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Bible Commentaries
Luc 11

Bible annotéeBible annotée

versets 1-54

Instruction sur la prière

1 à 13 La prière et son efficacité.

Luc passe, sans détermination de temps, à un nouveau récit. Il ne nous dit pas non plus quel est le lieu où Jésus était en prière; il lui suffit de noter une fois de plus l’un de ces moments, si fréquents dans la vie de Jésus, qu’il consacrait à l’acte de la prière, aux entretiens intimes avec son Père (Luc 5:16, note).

Le disciple qui adresse à Jésus cette demande n’était très probablement pas l’un des apôtres. Sa requête est provoquée par l’impression que produit sur lui la prière de Jésus. Or les apôtres étaient trop habitués à le voir en prière pour être frappés de ce fait. Jésus les avait du reste depuis longtemps initiés à l’esprit de la prière; ils n’avaient plus a lui demander une semblable instruction. Ce pouvait être plutôt l’un des soixante-dix disciples qui depuis peu l’avaient rejoints, ou l’un des disciples de Jean, comme semble l’indiquer l’exemple dont il s’appuie.

Cet enseignement donné par Jean à ses disciples, concernant la prière, nous est entièrement inconnu.

Luc assigne à la prière du Seigneur une place tout autre que Matthieu (Matthieu 6:9 et suivants) Selon ce dernier, elle fait partie du sermon sur la montagne, tandis que, d’après notre évangéliste, elle fut enseignée plus tard à la demande expresse d’un disciple.

Un grand nombre d’excellents exégètes (Calvin, Ebrard, de Wette, Olshausen, Neander, Godet) en ont conclu que Matthieu, selon son habitude de grouper certains enseignements homogènes du Sauveur, avait librement introduit cette prière dans le discours sur la montagne, tandis que Luc lui assigne sa vraie place. Cette opinion peut s’appuyer sur plus d’un fait semblable. Mais est-il vrai que cette prière soit déplacée dans le sermon sur la montagne ?

Dans ces instructions sur les diverses manifestations de la piété, l’aumône, la prière, le jeûne, après avoir condamné les prières hypocrites, faites avec ostentation, et en « usant de vaines redites », n’était-il pas tout naturel que Jésus ajoutât : « Vous, mes disciples, priez ainsi », et que, au milieu de la foule qui l’entourait, les yeux levés vers le ciel, il prononçât d’un ton pénétré cette prière si profonde dans sa simplicité, si riche dans sa brièveté ? Nul n’en aurait jamais douté, sans le récit de Luc qui nous occupe.

Mais ce récit nous oblige-t-il à rejeter celui de Matthieu ? Nullement, à moins qu’on n’admette que jamais Jésus n’ait pu, en des circonstances différentes, redire quelques-unes de ses paroles les plus importantes. Or, les évangiles nous présentent des exemples nombreux de paroles prononcées à diverses reprises.

Pourquoi Jésus n’aurait-il pas répondu à ce disciple qui lui demandait de lui enseigner à prier, en répétant cette admirable prière, qu’il présente du reste dans une forme différente et quelque peu abrégée ?

Ainsi l’ont admis Tholuck, Meyer, Stier, Gess et d’autres, qui voient une confirmation de leur opinion dans le fait que Matthieu seul nous a conservé dans sa plénitude cet inimitable modèle de prière.

Voir, sur la prière du Seigneur, Matthieu 6:9-13, notes.

C’est sous cette forme abrégée que Luc l’a rapportée. Le texte reçu, qui la renferme tout entière, a été complété d’après Matthieu.

La formule de Luc présente, en outre, quelques expressions qui diffèrent du texte de Matthieu. Ainsi : « Donne-nous chaque jour, au lieu de aujourd’hui, notre pain quotidien ». Le terme de Luc peut s’étendre à l’avenir, tandis que celui de Matthieu limite la demande au jour présent.

Luc dit : « Remets-nous nos péchés », au lieu de nos dettes, terme qui, même dans Matthieu, ne peut naturellement s’entendre que des péchés dont nous demandons le pardon; mais Luc conserve la même image dans ces mots : à quiconque nous doit.

