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Bible Commentaries
Actes 8

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-40

Verset 1

La persécution contre l’Église éclata ce jour-là et fut occasionnée par l’émeute même qui avait causé la mort d’Étienne.

Quand Luc dit que tous furent dispersés il faut entendre ce mot dans un sens hyperbolique, signifiant le plus grand nombre. En effet, nous trouvons encore des chrétiens à Jérusalem dès le verset 3 et dans la suite du récit.

Luc ne parle que de la Judée et de la Samarie, les provinces les plus rapprochées ; mais les fugitifs se rendirent aussi en Galilée, où il y avait beaucoup de disciples, puis dans toute la Syrie (Actes 9.1 et suivants).

L’auteur prépare par cette remarque le récit des grands résultats que cette première persécution eut pour la propagation de l’Évangile (verset 4 et suivants).

Verset 2

Ces termes : des hommes pieux, indiquent des Juifs pieux (Actes 2.5 ; Actes 22.12) et non des prosélytes d’entre les païens.

Ayant conservé leurs sentiments bienveillants pour les chrétiens (Actes 2.47), ils voulurent rendre à Étienne ce religieux devoir. Des disciples en auraient certainement été empêchés par les persécuteurs.

Ils firent grande lamentation sur lui ; le substantif que nous traduisons par lamentation dérive d’un verbe qui signifie se frapper la poitrine en signe de deuil (Luc 8.52).

Les funérailles qu’ils firent à Étienne eurent l’éclat et la solennité que les Orientaux aiment à donner à ces cérémonies (Matthieu 9.23 ; Marc 5.38).

On a souvent envisagé ce verset comme n’étant pas à sa place, parce qu’il paraît sans rapport avec ce qui précède et ce qui suit (de Wette, Olshausen). C’est une erreur.

Luc nous montre par ce fait, comme l’observe Meyer, que beaucoup des habitants de Jérusalem voyaient avec peine la persécution, puis il poursuit par ce contraste criant : Mais Saul ravageait l’Église, etc.

Verset 3

Meyer fait observer la progression dans la haine de Saul contre les chrétiens : d’abord il garde les vêtements des meurtriers d’Étienne (Actes 7.58), puis il prend plaisir à son supplice (verset 1) et enfin il ravage l’Église (comparer Actes 9.21).

Lui-même se rappellera avec douleur ce temps de sa vie (Actes 26.9-11 ; Galates 1.13 ; 1 Corinthiens 15.9).

Verset 4

Prédication de Philippe

Les chrétiens de Jérusalem, dispersés par la persécution, annoncent l’Évangile. Philippe prêche le Christ à Samarie. Les miracles qu’il accomplit attirent l’attention. De nombreux malades sont guéris. La joie est grande (4-8).

Simon le magicien

Il pratiquait la magie à Samarie et, se donnant pour un être supérieur, il fascinait tout le peuple, qui le tenait pour une incarnation de la divinité. Depuis un certain temps il exerçait son influence sur les Samaritains, quand ceux-ci crurent à la prédication de Philippe et demandèrent le baptême. Simon lui-même devient croyant, reçoit le baptême et s’attache à Philippe ; la vue des miracles que Philippe opère le stupéfie (9-13).

Intervention des apôtres

À Jérusalem, les douze apprennent la conversion des Samaritains. Ils délèguent auprès d’eux Pierre et Jean, qui demandent pour eux le Saint-Esprit, car il ne leur avait pas été donné au moment de leur baptême. Il leur est communiqué par l’imposition des mains des apôtres (14-18).

Simon le magicien et Pierre

Simon offre de l’argent aux apôtres, afin de recevoir d’eux le pouvoir de communiquer l’Esprit par l’imposition des mains. Pierre lui répond que cet argent ira avec lui à la perdition, puisqu’il a cru acquérir par son moyen le don de Dieu. Il y a incompatibilité entre le pouvoir qu’il réclame et les dispositions de son cœur, qui n’est pas droit devant Dieu. Qu’il se repente et demande à Dieu de lui pardonner la pensée qu’il a eue, car en elle se révèle l’esprit d’hostilité et d’injustice auquel il obéit. Simon demande aux apôtres d’intercéder pour lui, afin qu’il évite le châtiment dont ils l’ont menacé (19-24).

