments dont son cœur est rempli, il reprend la suite de son exposition et couronne sa démonstration par une allégorie empruntée à l’histoire des patriarches (verset 21 et suivants).

C’est ainsi qu’il apprend aux pasteurs qu’ils doivent avoir un cœur de père et de mère, non pour les loups ravissants, mais pour les pauvres brebis séduites et égarées, supportant leur faiblesse et les traitant avec la plus grande douceur.— Luther

Ce mot si humble, si affectueux, ne doit se joindre ni à la phrase qui précède, ni à celle qui suit, mais former une pensée indépendante : « Je ne veux pas seulement reprendre, enseigner, je n’ordonne point, je vous prie ! »

« Ne croyez donc pas que ce soit par aucun sentiment personnel que je vous parle d’une manière si sévère. Je me rappelle bien plutôt avec émotion les témoignages de votre attachement » (verset 14).

Verset 14

On peut traduire aussi : « C’est à cause d’une infirmité de la chair que je vous ai annoncé l’Évangile », l’apôtre aurait été retenu par une maladie chez les Galates et amené ainsi à leur annoncer l’Évangile.

Une variante autorisée fait dire à Paul : (verset 14) « l’épreuve que vous avez eu à souffrir dans ma chair, vous ne l’avez pas méprisée ni rejetée avec dégoût » ! On voit par ces paroles et par d’autres semblables (1 Corinthiens 2.3 ; 2 Corinthiens 12.7), que Paul avait à souffrir de quelque infirmité corporelle qui rendait son extérieur méprisable aux yeux du monde.

Mais telle avait été parmi les Galates la puissance de sa parole, accompagnée de l’Esprit de Dieu, qu’ils n’avaient pas tardé à reconnaître dans cet homme infirme l’envoyé de Dieu (tel est le sens du mot ange), le représentant de Jésus-Christ lui-même.

Verset 15

Grec : « L’expression de votre bonheur ». Ce bonheur que vous exprimiez vous-mêmes, d’où venait-il ? de la servitude de la loi, ou de l’assurance de votre salut par pure grâce ?

Selon une variante, il faudrait traduire : «  est maintenant votre bonheur ? » (Vous l’avez perdu depuis qu’on vous a remis sous le joug de la servitude). Quoique cette variante ne soit pas suffisamment autorisée, ce sens serait bien en harmonie avec les paroles qui suivent et qui motivent (car) l’idée du bonheur des Galates, mais comme une chose qui n’est plus (verset 16).

Luther traduit :

Que vous étiez heureux alors.

Vous m’auriez témoigné votre amour par les plus douloureux sacrifices.

Verset 16

Grec : « En étant vrai envers vous », comme Éphésiens 4.15. La charité en Dieu lui-même est inséparable de la vérité (Jean 1.14, note) ; quiconque hait ceux qui lui disent la vérité, doit songer que cette haine remonte jusqu’à Dieu. Quel contraste avec le verset qui précède ! Et ce contraste ressort plus encore de la traduction littérale.

Paul dit : Vous m’aimiez ainsi (verset 15), et il ajoute (grec) : en sorte que je suis devenu votre ennemi ; vous me haïssez, et cela, parce que je vous ai dit la vérité ! Double contraste exprimé par une ironie pleine de tristesse.

Verset 17

Paul en disant : « Suis-je devenu votre ennemi ? » reporte naturellement sa pensée sur les faux docteurs qui en sont la cause et dont il parle sans les nommer.

L’expression grecque, zéler quelqu’un, signifie le poursuivre pour le gagner, être jaloux de lui. Voilà ce qu’étaient les faux docteurs pour les Galates ; mais ce zèle n’était pas pur, il avait un motif caché que l’apôtre dévoile ; tandis qu’il était, lui, jaloux des âmes pour les présenter à Christ (2 Corinthiens 11.2), ceux-là l’étaient pour les attirer à eux, à leur parti et c’est là le vrai signe de l’esprit d’erreur et de secte.

Pour cela, il fallait détacher les Galates de l’apôtre. Grec : « Ils veulent vous exclure », ou, selon une variante, nous exclure ; en tout cas, vous séparer de moi et par là même de la communion de l’Église, « afin que vous soyez zélés pour eux ».

Verset 18

L’apôtre jette un regard plein de tristesse sur le temps de leur amour pour lui et fait ressortir le contraste entre ce faux zèle dont il vient de parler et le vrai zèle auquel il exhorte ses lecteurs.

D’autres traduisent : « Il est bon d’être l’objet du zèle (d’autrui) dans ce qui est bien », mais cela s’accorde moins bien avec les mots suivants.

