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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Philemon 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/commentaries/fre/cbi/philemon-1.html.
bibliography-text="Commentaire sur Philemon 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-25
Chapitre 1er
En nous occupant dernièrement de lâépître de Jude1, nous avons vu que, de toutes les épîtres du Nouveau Testament, aucune nâest plus large dans son application que celle-là , car elle sâadresse, non pas à des chrétiens arrivés à un certain degré de connaissance, mais à tous les appelés en général, à tous ceux qui appartiennent au Seigneur. Lâépître à Philémon est, sous ce rapport, la contrepartie de celle de Jude. Il nây a pas, dans le Nouveau Testament, dâépître qui soit aussi individuelle. Je ne veux pas dire quâelle soit adressée à un individu â les trois premiers versets nous prouvent le contraire â mais que lâépître elle-même contient des exhortations tout à fait individuelles et ne concernant quâune seule personne, Philémon.
1 Lâépître de Jude, ou les derniers jours de la chrétienté. Avertissement sérieux à tous les enfants de Dieu, par Henri Rossier.
En considérant les diverses épîtres individuelles du Nouveau Testament, on pourra se convaincre de ce que nous venons dâaffirmer. Les épîtres à Timothée sont adressées à un individu. Dans la première, lâapôtre recommande à son cher compagnon dâÅuvre, non seulement une certaine conduite personnelle, mais aussi la conduite incombant à tous les chrétiens dans la maison de Dieu qui est lâÃglise du Dieu vivant. La deuxième épître forme le pendant de la première. Elle considère la maison de Dieu comme étant en désordre, et lâapôtre donne à Timothée des directions, afin que soit lui, soit les croyants, apprennent ce quâils ont à faire ou à garder, ce dont il leur faut se séparer, ce à quoi ils doivent se joindre, dans ces temps fâcheux.
Dans lâépître à Tite, vous trouvez quelque chose de semblable: lâapôtre sâadresse à lâindividu, mais au sujet de lâordre et de la sainte doctrine parmi les chrétiens. Son but est donc lâensemble de lâÃglise
Nous avons encore les deux petites épîtres de Jean. Elles sont adressées à des individus; la deuxième à une femme, afin quâelle apprenne quels sont ceux quâelle a à rejeter, elle et ses enfants, au milieu de la confusion introduite dans lâAssemblée. Le but est donc général. La ruine était évidente; il fallait que chacun sût de quoi il avait à se séparer. Il ne sâagissait plus seulement de maintenir la saine doctrine, mais dâéviter les hommes qui abandonnaient la vérité. De même, dans la troisième épître, adressée à Gaïus, le but est général. Gaïus avait à apprendre qui lâon devait recevoir au milieu du désordre régnant, et non plus, comme dans la deuxième épître, qui lâon avait à rejeter. Le but de ces deux épîtres, comme aussi de la seconde à Timothée, est donc la conduite dâun ou de plusieurs chrétiens, au milieu de la chrétienté qui, au point de vue de sa responsabilité, est une église en ruines.
Dans lâépître à Philémon, nous ne trouvons rien de semblable; il nây est fait aucune mention de lâinfluence que ce dernier aurait à exercer autour de lui. Il sâagit ici de circonstances absolument individuelles, et qui semblent, à un lecteur superficiel, devoir contenir bien peu dâinstruction. Le sujet en est un événement qui ne sâest présenté dans lâexistence dâaucun de nous; et cependant, ce fait particulier est employé par lâEsprit de Dieu pour nous apporter des vérités de toute importance quant à notre vie et à notre conduite personnelles. Voici le fait: Philémon avait un esclave, Onésime, qui sâétait enfui de chez lui, probablement en emportant quelque chose et en faisant, comme on dit, un emprunt forcé à son maître. Onésime sâétait réfugié à Rome, où, se trouvant en rapport avec lâapôtre Paul, prisonnier, il avait été converti, puis était devenu son compagnon et son serviteur dévoué dans sa captivité. Maintenant, Paul le renvoyait à son maître. Câest là toute lâhistoire. Valait-il la peine que lâEsprit de Dieu nous conservât une épître sur un fait aussi particulier? Eh bien! chers amis, si nous nâavions pas lâépître à Philémon, câest précisément sur les circonstances ordinaires de la vie que nous manquerions dâinstruction. Comment vivre Christ dans les événements de la famille, de la maison, dans lâexistence vulgaire de chaque jour? Sauf cette épître, nous nâen trouvons pas une seule, dans le Nouveau Testament, qui ait ce but unique; de là sa valeur immense.