Retour des apôtres

Reprenant le chemin de Jérusalem, ils évangélisent beaucoup de villages samaritains (25).

Ministère de Philippe

Versets 4 à 25 — L’Évangile en Samarie

Ces dispersés deviennent autant d’évangélistes ; ils vont de lieu en lieu (grec) évangélisant la Parole ; l’esprit missionnaire est né avec la vie chrétienne.

C’est ainsi que, dès l’origine, « le sang des martyrs a été la semence de l’Église ». Ce moment est d’une grande importance dans l’histoire de l’Église primitive : l’Évangile sort de l’étroit horizon du judaïsme, pour se répandre au loin dans le monde.

Tout d’abord il est accueilli par le peuple des Samaritains qui, bien que profondément séparés des Juifs, observaient encore la loi de Moïse.

Plus loin, quand Luc nous montrera l’Évangile se répandant en Syrie et à Antioche, en Phénicie et jusque dans l’île de Chypre, il rattachera expressément ce nouveau progrès à la dispersion des chrétiens de Jérusalem après la mort d’Étienne (Actes 11.19).

Verset 5

Luc nous montre en Philippe un de ces chrétiens dispersés qui annonçaient la Parole, c’est-à-dire qui prêchaient l’Évangile (verset 4).

Philippe n’était pas l’apôtre de ce nom, mais l’un des sept diacres (Actes 6.5). C’est le même qui, en Actes 21.8, est appelé un évangéliste.

Le texte reçu, avec C, D, porte : une ville de Samarie, ce qui laisserait ignorer de quelle ville il s’agit.

La ville de Samarie (Codex Sinaiticus, B, A) désigne la ville qui a donné son nom à la province. Fondée par Omri (1 Rois 16.24), elle avait été la capitale du royaume des dix tribus. Sa chute en 722, après un siège mémorable, marqua la fin de ce royaume (2 Rois 17). Elle fut, peu avant l’ère chrétienne, agrandie et embellie par Hérode le Grand qui, en l’honneur de l’empereur Auguste, l’appela Sébaste (Augusta).

De nombreuses ruines marquent son emplacement, près du village de Sebastijeh, à deux heures et demie au nord-ouest de Sichem (voir sur la Samarie Matthieu 10.5 ; Jean 4.9, notes).

Ces mots : il prêchait le Christ, signifient qu’il prouvait à ses auditeurs que Jésus était le Messie, l’Oint de Dieu, le Sauveur.

Verset 7

Les Samaritains furent attentifs (grec), eux écoutant les choses que Philippe leur disait (Codex Sinaiticus porte : en l’écoutant, lui, Philippe) et voyant les miracles opérés par lui, ou, suivant l’interprétation plus généralement reçue, qui suppose la leçon des autres documents et donne le même régime aux deux verbes : eux apprenant et voyant les miracles. C’est ainsi qu’ils parvinrent à la foi et à la joie.

Jésus lui-même avait semé dans ce pays-là et préparé cette belle moisson (Jean 4).

On sait que les Samaritains attendaient la venue du Messie (Jean 4.25) et il est probable que, dans le sentiment de leur misère morale, ils étaient moins opposés à l’Évangile que les Juifs avec leurs orgueilleux préjugés. Mais aussi leur ignorance les exposait à toute espèce de superstitions (verset 9 et suivants).

Verset 9

Auparavant, c’est-à-dire avant que Philippe vînt à Samarie.

Ce Simon était un de ces imposteurs (goêtes) très nombreux alors, qui prétendaient posséder les secrets de la nature et communiquer avec le momie invisible.

Ils se livraient aux arts occultes, faisaient profession de prédire l’avenir, d’évoquer les morts, de faire des guérisons miraculeuses, d’exorciser les possédés ; en un mot ils exerçaient la magie avec toutes ses mensongères pratiques et ils trouvaient dans la superstition populaire un terrain propice qu’ils exploitaient pour satisfaire leur cupidité.

De là cet étonnement ou plutôt ce ravissement du peuple, mis hors de lui-même par le magicien (sens du mot grec, de même au verset 11).

Simon le Magicien joue un rôle considérable dans la littérature du second siècle. La tradition fait de lui le chef d’une secte gnostique et l’ardent adversaire de l’apôtre Pierre.

