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Sunday, November 24th, 2024
the Week of Christ the King / Proper 29 / Ordinary 34
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Bible Commentaries
2 Rois 6

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versets 1-33

Chapitre 6:1-23

V. 1-7 — Les fils des prophètes et le Jourdain

Avant d’aborder le sujet de ces quelques versets, nous désirons récapituler l’histoire des «fils des prophètes», telle que ce livre nous la présente. Les fils des prophètes, nous l’avons vu, représentent le résidu prophétique d’Israël, mis en rapport avec le Messie, par son Esprit, aux temps de la fin.

Au chapitre 2, ils sont encore dispersés çà et là, les uns à Béthel, les autres à Jéricho. Ils possèdent une connaissance partielle des pensées de Dieu; ils savent, par prophétie, que l’Éternel va enlever Élie, mais une vraie intelligence leur manque. Ils ne sont pas encore réunis, avec un caractère commun qui les forme, pour ainsi dire, en corps de témoignage. Les uns restent à Béthel, s’attachant aux promesses de Dieu, les autres à Jéricho, sentant le poids de la malédiction de Dieu contre son peuple. Ils ne s’arrêtent pas au Jourdain et, en figure, n’en comprennent pas la valeur. Ils ne connaissent pas encore toute l’efficace de la mort de Christ qu’ils contemplent à distance (2:7). Ils montrent leur ignorance de sa résurrection, car, en cherchant le corps d’Élie, ils cherchent «parmi les morts Celui qui est vivant».

On les voit ensuite (4:1-7) dans la détresse; la mort passe au milieu d’eux, et leurs veuves manquent de moyens de subsistance. C’est alors, qu’en type, l’huile dont ils ont besoin, l’Esprit, leur est versé par le ministère d’Élisée. On les trouve, après cela, rassemblés en un corps de témoignage autour du prophète à Guilgal. Le jugement d’eux-mêmes, l’affliction et la repentance, les caractérisent — toujours en type. C’est alors qu’ils apprennent la valeur de la sainte humanité de Christ, venu dans ce monde pour leur apporter la vie quand «la mort est dans la marmite», parce qu’ils n’avaient pas su distinguer le bon fruit du mauvais. C’est là que, dans leur extrême pauvreté, en un temps de famine et de tribulation, l’Éternel nourrit ses pauvres témoins. C’est enfin, dans ce même lieu, comme jadis Israël à son entrée en Canaan, qu’ils se nourrissent en figure d’un Christ humilié et ressuscité, et apprennent à le connaître. Peu à peu leur intelligence spirituelle s’étend, marquée par une appréciation croissante du Seigneur.

Après ces choses, le Jourdain, déjà présenté auparavant comme la mort, suivie de la résurrection de Christ, est montré, au chap. 5, comme le seul moyen de purification des gentils, envers lesquels il commence à manifester son influence avant que le résidu prophétique y participe. Mais, demeurant à Guilgal, il ne peut y rester indéfiniment. Ce temps de grâce envers les gentils est celui où son nombre se complète. «Tu vois que ce lieu où nous habitons devant toi est trop étroit pour nous» (6:1). Il s’agit pour eux de faire un pas de plus, de trouver un autre lieu d’habitation que celui, quelque précieux qu’il soit, de l’affliction et de la repentance. Ce lieu, c’est le Jourdain. Ils connaissent maintenant la valeur du Jourdain. La mort y avait été annulée par la puissance de l’esprit d’Élie; le prophète y avait passé pour monter au ciel. Élisée y était revenu en puissance pour leur apporter la bénédiction. Ils connaissaient déjà la mort de Christ comme le seul chemin possible pour recevoir le don du Saint Esprit. Ils venaient de la connaître comme la purification de la souillure des gentils, dans le temps même où cette souillure s’attachait à Israël infidèle (Guéhazi). Le Jourdain merveilleux qui a guéri la souillure de Naaman est la source toujours ouverte pour la souillure d’Israël. Le résidu désire s’y construire une maison et y habiter; il reconnaît enfin que cette mort est pour lui le lieu de la bénédiction et du repos. Tel est le point où les fidèles aboutissent. Quand ils ont atteint cet endroit, ils y restent, y demeurent ensemble; ils ont trouvé le repos, un nid comme l’hirondelle, une maison comme le passereau.

Élisée approuve leur dessein et les met à l’épreuve, en leur disant: «Allez». Mais comment iraient-ils sans lui? Il leur faut y habiter sous la direction de l’Esprit de Christ, sinon la bénédiction ne serait pas avec eux. Comment l’Esprit de Christ resterait-il à Guilgal, tandis qu’eux iraient habiter au Jourdain sans lui?

Comme le Seigneur, alors que Jaïrus faisait appel à lui pour sa fille, Élisée consent à venir avec ses serviteurs. Il dit: «J’irai» (v. 3). Arrivés au bord du Jourdain, ils travaillent, mais subitement le travail est interrompu. Un fils de prophète perd dans le fleuve son instrument qui n’est pas même à lui, car il l’a emprunté. Sa pauvreté, son incapacité sont ainsi manifestées; il est sans ressource. Le fleuve de la mort engloutit toute son espérance. Élisée seul, Christ en Esprit avec le résidu, peut y remédier. La mort est vaincue; elle n’a pas seulement le don de purifier, mais elle rend au croyant la puissance perdue, pour travailler à l’œuvre de Christ et faire habiter Israël en sécurité. Tout vient de lui, de la puissance de son Saint Esprit, de la vertu de sa mort. C’est lui qui dirige l’œuvre, qui donne les moyens de l’accomplir, qui remplit le cœur des siens du sentiment de leur incapacité, qui affermit l’œuvre de leurs mains (Ps. 90:17). Sans cet événement, le résidu prophétique pourrait avoir confiance en son intégrité très réelle, en sa capacité pour faire l’œuvre de Dieu en Israël. L’Esprit de Christ seul a le secret de mettre la force entre ses mains, afin de le faire travailler à son œuvre.

