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Bible Commentaries
Matthieu 10

Bible annotéeBible annotée

versets 1-42

Le Christ étendant son activité et en assurant la continuation après sa mort par la vocation de douze apôtres.

1 à 15 Mission des Douze. Instructions que Jésus leur donne.

Grec : ayant appelé à soi, ou, selon Luc : « ayant convoqué »Jésus leur avait précédemment adressé l’appel qui fit d’eux ses disciples (Matthieu 4:18 et suivants; Matthieu 9:9).

On peut se demander si Matthieu a l’intention de raconter ici la vocation des douze à l’apostolat, vocation placée dans une circonstance différente par Merc Marc 3:14 et par Luc Luc 6:13 ou s’il rapporte seulement une convocation solennelle de ces douze dans laquelle Jésus devait leur donner la mission importante dont il est question dans ce chapitre.

Quoiqu’il en soit, l’envoi des disciples marque une phase nouvelle dans le ministère de Jésus comme dans la carrière de ceux qui devaient être ses témoins. M. Godet dit fort bien :

Jésus est arrivé au faîte de son travail personnel en Galilée; mais il n’a pu l’accomplir que dans des limites assez restreintes. Il désire adresser un appel plus général et plus énergique encore à cette population qu’il doit bientôt quitter. Et pour cela il se multiplie en quelque sorte par la mission qu’il confie aux douze. Cette mission signale en même temps un progrès dans le développement des apôtres. Ces croyants dont Jésus avait fait des disciples, ces disciples dont il avait fait des apôtres, il les envoie maintenant comme tels.

Les premiers évangiles renferment tous trois ce récit, avec cette différence que Marc donne les instructions de Jésus aux disciples beaucoup plus en abrégé, et que Luc reproduit une partie de ces instructions comme données aux soixante-dix disciples lors de leur envoi en mission, trait nouveau qu’il rapporte seul. Ces différences ne font que confirmer l’authenticité du discours de Jésus qui va suivre soit qu’il ait été prononcé de suite tout entier, soit que Matthieu, selon son habitude, y ait joint des enseignements donnés en d’autres occasions.

Guérir soit les démoniaques soit les autres malades (verset 8) telle est l’autorité ou le pouvoir miraculeux que Jésus confère aux apôtres non seulement pour cette mission, mais pour la suite de leur œuvre.

Cependant, il ne faudrait pas croire qu’ils pourront exercer ces pouvoirs miraculeux en tout temps et à volonté. Tous les dons de l’Esprit doivent être incessamment renouvelés par Dieu lui-même. Ces miracles ne constituaient pas la partie essentielle de leur activité, ils devaient leur permettre de faire du bien et ils donnaient de l’autorité à leur prédication. Cette prédication qui leur est prescrite par le Seigneur (verset 7) était le premier et le grand but de leur mission.

C’est ici que paraît pour la première fois ce nom d’apôtres (envoyés) avec l’indication de leur nombre précis, douze.

Chez les Juifs on donnait ce titre d’apôtres à des hommes de confiance qui portaient les circulaires des chefs de synagogue, recueillaient les offrandes pour le temple et entretenaient le zèle des communautés de la « diaspora ».

Dans le Nouveau Testament, les frères chargés de recueillir la collecte pour les Églises de Judée sont appelés ainsi (2 Corinthiens 8:23) et Paul nomme Épaphrodite l’apôtre des Philippiens (Philippiens 2:25).

Jésus lui-même donna ce titre à douze de ses disciples, après les avoir choisis entre tous les autres (Luc 6:13, Jean 6:70). Il les établit solennellement pour être ses témoins (Actes 1:8). Aussi occupèrent-ils dans l’Église une place à part, y exerçant, au nom du Seigneur, une autorité universellement reconnue (Actes 2:42, Éphésiens 2:20; Éphésiens 3:5).

C’est encore sur leur témoignage, le seul par lequel nous connaissions Jésus-Christ, que repose la foi de l’Église.