Lisez les autres épîtres; elles nous présentent toutes, en même temps que la personne et lâÅuvre de Christ qui en sont le fondement, de grandes doctrines, sur lesquelles notre foi est édifiée, ou bien elles nous disent quelles seront les suites de lâabandon de ces vérités. Nous avons des épîtres, comme celle aux Romains, qui présentent la justification du pécheur et lâaffranchissement du croyant; comme celles aux Corinthiens, qui présentent lâorganisation de lâAssemblée de Christ et le ministère; comme celle aux Ãphésiens, qui nous parle de la position de lâAssemblée en Christ dans les lieux célestes et de lâunité de son corps ici-bas; comme celle aux Colossiens, qui a pour sujet le chef ressuscité de lâAssemblée et porte nos cÅurs et nos pensées vers le Christ, caché dans le ciel en Dieu; comme celles aux Thessaloniciens, qui nous parlent de la seconde venue du Seigneur. Sans terminer cette énumération, nous pouvons dire que les épîtres nous présentent soit la personne de Christ, soit les grands principes de la vérité qui découlent de son Åuvre et les exhortations qui en sont la conséquence.
Dans lâépître à Philémon, rien de semblable. Des circonstances dâun jour, un fait occasionnel; mais, au milieu de ces circonstances, la vie de Dieu qui se manifeste, une vie dâamour pratique qui se développe dâautant plus merveilleusement que les événements sont, en apparence, dâune portée plus passagère.
Nâavons-nous pas précisément besoin de cela? Nous avons affaire, dans nos vies, beaucoup plus avec de petites quâavec de grandes choses. Nous sommes appelés, bien davantage, à montrer le caractère de Christ dans les difficultés journalières, faites pour nous irriter, ou pour nous indigner contre ceux qui nous font souffrir injustement, et nous avons besoin de connaître le secret par lequel nous puissions vivre Christ dans ces circonstances où le cÅur est souvent froissé, les affections souvent blessées et refoulées.
Ce qui nous est dit de Philémon nous le montre comme un homme très pieux, et lâon ne peut douter quâil nâait exercé, par la grâce, une influence chrétienne autour de lui, car sa maison était devenue le lieu dâune assemblée locale. Il se dépensait pour les autres, et les entrailles des saints étaient rafraîchies continuellement par la manière dont il se dévouait à tous. On peut comprendre quâun tel homme, voyant lâun de ses esclaves auquel il avait, sans doute, témoigné autant de sollicitude quâaux autres, sâenfuir de chez lui, lui faisant tort par quelque infidélité, on peut comprendre, dis-je, que son cÅur fût saisi dâindignation. Ces sentiments peuvent être légitimes, mais y a-t-il, dans de telles circonstances, un moyen de montrer le vrai caractère de Christ?
Remarquons dâabord que, lorsquâil sâagit de nos intérêts lésés, nous nous laissons beaucoup plus aller à des sentiments dâirritation que lorsque le même tort est fait à dâautres quâà nous. Nâest-il pas vrai que, pendant des mois, des années peut-être, nous nous souvenons du tort quâon nous a fait, au lieu de bannir tout ressentiment de notre mémoire, et que ce ressentiment se montre même à lâégard de nos frères ou de nos sÅurs en Christ?
Nous avons donc besoin de lâépître à Philémon pour savoir comment nous pouvons être délivrés de pensées amères ou indignes du Seigneur. Eh bien! chers lecteurs, que Dieu nous donne de lire cette épître avec prières, et dây saisir le secret de notre vie chrétienne individuelle et journalière.
Ce secret, hâtons-nous de le dire, est tout simplement lâamour.
Oui, lâépître à Philémon est remplie dâamour du commencement à la fin. Lâamour nous y est montré sous toutes ses faces.
Considérez Paul en premier lieu: Paul était un apôtre et, comme tel, il avait le droit de commander. Il possédait une autorité, conférée par le Seigneur, avec laquelle il pouvait dire: «Je veux que ceci soit ainsi et pas autrement;» et les chrétiens devaient se soumettre à sa parole. Dans le cas de Philémon, il aurait pu se prévaloir de ce caractère dâautorité pour exiger la réintégration dâOnésime. Que fait-il? Se sert-il de ses droits? Se présente-t-il dans sa dignité dâapôtre pour se faire obéir? Non, il est «Paul, prisonnier de Jésus Christ» (v.1), et plus loin (v. 9): «Paul, un vieillard». Il fait montre de sa dépendance, de sa faiblesse. Un prisonnier, chargé de chaînes, un vieillard, ne peut pas revendiquer sa puissance. Et de plus, ce vieillard était affaibli prématurément (car il avait à peine atteint soixante ans à la date de sa mort) par ses innombrables souffrances pour lâÃvangile et par la sollicitude qui lâassiégeait chaque jour pour toutes les assemblées. Si Paul, au lieu de se présenter dans sa faiblesse, avait imposé un devoir à Philémon, tout lâenseignement de cette épître aurait été perdu. Au lieu de cela, il prend en amour la dernière place.