Notons que tout cela se passe au milieu de la ruine du peuple, et que ce n’est pas encore l’image de la possession paisible des bénédictions millénaires. Élisée seul pouvait habiter au Carmel. Il s’agit ici des expériences graduelles du résidu prophétique, occupé à bâtir une maison d’habitation où Élisée puisse être avec lui pendant le règne du roi profane. C’est le moment, décrit au Psaume 90, où Christ «se repent à l’égard de ses serviteurs» (v. 13). Il leur vient en aide dans toutes leurs infirmités. Le même moyen qui, jadis, avait changé en eaux douces les eaux de Mara, donne la puissance pour l’œuvre au résidu et fait rendre à la mort ce qui semblait perdu, anéantissant du même coup toute prétention du créancier de ce pauvre peuple à réclamer ce qui leur avait été confié sous le régime de la loi.

Nous ne pouvons assez insister sur la valeur prophétique de ces récits. Ce n’est pas, nous allons le voir, qu’on ne puisse y trouver une application évangélique, comme en toute autre partie des Écritures, mais constatons qu’il est bon de remettre ces événements dans leur cadre naturel, pour éviter des interprétations hasardées. Cela dit, abordons l’explication morale de ce récit, applicable à nos circonstances.

Le Jourdain est un lieu excellent d’habitation pour le croyant. Il lui faut toujours demeurer là où il est crucifié avec Christ. C’est là que nous trouvons la puissance du Seigneur avec nous; c’est là que, réunis autour de lui, nous réalisons l’unité de l’Église: «Nous y bâtirons un lieu pour y habiter» (v. 2). C’est là que le Seigneur se rend volontiers avec les siens pour leur accorder son aide et sa puissance quand ils l’y invitent. Il reconnaît et approuve la simplicité de cœur, qui réalise que la bénédiction se trouve à l’endroit où le néant de l’homme a été prouvé dans Sa mort. Sans sa présence personnelle avec son peuple, tout notre travail serait inefficace. Alors son aide ne manque pas, quand nous mettons la main à l’œuvre.

Le fer du fils des prophètes n’avait pas été, comme pour Israël, un instrument de mort pour son prochain (Deut. 19:5), et cependant, même dans ce dernier cas, il y avait une ressource pour le peuple qui, dans son ignorance, avait été l’instrument de la mort de Christ, car il pouvait s’enfuir dans la ville de refuge.

Dans la scène qui nous occupe, le travail est tout simplement interrompu, un travail entrepris pour la famille de Dieu. Mais quel monde que celui où un fils de prophète n’a pas même un instrument de travail qui lui appartienne! Christ répond toutefois au moindre besoin des fils de son peuple. Il est plein de compassion pour l’angoisse d’un pauvre cœur humain, à propos d’un instrument perdu. Cette perte, quelque infime qu’elle soit, émeut son cœur. Le miracle est enfantin, pour ainsi dire, mais c’est un miracle d’amour. Le monde, en lisant ce passage, peut bien l’accueillir d’un rire moqueur. Est-il croyable dira-t-il, que Dieu nous révèle de tels enfantillages? Le croyant comprend cette sollicitude et en jouit avec adoration. Il sait que Dieu est pour lui et que Celui qui, pour nous, a livré son propre Fils, nous donne toutes choses avec Lui. Il pourvoit aux moindres besoins des siens, mettant en œuvre le même amour qui a pourvu aux plus grands. Christ lui-même, qui s’est abaissé jusqu’à la mort, peut, bien mieux qu’Élisée pour les prophètes, sympathiser à nos infirmités et y pourvoir.

Ce passage nous offre encore une instruction. À Mara, un bois, symbole de la croix de Christ, avait ôté l’amertume des eaux, symbole de la mort; ici, le même moyen abolit la puissance de la mort, qui retient l’objet dont elle s’est emparée.

La mort, dont on ne revient pas, est depuis le péché de l’homme sa destinée naturelle. La croix seule, du moment qu’elle intervient, est capable de vaincre et d’annuler cette puissance inexorable, elle se met à notre service pour nous restituer nos biens, et la mort vaincue ne peut plus rien garder de ce qui nous appartient.

V. 8-23 — Dothan

La guérison du chef de son armée ne semble avoir produit aucun effet sur la conscience du roi de Syrie. Ses bandes avaient déjà fait mainte incursion sur le territoire d’Israël (5:2, conf. 23), et les rapports entre les deux rois étaient assez tendus pour que, dans l’affaire de Naaman, le roi d’Israël supposât que celui de Syrie «cherchait une occasion contre lui» (5:7).

Il ne s’agit plus maintenant d’escarmouches: la guerre a éclaté tout de bon. Le roi de Syrie dresse son camp ci et là, cherchant à attirer Joram dans le piège, par son ignorance des mouvements de l’adversaire; mais il compte sans Dieu. Élisée vient en aide au roi d’Israël, l’avertissant bien des fois de la situation du camp syrien. La faveur de Dieu reposait-elle donc sur Joram? Nullement, car le cœur du roi n’était pas changé depuis le jour où Élisée lui avait dit: «Qu’y a-t-il entre moi et toi? Va vers les prophètes de ton père et vers les prophètes de ta mère». Mais Dieu voulait prouver au roi de Syrie et à son armée qu’il y avait un prophète en Israël, que l’Éternel était là, comme il l’avait déjà montré une fois lors de la guérison de Naaman. En agissant ainsi, il montrait sa longue patience envers Joram et son peuple, et si, en présence de telles faveurs, ce méchant roi ne se tournait pas vers l’Éternel, il n’avait plus d’excuse.

