Lectionary Calendar
Sunday, July 20th, 2025
the Week of Proper 11 / Ordinary 16
the Week of Proper 11 / Ordinary 16
video advertismenet
advertisement
advertisement
advertisement
Attention!
Tired of seeing ads while studying? Now you can enjoy an "Ads Free" version of the site for as little as 10¢ a day and support a great cause!
Click here to learn more!
Click here to learn more!
Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 2 Kings 6". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/commentaries/fre/cbi/2-kings-6.html.
bibliography-text="Commentaire sur 2 Kings 6". "Commentaire biblique intermédiaire". https://studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-33
Chapitre 6:1-23
V. 1-7 â Les fils des prophètes et le Jourdain
Avant dâaborder le sujet de ces quelques versets, nous désirons récapituler lâhistoire des «fils des prophètes», telle que ce livre nous la présente. Les fils des prophètes, nous lâavons vu, représentent le résidu prophétique dâIsraël, mis en rapport avec le Messie, par son Esprit, aux temps de la fin.
Au chapitre 2, ils sont encore dispersés çà et là , les uns à Béthel, les autres à Jéricho. Ils possèdent une connaissance partielle des pensées de Dieu; ils savent, par prophétie, que lâÃternel va enlever Ãlie, mais une vraie intelligence leur manque. Ils ne sont pas encore réunis, avec un caractère commun qui les forme, pour ainsi dire, en corps de témoignage. Les uns restent à Béthel, sâattachant aux promesses de Dieu, les autres à Jéricho, sentant le poids de la malédiction de Dieu contre son peuple. Ils ne sâarrêtent pas au Jourdain et, en figure, nâen comprennent pas la valeur. Ils ne connaissent pas encore toute lâefficace de la mort de Christ quâils contemplent à distance (2:7). Ils montrent leur ignorance de sa résurrection, car, en cherchant le corps dâÃlie, ils cherchent «parmi les morts Celui qui est vivant».
On les voit ensuite (4:1-7) dans la détresse; la mort passe au milieu dâeux, et leurs veuves manquent de moyens de subsistance. Câest alors, quâen type, lâhuile dont ils ont besoin, lâEsprit, leur est versé par le ministère dâÃlisée. On les trouve, après cela, rassemblés en un corps de témoignage autour du prophète à Guilgal. Le jugement dâeux-mêmes, lâaffliction et la repentance, les caractérisent â toujours en type. Câest alors quâils apprennent la valeur de la sainte humanité de Christ, venu dans ce monde pour leur apporter la vie quand «la mort est dans la marmite», parce quâils nâavaient pas su distinguer le bon fruit du mauvais. Câest là que, dans leur extrême pauvreté, en un temps de famine et de tribulation, lâÃternel nourrit ses pauvres témoins. Câest enfin, dans ce même lieu, comme jadis Israël à son entrée en Canaan, quâils se nourrissent en figure dâun Christ humilié et ressuscité, et apprennent à le connaître. Peu à peu leur intelligence spirituelle sâétend, marquée par une appréciation croissante du Seigneur.
Après ces choses, le Jourdain, déjà présenté auparavant comme la mort, suivie de la résurrection de Christ, est montré, au chap. 5, comme le seul moyen de purification des gentils, envers lesquels il commence à manifester son influence avant que le résidu prophétique y participe. Mais, demeurant à Guilgal, il ne peut y rester indéfiniment. Ce temps de grâce envers les gentils est celui où son nombre se complète. «Tu vois que ce lieu où nous habitons devant toi est trop étroit pour nous» (6:1). Il sâagit pour eux de faire un pas de plus, de trouver un autre lieu dâhabitation que celui, quelque précieux quâil soit, de lâaffliction et de la repentance. Ce lieu, câest le Jourdain. Ils connaissent maintenant la valeur du Jourdain. La mort y avait été annulée par la puissance de lâesprit dâÃlie; le prophète y avait passé pour monter au ciel. Ãlisée y était revenu en puissance pour leur apporter la bénédiction. Ils connaissaient déjà la mort de Christ comme le seul chemin possible pour recevoir le don du Saint Esprit. Ils venaient de la connaître comme la purification de la souillure des gentils, dans le temps même où cette souillure sâattachait à Israël infidèle (Guéhazi). Le Jourdain merveilleux qui a guéri la souillure de Naaman est la source toujours ouverte pour la souillure dâIsraël. Le résidu désire sây construire une maison et y habiter; il reconnaît enfin que cette mort est pour lui le lieu de la bénédiction et du repos. Tel est le point où les fidèles aboutissent. Quand ils ont atteint cet endroit, ils y restent, y demeurent ensemble; ils ont trouvé le repos, un nid comme lâhirondelle, une maison comme le passereau.
Ãlisée approuve leur dessein et les met à lâépreuve, en leur disant: «Allez». Mais comment iraient-ils sans lui? Il leur faut y habiter sous la direction de lâEsprit de Christ, sinon la bénédiction ne serait pas avec eux. Comment lâEsprit de Christ resterait-il à Guilgal, tandis quâeux iraient habiter au Jourdain sans lui?