«Paul, prisonnier de Jésus Christ, et le frère Timothée, à Philémon, le bien-aimé et notre compagnon dâÅuvre, et à la sÅur Apphie, et à Archippe, notre compagnon dâarmes, et à lâassemblée qui se réunit dans ta maison». (v. 1-2). Paul lui-même, sâassocie, comme en dâautres épîtres, «le frère Timothée», qui avait aussi une autorité pour agir comme délégué de lâapôtre, mais se trouve lié ici, comme simple frère, à lâapôtre prisonnier. Puis il invoque la communion chrétienne pour produire en Philémon tous les fruits de la grâce. Il rassemble, pour ainsi dire, tous les saints de la maison de Philémon, même Apphie, sa femme, et les lie les uns aux autres. Archippe, «compagnon dâarmes» de lâapôtre, agissait probablement dans lâassemblée. Le terme de «compagnon dâÅuvre» donné à Philémon et à dâautres (v. 24), est plus général. Chaque chrétien qui avait à cÅur lâÅuvre du Seigneur, même ceux qui ne pouvaient combattre pour elle que par leurs prières, était un compagnon dâÅuvre de lâapôtre. Nous pouvons lâêtre aussi, avoir à cÅur les mêmes intérêts que Paul, placer devant Dieu, tout comme lui, les besoins des âmes, prendre part à lâÃvangile comme lui. Tels sont ceux que lâapôtre associe à Philémon dans sa salutation, pour sâadresser ensuite directement à celui qui est le chef de la famille.
Nous avons vu que cette épître, tout en ayant une adresse générale, a un caractère éminemment individuel. Or, sâagit-il de la prospérité personnelle des saints, de la manière dont ils ont à rendre témoignage et qui doit dominer toute leur vie chrétienne, câest, comme nous lâavons dit plus haut, par lâamour quâelles peuvent être obtenues. Lâapôtre commence par là , quand il sâadresse à Philémon:
«Je rends grâces à mon Dieu, faisant toujours mention de toi dans mes prières, apprenant lâamour et la foi que tu as envers le Seigneur Jésus et pour tous les saints». (v. 4-5). Il était plein de reconnaissance envers Dieu, parce que, quand il pensait à Philémon, il pouvait rendre grâces de ce que lâamour agissait dans son cÅur. Cet amour pour tous les saints, nâest-il pas la chose importante que nous sommes appelés à retrouver aujourdâhui? Ou bien serait-il peut-être ce qui nous caractérise encore au milieu de lâétat misérable dans lequel est tombé, de nos jours, le témoignage de Dieu? Hélas! lâapôtre pourrait-il encore rendre grâces à son Dieu en apprenant lâamour qui est en chacun de nous?
Un point important, que lâon voit se répéter uniformément dans les épîtres, câest que lâapôtre, au lieu dâenvisager les défauts des chrétiens, pense toujours en premier lieu à ce quâil y a de bien chez eux. Il les prévient, les reprend, de la part de Dieu, mais jamais il ne commence une épître par ces exhortations. Même quand il lui fallait signaler une quantité de désordres qui avaient cours, à Corinthe, dans lâassemblée de Dieu, et quâil ne pouvait leur dire: Je rends grâces à Dieu de ce que vous êtes fidèles, il dit: Je rends grâces à Dieu de ce que vous ne manquez dâaucun don. Dans notre épître, comme partout, il reconnaît ce que la grâce a opéré et ce que Philémon est pour le Seigneur. Il rend grâces de ce quâil a trouvé, chez ce cher disciple, une qualité prédominante et qui le distingue. Cette qualité est lâamour. «Apprenant lâamour et la foi que tu as envers le Seigneur Jésus et pour tous les saints» (v. 5).