Mais il ne faut pas conclure des légendes qui se sont greffées sur son nom que Simon n’a jamais existé. L’histoire a conservé la trace certaine de deux hommes avec lesquels on peut identifier le personnage de notre récit. L’un, dont parle Josèphe (Antiquités Juives, XX, 7, 2), fut, vers l’an 60, employé par le gouverneur Félix pour détourner la reine Drusille de son époux, Azize roi d’Emèse, en Syrie. Mais il s’agit plutôt d’un autre Simon, que Justin (Apol. I, 26) mentionne comme originaire de Gitta en Samarie, tandis que Josèphe donne au Simon dont il parle l’île de Chypre pour patrie.

Le Simon nommé par Justin est considéré par les Pères, depuis Irénée (Contre les hérés. I, 23), comme l’instigateur de toutes les hérésies.

Verset 11

Dans ces temps où les peuples avaient généralement abandonné leurs croyances religieuses, ils étaient d’autant plus accessibles à toutes les superstitions.

Ainsi ces Samaritains s’attachaient à Simon avec un engouement général, voyant en lui quelque incarnation de la puissance de Dieu, celle qui est appelée la grande.

Le mot appelée (Sin B, A, C, D), omis à tort par le texte reçu, suppose que les Samaritains distinguaient entre plusieurs puissances émanant de la divinité ; c’était la principale de celles-ci qui se manifestait, croyaient-ils, en Simon.

Simon les avait induits à cette croyance par l’importance qu’il se donnait (verset 9).

Verset 12

Luc a dit (verset 6) comment ces Samaritains furent amenés à là foi ; ici, il nous apprend ce qu’ils crurent.

Philippe leur annonçait la bonne nouvelle de la venue du Messie, qu’ils attendaient et de la fondation du royaume de Dieu par la vie et la mort de Jésus et par son retour dans la gloire. En un mot, il leur prêchait le nom de Jésus-Christ.

Tel était l’objet de leur foi nouvelle ; et comme ils la professaient en demandant le baptême, Philippe n’hésita pas à les baptiser, hommes et femmes, sans distinction. La suite du récit nous montrera ce qui manquait encore à ces nouveaux croyants (versets 15-17).

Verset 13

Simon lui-même crut, comme il pouvait croire avec sa disposition morale : c’est-à-dire qu’il fut intellectuellement convaincu que Philippe prêchait la vérité en annonçant Jésus comme le Messie et surtout que cet évangéliste était en possession d’une puissance supérieure à la sienne.

Ce furent, en effet, les signes et les grands miracles opérés par Philippe qui le mirent (grec) hors de lui-même d’admiration. Il éprouva à son tour l’impression qu’il avait produite sur d’autres par ses pratiques de magie (versets 9 et 11). Dans son admiration il ne quittait plus Philippe (grec), il était s’attachant à Philippe.

Il ne faut pas s’étonner que Simon fut baptisé avec les autres croyants ; comme il se disait convaincu, ce qui était vrai dans une certaine mesure, Philippe, qui ne lisait pas dans les cœurs, n’avait aucune raison de lui refuser le baptême.

Verset 16

Les apôtres avant appris à Jérusalem les faits jusqu’alors inouïs qui se produisaient en dehors du peuple Juif et parmi des Samaritains, éprouvèrent le besoin de voir par eux-mêmes ce qu’était ce mouvement religieux. Leur droit et leur devoir étaient de l’examiner, de le diriger, de l’affermir ; car c’est à eux que le Seigneur avait confié le gouvernement de son Église.

En outre, il fallait rattacher ces nouveaux chrétiens de Samarie à l’Église apostolique, afin d’en conserver l’unité. Ils délèguent pour cela Pierre et Jean, qui nous sont souvent présentés travaillant ensemble (Actes 3.1 ; Actes 3.11 ; Actes 4.13-19, etc.). Pierre dont on a fait le prince des apôtres, se laisse humblement déléguer avec son collègue Jean.

Étant arrivés (grec descendus), ils trouvèrent des croyants sincères qui avaient reçu le baptême au nom de Jésus, mais non le Saint-Esprit. Celui ci n’était encore descendu (grec tombé) sur aucun d’eux.

