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Bible Commentaries
Tite 3

Commentaire biblique intermédiaireCommentaire biblique intermédiaire

versets 1-15

V. 1-2

«Rappelle-leur d’être soumis aux principautés et aux autorités, d’être obéissants, d’être prêts à toute bonne œuvre, de n’injurier personne, de n’être pas querelleurs, mais modérés, montrant toute douceur envers tous les hommes».

Rappelle-leur d’être soumis aux principautés et aux autorités. Les «principautés et les autorités» sont souvent mentionnées dans les épîtres. En Éph. 1:21, nous voyons le Seigneur ressuscité, assis à la droite de Dieu» au-dessus de toute principauté et autorité, et puissance, et domination», quelles qu’elles soient, dans le siècle présent et dans le siècle à venir.

Ces principautés et ces autorités se divisent en trois classes, comme faisant partie des êtres célestes, terrestres et infernaux de Phil. 2:10.

Éph. 3:10 nous parle des principautés et autorités célestes.

Éph. 6:12 des principautés et autorités sataniques.

Col. 1:16 des principautés et autorités célestes et terrestres instituées de Dieu.

Col. 2:10 des principautés et autorités célestes.

Col. 2:15 des principautés et autorités sataniques.

Notre passage enfin des principautés et autorités terrestres. Il arrivera un jour où toutes ces puissances ploieront le genou devant Lui, comme faisant partie de tous les êtres qui appartiennent à la sphère céleste, ou terrestre ou infernale.

Résumons en quelques mots tous les passages que nous venons de citer. Il y a des principautés et autorités ou des hiérarchies célestes et terrestres par lesquelles Dieu exerce son gouvernement. Elles ont toutes été créées par Christ. Il est et restera éternellement au-dessus de toutes. Une partie des principautés et autorités célestes est tombée sous la puissance de Satan lors de sa révolte contre Dieu. Il la dirige. En outre, comme prince de ce monde, il se sert des principautés terrestres pour faire la guerre à Christ. Les autorités célestes ou angéliques qui ne sont pas tombées et que Dieu a maintenues dans leur pureté primitive, sont à l’abri de ses entreprises, mais le Seigneur se sert même des autorités sataniques et de Satan lui-même pour accomplir Ses propres desseins; ainsi dans le cas de Job. De la même manière le Seigneur garde la haute main sur toutes les décisions des principautés et autorités terrestres qu’Il a instituées, et s’en sert, comme Il le fait de Satan, pour l’accomplissement de Sa volonté. Déjà maintenant Satan et les puissances sataniques dans les lieux célestes ont été vaincus et dépouillés à la croix, et le chrétien peut considérer le Diable comme un ennemi qui n’a plus pouvoir sur lui et auquel il n’a qu’à résister pour qu’il s’enfuie. Le temps est encore à venir, quoique très proche, où Satan sera chassé des lieux célestes et précipité sur la terre (Apoc. 12:9). Enfin le Dieu de paix le brisera sous nos pieds.

Dans notre passage (3:1), les principautés et autorités sont les puissances auxquelles le Seigneur a confié le gouvernement sur la terre. Elles sont tombées sous le pouvoir de Satan qui s’en sert pour faire la guerre à Christ, mais le chrétien est appelé à les reconnaître comme établies de Dieu dans leur caractère primitif, car c’est par elles que le Seigneur, dans son gouvernement, retient encore le plein développement du mal (2 Thess. 2:6). Quelque mauvais que soit leur caractère, quelque asservies qu’elles soient à Satan, le chrétien voit Dieu dans l’autorité et se soumet aux principautés et puissances terrestres comme provenant de Dieu, alors même que leur exercice serait entre les mains les plus abjectes et les plus hostiles.

Dans ces versets 1 à 2, Tite avait à rappeler diverses choses aux chrétiens de la Crète. Elles étaient au nombre de sept; de même aussi, au vers. 3, les choses qui les caractérisaient avant leur conversion avaient un nombre égal. Le nombre sept, comme nous l’avons déjà remarqué, indique la plénitude spirituelle, soit en bien, soit en mal.

1° La première chose que Tite devait leur rappeler était la soumission aux autorités instituées par Dieu dans ce monde. La soumission est mentionnée plusieurs fois dans cette épître, et très souvent ailleurs. La soumission à l’autorité consiste à ne pas nous soustraire à son joug et à reconnaître ses droits sur nous, comme lui étant donnés de Dieu. C’est ainsi que le Seigneur dit à Pilate: «Tu n’aurais aucun pouvoir contre moi, s’il ne t’était donné de Dieu». Il accepte d’être livré au magistrat et au pouvoir du gouverneur. Aux chap. 4 et 5 des Actes, ses disciples suivent le même chemin que lui. Ils rendent témoignage, devant les principaux, de leur foi au Seigneur Jésus, mais ne protestent pas contre l’autorité qui les a injustement saisis. — Que l’autorité soit juste ou injuste, nous devons toujours garder, vis-à-vis d’elle, le même caractère. Avant toutes choses, nous devons être soumis à Celui qui est élevé à la droite de Dieu et auquel anges, autorités et puissances sont soumis (1 Pierre 3:22). Quant à nous, nous devons être «soumis à tout ordre humain pour l’amour du Seigneur, soit au roi, comme étant au-dessus de tous, soit aux gouverneurs comme à ceux qui sont envoyés de sa part pour punir ceux qui font le mal et pour louer ceux qui font le bien» (1 Pierre 2:13-14). Dans cette épître de Pierre, comme dans la nôtre, la soumission est recommandée aux domestiques (2:18), aux femmes (3:1, 5), aux jeunes gens vis-à-vis des anciens (5:5). Enfin les chrétiens doivent être «soumis les uns aux autres» (Éph. 5:21).