Matthieu motive cette demande de pardon en disant : comme nous remettons, Luc : car nous remettons. Il ne veut pas dire qu’en pardonnant aux autres nous méritions le pardon de Dieu.

La tournure employée suppose, suivant M. Godet, un raisonnement semblable à celui que nous trouvons au verset 13 « Si vous qui êtes mauvais,…combien plus le Père céleste… » De même ici : « Pardonne-nous nos péchés, toi la Miséricorde suprême, puisque nous aussi, tout mauvais que nous sommes, nous pardonnons ».

L’expression absolue : à quiconque nous doit, ne s’accorde pas bien avec cette explication. Elle montre que le motif ajouté à la requête est un vœu, une résolution prise pour l’avenir, et par laquelle celui qui prie manifeste des dispositions qui le rendent propre à recevoir le pardon de Dieu.

La formule de Luc a ainsi le même sens que celle de Matthieu (Matthieu 6:12, note).

Jésus enseigne l’efficacité de la prière, soit par des analogies (versets 11-13), soit par des contrastes, comme dans la parabole versets 5-8 (comparer Luc 18:3 et suivants).

Cette parabole renferme à la fois une promesse et une exhortation, selon que nous considérons les deux hommes mis en scène. La promesse pourrait se traduire ainsi : « Si un homme, par pur égoïsme et pour se délivrer d’un solliciteur, lui accorde sa demande, même au temps le plus inopportun (minuit), combien plus Dieu, qui connaît tous vos besoins et qui est amour ! »

Quant à l’exhortation, c’est le solliciteur lui-même qui nous la fait entendre par son exemple : Puisque, dans les circonstances les plus défavorables, mais pressés par vos besoins, vous ne craignez pas d’importuner avec insistance un homme que vous savez si peu généreux, pourquoi ne faites-vous pas de même envers Dieu qui, dans sa miséricorde infinie, est toujours prêt à vous accorder bien au-delà de toutes vos prières ? (comparer Matthieu 15:22 et suivants)

La pleine confiance qu’une telle requête ne sera pas vaine est exprimée par ce verbe au futur : il lui donnera.

Matthieu 7:7-8, note.

Et moi, je vous dis. C’est par ces mots que Jésus introduit (versets 9-13) une admirable application de sa parabole, à laquelle il emprunte les images et les expressions mêmes dont il se sert.

Demandez, cherchez, heurtez, c’est là ce qu’a fait l’homme de la parabole; il vous sera donné, vous trouverez, il vous sera ouvert, telle a été son expérience; combien plus certainement sera-ce la vôtre auprès de Dieu !

Voir Matthieu 7:9-11, note.

Encore une preuve plus intime et plus persuasive que Dieu exauce la prière. Il faut remarquer cette progression : un ami (verset 5), un père (verset 11), le Père céleste (verset 13).

Parmi les dons que l’enfant demande à son père, Matthieu ne désigne que du pain et un poisson : c’étaient les provisions que l’on prenait d’ordinaire pour le voyage (Marc 6:38); Luc ajoute un œuf, qui faisait souvent aussi partie de ces provisions.

Notre hôte nous remet, au départ, de quoi faire notre repas : des pains (je dis des pains, et non du pain, car on les fait ici fort petits, verset 5), des œufs durs, comme toujours, plus quelques poissons frits. On voit que la nourriture est absolument la même que du temps de Jésus.— Félix Bovet, Voyage en Terre Sainte, 7e édition, page 361

À ces trois aliments sont opposés : une pierre, cruelle ironie; un serpent, très dangereux; un scorpion plus nuisible encore.

Qui est le père qui répondra par de tels dons à la demande de son enfant ? Et cette question devient plus frappante quand, à la place d’un père quelconque, Jésus nomme le Père céleste.

Vous qui êtes mauvais :

Remarquable témoignage du péché originel.— Bengel

Quel contraste avec la bonté et l’amour du Père qui est du ciel !

D’après Matthieu, Jésus dit : votre Père donnera des biens, ou de bonnes choses, à ceux qui les lui demandent.

