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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-48
1 à 16 Préambule du Discours sur la Montagne. Les Béatitudes.
Comparer Luc 6:20 et suivants Les foules sont celles que Matthieu a décrites Matthieu 4:25, et qui, attirées par les guérisons que Jésus opérait et par la puissance de sa parole, lâavaient suivi de toutes les contrées dâalentour, même de Jérusalem et de la Judée. Les guérisons et les actes miraculeux, dont elles avaient été témoins les avaient préparées à recevoir les paroles étonnantes quâelles vont ouïr. Comment auraient-elles pu croire heureux ceux que lâexpérience et le bon sens proclament malheureux, si elles nâavaient contemplé les merveilleuses délivrances que Jésus tenait en réserve pour eux (comparer Luc 4:17 et suivants) ?
La montagne, malgré lâarticle, ne désigne aucune sommité particulière, mais en général la hauteur, par opposition à la plaine. Câest ainsi que les habitants des vallées disent : aller à la montagne, sans indiquer par la un point spécial de la chaîne dont il sâagit. La tradition a été plus précise que les évangélistes; elle place la montagne des Béatitudes non loin de la ville de Tibériade, située sur le bord du lac de ce nom. Derrière la montagne qui domine Tibériade est un large plateau, montant en pente douce du coté dâun rocher qui en forme le sommet. Câest sur ce rocher que Jésus aurait passe la nuit en prières et quâau point du jour il aurait appelé ses disciples et choisi ses apôtres (Luc 6:12 et suivants).
Puis il serait descendu près de la foule qui lâattendait sur le plateau, et câest de la quâil aurait enseigné le peuple. Lâapparente contradiction qui existe entre le récit de Luc et celui de Matthieu se trouverait ainsi résolue.
Selon le premier, Jésus descendit, et câest dans une plaine quâil aurait prononce son discours (Luc 6:17 note).
Selon Matthieu, il serait monté sur une montagne avec le peuple. Ceci sâexplique, puisque Matthieu ne dit rien ici de la prière de Jésus et de lâélection des apôtres il ne rapporte que le fait général, la prédication aux troupes assemblées sur une montagne.
Luc, qui rapporte un détail de plus, nous montre le Seigneur montant dâabord au sommet, puis redescendant dans la plaine, câest-à -dire sur le plateau (il dit même : dans un lieu en plaine, ce qui semble indiquer par une nuance quâil ne sâagit pas dâune plaine proprement dite).
Ses disciples, ceux dâentre eux quâil venait dâappeler à lâapostolat et ceux qui déjà avaient entendu et goûté sa parole, lâentouraient comme toujours; mais cela ne signifie point, comme on lâa prétendu, que son discours ne sâadressât quâà eux, à lâexclusion de la multitude (comparer Matthieu 7:28).
Sans doute, ce discours, qui expose les principes spirituels et sublimes du royaume que Jésus venait fonder, ne pouvait être compris de tous, comme il ne peut être mis en pratique que par ceux qui sont animés de lâesprit de ce royaume; mais le Sauveur parlait et enseignait en vue de lâavenir.
Sa parole est une révélation, et quand son Åuvre sera achevée, cette parole deviendra lumière et vie dans le cÅur de ses rachetés.
Ouvrant sa bouche, hébraïsme qui indique la solennité de lâaction, la sainte liberté de la parole. Comparer Matthieu 13:35; 2 Corinthiens 6:11; Ãphésiens 6:19
On nâest donc pas fondé à voir dans les pages qui suivent non un discours de Jésus, mais une compilation de lâévangéliste, qui en aurait emprunté les éléments à diverses paroles du Seigneur, prononcées en dâautres occasions. Sans doute, la forme assez différente sous laquelle Luc a rapporté ce même discours, soit pour le choix, soit pour lâordre des matériaux, montre assez que les évangélistes ont usé dâune sainte liberté selon le plan quâils sâétaient tracé et sous la direction de lâEsprit de vérité qui les animait.
Sans doute encore, il est un bon nombre des pensées de ce discours qui se retrouvent ailleurs dans les enseignements du Sauveur et avec des applications différentes. Mais ce sont tantôt des expressions proverbiales, des images, que Jésus pouvait certainement employer plus dâune fois (ainsi verset 13; comparez Marc 9:50; Marc 7:13; comparez Luc 13:24; Luc 6:22; comparez Luc 11:34; Luc 6:24, comparez Luc 16:13) tantôt de courts préceptes moraux, qui devaient naturellement reparaître aussi dans ses enseignements. Ainsi verset 25; comparez Luc 12:58; Luc 5:32; comparez Luc 16:18; Luc 6:19; Luc 12:33 Quant à là belle exhortation touchant les inquiétudes (Matthieu 6:25-34), que Luc a rapportée ailleurs (Luc 12:22-31), il serait difficile de dire dans lequel des deux récits elle se trouve le mieux à sa place.
Quoi quâil en soit, la manière dont lâévangéliste introduit cette prédication et dont il en décrit lâeffet (Matthieu 7:28), montre avec évidence quâil rapporte un discours solennel et prolongé de son Maître. Et nâétait-il pas dans la nature des choses que le Sauveur, tout en guérissant les malades, en consolant les affligés, saisit lâoccasion dâexposer à ces foules qui le suivaient les grands et éternels principes moraux de son règne ? Il le fait, non dans les formes logiques de lâécole, mais avec la liberté dâallure qui convient à une instruction improvisée, coulant de source, mais qui, dans son ensemble, ne manque pas dâune grandiose unité.
Heureux !
Toutefois, cet amour recouvre un profond sérieux, car ceux que Jésus déclare heureux sont bien misérables aux yeux du monde. Ils ne sont heureux quâà cause de la promesse qui accompagne chacune de ces déclarations et qui la motive.
Les pauvres en esprit sont ceux qui se sentent pauvres dans leur vie intérieure, moralement et spirituellement pauvres, et qui, par là même, soupirent après les vraies richesses de lââme (Lâesprit désigne, non le Saint-Esprit, mais la faculté par laquelle nous entrons en relation avec Dieu et réalisons la vie morale. Comparer Matthieu 26:41). Lâinverse est décrit dans Apocalypse 3:17 (comparer 1 Corinthiens 4:8 et suivants).
Ce sentiment de pauvreté devant Dieu nâest pas encore la repentance, mais une humilité profonde, douloureuse, qui y conduit (comparer Ãsaïe 57:15).