D’être obéissants. L’obéissance diffère de la soumission. Cette dernière est passive, la première active. Elle a affaire à des commandements, à des ordres positifs. Cette injonction a en vue toute autorité qui, ayant le droit de commander afin d’établir l’ordre parmi les hommes, doit être écoutée et obéie1. Ici le mot: «être obéissants» ne fait pas allusion aux magistrats plus qu’à toute autre autorité; c’est plutôt un caractère que toute notre conduite doit porter, sans qu’il se rapporte à aucune autorité ou à aucun de ses actes particuliers. Ainsi l’on dit des enfants qu’ils sont obéissants sans en avoir sous les yeux une preuve spéciale. Il faut qu’il soit manifeste à tous que nous sommes prêts à répondre à tout ordre de Dieu, par quelque intermédiaire qu’il lui plaise de nous le faire parvenir.

1 Peitharcheo. C’est le même mot qu’en Actes 5:29, 32: «Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes» et «Ceux qui lui obéissent» (à Dieu). Et encore Actes 27:21: «Vous auriez dû m’écouter». Ce sont, avec notre verset, les seuls passages où ce terme se trouve.

L’on a souvent confondu la soumission avec l’obéissance au grand détriment des âmes pendant le terrible conflit qui a ensanglanté le monde. De tels passages n’impliquent nullement l’obéissance du chrétien aux autorités militaires pour user d’armes meurtrières à la guerre. Sous ce rapport, le chrétien est responsable vis-à-vis de Dieu. «Il lui faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes». L’idée que le soldat qui tue n’est responsable que vis-à-vis de son chef et que ce dernier seul est responsable vis-à-vis de Dieu, est un misérable subterfuge par lequel on cherche à éviter un commandement positif du Seigneur. «Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu» (Actes 4:19).

d’être prêts à toute bonne œuvre. C’est Dieu (non pas nous) qui prépare à l’avance les bonnes œuvres pour que nous y marchions; mais la part du croyant est d’être prêt à les faire, quelles qu’elles soient, quand Dieu les lui présente. Il ne doit pas être pris au dépourvu, en étant occupé de choses qui l’empêcheraient de les faire immédiatement.

de n’injurier personne. Cette recommandation est d’une grande importance. L’injure peut être proférée aussi bien en l’absence qu’en la présence de la personne injuriée. Il est parlé dans l’épître de Jude des rêveurs de la fin qui «injurient les dignités». C’est le caractère de l’anarchie moderne qui blasphème les dignités reconnues de Dieu. L’apôtre va plus loin encore et dit: personne. Dans les jours que nous traversons, où des coupables se sont livrés à toute sorte d’actes de fausseté et de violence, l’indignation pourrait facilement se faire jour, chez les chrétiens, par l’injure. Jamais la haine contre le mal, ni une indignation légitime, ne doit dégénérer ainsi. Une colère selon Dieu n’avait d’autre effet, chez notre Sauveur bien-aimé, que d’ouvrir les écluses de sa grâce (Matt. 17:17-18).

de n’être pas querelleurs. Cette qualité est négative comme la précédente. Les Proverbes sont remplis de recommandations à cet égard. Nous y voyons que la méchanceté, la haine, l’orgueil, la colère, la moquerie produisent les querelles. Ce n’est pas seulement dans le monde, mais dans la famille de Dieu que les esprits agités, parce que dépourvus de communion avec le Seigneur, recherchent les querelles. Combien il est donc important pour nous, d’éviter tout conflit qui pourrait réveiller cette tendance naturelle des cœurs!

(mais) modérés. Ce mot et son substantif (epieikès, epieikeia)1, signifie le caractère d’un homme doux et humble qui ne revendique pas ses droits. Le Seigneur Jésus n’a-t-il pas manifesté cette vertu dans la perfection quand «il était comme une brebis muette devant ceux qui la tondent», devant ceux qui le dépouillaient de tous ses droits et de toutes ses dignités, en sorte qu’il a été «retranché n’ayant rien» (Dan. 9:26). Ce caractère était aussi celui d’Abraham vis-à-vis de Lot, après que le patriarche eut fait en Égypte une amère expérience de lui-même. C’est alors qu’il abandonna tous ses droits plutôt que de faire un choix qui fût au détriment de son frère. Cette même douceur est recommandée aux anciens en 1 Tim. 3:3, unie comme ici à l’absence d’un esprit querelleur. En effet, rien n’engendre plus de querelles que l’insistance des hommes sur leurs droits. Cette même modération appartient en Jacq. 3:17 à la «sagesse d’en haut» qui présente sept traits caractéristiques, comme notre passage. En 1 Pierre 2:18, cette qualité est attribuée (et combien elle est nécessaire!) aux maîtres vis-à-vis de leurs serviteurs.