Le baptême sans l’Esprit ? Ce fait nous étonne au premier abord. Serait ce, comme le pensent quelques interprètes, parce que Philippe n’était pas apôtre (verset 17, note) ? Ou bien parce que ces Samaritains avaient cru sans avoir subi un développement intérieur suffisant ? Ou enfin faut-il entendre par recevoir l’Esprit Saint la communication du don des langues, telle qu’elle avait été faite aux chrétiens de Jérusalem à la Pentecôte (comparer Actes 2.4, 2e note) ?

Simon (verset 18) voit la communication faite par l’imposition des mains : ceci semble prouver que l’effusion de l’Esprit fut accompagnée de signes visibles.

Mais il n’y a pas de motifs pour limiter à l’apparition de ces signes l’effet de l’intervention des apôtres. Notre récit nous oblige plutôt à conclure que le don de l’Esprit n’est point lié à l’acte humain du baptême. Ce don peut, comme ici, suivre le baptême (comparez Actes 19.5) ou le précéder (Actes 10.44-47), ou l’accompagner (Actes 2.38).

L’Esprit, comme le vent, souffle où il veut et il a dans la vie individuelle, aussi bien que dans l’histoire de l’Église, ses temps et ses moments— Andreœ

Verset 17

Ces verbes à l’imparfait montrent l’action successive et prolongée que les apôtres exercèrent sur beaucoup de croyants.

Les deux moyens employés par eux furent la prière et l’imposition des mains : Dieu accordait l’Esprit en réponse à la prière et les apôtres en confirmaient le don à ces nouveaux chrétiens en leur imposant les mains, pour l’affermissement de leur foi.

On a conclu de cet acte que les apôtres seuls avaient le pouvoir de communiquer le Saint-Esprit ; et que le don de l’Esprit n’est transmis que par des évêques, successeurs directs des apôtres ! Mais nous voyons l’apôtre Paul recevoir l’imposition des mains (et apparemment aussi le Saint-Esprit) par un simple chrétien (Actes 9.17).

Cet acte symbolique est d’ailleurs accompli toutes les fois qu’il s’agit d’implorer la bénédiction de Dieu sur des serviteurs chargés de quelque mission spéciale (Actes 6.6 ; Actes 13.3).

Pour exercer leur beau ministère envers les Samaritains, il fallait que les apôtres eussent renoncé au mépris que tout Juif éprouvait pour ce peuple. Jean, en particulier, se souvint-il alors qu’un jour Il avait voulu appeler sur des habitants de la Samarie le feu du ciel (Luc 9.54) ?

Verset 19

Resté étranger à toute influence de l’Esprit de Dieu, Simon ne le désire même pas. Il faut bien remarquer, en effet, que ce qu’il demande, c’est uniquement ce pouvoir de communiquer à d’autres l’Esprit et de leur conférer les dons qui accompagnaient cette communication.

Il voulait ainsi se créer une nouvelle industrie plus productive encore que la précédente.

Ainsi il pensait :

  1. que ce pouvoir se transmettait d’homme à homme, sans aucun rapport aux dispositions intérieures, et
  2. qu’il pourrait l’acquérir des apôtres à prix d’argent.

C’était là une horrible profanation des choses saintes, une sorte de blasphème.

L’un des châtiments de Simon a été que son nom a formé le mot de simonie, qui désigne le trafic des choses saintes.

Le texte reçu (avec tous les témoins, sauf Codex Sinaiticus, B) porte, au verset 18 : voyant que l’Esprit saint était donné. Cet adjectif a été ajouté par analogie avec versets 17 et 19.

Verset 20

Grec : que ton argent soit avec toi à perdition !

Une vive indignation s’exprime dans ces paroles de Pierre. Il voit Simon dans un état d’âme qui l’entraînera dans la perdition et il dit, en personnifiant l’argent : Que ton argent y aille avec toi, qu’il périsse !

Ce n’est cependant pas une condamnation définitive que prononce l’apôtre, puisqu’il exhorte Simon à la repentance (verset 22) ; il lui donne un très sévère avertissement, pour réveiller, si possible, sa conscience.

Verset 21

Grec : Il n’est pour toi ni part ni lot dans cette parole.

La plupart des exégètes prennent ce dernier mot dans le sens hébraïque, signifiant l’affaire en question et alors il s’agit du pouvoir qu’a demandé Simon.