Voyant ses desseins continuellement déjoués, le roi de Syrie suppose une trahison de son entourage, car l’idée de Dieu et de son intervention — cela ressort constamment du cours de ces récits — ne se présente pas même à son esprit. Le monde pense toujours ainsi; il attribue tous les événements de sa vie à des causes secondes, plutôt que d’y voir la main de Dieu. L’un des serviteurs du roi, plus au fait que lui du véritable état des choses, le détrompe. Le discernement et la connaissance spirituels décroissent généralement en raison de l’élévation de l’homme, et ceux qui auraient le plus d’intérêt à savoir la vérité sont ceux qui la connaissent le moins. «Élisée, le prophète qui est en Israël, déclare au roi d’Israël les paroles que tu dis dans ta chambre à coucher» (v. 12). Pensée pénible, angoissante, effrayante même! Quoi! un personnage invisible est «au fait de toutes mes voies; car la parole n’est pas encore sur ma langue» que voilà, il la connaît tout entière! (Ps. 139:3, 4). Quand le cœur manque d’honnêteté, ne se rend pas à cette constatation et ne s’écrie pas: «Où irai-je loin de ton Esprit? et où fuirai-je loin de ta face?» il s’étourdit ou s’insurge contre Dieu. C’est ce qui arrive au roi de Syrie: «Allez», dit-il, «et voyez où il est, et j’enverrai et je le prendrai». Il n’a qu’une pensée: se débarrasser du prophète et éteindre ce regard qui fixe chacun de ses mouvements; alors il se sentira délivré de ce témoin gênant qui ne lui permet ni de suivre sa volonté, ni d’accomplir ses desseins. Aussi déploie-t-il toutes ses forces, une armée entière, chevaux et chars, pour se saisir d’un seul homme! Le monde est toujours gêné par la présence de Dieu. En Gethsémané, une compagnie de soldats et une foule, et des huissiers, tous armés d’épées et de bâtons, se rassemblent contre Christ, afin de renvoyer au ciel, d’où il était venu, ce témoin qui leur était à charge. Songeait-il, le roi de Syrie, que si même il supprimait le porteur visible du témoignage en Israël, il n’aurait pas supprimé l’œil du Dieu invisible?

«Allez, et voyez où il est». Les yeux de la chair pouvaient découvrir facilement où se trouvait Élisée, car il ne se dérobait pas. Dieu n’a rien à cacher; il est la lumière même; les hommes, au contraire, aiment les ténèbres et ont peur de la lumière. C’est pourquoi l’armée monte «de nuit» pour environner la ville (v. 14).

Le serviteur d’Élisée, levé de bon matin, voit toute la force ennemie, l’armée, les chevaux et les chars, et s’en effraye. Ses yeux ne le trompent pas, mais ce qui lui manque, ce sont les yeux de la foi; c’est pourquoi il désespère aussitôt. «Hélas! mon seigneur, comment ferons-nous?» (v. 15). En effet, l’armée syrienne, sûre d’elle-même, déploie toute sa force contre un seul homme sans défense, et comment pourrait-il résister? Le serviteur voit l’armée et conclut de même. Il n’est pas excusable, parce qu’en sa qualité de serviteur du prophète, il est constamment en contact avec les choses invisibles et devrait savoir qu’aucune force humaine ne peut tenir devant la puissance de Dieu.

«Ne crains pas», dit Élisée1. C’est toujours la première parole de la grâce. Elle a le don de rassurer une âme angoissée. Que de fois ce mot: «Ne crains pas», est prononcé dans les Écritures! Il remplit l’Ancien, comme le Nouveau Testament. Tout est fait dans ce monde pour inspirer de la crainte à de pauvres êtres débiles et pécheurs comme nous. Nous sommes aux prises avec des circonstances difficiles, avec le monde, ses séductions ou son hostilité, avec la haine de Satan, avec nous-mêmes et notre nature pécheresse, puis vient la nécessité de nous présenter devant Dieu et d’avoir affaire à Lui. Qui répondra à tant de questions troublantes? Qui pourra apaiser l’angoisse et l’agitation de nos cœurs? Dieu seul, car Lui a réponse à tout.

1 Dans tous les passages que nous allons citer, le mot «Ne crains pas» est le même en grec dans le Nouveau Testament et en hébreu dans l’Ancien.

Ne crains pas, dit Jésus au pécheur qui se jette à ses pieds, repris dans sa conscience devant sa grâce puissante (Luc 5:10). C’est là le premier mot de notre histoire. Ne craignez pas, dit-il à ses disciples, quand l’orage s’élève et menace de les engloutir. Ne craignez pas, quand déjà le naufrage est consommé (Matt. 14:27; Actes 27:24). Ne crains pas, dit-il au petit troupeau sans défense au milieu des loups qui ont le pouvoir de mettre à mort les brebis (Luc 12:32; Matt. 10:28; Apoc. 2:10). Ne crains pas, quand Satan déploie toute sa puissance pour entraver l’œuvre divine (Actes 18:9). Ne crains pas, quand la mort a déjà fait son œuvre (Marc 5:36).