Pourquoi cet amour envers les saints était-il si vivant chez Philémon? Câest quâil était la conséquence de la foi et de lâamour quâil avait envers le Seigneur Jésus. Cette foi, qui est le partage de tout chrétien, nâest pas ici, comme dans lâépître de Jude, la doctrine chrétienne, mais ce que la grâce a mis dans le cÅur pour lui faire saisir Christ, ce don qui permet à lââme de sâemparer de lâobjet que Dieu place devant elle. Mais la foi de Philémon lâavait porté dâemblée au centre de lâamour. Elle nâétait pas, comme pour tant de chrétiens, une foi qui répond uniquement aux besoins dâun pécheur et accepte Jésus comme Sauveur. Sa foi avait saisi lâessence divine elle-même, lâamour dans la personne de Christ. Philémon, en suivant la direction de sa foi et en remontant à lâamour de Christ, lâavait reçu dans son cÅur par le Saint Esprit, et de là , cet amour sâétait répandu sur tous ceux qui appartenaient au Seigneur. Tel est le secret de notre vie chrétienne individuelle. «Apprenant lâamour et la foi que tu as envers le Seigneur Jésus et pour tous les saints».
De lâamour envers tous les saints! Je désire vivement, chers amis, que nous ne nous occupions pas, en ce moment, de doctrines; cette épître nâen contient pas â que nous ne nous occupions pas de notre témoignage collectif â dâautres parties de la Parole nous en parlent souvent; â mais je désire que cette épître produise, individuellement, en chacun de nous, lâamour pratique qui correspond aux pensées de Dieu; et si, en la lisant, cet effet moral nâétait pas produit dans nos cÅurs, il nous serait bien inutile dâen continuer la lecture.
Lâamour de Philémon sâadressait à tous les saints. Quand il sâagit de nos relations personnelles, les uns avec les autres, est-ce que, je le demande, il nây a pas un seul dâentre nos frères qui nâait une part égale dâaffection dans nos cÅurs? Ou bien ces cÅurs contiennent-ils de la méfiance, de la froideur, de lâamertume, des ressentiments, de lâanimosité contre les membres de la famille de Dieu? Ou pensez-vous peut-être que ce qui nous caractérise est un amour découlant de la foi en Christ, débordant envers les saints, et ne fût-ce que ceux qui sont réunis dans cette salle? De la part de Christ, chacun de nous est lâobjet dâun même amour, immuable et parfait. Avons-nous puisé notre amour à cette source? Répondons comme devant Dieu, et humilions-nous devant Lui, sâil en est autrement, afin que sa grâce puisse remédier à notre état.
Mais lâamour de Philémon ne sâadressait pas seulement à ceux de sa maison ou de sa connaissance; il était bien plus vaste; il sâétendait à tous les saints, sans en excepter un seul; cet amour, il lâavait puisé dans le cÅur de Christ; dès lors son cÅur, comme celui de son Maître, pouvait parcourir le monde entier, partout où se trouvaient des saints.
Lâapôtre ne parle pas ici de lâamour qui sâadresse aux pécheurs pour leur annoncer lâÃvangile De celui-là , il dit autre part: «Lâamour du Christ nous étreint» (2 Cor. 5:14), mais ici, câest des saints quâil est question. Hélas! cet amour entre les chrétiens sâest refroidi de telle manière, quâils ne veulent plus entendre parler aujourdâhui que de lâamour apportant aux hommes la bonne nouvelle du salut. Ils ne connaissent guère que les sympathies naturelles qui unissent ensemble les membres des sectes quâils ont formées, et quand leur cÅur chrétien cherche occasionnellement à dépasser ces limites, il y est bien vite ramené par des préjugés sectaires qui ont plus de puissance sur lui que la liberté de lâEsprit.
Lâamour des saints et lâamour pour les pécheurs, loin de se nuire lâun à lâautre, devraient marcher de concert. LâAssemblée de Dieu, que nous trouvons dans toutes les épîtres de Paul, était le grand sujet de la sollicitude de lâapôtre. Quand il annonçait lâÃvangile, même en courant des dangers et en endurant des souffrances de toute sorte, son cÅur était profondément réjoui plutôt quâattristé et, sâil semait avec larmes, il récoltait avec chants de triomphe. Mais, quand il sâagissait de lâÃglise il souffrait dans son cÅur. Le souci pour toutes les assemblées lâassiégeait tous les jours. Sâil apprenait que les saints, en quelque lieu que ce fût, marchaient selon les pensées de Christ, il se mettait à genoux et rendait grâces; sâils étaient en danger ou marchaient mal, de nouveau, il se mettait à genoux, mais en pleurant, et combattait pour eux par ses prières.
