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Bible Commentaries
Actes 8

Bible annotéeBible annotée

versets 1-40

La persécution contre l’Église éclata ce jour-là et fut occasionnée par l’émeute même qui avait causé la mort d’Étienne.

Quand Luc dit que tous furent dispersés il faut entendre ce mot dans un sens hyperbolique, signifiant le plus grand nombre. En effet, nous trouvons encore des chrétiens à Jérusalem dès le verset 3 et dans la suite du récit.

Luc ne parle que de la Judée et de la Samarie, les provinces les plus rapprochées; mais les fugitifs se rendirent aussi en Galilée, où il y avait beaucoup de disciples, puis dans toute la Syrie (Actes 9:1 et suivants).

L’auteur prépare par cette remarque le récit des grands résultats que cette première persécution eut pour la propagation de l’Évangile (verset 4 et suivants).

Ces termes : des hommes pieux, indiquent des Juifs pieux (Actes 2:5; Actes 22:12) et non des prosélytes d’entre les païens.

Ayant conservé leurs sentiments bienveillants pour les chrétiens (Actes 2:47), ils voulurent rendre à Étienne ce religieux devoir. Des disciples en auraient certainement été empêchés par les persécuteurs.

Ils firent grande lamentation sur lui; le substantif que nous traduisons par lamentation dérive d’un verbe qui signifie se frapper la poitrine en signe de deuil (Luc 8:52).

Les funérailles qu’ils firent à Étienne eurent l’éclat et la solennité que les Orientaux aiment à donner à ces cérémonies (Matthieu 9:23; Marc 5:38).

On a souvent envisagé ce verset comme n’étant pas à sa place, parce qu’il paraît sans rapport avec ce qui précède et ce qui suit (de Wette, Olshausen). C’est une erreur.

Luc nous montre par ce fait, comme l’observe Meyer, que beaucoup des habitants de Jérusalem voyaient avec peine la persécution, puis il poursuit par ce contraste criant : Mais Saul ravageait l’Église, etc.

Meyer fait observer la progression dans la haine de Saul contre les chrétiens : d’abord il garde les vêtements des meurtriers d’Étienne (Actes 7:58), puis il prend plaisir à son supplice (verset 1) et enfin il ravage l’Église (comparer Actes 9:21).

Lui-même se rappellera avec douleur ce temps de sa vie (Actes 26:9-11; Galates 1:13; 1 Corinthiens 15:9).

Plan

La rencontre de Philippe et de l’Ethiopien

Philippe reçoit, par l’entremise d’un ange, l’ordre de se rendre, vers midi, sur le chemin désert de Jérusalem à Gaza. Ayant obéi promptement, il voit approcher un Ethiopien, ministre des finances de la reine, qui était venu à Jérusalem pour adorer, et s’en retournait, assis sur son char et lisant le prophète Ésaïe. L’Esprit ordonne à Philippe de rejoindre le char de cet homme (26-29).

Leur entretien

Philippe, étant accouru et entendant que l’Ethiopien lit Ésaïe, lui demande s’il comprend ce qu’il lit. L’Ethiopien se plaint de n’avoir personne qui lui explique l’Écriture. Il invite Philippe à s’asseoir à ses côtés. Il lisait le passage qui peint le serviteur de l’Éternel comme l’agneau qui souffre sans ouvrir la bouche. Il demande si le prophète parle de lui-même ou de quelque autre. Philippe, prenant ces paroles pour point de départ, lui annonce Jésus (30-35).

Baptême de l’Ethiopien

Leur route les amène à un endroit où il y a de l’eau. L’Ethiopien demande le baptême, fait arrêter le char et descend avec Philippe dans l’eau. Philippe le baptise (36-38).

Séparation de l’Ethiopien et de Philippe

Lorsqu’ils remontent de l’eau, l’Esprit enlève Philippe. L’Ethiopien ne le. voit plus, car, joyeux, il continue son voyage. Philippe se trouve dans Azot, d’où il parcourt le pays, en évangélisant, jusqu’à Césarée (39, 40).

26 à 40 conversion de l’Éthiopien

Le récit plein d’intérêt qui va suivre se rattache tout naturellement à celui qui précède, car il nous fait connaître un nouveau progrès de l’Évangile en dehors du judaïsme.

