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Bible Commentaries
Actes 2

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-47

Plan du commentaire biblique de Actes 2

L’événement

Comme les disciples sont réunis le jour de la Pentecôte, un bruit semblable à celui d’un vent violent remplit la maison où ils sont assis ; des langues, comme de feu, se posent sur chacun d’eux. Ils sont remplis de l’Esprit et parlent d’autres langues, selon que l’Esprit leur donne de s’exprimer (1-4).

L’effet produit

Des Juifs, venus de tous les pays, se trouvaient à Jérusalem. Ils se rassemblent en foule au bruit de l’événement et sont fort surpris d’entendre les disciples s’exprimer dans leurs idiomes particuliers. L’auteur énumère les pays d’origine de ces auditeurs, qui, dans leur étonnement, se demandent quel est la signification de cet événement. Des moqueurs prétendent que les disciples sont ivres (5-13).

Verset 1

L’effusion du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte (1-13)

Grec : Comme le jour de la Pentecôte s’accomplissait, ce qui ne peut signifier : au soir de ce jour, à cause de la remarque du verset 15 ; on ne peut non plus justifier cette expression par la considération que pour les Juifs la journée avait déjà commencé la veille au soir.

La pensée de l’auteur est que le temps qui devait s’écouler avant ce jour de la Pentecôte, peut être aussi la période qui séparait cette fête de celle de la Pâque, étaient accomplis. Le terme marqué pour l’accomplissement de la promesse (Actes 1.4) était arrivé (Marc 1.15 ; Luc 1.57 ; Luc 9.51 ; Galates 4.4).

Le mot Pentecôte signifie cinquantième, parce que cette grande fête se célébrait cinquante jours après la Pâque, comme fête d’actions de grâces pour la moisson (Exode 23.16 ; Nombres 28.26 ; Deutéronome 16.9 et suivants).

D’après le Talmud les Juifs solennisaient en même temps ce jour-là le souvenir de la promulgation de la loi sur la montagne de Sinaï Josèphe ni Philon ne mentionnent cette signification de la fête.

Il paraît qu’on comptait les cinquante jours en prenant pour le premier d’entre eux le second jour de la fête de Pâque (Lévitique 23.15).

D’après la tradition synoptique, rapportée par Luc (Luc 22.7 ; Luc 23.54), ce second jour (16 Nisan) fut cette année un jour de sabbat.

Luc se représenterait donc le cinquantième jour, celui de la Pentecôte, comme coïncidant également avec le sabbat. Mais d’après Jean (Jean 13.1, note), Jésus est mort le 14 Nisan et le 16 Nisan, second jour de la fête de Pâque, fut le dimanche où Jésus ressuscita ; et par conséquent la Pentecôte aussi tomba sur un dimanche. La tradition confirme cette donnée. L’Église, en effet, a toujours célébré la Pentecôte, de même que la fête anniversaire de la résurrection du Sauveur, le dimanche.

Il y a, entre les grands événements de l’ancienne alliance et ceux de la nouvelle, une remarquable harmonie : la Pâque chrétienne accomplissait, dans un sens spirituel et profond, la Pâque des Hébreux, l’Agneau de Dieu réalisant ce que l’agneau pascal préfigurait. De même, le jour de la Pentecôte Juive, l’Esprit de vie, qui affranchit de la servitude de la loi et qui seul inspire les vraies actions de grâce, fut répandu sur l’Église.

Le texte reçu porte : tous d’un commun accord, terme emprunté à Actes 1.14, mais qui rend bien l’idée du mot tous ensemble (Codex Sinaiticus, B, A, C). C’est quand les disciples de Jésus sont bien unis dans la prière (1.14) que vient sur eux l’Esprit de Dieu.

Qui étaient ces disciples assemblés, simplement désignés par ce pronom ils ?

Non seulement les apôtres, non seulement les cent vingt qui attendaient l’accomplissement de la promesse (Actes 1.15), mais sans doute d’autres encore, qui croyaient en Jésus et qui étaient venus de Galilée pour la fête.

Une autre question se présente ici : quel était le lieu de cette assemblée ? Plusieurs interprètes ont pensé que c’était une de ces nombreuses salles dépendantes du temple et qui, selon Josèphe, s’appelaient aussi des maisons (verset 2).

On appuie cette opinion sur l’idée qu’il était convenable que l’Église chrétienne fut fondée dans le sanctuaire même de l’ancienne alliance. Rien n’est moins probable :

  1. parce que le lieu ordinaire des réunions de la petite Église était une maison privée avec sa « chambre haute ; » (Actes 1.13, note)
  2. parce que Luc ne dirait pas (verset 2) la maison s’il s’agissait du temple, mais désignerait celui-ci clairement, comme il le fait Actes 2.46 ; Actes 3.2-11 ; Actes 5.21 ;
  3. parce qu’il est plus que douteux que les ennemis du Sauveur et de ses disciples eussent permis à ces derniers de s’assembler en si grand nombre dans le lieu sacré, plus que douteux aussi que les disciples, encore remplis de crainte, l’eussent désiré. Tout porte donc à croire que le miracle de la Pentecôte s’accomplit dans une maison particulière, celle probablement où Luc nous montre les disciples réunis le soir de l’Ascension (Actes 1.13-15), peut-être, comme on l’a supposé, la même où Jésus avait passé sa dernière soirée avec les douze.

Verset 2

Ces phénomènes qui se produisirent d’abord à l’ouïe, puis à la vue (verset 3), étaient des symboles de l’Esprit.

Le bruit qui vint tout à coup d’en haut (du ciel), manifestation de la présence et de l’action de Dieu et qui remplit toute la maison, fit sur les disciples l’impression d’un vent qui souffle avec violence.

Image très juste de la puissance (Actes 1.8) et de la liberté de l’Esprit qui, comme le vent, souffle ou il veut (Jean 3.8 ; Jean 20.22).

Deux expressions marquent le caractère inattendu de l’effusion de l’Esprit : le mot tout à coup, placé en tête de la phrase et qui porte l’accent ; puis ce détail : ils étaient assis, d’où l’on peut conclure qu’ils n’étaient pas en prière, car les Juifs priaient debout.

Ils attendaient l’Esprit depuis dix jours ; leur attente devait être rendue plus vive par la fête de ce jour et cependant le don de Dieu les surprit à un moment où ils ne l’attendaient pas précisément.

Verset 3

Encore un symbole d’une signification profonde.

Les langues, comme de feu, étaient une double image de l’Esprit Saint.

D’abord cet Esprit, sanctifiant le beau don de la parole humaine, allait en faire le puissant instrument de la prédication de l’Évangile dans le monde.

Ensuite, cette apparence de feu, de l’élément qui est, dans toute la nature, lumière, chaleur, vie, non moins que moyen actif de purification, pouvait révéler aux disciples l’action universelle de l’Esprit qui allait devenir pour eux un baptême de feu (Actes 1.5, note).