Cette expression est plus simple, et plus en harmonie avec l’image qui précède, que les termes employés par Luc : donnera l’Esprit-Saint. Mais d’autre part, le Saint-Esprit est le plus précieux des dons de Dieu et le gage de tous les autres.

Plan

L’occasion

Les discours que Jésus vient de tenir portent un pharisien à l’inviter à dîner chez lui. Jésus entre et se met à table sans procéder aux ablutions traditionnelles. Par cette omission, il excite l’étonnement de son hôte (37, 38).

Trois vices des pharisiens

a) L’hypocrisie. Jésus prend sur le fait l’hypocrisie des pharisiens : elle se montre dans le scandale que sa conduite a causé. L’importance qu’elle donne aux purifications extérieures est folie en présence de Dieu qui regarde avant tout à l’être moral. Pratiquer la charité, voilà le vrai moyen d’être pur. L’hypocrisie des pharisiens se montre encore dans leur empressement à payer la dîme, joint à la négligence des obligations fondamentales de la loi (39-42).

b) La vanité. Ils recherchent les premiers sièges et les salutations (43).

c) L’influence occulte. Comme des sépulcres cachés, ils souillent les hommes sans que ceux-ci s’en doutent (44).

Trois reproches aux légistes

Un légiste, se sentant atteint par ces paroles, proteste. Jésus s’adresse alors aux légistes et les censure

a) Ils prêchent et ne pratiquent pas, chargeant les hommes de fardeaux qu’ils se gardent de remuer du doigt (45, 46).

b) Ils honorent les persécutés et persécutent. Bâtissant hypocritement les tombeaux des victimes de leurs pères, ils se montrent animés du même esprit qu’eux. Dieu leur enverra encore des prophètes à persécuter, afin que le sang de tous les martyrs soit redemandé à cette génération (47-51).

c) Ils détiennent la clef de la connaissance du salut et n’entrent ni ne laissent entrer (52).

Conclusion historique

Au sortir de la maison, Jésus est violemment pris à partie et assailli de questions insidieuses (53, 54).

37 à 54 Jésus à table chez un pharisien censure les pharisiens et les scribes

Les mots : comme il parlait, se rapportent au discours qui précède (verset 29 et suivants).

Comme ce discours était dirigé contre les pharisiens, on peut supposer que celui d’entre eux qui, après l’avoir entendu, invita Jésus à prendre un repas chez lui, le fit dans une intention malveillante afin de l’épier et de pouvoir l’accuser (comparer 14.1).

C’est ce qui explique la sévérité des paroles de Jésus (comparer verset 39, note).

Le mot que nous traduisons par dîner, et que d’autres rendent par déjeuner, désigne le repas qu’on prenait vers le milieu du jour, tandis qu’un autre repas principal avait lieu vers le soir. Il en était ainsi chez les Juifs comme chez les Romains.

On peut traduire ce mot par dîner ou déjeuner, selon les usages du pays où l’on parle.

Jésus s’étant mis à table dès son entrée, le pharisien s’étonne qu’il n’eût pas d’abord fait d’ablution (comparer Marc 7:4).

Cet étonnement pouvait paraître d’autant plus fondé que Jésus revenait du milieu de la foule, où il avait pu contracter des souillures légales et où même il avait chassé un démon et guéri un malade.

Mais peut-être Jésus s’abstint-il de ces cérémonies précisément à cause de l’importance superstitieuse que les pharisiens y attachaient. Qui sait même si ce n’était pas là le point spécial sur lequel ils voulaient l’épier ?

Matthieu 23:25, note.

Eh bien oui…quelques interprètes prennent la particule grecque que nous traduisons ainsi dans son sens temporel, maintenant : « les choses en sont maintenant venues chez vous à ce point, que vous nettoyez ».

Mais rien ne prouve qu’il y eût eu récemment dans l’hypocrisie des pharisiens un progrès que Jésus pût relever. Le sens logique est donc préférable.