Comme le Seigneur, alors que Jaïrus faisait appel à lui pour sa fille, Ãlisée consent à venir avec ses serviteurs. Il dit: «Jâirai» (v. 3). Arrivés au bord du Jourdain, ils travaillent, mais subitement le travail est interrompu. Un fils de prophète perd dans le fleuve son instrument qui nâest pas même à lui, car il lâa emprunté. Sa pauvreté, son incapacité sont ainsi manifestées; il est sans ressource. Le fleuve de la mort engloutit toute son espérance. Ãlisée seul, Christ en Esprit avec le résidu, peut y remédier. La mort est vaincue; elle nâa pas seulement le don de purifier, mais elle rend au croyant la puissance perdue, pour travailler à lâÅuvre de Christ et faire habiter Israël en sécurité. Tout vient de lui, de la puissance de son Saint Esprit, de la vertu de sa mort. Câest lui qui dirige lâÅuvre, qui donne les moyens de lâaccomplir, qui remplit le cÅur des siens du sentiment de leur incapacité, qui affermit lâÅuvre de leurs mains (Ps. 90:17). Sans cet événement, le résidu prophétique pourrait avoir confiance en son intégrité très réelle, en sa capacité pour faire lâÅuvre de Dieu en Israël. LâEsprit de Christ seul a le secret de mettre la force entre ses mains, afin de le faire travailler à son Åuvre.
Notons que tout cela se passe au milieu de la ruine du peuple, et que ce nâest pas encore lâimage de la possession paisible des bénédictions millénaires. Ãlisée seul pouvait habiter au Carmel. Il sâagit ici des expériences graduelles du résidu prophétique, occupé à bâtir une maison dâhabitation où Ãlisée puisse être avec lui pendant le règne du roi profane. Câest le moment, décrit au Psaume 90, où Christ «se repent à lâégard de ses serviteurs» (v. 13). Il leur vient en aide dans toutes leurs infirmités. Le même moyen qui, jadis, avait changé en eaux douces les eaux de Mara, donne la puissance pour lâÅuvre au résidu et fait rendre à la mort ce qui semblait perdu, anéantissant du même coup toute prétention du créancier de ce pauvre peuple à réclamer ce qui leur avait été confié sous le régime de la loi.
Nous ne pouvons assez insister sur la valeur prophétique de ces récits. Ce nâest pas, nous allons le voir, quâon ne puisse y trouver une application évangélique, comme en toute autre partie des Ãcritures, mais constatons quâil est bon de remettre ces événements dans leur cadre naturel, pour éviter des interprétations hasardées. Cela dit, abordons lâexplication morale de ce récit, applicable à nos circonstances.
Le Jourdain est un lieu excellent dâhabitation pour le croyant. Il lui faut toujours demeurer là où il est crucifié avec Christ. Câest là que nous trouvons la puissance du Seigneur avec nous; câest là que, réunis autour de lui, nous réalisons lâunité de lâÃglise: «Nous y bâtirons un lieu pour y habiter» (v. 2). Câest là que le Seigneur se rend volontiers avec les siens pour leur accorder son aide et sa puissance quand ils lây invitent. Il reconnaît et approuve la simplicité de cÅur, qui réalise que la bénédiction se trouve à lâendroit où le néant de lâhomme a été prouvé dans Sa mort. Sans sa présence personnelle avec son peuple, tout notre travail serait inefficace. Alors son aide ne manque pas, quand nous mettons la main à lâÅuvre.
Le fer du fils des prophètes nâavait pas été, comme pour Israël, un instrument de mort pour son prochain (Deut. 19:5), et cependant, même dans ce dernier cas, il y avait une ressource pour le peuple qui, dans son ignorance, avait été lâinstrument de la mort de Christ, car il pouvait sâenfuir dans la ville de refuge.
Dans la scène qui nous occupe, le travail est tout simplement interrompu, un travail entrepris pour la famille de Dieu. Mais quel monde que celui où un fils de prophète nâa pas même un instrument de travail qui lui appartienne! Christ répond toutefois au moindre besoin des fils de son peuple. Il est plein de compassion pour lâangoisse dâun pauvre cÅur humain, à propos dâun instrument perdu. Cette perte, quelque infime quâelle soit, émeut son cÅur. Le miracle est enfantin, pour ainsi dire, mais câest un miracle dâamour. Le monde, en lisant ce passage, peut bien lâaccueillir dâun rire moqueur. Est-il croyable dira-t-il, que Dieu nous révèle de tels enfantillages? Le croyant comprend cette sollicitude et en jouit avec adoration. Il sait que Dieu est pour lui et que Celui qui, pour nous, a livré son propre Fils, nous donne toutes choses avec Lui. Il pourvoit aux moindres besoins des siens, mettant en Åuvre le même amour qui a pourvu aux plus grands. Christ lui-même, qui sâest abaissé jusquâà la mort, peut, bien mieux quâÃlisée pour les prophètes, sympathiser à nos infirmités et y pourvoir.
Ce passage nous offre encore une instruction. à Mara, un bois, symbole de la croix de Christ, avait ôté lâamertume des eaux, symbole de la mort; ici, le même moyen abolit la puissance de la mort, qui retient lâobjet dont elle sâest emparée.
La mort, dont on ne revient pas, est depuis le péché de lâhomme sa destinée naturelle. La croix seule, du moment quâelle intervient, est capable de vaincre et dâannuler cette puissance inexorable, elle se met à notre service pour nous restituer nos biens, et la mort vaincue ne peut plus rien garder de ce qui nous appartient.
V. 8-23 â Dothan
La guérison du chef de son armée ne semble avoir produit aucun effet sur la conscience du roi de Syrie. Ses bandes avaient déjà fait mainte incursion sur le territoire dâIsraël (5:2, conf. 23), et les rapports entre les deux rois étaient assez tendus pour que, dans lâaffaire de Naaman, le roi dâIsraël supposât que celui de Syrie «cherchait une occasion contre lui» (5:7).