Mais ce mot se fait surtout entendre dans les occasions solennelles où des êtres de faiblesse et d’infirmité, portant la chair en eux, sont appelés à rencontrer Dieu. Même s’Il ne se révèle que par un ange puissant en force, messager céleste, l’âme à laquelle il s’adresse, est saisie d’un trouble profond, et a besoin, comme Zacharie ou Marie, de ce mot si réconfortant: Ne crains pas! (Luc 1:13, 30). À plus forte raison, quand des hommes misérables se trouvent en présence de tout le chœur des armées célestes, et que la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux, ont-ils besoin de cette parole: Ne craignez pas (Luc 2:10). Mais qu’adviendra-t-il aux disciples, quand sur la sainte montagne, ils devront pénétrer dans la nuée de gloire, demeure de l’Éternel? Ne craignez pas, leur dit Jésus. De pauvres femmes qui croyaient avoir perdu pour toujours l’homme humble et débonnaire qu’elles avaient suivi sur la terre, se trouvant subitement en présence du Christ ressuscité, ont besoin de cette parole: Ne craignez pas. Enfin, le disciple bien-aimé, qui avait reposé sa tête sur le sein de Jésus, le rencontrant vêtu de l’appareil resplendissant et terrible du Dieu juge, et tombant à ses pieds comme mort, est doucement réveillé par cette parole: Ne crains pas (Apoc. 1:17).

Le secret de cette parole, c’est la grâce; nous avons à faire à elle seule; elle nous rassure, même quand nous nous trouvons devant le Dieu de jugement, car le Juge est notre Sauveur.

Dans l’Ancien Testament, l’âme est beaucoup moins souvent rassurée, quand elle se trouve en la présence directe de Dieu, parce que Dieu n’y est pas encore pleinement manifesté comme le Dieu de grâce. L’ami de l’Éternel, Moïse lui-même, disait: «Je suis épouvanté et tout tremblant». Tout au plus entend-on cette parole, quand Gédéon rencontre face à face l’ange de l’Éternel, et quand Daniel, humilié, se tient devant le représentant du Messie (Dan. 10:12, 19). Mais, en revanche, ce mot: Ne crains pas, y revient continuellement, comme l’assurance du croyant isolé au milieu des difficultés et de la détresse, et de la haine du monde. Abraham, Agar, Isaac, en sont des exemples (Gen. 15:1; 21:17; 26:24). Un sacrificateur persécuté, un Mephiboseth, l’entendent sortir de la bouche de David, l’oint de l’Éternel, auprès duquel ils ont cherché refuge. Une pauvre veuve sidonienne, près de succomber, le reçoit des lèvres du prophète (1 Sam. 22:23; 2 Sam. 9:7; 1 Rois 17:13).

Cette parole frappe les oreilles du peuple de Dieu, chaque fois qu’il a affaire à l’ennemi, soit en Égypte, soit aux confins du désert, soit en Canaan sous Josué, soit même dans la période de ruine qui caractérise le royaume d’Israël et dans celle qui suit la transportation (Ex. 14:13; Nombres 14:9; 21:34; Deut. 1:21; 3:2, 22; 7:18; 20:3; 31:6, 8; Josué 8:1; 10:8, 25; 11:6; 2 Chron. 20:17; 32:7; És. 7:4; Néh. 4:14). Et quand Israël gît au fond «de la fosse des abîmes» et, de là, pousse vers Dieu son cri de détresse, l’Éternel lui répond: Ne crains pas! (Lam. 3:57).

Enfin, quand ce peuple coupable, courbé sous le jugement de Dieu, châtié et repentant, mais près de désespérer, entendra ces mots, prononcés au bout de son temps d’épreuve: «Consolez, consolez mon peuple!» nous entendons cette parole: «Ne crains pas», se répéter, se multiplier d’échos en échos. Ne crains pas, mon amour te console, je t’aiderai, je te fortifierai, je serai avec mon serviteur. Ne t’ai-je pas racheté? Ne suis-je pas avec toi? Ne crains pas, je te rafraîchirai. Ne crains ni l’opprobre, ni les outrages, ni la honte. Tu es à moi, et je t’ai reçu en grâce. Toute la fin d’Ésaïe a pour refrain ce mot consolant et divin (És. 41:10, 13, 14; 43:1, 5; 44:2; 51:7; 54:4).

L’assurance de la faveur de Dieu dissipe la crainte, l’amour parfait la bannit. Combien de fois nous trouvons dans les Psaumes cette absence de toute crainte devant l’ennemi, devant l’ébranlement de toutes choses, devant les menaces de la chair et de l’homme! (Ps. 27:3; 46:3; 56:5, 12; 118:6). En vérité, tout est joie pour le croyant, tout est confiance, parfaite assurance et paix, parce que, au travers de tout, il a Dieu pour lui, Celui dont il est dit: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?»