D’autres, comme Néander, Zöckler, Blass, l’entendent dans sa signification ordinaire : cette parole serait l’Évangile et ses dons.

Et la cause pour laquelle Simon n’y a aucune part, c’est que son cœur manque absolument de droiture devant Dieu (Luc 1.6).

Verset 22

Grec : Repens-toi donc de cette tienne méchanceté.

L’exhorter à la repentance et à la prière, c’était ne pas considérer son salut comme impossible ; mais Pierre s’exprime d’une manière problématique : s’il est possible (grec pour voir si peut être la pensée de ton cœur te sera pardonnée), non qu’il doute de la miséricorde de Dieu, mais parce qu’il n’a aucune confiance en la sincérité de Simon, condition de son pardon.

Le texte reçu porte : prie Dieu, la variante, le Seigneur, se lit dans Codex Sinaiticus, B, A, C, D, E.

Verset 23

Grec : que tu es tombé dans un fiel d’amertume et un lien d’iniquité, c’est-à-dire dans un esprit d’amertume, de méchanceté, d’opposition à la vérité, qui est comme le fiel et dans une iniquité morale, qui constitue un ensemble de chaînes dont tu es lié.

Les anciens considéraient le fiel comme une image du poison et quelques exégètes entendent ce mot comme si Pierre disait : Tu es moralement empoisonné.

Meyer voit plutôt dans cette amertume du fiel l’image de la haine contre l’Évangile (comparer Romains 3.14 ; Éphésiens 4.31). Cette interprétation nous paraît plus naturelle.

Verset 24

Encore ici le cœur de Simon n’est pas droit devant Dieu, car il ne promet ni de se repentir, ni de prier lui-même (verset 22), mais il demande la prière des apôtres, pourquoi ? Afin que le châtiment dont ils l’ont menacé ne tombe pas sur lui.

Il avoue la crainte de la peine, non l’horreur de son péché.— Bengel

Aussi ne fut-il point ramené à Dieu ; autrement sa conversion serait racontée comme un triomphe de l’Évangile ; les traditions subséquentes, quoique mêlées de fables, ne prouvent que trop que Simon persévéra dans son inimitié contre le christianisme apostolique.

Verset 25

Ainsi, non seulement les apôtres ont approuvé et affermi l’œuvre de Philippe parmi les Samaritains, mais eux-mêmes, en retournant à Jérusalem, annoncent la bonne nouvelle du salut dans beaucoup de villages des Samaritains.

Un pas immense était ainsi fait dans les progrès de l’Évangile et dans les développements de l’Église chrétienne.

Verset 26

La rencontre de Philippe et de l’Éthiopien

Philippe reçoit, par l’entremise d’un ange, l’ordre de se rendre, vers midi, sur le chemin désert de Jérusalem à Gaza. Ayant obéi promptement, il voit approcher un Éthiopien, ministre des finances de la reine, qui était venu à Jérusalem pour adorer et s’en retournait, assis sur son char et lisant le prophète Ésaïe. L’Esprit ordonne à Philippe de rejoindre le char de cet homme (26-29).

Leur entretien

Philippe, étant accouru et entendant que l’Éthiopien lit Ésaïe, lui demande s’il comprend ce qu’il lit. L’Éthiopien se plaint de n’avoir personne qui lui explique l’Écriture. Il invite Philippe à s’asseoir à ses côtés. Il lisait le passage qui peint le serviteur de l’Éternel comme l’agneau qui souffre sans ouvrir la bouche. Il demande si le prophète parle de lui-même ou de quelque autre. Philippe, prenant ces paroles pour point de départ, lui annonce Jésus (30-35).

Baptême de l’Éthiopien

Leur route les amène à un endroit où il y a de l’eau. L’Éthiopien demande le baptême, fait arrêter le char et descend avec Philippe dans l’eau. Philippe le baptise (36-38).

Séparation de l’Éthiopien et de Philippe

Lorsqu’ils remontent de l’eau, l’Esprit enlève Philippe. L’Éthiopien ne le. voit plus, car, joyeux, il continue son voyage. Philippe se trouve dans Azot, d’où il parcourt le pays, en évangélisant, jusqu’à Césarée (39, 40).

Conversion de l’Éthiopien (26-40)

Le récit plein d’intérêt qui va suivre se rattache tout naturellement à celui qui précède, car il nous fait connaître un nouveau progrès de l’Évangile en dehors du judaïsme.