Dans le premier évangile, Jésus déclare que la coupe et le plat eux-mêmes sont remplis de rapine, c’est-à-dire en contiennent les fruits (comparez Luc 20:47), tandis que Luc fait de la coupe et du plat l’image de l’état moral de ses auditeurs. La rédaction de Matthieu n’exclut point ce sens, mais, au contraire, le suppose.

Ici se présente une question de critique qui n’est pas sans difficulté. Luc rapporte un discours dont il indique avec précision la scène et les circonstances (verset 37). De son côté, Matthieu (Matthieu 23:1 et suivants) nous a conservé un discours très semblable, mais plus étendu, qu’il place en un temps et en des circonstances tout autres.

Si l’on admet l’identité des deux discours, il faut choisir entre les deux récits, et donner raison à l’un ou à l’autre évangéliste, quant à la situation historique.

Plusieurs interprètes se décident pour Luc contre Matthieu, à cause de la précision avec laquelle le premier décrit l’occasion du discours.

Mais d’autres donnent la préférence à Matthieu :

  1. parce que, d’une part, il leur semble que ces vives censures jetées par Jésus à la face d’un pharisien qui l’avait invité à sa table eussent été peu bienséantes, et que, d’autre part, Jésus aurait ainsi violemment provoqué ses ennemis et précipité la catastrophe, ce qui serait en contradiction avec tout ce que nous savons de sa conduite;
  2. parce que Matthieu en rapportant que ces censures furent prononcées par Jésus tout à la fin de son ministère, alors qu’il avait rompu avec les chefs de la théocratie et qu’il n’avait plus à les ménager, qu’elles furent prononcées dans le temple de Jérusalem, en présence du peuple, leur assigne la seule place qui leur convienne. Ces considérations nous paraissent évidentes et suffisent à prouver que Matthieu place le discours de Jésus dans sa vraie situation historique, alors même que, selon son habitude, il y aurait introduit des paroles prononcées dans d’autres occasions.

Matthieu (Matthieu 23:2, 1re note). Marc (Marc 12:38-40) et Luc lui-même (Luc 20:45-47) rapportent des paroles qui attestent que Jésus a fait un grand discours contre les pharisiens à Jérusalem.

Matthieu seul nous l’a conservé en entier. Mais s’ensuit-il que le récit de Luc soit sans aucun fondement historique ? Nullement. On peut être certain que Jésus a fait entendre en plus d’une circonstance de vives protestations contre l’esprit du pharisaïsme. L’une de ces protestations fut provoquée par le formalisme hypocrite d’un hôte qui l’avait invité à sa table.

Luc nous en a conservé le souvenir. Seulement, on peut admettre qu’il prête à Jésus plus d’une parole puisée dans la tradition apostolique, et qui, originairement, appartenait au grand discours de Matthieu.

Nous dirons avec Stier et d’autres exégètes, que nous avons dans notre chapitre un prélude de ce discours.

Ces paroles font sentir la folie (insensés) du procédé pharisaïque, relevé au verset précèdent : vous nettoyez le dehors, tandis que l’intérieur est plein de corruption; mais Celui (Dieu) qui a créé le dehors n’a-t-il pas aussi créé le dedans (l’être moral), qui a beaucoup plus d’importance à ses yeux ?

C’est donc là ce qu’il faut purifier avec le plus grand soin; car Dieu ne vous a prescrit certaines purifications extérieures que pour vous rappeler le devoir de la pureté morale. Or en négligeant celle-ci pour vous en tenir aux premières, vous anéantissez l’intention divine.

Il est évident que les termes de cette sentence sont encore empruntés à l’image du verset précédent.

Dans Matthieu (Matthieu 23:26) se trouve une pensée semblable, exprimée en termes différents.

Le contenu (grec ce qui est dedans), c’est-à-dire, d’après le contexte, ce qui est dans les coupes et les plats. Ces mets et ces vins, faites-en part aux pauvres, avec une charité qui provienne du cœur, et vous comprendrez que la loi suprême de l’amour est infiniment supérieure à toutes vos règles formalistes de purification; et voici, par le fait même, tous ces biens vous seront purs, ils le sont déjà par la puissance de l’amour.