On peut interpréter aussi cette parole en ce sens quâelle désignerait, non la pauvreté morale, mais la pauvreté temporelle réalisée en pensée, sinon de fait.
Les pauvres en esprit sont tous ceux qui ont lâesprit détaché des biens de la terre, comme dit Bossuet, et il ajoute : à Seigneur ! Je vous donne tout : jâabandonne tout pour avoir part a ce royaume ! Je me dépouille de cÅur et en esprit, et quand il vous plaira de me dépouiller en effet, je mây soumets (Méditations sur lâÃvangile).
Ainsi comprise la première béatitude de Matthieu répond exactement a la première béatitude de Luc (Luc 6:20, note) et nâa pas un sens presque identique a celui de la quatrième béatitude : «â¯Heureux ceux qui ont faim et soif de la justiceâ¯Â».
Quâil sâagisse de pauvreté spirituelle ou de pauvreté temporelle, dâhumilité ou de détachement, ou de tous les deux a la fois, a une telle situation répond la promesse ou plutôt la déclaration positive et actuelle : parce quâà eux est le royaume des cieux (Telle est la construction grecque, comme dans tous les versets qui suivent),. Ce royaume (voir sur ce mot Matthieu 3:2, note) ou tout est lumière, justice, paix, amour, leur est assuré par la «â¯race divine avec toutes ses richessesâ¯Â». Il ne leur est pas seulement promis pour lâavenir. Il leur appartient dès maintenant. Quel contraste avec leur pauvreté !
Ceux qui pleurent, ou qui sont dans le deuil, la tristesse. Lâexpression est très générale et ne sâapplique pas exclusivement a ceux qui pleurent sur leurs péchés. Mais comme il y a en ces affligés le sentiment humiliant de leur pauvreté morale (verset 3, comparez Jacques 4:9), leur tristesse est «â¯selon Dieuâ¯Â» et non «â¯du mondeâ¯Â» et produit «â¯une repentance à salutâ¯Â». 2 Corinthiens 7:10
Aussi seront-ils consolés, parce que cette tristesse les amène a la source du pardon, de la paix, de la vie. Ãsaïe 61:2-3; Ãsaïe 66:2
Paroles empruntées au Psaumes 37:1 Cette douceur, cet abandon à la volontâ de Dieu, en présence des violences, de lâinjustice et de la haine, est produit en eux par le sentiment humble et attristé de ce qui leur manque (V 3 et 4). Elle implique le renoncement aux avantages et aux joies de ce monde; mais, par une magnifique compensation, ceux qui la pratiquent hériteront la terre. La terre de la promesse, Canaan, est prise dans son sens spirituel, et signifie la patrie dâen haut, le royaume de Dieu, dont la possession est assurée à ceux qui sont doux. Tel est aussi le sens de cette image au Psaumes 37 et ailleurs. Hébreux 4:1; Hébreux 11:13-16 Bien que cette promesse ne doive être réalisée dans sa plénitude quâau dernier jour, elle sâaccomplit dés ici-bas en ce sens que «â¯toutes choses travaillent au bien de ceux qui aiment Dieuâ¯Â» (Romains 8:28), et que «â¯toutes choses sont à euxâ¯Â» (1 Corinthiens 3:21).
Dâexcellents critiques du texte (Lachmann, Tischendorf), se fondant sur D., la syriaque de Cureton et quelques Pères, placent le verset 5; avant le verset 4, et obtiennent cet ordre qui leur paraît plus naturel : les pauvres, les doux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice. La progression est plus frappante. Toutefois, les témoignages invoqués ne suffisent pas pour justifier cette transposition, ou du moins la laissent douteuse.
Cette faim et cette soif des biens spirituels qui leur manquent, de la vraie justice intérieure dont ils se sentent privés, dâune vie conforme a la volonté de Dieu, naissent en eux des dispositions décrites dans les versets précédents. Cette belle et énergique image de la faim et de la soif, expression dâun besoin pressant, dâun ardent désir de vie, revient souvent dans lâÃcriture. Psaumes 42:3; Psaumes 63:2; Ãsaïe 41:17, Jean 7:37, Apocalypse 22:17
Toute âme qui lâéprouve devant Dieu sera rassasiée, rassasiée de justice, puisque câest de justice quâelle a faim et soif. Les révélations subséquentes de lâÃvangile lui apprendront comment elle y parviendra. Romains 3:21-30; Philippiens 3:9 etc.
Voir déjà dans le sermon sur la montagne la doctrine de la justification par la foi, serait une anticipation que lâexégèse ne doit pas se permettre (comparer Matthieu 6:33). Seulement, il est vrai de dire avec Luther que :
Les miséricordieux sont ceux qui ne pensent pas seulement a leur propre misère, mais qui compatissent a la misère de leurs frères. Il faut avoir senti sa propre misère, avoir souffert soi-même, pour pouvoir sympathiser avec la souffrance dâautrui. Il faut avoir été soi-même lâobjet de lâamour infini de Dieu pour pouvoir aimer les autres et pratiquer à leur égard la charité.
Telle est la double pensée qui rattache cette béatitude aux précédentes. Elle est liée à elles aussi par cette considération que ceux que Jésus appelle au bonheur de ses disciples auront besoin encore dâobtenir miséricorde au jour du jugement suprême, car bien quâassurés du royaume des cieux, bien que consolés et rassasiés de justice, il restera dans leur vie beaucoup de manquements et dâimperfections à couvrir. Il leur sera pardonné et fait miséricorde selon quâils auront fait miséricorde. Matthieu 6:14-15; Matthieu 18:32-35; Matthieu 25:31 et suivants, Luc 6:35-38; Luc 14:12-14; Jacques 2:13
Le cÅur est, selon lâÃcriture, lâorgane de la vie morale. Ãtre pur de cÅur, câest, par opposition à des Åuvres extérieures, être affranchi de toute souillure de toute fausseté, de toute injustice, de toute malice dans ce centre intime des pensées et des sentiments. Tel nâest point lâétat moral de lâhomme naturel (Matthieu 15:19). Comment il parvient à cette pureté, câest encore ici ce qui sera révélé plus tard, quand le Sauveur aura accompli son Åuvre de rédemption (comparer 1 Corinthiens 6:11). Chaque promesse répondant parfaitement à la disposition décrite dans chacune de ces béatitudes, ceux qui sont purs de cÅur sont heureux, parce quâils verront Dieu. Câest-à -dire quâils vivront dès ici-bas dans sa communion, et le contempleront un jour immédiatement dans la beauté suprême de ses perfections, source intarissable de la félicité du ciel. 1 Corinthiens 13:12; 1 Jean 3:2; Apocalypse 22:4 comparez 2 Corinthiens 3:18
Des passages tels que : Exode 33:20; Jean 1:18; 1 Timothée 6:16 ne sont point en contradiction avec cette glorieuse promesse, parce que lâimpossibilité de voir Dieu qui est esprit, tient à lâéconomie présente de la chair, et cessera dans la perfection et dans la gloire.
