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Bible Commentaries
Michée 1

Commentaire biblique intermédiaireCommentaire biblique intermédiaire

versets 1-16

Chapitre 1er

Chapitres 1 et 2 — Jugement du peuple par l’Assyrien historique. État moral et restauration finale d’Israël

Chapitre 1er — Jugement de Samarie et de Juda par l’Assyrien

Ce chapitre est un chapitre historique qui nous décrit à grands traits le péché de Samarie. L’attaque de l’Assyrien Sankhérib en est la conséquence. Cette invasion s’étend jusqu’aux portes de Jérusalem où elle est arrêtée par l’intervention divine, en réponse à la foi d’Ézéchias.

«La parole de l’Éternel qui vint à Michée, le Morashtite, aux jours de Jotham, d’Achaz, d’Ézéchias, rois de Juda, laquelle il vit au sujet de Samarie et de Jérusalem» (v. 1).

Le prophète Michée avait laissé un vivant souvenir à Jérusalem, car ses paroles revinrent en mémoire lorsque Jérémie prophétisa contre cette ville, près d’un siècle après Michée, au commencement du règne de Jéhoïakim, vingt ans environ avant la prise de Jérusalem et la destruction du temple (Jér. 26:18). Les sacrificateurs et les prophètes — car c’est toujours de la classe sacerdotale que part la persécution des vrais serviteurs de Dieu — ces hommes s’étaient saisis de Jérémie et voulaient le mettre à mort, mais Dieu veillait sur son prophète. Les princes, le peuple même, soulevé d’abord contre Jérémie, prirent sa défense et dirent: «Cet homme ne mérite pas la mort, car il nous a parlé au nom de l’Éternel, notre Dieu.» Alors quelques anciens du pays prirent son parti, disant: «Michée, le Morashtite, prophétisait dans les jours d’Ézéchias, roi de Juda, et a parlé à tout le peuple de Juda, disant: Ainsi dit l’Éternel des armées: Sion sera labourée comme un champ, et Jérusalem sera des monceaux de pierres, et la montagne de la maison, les lieux hauts d’une forêt (Michée 3:12). Ézéchias, le roi de Juda, avec tout Juda, le fit-il donc mourir? Ne craignit-il pas l’Éternel, et n’implora-t-il pas l’Éternel, de sorte que l’Éternel se repentit du mal qu’il avait prononcé contre eux? Et nous ferions un grand mal contre nos âmes» (v. 18, 19). Ce fut ainsi, grâce à la parole du prophète Michée, reçue par le pieux Ézéchias, que l’Éternel sauva le prophète Jérémie. Le souvenir de Michée était donc encore vivant à Jérusalem, plus d’un siècle après lui. Condamner Jérémie, c’était condamner Ézéchias, le roi le plus fidèle dans la série des rois de Juda; qui aurait donc osé s’inscrire en faux contre la décision qu’il avait prise? L’authenticité du livre de Michée nous est ainsi affirmée.

On voit encore par ce passage qu’une partie importante de la prophétie de Michée, appartenant à trois règnes, fut prononcée sous celui d’Ézéchias. Jotham était un roi selon le cœur de Dieu, mais les caractères d’Achaz et d’Ézéchias jouent le rôle prépondérant dans le livre que nous étudions. Le premier, Achaz, nous présente la dégradation et la ruine de Juda. Sous ce règne, tout est corruption, transgression, abandon de l’Éternel. Achaz, sectateur du culte abominable de Moloch, fait passer son fils par le feu (2 Rois 16:3). Il refuse l’aide miséricordieuse que Dieu lui offre, par le ministère d’Ésaïe (Ésaïe 7:10-13), contre Retsin, roi de Syrie, et Pékakh, roi d’Israël, prétextant ne pas vouloir «tenter l’Éternel», alors qu’il a décidé de faire appel au roi d’Assyrie, dans lequel il a plus de confiance qu’en Dieu. Il dépouille le temple pour envoyer un présent à cet allié, met de côté l’autel d’airain et la cuve pour adopter le culte idolâtre de Damas, méprise le type de l’expiation et de la sacrificature de Christ, pour établir un autel païen, se soumet en un mot au joug et à l’influence de Tiglath-Piléser, l’Assyrien. Ézéchias, au contraire, donne le signal d’une vraie réforme à Jérusalem. Il secoue la domination de Sankhérib, l’Assyrien, lui résiste au nom de l’Éternel et devient l’instrument de la délivrance de Jérusalem (Ésaïe 36-39). L’un est l’image de l’apostasie affreuse du peuple juif aux temps de la fin, l’autre celle du Résidu fidèle dont il exprime si admirablement les sentiments dans son cantique (Ésaïe 38), et qui tient tête à l’Ennemi par la simple confiance en l’Éternel quand tout semble perdu. On pourrait dire de ces trois rois, que le premier, Jotham, représente les bénédictions passées d’Israël, que le second est l’image de son apostasie future, et le troisième celle de sa restauration finale. On voit déjà, par l’histoire des deux derniers rois, quel sera l’ennemi présenté par Michée, cet Assyrien sur le rôle futur duquel notre Préface s’est expliquée.