Cette parole ne renferme aucunement l’idée du mérite des œuvres. Jésus serait-il retombé dans le pharisaïsme au moment même où il le pulvérisait ? L’amour, qui fait le prix du don, exclut, par sa nature même, la recherche du mérite, qui est l’essence du pharisaïsme.— Godet

Voir Matthieu 23:23, 1re note.

Matthieu dit : Vous négligez le jugement (ou la justice), la miséricorde et la foi (ou fidélité).

Luc ne parle que du jugement, du discernement de ce qui est juste, équitable dans les rapports avec le prochain, et de l’amour de Dieu, qui est la source de toutes les vertus.

Comparer Luc 20:45-47 et voir Matthieu 23:6.

Après ce : Malheur à vous ! le texte reçu avec A, D, ajoute : scribes et pharisiens hypocrites, mots qui ne sont pas authentiques; en effet, Jésus ne s’adresse aux scribes qu’à l’occasion du verset 45.

Voir Matthieu 23:27-28, note.

Dans Matthieu, Jésus compare les pharisiens à des « sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, mais qui, au dedans, sont pleins d’ossements de morts et d’impureté ».

D’après Luc, il emploie la même comparaison dans un sens tout différent : les pharisiens sont comme des sépulcres qu’on ne voit pas, parce qu’on a négligé de les entretenir et de les blanchir, et qu’ils sont recouverts de terre et de plantes.

On marche donc dessus sans s’en douter et l’on contracte involontairement la souillure (Nombres 19:16). Tels sont les pharisiens : on s’approche d’eux, on se livre à eux sans défiance, et l’on est bientôt infecté de leur esprit.

Jusqu’ici, Jésus avait adressé ses reproches aux pharisiens (v 39); mais il y avait dans ces paroles des vérités qui atteignaient directement aussi les légistes, ces savants scrutateurs de la loi, que les évangélistes nomment plus souvent scribes ou docteurs de la loi (voir Matthieu 23:2, 2e note).

Aussi l’un d’eux se sent offensé : Tu nous outrages, nous aussi. Par ce nous aussi, le légiste se distinguait des pharisiens; mais Jésus, bien loin de nier l’intention qui lui est attribuée, répond (verset 46) : Et à vous aussi, légistes, malheur !

À partir de cet incident, Jésus adresse aux scribes la suite de son discours (verset 52), mais sans perdre de vue les pharisiens, qui ont certainement leur part à ses reproches.

Dans Matthieu, Jésus s’adresse constamment, et en même temps, à l’une et à l’autre de ces classes d’hommes.

Voir Matthieu 23:4 note.

Matthieu 23:29-31, note.

Le reproche que Jésus adresse ici à ses auditeurs diffère de celui qui se lit dans le premier évangile.

Bâtir les tombeaux des prophètes était, dans leur intention, une œuvre réparatrice de piété; mais, par une ironie des faits que Jésus relève, ils perpétuent le souvenir de la conduite de leurs pères en consommant leur œuvre.

Au lieu de laisser tomber leurs crimes dans l’oubli, ils en élèvent les monuments; ils se constituent les témoins du meurtre des hommes de Dieu (Deutéronome 17:7; Actes 7:58) et ils l’approuvent; car eux, les ont tués, ajoute Jésus, et vous, vous bâtissez (le texte reçu ajoute : leurs tombeaux, ce qui s’entend de soi-même et affaiblit l’expression brève et énergique de ce contraste).

Sans doute, les auditeurs de Jésus auraient pu répondre qu’en honorant les prophètes martyrs, ils protestaient contre leur meurtre; mais comme, en présence même de Jésus, le plus grand des prophètes, ils se montraient remplis de haine contre la vérité divine, ils témoignaient par là que leurs soins pour les tombeaux des prophètes n’étaient qu’un acte d’hypocrisie. Jésus dévoile dans leur cœur le vrai commentaire de leurs actions.