Deux remarques encore :

  1. le participe traduit par langues séparées est dans l’original au présent, se séparant, à la vue des disciples, au moment où le phénomène se produit ;
  2. bien que le sujet du verbe se posèrent soit les langues, ce verbe est, en grec, au singulier (sauf dans Codex Sinaiticus, D, versions syriaques), irrégularité destinée à faire sentir d’autant mieux qu’une langue se posa sur chacun d’eux.

Chacun, en effet, doit recevoir individuellement le Saint-Esprit et en être pénétré, régénéré, sanctifié (voir la note suivante).

Verset 4

Il ne faut rien retrancher de la richesse de ces expressions : Tous, non seulement les apôtres, comme on l’a souvent dit, mais tous les disciples assemblés, furent remplis de l’Esprit Saint.

Ils en furent pénétrés dans toutes les facultés de leur âme, ils reçurent toute la plénitude de ses dons, lumière, vérité, vie, amour, principe de toute sainteté ; car il s’agit de l’Esprit saint.

Il ne faudrait pourtant pas penser que cet Esprit vint sur eux et resta en eux d’une manière magique, sans participation de leur volonté et de leur foi. Ils s’y étaient préparés par la prière (Actes 1.14) et nul d’entre eux ne conserva cet Esprit sans se placer constamment sous son influence. Aussi lisons-nous que, dans des circonstances solennelles, tel des disciples fut, tout de nouveau, « rempli de l’Esprit Saint » (Actes 6.5 ; Actes 11.24).

Parler en d’autres langues et non parler les langues étrangères, selon nos versions ordinaires. En effet, cette manière de traduire, contraire au texte original, tranche l’une des questions exégétiques les plus difficiles du Nouveau Testament.

Que faut-il entendre par ces autres langues ?

La plus ancienne réponse qui ait été faite à notre question est celle-ci : ce don extraordinaire de l’Esprit consistait pour les disciples dans la faculté de parler sans les avoir apprises les langues les plus diverses et de se faire comprendre de tous les peuples (versets 8 et 1).

Quelques Pères de l’Église, Irénée, Tertullien, pensaient que ce don resta permanent et que les apôtres s’en servirent pour annoncer l’Évangile à toutes les nations.

Sans retenir cette dernière opinion, qui n’a pas le moindre fondement dans l’histoire, plusieurs exégètes modernes (Baumgarten, Lange, Ebrard, Lechler, Barde) admettent la même interprétation, mais envisagent cet effet de l’Esprit comme un don momentané, magnifique symbole de l’union nouvelle de tous les peuples, divisés autrefois par la confusion des langues (Genèse 11.7-9).

Meyer aussi estime que, dans l’idée de l’auteur des Actes, ceux qui avaient reçu le Saint-Esprit se mirent à parler des idiomes qui leur étaient jusque-là étrangers et dont la connaissance et l’usage leur furent communiqués par l’Esprit même. Mais il voit dans notre récit, ainsi compris, un embellissement légendaire.

Le phénomène qui se produisit réellement serait celui que Paul décrit 1 Corinthiens 14.1 : un langage particulier, proféré en état d’extase et qui devait être interprété pour devenir intelligible aux auditeurs.

Cette explication était déjà celle de De Wette. M. Holtzmann la défend encore aujourd’hui ; il trouve une analogie entre ce « miracle philologique » et la légende, rapportée par Philon, d’après laquelle la loi, au moment de sa promulgation sur le Sinaï, fut communiquée à tous les peuples dans leur langue maternelle.

À cette interprétation de notre récit, qui fait parler les disciples en langues étrangères, on peut faire les objections suivantes :

  1. versets 6-11 ne nous montrent pas les disciples parlant chacun une langue différente et la multitude les écoutant divisée en groupes suivant les nationalités. Ils nous les présentent plutôt célébrant dans une commune prière, dans une sorte de chant peut-être, « les choses magnifiques de Dieu ; » ou parlant les uns après les autres, mais s’adressant chacun à la foule entière. Le miracle consiste dans le fait que chacun de leurs auditeurs les entend tous s’exprimer dans sa langue maternelle.
  2. Ce qui prouve que l’auteur ne prête pas aux disciples la faculté de parler diverses langues étrangères, mais leur attribue plutôt un seul et même langage nouveau et extraordinaire, c’est qu’il mentionne (verset 9) parmi les auditeurs étonnés de les comprendre, comme s’ils s’exprimaient dans leurs propre dialectes, « les habitants de la Judée ».
  3. Un langage extatique explique mieux que des discours en idiomes étrangers, la remarque des moqueurs (verset 13).
  4. Les auditeurs classés par nationalités (versets 9-11) étaient tous « des Juifs et des prosélytes » (verset 11), venus à Jérusalem pour la fête ; les contrées énumérées sont celles de leur domicile, pour quelques-uns le lieu de leur naissance (verset 8), mais non leur pays d’origine. Ils savaient par conséquent tous l’hébreu ou le grec. Il eut été sans utilité de leur faire ouïr des langues diverses. Ce qui cause leur surprise, c’est d’entendre les disciples s’exprimer dans leur dialecte particulier et avec l’accent propre à leur terroir.
  5. Ce « parler en langues » est mentionné à deux reprises encore dans le livre des Actes.

À Actes 10.44-48, lorsque l’Esprit descend sur la famille de Corneille ; et dans ce récit Pierre relève expressément l’identité de cette manifestation de l’Esprit avec celle qui se produisit le jour de la Pentecôte (Actes 10.47 ; Actes 11.15).

Actes 19.6, quand Paul impose les mains aux disciples de Jean-Baptiste.

Dans ces deux cas, il ne peut être question de langues étrangères. Or, ne doit-on pas supposer que l’auteur du livre des Actes a écrit avec assez de soin pour ne pas rapporter en termes semblables des faits sans analogies.

On ne pourrait expliquer ce manque de concordance qu’en admettant, avec plusieurs critiques récents, des sources différentes juxtaposées par un rédacteur peu attentif. M. Wendt, qui oppose à l’interprétation de Meyer la plupart de ces objections, insiste sur le fait qu’au verset 3 les « langues de feu » figurent les organes de la parole.

Le don de l’Esprit eut pour effet de renouveler ceux-ci et ensuite de ce renouvellement les disciples parlèrent un langage nouveau, différent de leur parler habituel comme de toutes les langues connues.

Ce langage miraculeux avait cette propriété spéciale que tous ceux qui l’entendaient, l’entendaient comme leur langue maternelle.

Le texte, en effet, ne porte pas que les disciples parlaient le dialecte des Parthes, etc., mais que les Parthes, etc., les entendaient chacun parler dans leur propre dialecte (versets 6, 8 et 11).

Le miracle ne consista pas dans le fait que les auditeurs crurent entendre leur propre langue, tandis que les disciples parlaient celle qui leur était habituelle, l’araméen ou le grec, comme le supposait déjà Grégoire de Naziance.

Les disciples parlaient un langage nouveau et surnaturel, mais ce langage, par un autre miracle, était intelligible à tous.