Il nous montre aussi l’action miséricordieuse de la Providence pour le salut d’une âme qui par sa simplicité et sa droiture contraste singulièrement avec celle de Simon. Philippe est encore ici l’instrument de cette œuvre de grâce, et c’est un ange, un messager de Dieu (Hébreux 1:14), qui l’engage à se rendre là où il y a une âme à sauver, sans lui indiquer le but de ce voyage.

Gaza était une très ancienne ville philistine (Genèse 10:19), située près de la mer Méditerranée.

Plusieurs chemins y conduisaient de Jérusalem; l’ange désigne à Philippe celui qu’il doit prendre, en lui disant qu’il est désert, solitaire c’est-à-dire traversant une contrée peu habitée et peu cultivée.

C’est à tort qu’on a souvent appliqué cette épithète à la ville et non à la route qui y conduit (l’adjectif grec permet l’un et l’autre), car Gaza n’était point déserte, et comme Philippe ne devait pas y aller, il n’y avait aucune raison de la caractériser d’une manière spéciale, tandis qu’il était très important qu’il connût bien le chemin qu’il devait suivre.

Cette remarque est peut-être aussi destinée à préparer la suite du récit qui nous montre l’Éthiopien absorbé dans sa lecture et nous rapporte le grave entretien qu’il eut avec Philippe (voir sur les diverses routes qui conduisent de Jérusalem à Gaza, L. Gautier, Souvenirs de Terre Sainte, page 140).

La locution que nous traduisons par vers midi, à l’heure de midi, était rendue dans nos anciennes versions par vers le midi, dans la direction du sud. Mais cette indication eût été oiseuse, puisque Philippe avait ordre de se rendre sur le chemin de Gaza. Dans les Septante cette expression est toujours employée pour désigner le temps (Nestle).

Cet étranger nous est dépeint en détail, à cause de l’importance de sa conversion.

Sa patrie était l’Éthiopie, pays d’Afrique, situe au sud de l’Égypte, dont faisait partie ce qui est aujourd’hui l’Abyssinie.

Ce pays était gouverné par des reines qui portaient le titre de Candace, comme les rois d’Égypte celui de Pharaon.

Notre personnage était un ministre détenteur du pouvoir (grec dynaste), de là reine Candace. Il était surintendant de tous ses trésors, ce qu’on appelle aujourd’hui un ministre des finances.

Comme son pays était païen, on peut supposer qu’il avait été amené à la connaissance du vrai Dieu par des Juifs habitant l’Éthiopie, puisqu’il était venu à Jérusalem pour adorer.

Il était donc « prosélyte de la porte », et non de la justice, car, selon la loi un eunuque ne pouvait être admis dans l’assemblée du peuple (Deutéronome 23:1), mais la promesse du prophète (Ésaïe 56:3-5) s’était accomplie pour lui; elle devait s’accomplir mieux encore par sa conversion au christianisme.

Dans son désir de s’instruire et de s’édifier, il profite du loisir que lui donnait son voyage pour lire l’Écriture. Aucun livre de la Bible ne pouvait mieux répondre à ses besoins que celui du prophète Ésaïe.

Ce fut sans doute par une direction de la Providence qu’il lut le chapitre où sont décrites les souffrances du Serviteur de l’Éternel, ou bien, peut être, comme le pense Meyer, y fut-il attiré par tout ce qu’il pouvait avoir entendu à Jérusalem concernant Jésus et l’Église qui invoquait son nom.

Ce fut donc sur une impulsion de l’Esprit de Dieu que Philippe prit le courage d’aborder cet étranger, qui voyageait accompagné sans doute de nombreux serviteurs et avec un certain faste.

Cette entrée en conversation est pleine d’intérêt.

La question de Philippe était de la plus haute importance, car il faut comprendre l’Écriture pour la recevoir dans son cœur.

Les deux verbes dont il se sert (lire et comprendre), ayant en grec la même étymologie forment une gracieuse assonance qui devait prévenir favorablement l’étranger.

La réponse de celui-ci révèle son humilité et son désir de s’instruire. Les termes qu’il emploie ne sont pas précisément une négation; ils dénotent la difficulté, plutôt que l’impossibilité, de comprendre.