1 Traduit aussi, dans la Version Pau-Vevey, par «douceur», «clémence», «modération», «débonnaireté». (Phil. 4:5; 2 Cor. 10:1; Actes 24:4; 1 Tim. 3:3; Jacq. 3:17; 1 Pierre 2:18).

montrant toute douceur1, envers tous les hommes. Le caractère dont il est fait ici mention diffère du précédent. Il s’agit de cette douceur aimable, parce qu’elle est humble et débonnaire2, le contraire d’une sévérité rigide ou d’une dureté qui repousse au lieu de redresser, qui tient à distance au lieu d’attirer. Cette douceur est un des attributs de la grâce qui, dans la personne de Christ, «est apparue à tous les hommes» pour les attirer à Lui. Ne disait-il pas lui-même: «Apprenez de moi, car je suis débonnaire (ou doux, praos) et humble de cœur»! (Matt. 11:29).

1 Praotès, traduit par «douceur» dans tous les passages.

2 Voyez en 2 Cor. 10:1, ces deux vertus réunies en Christ: praotès, la douceur, et epieikeia, la débonnaireté.

V. 3

«Car nous étions, nous aussi, autrefois, insensés, désobéissants, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la malice et dans l’envie, haïssables, nous haïssant l’un l’autre».

Nous trouvons ici la contrepartie des choses que Tite avait à rappeler aux chrétiens de la Crète. Nous n’avons pas la description des traits moraux du paganisme, comme en Rom. 1:29-31, ni celle des traits moraux de la chrétienté aux derniers jours (2 Tim. 3:1-5); mais la description de ce que nous étions autrefois. Nous, dit l’apôtre, sans distinguer les Juifs d’avec les nations, nous n’étions pas autrefois différents de «tous les hommes». Ce fait rend les chrétiens capables de montrer toute douceur envers tous. Nous pouvons leur dire: Ce que vous êtes, nous l’étions. La grâce qui nous a appelés et sauvés vous appelle aujourd’hui pour vous sauver de la même manière. Elle est accessible à tous. C’est la philanthropie de Dieu; vous pouvez être sauvés de la même manière que nous.

Ce verset 3 est un tableau complet de l’état de tous les hommes, et par conséquent du nôtre dans le passé. Aussi est-il résumé sous sept chefs, de même que, plus haut, notre état produit par l’enseignement de la grâce.

Insensés. Ce mot décrit tout premièrement l’état de l’homme devant Dieu. Il dit dans son cœur: «Il n’y a point de Dieu». Ce caractère de l’homme pécheur est si manifeste que deux Psaumes (Ps. 14 et 53) reviennent à le mentionner. Ce n’est pas la bouche de l’homme, mais son cœur, qui parle ainsi. Toutes ses actions prouvent que Dieu est banni de sa vie, sinon, comment pourrait-il ne pas avoir peur de les commettre? Cela rend les hommes

désobéissants. Quand on ne tient pas compte de Dieu, ses ordres et ses commandements n’ont aucune prise sur le cœur et la conscience reste indifférente devant l’expression positive de la pensée de Dieu contenue dans la Parole.

égarés. (Héb. 3:10). C’est sortir des voies de Dieu ou les ignorer, et la désobéissance y conduit. La brebis perdue ne peut retrouver son chemin; il n’y a pour elle d’autre possibilité que d’être retrouvée par Celui même qu’elle a abandonné.

Asservis à diverses convoitises et voluptés.

Livrée à elle-même, l’âme égarée qui avait cru jouir de sa liberté loin de Dieu, ayant perdu Dieu et tout lien moral avec Lui, devient l’esclave de ce que Satan lui suggère, des convoitises qui revêtent parfois des formes plus ou moins élevées, et des voluptés dont le caractère principal est la satisfaction des désirs de la chair (2 Tim. 3:4).

vivant dans la malice et dans l’envie. Le cœur du pécheur trouve une satisfaction à suivre ses méchants instincts. Il y vit; c’est une de ses raisons d’être. L’envie qu’il porte à d’autres quand ils réussissent mieux que lui, et l’entravent en l’empêchant de les devancer, le pousse à exercer sa méchanceté à leur égard.

haïssables. Non seulement haïssables pour Dieu, comme en Rom. 1:30, mais, d’une manière générale, dignes d’être haïs. C’est une race qu’il est impossible d’aimer, et cependant c’est à elle que nous devons montrer toute douceur, car autrefois nous étions nous-mêmes comme eux.

nous haïssant l’un l’autre. Ici la haine est mutuelle. L’homme naturel ne hait pas par sentiment d’honnêteté et de justice; il ne connaît pas la «parfaite haine» du croyant à l’égard de ceux qui s’élèvent contre Christ (Ps. 139:21-22), car le Seigneur lui est étranger. Voyant le mal chez les autres, il est aveuglé sur le mal de son propre cœur. Aussi son prochain le hait avec la même intensité que lui.

V. 4-7

«Mais, quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes (sa philanthropie) sont apparus, il nous sauva, non sur le principe d’œuvres accomplies en justice, que nous, nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, qu’il a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur, afin qu’ayant été justifiés par sa grâce, nous devinssions héritiers, selon l’espérance de la vie éternelle».