Grec : ceux qui font la paix. Ceux qui non seulement sont paisibles eux-mêmes, mais qui, après avoir trouvé la paix, sâefforcent de la procurer à dâautres et de la rétablir parmi les hommes, là où elle est troublée.
Ils sont heureux, parce quâils seront appelés de ce doux et glorieux titre : fils de Dieu. Ce titre exprime une réalité profonde; car en tant que ces fils de Dieu procurent la paix, ils ont un trait de ressemblance avec leur Père qui est «â¯le Dieu de paixâ¯Â» Romains 16:20; 2 Corinthiens 13:11, ils agissent selon son Esprit.
Donc ils sont fils de Dieu, mais en outre ils seront appelés tels, leur titre sera reconnu et de Dieu et de tous.
La justice signifie la même chose quâau verset 6, seulement le mot est pris dans son sens objectif.
à cause de la justice nâest donc pas différent, au fond, de cet autre terme : à cause de moi (verset 11). Christ est le représentant, le possesseur, le dispensateur de la justice.
Ceux qui sont persécutés à cause de lui sont heureux, parce quâà eux est le royaume des cieux (verset 3, note). Dans la huitième béatitude, Jésus revient donc à la première (ce qui fait que plusieurs interprètes nâen comptent que sept, mais à tort). Il clôt ainsi un cycle harmonique dâexpériences et de promesses. Les quatre premières concernent ceux qui cherchent dans leurs profonds besoins, les quatre dernières, ceux qui ont trouvé et qui déjà développent une certaine activité dans le règne de Dieu.
Chaque promesse, source du bonheur (heureux !) répondant exactement et abondamment à chaque état dââme décrit, fait resplendir un rayon de la gloire du royaume des cieux : aux affligés; la consolation (verset 4); aux doux, la possession de la terre (verset 5); aux affamés, le rassasiement (verset 6) aux miséricordieux, la miséricorde (verset 7); aux purs de cÅur, la vue de Dieu (verset 8); à ceux qui procurent la paix, le beau titre dâenfants de Dieu (verset 9). Mais dans la première et la dernière béatitude, Jésus, qui est le Maître du royaume des cieux, le dispense tout entier aux pauvres et aux persécutés (verset 3 et 10); et là seulement il parle, non au futur, mais au présent : ce royaume est à eux.
Les verset 11 et 12 ne sont que le développement du verset 10.
Une variante supprime le mot faussement (grec : en mentant). Elle nâest pas assez documentée pour être admise. Il faut remarquer cette grande parole sur laquelle porte lâaccent : à cause de moi. Qui est-il donc Celui pour qui les chrétiens doivent supporter les injures et les persécutions ?
La récompense, qui nâaffaiblit en rien la vérité du salut par grâce, par la foi Romains 4:4-5 est grande en proportion de la fidélité et de lâamour avec lesquels les disciples de Jésus auront souffert pour son nom. Toutefois, nul chrétien ne cherche cette récompense en dehors de Dieu et du bonheur de le servir, sans cela, il perdrait ce qui en fait la grandeur et la douceur (Matthieu 20:1 et suivants).
Le Sauveur montre à ses disciples persécutés un sujet de joie dans la pensée (car) quâils ont ce trait de ressemblance avec les prophètes qui les ont précédés (1 Rois 18:22; Jérémie 26:11 et suivants; Jérémie 37:15 et suivants; Jérémie 38:4 et suivants Hébreux 11:36 et suivants).
Jésus, après avoir, dans les béatitudes, caractérisé ceux qui sont enfants de son royaume et leur avoir prédit dâinévitables persécutions dans un monde ennemi de Dieu (versets 10-12), veut leur faire sentir maintenant (versets 13-16) tout le sérieux de leur position, la grandeur de leur vocation, afin que, loin de se laisser abattre par lâopposition, ils nâen deviennent que plus courageux et fidèles pour exercer la sainte influence quâils sont appelés à avoir. Ils sont parmi les hommes le sel, la lumière.
Ãloigner la corruption Exode 30:35; 2 Rois 2:19-22, rendre les aliments savoureux et sains Job 6:6 telle est la destination du sel. Comparer Marc 9:49-50; Luc 14:34; Colossiens 4:6 Le sens spirituel de lâimage est évident. Les disciples de Jésus sont eux-mêmes le sel de la terre, destiné à pénétrer toute la masse de lâhumanité (voir «â¯lumière du mondeâ¯Â», verset 14).
Mais si le sel même venait à perdre sa saveur (grec devient insipide), rien ne pourrait la lui rendre il devient une matière inutile, et sa destination est perdue. Dans son sens spirituel et moral, la pensée est terrible. Jésus ne dit pas que cela arrivera à ses disciples mais il en suppose la possibilité.
Parole étonnante, car le Sauveur se lâapplique à lui-même ! Jean 8:12; Jean 9:5; Jean 12:35
Lui seul est dans un sens absolu la lumière du monde qui a resplendi dans nos ténèbres. Ses disciples, illuminés par lui, le deviennent immédiatement. Ãphésiens 5:8, Philippiens 2:15
En Palestine, les villes sont ordinairement bâties sur le sommet ou le penchant dâune montagne; peut-être Jésus en avait-il une devant les yeux ? Quâil montrait de la main (voir Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e édition, page 382 et suivants). Cette image a le même sens que la suivante. La vie de lâÃglise, la vie de lââme ne peut et ne doit être cachée dans ce monde.
Cette image : mettre la lumière sous le boisseau, nâoffre à lâesprit aucune idée conforme à nos usages actuels. Il en est tout autrement dans les campagnes en Orient. Nous voici dans lâunique chambre qui abrite toute une famille :
De là lâarticle, le boisseau, car il nây en a quâun.