Nous avons à imiter son exemple, mais ne devons-nous pas reconnaître avec humiliation que notre communion avec Christ, dans son amour envers tous les saints, est bien loin de celle de Philémon? Devons-nous nous borner à cette constatation? Non; cet amour, sâil est perdu dans lâÃglise envisagée comme un tout, peut être retrouvé individuellement à la suite dâun profond jugement de nous-mêmes. Un cÅur brisé, qui a besoin de miséricorde, est à même de comprendre et dâapprécier les richesses de lâamour de Christ pour les manifester ensuite.
«En sorte que ta communion dans la foi opère en reconnaissant tout le bien qui est en nous à lâégard du Christ Jésus» (v. 6). Philémon était continuellement en communion de foi avec lâapôtre Paul. La foi était leur point de départ à tous deux; par elle, ils avaient un objet commun. Philémon trouvait chez Paul un cÅur non partagé à lâégard du Christ Jésus. Câest là le secret de lâamour fraternel; il découle de la communion que nous avons avec Christ. Dâautre part, lâapôtre reconnaissait que le large cÅur de Philémon embrassait tous les saints, et il ajoute: «Car nous avons une grande joie et une grande consolation dans ton amour, parce que les entrailles des saints sont rafraîchies par toi, frère» (v. 7).
Remarquez toujours de nouveau le rôle de lâamour, dans cette épître. Le résultat de lâactivité de Philémon dans lâamour, câest que les entrailles des saints, leur être le plus intime, étaient rafraîchies. Chers amis, notre amour a-t-il ce caractère? Semons-nous sur notre passage, dans un complet renoncement à nous-mêmes, dans un entier dévouement pour les enfants de Dieu, ce parfum de lâamour de Christ qui vivifie, ranime, rafraîchit les âmes de tous nos frères? Lâapôtre pourrait-il dire de chacun de nous: «Les entrailles des saints sont rafraîchies par toi, frère»?
Frère! comme jâaime ce mot doux et tendre, exprimant si bien le lien vital qui nous unit en Christ, qui exprime notre origine et notre but commun; dâautant plus intime ici, quâil nâest pas accompagné, comme autre part, dâun adjectif tel que «bien-aimé» pour le faire ressortir. Je comprends, par ce simple mot, tout ce quâil y avait de profond dans les sentiments du cÅur de lâapôtre pour Philémon.
Au v. 8, nous entrons dans le sujet même de lâépître:
«Câest pourquoi, tout en ayant une grande liberté en Christ de te commander ce qui convient, â à cause de lâamour, je te prie plutôt, étant tel que je suis, Paul, un vieillard, et maintenant aussi prisonnier de Jésus Christ.». (v. 8-9). Nous sommes ici en présence de deux principes. Tous deux peuvent produire lâobéissance. Le premier est lâautorité. Les pères et les mères le savent bien; câest par ce principe quâils obligent leurs enfants à obéir. Lâapôtre avait, comme nous lâavons vu plus haut, une autorité qui lui donnait le droit dâexiger lâobéissance des chrétiens. Il était parfaitement libre dâuser de ce droit vis-à -vis de Philémon. Mais il lâabandonne pour donner libre jeu à lâamour. Sâil avait commandé à Philémon de recevoir son esclave fugitif, il nâaurait nullement donné essor aux sentiments du cÅur de son frère. Ce dernier aurait obéi, sans doute, mais cette obéissance aurait pu ne rien changer au ressentiment quâil devait avoir envers son esclave ingrat et infidèle.
Le second principe qui produit lâobéissance est lâamour. Philémon, comme nous lâavons vu, le connaissait et le pratiquait, mais lâapôtre lâengage ici à être dâaccord avec ses sentiments à lui, dans la difficulté présente. «à cause de lâamour, je te prie plutôt.». Rien ne produit chez les enfants de Dieu une conduite conforme aux sentiments de Christ comme lâamour. Si, par sa propre nature, lâautorité prend toujours la première place, lâamour prend toujours la dernière. Paul prie Philémon. Lui, le grand apôtre des gentils, revêtu de la dignité dâun envoyé de Dieu, lui, dont la vie avait glorifié Christ et commandait la vénération et le respect, vient à Philémon en suppliant. «à cause de lâamour, je te prie plutôt», dit-il, «étant tel que je suis, Paul, un vieillard et maintenant aussi, prisonnier de Jésus Christ» (v. 9). Non pas un apôtre, mais un vieillard, un prisonnier. On a pitié dâun vieillard, dâun homme au déclin de ses forces; on aime à lui servir de soutien. On a de la commisération pour un prisonnier, quoique celui-ci ne sâestimât pas prisonnier des hommes, mais de Jésus Christ. Lâapôtre oublie sa dignité, sâhumilie en amour aux pieds de Philémon, et cependant toute son épître est un secours, une aide quâil accorde à ce cher serviteur de Dieu. Tel est le caractère par lequel nous pouvons gagner les cÅurs de nos frères, et les rendre capables dâêtre lâimage de Christ ici-bas, en produisant chez eux des sentiments qui sont dâaccord avec Celui qui est doux et humble de cÅur.