Il nous montre aussi l’action miséricordieuse de la Providence pour le salut d’une âme qui par sa simplicité et sa droiture contraste singulièrement avec celle de Simon. Philippe est encore ici l’instrument de cette œuvre de grâce et c’est un ange, un messager de Dieu (Hébreux 1.14), qui l’engage à se rendre là où il y a une âme à sauver, sans lui indiquer le but de ce voyage.

Gaza était une très ancienne ville philistine (Genèse 10.19), située près de la mer Méditerranée.

Plusieurs chemins y conduisaient de Jérusalem ; l’ange désigne à Philippe celui qu’il doit prendre, en lui disant qu’il est désert, solitaire c’est-à-dire traversant une contrée peu habitée et peu cultivée.

C’est à tort qu’on a souvent appliqué cette épithète à la ville et non à la route qui y conduit (l’adjectif grec permet l’un et l’autre), car Gaza n’était point déserte et comme Philippe ne devait pas y aller, il n’y avait aucune raison de la caractériser d’une manière spéciale, tandis qu’il était très important qu’il connût bien le chemin qu’il devait suivre.

Cette remarque est peut-être aussi destinée à préparer la suite du récit qui nous montre l’Éthiopien absorbé dans sa lecture et nous rapporte le grave entretien qu’il eut avec Philippe (voir sur les diverses routes qui conduisent de Jérusalem à Gaza, L. Gautier, Souvenirs de Terre Sainte, page 140).

La locution que nous traduisons par vers midi, à l’heure de midi, était rendue dans nos anciennes versions par vers le midi, dans la direction du sud. Mais cette indication eût été oiseuse, puisque Philippe avait ordre de se rendre sur le chemin de Gaza. Dans les Septante cette expression est toujours employée pour désigner le temps (Nestle).

Verset 28

Cet étranger nous est dépeint en détail, à cause de l’importance de sa conversion.

Sa patrie était l’Éthiopie, pays d’Afrique, situe au sud de l’Égypte, dont faisait partie ce qui est aujourd’hui l’Abyssinie.

Ce pays était gouverné par des reines qui portaient le titre de Candace, comme les rois d’Égypte celui de Pharaon.

Notre personnage était un ministre détenteur du pouvoir (grec dynaste), de là reine Candace. Il était surintendant de tous ses trésors, ce qu’on appelle aujourd’hui un ministre des finances.

Comme son pays était païen, on peut supposer qu’il avait été amené à la connaissance du vrai Dieu par des Juifs habitant l’Éthiopie, puisqu’il était venu à Jérusalem pour adorer.

Il était donc « prosélyte de la porte » et non de la justice, car, selon la loi un eunuque ne pouvait être admis dans l’assemblée du peuple (Deutéronome 23.1), mais la promesse du prophète (Ésaïe 56.3-5) s’était accomplie pour lui ; elle devait s’accomplir mieux encore par sa conversion au christianisme.

Dans son désir de s’instruire et de s’édifier, il profite du loisir que lui donnait son voyage pour lire l’Écriture. Aucun livre de la Bible ne pouvait mieux répondre à ses besoins que celui du prophète Ésaïe.

Ce fut sans doute par une direction de la Providence qu’il lut le chapitre où sont décrites les souffrances du Serviteur de l’Éternel, ou bien, peut être, comme le pense Meyer, y fut-il attiré par tout ce qu’il pouvait avoir entendu à Jérusalem concernant Jésus et l’Église qui invoquait son nom.

Verset 29

Ce fut donc sur une impulsion de l’Esprit de Dieu que Philippe prit le courage d’aborder cet étranger, qui voyageait accompagné sans doute de nombreux serviteurs et avec un certain faste.

Verset 31

Cette entrée en conversation est pleine d’intérêt.

La question de Philippe était de la plus haute importance, car il faut comprendre l’Écriture pour la recevoir dans son cœur.

Les deux verbes dont il se sert (lire et comprendre), ayant en grec la même étymologie forment une gracieuse assonance qui devait prévenir favorablement l’étranger.

La réponse de celui-ci révèle son humilité et son désir de s’instruire. Les termes qu’il emploie ne sont pas précisément une négation ; ils dénotent la difficulté, plutôt que l’impossibilité, de comprendre.