La conclusion du v. 3, c’est que nous étions perdus. Comment donc sommes-nous arrivés à un état où nous n’avons plus besoin, comme aux vers. 1-2, que d’être exhortés à reproduire en toutes choses le caractère de Christ? C’est en vertu du salut, comme nous l’avons vu au chap. 2:11-14, et comme ce passage nous le répète: Il nous sauva (v. 5). Le chap. 2 nous a entretenus de la grâce inconditionnelle qui apporte le salut et qui est apparue dans la personne de Christ; ici c’est la bonté et la philanthropie de Dieu qui sont apparues. Le Dieu de bonté et d’amour a eu pitié d’êtres haïssables et perdus, tels que nous et ces deux caractères de Dieu sont apparus dans une personne, le Dieu Sauveur. Ce Dieu Sauveur est Jésus Christ, appelé «notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» (2:13), pour bien marquer que cet homme en qui la grâce est apparue à salut, n’est rien moins que Dieu, le grand Dieu. Remarquez que l’apôtre l’appelle toujours «notre Dieu Sauveur». Ceux qui sont au bénéfice de son œuvre peuvent seuls l’appeler notre. Il est le Dieu Sauveur pour tous; il «veut que tous les hommes soient sauvés», mais personne, si ce n’est les sauvés eux-mêmes, ne peut l’appeler notre Dieu Sauveur. Question sérieuse qui s’adresse à tous les lecteurs de ces lignes! Pouvez-vous dire: Mon Dieu? Si vous ne le pouvez, vous lui êtes encore étranger. L’apparition est le fait qu’un objet, invisible jusque-là, est rendu visible. Ainsi la bonté, l’amour de Dieu envers les hommes, ne sont apparus que lorsque l’homme, Christ Jésus, est venu ici-bas.

Les hommes parlent beaucoup de philanthropie. Un philanthrope estime toujours les hommes susceptibles de bonté, malheureux sans doute, coupables souvent, mais pouvant être relevés moralement et améliorés, comme ils peuvent l’être matériellement. Ce dont néanmoins le philanthrope ne doutera jamais un instant, c’est de sa propre bonté, et l’estime qu’il a pour lui-même le soutient dans l’œuvre qu’il a entreprise. Souvent toutefois, voyant ses essais infructueux, il finit par prendre l’humanité en dégoût, sans modifier en rien, cela va sans dire, son opinion de lui-même. Mais s’il lisait notre vers. 3, cet homme verrait que Dieu ne souffre pas d’exceptions et qu’il nous présente, peint par Lui-même, le tableau de tous les hommes, se haïssant, et non pas s’aimant, l’un l’autre. Les philanthropes sont aussi du nombre. Pour ne plus être haïssable et haïr, il faut, comme nous allons le voir, être sauvé et avoir reçu, par la nouvelle naissance, la nature de Dieu. Alors on peut aimer, mais même en possédant la nature divine, le croyant a besoin des exhortations de la grâce, telles qu’elles sont formulées dans les vers. 1-2. Enfin il est capable de montrer «toute douceur envers tous les hommes». Si les philanthropes se soumettaient à la parole de Dieu, y trouveraient-ils le tableau de ce qu’ils prétendent pratiquer? Dieu dit: «Il n’y en a aucun qui exerce la bonté, non, pas même un seul» (Rom. 3:12). La conclusion est qu’il n’y a pas d’homme inconverti qui soit philanthrope aux yeux de Dieu1.

1 Il va sans dire qu’en disant ces choses nous n’excluons nullement les sentiments naturels de pitié, de compassion pour les souffrances d’autrui, que l’on rencontre même là où le christianisme n’a jamais pu exercer son influence bienfaisante. C’est ainsi qu’en Actes 28:2 il nous est parlé de «l’humanité (philanthropie) peu ordinaire» dont les barbares usèrent envers Paul et ses compagnons.

Et cependant il existe un philanthrope: Dieu lui-même! Quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes (sa philanthropie) sont apparus, il nous sauva.

Dieu a été de toute éternité le Dieu d’amour, mais, à un moment donné, cet amour est apparu, a été manifesté. Comme la grâce est apparue dans la personne de Christ (2:11), l’amour de Dieu envers les hommes est apparu dans le don de Christ. Qui étaient donc les hommes dont il parle ici? Relisons une seconde fois le v. 3: «Asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la malice et dans l’envie, haïssables, nous haïssant l’un l’autre». Envers de tels hommes, Dieu a usé de «bonté» et c’est à son école que ceux qui sont nés de lui ont appris à montrer ce même amour envers les hommes. Ils ne peuvent plus les haïr, parce qu’ils ont reconnu, lors de leur conversion, qu’ils étaient encore plus haïssables que les autres. «J’ai horreur de moi», ont-ils dit comme Job, «et je me repens dans la poussière et dans la cendre». Jamais le plus grand philanthrope du monde ne pourra avoir de tels sentiments à l’égard de lui-même, car, chose concluante, il n’a pas besoin d’être sauvé pour être philanthrope. En revanche, la philanthropie de Dieu s’est montrée par le salut qu’il a opéré pour nous.

Au v. 5, nous trouvons le moyen que Dieu a employé pour nous sauver, mais il le fait précéder par l’indication du moyen qu’en dépit de toutes les pensées de l’homme, Dieu n’emploiera jamais pour son salut: Non sur le principe d’œuvres accomplies en justice, que nous, nous eussions faites. Les «œuvres de justice» sont celles que l’homme accomplit pour obtenir le salut, tandis que les «bonnes œuvres» sont la conséquence du salut obtenu. Les premières n’ont jamais procuré aux hommes ce que la grâce seule peut leur obtenir; ils prétendent pouvoir les faire, tandis que l’œuvre de Dieu est celle que Dieu a faite.