Ce verset est lâapplication des principes qui précèdent. Votre lumière : elle nâest à nous que lorsque nous nous la sommes appropriée dâune manière vivante, alors elle luit dâelle-même devant les hommes qui voient, non pas seulement des doctrines ou des opinions religieuses, mais vos bonnes Åuvres, tout lâensemble dâune vie chrétienne, la sainte vérité dont le caractère est essentiellement moral et pratique. Les hommes qui verront ces Åuvres, glorifieront, non pas vous (si tel était votre but secret, la lumière en serait obscurcie, les bonnes Åuvres deviendraient mauvaises), mais votre Père qui est dans les cieux, auquel ils seront forcés dâattribuer le témoignage dâune vie sanctifiée. 1 Pierre 2:12
Trouvera-t-on une contradiction entre ces paroles et celles du Matthieu 6:1-6 ? Câest le discernement spirituel qui doit indiquer la conciliation.
Plan
3>La position du Christ à lâégard de la loi de lâancienne Alliance
Il nâest pas venu pour abolir, mais pour accomplir ; aucun trait de la loi divine ne passera jusquâà ce que tout ait été accompli ; la violer ou lâobserver, câest être petit ou grand dans le royaume des cieux : et ceux-là nây entreront point dont la justice ne surpasse pas celle des pharisiens (17-20).
3>La justice supérieure, premier exemple
Quelle est cette justice supérieure, comment faut-il interpréter la loi ? Jésus le montre par une série dâexemples empruntés à la loi morale. Premier exemple, interprétation du cinquième commandement. La loi dit : Tu ne tueras point, et le meurtrier est punissable par le jugement. Mais moi je vous dis que la colère ou des paroles de mépris ou de haine contre un frère sont une violation de la loi et méritent la condamnation. Aucun acte de piété nâest possible dans ces sentiments : va premièrement te réconcilier avec ton frère. Sois promptement dâaccord avec ton adversaire, tandis quâil en est temps, de peur que tu ne sois condamné (21-26).
3>Second exemple :
Interprétation du sixième commandement. La loi dit : Tu ne commettras point adultère ; mais moi je vous dis que regarder une femme avec convoitise, câest violer le commandement. Câest dans le cÅur quâil faut déraciner le mal, fût-ce par un sacrifice pareil à celui de sâarracher un Åil ou de se couper une main. Ainsi encore, la loi permet le divorce ; mais moi je vous dis que quiconque répudie sa femme, sauf pour cause dâinfidélité, lâexpose à devenir adultère (27-32).
3>Troisième exemple :
La loi interdit le parjure et ordonne de tenir fidèlement les serments ; mais moi je vous dis : Ne jurez point du tout, ni par des objets sacrés, ni par des choses terrestres ; mais contentez-vous dâaffirmer la vérité par un oui ou un non (33-37).
3>Quatrième exemple
Il a été dit : Åil pour Åil, dent pour dent ; mais moi je vous dis : de ne point résister au méchant, de souffrir des injures et des pertes, de donner et de prêter libéralement (38-42).
3>Cinquième exemple
Il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi ; mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous maudissent et vous persécutent, et priez pour eux, afin quâainsi vous soyez fils de votre Père, qui donne à tous des marques de sa bonté. Aimer ceux qui vous aiment, de quelle récompense cela est-il digne ? Le but suprême à atteindre, câest la perfection même de Dieu (43-48).
17 à 48 La Loi accomplie par Jésus-Christ. Réforme de la vie morale.
La liaison de la partie du discours qui remplit les versets 17-48 avec ce qui précède nâest pas évidente, plusieurs interprètes pensent même quâil nâen faut point chercher, mais voir ici le point de départ dâune pensée nouvelle, qui est la principale du sermon sur la montagne. Cependant, si lâon considère que le Sauveur a caractérisé les vrais membres de son royaume, ceux qui ont faim et soif de la justice (verset 6) et dont les hommes doivent voir les bonnes Åuvres (verset 16), et quâil expose maintenant lâesprit et la pratique de cette justice véritable telle que la formule la loi divine (verset 21 et suivants), on se convaincra quâil existe entre ces deux pensées fondamentales un lien intime.
à ce point de vue on comprend dâautant mieux la solennelle déclaration que lui, le Messie, nâest point venu, point entré dans son ministère pour abolir la loi ou les prophètes, comme le pensaient les Juifs, qui sâattendaient à ce que leur Messie transformerait toute la loi. La loi et les prophètes, câest toute lâéconomie mosaïque et toutes les révélations de lâancienne alliance, soit comme institutions, soit comme Ãcriture sainte (Matthieu 7:12; Matthieu 22:40; Luc 16:16). Le Sauveur ne veut rien abolir, abroger (grec délier, dissoudre, détruire, verset 19), mais tout accomplir. Et il lâa fait de toutes manières.
Cet accomplissement, dans un sens plus élevé, plus parfait, lâÃvangile de Christ lâopère à son tour dans le cÅur des croyants. Romains 3:31 Ainsi Jésus a accompli la loi et les prophètes dâune manière organique et vivante, comme la fleur accomplit le bouton, comme le fruit accomplit la fleur. Et en portant nos regards plus loin, nous pouvons attendre encore pour lâavenir lâaccomplissement de ce quâil y a de plus excellent dans lâéconomie présente, notre communion avec Jésus Luc 22:16, la joie de ses rachetés. Jean 15:11
Grec : que tout soit arrivé, soit réalisé, ait été fait, dans le sens du verset précédent. Ces paroles confirment la vérité profonde du verset 17 (car), et cela par cette affirmation solennelle : en vérité (hébreux : amen, vérité), mot conservé tel quel dans la traduction grecque que les évangiles nous donnent des discours de Jésus. Câest ce qui a engagé les auteurs de la version de Lausanne à le conserver aussi dans sa forme hébraïque.
Ces mots : jusquâà ce que le ciel et la terre aient passé, sont pris par les uns comme une expression proverbiale signifiant jamais; par les autres dans ce sens que, même alors, rien de la loi ne passera, mais que tout sera réalisé dans la perfection. Ce dernier sens est le vrai (comparer Matthieu 24:35; Luc 16:17).
Un iota est le nom grec de la lettre i qui, dans lâalphabet hébreu, est la plus petite de toutes.
Un trait de lettre désigne certains jambages ou crochets qui distinguent les unes des autres les lettres hébraïques. Ces images signifient quâaucune partie de la loi ne passera sans avoir été accomplie. Mais lâaccomplissement même rend inutile la forme précédente, le fruit remplace la fleur, la grâce et lâamour se substituent à la loi dans la vie du chrétien, la réalité succède aux ombres et aux figures de la loi cérémonielle, et un jour la perfection suivra tout ce que nous possédons aujourdâhui. 1 Corinthiens 13:9-12
Un de ces plus petits commandements, câest ce que Jésus vient de désigner comme un iota ou un trait de lettre. Le violer ou lâabolir ainsi de fait (même mot quâau verset 17) et enseigner les autres à le faire, câest sâexposer à nâoccuper quâun degré très inférieur dans le royaume des cieux.