C’est pourquoi aussi, afin qu’il apparaisse avec évidence que les fils sont semblables aux pères…

Luc introduit les paroles qui vont suivre par une formule qui fait attendre une citation de l’Ancien Testament; mais ce passage ne s’y trouve pas. On a cru le reconnaître, soit dans 2 Chroniques 24:19, soit dans Proverbes 1:20-31, soit dans quelqu’un des livres apocryphes que Jésus ne cite jamais : rapprochements plus ou moins arbitraires qui, sans être inadmissibles, sont pourtant peu probables.

D’autres interprètes ont pensé que Jésus, s’appelant lui-même la sagesse de Dieu, déclare, comme dans Matthieu, que c’est lui qui enverra des prophètes et des apôtres.

On pourrait admettre cette explication, vraie au fond, sans ce verbe au passé : la sagesse a dit, qui évidemment suppose une citation. Pour éviter cette objection, d’autres ont pensé que Jésus rappelait une de ses propres déclarations, faite dans une autre occasion, ce qui parait peu probable.

Enfin, on a supposé que, dans la tradition apostolique, on s’était habitué à citer les paroles de Jésus qui vont suivre, avec cette formule : « la sagesse divine a dit », et que Luc a simplement suivi cet usage. C’est là une hypothèse peu vraisemblable.

Hofmann, Bernhard Weiss, M. Godet appliquent le terme de sagesse de Dieu, comme Luc 7:35, au plan conçu par Dieu pour le salut : « Dieu dans sa sagesse a dit ».

Si l’on admet cette explication, la relation que Luc nous a conservée de ce discours est conforme à celle de Matthieu, où Jésus dit sans formule de citation : « C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes », etc.

Quelque sens que l’on donne aux mots par lesquels Luc l’introduit, la parole même de Jésus est simple et lumineuse. Il allait, en effet, envoyer dans son Église des prophètes et des apôtres (Éphésiens 4:11), qui devaient être persécutés et mis à mort par leur génération.

Voir Matthieu 23:34-36, notes.

L’expression répétée : redemandé (versets 50, 51) correspond au cri de Zacharie mourant : « Que l’Éternel voie et redemande ! » (2 Chroniques 24:22)

Matthieu 23:13, note.

Dans le premier évangile, ces paroles s’adressent à la fois aux scribes et aux pharisiens, comme tout le discours.

Dans le récit de Luc, elles ne concernent que les légistes auxquels Jésus parle depuis le verset 45.

Cette application est plus exacte, car, en effet, c’étaient les docteurs de la loi qui avaient enlevé la clef de la connaissance ou de la science, c’est-à-dire, qui s’étaient arrogé le droit d’interpréter les Écritures, de les enseigner aux jeunes rabbins et de les appliquer au peuple, dans les diverses circonstances de la vie sociale (Matthieu 23:2, note).

La connaissance de Dieu et du salut est comparée par Jésus à une maison ou à un temple que les scribes ont fermé après s’être saisis de la clef.

Non seulement ces savants théologiens n’y sont point entrés, mais ils ont empêché, par leurs erreurs et leur opposition, ceux qui voulaient entrer. Il y a dans le grec le présent : ceux qui entrent, par ou Jésus désigne ceux qui, alors, voulaient s’attacher à lui et à son enseignement.

Les manuscrits présentent sur ces versets plusieurs variantes. Le texte reçu avec A, D, majuscules, versions, porte : et comme il leur disait ces choses…cette scène violente se serait donc passée encore dans la maison du pharisien (verset 37); ce qui est très improbable d’après la suite du récit (Luc 12:1).

C’est plutôt comme il sortait de là (Codex Sinaiticus, B, C) que ses adversaires, cédant à la violence de leur haine, ont dû se mettre à l’obséder de questions insidieuses, auxquelles ils demandaient impérieusement des réponses, avides de surprendre quelque parole (grec quelque chose) de sa bouche.

Le texte reçu avec A, C, D, majuscules, versions, ajoute : afin de l’accuser, paroles qui sont parfaitement dans la situation, et qui expriment très bien l’intention des ennemis du Sauveur, mais dont la suppression, dans Codex Sinaiticus, B, donne à la narration un tour plus simple.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 11". "Bible annotée". https://www.studylight.org/commentaries/fre/ann/luke-11.html.
 
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