Nos œuvres étant exclues, ce qui est l’un des grands sujets des épîtres aux Romains et aux Galates, il ne nous reste pour seule ressource que l’œuvre de Dieu. Or, dans ce passage, nous trouvons, non l’aspect de cette œuvre opérée en dehors de nous, mais celle que Dieu opère en nous pour nous sauver. C’est en quelque mesure la différence entre la parabole du fils prodigue et les deux paraboles qui la précèdent au 15° chapitre de Luc.

Selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint.

Le salut est donc sur le principe d’une seule chose: sa propre miséricorde; mais Dieu emploie deux choses indispensables pour nous le procurer: le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint.

Le lavage de la régénération. Voyons ce que ce terme signifie.

Le lavage (Loutron) est l’eau du bain dans laquelle on est plongé. Ce lavage, tel que divers types de l’Écriture nous le présentent, signifie la mort par laquelle on est purifié du péché et délivré du vieil homme: ainsi le Jourdain où Naaman est purifié de sa lèpre; ainsi le baptême, où «nous avons été baptisés pour la mort de Christ». C’est, en effet, dans sa mort, que le vieil homme prend fin et que nous sommes «morts au péché». Ce en quoi le pécheur existait, ce qui le qualifiait, ses habitudes, ses pensées, tout cela a pris fin aux yeux de Dieu dans la mort de Christ. Dieu nous a sauvés en nous purifiant de ces choses. On ne peut entrer en relation avec Lui sans cette purification et c’est ce que Dieu a fait à notre égard en nous plongeant, pour ainsi dire, dans la mort de Christ. Ce même mot, «le lavage» (Loutron) est employé en Éph. 5:27 pour la purification de l’Assemblée que Christ «a aimée, se livrant Lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât en la purifiant par le lavage d’eau, par la parole».

Le bain de la purification a lieu une fois pour toutes et ne se renouvellera jamais: «Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds (quant à la purification journalière), mais il est tout net». Le lavage dont nous parlons a pour antitype l’eau ou le bain de la cuve d’airain.

Il y a une différence entre la cuve d’airain et l’eau qu’elle contient. L’airain représente la capacité de Christ de s’occuper du péché: soit pour l’expier par le sacrifice, comme à l’autel d’airain; soit pour l’abolir dans la mort, comme dans le bain de la cuve d’airain. Dans ce dernier cas, l’homme est placé devant Dieu, par la mort de Christ, dans un état de pureté qui correspond à la sainteté de Sa nature.

La cuve d’airain était construite avec les miroirs d’airain des femmes qui s’attroupaient à l’entrée de la tente d’assignation (Ex. 38:8). Par là ces femmes reconnaissaient, en type, leur péché et la capacité de Christ seul d’en porter la responsabilité. Elles se dépouillaient de ce qui avait servi à leur vanité. (L’or de leurs parures avait été employé pour faire le veau d’or (Ex. 32:2-3)). Maintenant elles étaient humiliées et ne pouvaient plus désormais se complaire à elles-mêmes en considérant leurs faces naturelles. Elles avaient devant leurs yeux un objet composé de tous ces miroirs fondus en un, et seul capable de les porter réunis. C’est ainsi que tous les croyants reconnaissent leur vie de vanité et de convoitises portée par Celui qui seul en a pris la responsabilité. Mais ils trouvent en même temps en Lui l’eau de leur purification, sortie du côté d’un Christ mort.

Ce lavage, comme nous l’avons dit, a lieu une fois pour toutes par la Parole qui nous présente la mort de Christ comme mettant fin à notre état d’hommes pécheurs et souillés. Mais, pour la marche et pour tout acte de service sacerdotal, il est besoin, outre la purification initiale, d’une purification journalière. C’est le lavage des pieds dont notre passage ne parle pas, parce qu’il ne traite que du salut.

Considérons maintenant ce que signifie ce terme: le lavage de la régénération. La régénération est le passage de notre ancien état à un état nouveau, de notre vie dans la chair à une vie de résurrection, de l’état de Christ mort, à l’état de Christ ressuscité, de l’ancienne création à la création nouvelle. La régénération n’est pas une nouvelle nature communiquée (nous allons la voir dans le «renouvellement de l’Esprit») comme cela a lieu dans la nouvelle naissance où l’on est «né d’eau et de l’Esprit». La régénération est une position de bénédiction dans laquelle nous sommes amenés maintenant par la puissance divine en Christ et dans laquelle nous serons établis publiquement quand le Seigneur viendra en gloire. Cette position nous la saisissons maintenant par la foi. Nous sommes délivrés du pouvoir des ténèbres et «transportés dans le royaume du Fils de son amour». C’est en cela que consiste la régénération, mais elle n’aura sa pleine manifestation que dans la gloire. C’est pourquoi le Seigneur dit à ses disciples: «Dans la régénération, quand le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël» (Matt. 19:28). C’est par le lavage de la régénération que nous sommes sauvés (1 Pierre 3:20). On peut être converti ou vivifié, comme Corneille, avant d’être sauvé: c’est-à-dire amené à l’état chrétien, tel qu’il nous est révélé dans le Nouveau Testament.

Le lavage est donc le lavage de la régénération. Il a trait à ma vie ancienne qui a trouvé son terme dans la mort de Christ.

Le renouvellement de l’Esprit Saint a trait à ma vie nouvelle. Le croyant est renouvelé, acquiert cette vie nouvelle, par le Saint Esprit. Cette puissance divine produit en lui des pensées, des habitudes et des désirs nouveaux, en contraste avec tout ce qui appartenait à son vieil homme, à l’homme dans la chair, à l’homme pécheur et perdu.