Il y avait dans ce langage exceptionnel une puissance extraordinaire, allant de l’âme à l’âme et triomphant des diversités d’idiomes— De Pressensé, Histoire des trois premiers siècles de l’Église, tome I, p. 356

Le terme : en d’autres langues doit donc être interprété : « en un langage nouveau ».

Les mots qui suivent : selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer, confirment ce sens, car ils montrent que ce langage nouveau, produit par l’action immédiate de l’Esprit, était parlé dans un état d’âme élevé jusqu’à l’enthousiasme et à l’extase.

Si nous rapprochons le fait qui marqua l’effusion de l’Esprit à la Pentecôte de celui qui se produisait dans l’Église de Corinthe et dont il est question dans 1 Corinthiens 14.1, la ressemblance des deux phénomènes nous paraîtra frappante : dans l’un et l’autre cas, ce langage extraordinaire est un don de l’Esprit, don distinct de celui de l’enseignement et même de la prophétie (1 Corinthiens 12.10 ; 1 Corinthiens 14.2) ; ce langage sert à exprimer, dans la prière et l’action de grâces, des émotions intenses de l’âme (1 Corinthiens 14.14 et suivants). Ceux qui le parlent paraissent aux étrangers être hors de sens (1 Corinthiens 14.23).

La seule différence est que, à Corinthe, celui qui parle en langues doit être interprété pour être compris, même des fidèles (1 Corinthiens 14.2-19), tandis qu’à la Pentecôte les auditeurs bien disposés comprirent immédiatement les disciples comme s’ils parlaient leur langue maternelle.

On peut en conclure que sous l’influence première de l’Esprit, le langage que celui-ci s’était créé possédait une force de pénétration qu’il perdit dans la suite, par la faute, sans doute, des croyants qui tirèrent vanité de ce don merveilleux et ne se préoccupèrent pas assez de l’édification des autres (1 Corinthiens 14.4 ; 1 Corinthiens 14.6 ; 1 Corinthiens 14.9 ; 1 Corinthiens 14.12 ; 1 Corinthiens 14.19).

Verset 5

Ces Juifs, hommes pieux (Actes 8.2 ; Actes 22.12), après avoir vécu dispersés dans les diverses contrées ci-après désignées (verset 9), se trouvaient alors à Jérusalem, soit en séjour pour la fête, soit à demeure permanente ; le mot grec exprime cette dernière idée. Il n’est pas en contradiction avec l’expression du verset 9 ceux qui habitent la Mésopotamie,…car les contrées indiquées étaient celles de leur précédent établissement.

Luc fait cette remarque afin de préparer ce qui va suivre et de prévenir chez le lecteur l’idée que les hommes dont les divers lieux d’habitation sont énumérés versets 9-11 étaient des païens, ressortissants de ces nationalités.

Les mots : de toutes les nations qui sont sous le ciel, forment ici une hyperbole signifiant tous les peuples alors connus. L’expression est classique.

Verset 8

Au lieu de : ce bruit ayant eu lieu, on pourrait traduire : la nouvelle s’étant répandue.

Mais, d’après le verset 2, il s’agit du bruit que produisit le « violent coup de vent », qui « remplit toute la maison » et se répandit au dehors (comparer pour cet emploi du mot grec Jean 3.8).

La multitude s’assembla probablement devant la maison où étaient les disciples. La cause de son étonnement, si vivement exprimé (comparez verset 12), fut de les entendre parler, eux, Galiléens, dans les divers dialectes de leurs pays d’origine.

Nous conservons (verset 6 et 8) le mot grec dialecte, car le langage de ces Juifs venus de diverses contrées, était plutôt des dialectes différents que des langues proprement dites.

Les termes vagues de ce récit ne disent pas si chacun entendait et comprenait les disciples qui parlaient les uns après les autres, ou tous à la fois dans une commune prière (verset 4, 2e note).

Verset 11

Ceux qui parlaient glorifiaient donc avec enthousiasme les grandes choses que Dieu avait faites pour la Rédemption du monde, depuis l’envoi du Sauveur jusqu’à sa résurrection et à l’effusion du Saint-Esprit. Quel sujet de louanges !

Dans la liste de ces nationalités et de ces pays divers, on est étonné de trouver, entre la Mésopotamie et la Cappadoce, la Judée.

La mention de celle-ci embarrasse les interprètes qui admettent que les disciples parlaient des langues étrangères, car la langue des habitants de la Judée était celle même des disciples. Ils ont proposé de lire : Inde ou Idumée, mais ne peuvent s’appuyer sur aucun manuscrit.

Tertullien lisait ici Arménie et Jérôme Syrie.

Enfin, l’auteur remarque que les hommes de cette multitude étaient, quant à la religion, Juifs de naissance ou prosélytes, c’est-à-dire convertis du paganisme. Il est possible aussi que cette indication : Juif et prosélytes ne se rapporte qu’aux Romains en séjour. Cela expliquerait qu’elle soit suivie encore de deux noms de peuples : Crétois et Arabes (Blass).

M. Wendt est porté à les considérer comme une interpolation, car on ne comprendrait pas pourquoi la distinction entre Juifs et prosélytes serait spécialement relevée chez les Romains.

Verset 12

Que veut dire ceci ? (grec) Que veut être ceci ?

On a traduit aussi : que va-t-il en résulter ? Quel est l’événement qui se prépare ?

Verset 13

C’est-à-dire, ils sont ivres (verset 15).

On entend ordinairement par vin doux du moût ou vin non fermenté ; mais ce n’était pas la saison des vendanges ; il s’agit donc d’une liqueur préparée avec du moût.

Il est évident que ces moqueurs ne comprenaient pas la langue nouvelle de l’Esprit ; et comme les disciples s’exprimaient avec enthousiasme, ils leur parurent privés de la raison. C’est ainsi qu’à Corinthe, l’apôtre Paul dit que « parler en langues », sans interprétation, pourrait faire penser que ceux qui parlent sont « hors de sens » (1 Corinthiens 14.23).

Verset 14

Exorde

Pierre s’avance avec les onze et débute en écartant l’accusation d’ivresse par cette simple remarque qu’il est neuf heures du malin (14, 15).

Explication de l’événement

Le fait qui a donné lieu à cette calomnie est l’accomplissement de la prophétie de Joël, promettant l’effusion de l’Esprit sur toute chair (16-21).

Démonstration de la messianité de Jésus de Nazareth

  1. Comment Jésus a été mis à mort par les Juifs et ressuscité par Dieu. L’apôtre rappelle à ses auditeurs que Jésus de Nazareth avait montré par ses œuvres qu’il était approuvé de Dieu, qu’eux cependant l’ont crucifié par la main des païens, agissant en cela conformément aux desseins de Dieu ; mais Dieu l’a ressuscité, car il ne pouvait demeurer la proie de la mort (22-24).
  2. La résurrection de Jésus prédite par David. Citant le psaume 16, Pierre le présente comme une prophétie de la résurrection de Jésus, car si les espérances qu’il exprime ne se sont pas accomplies pour David, qui est mort et enseveli au milieu de son peuple, c’est que ces espérances concernaient le Messie, ce Jésus dont la résurrection est attestée par les apôtres (28-32).
  3. Jésus élevé à la droite de Dieu, d’où il répand l’Esprit, est le Messie. Jésus a été élevé à la droite de Dieu. Il a reçu du Père le Saint-Esprit et le répand sur les disciples, comme les auditeurs de Pierre peuvent le constater. Cette élévation aussi a été prédite par David au Psaume 110. Toute la maison d’Israël peut donc avoir la certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus, que vous avez crucifié, dit Pierre à ses auditeurs (33-36).