On doit remarquer dans ce catalogue des douze apôtres :

  1. Que les quatre listes que nous possédons (Marc 3:16; Luc 6:14, Actes 1:13) ont les mêmes noms, à l’exception de Lebbée, qui est désigné par Marc comme Lebbée, fils de Thaddée (ou Thaddée simplement, suivant les manuscrits), et qui est remplacé par Jude, fils de Jacques, dans Luc et les Actes.
  2. Que Matthieu nomme les douze deux à deux (chaque paire étant liée par la particule et).
  3. Que toutes les listes répartissent les douze noms en trois groupes de quatre, de telle sorte que toujours Pierre est à la tête du premier, Philippe du second, Jacques, fils d’Alphée, du troisième.
  4. Que pour le reste il y a quelques variations d’ordre, mais que toujours Judas vient en dernier lieu.

Quant aux apôtres pris individuellement, nous nous bornons aux observations suivantes :

Matthieu ne se contente pas de placer Pierre en tête de sa liste, comme le font tous les autres, mais il dit expressément : le premier est Simon, nommé Pierre (nommé ainsi par le Seigneur lui-même, Jean 1:43; Matthieu 16:18) Il faut entendre par là le premier, non dans la dignité apostolique, parfaitement égale pour tous (primus inter pares) mais en rang, rang conforme à la nature de ses dons, et qu’il occupe dans tout le Nouveau Testament (Matthieu 16:16 et suivants; Matthieu 17:1; Matthieu 19:27; Matthieu 26:37-40; Luc 8:51; Luc 9:32; Luc 22:31 et suivants; Actes 1:15; Actes 2:14; Actes 5:3 et suivants; Matthieu 15:7; Galates 1:18).

Aussi Pierre fut-il le premier fondateur de l’Église soit chez les Juifs (Actes 2), soit au milieu des Gentils (Actes 10). Il faut reconnaître ce fait qui, du reste, ne donne pas le moindre fondement aux fables de l’Église romaine.

André, frère de Pierre, était venu à Jésus avant lui, l’un des deux premiers (Jean 1:37 et suivants). C’est le seul avec Philippe, qui ait un nom grec. Ils avaient sans doute aussi un nom hébreu qui nous est inconnu.

Jacques, fils de Zébédée, qui fut mis à mort par Hérode (Actes 12:2).

et Jean son frère, le disciple bien-aimé, auteur du quatrième évangile.

Sur Philippe, voir Jean 1:44 et suivants; Jean 6:5.

Barthélemi signifie en hébreu fils de Tholmaï. On a supposé que le vrai nom de cet apôtre était Nathanaël (Jean 1:46 et suivants, comparez Jean 21:2).

Sur Thomas, en grec Didyme, le jumeau, voir Jean 11:16; Jean 20:24 et suivants; Jean 21:2.

Matthieu, le péager. Notre Évangile seul ajoute à ce nom une telle désignation, qu’on regardait comme une injure; seul aussi il le place après Thomas, son compagnon dans toutes les listes. N’est-ce pas là une preuve d’humilité à laquelle on reconnaît non une main étrangère, mais l’auteur du premier Évangile lui-même ?

Jacques, fils d’Alphée, appelé aussi le Mineur ou le Petit (Marc 15:40). Il y a de difficiles questions de critique au sujet des divers Jacques mentionnés dans le Nouveau Testament (Voir l’introduction à l’épître de Jacques).

Au nom de Lebbée le texte reçu avec C et les majuscules ajoute surnommé Thaddée. Codex Sinaiticus et B portent : Thaddée. Cette leçon parait importée de Marc. Celle que nous avons adoptée ne se trouve que dans D, mais elle s’appuie sur les témoignages des Pères. Lebbée (hébreux : l’homme de cœur) était le nom originel de ce disciple, qui adopta ensuite celui de Thaddée que lui donne Marc dans sa liste (Marc 3:18). Dans le catalogue de Luc Luc 6:16 et dans celui des Actes Actes 1:13 ce nom manque; on y trouve en revanche, mais après Simon le Zélote Jude, fils de Jacques (comparer Jean 14:22).