(Qu’il a répandu richement sur nous par Jésus Christ notre Sauveur).

Cette phrase forme, comme nous le marquons ici, une petite parenthèse. Les mots qui suivent «afin qu’ayant été justifiés par sa grâce» se rapportent, non pas à «Jésus Christ notre Sauveur», mais à «notre Dieu Sauveur» du v. 4.

L’Esprit Saint ne s’est pas borné à nous communiquer une vie nouvelle, car Dieu l’a répandu richement sur nous, et Jésus Christ, notre Sauveur, est Celui duquel nous le tenons directement. C’est Lui qui, «ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis, a répandu», dit l’apôtre, «ce que vous voyez et entendez» (Actes 2:33). Il est répandu richement, sans compter, car «Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure» (Jean 3:34), et nous avons maintenant «la vie en abondance» (Jean 10:10).

Afin qu’ayant été justifiés par Sa grâce nous devinssions héritiers selon l’espérance de la vie éternelle.

Le mot afin se rapporte à la fois au «lavage» et au «renouvellement», et en est la conséquence. C’est par ces deux choses: la purification et le don du Saint Esprit que nous devenons héritiers selon l’espérance de la vie éternelle. Ayant été justifiés par la grâce du Dieu Sauveur (non par des œuvres de justice), et possédant la vie éternelle, en vertu du salut qu’il nous a acquis par le lavage et le renouvellement, nous sommes héritiers selon l’espérance de cette vie éternelle dont l’apôtre a parlé au chap. 1:2. — Il faut mourir en Christ pour avoir part au royaume du Dieu Sauveur, et c’est à quoi correspond le lavage de la régénération; mais il faut avoir reçu la puissance d’une vie nouvelle pour être héritier selon l’espérance de cette vie, et c’est à quoi correspond le renouvellement de l’Esprit Saint. Le lavage de la mort en Christ nous sépare entièrement de notre ancienne position; la résurrection avec Christ et la vie nouvelle que nous possédons en Lui, nous introduisent dans une position nouvelle comme héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ.

Nous venons, dans les vers. 5 à 7 de passer en revue les sept caractères qui appartiennent au salut, tandis que dans les v. 1 à 2 nous avions passé en revue les sept traits caractéristiques des enfants de Dieu et au v. 3 les sept traits par lesquels le monde se distingue. Les sept caractères du salut sont donc les suivants: 1° Les œuvres de justice en sont exclues. 2° Il dépend de la miséricorde du Dieu Sauveur. 3° Il a lieu par le lavage de la régénération, et 4° par le renouvellement de l’Esprit Saint. 5° Cet Esprit a été répandu richement sur nous. 6° Nous sommes justifiés par la grâce du Dieu Sauveur. 7° Nous sommes devenus héritiers de la vie éternelle. Tant il est vrai que dans cette épître, pour ne parler que d’elle, le chiffre 7 est le chiffre des choses complètes auxquelles il est impossible de rien ajouter!

V. 8

«Cette parole est certaine, et je veux que tu insistes sur ces choses, afin que ceux qui ont cru Dieu s’appliquent à être les premiers dans les bonnes œuvres; ces choses sont bonnes et utiles aux hommes».

Cette parole est certaine: c’est-à-dire la parole de la miséricorde de Dieu qui sauve et justifie, et qui donne à ceux qui ont cru la vie éternelle comme héritage: la jouissance de ses pleins résultats dans la gloire.

La parole de la loi a été ferme: elle a toujours pour résultat «une juste rétribution» (Héb. 2:2); la parole de la grâce est certaine. Lorsque ce terme est employé, il est toujours question de la grâce, et les «paroles certaines» sont très fréquentes dans les épîtres à Timothée et à Tite.

En 1 Tim. 1:15, la «parole certaine et digne de toute acceptation» est que Christ est venu dans ce monde pour sauver des pécheurs.

Au chap. 3:1, de cette même épître, c’est «une parole certaine» que celui qui «aspire à la surveillance désire une œuvre bonne». Aspirer à cette charge, c’est désirer être soi-même irréprochable (v. 2) pour conduire les autres dans le même chemin, à la gloire de Dieu, fonction qui, certes, n’est pas indifférente, mais a une haute valeur, puisqu’il s’agit de tout le témoignage pratique de la maison de Dieu ici-bas. Aussi cette fonction est-elle appelée «une bonne œuvre».

Au chap. 4:8, l’apôtre dit que «la piété est utile à toutes choses, ayant la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir», et il ajoute: «Cette parole est certaine et digne de toute acceptation». Il accentue ainsi, comme au chap. 1:15, la certitude de la parole qui engage à la piété, selon l’enseignement divin. L’apôtre ajoute qu’il travaillait et supportait l’opprobre en vue de cela. Pour enseigner la piété aux autres, il faut être soi-même un modèle de piété, en espérant dans le Dieu vivant qui est le Conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles.

En 2 Tim. 2:10-12, nous trouvons une «parole certaine» qui embrasse toute l’œuvre de la rédemption: «le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle»; la mort et la vie avec Lui; les souffrances et le règne avec Lui. N’est-ce pas un programme complet de certitude?

Ici, en Tite 3:8, la «parole certaine» a beaucoup de rapport avec celle de 2 Tim. 2:11, car il s’agit du salut, de l’œuvre par laquelle il nous est acquis, du don de l’Esprit, de la vie, et de l’héritage éternels. Cela aussi est un programme complet.