«Ne crains pas», dit Élisée à son serviteur, «car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux» (v. 16), et il prie, disant: «Éternel, je te prie, ouvre ses yeux, afin qu’il voie». Les yeux de sa chair voyaient l’armée ennemie et ne se trompaient pas, et cependant il était aveugle. Il y avait des choses qui nécessitaient l’intercession du prophète et l’intervention de l’Éternel, pour qu’il pût les voir. Ses yeux furent alors ouverts et «voici la montagne était pleine de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée» (v. 17). Les anges, ces chars de feu et cette cavalerie, rassemblés pour emporter Élie au ciel, sont maintenant rassemblés pour garder un seul homme sans défense sur la terre, anéantissant tous les desseins de ses ennemis. Cette intervention divine en faveur des rachetés n’a jamais cessé. Jacob l’avait contemplée, quand les anges, en deux bandes, l’avaient rencontré à Mahanaïm et qu’en présence d’un danger imminent, il avait pu dire de lui-même, s’identifiant avec l’armée de l’Éternel: «Je suis devenu deux bandes» (Gen. 32:1, 2, 10). Cette même armée angélique frappera les adversaires du Seigneur et de l’Assemblée, quand il sera révélé du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu (2 Thess. 1:7), selon ce qui est écrit: «Qui fait ses anges des esprits, et ses ministres une flamme de feu» (Héb. 1:7). Comme la bande d’Ésaü disparaissait devant celles de Mahanaïm, l’armée des Syriens est comme une bande de fourmis devant les saintes myriades dont la montagne était couverte, seulement il s’agit de protection et non de combat, comme lorsque David entendit un bruit de gens qui marchent sur le sommet des mûriers (2 Sam. 5:24).

L’histoire de Jacob, que l’Éternel nommait Israël, se répète ici. Le vrai Israël était présent dans la personne de son représentant, le prophète. Au temps de la fin, le résidu aura les yeux ouverts, entendra ces mots: Ne crains pas, et pourra s’écrier, lorsque beaucoup diront: Qui nous fera voir du bien? «Je me coucherai, et aussi je dormirai en paix; car toi seul, ô Éternel! tu me fais habiter en sécurité» (Ps. 4:7, 9).

L’intervention angélique caractérise plus directement l’économie de la loi et par conséquent aussi les temps du résidu prophétique1, mais elle n’est point absente sous l’économie de la grâce, comme nous le voyons dans l’histoire de Pierre (Actes 12), seulement le fidèle est aujourd’hui, sans intermédiaire, en communication directe avec Christ. Ses yeux sont ouverts pour «voir Jésus», non pour voir les anges; il peut dire: «Nous avons vu le Seigneur», non les chariots d’Israël. Communion plus intime du chrétien, part meilleure que celle du résidu; et, du moment que Jésus entre en scène, l’âme reçoit de Lui l’assurance qu’elle n’a rien à craindre, parce qu’il est la ressource absolument suffisante en toute éventualité.

1 Au temps de la fin, dans l’Apocalypse, le Seigneur se fera connaître dans ses voies providentielles, sous une forme angélique, jusqu’à sa manifestation sur la montagne de Sion. De là l’expression «un autre ange» dans ce livre.

Dieu qui ouvre les yeux du serviteur d’Élisée, frappe l’armée syrienne de cécité, sur la demande du prophète. Le même Dieu qui avait fermé et ouvert les cieux à la prière d’Élie, ouvre ou ferme les yeux des hommes à la prière d’Élisée. C’est que ces demandes partaient de cœurs en communion réelle avec la pensée de Dieu, et qui ne lui demandaient que ce qu’il voulait faire. «Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute» (1 Jean 5:14). À bien plus forte raison en était-il ainsi du Seigneur Jésus. Il pouvait dire: «Je te rends grâces de ce que tu m’as entendu. Or moi je savais que tu m’entends toujours» (Jean 11:41, 42).

«Il les frappa de cécité, selon la parole d’Élisée» (v. 18). Quelle grâce le Seigneur nous accorde! Il nous tient compte, comme venant de nous, de ce que nous avons demandé par la foi et par l’Esprit, dons gratuits de Dieu! Le prophète peut dès lors se montrer ouvertement aux ennemis; ils ne le reconnaissent pas. Lui, les conduit à Samarie; alors l’Éternel leur ouvre les yeux sur la demande du prophète. Ceux du serviteur l’avaient été pour voir Sa délivrance, les leurs, pour voir leur perte, en présence du jugement de Dieu. Point de ressource; position sans issue; ruine irrémédiable! Mais Celui qui seul a le droit de les juger, ne le fait pas; c’était sa grâce qui les amenait devant son jugement. Le roi profane et incrédule les voit et voudrait les mettre à mort! «Frapperai-je, frapperai-je, mon père?» Malgré ses yeux ouverts, il est aussi aveugle que l’étaient ses ennemis1. Il voudrait exercer le jugement, lui qui le mérite mille fois plus que cette nation idolâtre, car il ne voit, ni ne peut comprendre la grâce. Élisée lui répond: «Tu ne frapperas point». Joram méritait d’être frappé et n’avait pas le droit de frapper les autres, mais Dieu voulait montrer, à lui, aussi bien qu’à tous, qu’aucun jugement ne doit atteindre ceux qui sont convaincus de leur perdition. Il n’était pas trop tard pour eux. La grâce de Dieu venait de les conduire au jugement, mais dans ce monde, et non pas au delà de la vie d’ici-bas, où toute ressource sera fermée. Bon gré, mal gré, ces hommes avaient rencontré le Dieu d’Élisée et non le Dieu d’Élie. Ils ne sont pas anéantis par le feu du ciel qu’ils avaient mérité, mais comme retirés du milieu du feu pour faire l’expérience des compassions du Dieu qu’ils avaient offensé. «Mets», dit Élisée, «du pain et de l’eau devant eux; et qu’ils mangent et boivent, et qu’ils s’en aillent vers leur seigneur». Tout tremblants encore, au lieu de l’épée du roi, ils trouvent un festin que Dieu leur a préparé. C’est le grand souper de la grâce.