Il ne sâagit plus maintenant dâescarmouches: la guerre a éclaté tout de bon. Le roi de Syrie dresse son camp ci et là , cherchant à attirer Joram dans le piège, par son ignorance des mouvements de lâadversaire; mais il compte sans Dieu. Ãlisée vient en aide au roi dâIsraël, lâavertissant bien des fois de la situation du camp syrien. La faveur de Dieu reposait-elle donc sur Joram? Nullement, car le cÅur du roi nâétait pas changé depuis le jour où Ãlisée lui avait dit: «Quây a-t-il entre moi et toi? Va vers les prophètes de ton père et vers les prophètes de ta mère». Mais Dieu voulait prouver au roi de Syrie et à son armée quâil y avait un prophète en Israël, que lâÃternel était là , comme il lâavait déjà montré une fois lors de la guérison de Naaman. En agissant ainsi, il montrait sa longue patience envers Joram et son peuple, et si, en présence de telles faveurs, ce méchant roi ne se tournait pas vers lâÃternel, il nâavait plus dâexcuse.
Voyant ses desseins continuellement déjoués, le roi de Syrie suppose une trahison de son entourage, car lâidée de Dieu et de son intervention â cela ressort constamment du cours de ces récits â ne se présente pas même à son esprit. Le monde pense toujours ainsi; il attribue tous les événements de sa vie à des causes secondes, plutôt que dây voir la main de Dieu. Lâun des serviteurs du roi, plus au fait que lui du véritable état des choses, le détrompe. Le discernement et la connaissance spirituels décroissent généralement en raison de lâélévation de lâhomme, et ceux qui auraient le plus dâintérêt à savoir la vérité sont ceux qui la connaissent le moins. «Ãlisée, le prophète qui est en Israël, déclare au roi dâIsraël les paroles que tu dis dans ta chambre à coucher» (v. 12). Pensée pénible, angoissante, effrayante même! Quoi! un personnage invisible est «au fait de toutes mes voies; car la parole nâest pas encore sur ma langue» que voilà , il la connaît tout entière! (Ps. 139:3, 4). Quand le cÅur manque dâhonnêteté, ne se rend pas à cette constatation et ne sâécrie pas: «Où irai-je loin de ton Esprit? et où fuirai-je loin de ta face?» il sâétourdit ou sâinsurge contre Dieu. Câest ce qui arrive au roi de Syrie: «Allez», dit-il, «et voyez où il est, et jâenverrai et je le prendrai». Il nâa quâune pensée: se débarrasser du prophète et éteindre ce regard qui fixe chacun de ses mouvements; alors il se sentira délivré de ce témoin gênant qui ne lui permet ni de suivre sa volonté, ni dâaccomplir ses desseins. Aussi déploie-t-il toutes ses forces, une armée entière, chevaux et chars, pour se saisir dâun seul homme! Le monde est toujours gêné par la présence de Dieu. En Gethsémané, une compagnie de soldats et une foule, et des huissiers, tous armés dâépées et de bâtons, se rassemblent contre Christ, afin de renvoyer au ciel, dâoù il était venu, ce témoin qui leur était à charge. Songeait-il, le roi de Syrie, que si même il supprimait le porteur visible du témoignage en Israël, il nâaurait pas supprimé lâÅil du Dieu invisible?
«Allez, et voyez où il est». Les yeux de la chair pouvaient découvrir facilement où se trouvait Ãlisée, car il ne se dérobait pas. Dieu nâa rien à cacher; il est la lumière même; les hommes, au contraire, aiment les ténèbres et ont peur de la lumière. Câest pourquoi lâarmée monte «de nuit» pour environner la ville (v. 14).
Le serviteur dâÃlisée, levé de bon matin, voit toute la force ennemie, lâarmée, les chevaux et les chars, et sâen effraye. Ses yeux ne le trompent pas, mais ce qui lui manque, ce sont les yeux de la foi; câest pourquoi il désespère aussitôt. «Hélas! mon seigneur, comment ferons-nous?» (v. 15). En effet, lâarmée syrienne, sûre dâelle-même, déploie toute sa force contre un seul homme sans défense, et comment pourrait-il résister? Le serviteur voit lâarmée et conclut de même. Il nâest pas excusable, parce quâen sa qualité de serviteur du prophète, il est constamment en contact avec les choses invisibles et devrait savoir quâaucune force humaine ne peut tenir devant la puissance de Dieu.
«Ne crains pas», dit Ãlisée1. Câest toujours la première parole de la grâce. Elle a le don de rassurer une âme angoissée. Que de fois ce mot: «Ne crains pas», est prononcé dans les Ãcritures! Il remplit lâAncien, comme le Nouveau Testament. Tout est fait dans ce monde pour inspirer de la crainte à de pauvres êtres débiles et pécheurs comme nous. Nous sommes aux prises avec des circonstances difficiles, avec le monde, ses séductions ou son hostilité, avec la haine de Satan, avec nous-mêmes et notre nature pécheresse, puis vient la nécessité de nous présenter devant Dieu et dâavoir affaire à Lui. Qui répondra à tant de questions troublantes? Qui pourra apaiser lâangoisse et lâagitation de nos cÅurs? Dieu seul, car Lui a réponse à tout.
1 Dans tous les passages que nous allons citer, le mot «Ne crains pas» est le même en grec dans le Nouveau Testament et en hébreu dans lâAncien.
Ne crains pas, dit Jésus au pécheur qui se jette à ses pieds, repris dans sa conscience devant sa grâce puissante (Luc 5:10). Câest là le premier mot de notre histoire. Ne craignez pas, dit-il à ses disciples, quand lâorage sâélève et menace de les engloutir. Ne craignez pas, quand déjà le naufrage est consommé (Matt. 14:27; Actes 27:24). Ne crains pas, dit-il au petit troupeau sans défense au milieu des loups qui ont le pouvoir de mettre à mort les brebis (Luc 12:32; Matt. 10:28; Apoc. 2:10). Ne crains pas, quand Satan déploie toute sa puissance pour entraver lâÅuvre divine (Actes 18:9). Ne crains pas, quand la mort a déjà fait son Åuvre (Marc 5:36).