Le surnom de Simon est le Cananite. On a pensé que ce nom devait indiquer son lieu d’origine, par exemple Cana en Galilée. Mais comme Luc donne deux fois (Luc 6:15 et Actes 1:13) à cet apôtre l’épithète de Zélote ou Zélateur; il est probable qu’il donnait ce sens au titre de Cananite. On trouve en effet un adjectif kanna (dans le Talmud kananit) qui signifie zélé. C’était le nom d’un parti politico-religieux, rempli d’un zèle fanatique pour la défense des privilèges religieux et nationaux des Juifs. Ce disciple avait sans doute appartenu à ce parti avant sa vocation.

Le surnom de Judas, Iscariot est la transcription de l’hébreu Isch-Karioth, c’est-à-dire l’homme de Karioth, ville de la tribu de Juda (Josué 15:25). Mais un autre qualificatif est attaché à ce malheureux disciple par tous les évangélistes, comme un sinistre souvenir, celui de traître (grec), qui aussi le livra !

Encore une fois, Matthieu marque expressément le nombre de douze disciples que Jésus envoya pour leur faire faire un premier essai de mission et pour préparer les populations à recevoir la parole du royaume (verset 7).

Les ordres qu’il leur donna avant leur départ, ce sont les instructions renfermées dans ce discours même. Combien dura ce premier voyage de prédication ? C’est ce qui n’est pas rapporté dans les évangiles, mais il n’y a pas lieu de supposer qu’il fut de longue durée.

Dans cette première mission, les disciples devaient s’en tenir au dessein de Dieu envers son peuple, auquel Jésus lui-même se soumettait (Matthieu 15:24), et qui consistait à faire annoncer le salut avant tout à ce peuple (Jean 4:22).

Il y avait pour cela de très graves raisons, que Paul appréciait lui-même, bien qu’il fût l’apôtre des Gentils (Actes 13:45-47; Actes 18:4-6). C’est pourquoi Jésus dit (grec) : Ne vous en allez pas sur le chemin des nations et n’entrez pas dans une ville des Samaritains. Tel était pour le moment le devoir des disciples.

Après que les Juifs auront rejeté le Sauveur, ils recevront des ordres tout différents (Matthieu 28:19 et suivants; Actes 1:8). Une certaine théologie a voulu voir là une contradiction ou un développement progressif dans les vues de Jésus lui-même Rien n’est plus contraire aux témoignages de l’Évangile; Jésus savait parfaitement que son règne serait universel même d’après les synoptiques, pour ne pas parler de l’Évangile de Jean (voir, par exemple, Matthieu 8:11; Matthieu 21:43; Matthieu 22:9; Matthieu 24:14).

Et même, dans certaines occasions, Jésus enfreignait, de son autorité souveraine, la règle qu’il établit ici pour ses disciples (Matthieu 15:21 et suivants; Jean 4).

Les Samaritains sont assimilés aux païens, à cause de l’inimitié qui existait entre eux et les Juifs. Ils formaient une population mêlée d’Israélites et de colons païens que Salmanazar avait envoyés dans leur pays pendant l’exil (2 Rois 17:24).

Après le retour de la captivité, ils avaient persisté dans leur séparation d’avec les Juifs, qui leur rendaient abondamment haine pour haine. Mais l’heure de la grâce vint aussi pour les Samaritains (Actes 8:4 et suivants).

Jésus ne fait pas preuve d’une partialité aveugle pour la maison d’Israël (terme de l’Ancien Testament, Exode 19:3; Lévitique 10:6), car il voyait là, aussi bien qu’ailleurs, des brebis perdues (Matthieu 9:36; Matthieu 15:24). Cette image, à la fois si triste et si juste, est empruntée aux prophètes (Ésaïe 53:6; Jérémie 50:6; Ézéchiel 34:5-6).