Verset 19

Ces paroles sont un vrai cri de tendresse et de profonde douleur. Nos versions l’affaiblissent en l’unissant au verset suivant malgré le texte original. Une première fois Paul avait enfanté ces âmes à Christ par la puissance de l’Évangile et maintenant son travail devait recommencer avec douleur et il n’aurait de repos que lorsque le nouvel homme, Christ en eux, serait formé de nouveau. Avec un tel amour des âmes, on comprend tous les prodiges de l’Évangile dans le monde aux temps apostoliques.

On se demande souvent pourquoi la prédication ne produit plus les mêmes effets ; à cela, il n’y a qu’une réponse : nous manquons de cet amour ! Aujourd’hui, comme alors, il triompherait du monde entier.

Verset 20

Encore un vœu de son cœur, tendrement exprimé et qui trahit son vif amour des âmes.

Il voudrait être présent au milieu d’eux, et cela, afin de changer de langage, employer la douceur au lieu de la sévérité, selon les dispositions qu’il observerait en eux.

D’autres, se fondant sur le terme original qui porte « changer ma voix », pensent que le regret de l’apôtre est surtout de ne pouvoir pas parler de vive voix, ce qui lui permettrait de mettre dans son ton tous les sentiments qui remplissent son âme, et cela, afin d’être mieux compris ou d’approprier sa parole plus efficacement aux besoins de chacun.

Qui ne connaît l’immense différence qu’il y a entre une parole dite et une parole écrite ? La raison de cet ardent désir de l’apôtre, c’est que, grâce à ce profond amour dont il donne tant de preuves, il est en perplexité, plein d’inquiétude à leur sujet.

Verset 21

Vous revenez à la loi et vous ne comprenez pas l’histoire de l’Ancien Testament ? Voici ce qui est écrit : Abraham eut deux fils de deux femmes différentes : l’une, Agar, était l’esclave ; l’autre, la femme libre. L’une, semblable à ce Sinaï de la loi et à cette Jérusalem déchue, n’enfante que des esclaves ; l’autre, image de la Jérusalem d’en haut, de l’Église de Dieu qui est libre, enfante des fils libres et c’est là notre mère (21-26).

De là, la sainte joie de celle qui était stérile et délaissée et qui a de nombreux enfants. Comme Isaac, nous descendons d’elle ; en vain les enfants de l’esclave nous haïssent, elle est chassée et nous, nous sommes les enfants de la femme libre (27-31).

Allégorie des deux alliances (21-31)

L’apôtre reprend ici son argumentation interrompue au verset 12. Il emploie le mot loi dans son sens le plus général, appliqué à tout l’Ancien Testament. Il est vrai que le fait de l’histoire sacrée qu’il va citer doit lui servir à caractériser la loi proprement dite.

Verset 22

Voir Genèse 16.15 ; Genèse 21.2.

Verset 23

Ou « par la promesse » (comparez Romains 9.8), c’est-à-dire par un acte de la puissance de Dieu qui accomplit sa promesse alors que, selon le cours de la nature, Abraham et Sara ne pouvaient plus avoir aucune espérance de voir cette promesse se réaliser.

Verset 24

Grec : « Ces choses sont allégorisées », ont un sens profond renfermé sous les faits historiques.

En effet, si l’on a pu dire de l’histoire profane, avec une entière vérité, que chaque événement porte en lui l’enseignement qui ressort de tout l’ensemble de l’histoire ; à plus forte raison en est-il ainsi dans l’histoire du règne de Dieu.

Ce règne se développe graduellement, d’une manière organique, sous la direction de Dieu, de sorte que les faits les moins importants en apparence reflètent les plus grands événements ou plutôt les renferment en germe, comme le chêne majestueux fut pendant un temps caché dans le gland qui lui a donné naissance (comparer Matthieu 13.31 ; Matthieu 13.32).

En un mot, tous les faits du règne de Dieu sont à la fois histoire et prophétie. Il est donc légitime de rechercher dans les Écritures de l’Ancien Testament ces grains de semence qui contenaient la riche moisson du Nouveau Testament ; mais il faut bien prendre garde à la position qu’occupe dans l’ensemble de l’histoire chaque événement particulier et ne jamais le détacher de cette liaison naturelle et organique, qui seule en indique le sens.