Mais ce mot se fait surtout entendre dans les occasions solennelles où des êtres de faiblesse et dâinfirmité, portant la chair en eux, sont appelés à rencontrer Dieu. Même sâIl ne se révèle que par un ange puissant en force, messager céleste, lââme à laquelle il sâadresse, est saisie dâun trouble profond, et a besoin, comme Zacharie ou Marie, de ce mot si réconfortant: Ne crains pas! (Luc 1:13, 30). à plus forte raison, quand des hommes misérables se trouvent en présence de tout le chÅur des armées célestes, et que la gloire du Seigneur resplendit autour dâeux, ont-ils besoin de cette parole: Ne craignez pas (Luc 2:10). Mais quâadviendra-t-il aux disciples, quand sur la sainte montagne, ils devront pénétrer dans la nuée de gloire, demeure de lâÃternel? Ne craignez pas, leur dit Jésus. De pauvres femmes qui croyaient avoir perdu pour toujours lâhomme humble et débonnaire quâelles avaient suivi sur la terre, se trouvant subitement en présence du Christ ressuscité, ont besoin de cette parole: Ne craignez pas. Enfin, le disciple bien-aimé, qui avait reposé sa tête sur le sein de Jésus, le rencontrant vêtu de lâappareil resplendissant et terrible du Dieu juge, et tombant à ses pieds comme mort, est doucement réveillé par cette parole: Ne crains pas (Apoc. 1:17).
Le secret de cette parole, câest la grâce; nous avons à faire à elle seule; elle nous rassure, même quand nous nous trouvons devant le Dieu de jugement, car le Juge est notre Sauveur.
Dans lâAncien Testament, lââme est beaucoup moins souvent rassurée, quand elle se trouve en la présence directe de Dieu, parce que Dieu nây est pas encore pleinement manifesté comme le Dieu de grâce. Lâami de lâÃternel, Moïse lui-même, disait: «Je suis épouvanté et tout tremblant». Tout au plus entend-on cette parole, quand Gédéon rencontre face à face lâange de lâÃternel, et quand Daniel, humilié, se tient devant le représentant du Messie (Dan. 10:12, 19). Mais, en revanche, ce mot: Ne crains pas, y revient continuellement, comme lâassurance du croyant isolé au milieu des difficultés et de la détresse, et de la haine du monde. Abraham, Agar, Isaac, en sont des exemples (Gen. 15:1; 21:17; 26:24). Un sacrificateur persécuté, un Mephiboseth, lâentendent sortir de la bouche de David, lâoint de lâÃternel, auprès duquel ils ont cherché refuge. Une pauvre veuve sidonienne, près de succomber, le reçoit des lèvres du prophète (1 Sam. 22:23; 2 Sam. 9:7; 1 Rois 17:13).
Cette parole frappe les oreilles du peuple de Dieu, chaque fois quâil a affaire à lâennemi, soit en Ãgypte, soit aux confins du désert, soit en Canaan sous Josué, soit même dans la période de ruine qui caractérise le royaume dâIsraël et dans celle qui suit la transportation (Ex. 14:13; Nombres 14:9; 21:34; Deut. 1:21; 3:2, 22; 7:18; 20:3; 31:6, 8; Josué 8:1; 10:8, 25; 11:6; 2 Chron. 20:17; 32:7; Ãs. 7:4; Néh. 4:14). Et quand Israël gît au fond «de la fosse des abîmes» et, de là , pousse vers Dieu son cri de détresse, lâÃternel lui répond: Ne crains pas! (Lam. 3:57).
Enfin, quand ce peuple coupable, courbé sous le jugement de Dieu, châtié et repentant, mais près de désespérer, entendra ces mots, prononcés au bout de son temps dâépreuve: «Consolez, consolez mon peuple!» nous entendons cette parole: «Ne crains pas», se répéter, se multiplier dâéchos en échos. Ne crains pas, mon amour te console, je tâaiderai, je te fortifierai, je serai avec mon serviteur. Ne tâai-je pas racheté? Ne suis-je pas avec toi? Ne crains pas, je te rafraîchirai. Ne crains ni lâopprobre, ni les outrages, ni la honte. Tu es à moi, et je tâai reçu en grâce. Toute la fin dâÃsaïe a pour refrain ce mot consolant et divin (Ãs. 41:10, 13, 14; 43:1, 5; 44:2; 51:7; 54:4).
Lâassurance de la faveur de Dieu dissipe la crainte, lâamour parfait la bannit. Combien de fois nous trouvons dans les Psaumes cette absence de toute crainte devant lâennemi, devant lâébranlement de toutes choses, devant les menaces de la chair et de lâhomme! (Ps. 27:3; 46:3; 56:5, 12; 118:6). En vérité, tout est joie pour le croyant, tout est confiance, parfaite assurance et paix, parce que, au travers de tout, il a Dieu pour lui, Celui dont il est dit: «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?»