1 Les diverses manières de voir, sont du plus profond intérêt dans ce chapitre. Nous trouvons d’abord Élisée, le voyant, qui n’avait pas besoin que ses yeux fussent ouverts pour voir l’armée de l’Éternel; puis son serviteur, dominé par le souci des choses visibles, auquel il faut l’intercession du prophète pour se rassurer en voyant les choses invisibles. Nous trouvons encore l’armée de Syrie, doublement aveugle, parce qu’elle croit voir et qu’elle est plongée dans la nuit; puis cette même armée, voyant enfin son sort sous le jugement de Dieu, mais ayant en même temps les yeux ouverts pour s’asseoir au «grand festin» de la grâce. Nous trouvons enfin le roi d’Israël, étranger aux pensées de Dieu, qui croit voir, et dont «le péché demeure» (Jean 9:41), triste représentant d’Israël, ennemi de Christ et qui mûrit de plus en plus pour le jugement.

Ces hommes, qu’avaient-ils fait pour avoir part à une telle libéralité? Ce qu’avaient fait Saul de Tarse et tant d’autres ennemis de Christ, dans l’ignorance, sans doute; mais ils avaient fait la guerre à Dieu, et Dieu répond ainsi à leur haine. Dès ce moment, «les bandes des Syriens ne revinrent plus dans le pays d’Israël»; les assauts isolés prennent fin, mais Satan ne peut se tenir tranquille.

Chapitres 6:24-33 et 7

Le siège de Samarie

Jamais l’ennemi du peuple de Dieu ne se tient pour battu. Si les bandes syriennes, convaincues de la puissance du Dieu d’Israël, cessent de faire leurs incursions dans le pays, Ben-Hadad, en revanche, rassemble toute son armée pour assiéger Samarie, et ce siège amène à sa suite une grande famine. Telles sont les conséquences du péché d’Israël. L’ennemi, sans le savoir, était envoyé de Dieu en jugement contre ce peuple, mais il est en même temps l’image du prince de la mort, auquel l’homme pécheur ne peut échapper. La famine est la conséquence de la présence de l’ennemi qui, certes, ne songera jamais à nourrir ceux qu’il opprime. Elle est comme une autre forme de la mort qui pèse sur ce peuple coupable. Dans tout ce chapitre, c’est donc la mort qui domine, sort terrible et inévitable, mérité par l’homme pécheur. Mais Dieu a des ressources contre la mort même; il le fait proclamer par le prophète et, s’il annonce qu’il supprimera la famine, nous verrons que c’est en supprimant l’ennemi, instrument de son jugement. Cela nous introduit dans le domaine de la grâce et de l’Évangile.

Après ce court résumé, examinons en détail le contenu de cet intéressant chapitre.

Samarie était la capitale et le centre d’un monde religieux, qui gardait encore l’apparence de conserver le culte de l’Éternel, mais qui l’avait corrompu. Ce monde-là, nous le retrouvons de nos jours sous une autre forme, et c’est précisément à cause de sa prétention religieuse qu’il est l’objet du jugement de Dieu. Tous les sacrifices étaient tolérés à Samarie, et la famine, au lieu de faire rentrer en eux-mêmes le peuple et son roi, ne servait qu’à faire ressortir l’épouvantable égoïsme du cœur des hommes qui, pour éviter de mourir de faim, sacrifiaient même leurs enfants, au lieu de se sacrifier pour eux. Si de telles choses pouvaient se rencontrer dans ce milieu, ce n’est pas que les dehors religieux en fussent bannis. Le roi même, portait en signe de deuil et de mortification, probablement dans l’espoir d’écarter le danger, «un sac sur sa chair», mais sans que sa conscience fût atteinte ou son cœur changé. Nous voyons les mêmes faits se produire dans la chrétienté, quand les nations sont frappées de calamités publiques.

Le roi se mortifiait au moment même où, rempli de haine, il cherchait la vie du prophète de l’Éternel. «Et le roi dit: Ainsi Dieu me fasse, et ainsi il y ajoute, si la tête d’Élisée, fils de Shaphath, demeure sur lui aujourd’hui!» (v. 31). Lui qui était obligé de dire à la femme en détresse: «Si l’Éternel ne te sauve pas, comment te sauverais-je?» et qui déchirait ses vêtements devant l’horrible réalité, rejette avec violence le seul homme par lequel un moyen de salut lui est offert. Comment avait-il donc oublié que le prophète lui avait sauvé la vie «non pas une fois, ni deux fois», et que l’Éternel, avec une patience sans bornes, lui avait tendu une main secourable? Tout cela était non avenu pour lui, parce que la seule chose qu’il ne voulût pas admettre, et précisément la seule importante, était que ses péchés lui avaient mérité le jugement et la mort.

Pendant que ces choses se passent, le prophète est assis dans sa maison, s’entretenant en paix avec les anciens; mais, comme «voyant», il n’a pas besoin que Dieu lui ouvre les yeux pour connaître les intentions de l’homme, ou réaliser la protection de Dieu. Fidèle à son serment, le roi envoie un messager avec l’ordre de décapiter Élisée et, altéré de vengeance, suit sur ses talons l’exécuteur de sa sentence. Avant qu’il arrive, le prophète l’a vu: «Voyez-vous que ce fils d’un meurtrier (Achab) envoie pour m’ôter la tête?» L’homme, trouvant la porte barricadée, ne peut accomplir sa mission et retourne auprès de son maître. Déjoué dans ses desseins, le roi dit: Je renonce à me confier en Dieu! «Voici, ce mal est de par l’Éternel; pourquoi m’attendrais-je encore à l’Éternel?» (v. 33). Combien de fois l’homme, dans son état de révolte contre Dieu, raisonne comme Joram! Puisque Dieu ne m’accorde pas ce que je désire, ne me donne pas la guérison d’un être cher, ne me sort pas de mes difficultés matérielles, je me débarrasse de mes obligations envers lui; il n’existe plus pour moi! Ah! c’est que, pas plus que Joram, le cœur des hommes ne veut remonter à la racine de notre mal qui est le péché et admettre ses conséquences. Il ne veut pas se repentir; son orgueil refuse de se mettre à la merci de son juge, en reconnaissant qu’il a raison de le condamner. Les appels même de Dieu lui fournissent une nouvelle occasion de s’endurcir.