Lâexpression dont Jésus se sert : il sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ne signifie pas quâil sera exclu de la félicité éternelle (Augustin, Luther, Calvin), ce sens est contraire aux termes; elle ne signifie pas quâil nâaura quâune petite part du bonheur à venir (Meyer), car lâÃvangile nâenseigne pas quâil y aura des degrés divers dans ce bonheur. Elle signifie quâil nâaura quâune part moindre et un rôle inférieur dans lâétablissement du règne de Dieu sur la terre (B. Weiss).
Celui qui croit pouvoir travailler à lâÅuvre de ce règne plus efficacement en sâaffranchissant de lâobéissance aux commandements qui lui paraissent secondaires, en les abolissant dans sa conduite et ses préceptes, se trompe. Câest la fidélité dans les petites choses, lâaccomplissement scrupuleux de lâhumble devoir, qui rendent apte au royaume de Dieu. Il faut dâailleurs envisager ces commandements dans leur esprit et dans leur ensemble, qui forme un tout inviolable, la volonté de Dieu. Comparer Jacques 2:10
Grec : si votre justice ne surabonde de beaucoup â¦(voir sur les scribes, Matthieu 2:4, note; Matthieu 23:2, note, et sur les pharisiens. Matthieu 3:7, note).
Ces paroles montrent ce que Jésus entend, dans les versets précédents, par lâaccomplissement de la loi, et introduisent le discours qui va suivre, sur la manière dâinterpréter la loi. Ses disciples doivent réaliser une justice bien supérieure à la justice extérieure, superficielle et formaliste des pharisiens dont il va faire ressortir toute lâinsuffisance. Il ne dit pas, dans le sermon sur la montagne, par quel moyen ses disciples pourront obtenir cette justice supérieure. Il ne faudrait pas conclure de cette parole isolée que lâhomme puisse jamais, par sa propre justice, entrer dans le royaume des cieux.
Tel est le premier exemple par lequel Jésus va faire comprendre à ses disciples quelle est dans son étendue et sa profondeur la vraie justice, telle que lâétablit la loi saisie non dans sa lettre mais dans son esprit (verset 20). Les Juifs entendaient la lecture de la loi à chaque sabbat.
Les anciens sont toutes les générations précédentes auxquelles Moïse et les docteurs qui lui succédèrent (Matthieu 23:2) enseignèrent la loi. Le commandement cité est de Moïse Exode 20:13, et les paroles qui y sont ajoutées : celui qui tuera⦠est une détermination des interprètes, fondée dâailleurs sur la législation mosaïque. Le jugement devant lequel le meurtrier était punissable ou justiciable (grec lié, coupable), était une cour de justice secondaire, établie dans chaque district. Deutéronome 16:18; 2 Chroniques 19:5 à cela se bornait, dans lâinterprétation pharisaïque, toute la signification de ce commandement, quiconque ne lâavait pas violé à la lettre, pouvait se croire innocent; maisâ¦(verset 22).
Quelques interprètes traduisent : «â¯Il a été dit par les anciensâ¯Â», au lieu de «â¯aux anciensâ¯Â». Sens grammaticalement possible, mais contraire à lâusage de cette expression dans le Nouveau Testament. De même dans la suite de ce discours.
Quelle autorité dans ce contraste : Mais moi je vous dis !
Ce commandement, ainsi que tous les autres, peut être violé dans le cÅur par les passions : la colère, la haine, le mépris; et cette violation mérite, devant la justice divine, le même châtiment que le meurtre proprement dit.
Le Sauveur établit une gradation dans la transgression, et aussi dans la peine quâelle fait encourir. Dâabord la colère contre un frère quâil faudrait aimer (il faut retrancher ce mot sans cause quâajoute le texte reçu avec D, plusieurs majuscules, les vers syriaques et des Pères); puis lâexpression de cette colère par des paroles de haine ou de mépris. Raca terme injurieux qui signifie en hébreu araméen tête vide, homme de rien, canaille. Fou, dans un sens moral, signifie impie, athée. Psaumes 14:1 Câest une sorte de malédiction inspirée par la haine (comparer 1 Jean 3:15).
Quant à la peine également graduée qui correspond à ces violations de la loi, Jésus lâindique par des images tirées de la justice pénale de son temps et de son peuple. En effet, il ne veut pas dire que celui qui manifeste ces mauvais sentiments du cÅur doive être puni par les divers tribunaux quâil va nommer, mais quâil est aussi coupable que ceux quâon y amène.
Le jugement désigne le tribunal inférieur mentionné au verset 21.
Le sanhédrin, autorité suprême de la nation, était composé de 71 membres, anciens, scribes et sacrificateurs, sous la présidence du souverain sacrificateur. Matthieu 21:23; Luc 22:66; Actes 5:21 Il connaissait de toutes causes religieuses, civiles ou criminelles; en ces dernières, dont il est ici question, il servait de cour dâappel.
Le nom de géhenne du feu provenait de la vallée de Hinnom (hébreux Gué-Hinnom), qui entourait Jérusalem du côté du sud et dans laquelle sâétait célébré autrefois le culte de Moloch. Depuis le temps de Josias 2 Rois 23:10 on y jetait, afin de la profaner, les corps des animaux morts et des suppliciés, et lâon y entretenait un feu pour les consumer. Ce lieu était ainsi devenu une image de lâenfer, et câest dans ce sens que le Nouveau Testament emploie ce terme. Comparer Jérémie 7:31-32; Jérémie 19:2; Marc 9:43-48
La particule donc montre que ces paroles sont une conclusion de ce qui précède et que lâordre ici donné appartient à lâobservation du commandement (verset 21). Jésus suppose le cas dâun homme qui, déjà occupé dans le temple à préparer une offrande, un sacrifice (grec un don), là , sous lâimpression de la sainteté de son acte, se souvient que son frère, un homme quelconque, a quelque chose, quelque ressentiment contre lui.
Est-ce parce quâil a offensé ce frère ? On peut le supposer, on lâadmet généralement, mais Jésus ne le dit pas, on peut donc supposer aussi quâil lui impose le devoir de la réconciliation, même dans le cas où il nâaurait en rien contribué à la rupture avec son frère.