«Ne crains pas», dit Ãlisée à son serviteur, «car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux» (v. 16), et il prie, disant: «Ãternel, je te prie, ouvre ses yeux, afin quâil voie». Les yeux de sa chair voyaient lâarmée ennemie et ne se trompaient pas, et cependant il était aveugle. Il y avait des choses qui nécessitaient lâintercession du prophète et lâintervention de lâÃternel, pour quâil pût les voir. Ses yeux furent alors ouverts et «voici la montagne était pleine de chevaux et de chars de feu autour dâÃlisée» (v. 17). Les anges, ces chars de feu et cette cavalerie, rassemblés pour emporter Ãlie au ciel, sont maintenant rassemblés pour garder un seul homme sans défense sur la terre, anéantissant tous les desseins de ses ennemis. Cette intervention divine en faveur des rachetés nâa jamais cessé. Jacob lâavait contemplée, quand les anges, en deux bandes, lâavaient rencontré à Mahanaïm et quâen présence dâun danger imminent, il avait pu dire de lui-même, sâidentifiant avec lâarmée de lâÃternel: «Je suis devenu deux bandes» (Gen. 32:1, 2, 10). Cette même armée angélique frappera les adversaires du Seigneur et de lâAssemblée, quand il sera révélé du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu (2 Thess. 1:7), selon ce qui est écrit: «Qui fait ses anges des esprits, et ses ministres une flamme de feu» (Héb. 1:7). Comme la bande dâÃsaü disparaissait devant celles de Mahanaïm, lâarmée des Syriens est comme une bande de fourmis devant les saintes myriades dont la montagne était couverte, seulement il sâagit de protection et non de combat, comme lorsque David entendit un bruit de gens qui marchent sur le sommet des mûriers (2 Sam. 5:24).
Lâhistoire de Jacob, que lâÃternel nommait Israël, se répète ici. Le vrai Israël était présent dans la personne de son représentant, le prophète. Au temps de la fin, le résidu aura les yeux ouverts, entendra ces mots: Ne crains pas, et pourra sâécrier, lorsque beaucoup diront: Qui nous fera voir du bien? «Je me coucherai, et aussi je dormirai en paix; car toi seul, ô Ãternel! tu me fais habiter en sécurité» (Ps. 4:7, 9).
Lâintervention angélique caractérise plus directement lâéconomie de la loi et par conséquent aussi les temps du résidu prophétique1, mais elle nâest point absente sous lâéconomie de la grâce, comme nous le voyons dans lâhistoire de Pierre (Actes 12), seulement le fidèle est aujourdâhui, sans intermédiaire, en communication directe avec Christ. Ses yeux sont ouverts pour «voir Jésus», non pour voir les anges; il peut dire: «Nous avons vu le Seigneur», non les chariots dâIsraël. Communion plus intime du chrétien, part meilleure que celle du résidu; et, du moment que Jésus entre en scène, lââme reçoit de Lui lâassurance quâelle nâa rien à craindre, parce quâil est la ressource absolument suffisante en toute éventualité.
1 Au temps de la fin, dans lâApocalypse, le Seigneur se fera connaître dans ses voies providentielles, sous une forme angélique, jusquâà sa manifestation sur la montagne de Sion. De là lâexpression «un autre ange» dans ce livre.
Dieu qui ouvre les yeux du serviteur dâÃlisée, frappe lâarmée syrienne de cécité, sur la demande du prophète. Le même Dieu qui avait fermé et ouvert les cieux à la prière dâÃlie, ouvre ou ferme les yeux des hommes à la prière dâÃlisée. Câest que ces demandes partaient de cÅurs en communion réelle avec la pensée de Dieu, et qui ne lui demandaient que ce quâil voulait faire. «Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute» (1 Jean 5:14). à bien plus forte raison en était-il ainsi du Seigneur Jésus. Il pouvait dire: «Je te rends grâces de ce que tu mâas entendu. Or moi je savais que tu mâentends toujours» (Jean 11:41, 42).
«Il les frappa de cécité, selon la parole dâÃlisée» (v. 18). Quelle grâce le Seigneur nous accorde! Il nous tient compte, comme venant de nous, de ce que nous avons demandé par la foi et par lâEsprit, dons gratuits de Dieu! Le prophète peut dès lors se montrer ouvertement aux ennemis; ils ne le reconnaissent pas. Lui, les conduit à Samarie; alors lâÃternel leur ouvre les yeux sur la demande du prophète. Ceux du serviteur lâavaient été pour voir Sa délivrance, les leurs, pour voir leur perte, en présence du jugement de Dieu. Point de ressource; position sans issue; ruine irrémédiable! Mais Celui qui seul a le droit de les juger, ne le fait pas; câétait sa grâce qui les amenait devant son jugement. Le roi profane et incrédule les voit et voudrait les mettre à mort! «Frapperai-je, frapperai-je, mon père?» Malgré ses yeux ouverts, il est aussi aveugle que lâétaient ses ennemis1. Il voudrait exercer le jugement, lui qui le mérite mille fois plus que cette nation idolâtre, car il ne voit, ni ne peut comprendre la grâce. Ãlisée lui répond: «Tu ne frapperas point». Joram méritait dâêtre frappé et nâavait pas le droit de frapper les autres, mais Dieu voulait montrer, à lui, aussi bien quâà tous, quâaucun jugement ne doit atteindre ceux qui sont convaincus de leur perdition. Il nâétait pas trop tard pour eux. La grâce de Dieu venait de les conduire au jugement, mais dans ce monde, et non pas au delà de la vie dâici-bas, où toute ressource sera fermée. Bon gré, mal gré, ces hommes avaient rencontré le Dieu dâÃlisée et non le Dieu dâÃlie. Ils ne sont pas anéantis par le feu du ciel quâils avaient mérité, mais comme retirés du milieu du feu pour faire lâexpérience des compassions du Dieu quâils avaient offensé. «Mets», dit Ãlisée, «du pain et de lâeau devant eux; et quâils mangent et boivent, et quâils sâen aillent vers leur seigneur». Tout tremblants encore, au lieu de lâépée du roi, ils trouvent un festin que Dieu leur a préparé. Câest le grand souper de la grâce.