La repentance et le baptême, condition du salut

Les auditeurs, atteints dans leur conscience, demandent ce qu’ils doivent faire. Pierre les exhorte à se repentir et à se laisser baptiser au nom de Jésus-Christ, pour obtenir la rémission des péchés. Ils recevront alors le Saint-Esprit, car la promesse de ce don est pour eux, pour leurs enfants, pour ceux qui sont au loin, autant que le Seigneur en appellera (37-39).

Résultat du discours de Pierre

Le témoignage de l’apôtre, rendu en beaucoup d’autres paroles encore, les exhortations par lesquelles il presse ses auditeurs de se sauver du milieu d’une génération pervertie, les amènent à accueillir sa parole et à se faire baptiser. Trois mille sont ajoutés à l’Église ce jour-là. Ils persévèrent dans la doctrine des apôtres et dans la communion mutuelle, ils célèbrent la cène et prient ensemble (40-42).

Le discours de Pierre (14-42)

Il y a dans la manière dont le discours de Pierre est introduit quelque chose de très solennel.

Il se présente, dans l’attitude de l’orateur, entouré des onze ; il élève la voix ; le mot que nous traduisons par il parla est le même que nous rendions par s’exprimer au verset 4, il est employé par les Septante (1 Chroniques 25.1 ; Zacharie 10.2) pour désigner des paroles prononcées sous l’influence du Saint-Esprit.

Pierre lui-même, pénétré de la sainte gravité de ce qu’il a à dire, réclame l’attention de son auditoire (grec recevez dans vos oreilles).

Dans ce premier discours, il explique d’abord le miracle de la Pentecôte par la grande prophétie de Joël (versets 14-21), puis il annonce aux Juifs que Jésus de Nazareth, crucifié par eux, mais ressuscité et élevé à la droite de Dieu, d’où il a répandu sur ses disciples le Saint-Esprit, est bien le Messie (versets 22-36).

Verset 15

Sans s’arrêter à ce qu’il y avait d’injurieux dans la parole des moqueurs, l’apôtre, calme et digne, répond simplement qu’ils se trompent, puisqu’il n’est que la troisième heure du jour, c’est-à-dire neuf heures du matin. On conteste aujourd’hui que ce fut l’heure de la prière, avant laquelle les Juifs ne prenaient rien et ne buvaient point de vin.

L’apôtre se fonde plutôt sur le fait d’expérience cité 1 Thessaloniciens 5.7 ; Romains 13.12-13.

Verset 16

Joël 3.1-5 dans la Bible hébraïque, versets 28-32 dans les Septante et dans nos traductions. Ce passage est cité d’après la version grecque, avec quelques variantes intentionnelles que nous ferons remarquer.

Le miracle qui cause l’étonnement de la foule est l’accomplissement d’une prophétie bien connue, qui annonçait cette effusion de l’Esprit de Dieu sur notre humanité. La prophétie est citée tout au long, bien qu’elle dépasse les temps de la fondation de l’Église et s’étende jusqu’aux signes qui précéderont la seconde venue du Sauveur pour le jugement du monde (versets 19 et 20).

Verset 18

Telle est la promesse de l’Esprit dans toute sa richesse et son universalité. Déjà le verbe répandre, verser, dénote l’abondance du don de l’Esprit (verset 4, 1re note).

Toute chair, signifie l’humanité entière (Romains 3.20 ; Galates 2.16), par opposition à l’ancienne alliance, où l’Esprit n’était répandu que sur quelques prophètes.

Il n’y a ici aucune distinction, ni d’âge (vieillards, jeunes gens), ni de sexe (vos fils, vos filles), ni de rang (serviteurs, servantes).

Quant aux effets de cet Esprit, outre l’influence morale et sanctifiante qui est l’essentiel, il se manifestera par des dons extraordinaires, tels que celui de prophétiser, c’est-à-dire de parler au nom de Dieu de manière à produire la conviction et la repentance (voir 1 Corinthiens 14.2, note), ou encore par des visions et des songes qui, dans l’Ancien Testament, étaient souvent des moyens de révélations divines.

Quelques termes de la citation diffèrent, soit des Septante, soit de l’hébreu.

  1. Ces deux textes portent simplement : après ces choses ; Pierre substitue à cette formule les mots : dans les derniers jours, parce qu’évidemment la prophétie qu’il cite s’étend bien au-delà de l’économie évangélique (versets 19 et 20, note).
  2. Il y a dans l’hébreu : Je répandrai mon Esprit ; Pierre dit, avec la version grecque : de mon Esprit, expression partitive qui, selon Meyer, signifie que de la plénitude de son Esprit, Dieu accorde à chacun une certaine mesure, selon ses besoins, sa capacité ou sa vocation. D’après Olshausen, cette tournure désignerait la mesure de l’Esprit dispensée à l’église actuelle, par opposition à la plénitude qui sera répandue sur l’Église des derniers temps.
  3. Le texte hébreu porte enfin : les serviteurs et les servantes, ce qui signifie que les esclaves eux-mêmes ne sont point exclus de la promesse.

D’après la version grecque qui porte : mes serviteurs, mes servantes, ces mots ne désignent pas une nouvelle catégorie de personnes, mais caractérisent ceux dont il vient d’être question et qui, par l’Esprit, deviennent serviteurs et servantes de Dieu.

Les mots : et ils prophétiseront (verset 18), ne se trouvent ni dans l’hébreu ni dans la version grecque du passage de Joël.

Verset 21

Ces versets (versets 19 et 20), décrivent les signes et les jugements redoutables qui précéderont le jour grand et éclatant du Seigneur.

Les signes qui l’annonceront auront lieu sur la terre : ce sont des images de guerres, de meurtres, d’incendies (comparer Matthieu 24.6-7) ; ils auront lieu aussi dans le ciel : (verset 20) ce sont des symboles de chute et de ruine pour les puissances et les empires.

Pierre, en annonçant ainsi le jugement dernier par les paroles du prophète, voulait porter ses auditeurs à la repentance.

Mais c’était pour ajouter aussitôt avec Joël cette miséricordieuse promesse : quiconque, au milieu de ces calamités des derniers jours, invoquera avec confiance le nom du Seigneur, sera sauvé (Romains 10.13 ; Actes 7.59 ; Actes 9.14).

L’apôtre aurait pu citer encore les derniers mots de cette belle prophétie : « Le salut sera sur la montagne de Sion, à Jérusalem ; » car son premier discours dans cette ville était la proclamation de ce salut.