Aussi est-ce bien à tort qu’on a cité cette réponse comme preuve de l’obscurité de l’Écriture et du danger qu’il y aurait à la laisser entre les mains des laïques, l’Église ayant seule qualité pour l’interpréter.

Sans doute, Dieu, en instituant le ministère de la Parole, a voulu que ses serviteurs éclairés fissent part de leurs lumières à ceux qui en manquent ; mais, dès que sa parole est dévoilée à une âme par le Saint-Esprit, cette parole lui devient lumineuse dans tout ce qui importe à son salut.

Telle fut l’expérience de l’Éthiopien. Il pressentait dans le passage du prophète la bonne nouvelle du salut, dont son âme était altérée et comme il voit en Philippe un homme intelligent et instruit qui s’intéresse à lui, il l’invite avec bienveillance à s’asseoir auprès de lui.

Verset 33

Ce passage d’Ésaïe (Ésaïe 53.7-8) est cité d’après la version grecque des Septante, qui diffère en divers points de l’hébreu Philippe l’applique au Sauveur (verset 35), comme le fait tout le Nouveau Testament (Matthieu 8.17 ; Marc 15.28 ; Jean 12.38 ; 1 Pierre 2.22-25).

Jean-Baptiste lui-même a bien compris qui était cet agneau qui n’ouvre pas la bouche (Jean 1.29).

La première partie de notre citation (verset 32) s’entend d’elle-même (Marc 14.60 ; Luc 23.9 ; Jean 19.9), mais le sens de la seconde (verset 33) est difficile à déterminer.

Plusieurs interprètes traduisent : c’est dans l’humiliation (comparez Philippiens 2.8) que son jugement, ce jugement qu’il subissait de la part des hommes, a été consommé, achevé.

Mais le terme grec signifie enlevé, ôté et il n’y a pas de motifs de s’écarter de ce sens : par son obéissance, il a vaincu la mort, en s’affranchissant de la condamnation que le péché de l’humanité faisait peser sur lui.

L’hébreu porte : « Il (le Messie) a été enlevé par l’angoisse et le jugement » ce qui signifie simplement que sa mort a été violente et douloureuse.

La phrase suivante de la citation est encore plus obscure : « Qui dira ou racontera sa génération ? »

On a quelquefois traduit ce dernier mot par la durée de sa vie ; mais le terme de génération n’a jamais ce sens.

Les Pères de l’Église l’ont entendu de l’origine divine et de la génération éternelle du Fils.

Plusieurs Interprètes modernes traduisent : « Qui dira combien sa génération, c’est-à-dire ses contemporains étaient corrompus et méchants, pour avoir retranché sa vie de la terre ? »

Cette explication tient compte du mais, qui oppose à la juste conduite de Dieu la perversité des hommes.

On objecte que dans notre morceau l’attention est concentrée sur le Messie et son œuvre. C’est pourquoi plusieurs prennent le mot de génération dans le sens de postérité et y voient tous les hommes qui seront sauvés par ses souffrances. Mais cette signification ne s’écarte-t-elle pas trop de l’Hébreu qui porte : « Dans sa génération (parmi ses contemporains), qui prend garde qu’il a été retranché de la terre des vivants et que la plaie l’a frappé pour les péchés de mon peuple » ?

Les Septante ont-ils voulu introduire ici déjà la pensée du verset 10 ? Ce n’est pas impossible, mais l’interprétation de leur texte demeure douteuse et celle de notre passage ne saurait non plus être fixée avec certitude. Le dernier sens indiqué aurait l’avantage d’introduire naturellement un entretien sur le règne spirituel du Messie.

Verset 35

La question de l’eunuque trahit sa candeur et son besoin de s’instruire, aussi bien que son intelligence ; en effet, c’est de cette question que dépendent tout le sens et l’importance de la grande prophétie d’Ésaïe. N’est-ce pas la question que discutent aujourd’hui encore les théologiens ?

La réponse de Philippe est très claire car cette prophétie lui sert de texte pour (grec) évangéliser Jésus, c’est-à-dire exposer sa vie, ses souffrances, sa mort, notre salut en lui.

De tout temps, les lecteurs croyants de la Bible, Juifs ou chrétiens, ont fait la même réponse à cette question : de qui parle le prophète ?