L’erreur de tant d’interprétations allégoriques vient de ce que, perdant de vue le cours général de l’histoire, abandonnant le ferme terrain des faits, on a voulu rattacher ces interprétations à des ressemblances fortuites, à des analogies arbitraires ; de sorte qu’au lieu d’expliquer l’histoire véritable, on se crée à côté de celle-ci une histoire fantastique et alors il n’y a plus de bornes aux aberrations de l’imagination. Telles étaient les interprétations allégoriques fort en usage dans la littérature juive au temps de Paul.

En recourant à l’allégorie, l’apôtre était sûr d’être bien compris de ses premiers lecteurs. Mais peut-on dire qu’il ait évité tous les écueils du genre et ne soit pas tombé dans l’arbitraire en appliquant aux deux alliances l’exemple d’Agar et de Sara ? Ce rapprochement forcé n’ajoute rien à sa démonstration.

Luther disait déjà, avec un grand bon sens :

Par le moyen des allégories on ne peut rien fonder ni rien prouver d’une manière certaine ; mais elles servent à orner, à éclairer, à rendre plus intelligible une thèse bien démontrée d’autre part. Si Paul n’avait pas commencé par établir à force d’arguments solides que nous ne sommes pas justifiés devant Dieu par les œuvres de la loi, mais par la foi seule, il n’aurait rien prouvé par cette allégorie. Mais après avoir fondé cette vérité sur l’expérience des croyants, sur l’exemple d’Abraham, sur les témoignages et les déclarations de la sainte Écriture, il ajoute finalement cette allégorie pour agrémenter sa démonstration. Comme un tableau orne une maison qui a été auparavant bâtie sur de fermes assises et lui donne bonne apparence, ainsi l’allégorie embellit une solide argumentation.

Verset 26

Paul voit dans Agar et Sara une image des deux alliances, ou des deux testaments, d’où sont sortis deux peuples différents.

D’une part, Agar, esclave, qui enfante, non selon la promesse, mais selon la chair (versets 22 et 23), représente le Testament de Sinaï qui ne produit en réalité que l’esclavage (verset 24). Elle est ainsi semblable (Grec : « du même ordre, sur la même ligne », elle correspond) à la Jérusalem d’à présent (verset 25), le centre théocratique de ce peuple juif qui s’obstine à vouloir rester dans la servitude de Sinaï, en repoussant la liberté de la grâce ; à vouloir obtenir par la chair ce qui ne s’obtient que par la promesse (Ces pensées, présentées sous une autre forme, reviennent à ce qu’a établi l’apôtre ci-dessus, Galates 3.15 et suivants ; verset 1 et suivants).

D’un autre côté, Sara, la femme libre, de qui descendent les enfants de la promesse, représente le Testament de la grâce, la vraie Église de Dieu, la Jérusalem d’en haut, qui est la mère des croyants, puisqu’ils sont nés de nouveau dans son sein et par les moyens de grâce dont elle est dépositaire (comparer : Hébreux 8.5, note et surtout Hébreux 12.24). Celle-ci est libre (verset 26), puisqu’elle renferme tous ceux que le Fils a affranchis et rendus fils de Dieu, ses vrais héritiers (Galates 3.23 et suivants ; verset 5).

Ainsi l’apôtre, voulant caractériser les différences des deux Testaments par des types historiques, met en contraste : Agar et Sara, la chair et la promesse, l’esclavage et la liberté ; et, dans le développement de cette comparaison, une autre image s’offre à lui pour rendre la même pensée et il oppose : Sinaï et la Jérusalem terrestre à la Jérusalem d’en haut, ou à la vraie Église de Dieu.

Il faut seulement remarquer encore que la construction dans ces versets est restée inachevée, comme il arrive souvent à l’apôtre par le fait de la vivacité de son style. Il dit, verset 24 « l’une, du mont de Sina ; » ce qui faisait attendre, au verset 26 « l’autre, la femme libre, représente la Jérusalem d’en haut…  » ; au lieu de cela il passe immédiatement au second point de comparaison : « mais la Jérusalem d’en haut est libre ».

Jusqu’ici, ce passage ne présente de difficulté qu’à ceux qui veulent disputer sur la justesse de cette double allégorie, ce qui est toujours possible. Mais, tandis que ces images sont claires, telles qu’elles se trouvent aux versets 24 et 26, voici au verset 25 une remarque incidente, qui, d’après la leçon du texte reçu, paraît établir un rapport typique assez obscur entre le nom d’Agar et le nom de Sinaï ; en effet on lit dans le texte reçu littéralement traduit : « l’Agar est le mont Sina en Arabie ; » il y a dans le grec, avant le mot Agar, un article neutre to qui semble ne pouvoir indiquer que onoma (le nom) et alors il faudrait traduire : « le mot Agar signifie, en Arabie, Sinaï ».