Quoi quâil en soit, le Sauveur nâadmet pas que cet homme puisse entrer en communion avec Dieu par son offrande, par la prière, tant quâil nâest pas réconcilié avec son frère, et toute conscience chrétienne confirme ce jugement.
Ce verset 25 est la suite immédiate du verset 24. Jésus recommande encore le devoir de la réconciliation, mais sous une autre forme. Il suppose deux adversaires un créancier et un débiteur (verset 26), dont le premier emmène lâautre chez le juge pour se faire payer, comme cela se pratiquait chez les anciens.
Le conseil que donne le Seigneur à celui qui va être accusé est de se mettre promptement dâaccord avec son adversaire tandis quâil est en chemin, câest-à -dire quâil en a le temps encore. Sâil ne le fait pas, il court le risque dâêtre livré au juge, puis à lâhuissier (exécuteur du jugement), et dâêtre jeté en prison.
Est-ce là tout le sens de cette exhortation ? Dans ce cas, elle ne renfermerait quâun bon conseil de prudence, de sagesse dans les affaires de cette vie, et câest ainsi que lâentendent quelques interprètes. Mais comme ici Jésus exhorte ses disciples à la réconciliation avec leurs frères et cela à cause de leur responsabilité envers Dieu (versets 23, 24), il est évident que notre verset 25 devient une image, une parabole, présentant un sens religieux plus élevé.
Tous les hommes sont en chemin vers le juge, qui est Dieu; tous ont envers leurs frères des torts dont il leur sera demandé compte, qui suffiraient pour les faire condamner; et sâil est impossible même dâapporter à Dieu une offrande sans être réconcilié avec un frère offensé, comment espérer être absous devant le tribunal céleste ? Il ne resterait en perspective que la prison, câest-à -dire, non le purgatoire, selon les interprètes catholiques, non le hadès ou lieu invisible dâattente, selon dâautres, mais le châtiment, comme cela ressort clairement de lâimage.
On voit combien cette sérieuse parabole rentre harmoniquement et profondément dans le discours de Jésus, et que câest à tort que quelques interprètes pensent que Matthieu lâa arbitrairement intercalée ici, parce que Luc lui assigne une autre place dans son évangile Luc 12:58-59. Pourquoi ne pas admettre plutôt que ce court enseignement parabolique peut avoir été présenté plus dâune fois ?
Quadrant, mot latin qui signifie le quart dâun as ou sou romain câest-Ã -dire un peu plus dâun centime.
Dans le sens littéral de la parabole, il eût peut être été possible au débiteur de payer toute sa dette. Dans le sens spirituel, après le jugement de Dieu, il ne le pourra jamais (comparer Matthieu 18:34).
Second exemple
Voir Exode 20:14, de la vraie interprétation de la loi (verset 21).
Les paroles qui suivent montrent quâici encore la morale pharisaïque ne voyait la violation du commandement que dans lâacte matériel de lâadultère. On sait aussi que les docteurs juifs jugeaient très diversement des mauvaises pensées et des mauvais sentiments du cÅur qui ne se traduisent pas en actions.
En quoi consiste lâadultère commis dans le cÅur ? Non dans le regard seul, mais dans lâacquiescement de la volonté à la convoitise. Câest ce qui est marqué par ces mots : pour la convoiter.
Tout homme qui regarde une femme dans de telles dispositions pèche déjà . Tout péché dâintention, dont les circonstances empêchent la consommation, est commis aux yeux de Dieu, qui «â¯regarde au cÅurâ¯Â».
Grec : te scandalise, câest-Ã -dire est pour toi une occasion de chute.
Le mot grec, scandale, dans son sens littéral, signifie un obstacle matériel mis devant les pas de quelquâun pour le faire tomber. Le sens spirituel ou moral est dès lors évident (voir Matthieu 16:23; Matthieu 18:8, etc.). Le précepte que Jésus ajoute (versets 29, 30) au sixième commandement est semblable, comme le remarque Weiss, à celui dont il fait suivre le cinquième commandement (versets 24-26). Là il sâagissait de sentiments dâamertume et des dispositions dâun cÅur non réconcilié qui reviennent spontanément à la mémoire, ici il sâagit de la convoitise impure, qui, à lâétat latent dans le cÅur, est excitée sans quâil y ait concours de la volonté. Jésus indique quelles mesures radicales il faut prendre dans ce cas.
Bien que cette énergique image soit susceptible dâapplications très diverses et que Jésus lâait employée plus dâune fois Matthieu 18:8, Marc 9:47 on voit dès lâabord quel en est le rapport avec la pensée du verset 28.
On consent dans certaines maladies dangereuses à subir lâamputation dâun Åil, dâune main, dâun membre, si nécessaire soit-il, pour sauver la vie de tout le corps. Ainsi le renoncement le plus absolu, le sacrifice le plus douloureux vaut mieux (grec tâest avantageux) que si tout ton être était jeté dans la géhenne (voir sur ce dernier mot verset 22, note, et sur toute sa pensée Matthieu 16:24-26; Matthieu 19:29).
Troisième exemple
Cet enseignement du Sauveur sur la sainteté du mariage se retrouve aussi ailleurs, provoqué par une question qui lui fut adressée (Matthieu 19:3 et suivants); mais il peut fort bien avoir été donné déjà ici, à lâoccasion de lâinstruction qui précède sur lâadultère.
La prescription mosaïque que cite Jésus (verset 31) se trouve dans Deutéronome 24:1. Elle permettait le divorce; la lettre ou (grec) lâacte de répudiation que donnait, dans ce cas le mari à sa femme, constatait officiellement la séparation. Les Juifs, au temps de Jésus, abusaient de cette autorisation, dont les termes étaient un peu vagues.
Lâécole plus stricte de Schammaï nâadmettait que lâadultère comme cause de divorce; mais dâautres : rabbins interprétaient le texte mosaïque : «â¯Si elle nâa pas trouvé grâce à tes yeuxâ¯Â», en disant :
Jésus, qui juge le commandement de Moïse lui-même (Matthieu 19:8), réagit fortement contre la pratique religieuse de ses contemporains (Matthieu 19:9). Il nâadmet quâun cas qui légitime le divorce : la fornication, câest-à -dire, pour la femme mariée, lâadultère, qui brise et détruit de fait le lien conjugal.
Et encore dâexcellents interprètes (B. Weiss) estiment que Jésus ne donne pas ici lâadultère comme motif de divorce, mais quâil veut seulement dire : celui qui répudie sa femme lâexpose à devenir adultère, à moins que par la fornication, elle ne se soit déjà rendue telle.