Aussi est-ce bien à tort qu’on a cité cette réponse comme preuve de l’obscurité de l’Écriture et du danger qu’il y aurait à la laisser entre les mains des laïques, l’Église ayant seule qualité pour l’interpréter.

Sans doute, Dieu, en instituant le ministère de la Parole, a voulu que ses serviteurs éclairés fissent part de leurs lumières à ceux qui en manquent; mais, dès que sa parole est dévoilée à une âme par le Saint-Esprit, cette parole lui devient lumineuse dans tout ce qui importe à son salut.

Telle fut l’expérience de l’Éthiopien. Il pressentait dans le passage du prophète la bonne nouvelle du salut, dont son âme était altérée, et comme il voit en Philippe un homme intelligent et instruit qui s’intéresse à lui, il l’invite avec bienveillance à s’asseoir auprès de lui.

Ce passage d’Ésaïe (Ésaïe 53:7-8) est cité d’après la version grecque des Septante, qui diffère en divers points de l’hébreu Philippe l’applique au Sauveur (verset 35), comme le fait tout le Nouveau Testament (Matthieu 8:17; Marc 15:28; Jean 12:38; 1 Pierre 2:22-25).

Jean-Baptiste lui-même a bien compris qui était cet agneau qui n’ouvre pas la bouche (Jean 1:29).

La première partie de notre citation (verset 32) s’entend d’elle-même (Marc 14:60; Luc 23:9; Jean 19:9), mais le sens de la seconde (verset 33) est difficile à déterminer.

Plusieurs interprètes traduisent : c’est dans l’humiliation (comparez Philippiens 2:8) que son jugement, ce jugement qu’il subissait de la part des hommes, a été consommé, achevé.

Mais le terme grec signifie enlevé, ôté, et il n’y a pas de motifs de s’écarter de ce sens : par son obéissance, il a vaincu la mort, en s’affranchissant de la condamnation que le péché de l’humanité faisait peser sur lui.

L’hébreu porte : « Il (le Messie) a été enlevé par l’angoisse et le jugement » ce qui signifie simplement que sa mort a été violente et douloureuse.

La phrase suivante de la citation est encore plus obscure : « Qui dira ou racontera sa génération ? »

On a quelquefois traduit ce dernier mot par la durée de sa vie; mais le terme de génération n’a jamais ce sens.

Les Pères de l’Église l’ont entendu de l’origine divine et de la génération éternelle du Fils.

Plusieurs Interprètes modernes traduisent : « Qui dira combien sa génération, c’est-à-dire ses contemporains étaient corrompus et méchants, pour avoir retranché sa vie de la terre ? »

Cette explication tient compte du mais, qui oppose à la juste conduite de Dieu la perversité des hommes.

On objecte que dans notre morceau l’attention est concentrée sur le Messie et son œuvre. C’est pourquoi plusieurs prennent le mot de génération dans le sens de postérité et y voient tous les hommes qui seront sauvés par ses souffrances. Mais cette signification ne s’écarte-t-elle pas trop de l’Hébreu qui porte : « Dans sa génération (parmi ses contemporains), qui prend garde qu’il a été retranché de la terre des vivants et que la plaie l’a frappé pour les péchés de mon peuple » ?

Les Septante ont-ils voulu introduire ici déjà la pensée du verset 10 ? Ce n’est pas impossible, mais l’interprétation de leur texte demeure douteuse, et celle de notre passage ne saurait non plus être fixée avec certitude. Le dernier sens indiqué aurait l’avantage d’introduire naturellement un entretien sur le règne spirituel du Messie.

La question de l’eunuque trahit sa candeur et son besoin de s’instruire, aussi bien que son intelligence; en effet, c’est de cette question que dépendent tout le sens et l’importance de la grande prophétie d’Ésaïe. N’est-ce pas la question que discutent aujourd’hui encore les théologiens ?

La réponse de Philippe est très claire car cette prophétie lui sert de texte pour (grec) évangéliser Jésus, c’est-à-dire exposer sa vie, ses souffrances, sa mort, notre salut en lui.

De tout temps, les lecteurs croyants de la Bible, Juifs ou chrétiens, ont fait la même réponse à cette question : de qui parle le prophète ?