Comment Dieu répondra-t-il à tant de méchanceté et de révolte?... Il fait annoncer sa grâce par l’homme même dont le roi cherche la vie! «Et Élisée dit: Écoutez la parole de l’Éternel...: Demain à cette heure-ci, la mesure de fleur de farine sera à un sicle, et les deux mesures d’orge à un sicle, à la porte de Samarie» (7:1). Oui, Dieu proclame pour le jour qui va suivre qu’il donnera l’abondance et rassasiera les pauvres affamés, alors même que leur péché fût la cause de la famine.

À la proclamation de cette bonne nouvelle, un des assistants se moque de Dieu. «Et le capitaine, sur la main duquel le roi s’appuyait, répondit à l’homme de Dieu, et dit: Voici, quand l’Éternel ferait des fenêtres aux cieux, cela arriverait-il?» (v. 2). Le roi était incrédule à ce message, cela se voit dans la suite (v. 12); il gardait intactes dans son cœur sa haine et sa révolte, et cependant son état était moins terrible que celui de ce moqueur, quand la bonne nouvelle de la grâce de Dieu est proclamée par son prophète. Ce dernier lui dit: «Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas». Dieu supporte tous les pécheurs avec une immense patience, mais ceux qui se moquent de lui et de sa Parole sont irrémédiablement perdus. Nous verrons à la fin du chapitre que cet homme est le seul qui, dans une scène de délivrance et d’abondance, soit retranché sans y avoir aucune part.

Le caractère des moqueurs n’est pas, de nos jours, aussi rare qu’on le pense; on peut dire, au contraire, qu’il caractérise les temps où nous vivons. Pierre dit: «Sachant tout d’abord ceci, qu’aux derniers jours des moqueurs viendront, marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises et disant: Où est la promesse de sa venue? car, depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création. Car ils ignorent volontairement ceci, que, par la parole de Dieu, des cieux subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des eaux, par lesquelles le monde d’alors fut détruit, étant submergé par de l’eau. Mais les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies» (2 Pierre 3:3-7). Ne pensons pas que les moqueurs soient des gens qui rient de toute piété. L’incrédulité d’il y a un siècle et demi revêtait peut-être ce caractère, mais les temps sont changés. Les moqueurs d’aujourd’hui étalent très sérieusement leur incrédulité; ils raisonnent. La parole de Dieu est pour eux nulle et non avenue, comme pour le capitaine de Joram, et n’ayant pas confiance en elle, ils se confient en la stabilité des choses visibles, et affirment qu’elle ne prendra jamais fin. Ils ignorent volontairement — et c’est le caractère de leur moquerie — ce que Dieu leur a révélé par sa Parole. Leur jugement est à la porte.

Et maintenant Dieu nous montre que si l’homme ne veut pas de lui, non seulement il prépare, comme dans le chapitre précédent, un grand festin à ses ennemis, mais qu’il prépare aussi des âmes en vue de la jouissance de ce festin.

«Et il y avait à l’entrée de la porte quatre hommes lépreux, et ils se dirent l’un à l’autre: Pourquoi sommes-nous assis ici jusqu’à ce que nous mourions?» Ces quatre hommes étaient souillés, car la lèpre est l’emblème du péché qui souille l’homme. Comme tels, ils ne pouvaient demeurer avec le peuple; leur souillure les plaçait hors de la porte de Samarie. Ils étaient, du même coup, comme tout lépreux, exclus de la présence de Dieu. De plus, leur condition était telle, qu’ils ne pouvaient l’ignorer; leur maladie offrait cette particularité qu’elle était dûment constatée en Israël, qu’on ne pouvait la cacher à Dieu, ni aux autres, ni à soi-même. Enfin, sinon par une intervention directe de Dieu, hors de toute ressource humaine, elle conduisait fatalement à la mort.

Tel était donc l’état personnel de ces quatre hommes, à l’entrée de la porte de Samarie. Ce qui le rendait plus terrible, c’est que la mort les environnait de toute part. «Si nous disons: Entrons dans la ville, la famine est dans la ville, et nous y mourrons; et si nous restons assis ici, nous mourrons. Et maintenant, venez, et passons dans le camp des Syriens: s’ils nous laissent vivre, nous vivrons; et s’ils nous font mourir, nous mourrons» (v. 4). S’ils avaient pu rentrer en ville, ils y auraient trouvé la famine et la mort. Rester où ils étaient, était sans contredit la mort. Se rendre à l’ennemi, représentant du jugement de Dieu et qui en tenait l’épée, n’était-ce pas encore la mort? Mais, de ce côté-là, du moins, il y avait une lueur d’espoir. «S’ils nous laissent vivre, nous vivrons». Leur vie dépendait de la bonne volonté de l’ennemi. Peut-être ne prononcerait-il pas la sentence?...