Et je veux que tu insistes sur ces choses. L’enseignement de Tite devait insister particulièrement et revenir sans cesse sur les choses qui sont le fondement même du salut. Au chap. 2:15, il devait annoncer les choses enseignées par la grâce qui apporte le salut. Ces choses avaient trait à toute la vie pratique du chrétien. Tite devait reproduire cet enseignement. Il en est à peu près de même ici: Tite devait insister sur le fondement même du salut qui a pour origine l’amour de Dieu et sa miséricorde en Christ, ainsi que sur l’œuvre qu’Il accomplit dans le cœur des croyants.

Le résultat de cet enseignement était que ceux qui avaient cru Dieu devaient s’appliquer à être les premiers dans les bonnes œuvres, résultat pratique au premier chef, et sur lequel nous ne pouvons assez insister, en considérant dans cette courte épître les fruits pratiques de la bonne doctrine et du sain enseignement dans la maison de Dieu. Tel, du reste, devrait toujours être le christianisme. Nous ne sommes pas créés de nouveau, justifiés par grâce, héritiers selon l’espérance de la vie éternelle, pour jouir simplement de ces privilèges, mais pour qu’ils exercent une influence bénie et puissante sur notre marche et sur les moindres détails de notre conduite dans ce monde. La connaissance de ces choses doit nous faire marcher en tête dans les bonnes œuvres, soit en la présence de nos frères, soit devant le monde. Plus la connaissance de l’œuvre de la grâce est grande, plus brillant doit être le témoignage, et plus intense l’activité chrétienne. Puissent tous les enfants de Dieu qui sont à l’école de la grâce répondre à cette obligation!

Nous ne reviendrons pas sur la question des bonnes œuvres déjà traitée en détail. La quantité de passages qui les mentionnent dans le Nouveau Testament, montre quelle en est l’importance1. Remarquons seulement qu’une vie chrétienne sans bonnes œuvres est une vie inutile pour Christ. Quel réveil pour les chrétiens, lesquels n’ont pas compris que celui qui vit de la vie de Christ ne peut plus «vivre pour lui-même» (2 Cor. 5:15), quand ils découvriront le rôle insignifiant que leur Seigneur et Sauveur, et l’activité pour Lui, ont joué dans leur existence!

1 Nous citons tous ces passages pour les chrétiens qui désirent en faire l’étude: Matt. 5:16; 26:10; Marc 14:6; Jean 10:32; Actes 9:36; Rom. 2:7; 13:3; 2 Cor. 9:8; Éph. 2:10; Phil. 1:6; Col. 1:10; 2 Thess. 2:17; 1 Tim. 2:10; 3:1; 5:10, 25; 6:18; 2 Tim. 2:21; 3:17; Tite 1:16; 2:7, 14; 3:1, 8, 14; Héb. 10:24; 13:21; 1 Pierre 2:12.

Ces choses sont bonnes et utiles aux hommes.

Elles sont bonnes aux yeux de Christ et aux yeux des fidèles, mais de plus elles sont «utiles aux hommes». L’œuvre de Christ est utile aux hommes, puisque sa grâce est apparue à tous les hommes, ainsi que l’amour de Dieu envers eux (2:11; 3:4), mais maintenant nous avons à continuer cette œuvre de grâce par notre conduite au milieu des hommes, afin de leur en démontrer la valeur. L’œuvre de l’évangélisation dans ce monde, l’annonce de l’amour de Dieu envers les pécheurs est d’une importance illimitée, mais la conduite des chrétiens est souvent une évangélisation beaucoup plus puissante que les paroles qu’ils pourraient prononcer. (Voyer 1 Thess. 1:8). Voilà ce que Tite devait rechercher, mais il avait aussi des choses à éviter:

V. 9

«Mais évite les folles questions et les généalogies, et les contestations, et les disputes sur la loi, car elles sont inutiles et vaines».

Si les premières choses étaient utiles, celles-ci étaient inutiles.

Les généalogies1, se rapportent à des doctrines judéo-platoniciennes qui de bonne heure avaient envahi le christianisme (1 Tim. 1:4). Dans cette même catégorie rentraient les folles questions soulevées par des gens à propre volonté qui ne souffraient pas d’être contredits par d’autres (2 Tim. 2:23). Les contestations en étaient la suite. Les disputes sur la loi sont ces minuties, jeux de l’intelligence rabbinique, qui traitait la loi comme matière à discussion, au lieu de l’appliquer à la conscience. Ces disputes sont inutiles et vaines; le résultat pour les âmes est nul, car toute vérité qui n’amène pas les hommes à la connaissance de Dieu et à une vie de sainteté, est sans valeur. Ce n’est que «vain babil» (1 Tim. 1:6).

1 Voyez note à 1:14.

V. 10-11

«Rejette l’homme sectaire après une première et une seconde admonestation, sachant qu’un tel homme est perverti et pèche, étant condamné par lui-même».

Toutes les choses qui précèdent, Tite devait les éviter, sans y voir &mdash quelque blâmables qu’elles fussent, et pour le moins inutiles et vaines — des cas d’exclusion. Il suffisait de se tenir à part des «folles questions» et d’y rester étranger pour voir tarir ce courant malsain qui cherchait à s’infiltrer parmi les saints. Il y avait cependant des cas où Tite, auquel l’apôtre avait conféré l’autorité pour mettre «en bon ordre» le fonctionnement de l’assemblée, devait user de cette autorité pour empêcher les sectes.