Verset 36

L’eau vers laquelle ils arrivèrent pouvait être un ruisseau ou un étang dont le nom n’est pas indiqué, parce qu’il importait peu au récit.

La question de l’Éthiopien suppose que Philippe, dans un entretien prolongé avec lui, lui avait parlé aussi du royaume de Dieu fondé par Jésus, de l’Église et du baptême par lequel on y recevait les croyants ;

Tous ces grands faits, notre historien, très concis, les résume dans ces mots : la bonne nouvelle de Jésus. Et l’âme de l’Éthiopien, tout ouverte à la vérité et à la vie, aspire à recevoir immédiatement le symbole de son union avec le Sauveur et avec son Église.

Le texte reçu porte verset 37 ainsi conçu : Or, Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est permis (variante tu seras sauvé). Et répondant, il dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.

Ce verset manque dans Codex Sinaiticus, B, A, C, etc., dans la plupart des versions et des Pères.

En outre, là où il se trouve, c’est avec diverses variantes, ce qui est souvent un signe d’inauthenticité. Cette profession de foi, en termes précis, exigée avant le baptême, n’est point dans l’esprit de l’âge apostolique. Elle a été ajoutée plus tard par des correcteurs qui s’étonnaient de la facilité avec laquelle Philippe avait administré ce baptême.

L’adjonction est cependant ancienne ; elle se trouve déjà dans la version syriaque, la Peschito et dans Irénée. M. Blass l’admet dans la recension romaine de notre livre.

Verset 38

C’est l’Éthiopien qui commanda à ses serviteurs de faire arrêter le char, après que Philippe eut consenti à son baptême.

Il y a en tout cela une décision et une promptitude qui dénotent la sincérité et la vivacité de sa foi.

Verset 39

Ce mot enleva Philippe (comparez 2 Corinthiens 12.2 ; 2 Corinthiens 12.4 ; 1 Thessaloniciens 4.17, où se trouve le même verbe) semble indiquer que Philippe disparut par un miracle (comparez 1 Rois 18.12), ce qu’on pourrait conclure aussi du verset 40 (il fut trouvé).

Toutefois, comme rien dans le récit n’indique quel pourrait être le but d’un tel miracle, on est tenté de voir là, avec Olshausen, Lange, Meyer, le simple fait que, par un mouvement de l’Esprit, Philippe s’éloigna brusquement et s’en alla dans une autre contrée où il avait à poursuivre son œuvre (verset 40), tandis que, de son côté, l’Éthiopien continua son voyage.

L’eunuque ne le vit plus, non que Philippe fût tout à coup devenu invisible, comme le pensent quelques interprètes, mais simplement parce que (car) il continuait son chemin plein de joie et que Philippe ne lui était plus nécessaire.

Il s’en retournait seul dans son pays, où il ne devait trouver, au sein des ténèbres du paganisme, aucun secours humain, où des persécutions peut-être l’attendaient ; mais il était rempli d’une sainte joie, car il venait de trouver son Sauveur et, en lui, la vie éternelle.

Verset 40

Azot, en hébreu Asdod (Josué 13.3 ; 1 Samuel 5.5), était une ville des Philistins à l’ouest de Jérusalem, assez près de la mer Méditerranée, dont Philippe suivit le rivage vers le nord jusqu’à Césarée.

Cette dernière ville (qu’on appelait Caesarea Stratonis, parce qu’Hérode le Grand l’avait bâtie sur l’emplacement de la tour de Straton et qu’on distinguait ainsi de Césarée de Philippe) (Matthieu 16.13), est très célèbre dans l’histoire. Elle servait de résidence habituelle aux procurateurs romains ; située sur les bords de la mer, elle était à cette époque le principal port de la Palestine (voir Philippe Bridel, La Palestine Illustrée, III, 39-43).

Philippe ne fit pas d’une seule traite la longue course d’Azot à Césarée ; mais allant de lieu en lieu (verset 4), il évangélisait toutes les villes par où il passait.

Il paraît qu’arrivé à Césarée, il trouva un champ de travail qui l’engagea à fixer sa demeure dans cette ville, car c’est là que nous le rencontrerons plus tard (Actes 21.8).

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Acts 8". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/acts-8.html.
 
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