Lâapôtre en arrive maintenant à sa requête au sujet dâOnésime. Ici, vous serez frappés comme moi dâun passage du Deutéronome: «Tu ne livreras point à son maître le serviteur qui se sera sauvé chez toi dâauprès de son maître; il habitera avec toi,... dans le lieu quâil choisira en lâune de tes portes, là où bon lui semble: tu ne lâopprimeras pas» (Deut 23:15-16). Lâapôtre fait ici directement le contraire de ce que la loi ordonnait de faire. Onésime était un esclave fugitif qui avait trouvé un refuge auprès de Paul. La loi commandait, dans ces circonstances, que lâesclave restât chez celui qui lâavait reçu, parce que, établissant que le cÅur de lâhomme était méchant et mauvais, elle ne voulait pas offrir une occasion de vengeance, aux passions et aux instincts cruels du maître. Mais ici, lâapôtre dit: «Je te lâai renvoyé». Pourquoi cette contradiction? Câest que le règne de la grâce avait tout changé. La loi, étant le contraire de la grâce, ne pouvait supposer une nouvelle nature et lâamour de Dieu versé dans le cÅur de lâhomme par le Saint Esprit. Sous la grâce, toutes les relations avaient un autre caractère. La vie nouvelle, dans le chrétien, connaissait et pouvait pratiquer lâamour. Lâapôtre lui-même, si plein dâamour, avait pu le constater chez Onésime, lâesclave converti, qui sâétait entièrement dévoué à lui; il le connaissait dans la conduite de Philémon, dont lâamour avait rafraîchi les entrailles des saints. Un lien était ainsi formé par la vie divine entre lâapôtre, Philémon et Onésime. Paul pouvait donc compter sur cet amour chez les autres, car son amour, à lui, était plein de confiance, croyant tout, espérant tout. Comment mettre en doute lâamour dans le cÅur de Philémon? Comment ne pas agir selon ce principe, et non selon la loi, auprès de ce fidèle serviteur des saints?
«Je te prie pour mon enfant que jâai engendré dans les liens, Onésime (le nom dâOnésime signifie profitable), qui tâa été autrefois inutile, mais qui maintenant est utile à toi et à moi», et encore, au v. 20: «Que moi, je tire ce profit de toi, dans le Seigneur». Le profit quâil voulait tirer de Philémon était de lui faire recevoir Onésime, mais il comptait si bien sur son amour quâil dit: «Lequel je tâai renvoyé, â lui, mes propres entrailles» (v. 12). Philémon avait «rafraîchi les entrailles des saints;» son amour cherchait toujours à leur venir en aide; il les avait encouragés, ranimés, réjouis dans leurs besoins divers. Lâapôtre ne lui demande pas ce même service pour lui, personnellement; il ne songe pas à lui-même; il avait certes besoin dâêtre rafraîchi, dans sa prison, par les témoignages dâamour quâil recevait de divers côtés, et combien peu nombreux en somme, pour celui qui avait voué sa vie à Christ, à son Åuvre et à ses rachetés; mais, quand il parle à Philémon, il nâa pas dâautres entrailles quâOnésime. Cet esclave, infidèle et transfuge, pas plus considéré, dans le monde dâalors, quâun vil bétail, sauf pour les avantages matériels quâon en pouvait tirer, il le considère comme ses entrailles à lui, ce quâil y avait de plus intime dans ses affections. Câest que la foi était née dans ce cÅur et que lâapôtre avait été lâinstrument de cette conversion; câest quâOnésime était devenu un enfant de Dieu et un enfant de Paul qui lâavait engendré dans ses liens. Les relations matérielles avaient disparu devant les relations spirituelles. Onésime était un nouvel homme. Aussi lâapôtre dit: Reçois-le, «lui, mes propres entrailles», et plus loin: «Rafraîchis mes entrailles en Christ». Et il ne doute pas un instant de lâobéissance de Philémon à lâappel de lâamour (v. 21).
Nâest-il pas merveilleux dâassister au développement des affections chrétiennes dans une âme? Nous apprenons à les connaître dâune manière toute particulière dans cette épître à Philémon. Puissions-nous aussi constater ces fruits de la vie divine les uns chez les autres.