L’eau vers laquelle ils arrivèrent pouvait être un ruisseau ou un étang dont le nom n’est pas indiqué, parce qu’il importait peu au récit.

La question de l’Éthiopien suppose que Philippe, dans un entretien prolongé avec lui, lui avait parlé aussi du royaume de Dieu fondé par Jésus, de l’Église et du baptême par lequel on y recevait les croyants;

Tous ces grands faits, notre historien, très concis, les résume dans ces mots : la bonne nouvelle de Jésus. Et l’âme de l’Éthiopien, tout ouverte à la vérité et à la vie, aspire à recevoir immédiatement le symbole de son union avec le Sauveur et avec son Église.

Le texte reçu porte verset 37 ainsi conçu : Or, Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est permis (variante tu seras sauvé). Et répondant, il dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.

Ce verset manque dans Codex Sinaiticus, B, A, C, etc., dans la plupart des versions et des Pères.

En outre, là où il se trouve, c’est avec diverses variantes, ce qui est souvent un signe d’inauthenticité. Cette profession de foi, en termes précis, exigée avant le baptême, n’est point dans l’esprit de l’âge apostolique. Elle a été ajoutée plus tard par des correcteurs qui s’étonnaient de la facilité avec laquelle Philippe avait administré ce baptême.

L’adjonction est cependant ancienne; elle se trouve déjà dans la version syriaque, la Peschito, et dans Irénée. M. Blass l’admet dans la recension romaine de notre livre.

C’est l’Éthiopien qui commanda à ses serviteurs de faire arrêter le char, après que Philippe eut consenti à son baptême.

Il y a en tout cela une décision et une promptitude qui dénotent la sincérité et la vivacité de sa foi.

Ce mot enleva Philippe (comparez 2 Corinthiens 12:2; 2 Corinthiens 12:4; 1 Thessaloniciens 4:17, où se trouve le même verbe) semble indiquer que Philippe disparut par un miracle (comparez 1 Rois 18:12), ce qu’on pourrait conclure aussi du verset 40 (il fut trouvé).

Toutefois, comme rien dans le récit n’indique quel pourrait être le but d’un tel miracle, on est tenté de voir là, avec Olshausen, Lange, Meyer, le simple fait que, par un mouvement de l’Esprit, Philippe s’éloigna brusquement et s’en alla dans une autre contrée où il avait à poursuivre son œuvre (verset 40), tandis que, de son côté, l’Éthiopien continua son voyage.

L’eunuque ne le vit plus, non que Philippe fût tout à coup devenu invisible, comme le pensent quelques interprètes, mais simplement parce que (car) il continuait son chemin plein de joie et que Philippe ne lui était plus nécessaire.

Il s’en retournait seul dans son pays, où il ne devait trouver, au sein des ténèbres du paganisme, aucun secours humain, où des persécutions peut-être l’attendaient; mais il était rempli d’une sainte joie, car il venait de trouver son Sauveur et, en lui, la vie éternelle.

Azot, en hébreu Asdod (Josué 13:3; 1 Samuel 5:5), était une ville des Philistins à l’ouest de Jérusalem, assez près de la mer Méditerranée, dont Philippe suivit le rivage vers le nord jusqu’à Césarée.

Cette dernière ville (qu’on appelait Caesarea Stratonis, parce qu’Hérode le Grand l’avait bâtie sur l’emplacement de la tour de Straton, et qu’on distinguait ainsi de Césarée de Philippe) (Matthieu 16:13), est très célèbre dans l’histoire. Elle servait de résidence habituelle aux procurateurs romains; située sur les bords de la mer, elle était à cette époque le principal port de la Palestine (voir Philippe Bridel, La Palestine Illustrée, III, 39-43).

Philippe ne fit pas d’une seule traite la longue course d’Azot à Césarée; mais allant de lieu en lieu (verset 4), il évangélisait toutes les villes par où il passait.

Il paraît qu’arrivé à Césarée, il trouva un champ de travail qui l’engagea à fixer sa demeure dans cette ville, car c’est là que nous le rencontrerons plus tard (Actes 21:8).

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Acts 8". "Bible annotée". https://www.studylight.org/commentaries/fre/ann/acts-8.html.
 
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