Verset 22

Pierre, après avoir expliqué le miracle de la Pentecôte, de la manière la plus lumineuse, par la grande prophétie de Joël, en vient immédiatement à parler de Jésus, dont il va rappeler la mort et prouver la résurrection, dont il affirmera qu’il a, du sein de la gloire, répandu sur son Église l’Esprit de Dieu, pour conclure que c’est lui le Seigneur et le Christ (verset 36).

Il donne à Jésus le nom de Nazaréen, par lequel le peuple juif le désignait, mais il ajoute aussitôt les titres glorieux dont Dieu l’avait revêtu auprès de son peuple.

Dieu l’avait autorisé ou accrédité ou démontré par des œuvres de puissance divine dont l’apôtre accumule les termes et qui étaient comme autant de lettres de créance (comparer Hébreux 2.4 ; Romains 15.19).

Et afin de faire sentir à ses auditeurs leur responsabilité en présence de ce message divin, Pierre leur déclare qu’il avait eu lieu auprès d’eux, au milieu d’eux.

Il en appelle enfin à leur propre témoignage : comme vous le savez vous-mêmes. Quelle préparation aux terribles reproches qu’il va leur adresser !

Verset 23

Il y a dans ces paroles une vue lumineuse sur les causes de la mort de Jésus ; l’apôtre y trouve des causes humaines, mais dominées d’en haut par des causes divines.

  1. Jésus fut livré par Judas, puis cloué (nous ajoutons à la croix, bien que ce mot ne soit pas dans le grec) par la main d’infidèles (grec), c’est-à-dire d’hommes sans loi (1 Corinthiens 9.21), de païens, par où Pierre désigne les Romains qui crucifièrent Jésus.Mais comment alors peut-il dire à ses auditeurs : Vous l’avez fait mourir ? car sûrement plusieurs d’entre eux étaient restés étrangers au meurtre juridique de Jésus.C’est qu’il envisage avec raison ce crime comme étant celui de tout le peuple. Ce peuple, séduit par ses chefs, n’a-t-il pas rejeté son Messie, demandé sa mort, crié : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ? » Cette solidarité de tout le peuple avec le sanhédrin qui condamna le Sauveur fut profondément sentie par les auditeurs de Pierre (verset 37, note).
  2. Mais ils ne devaient pas croire pourtant que la vie du Messie pût dépendre uniquement de la volonté perverse des hommes ; non, si tout cela lui est arrivé, c’est parce que tel a été le conseil déterminé de Dieu dont la prescience a tout prévu et tout dirigé.

Quel sens divin et quelle portée immense cette déclaration donne à la mort du Sauveur ! Si cette mort n’avait pas été indispensable pour le salut du monde, Dieu l’aurait-il voulue ?

Le texte reçu avec D, E, porte : l’ayant pris vous l’avez fait mourir. Le même texte porte : par les mains au lieu de par la main.

Verset 24

Si la mort de Jésus semblait être la négation de sa messianité, sa résurrection en est l’affirmation éclatante. Aussi Pierre prononce-t-il sans aucune transition cette grande parole : Dieu l’a ressuscité et il emploie tout le reste de son discours à le prouver.

L’apôtre explique cette déclaration par une phrase qui présente quelque difficulté : ayant dissipé les douleurs de la mort. Cette locution est empruntée au Psaumes 48.5 ou au Psaume 116.

Le mot hébreu rendu ici par douleurs signifie les liens. Les Septante l’ont traduit par douleurs (d’enfantement).

Plusieurs exégètes (de Wette, Meyer, Nösgen) pensent que Pierre, qui parlait hébreu, l’a pris dans le premier sens et Luc dans le second. Cela est possible, mais nullement démontré. Le mot hébreu, avec une légère différence dans les points voyelles, signifie aussi douleurs de l’enfantement (Ésaïe 66.7 ; Jérémie 13.21 ; Jérémie 22.23).

Au Psaumes 116.3 en particulier, le parallélisme est beaucoup plus favorable à ce sens qu’à l’autre. Cette traduction était devenue courante grâce à la version des Septante. Pierre peut avoir pris l’expression du Psaume dans le sens de douleurs de l’enfantement.

Quoi qu’il en soit, notre texte grec ne saurait signifier autre chose que les douleurs d’enfantement qu’éprouve la mort. La mort paraît être personnifiée ; elle souffre les douleurs de l’enfantement, parce qu’elle ne peut garder le Messie dans son sein. Dieu met un terme à ces douleurs en appelant Jésus à la vie.

Cette explication paraît seule admissible à Meyer, car, dit-il, si l’on entend ces douleurs des souffrances qu’éprouvait Jésus, ce n’est pas par sa résurrection qu’il en a été délivré, mais par sa mort même.

Pourquoi cela n’était-il pas possible ? Parce que, répondent plusieurs interprètes, la résurrection de Jésus était prédite (verset 25 et suivants). Sans aucun doute, mais elle était prédite parce qu’elle était dans la volonté souveraine de Dieu, parce que « le Saint » ne pouvait « voir la corruption », parce que le Fils de Dieu « avait la vie en lui-même » (Jean 5.26) et qu’il était « la résurrection et la vie » (Jean 11.25).

Verset 25

Grec : Pour lui ou en vue de lui, par rapport à lui.

La citation suivante est empruntée au Psaumes 16.8-11 ; elle est faite exactement d’après les Septante.

Verset 28

Le psalmiste chante le bonheur que lui donne sa confiance en Dieu, qui est toujours près de lui, à sa droite, comme son défenseur (Psaumes 109.31 ; Psaumes 121.5), afin qu’il ne soit point ébranlé.

Aussi tout son être est rempli de joie : son cœur la savoure, sa langue l’exprime par ce chant (le texte hébreu porte : ma gloire, expression que nos versions rendent par mon âme, mon esprit) ; même sa chair reposera avec espérance et au terme de ses jours il ne deviendra point la proie définitive de la mort ; son âme ne sera pas abandonnée dans le hadês, séjour des morts, ni (hébreux) « le bien-aimé de Dieu dans la fosse ».

Et voici le fondement de cette espérance : Tu m’as fait connaître (hébreux : « tu me feras connaître », même dans la mort) les chemins de la vie ; tu me rempliras de joie en ta présence (hébreux : « rassasiement de joies devant ta face, délices éternelles à ta droite ! »).

Verset 29

L’apôtre, s’adressant avec respect et affection à ses auditeurs, leur prouve que les paroles de David, qui ne se sont pas pleinement accomplies pour lui, puisqu’il est mort et qu’il a été enseveli et qu’ils ont sous les yeux son sépulcre, l’ont été dans un de ses descendants, le Messie, dont, animé par l’esprit prophétique, il annonçait en ces termes la résurrection (versets 30 et 31).

Pierre nomme David patriarche, comme chef de la lignée royale dans laquelle les Israélites attendaient leur Messie.