Lâapôtre dit ensuite: «Moi, jâaurais voulu le retenir auprès de moi, afin quâil me servît pour toi dans les liens de lâévangile; mais je nâai rien voulu faire sans ton avis, afin que le bien que tu fais ne fût pas lâeffet de la contrainte, mais... volontaire». (v. 13-14). Comme il sâefface! Comme il essaie peu de maintenir ses privilèges et son autorité! Lui, le grand apôtre, sâassied, pour ainsi dire, aux pieds de Philémon pour recevoir son avis. Telle est la vraie humilité. Pour nous qui nâavons rien de cette autorité apostolique, nous abaisser ne devrait pas être chose difficile. Mais lâamour occupe une telle place dans le cÅur de Paul quâil sâabaisse au-dessous de Philémon, au-dessous même dâOnésime, esclave indigne, afin de pouvoir servir lâun et lâautre. Il sait que, par la contrainte, on est obligé de se soumettre, mais que par elle rien nâest produit dans le cÅur; et que lâamour, en sâabaissant, peut seul y faire naître lâamour. Paul voulait que ce quâil proposait à Philémon ne fût pas lâeffet de la contrainte, mais un acte de bonne et libre volonté envers son esclave fugitif.
«Car câest peut-être pour cette raison quâil a été séparé de toi pour un temps, afin que tu le possèdes pour toujours, non plus comme un esclave, mais au-dessus dâun esclave, comme un frère bien-aimé, spécialement de moi, et combien plus de toi, soit dans la chair, soit dans le Seigneur». (v. 15-16). Ainsi nous rencontrons partout lâamour dans cette courte épître! Paul veut que Philémon possède Onésime pour toujours, soit dans la chair, soit dans le Seigneur. Il y avait un lien selon la chair entre un maître et son esclave, car ce dernier faisait partie de la maison de son seigneur, mais quâétait ce lien, comparé à celui qui rendait Philémon et Onésime frères en Christ? Lâun devait posséder lâautre, non pas pour un temps, mais pour toujours. Dieu avait eu un but; il sâétait servi de lâingratitude et de lâinfidélité dâOnésime envers un bon maître, pour le mettre en rapport avec lâÃvangile et le convertir, et maintenant lâapôtre le renvoyait à Philémon, afin quâil se formât entre eux des liens nouveaux, qui ne pourraient pas même être rompus par la mort, des liens éternels.
Je crois, chers amis, que, dans nos rapports les uns avec les autres, nous oublions souvent lâimportance de ces liens-là . Des frères, des sÅurs en Christ, sont en relation sur le pied de lâamitié selon la chair, plutôt que sur celui dâune communion, formée par le Saint Esprit entre les membres de la famille de Dieu, entre les membres de Christ. Une telle chose ne devrait jamais avoir lieu. Cela ne signifie nullement que si vous voyez une âme faire des progrès dans lâamour, dans la piété, dans le dévouement pour Christ, dans la connaissance et la soumission à sa Parole, votre cÅur ne puisse goûter, dâune manière spéciale, la communion avec elle. On le voit dans les relations de Christ lui-même avec ses disciples; on le voit aussi dans cette épître. Paul était lié dâune manière particulière avec Philémon, parce quâil était un homme très dévoué et pieux; mais nous avons à nous mettre en garde, dans lâassemblée de Dieu, contre des liens contractés par une communauté de goûts, dâéducation, de position sociale, auxquels nous donnerions le pas sur les liens éternels dans le Seigneur.
«Comme un frère bien-aimé». Cet esclave était devenu, par sa conversion, le frère bien-aimé de Philémon, objet dâune affection particulière, comme il lâétait de Paul. «Si donc tu me tiens pour associé à toi, reçois-le comme moi-même» (v. 17).
Que cette parole de lâapôtre est touchante: Si tu me tiens pour associé à toi! Il donne à Philémon la première place, la place de dignité dans lâassociation, et met un tel prix à son affection quâil prend volontairement le second rang. De plus, il lui demande de recevoir son esclave, comme lui-même, lâapôtre, sachant fort bien comment Philémon le recevrait, lui. Il met un prix immense au caractère produit par la grâce et par la vie de Dieu dans cet être, autrefois abject et dégradé, et il met ce même prix au caractère de Philémon.