De là, une sérieuse difficulté, car le nom d’Agar, en hébreu, ne signifie pas Sina. On a bien trouvé qu’en arabe Agar signifie un roc ; et comme il s’agit ici de l’Arabie, on a cru avoir rencontré la pensée de l’apôtre. Mais que prouverait cette fortuite coïncidence de la signification de deux noms ? Soit en hébreu, soit en arabe, insister sur cette insignifiante rencontre serait un pauvre jeu de mots.

D’autres, y compris Calvin, traduisent : « ce type Agar, représente Sina », mais cela est grammaticalement inadmissible.

D’autres encore rendent ainsi la parenthèse : « ce qui a été dit d’Agar (to legomenon, au lieu de to onoma) signifie…  »

Mais tout cela devient inutile par le simple fait que le mot Agar, dans ce verset, est très probablement une inadvertance ou une gauche correction de copiste. Plusieurs manuscrits anciens ne l’ont pas ; Bengel, Lachmann et d’autres critiques modernes le rejettent du texte.

Voici dès lors le texte authentique que nous avons rétabli dans notre traduction : « Car le mont Sina est en Arabie ». Si l’on demande quel peut être le but de cette observation géographique sur le Sinaï, la réponse assez vraisemblable est que Paul voulait rappeler par là la patrie des descendants d’Ismaël, dont plusieurs tribus habitaient l’Arabie et qui étaient fréquemment nommés « les enfants d’Agar ». L’apôtre cherche à compléter ainsi et à rendre plus frappant le parallèle établi dans tout ce passage entre Agar et Sinaï.

Verset 27

Ésaïe 54.1, cité d’après les Septante et presque en tout conforme à l’hébreu.

L’apôtre applique ici à Agar et à Sara, ainsi qu’à leur postérité respective, l’une selon la chair, l’autre selon la promesse, les paroles du prophète, qui sont le commencement d’une magnifique description de l’état prospère du peuple de Dieu sous la nouvelle alliance.

Dans le passage prophétique, il n’est pas directement question de Sara (sinon comme un type historique) ; Ésaïe s’adresse plutôt à la communauté des croyants, au véritable Israël, auquel il promet un glorieux avenir. Mais Sara pouvait, à bon droit, être considérée comme la mère de ce peuple de Dieu. Sa longue stérilité, suivie de la naissance d’Isaac, était une juste image de la stérilité spirituelle du peuple d’Israël, suivie de la plénitude de bénédictions qu’il devait recevoir en Jésus-Christ.— Olshausen

Verset 28

Application de ce qui précède (comparer Galates 3.16, note et Romains 9.7 ; Romains 9.8).

Verset 29

L’apôtre attribue ces deux naissances, l’une à la chair (verset 23), l’autre à l’Esprit (au lieu de la promesse) c’est-à-dire à la puissance divine par laquelle Sara reçut la faculté d’être mère.

Quant à la persécution dont il est ici question, le terme paraît trop fort pour les faits rapportés dans la Genèse (Genèse 16.4-12 ; Genèse 21.9).

Il est probable qu’en l’écrivant l’apôtre était sous la vive impression de ce rapprochement : il en est de même maintenant, lui qui avait tant à souffrir des Israélites selon la chair ! Peut-être aussi songeait-il aux rapports hostiles d’Ésaü avec Jacob.

Verset 30

Genèse 21.9 ; Genèse 21.10. Il est probable qu’Abraham, par une affection naturelle pour son fils Ismaël, ne s’attachait plus alors avec une foi assez vive à la promesse d’un autre héritier (Genèse 17.17-21). Sara exprimait donc réellement, par les paroles citées ici, la volonté de Dieu, qui les ratifie immédiatement (Genèse 21.12).

L’apôtre en citant ce fait, aussi bien que celui du verset 29, se propose pour but non seulement de compléter le grand contraste qu’il vient d’établir (versets 22-26), mais aussi de provoquer dans l’esprit des Galates un rapprochement bien naturel entre ces événements historiques et sa propre situation vis-à-vis des faux docteurs judaïsants qui s’opposaient à lui en s’appuyant sur les privilèges charnels du peuple juif.

Verset 31

On peut considérer ces paroles comme une joyeuse conclusion de tout ce qui précède depuis verset 21, ou comme l’énoncé du grand fait de la grâce de Dieu, sur lequel l’apôtre fonde l’exhortation qui va suivre : (Galates 5.1) « Vous êtes libres, restez libres » ! Rien n’empêche d’admettre l’un et l’autre de ces deux rapports.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Galatians 4". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/galatians-4.html.
 
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