David fut enseveli à Jérusalem (1 Rois 2.10 ; Néhémie 3.16 ; Josèphe, Antiquités Juives, VII, 15, 3 ; XIII, 8, 4 ; Guerre des Juifs I, 2, 5).

Verset 31

C’est donc comme prophète que David a parlé et l’apôtre lui attribue la vue de deux faits importants dans l’avenir :

  1. il savait par la promesse infaillible de Dieu (2 Samuel 7.12 ; Psaumes 89.4-5) qu’un de ses descendants (grec du fruit de ses reins) serait assis sur son trône, régnant sur un royaume qui serait la réalisation spirituelle et éternelle du royaume de David.
  2. Grec : Prévoyant, il a parlé en prophète de la résurrection du Christ, par qui seulement ont été accomplies les espérances exprimées dans le Psaume.

Il faut remarquer le mot prévoyant ou voyant à l’avance : le don de prophétie est une vue que l’Esprit de Dieu ouvre sur l’avenir.

L’aoriste (n’a point été laissé, n’a point vu) est employé à la place du futur (verset 27), parce que Pierre exprime le fait à son propre point de vue.

Meyer, Rilliet, M. Barde traduisent : « C’est par prévision qu’il a parlé de la résurrection du Christ, car celui-ci n’a point été laissé dans le séjour des morts ».

Notre version, plus conforme à l’usage, est admise par la grande majorité des interprètes.

Le texte reçu, avec D, présente ainsi le commencement du verset 30 « Sachant que Dieu lui avait promis avec serment que, du fruit de ses reins, il susciterait selon la chair le Christ et le ferait asseoir sur son trône ».

Les mots soulignés manquent dans Codex Sinaiticus, B, A, C. Au verset 31 le texte reçu porte : « Son âme n’a point été laissée ; » d’après Sin, B, A, C, D, le sujet est simplement : il, Jésus.

Verset 32

Pour la seconde fois (comparez verset 24), Pierre fait entendre cette solennelle déclaration : ce Jésus, objet de la prophétie, Dieu l’a ressuscité.

Et il appuie ce grand événement sur le témoignage de tous les apôtres.

On peut traduire : de quoi ou de qui nous sommes tous témoins, c’est-à-dire témoins de la résurrection ou témoins de Jésus-Christ ou de Dieu. La première traduction est préférable.

Verset 33

Donc, en conséquence de la résurrection que devait nécessairement suivre son élévation dans la gloire.

Plusieurs traduisent : il a été élevé à la droite de Dieu, c’est-à-dire rendu participant de l’autorité divine dans le gouvernement du monde ; mais la plupart des interprètes préfèrent la version : élevé par la droite de Dieu, c’est-à-dire par sa puissance (Actes 5.31 ; Ésaïe 63.12).

Ce dernier sens est plus conforme à l’usage du grec ; le premier semble, il est vrai, s’accorder mieux avec le contexte et avec d’autres enseignements de l’Écriture (Actes 2.34 ; Éphésiens 1.20 ; Éphésiens 2.6).

Le miracle de la Pentecôte a été la conséquence directe de l’élévation du Sauveur dans la gloire.

Il a reçu du Père l’Esprit-Saint qu’il avait promis (grec la promesse de l’Esprit-Saint).

La pensée que c’est du Père qu’émane le Saint-Esprit est en harmonie avec les enseignements de Jésus lui-même (Jean 14.16 ; Jean 15.26). Mais cet Esprit, c’est le Fils qui le répand et l’envoie (Jean 16.7).

« Il a répandu ce que vous-mêmes aussi voyez et entendez », ce phénomène qui vous remplit d’étonnement.

On pourrait traduire : « Il a répandu l’Esprit que vous voyez ; » mais il vaut mieux prendre le pronom relatif au sens neutre et indéterminé, comme Actes 2.32 ; Actes 3.15.

Le texte reçu porte : « ce que maintenant vous aussi voyez ».

Verset 34

Pierre prouve, également par un témoignage de l’Écriture, l’élévation du Sauveur, comme il avait prouvé sa résurrection.

David n’est point monté au ciel, donc ce n’est pas de lui-même qu’il parle quand il déclare que Dieu a dit à son Seigneur : Assieds-toi à ma droite.

Ce Seigneur, c’est le Messie qui, lui, est monté au ciel et s’est assis à la droite de Dieu.

Voir, sur cette parole le Psaumes 110.1, les notes de Matthieu 22.44-45 ; Luc 20.43.

Dans le passage de Matthieu, la citation doit prouver la divinité de Jésus-Christ ; ici Pierre s’en sert pour démontrer la réalité de son élévation dans la gloire.

Verset 36

Donc, conclusion de tout le discours. Et quelle grandeur, quelle énergie dans ces dernières paroles !

C’est un appel à toute la maison d’Israël, à tout le peuple, qui doit savoir (grec reconnaître) avec certitude, par tous les faits qui viennent d’être exposés, que Dieu a constitué et Seigneur et Christ, Maître de tous et de toutes choses (Actes 10.36), aussi bien que Messie, ce Jésus que vous avez crucifié.

Quel contraste ! Dieu l’a élevé au-dessus de tout, comme souverain de son royaume et vous, vous l’avez crucifié !

Pierre veut produire la repentance dans ses auditeurs ;

son dernier mot est un aiguillon qui restera enfoncé dans les âmes jusqu’à ce qu’il en soit retiré par la conversion et le pardon.— Lechler

Il ne faut pas, avec quelques exégètes, méconnaître la portée des paroles de Pierre, comme s’il n’avait attribué ces titres au Sauveur qu’après son élévation.

Avant celle-ci il était Seigneur et Christ (Matthieu 16.16 ; Jean 16.30), mais sous la forme de serviteur, s’étant dépouillé de cette dignité qu’il recouvra ensuite dans toute sa réalité effective, même selon son humanité.— Meyer

Verset 37

Transpercé, c’est-à-dire pénétré d’un douloureux regret. Ils sentent dans leur cœur, organe des affections morales et dans leur conscience, le crime de leur peuple, dont ils sont solidaires (verset 23 Note) ; ils reconnaissent leur propre péché de n’avoir pas plus tôt cru en ce Sauveur que Pierre leur annonce, peut-être même d’avoir été au nombre de ses ennemis. Ce sont là le premier trouble et les premières douleurs de la repentance (verset 36).

Ces hommes n’en restent pas à un sentiment qui aurait pu être stérile et passager ; leur volonté est déjà engagée à faire ce que l’apôtre leur conseillera et ce conseil, ils le demandent en termes respectueux et affectueux (hommes frères) qui montrent que leur cœur est gagné.

Que devons-nous faire pour être sauvés ? C’est le premier cri de l’âme qui naît à la vie du ciel (Actes 16.30).

Verset 38

La réponse de Pierre, claire, précise et profonde, renferme en quatre mots tout ce qui constitue le salut, ce salut qui est à la fois l’œuvre de Dieu et l’œuvre de l’homme.