1 Les diverses manières de voir, sont du plus profond intérêt dans ce chapitre. Nous trouvons dâabord Ãlisée, le voyant, qui nâavait pas besoin que ses yeux fussent ouverts pour voir lâarmée de lâÃternel; puis son serviteur, dominé par le souci des choses visibles, auquel il faut lâintercession du prophète pour se rassurer en voyant les choses invisibles. Nous trouvons encore lâarmée de Syrie, doublement aveugle, parce quâelle croit voir et quâelle est plongée dans la nuit; puis cette même armée, voyant enfin son sort sous le jugement de Dieu, mais ayant en même temps les yeux ouverts pour sâasseoir au «grand festin» de la grâce. Nous trouvons enfin le roi dâIsraël, étranger aux pensées de Dieu, qui croit voir, et dont «le péché demeure» (Jean 9:41), triste représentant dâIsraël, ennemi de Christ et qui mûrit de plus en plus pour le jugement.
Ces hommes, quâavaient-ils fait pour avoir part à une telle libéralité? Ce quâavaient fait Saul de Tarse et tant dâautres ennemis de Christ, dans lâignorance, sans doute; mais ils avaient fait la guerre à Dieu, et Dieu répond ainsi à leur haine. Dès ce moment, «les bandes des Syriens ne revinrent plus dans le pays dâIsraël»; les assauts isolés prennent fin, mais Satan ne peut se tenir tranquille.
Chapitres 6:24-33 et 7
Le siège de Samarie
Jamais lâennemi du peuple de Dieu ne se tient pour battu. Si les bandes syriennes, convaincues de la puissance du Dieu dâIsraël, cessent de faire leurs incursions dans le pays, Ben-Hadad, en revanche, rassemble toute son armée pour assiéger Samarie, et ce siège amène à sa suite une grande famine. Telles sont les conséquences du péché dâIsraël. Lâennemi, sans le savoir, était envoyé de Dieu en jugement contre ce peuple, mais il est en même temps lâimage du prince de la mort, auquel lâhomme pécheur ne peut échapper. La famine est la conséquence de la présence de lâennemi qui, certes, ne songera jamais à nourrir ceux quâil opprime. Elle est comme une autre forme de la mort qui pèse sur ce peuple coupable. Dans tout ce chapitre, câest donc la mort qui domine, sort terrible et inévitable, mérité par lâhomme pécheur. Mais Dieu a des ressources contre la mort même; il le fait proclamer par le prophète et, sâil annonce quâil supprimera la famine, nous verrons que câest en supprimant lâennemi, instrument de son jugement. Cela nous introduit dans le domaine de la grâce et de lâÃvangile.
Après ce court résumé, examinons en détail le contenu de cet intéressant chapitre.
Samarie était la capitale et le centre dâun monde religieux, qui gardait encore lâapparence de conserver le culte de lâÃternel, mais qui lâavait corrompu. Ce monde-là , nous le retrouvons de nos jours sous une autre forme, et câest précisément à cause de sa prétention religieuse quâil est lâobjet du jugement de Dieu. Tous les sacrifices étaient tolérés à Samarie, et la famine, au lieu de faire rentrer en eux-mêmes le peuple et son roi, ne servait quâà faire ressortir lâépouvantable égoïsme du cÅur des hommes qui, pour éviter de mourir de faim, sacrifiaient même leurs enfants, au lieu de se sacrifier pour eux. Si de telles choses pouvaient se rencontrer dans ce milieu, ce nâest pas que les dehors religieux en fussent bannis. Le roi même, portait en signe de deuil et de mortification, probablement dans lâespoir dâécarter le danger, «un sac sur sa chair», mais sans que sa conscience fût atteinte ou son cÅur changé. Nous voyons les mêmes faits se produire dans la chrétienté, quand les nations sont frappées de calamités publiques.
Le roi se mortifiait au moment même où, rempli de haine, il cherchait la vie du prophète de lâÃternel. «Et le roi dit: Ainsi Dieu me fasse, et ainsi il y ajoute, si la tête dâÃlisée, fils de Shaphath, demeure sur lui aujourdâhui!» (v. 31). Lui qui était obligé de dire à la femme en détresse: «Si lâÃternel ne te sauve pas, comment te sauverais-je?» et qui déchirait ses vêtements devant lâhorrible réalité, rejette avec violence le seul homme par lequel un moyen de salut lui est offert. Comment avait-il donc oublié que le prophète lui avait sauvé la vie «non pas une fois, ni deux fois», et que lâÃternel, avec une patience sans bornes, lui avait tendu une main secourable? Tout cela était non avenu pour lui, parce que la seule chose quâil ne voulût pas admettre, et précisément la seule importante, était que ses péchés lui avaient mérité le jugement et la mort.
Pendant que ces choses se passent, le prophète est assis dans sa maison, sâentretenant en paix avec les anciens; mais, comme «voyant», il nâa pas besoin que Dieu lui ouvre les yeux pour connaître les intentions de lâhomme, ou réaliser la protection de Dieu. Fidèle à son serment, le roi envoie un messager avec lâordre de décapiter Ãlisée et, altéré de vengeance, suit sur ses talons lâexécuteur de sa sentence. Avant quâil arrive, le prophète lâa vu: «Voyez-vous que ce fils dâun meurtrier (Achab) envoie pour mâôter la tête?» Lâhomme, trouvant la porte barricadée, ne peut accomplir sa mission et retourne auprès de son maître. Déjoué dans ses desseins, le roi dit: Je renonce à me confier en Dieu! «Voici, ce mal est de par lâÃternel; pourquoi mâattendrais-je encore à lâÃternel?» (v. 33). Combien de fois lâhomme, dans son état de révolte contre Dieu, raisonne comme Joram! Puisque Dieu ne mâaccorde pas ce que je désire, ne me donne pas la guérison dâun être cher, ne me sort pas de mes difficultés matérielles, je me débarrasse de mes obligations envers lui; il nâexiste plus pour moi! Ah! câest que, pas plus que Joram, le cÅur des hommes ne veut remonter à la racine de notre mal qui est le péché et admettre ses conséquences. Il ne veut pas se repentir; son orgueil refuse de se mettre à la merci de son juge, en reconnaissant quâil a raison de le condamner. Les appels même de Dieu lui fournissent une nouvelle occasion de sâendurcir.