Si nous admettons la première explication, qui paraît plus naturelle, Jésus pose ces deux principes : celui qui répudie sa femme pour les motifs futiles alors considères comme suffisants, la fait devenir adultère, par la liberté quâil lui donne de se remarier, tandis quâen droit elle est la femme dâun autre; et celui qui épouse une femme ainsi séparée commet le même péché, par la même raison. Mais une question se pose : si la séparation a eu lieu pour cause dâadultère, et quâainsi le divorce soit légal, un second mariage le sera-t-il aussi ?
Les uns, dâaprès ce texte, répondent oui : et telle est lâopinion qui a prévalu dans lâÃglise et dans les législations des pays protestants, qui ont même statué dâautres causes légitimes de divorce, les autres, se fondant sur les passages parallèles Luc 16:18; Marc 10:11 où ne se trouve pas la cause exceptionnelle admise ici (si ce nâest pour cause de fornication), répondent non, et considèrent le mariage après divorce comme interdit dâune manière absolue.
Telle est lâopinion et la pratique de lâÃglise et des législations catholiques, qui nâautorisent en aucun cas le divorce, mais seulement la séparation. La question est complexe; Jésus nâa point entendu lâépuiser ici, puisquâil ne parle que de la femme, qui pourtant a les mêmes droits, et nullement du mari, qui peut avoir les mêmes torts (voir toutefois Marc 10:12, note). Lâapôtre Paul présente de la même manière les deux faces de ce sujet : la pratique la plus sévère 1 Corinthiens 7:10-11 et le point de vue plus adouci (verset 15). Mais là il ne parle que de la séparation, et non dâun second mariage (voir Matthieu 19:9, note).
Quatrième exemple
Cette citation ne se trouve nulle part littéralement dans lâAncien Testament, mais la pensée revient dans plus dâun passage. Ainsi la défense du parjure ou faux serment est contenue dans Lévitique 19:12, et le devoir de tenir au Seigneur ses serments, ou ses vÅux, ou ses promesses, se trouve prescrit dans Deutéronome 23:21. Sur ce point régnaient aussi parmi les Juifs de pernicieux abus, qui ne se sont que trop perpétués chez les chrétiens.
Quâest-ce que le Sauveur enseigne à ses disciples au sujet du serment ? Ses paroles sont si claires et si précises, que lâexégèse ne saurait hésiter un instant.
Aux prescriptions et aux usages de la loi ancienne, il oppose avec une autorité souveraine (mais moi je vous dis) le commandement de ne jurer point du tout (grec totalement, entièrement, ce qui rend la négation absolue). Et comme, par un certain respect pour le saint nom de Dieu, lâusage sâétait introduit chez les Juifs de jurer par dâautres objets vénérables, par le ciel, par la terre, par Jérusalem, etc., avec la pensée que ces sortes de serments liaient moins la conscience, Jésus poursuit ce préjugé en montrant que ces formules remontent pourtant jusquâà Dieu, qui remplit de sa sainte présence les cieux et la terre, tout lâunivers (comparer Matthieu 23:16 et suivants).
Ainsi, le ciel, câest le trône de Dieu qui y règne Ãsaïe 66:1 la terre câest le marchepied de ses pieds; voir encore Ãsaïe 66:2, où Dieu dit par la bouche du prophète : «â¯Ma main a fait toutes ces chosesâ¯Â», comparez Matthieu 23:22;
Jérusalem, câest la ville du grand Roi, la sainte cité de Jéhovah Matthieu 4:8; Psaumes 48:2-3 ta tête, bien loin de pouvoir en disposer, tu ne peux en rendre un seul cheveu blanc ou noir; ton impuissance rend ton serment téméraire !
Conclusion : Ne jurez par aucun de ces objets, votre serment nâen serait pas moins grave : en jurant par la créature vous jurez par le Créateur. Que faire donc ? Affirmer la vérité par un oui ou un non, prononcé sous le regard de Dieu, en présence duquel vous agissez et parlez toujours. Tout ce que vous ajouteriez vient du malin, du père du mensonge, qui règne dans le monde, ce qui fait que le monde se défie de la parole des hommes. Dâautres traduisent vient du mal (comparez Matthieu 6:13), du péché qui règne dans le monde et fait prédominer la fausseté dans les relations humaines.
Telle est la pensée du Sauveur, pensée seule digne de son règne et de ceux qui y appartiennent, pensée aussi clairement répétée plus tard par un de ses apôtres Jacques 5:12 et pleinement admise par les Pères de lâÃglise, Justin, Irénée, Clément, Origène, Chrysostome, Jérôme et dâautres.
Toutes les tentatives quâon a faites pour tirer de notre passage un sens diffèrent, sont des tours de force exégétiques; tous les meilleurs interprètes, même ceux qui admettent la légitimité du serment, en conviennent. Aussi cherchent-ils ailleurs des arguments. On dit que le serment était prescrit dans lâAncien Testament Exode 22:11; Deutéronome 6:13 quâil est un honneur rendu à Dieu Jérémie 4:2; Hébreux 6:16, que lâapôtre Paul emploie des affirmations qui équivalent au serment : Romains 1:9; 2 Corinthiens 1:23; Galates 1:20, Philippiens 1:8 que Jésus a fait un serment Matthieu 26:63, enfin que Dieu lui-même jure. Genèse 22:16; Genèse 26:3; Ãsaïe 45:23 et ailleurs.
Si ces arguments sont fondés, il faut reconnaître quâils sont en contradiction directe avec le précepte de Jésus-Christ qui nous occupe, à moins quâon nâadmette, avec beaucoup dâinterprètes modernes, que ce précepte, de même que dâautres du sermon sur la montagne (versets 32, 39, 40, 41), nâest pas applicable aux relations sociales, ni destiné à régler lâorganisation de la société, mais seulement les rapports des chrétiens entre eux dans cette communauté idéale, où règne la perfection, et qui sâappelle le royaume des cieux. Mais lâintention de Jésus était-elle bien de proclamer une loi toute spirituelle et abstraite ? Ses auditeurs galiléens pouvaient-ils comprendre ainsi ses préceptes ? Et aujourdâhui encore, en présence des mensonges, des parjures, des violences faites aux consciences, de lâabus criant des serments politiques, le tout sous lâinvocation du saint nom de Dieu, nây a-t-il pas plus de sûreté pour la conscience dans lâobéissance à la parole si claire et si nette du Sauveur
Cinquième exemple
Dans la législation mosaïque, ces paroles prescrivaient au juge dâinfliger au coupable une peine correspondant exactement et matériellement au délit commis. Exode 21:24 et suivants, Lévitique 24:20; Deutéronome 19:21
Câest la loi du talion, admise aussi dans les XII tables du droit romain, câest la rigoureuse justice. Mais moi je vous disâ¦
Le mot grec peut être pris ici pour un adjectif neutre, alors il signifie au mal quâon veut vous faire; ou bien pour un substantif masculin et alors il faut traduire au méchant, à lâhomme mauvais qui veut entamer un procès injuste contre vous. Câest ce dernier sens qui est le plus probable.