Ne traversons-nous pas aujourd’hui les mêmes circonstances? Le pécheur, convaincu de péché, ne peut trouver de secours et de délivrance auprès du monde, même sous son aspect religieux. Il n’y rencontre que la famine et la mort. Il ne peut rester dans son état actuel; c’est encore la mort. Il a devant lui la menace du jugement de Dieu, et c’est la mort, la mort terrible et fatale... mais peut-être le juge aura-t-il pitié de lui... Qu’il aille donc se jeter aux pieds du juge! Qu’il aille; il apprendra que ce Dieu juge est le Dieu d’amour, le Dieu Sauveur!

Mais notre récit ne va pas aussi loin. Ces lépreux ne se lèvent pas pour rencontrer Dieu. Ils s’avancent, incertains et craintifs, arrivent «au bout du camp des Syriens, et voici, il n’y avait personne». Qu’était-il arrivé? «Le Seigneur avait fait entendre dans le camp des Syriens un bruit de chars et un bruit de chevaux, le bruit d’une grande armée» et, croyant à une attaque des alliés d’Israël, ils s’étaient enfuis, abandonnant tentes, ânes et chevaux, et le camp tel quel, pour sauver leur vie.

L’ennemi lui-même, instrument du jugement de Dieu, avait disparu. Le jugement était tombé sur lui. Il n’y avait plus de jugement. Comment cela avait-il pu se faire? Un bruit de grande armée s’était fait entendre, mais ce n’était qu’un bruit, chose en réalité faible et insignifiante, nullement comparable aux chevaux et aux chars de feu de Dothan, mais, chose des plus puissantes, parce qu’elle provenait du Seigneur lui-même. Lui était dans ce bruit, et cela suffit pour anéantir toute la puissance de Ben-Hadad.

Pour nous, cher lecteur chrétien, ce bruit s’est fait entendre à la croix, où le Fils de Dieu eut à faire à toute la puissance du prince de la mort et de son armée. Il l’a vaincu par ses propres armes, mais sans aucun déploiement de forces. Dans la mort d’un seul homme, crucifié en faiblesse, se trouvait la puissance de Dieu pour vaincre, anéantir, annuler cet ennemi terrible. Telle a été la mort de Christ. Satan tenait l’homme captif sous la crainte de la mort, et il a été vaincu par ses propres armes, comme la tête de Goliath fut tranchée jadis par le faible David avec l’épée même du géant.

La mort était vaincue, le jugement annulé pour ces quatre lépreux. Ils allaient, tremblants, au-devant de ces choses; ils trouvent à leur place la vie, une abondance de biens et de richesses, et de quoi assouvir leur faim, toutes les dépouilles de l’ennemi, sans qu’il leur en coûte rien. Ils récoltent le fruit de la victoire qui pour nous est celle du Seigneur. La paix est dans le camp; personne ne s’oppose à eux; ils sont rassasiés, découvrent des trésors qu’ils s’approprient. Mais peuvent-ils se taire et les garder pour eux? Non, la joie du salut est communicative; ces hommes deviennent pour d’autres des messagers de bonnes nouvelles. «Ce jour est un jour de bonnes nouvelles, et nous nous taisons».

Ce qui caractérise ce chapitre, ce n’est pas un Dieu qui ôte la souillure du péché, sinon ces lépreux, comme Naaman, ne seraient pas restés ce qu’ils étaient; mais un Dieu qui ôte le jugement dans la personne de l’ennemi et détruit en même temps la puissance de la mort, afin que de pauvres êtres souillés puissent vivre et jouir des bénédictions dont ils étaient privés.

Remarquons encore un des caractères de l’Évangile, dans ce récit. Quand Élisée annonce pour «demain» que la famine aura cessé, il dit: «Écoutez» (v. 1). Cette parole s’adresse indistinctement à tous: peuple, roi, capitaine moqueur, comme la semence du semeur tombe indifféremment sur chaque terrain. Il en est de même de la victoire remportée. Tous y sont invités; ses résultats sont offerts indistinctement à tous. Le peuple, la ville tout entière, le roi et ses serviteurs, sont conviés au festin. Ce fameux «demain», annoncé par le prophète, s’est changé en un «aujourd’hui». Tous viennent, se repaissent et s’enrichissent, mais sont loin de partager la joie des lépreux. Ceux-ci, en présence des merveilles de leur salut, ne peuvent rester muets; il faut qu’ils parlent: «Nous nous taisons». On voit comment le roi et ses serviteurs reçoivent l’annonce de la délivrance (v. 12-15). Pour eux, ce salut qui ne leur coûte rien, cache un piège. Faisons au moins, disent-ils, quelque chose de notre côté, et ils se mettent à poursuivre l’ennemi avec deux chars et cinq chevaux fourbus! Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de retarder l’heure de la délivrance, en cherchant à constater ce que la foi des lépreux avait saisi avant leur enquête. Leur pensée, en présence de la bonne nouvelle, est pure incrédulité. Le roi dit: «Je veux vous dire ce que les Syriens nous ont fait: ils savent que nous avons faim, et ils sont sortis du camp pour se cacher dans les champs, disant: Ils sortiront hors de la ville, et nous les prendrons vivants, et nous entrerons dans la ville» (v. 12). Puis, sur la proposition d’un de ses serviteurs, il ajoute: «Allez et voyez». La vue, pour eux, remplace la foi, et, s’ils ont part comme les autres aux résultats de la délivrance, la vue ne les sauve pas; elle n’a jamais sauvé personne. Le capitaine en est un exemple effrayant. Le prophète lui avait dit: «Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas» (v. 19). «Et il lui en arriva ainsi: le peuple le foula aux pieds dans la porte, et il mourut». La vue fut pour lui le prélude immédiat de la mort!

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 2 Kings 6". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/2-kings-6.html.
 
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