Comment Dieu répondra-t-il à tant de méchanceté et de révolte?... Il fait annoncer sa grâce par lâhomme même dont le roi cherche la vie! «Et Ãlisée dit: Ãcoutez la parole de lâÃternel...: Demain à cette heure-ci, la mesure de fleur de farine sera à un sicle, et les deux mesures dâorge à un sicle, à la porte de Samarie» (7:1). Oui, Dieu proclame pour le jour qui va suivre quâil donnera lâabondance et rassasiera les pauvres affamés, alors même que leur péché fût la cause de la famine.
à la proclamation de cette bonne nouvelle, un des assistants se moque de Dieu. «Et le capitaine, sur la main duquel le roi sâappuyait, répondit à lâhomme de Dieu, et dit: Voici, quand lâÃternel ferait des fenêtres aux cieux, cela arriverait-il?» (v. 2). Le roi était incrédule à ce message, cela se voit dans la suite (v. 12); il gardait intactes dans son cÅur sa haine et sa révolte, et cependant son état était moins terrible que celui de ce moqueur, quand la bonne nouvelle de la grâce de Dieu est proclamée par son prophète. Ce dernier lui dit: «Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu nâen mangeras pas». Dieu supporte tous les pécheurs avec une immense patience, mais ceux qui se moquent de lui et de sa Parole sont irrémédiablement perdus. Nous verrons à la fin du chapitre que cet homme est le seul qui, dans une scène de délivrance et dâabondance, soit retranché sans y avoir aucune part.
Le caractère des moqueurs nâest pas, de nos jours, aussi rare quâon le pense; on peut dire, au contraire, quâil caractérise les temps où nous vivons. Pierre dit: «Sachant tout dâabord ceci, quâaux derniers jours des moqueurs viendront, marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises et disant: Où est la promesse de sa venue? car, depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création. Car ils ignorent volontairement ceci, que, par la parole de Dieu, des cieux subsistaient jadis, et une terre tirée des eaux et subsistant au milieu des eaux, par lesquelles le monde dâalors fut détruit, étant submergé par de lâeau. Mais les cieux et la terre de maintenant sont réservés par sa parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies» (2 Pierre 3:3-7). Ne pensons pas que les moqueurs soient des gens qui rient de toute piété. Lâincrédulité dâil y a un siècle et demi revêtait peut-être ce caractère, mais les temps sont changés. Les moqueurs dâaujourdâhui étalent très sérieusement leur incrédulité; ils raisonnent. La parole de Dieu est pour eux nulle et non avenue, comme pour le capitaine de Joram, et nâayant pas confiance en elle, ils se confient en la stabilité des choses visibles, et affirment quâelle ne prendra jamais fin. Ils ignorent volontairement â et câest le caractère de leur moquerie â ce que Dieu leur a révélé par sa Parole. Leur jugement est à la porte.
Et maintenant Dieu nous montre que si lâhomme ne veut pas de lui, non seulement il prépare, comme dans le chapitre précédent, un grand festin à ses ennemis, mais quâil prépare aussi des âmes en vue de la jouissance de ce festin.
«Et il y avait à lâentrée de la porte quatre hommes lépreux, et ils se dirent lâun à lâautre: Pourquoi sommes-nous assis ici jusquâà ce que nous mourions?» Ces quatre hommes étaient souillés, car la lèpre est lâemblème du péché qui souille lâhomme. Comme tels, ils ne pouvaient demeurer avec le peuple; leur souillure les plaçait hors de la porte de Samarie. Ils étaient, du même coup, comme tout lépreux, exclus de la présence de Dieu. De plus, leur condition était telle, quâils ne pouvaient lâignorer; leur maladie offrait cette particularité quâelle était dûment constatée en Israël, quâon ne pouvait la cacher à Dieu, ni aux autres, ni à soi-même. Enfin, sinon par une intervention directe de Dieu, hors de toute ressource humaine, elle conduisait fatalement à la mort.
Tel était donc lâétat personnel de ces quatre hommes, à lâentrée de la porte de Samarie. Ce qui le rendait plus terrible, câest que la mort les environnait de toute part. «Si nous disons: Entrons dans la ville, la famine est dans la ville, et nous y mourrons; et si nous restons assis ici, nous mourrons. Et maintenant, venez, et passons dans le camp des Syriens: sâils nous laissent vivre, nous vivrons; et sâils nous font mourir, nous mourrons» (v. 4). Sâils avaient pu rentrer en ville, ils y auraient trouvé la famine et la mort. Rester où ils étaient, était sans contredit la mort. Se rendre à lâennemi, représentant du jugement de Dieu et qui en tenait lâépée, nâétait-ce pas encore la mort? Mais, de ce côté-là , du moins, il y avait une lueur dâespoir. «Sâils nous laissent vivre, nous vivrons». Leur vie dépendait de la bonne volonté de lâennemi. Peut-être ne prononcerait-il pas la sentence?...