«Mais, sâil tâa fait quelque tort ou sâil te doit quelque chose, mets-le-moi en compte» (v. 18). On voit par là quâOnésime est supposé avoir fait du tort à Philémon ou sâêtre approprié quelque chose qui appartenait à son maître. «Moi, Paul, je lâai écrit de ma propre main; moi, je payerai, pour ne pas te dire que tu te dois toi-même aussi à moi» (v. 19). Ces mots: «Je lâai écrit de ma propre main», sont très frappants. Souvent lâapôtre écrit de sa propre main, soit des salutations, soit toute une épître, pour garantir et accréditer son contenu. Ici, il prend solennellement envers Philémon, lâentière responsabilité des actes quâOnésime avait pu commettre. Nâest-ce pas là reproduire le caractère de Christ qui a pris, vis-à -vis de Dieu pour nous, la pleine et entière responsabilité de tous nos actes? Il a payé notre dette jusquâà la dernière pite. De tels sentiments chez lâapôtre provenaient dâun cÅur en communion avec celui du Seigneur et qui connaissait la valeur de son sacrifice pour les siens. Il vivait si près du Sauveur quâil était capable de reproduire ses traits. Ãtienne ne faisait-il pas de même quand, sous les coups de ceux qui le lapidaient, il voyait Jésus et parlait comme lui? Lâapôtre ne veut pas exercer une contrainte sur Philémon et ne lui impose rien, sachant quâil ne se dérobera pas à son devoir; aussi dit-il: «Pour ne pas te dire que tu te dois toi-même à moi. Oui, frère, que moi je tire ce profit de toi, dans le Seigneur: rafraîchis mes entrailles en Christ. Ayant de la confiance dans ton obéissance, je tâai écrit, sachant que tu feras même plus que je ne dis. Mais, en même temps, prépare-moi aussi un logement, car jâespère que, par vos prières, je vous serai donné». (v. 20-22).
Avant de terminer, chers amis, je voudrais vous poser une question. Quâest-ce qui vous fait penser que Philémon ait obéi à ce que lâapôtre lui écrivait? Cette épître ne nous renseigne pas sur ce point, et cependant vous répondez: Personne ne me lâa dit, mais je le sais. Pourquoi le savez-vous, pourquoi tirez-vous cette conclusion? Câest que, votre certitude, vous la puisez dans lâamour, et que vous nâavez aucun doute à cet égard. Il est impossible, lorsque vous voyez ces trois hommes: lâapôtre avec un cÅur brûlant dâamour, Philémon tout rempli dâamour, et Onésime, servant Paul en amour comme un fils sert son père, puis consentant à se rendre auprès de Philémon pour y reprendre son joug, si son maître en décide ainsi â il est impossible, dis-je, que telle ne soit pas votre réponse. Philémon a écouté lâapôtre, parce quâun lien dâamour les unissait. Nos rapports individuels les uns avec les autres, nâont pas dâautre secret: notre conduite personnelle ne doit être réglée que par lâamour. Là où il manque, câest la ruine morale et irrémédiable; là où il sâaffaiblit, Christ est déshonoré et notre témoignage perd toute sa valeur.
«Ãpaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus, Marc, Aristarque, Démas, Luc, mes compagnons dâÅuvre, te saluent. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit!» (v. 23).
Ãpaphras, dans les passages où il est cité, a le caractère, soit dâesclave de Jésus Christ, soit de compagnon de captivité de lâapôtre. Marc avait été restauré après avoir été la cause de la séparation de Paul et de Barnabas; il était le compagnon dâÅuvre de lâapôtre, ainsi quâAristarque et Luc. Luc, le médecin bien-aimé, avait servi lâapôtre dans presque tous ses voyages missionnaires. Câest de lui que nous avons ce merveilleux évangile du caractère humain du Sauveur. Démas, hélas! aussi cité avec Luc dans les Colossiens, a mal fini: «Démas», dit Paul, «mâa abandonné, ayant aimé le présent siècle». (2 Tim. 4:10). Quelle fin pour un compagnon dâÅuvre de lâapôtre! il avait aimé le monde et avait abandonné le témoignage de Paul, prisonnier de Jésus Christ. Nâest-ce pas un sérieux avertissement pour nous? Le témoignage du Seigneur est incompatible avec lâamour du monde. Si ce service exige du renoncement, il est accompagné de si riches bénédictions et de si précieuses promesses, quâune inqualifiable légèreté peut seule le faire abandonner. De plus, les forces pour y marcher sâaccroissent à mesure quâon y avance, et la fraîcheur spirituelle sây renouvelle jusquâau bout, quand le cÅur est occupé de Christ, de sa personne, avec ses richesses insondables, de Christ, lâamour lui-même, dans sa fraîche, radieuse et suprême beauté
Démas avait abandonné ce chemin!
Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ nous y maintienne! Quâelle soit avec notre esprit!
Amen.