Il leur demande :

  1. de se repentir, terme qui emporte à la fois le sentiment douloureux du péché et le désir d’un complet renouvellement moral (voir Matthieu 3.2, note ; comparez Luc 24.47) ;
  2. de recevoir le baptême (grec) sur le fondement du nom de Jésus-Christ (B, C, D portent : dans le nom), c’est-à-dire en croyant en lui comme Sauveur et comme Messie. Le baptême sera le sceau de leur foi.

Deux grâces divines sont promises à ceux qui se repentiront et seront baptisés :

  1. la rémission ou le pardon des péchés, qui rend la paix à l’âme et la réconcilie avec Dieu ;
  2. le don du Saint-Esprit qui régénère et sanctifie. Ces grâces constituent la réalité de la vie divine, dont le baptême d’eau n’est que le symbole.

Naturellement les apôtres expliquèrent à la foule le sens de ces vérités profondes. Leur parole et l’Esprit de Dieu, opérant ainsi ensemble, produisirent l’étonnant résultat raconté au verset 41.

Verset 39

L’apôtre confirme (car) sa déclaration : « Vous recevrez le don du Saint-Esprit ».

En effet, ce don est l’objet de la promesse. Cette promesse, dit-il, est faite d’abord à vous, peuple d’Israël ; ensuite à vos enfants et descendants ; enfin à ceux qui sont éloignés.

Que signifie ce dernier mot ? L’expression littérale au loin est employée par les Septante (2 Samuel 7.19) pour désigner un « avenir lointain ». Théodore de Bèze proposait de traduire : « Pour vos descendants les plus lointains ». Cette traduction, qui a été reprise par un interprète récent, a le tort de répéter une idée déjà exprimée par le terme précédent : vos enfants.

Plusieurs (Meyer, Wendt, Holtzmann) entendent par ceux qui sont au loin les Juifs dispersés parmi toutes les nations du monde connu.

D’autres, depuis Calvin jusqu’à de Wette, Olshausen, Lechler, Nösgen, Zöckler admettent que l’apôtre pense aux païens et à leur conversion.

Il est vrai que, d’après Actes 10, Pierre n’avait pas encore saisi ce dessein universel de la miséricorde de Dieu, que l’apôtre Paul nomme « le mystère de Christ » (Éphésiens 3.4-6). Mais ne pouvait-il pas en ce moment, à la lumière de l’Esprit, s’élever jusqu’à cette pensée, sans bien comprendre encore comment elle se réaliserait, d’autant plus qu’il la trouvait dans la prophétie qu’il venait de citer (toute chair, verset 17. Comparer Actes 3.26, note)

L’apôtre Paul aussi appelle les païens « ceux qui sont éloignés » (Éphésiens 2.13).

Les mots : autant que le Seigneur en appellera ne sauraient cependant être invoqués en faveur de l’application du passage aux païens, car, bien que les Juifs formassent le peuple élu, ils devaient, d’après Actes 2.47 ; Actes 17.4, être individuellement appelés et choisis pour être sauvés.

Verset 40

Le mot grec, auquel nous avons laissé son sens premier : il rendit témoignage, signifie aussi : adjurer en prenant Dieu à témoin (1 Timothée 5.21). Plusieurs interprètes lui donnent ici ce sens : il les conjurait et les exhortait.

Mais le sens de rendre témoignage, qui est plus habituel dans le livre des Actes (Actes 8.25 ; Actes 10.42, comparez Luc 16.28), nous paraît s’imposer à cause du changement de temps du verbe ; à l’aoriste : il rendit témoignage succède l’imparfait : il les exhortait.

Le pronom les ne dépend donc que de ce dernier verbe ; le premier doit être pris sans régime.

Le témoignage que rendit l’apôtre par plusieurs autres paroles ou discours avait pour objet la vérité divine qu’il venait d’annoncer.

Comme conséquence pratique, il pressait ses auditeurs de se séparer moralement de cette génération perverse qui avait crucifié son Messie, afin de ne pas périr avec elle sous les jugements de Dieu (versets 19-21).

De là ce mot énergique : (grec) Soyez sauvés du milieu d’elle !

Verset 41

Ajoutées « à l’Église », comme disent la plupart de nos versions ; mais ce mot n’est pas dans le texte (comparez verset 47, note).

Le petit troupeau de croyants qui existait avant la Pentecôte s’accrut de ces trois mille âmes. Quelle riche moisson, fruit d’une seule prédication sous la puissance du Saint-Esprit !

Les premiers mots du verset ont été traduits de trois manières différentes :

  1. Ceux donc qui reçurent,…ce qui signifie que ce ne furent pas tous les auditeurs. Ainsi traduisent toutes nos versions, depuis Calvin, Luther, la Vulgate.
  2. Eux donc, ayant reçu… Ainsi tous ceux qui sont désignés au verset 37 seraient devenus croyants et auraient reçu le baptême (comparer Actes 1.6 ; Actes 8.4-25, etc., où se trouve la même tournure). Telle est l’interprétation de De Wette, Wendt, Holtzmann, Meyer.
  3. Les uns ayant reçu,…tandis que d’autres, qui sont sous-entendus, n’auraient pas cru. Il nous paraît que la seconde de ces versions est la plus conforme au style de Luc.

Le texte reçu porte : qui reçurent de bon cœur ou avec joie la parole. Ce mot, qui s’entend de soi-même, a été ajouté pour rendre la description plus complète.

Les trois mille croyants ne furent pas tous baptisés à l’instant, ce qui n’eut pas été possible.

L’expression : ils furent ajoutés ce jour-là, n’implique pas nécessairement que leur baptême ait été célébré ce même jour. Une instruction complète leur fut donnée plus tard (verset 42).

Verset 42

La plupart des commentateurs et éditeurs récents (Holtzmann, Wendt, Nestle) rattachent verset 42 à ce qui précède. Ceux dont il parle sont les trois mille baptisés.

Luc nomme quatre moyens de grâce dans lesquels ils persévéraient. Ces moyens sont, selon leur nature, placés deux à deux, unis par la conjonction et.

Ce sont :

  1. La doctrine ou plutôt l’enseignement des apôtres, d’autant plus nécessaire que la plupart de ces convertis avaient encore fort peu de lumières lors de leur baptême.
  2. La communion, par où il ne faut entendre ni la sainte cène qui vient ensuite, ni la communauté des biens, ni la communication des aumônes aux pauvres (Romains 15.26 ; 2 Corinthiens 8.4), ainsi que l’ont pensé quelques exégètes ; mais bien la communion mutuelle, cette union intime dans l’amour du même Sauveur qui constitue l’Église.Les premiers chrétiens la pratiquaient, même au dehors, en s’assemblant chaque jour (verset 46).
  3. Le texte occidental portait : la communion mutuelle de la fraction du pain ; les deux moyens de grâce qui sont distingués dans le texte ordinaire sont donc réunis en un seul qui est la sainte cène. M. Blass affirme même que ce texte est le seul authentique et que la leçon des principaux manuscrits est le résultat d’une erreur de copiste.
  4. La fraction du pain qu’on rompait en célébrant la cène et dans les repas pris en commun.
  5. Enfin les prières. Ce pluriel ne désigne pas, selon l’opinion de Meyer, diverses espèces de prières, demandes, actions de grâces, etc., ni les heures réservées à la prière chez les Juifs (Psaumes 55.18 ; Daniel 6.10). Il est motivé par la fréquence de ces prières en commun, dans chaque assemblée, spécialement avant et après la cène.