Résister aux méchant, câest rendre le mal pour le mal : la loi du talion et celle du cÅur de lâhomme est, en recevant un soufflet ou une injure quelconque, de le rendre à lâinstant. Jésus veut, et ses apôtres après lui, Romains 12:17-19; 1 Pierre 3:9, quâau lieu dâexercer ainsi la vengeance, le chrétien souffre plutôt une nouvelle injure, et câest là ce quâil faut entendre par présenter lâautre joue (comparer Jean 18:22). Faire de ce précepte un principe de morale sociale, ce serait encourager le méchant, en lui donnant occasion de faire plus de mal.
Plaider contre toi (grec être jugé aller en justice), entamer un procès dont lâobjet serait de tâenlever ta tunique (vêtement de dessous chez les Orientaux); au lieu de soutenir ce procès qui provoquerait la haine et dâautres querelles, souffre plutôt une seconde perte plus grande, celle du manteau. Telle est aussi la morale de saint Paul. 1 Corinthiens 6:1-7
Lâexpression est empruntée à un usage oriental introduit par les Perses, dâaprès lequel les employés de lâétat et en particulier les courriers postaux, étaient autorisés à requérir des hommes pour porter un message, un fardeau, etc.
Donner, prêter, exigent le discernement de la vérité, non moins que le désintéressement de la charité. Mais les disciples de Jésus pèchent plus souvent à cet égard par trop de retenue que par trop dâabandon.
Sixième exemple
La première partie de ce précepte était seule dans la loi Lévitique 19:18 la seconde était une glose du pharisaïsme, qui entendait par le prochain les Juifs, à lâexclusion des hommes de nationalités différentes. Ceux-ci étaient des ennemis quâon pouvait haïr, et lâon nâhésitait pas à appliquer ce principe à des ennemis personnels. La loi prescrivait tout le contraire Exode 23:4-6 et la conduite des Israélites pieux donnait un exemple tout opposé. Psaumes 7:5; Psaumes 35:13-14; Job 31:29; Proverbes 24:17-18; Proverbes 25:21
Toutefois il faut bien reconnaître que lâamour du prochain, dans sa plénitude, nâa été enseigné que par le Sauveur, et quâil est une création de lâÃvangile dans le cÅur du chrétien.
Le texte reçu, avec D., la plupart des majuscules ajoute : bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous outragent et vous persécutent. La presque unanimité des critiques, des exégètes et des traducteurs retranchent ces mots sur lâautorité de Codex Sinaiticus, B., de versions et de Pères, les regardant comme empruntés à Luc 6:27.
Quoi quâil en soit, Jésus a prononcé ces paroles, qui présentent une progression remarquable, à la fois dans le mal à souffrir et dans le bien à faire. Dâune part des ennemis qui maudissent, haïssent, persécutent, dâautre part des chrétiens qui aiment, bénissent, font du bien, prient. De part et dâautre on passe des sentiments aux actes.
Motif suprême de la morale chrétienne, être en réalité fils de Dieu (verset 9), animés de son Esprit, lui ressembler comme un fils ressemble à son père, lâimiter dans nos sentiments et notre vie. Ãphésiens 5:1
Votre Père; jamais Jésus ne dit notre Père, en se comprenant dans ce mot avec ses disciples; mais toujours mon Père ou votre Père. Distinction très significative. Compare Jean 20:17 Qui est dans les cieux (Matthieu 6:9, note).
Son soleil :
Les bienfaits de Dieu dans la création, même envers ses ennemis, sont offerts à notre imitation. Ces arguments tirés de la nature, qui dévaste aussi et détruit parfois ne suffiraient pas pour nous faire connaître et aimer Dieu comme notre Père, mais ils parlent au sentiment religieux, et Jésus leur prête ici son autorité. Comparer Actes 14:17
Après : avoir motivé lâamour des ennemis (verset 44) par lâobligation dâêtre fils du Père (verset 45), Jésus présente un second motif (car) en faveur du même précepte : Aimer ceux qui nous aiment est naturel au cÅur de lâhomme et ne saurait prétendre à une récompense (Matthieu 5:12; Matthieu 6:1, note).
Les péagers mêmes le font. Les Juifs haïssaient et méprisaient ces hommes qui sâétaient mis au service de la domination romaine pour prélever des impôts détestés, et qui le faisaient souvent avec dureté et injustice. Aussi dans lâÃvangile sont-ils nommés avec les pécheurs les plus décriés. Matthieu 21:31-32; Luc 15:1
Faire accueil (grec saluer) signifie témoigner de la bienveillance, de lâaffection. Le faire en faveur de frères ou dâamis (ainsi porte une variante), il nây a rien là dâextraordinaire (grec dâexcellent, de distingué), rien qui dépasse la mesure de la nature humaine.
Les païens (le texte reçu répète ici le mot péagers) le font aussi.
Grec Vous serez parfaits. Futur mis pour lâimpératif; ou bien : Vous le serez, Je lâattends de vous et, par la voie que je vous ouvre, vous y parviendrez. Parfaits pourrait se rapporter à tout ce qui précède dans ce chapitre, et indiquerait une perfection morale ressemblant à tous égards à celle de Dieu, autant que la créature peut égaler Celui qui est infini. Mais il est plus probable que Jésus applique cette grande parole à ce quâil vient de dire de lâamour depuis le verset 44 (voir verset 45). Câest ce que confirme le passage parallèle dans Luc 6:36, qui porte : «â¯soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieuxâ¯Â». Ce sens se comprend mieux aussi; car il est certain que lâamour, surtout lâamour divin répandu dans le cÅur, ne connaît et ne veut pas de bornes, il tend à une perfection toujours plus idéale et toujours plus complète. Le but ainsi placé par le Sauveur devant les yeux de ses disciples est encore assez sublime pour effrayer leur faiblesse.
Il leur est bon de se rappeler la prière dâAugustin :