Ce grand sujet de prédication : le royaume des cieux qui s’était approché dans la personne du Sauveur, était le même que Jésus annonçait (Matthieu 4:17) et, avant lui, son précurseur (Matthieu 3:2, note).

Sous la forme d’un ordre, Jésus confère un don miraculeux (verset 1). Dans l’activité des disciples, comme dans celle du Maître, les guérisons devaient préparer la prédication.

Les mots : ressuscitez les morts, manquent dans un grand nombre de manuscrits, de Pères et de versions. Tischendorf, qui les avait supprimés d’abord, les a rétablis dans sa huitième édition sur l’autorité de Codex Sinaiticus, B, D etc.

Dans les manuscrits qui les renferment ils occupent des places diverses, ce qui toujours rend une leçon suspecte. Leur authenticité est donc douteuse, sans qu’il y ait des raisons décisives pour les supprimer.

Tous les dons de Dieu sont gratuits comme ceux que Jésus confère ici aux disciples. En faire un moyen de profits terrestres, c’est les dégrader et les souiller. On trouve dans Actes 8:18-23 un exemple frappant de la manière dont les apôtres comprenaient et pratiquaient ces paroles. Mais d’autre part, dans le précepte suivant, Jésus interdit à ses disciples de faire aucunes provisions et les autorise à recevoir leur entretien de ceux à qui ils annoncent l’Évangile (verset 10). Il marque ainsi la limite du grand principe qu’il a établi d’abord.

Or, argent, cuivre, diverses espèces de monnaie, d’une valeur décroissante.

La ceinture de cuir qui serrait autour de la taille les grands vêtements flottants, servait en même temps de bourse.

Pas deux tuniques dont une de rechange une seule suffit.

Au lieu de se munir de fortes chaussures, ils devaient se contenter des légères sandales qu’ils portaient dans la vie ordinaire (Marc 6:9).

D’après Marc 6:8, Jésus « prescrivit à ses disciples de ne rien prendre pour le voyage si ce n’est un bâton », tandis que dans Matthieu et Luc on lit : ni bâton C’est sans doute pour lever cette contradiction que des correcteurs bénévoles ont introduit dans notre texte cette variante : ni bâtons (au pluriel). Comme cette variante n’est pas suffisamment autorisée, la différence littérale subsiste, et il vaut mieux l’accepter que de vouloir l’effacer par des combinaisons forcées. L’ensemble de notre verset montre assez clairement que la pensée générale est la même dans les deux textes.

Ainsi, point de provisions pour le chemin (comparez Marc 6:8, note); restez libres, sans embarras, confiants en Dieu; car (c’est ici le grand motif) l’ouvrier est digne de sa nourriture.

Après avoir décrit le renoncement des serviteurs de Dieu, leur désintéressement qui doit être permanent, le Seigneur trace par ces mots le devoir non moins permanent des églises (verset 8, note; comparez 1 Corinthiens 9:4 et suivants, 1 Timothée 5:17-18).

La particule mais place l’ordre qui suit en un contraste significatif avec la conduite qui vient d’être prescrite aux disciples. Jésus leur indique maintenant comment il sera pourvu à leurs besoins par l’hospitalité qui leur sera offerte et qu’ils devront accepter.

Ils ne doivent entrer que dans des maisons dignes de les héberger, c’est-à-dire dans celles dont la bonne réputation peut leur faire espérer que leur message ne sera pas rejeté ou méprisé. Puis ils doivent demeurer dans la même maison jusqu’à ce qu’ils partent de cette ville parce que des changements de domicile pour l’amour de leurs aises, offenseraient ceux qui les ont reçus.

La salutation qu’ils prononceront sera celle des Hébreux : « Que la paix soit avec vous » (Luc 10:5; Genèse 43:23) !

Si la maison est digne (dans le sens du verset 11, capable de vous comprendre), que votre paix vienne sur elle ! C’est là un vœu ou plutôt une volonté expresse du Seigneur lui-même. Sinon, cette maison sera privée de la paix que vous lui apportez; mais cette paix ne sera pas perdue, elle retournera à vous et vous préservera de découragement ou d’impatience.