Ces moyens de grâce étaient tout ce qu’il y avait de plus propre à développer la vie de l’Esprit dans les âmes et dans l’Église ; ils restent aujourd’hui encore, pour les chrétiens, les vrais éléments du progrès et de la sanctification. Mais pour cela il s’agit de persévérer.

Verset 43

L’effet de la Pentecôte fut une crainte religieuse qui s’emparait de chacun. Des miracles s’accomplissent par les apôtres. Tous les croyants mettent leurs biens en commun ; ils sont assidus au temple et rompent le pain ensemble dans les maisons ; ils jouissent de la faveur du peuple ; et Dieu ajoute à l’Église ceux qui sont sauvés

Vie de l’Église primitive (43-47)

Grec : de la crainte devenait en toute âme.

Toute âme, hébraïsme qui signifie chacun (Actes 3.23 ; Romains 13.1), telle fut l’impression produite sur le peuple.

Les causes de cette crainte étaient les phénomènes de la Pentecôte, la vie sainte de ces premiers chrétiens et enfin la vue des miracles (grec signes) qu’opéraient les apôtres. Toute manifestation du ciel inspire à l’homme pécheur une sorte de terreur. Une variante de Codex Sinaiticus, A, C, ajoute, à la fin du verset 43 : à Jérusalem : et une grande crainte était sur tous.

Verset 44

Ceux qui avaient cru ou qui étaient devenus des croyants (Codex Sinaiticus, B ; le texte reçu porte le participe présent) étaient ensemble, ils avaient de fréquentes réunions (comparer Actes 1.14-15 ; Actes 2.1).

Dans B, verset 44 se lit ainsi : tous ceux qui avaient cru, avaient ensemble toutes choses communes. Westcott et Hort, Weiss adoptent ce texte.

Verset 45

Ces termes : ils avaient toutes choses communes, ils vendaient leurs possessions (biens immeubles) et leurs biens (objets mobiliers), ont donné l’idée d’une vraie et complète communauté des biens.

La plupart des interprètes cependant voient dans ces versets non la description d’une rigoureuse organisation sociale, mais le tableau du premier élan d’une ardente charité, qui portait les chrétiens à mettre à la disposition de leurs frères pauvres tous les biens qu’exigeaient leurs nécessités (comparer Actes 4.34-35).

En effet :

  1. cette mise en commun des biens, si elle eut lieu, ne se vit jamais qu’à Jérusalem, dans les premiers temps de l’Église, sous l’action de l’Esprit de la Pentecôte ; l’histoire n’en a pas conservé de trace dans aucune autre Église, où, bien souvent, les apôtres durent exhorter les chrétiens riches à la bienfaisance (voir les collectes de Paul à Corinthe et comparez Jacques 5.1).
  2. Il n’y eut jamais, même à Jérusalem, aucune institution légale à cet égard, mais tout ce détachement des biens terrestres fut l’effet spontané de l’amour, joint peut-être à l’idée du retour prochain de Christ.
  3. Tous les chrétiens restaient donc parfaitement libres de conserver leurs biens (Actes 5.4) et nous voyons en effet Marie, mère de Marc, en possession de sa maison (Actes 12.12).

Aussi quand le communisme moderne s’est appuyé de ce récit, il a confondu une ardente charité avec son esprit niveleur.

Le communisme biblique dit : ce qui est à moi est à toi ; l’autre dit : ce qui est à toi est à moi. L’un dit : ce que j’ai, je te le donne ; l’autre : donne-moi ce que tu as.— K. Gerock, Bibelwerk de Lange

Mais ce qu’implique ce trait de la vie chrétienne aux premiers jours de l’Église, c’est la condamnation de l’avarice des riches qui prétendent porter le nom de chrétiens.

Verset 47

Quel admirable tableau Luc nous trace ici en quelques coups de pinceau. Il y a dix-neuf siècles que les chrétiens relisent avec émotion et édification ces traits de la vie de l’Église à Jérusalem.

Relevons-les l’un après l’autre.

  1. Chaque jour ils étaient assidus (grec ils persévéraient, même mot qu’au verset 42) d’un commun accord dans le temple, aux heures de la prière, prenant part au culte public de leurs pères. Jusqu’ici ils n’avaient pas l’idée de se séparer de ces pieuses institutions de leur peuple. Ils avaient pour cela l’exemple de Jésus lui-même et ils savaient, comme l’observe Meyer, que le christianisme était l’accomplissement spirituel du mosaïsme. Plus tard, la séparation aura lieu, mais par l’inimitié des Juifs et non par la volonté des chrétiens (Actes 13.46).
  2. À côté de ces exercices religieux dans le temple, ils pratiquaient une communion plus intime dans les maisons ; et comme l’Église comptait des milliers de membres, ils se répartissaient en petits troupeaux, comme les Israélites pour célébrer la Pâque. Là ils rompaient le pain, c’est-à-dire prenaient la cène du Seigneur et avaient des repas fraternels (agapes) où régnaient la joie (grec allégresse), avec une grande simplicité de cœur.
  3. Cette joie intime du Saint-Esprit s’exhalait en chants de louanges qu’ils faisaient monter vers Dieu (Luc 24.53).

Il résultait d’une vie si belle et si sainte qu’ils trouvaient faveur (grec grâce) auprès de tout le peuple.

Se fondant sur les persécutions qui ne tardèrent pas à atteindre les disciples, on a prétendu que ce dernier trait ne pouvait pas être vrai. C’est confondre les temps et oublier que l’opinion populaire est fort versatile.

Le Seigneur, Christ, qui du sein de sa gloire règne sur son Église (verset 36). L’action de l’Esprit de Dieu n’avait point cessé depuis la Pentecôte, mais chaque jour de nouvelles âmes sauvées du péché et de la ruine étaient ajoutées à l’Église.

Ce fait si réjouissant pour ces premiers chrétiens, achève le tableau de leur vie religieuse, dont l’exemple contribuait puissamment à cet accroissement de l’Église.

Sin, B, A, C, D omettent les mots à l’Église et rattachent à ce verset les premiers mots du chapitre suivant : « Le Seigneur ajoutait les sauvés ensemble » c’est-à-dire, pour être ensemble, dans un même lieu, un même corps.

D’après le texte reçu, en effet, Actes 3 commence ainsi en grec : « Ensemble Pierre et Jean montaient au temple ». Tous les éditeurs modernes et la plupart des commentateurs récents considèrent la locution que nous rendons par ensemble comme appartenant à la fin de Actes 2. Si l’on partage leur manière de voir, il faut, dans la traduction de Actes 3.1, supprimer le mot ensemble.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Acts 2". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/acts-2.html.
 
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