Ne traversons-nous pas aujourdâhui les mêmes circonstances? Le pécheur, convaincu de péché, ne peut trouver de secours et de délivrance auprès du monde, même sous son aspect religieux. Il nây rencontre que la famine et la mort. Il ne peut rester dans son état actuel; câest encore la mort. Il a devant lui la menace du jugement de Dieu, et câest la mort, la mort terrible et fatale... mais peut-être le juge aura-t-il pitié de lui... Quâil aille donc se jeter aux pieds du juge! Quâil aille; il apprendra que ce Dieu juge est le Dieu dâamour, le Dieu Sauveur!
Mais notre récit ne va pas aussi loin. Ces lépreux ne se lèvent pas pour rencontrer Dieu. Ils sâavancent, incertains et craintifs, arrivent «au bout du camp des Syriens, et voici, il nây avait personne». Quâétait-il arrivé? «Le Seigneur avait fait entendre dans le camp des Syriens un bruit de chars et un bruit de chevaux, le bruit dâune grande armée» et, croyant à une attaque des alliés dâIsraël, ils sâétaient enfuis, abandonnant tentes, ânes et chevaux, et le camp tel quel, pour sauver leur vie.
Lâennemi lui-même, instrument du jugement de Dieu, avait disparu. Le jugement était tombé sur lui. Il nây avait plus de jugement. Comment cela avait-il pu se faire? Un bruit de grande armée sâétait fait entendre, mais ce nâétait quâun bruit, chose en réalité faible et insignifiante, nullement comparable aux chevaux et aux chars de feu de Dothan, mais, chose des plus puissantes, parce quâelle provenait du Seigneur lui-même. Lui était dans ce bruit, et cela suffit pour anéantir toute la puissance de Ben-Hadad.
Pour nous, cher lecteur chrétien, ce bruit sâest fait entendre à la croix, où le Fils de Dieu eut à faire à toute la puissance du prince de la mort et de son armée. Il lâa vaincu par ses propres armes, mais sans aucun déploiement de forces. Dans la mort dâun seul homme, crucifié en faiblesse, se trouvait la puissance de Dieu pour vaincre, anéantir, annuler cet ennemi terrible. Telle a été la mort de Christ. Satan tenait lâhomme captif sous la crainte de la mort, et il a été vaincu par ses propres armes, comme la tête de Goliath fut tranchée jadis par le faible David avec lâépée même du géant.
La mort était vaincue, le jugement annulé pour ces quatre lépreux. Ils allaient, tremblants, au-devant de ces choses; ils trouvent à leur place la vie, une abondance de biens et de richesses, et de quoi assouvir leur faim, toutes les dépouilles de lâennemi, sans quâil leur en coûte rien. Ils récoltent le fruit de la victoire qui pour nous est celle du Seigneur. La paix est dans le camp; personne ne sâoppose à eux; ils sont rassasiés, découvrent des trésors quâils sâapproprient. Mais peuvent-ils se taire et les garder pour eux? Non, la joie du salut est communicative; ces hommes deviennent pour dâautres des messagers de bonnes nouvelles. «Ce jour est un jour de bonnes nouvelles, et nous nous taisons».
Ce qui caractérise ce chapitre, ce nâest pas un Dieu qui ôte la souillure du péché, sinon ces lépreux, comme Naaman, ne seraient pas restés ce quâils étaient; mais un Dieu qui ôte le jugement dans la personne de lâennemi et détruit en même temps la puissance de la mort, afin que de pauvres êtres souillés puissent vivre et jouir des bénédictions dont ils étaient privés.
Remarquons encore un des caractères de lâÃvangile, dans ce récit. Quand Ãlisée annonce pour «demain» que la famine aura cessé, il dit: «Ãcoutez» (v. 1). Cette parole sâadresse indistinctement à tous: peuple, roi, capitaine moqueur, comme la semence du semeur tombe indifféremment sur chaque terrain. Il en est de même de la victoire remportée. Tous y sont invités; ses résultats sont offerts indistinctement à tous. Le peuple, la ville tout entière, le roi et ses serviteurs, sont conviés au festin. Ce fameux «demain», annoncé par le prophète, sâest changé en un «aujourdâhui». Tous viennent, se repaissent et sâenrichissent, mais sont loin de partager la joie des lépreux. Ceux-ci, en présence des merveilles de leur salut, ne peuvent rester muets; il faut quâils parlent: «Nous nous taisons». On voit comment le roi et ses serviteurs reçoivent lâannonce de la délivrance (v. 12-15). Pour eux, ce salut qui ne leur coûte rien, cache un piège. Faisons au moins, disent-ils, quelque chose de notre côté, et ils se mettent à poursuivre lâennemi avec deux chars et cinq chevaux fourbus! Tout ce quâils peuvent faire, câest de retarder lâheure de la délivrance, en cherchant à constater ce que la foi des lépreux avait saisi avant leur enquête. Leur pensée, en présence de la bonne nouvelle, est pure incrédulité. Le roi dit: «Je veux vous dire ce que les Syriens nous ont fait: ils savent que nous avons faim, et ils sont sortis du camp pour se cacher dans les champs, disant: Ils sortiront hors de la ville, et nous les prendrons vivants, et nous entrerons dans la ville» (v. 12). Puis, sur la proposition dâun de ses serviteurs, il ajoute: «Allez et voyez». La vue, pour eux, remplace la foi, et, sâils ont part comme les autres aux résultats de la délivrance, la vue ne les sauve pas; elle nâa jamais sauvé personne. Le capitaine en est un exemple effrayant. Le prophète lui avait dit: «Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu nâen mangeras pas» (v. 19). «Et il lui en arriva ainsi: le peuple le foula aux pieds dans la porte, et il mourut». La vue fut pour lui le prélude immédiat de la mort!