Comme tout est réalité dans les choses divines !

Comme signe que vous ne voulez rien conserver d’eux, pas même la poussière de vos pieds, que vous regardez comme une souillure (Actes 13:51; Actes 18:6).

La construction grammaticale de ce verset en grec est irrégulière : Et celui qui ne vous recevra pas et n’écoutera pas vos paroles,…en sortant de cette maison ou de cette ville, secouez, etc.

Combien cette vérité proverbiale est évidente, et combien elle est même humiliante pour les chrétiens, quand ils considèrent qu’ici le maître le seigneur est le Fils du Dieu vivant, et que le disciple, le serviteur (grec esclave) est un pauvre pécheur ! Jésus accepte cette comparaison; où sont les disciples qui l’admettent sérieusement ?

Ces paroles confirment par un exemple frappant la vérité des précédentes. Si le maître de la maison, Christ, le Seigneur dans son règne, a été exposé aux plus grossières injures, à quoi doivent s’attendre ses serviteurs ?

Béelzébul, ou plutôt Béelzéboul, peut avoir deux sens, selon l’étymologie que l’on adopte : de Baal sébel, il signifierait le dieu des ordures, et l’on suppose que les Juifs nommaient ainsi, par mépris, cette divinité païenne, de Baal seboul, il aurait le sens de maître du logis, ou de la demeure. Or, les Juifs, toujours par haine de ce nom de Baal, désignaient ainsi le chef de la demeure des démons et des possédés, en l’autorité duquel ils accusaient Jésus de chasser les démons (Matthieu 12:24).

Ce qui semble appuyer cette interprétation, c’est que Jésus s’appelle ici à dessein le maître de la maison (de Dieu), terme qui forme un contraste étrange avec celui de maître de la demeure (du diable). Ainsi l’injure est en même temps un blasphème.

Il faut remarquer encore que Jérôme déjà lisait Béelzéboub, et faisait dériver cette désignation de Satan du nom d’une divinité des Hécronites (Baal-zeboub, le dieu des mouches), que le roi Achazia fit consulter dans une maladie (2 Rois 1:2). On suppose que les Juifs auraient changé la dernière lettre de ce nom, afin de lui donner l’une des significations méprisantes qui précèdent. Ce serait là une troisième étymologie possible du mot.

Donc, conclusion de ce qui précède.

Puisqu’il ne se peut pas que les hommes ne vous haïssent comme ils m’ont haï, ne les craignez donc pas ! On ne craint pas ce qui est inévitable et prévu; on s’apprête à l’affronter avec calme. Car — et c’est ici un second motif d’être sans crainte — il faut que la vérité soit proclamée dans ce monde, et vous devez être ses témoins (versets 26, 27).

Quelques interprètes ont entendu le verset 26 dans le sens d’une révélation future et certaine des secrets des cœurs, mais le verset 27 est contraire à cette explication; il s’agit de la manifestation publique de la vérité, à laquelle les disciples devaient consacrer leur vie, après avoir reçu les instructions du Maître dans l’intimité.

Les maisons, en Orient, sont surmontées d’une plate forme, d’où l’on pourrait au besoin parler à un nombreux auditoire. Mais l’expression est figurée et proverbiale et indique la grande publicité à donner à l’Évangile, qui ne renferme point de mystères.

Comparer verset 26. Nouveau motif de ne pas craindre, alors même que la proclamation courageuse de la vérité pourrait vous coûter la vie. À cette crainte sans raison d’être, opposez la seule crainte raisonnable, celle du souverain Juge. Et pour cela comparez et pesez bien les motifs de ces deux craintes : d’une part, le corps seul en la puissance des adversaires, et l’âme qui leur échappe; d’autre part, le corps et l’âme perdus dans la géhenne éternelle (Matthieu 5:29, note). Combien de martyrs cette parole a soutenus jusqu’à leur dernier soupir ! D’excellents interprètes (Stier, Olshausen et d’autres) ont pensé que Jésus oppose à la crainte des hommes, non la crainte de Dieu, mais la crainte du diable. C’est lui, pensent-ils, qui perd, détruit l’âme et le corps.