Les divisions pouvaient être occasionnées au sein de l’Assemblée par les choses mentionnées au v. 9: «contestations, disputes sur la loi», etc., sans que l’unité du corps de Christ en fût attaquée (1 Cor. 1:10; 11:18). Les sectes séparaient les frères de l’assemblée elle-même, et l’homme qui les produisait devait être traité sans ménagement. Il cherchait à grouper autour de lui un certain nombre de fidèles, se constituant lui-même comme centre de rassemblement. Il reniait ainsi pratiquement l’unité du corps de Christ et le seul centre de cette unité qui est Jésus lui-même. Les doctrines d’un tel homme pouvaient fort bien n’être pas des doctrines antiscripturaires, auxquelles on a l’habitude de donner le nom d’hérésies. Il suffisait de sortir une vérité de sa place en lui donnant un rôle exagéré dans l’ensemble des doctrines scripturaires, et de réunir les chrétiens autour de ce principe, qu’il fût vrai ou faux, et autour de l’homme qui l’incarnait, pour créer une secte, qui se séparait de l’Assemblée de Christ. Celui qui prend cette place et qui devient par là le chef d’un parti, ou d’une «église» de sa façon, doit être rejeté sans ménagement, car il a rompu l’unité et fait outrage à Christ, Chef du corps; mais il ne doit pas être rejeté sans une admonestation préalable, ayant pour but de le retirer de sa mauvaise voie et de prévenir une rupture dans l’Assemblée. Il faut aussi que l’admonestation ne soit pas faite précipitamment. La première doit être suivie d’une seconde. Elles doivent être bien distinctes l’une de l’autre, et solennelles. Tite savait (v. 11) en agissant avec autorité, mais avec mesure, qu’un tel homme était perverti; son âme était détournée du bien vers le mal, et s’il ne se repentait pas à la première répréhension, c’est qu’il péchait, le sachant et le voulant; or le péché, la propre volonté, est la condamnation de l’homme par lui-même.

V. 12-15

«Quand j’enverrai Artémas auprès de toi ou Tychique, empresse-toi de venir auprès de moi à Nicopolis, car j’ai résolu d’y passer l’hiver. Accompagne avec soin Zénas, le docteur de la loi, et Apollos, afin que rien ne leur manque; et que les nôtres aussi apprennent à être les premiers dans les bonnes œuvres pour les choses nécessaires, afin qu’ils ne soient pas sans fruit.

Tous ceux qui sont avec moi te saluent. Salue ceux qui nous aiment dans la foi. Que la grâce soit avec vous tous» (v. 12-15).

Chaque parole de l’Écriture sainte a de l’importance. Après en avoir donné tant de preuves dans cette Étude, nous en avons un dernier exemple dans les quelques versets qui terminent cette épître.

Nous y voyons d’abord que les fonctions de Tite en Crète, contrairement aux assertions des théologiens, n’avaient aucun caractère permanent. Sa mission achevée, et quand Artémas ou Tychique seraient venus auprès de lui, Tite devait se hâter de rejoindre, à Nicopolis, l’apôtre qui avait résolu d’y passer l’hiver. Peut-être est-il fait allusion à ce voyage de Tite en 2 Tim. 4:10, mais dans ce cas en l’absence de l’apôtre qui, de nouveau prisonnier à Rome, savait que le temps de son départ était arrivé.

Quant à Tychique, il est toujours représenté comme envoyé par Paul pour renseigner les assemblées au sujet de ses propres circonstances et rapporter à l’apôtre des nouvelles de leur état. Zénas, le docteur de la loi1, et Apollos sont annoncés comme étant sur le point de visiter la Crète. Or Tite n’avait pas à se confiner à sa mission spéciale, mais à prendre soin d’eux, en sorte que rien ne leur manquât. Paul montre ici une sollicitude particulière pour ceux qui n’étaient pas spécialement associés avec lui dans l’œuvre. Mais si Tite devait montrer ce zèle pour les frères étrangers qui ne faisaient pas partie de l’entourage de l’apôtre, «les nôtres» aussi, dit-il, c’est-à-dire tous les saints en Crète, devaient apprendre (et comment ne l’auraient-ils pas appris, ayant un tel exemple sous les yeux) (voyez aussi 2:6-7), à être les premiers dans les bonnes œuvres pour les choses nécessaires. Ces «choses nécessaires» n’étaient pas seulement de pourvoir aux besoins des pauvres, mais aux besoins des fidèles serviteurs de Christ, dont il est dit autre part qu’ils étaient «étrangers» et qu’ils étaient «sortis pour le Nom» (3 Jean 7). Ces bonnes œuvres étaient une fonction qui incombait à tous les fidèles et sans laquelle ils auraient été sans fruit.

1 Probablement «le jurisconsulte» plutôt que «le docteur de la loi mosaïque».

On voit au v. 15 que l’apôtre était encore entouré, à ce moment-là, des frères qui étaient son cortège habituel, tandis que, dans la deuxième épître à Timothée, tous l’avaient abandonné, sauf Luc, son fidèle compagnon et serviteur (2 Tim. 1:15; 4:10). L’apôtre lui-même salue ceux qui l’aiment, dans cette foi commune qui lie les chrétiens entre eux, ainsi qu’avec Dieu et avec Christ. Son dernier souhait, qui devrait être continuellement le nôtre, est que la grâce soit avec tous les saints.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Titus 3". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/titus-3.html.
 
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