Les termes mêmes du texte : celui qui est puissant, ou selon Luc Luc 12:5 « qui a l’autorité de jeter l’âme dans la géhenne », excluent absolument cette idée (comparer Jacques 4:12).

Et quel encouragement y aurait-il pour les disciples dans cette crainte du diable, qui les aurait au contraire asservis ? Qui ne voit enfin que Jésus, continuant son discours (verset 29), appelle immédiatement à la confiance en Dieu, qui est inséparable de la crainte de Dieu ?

Contre la crainte des hommes il n’y a qu’un remède, la confiance en Dieu.

Pour inspirer aux siens cette confiance Jésus leur montre la divine Providence qui étend ses soins aux moindres êtres. Ces petits passereaux (le diminutif en grec rend la pensée plus touchante encore) qui ont si peu de valeur que deux se vendent pour un sou (assarion, la dixième partie de la drachme ou du denier romain), pas un seul ne périt sans la volonté de Celui qui lui a donné la vie.

Combien plus vous, enfants et serviteurs de Dieu, devez-vous avoir la confiance que pas le moindre mal, fut-ce la perte d’un de vos cheveux (Luc 21:18; Actes 27:34), ne peut vous atteindre sans cette même volonté divine !

Comparer Luc 12:8. Ces paroles sont la conclusion de ce qui précède (donc) et présentent un nouvel argument en faveur de la persévérance au sein des dangers et des souffrances. Elles se rattachent a l’idée déjà émise (verset 28) de la crainte qu’il faut avoir du Juge suprême.

Confesser Jésus-Christ devant les hommes, se déclarer à lui et pour lui (grec confesser en moi), ou le renier par lâcheté ou manque d’amour, c’est là ce qui divise notre humanité en deux parts.

Mais c’est là aussi ce qui la divisera devant Dieu au jour du jugement. Et il ne faut pas oublier qu’il y a diverses manières de confesser ou de renier le Sauveur.

Qui est cet homme qui fait dépendre de la confession de son nom, de la fidélité à sa personne, toute la vie religieuse et morale, et même la destinée éternelle de ceux qui l’écoutent (comparer verset 37) ?

Ainsi donc, vous, mes disciples, vous devez vous attendre à l’opposition, à la lutte.

Sans aucun doute Jésus est venu apporter la paix sur la terre (Luc 2:14; Jean 14; 27; Éphésiens 2:14; 18), mais une paix que précède le combat, l’épée.

Pourquoi ? La sainte vérité qu’il proclame vient se heurter au mensonge à la corruption, à l’inimitié qui règnent sur cette terre. De là, la division pénétrant jusqu’au sein de la famille, entre ceux qui veulent obéir à Jésus-Christ et ceux qui le rejettent (comparer Michée 7:6, d’où Jésus emprunte les paroles du verset 35).

Tel est partout et toujours le premier effet d’une prédication puissante de l’Évangile. Jésus dit, d’après le terme original : « Qu’il n’est pas venu jeter, introduire brusquement, la paix, mais l’épée ».

Il n’y a ni paradoxe ni figure de rhétorique dans cette parole, elle dépeint l’effet premier, actuel de l’Évangile qui est le trouble, la division, mais elle donne à entendre aussi qu’après ces luttes inévitables viendra la paix, fin dernière de la venue du Sauveur.

Tout amour terrestre, même le plus légitime et le plus pur, subordonné à l’amour de Jésus, telle est la loi suprême de son règne. Que faudrait-il penser de celui qui revendique ce droit de Dieu, s’il n’était pas Dieu ?

Du reste, l’amour de Jésus, loin d’exclure les affections de la famille, les rend plus saintes et plus douces à quiconque lui en a fait le sacrifice. Ici encore, « celui qui perd sa vie, la trouve » (verset 39).

Allusion à l’usage qui voulait que les condamnés prissent et portassent eux-mêmes la croix, instrument de leur supplice (Jean 19:17).

Allusion non moins évidente à l’heure suprême où lui-même serait ce condamné. Jésus savait d’avance de quelle mort il mourrait : cela ressort de Matthieu 16:21-24, où il répète cette même parole dans un rapport direct avec sa mort.

Pour ses disciples, prendre leur croix et le suivre, c’est renoncer à tout et tout souffrir avec lui et pour lui, y compris la mort. Il s’est acquis sur la croix le droit de parler ainsi, le droit suprême de l’amour.

Voici donc l’alternative : (grec) trouver son âme, sa vie propre, la conserver en ce monde en fuyant la mort corporelle (verset 28), c’est la perdre pour le jour des décisions éternelles. Mais la perdre dans le temps, lentement par la souffrance ou brusquement par le martyre, c’est la trouver pour l’éternité.

Il ne faut pas borner le sens de ces paroles à la vie extérieure, mais l’étendre à la vie de l’âme dans ce sens elles concernent tous les chrétiens. En effet, dans les langues de l’Ancien et du Nouveau Testament, le mot que nous rendons par la vie signifie l’âme, l’âme comme siège de la vie et avec toutes les facultés dont Dieu l’a douée. On pourrait donc traduire littéralement : « Celui qui aura trouvé son âme, perdra son âme » (Ainsi Matthieu 2:20; Matthieu 6:25; Matthieu 10:28-39, comparez surtout Matthieu 16:25-26).

Le Seigneur termine son discours (versets 40-42) par un dernier encouragement donné aux disciples qu’il envoie dénués de tout (versets 9, 10), en les assurant que Dieu lui-même se chargera de répandre ses riches bénédictions sur ceux auxquels ils auront recours, et qui les recevront avec amour dans leurs maisons.

Pour leur ôter tout scrupule à cet égard, il condescend à les assimiler à lui-même qui les envoie, bien que, d’autre part, il n’hésite pas à s’assimiler à Dieu qui l’a envoyé. Mais ces paroles ont ce sens plus intime encore que ceux qui reçoivent les serviteurs de Jésus le reçoivent réellement lui-même, car il vit en eux, comme le Père est en lui (Jean 17:22-23; comparez Jean 13:20 et Matthieu 25:40).

Grec : reçoit un prophète en nom de prophète, un juste en nom de juste, c’est-à-dire en considération de ce qu’impliqua ce nom, ou, comme nous traduisons, en qualité de.

Ces paroles expliquent et généralisent celles qui précèdent, sans que Jésus cesse de les appliquer à ses disciples, car ils étaient à la fois des prophètes en tant que chargés d’un message divin, et des justes par leur communion avec le Sauveur. Ceux donc qui les recevront en cette qualité leur sont assimilés à l’égard de la récompense (comparez Matthieu 6:1-2, note), parce qu’ils se montrent animés du même esprit qu’eux, du même amour pour le Maître qui les a envoyés.

Grec : quiconque aura abreuvé un seul de ces petits d’une coupe d’eau froide seulement. Encore la pensée des versets 40-41, mais plus généralisée et toujours appliquée d’abord aux disciples et aux moindres secours qu’ils pourront recevoir. Cette application première est d’autant plus touchante que les disciples seront eux-mêmes dans le monde de ces petits, pauvres, faibles, méprisés, méconnus de tous, excepté de ceux qui sauront reconnaître, apprécier leur qualité de disciples.

Quel contraste entre cette coupe d’eau froide et la récompense éternelle !

C’est qu’à ce léger service se rattache un mouvement d’amour, qui en Dieu ne saurait jamais se perdre (comparer Matthieu 26:13).

Nous apprenons ici qu’auprès de Dieu les œuvres sont appréciées par le cœur, et non le cœur par les œuvres. — Grotius

(Marc 9:41)

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Matthew 10". "Bible annotée". https://www.studylight.org/commentaries/fre/ann/matthew-10.html.
 
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