Ces trois rois résument donc en figure tout le contenu du livre de Michée, seulement les jugements dont il parle tombent sur Juda et Israël, car les dix tribus y sont comprises. Aussi le premier verset nous dit-il que Michée vit cette parole «au sujet de Samarie et de Jérusalem». Ce jugement eut lieu historiquement par l’Assyrien sur les dix tribus et leur capitale, ainsi que sur le territoire de Juda dont la capitale fut épargnée, mais, aux derniers jours, Jérusalem ne le sera pas plus que Samarie. En effet, si l’Assyrien historique ne réussit pas à dévaster Jérusalem, elle le sera une première fois sous l’Assyrien prophétique (Zach. 14:2; Ps. 83), puis, lors de la dernière invasion, elle sera protégée par l’apparition du Seigneur. Comme au temps d’Ézéchias, toute la puissance de ce formidable ennemi viendra échouer devant les murailles de Jérusalem. Il y a donc analogie frappante entre la prophétie de Michée et l’époque où elle fut donnée. Cette analogie ne ressort pas avec le même relief en Ésaïe dont le sujet est beaucoup plus vaste que celui de Michée, son contemporain. En effet, Ésaïe embrasse le champ tout entier de la prophétie et aucune de ses parties ne lui est étrangère. Cependant, comme en Michée, l’Assyrien de la fin y joue le rôle prépondérant. Michée se concentre beaucoup plus et sa courte prophétie est d’une grande utilité pour nous faire envisager en elles-mêmes, plutôt que dans leur relation avec l’ensemble, certaines parties restreintes du vaste champ prophétique.

S’il est ici nettement spécifié que Michée prophétise «au sujet de Samarie et de Jérusalem», notons toutefois que Samarie et les dix tribus occupent une place moins importante dans ce livre que Jérusalem, dont le péché et la délivrance sont placés au premier rang.

«Écoutez, vous, tous les peuples; sois attentive, terre, et tout ce qui est en toi; et que le Seigneur, l’Éternel, soit témoin contre vous, le Seigneur, du palais de sa sainteté! Car voici, l’Éternel sort de son lieu, et descendra, et marchera sur les lieux hauts de la terre; et les montagnes se fondront sous lui, et les vallées s’entrouvriront, comme la cire devant le feu, comme des eaux versées sur une pente» (v. 2-4). Ces versets montrent que si le jugement est le résultat de l’indignation de l’Éternel contre son peuple, et s’il emploie les nations comme verge de sa colère, contre Israël, elles subiront aussi le jugement à leur tour. Tous les peuples sont appelés à écouter, toute la terre et ce qui est en elle doit être attentive. Le Seigneur est témoin contre toutes les nations, son témoignage part du palais de sa sainteté, du temple où il a fait habiter son nom et que son trône n’a pas encore abandonné, comme dans le prophète Ézéchiel. Le v. 2 de notre chapitre rappelle le commencement d’Ésaïe (1:2); seulement, dans ce dernier, l’auditoire est beaucoup plus étendu. Les cieux et la terre y sont pris à témoin, parce qu’il s’agit là de l’iniquité d’Israël, d’un peuple privilégié entre tous, auquel Dieu s’était révélé et qu’il appelait son peuple. Aussi ne lui est-il laissé qu’un «bien petit Résidu». La grandeur du privilège appelle la grandeur du jugement. En Michée, Dieu fait pressentir qu’il jugera et son peuple et les nations, bien qu’à la base de ce jugement se trouve la transgression de Jacob. Il explique tout d’abord la nécessité de ce châtiment que j’appelle historique, sur son peuple. De là vient dans ce passage la mention du temple. Au v. 3 le jugement prend des proportions beaucoup plus étendues. En Ésaïe, le ciel était témoin contre Israël; ici, le ciel s’ouvre pour en laisser descendre le Juge suprême. Jugement terrible! Les montagnes, toutes les puissances établies en la terre, s’abaissent et se fondent devant Lui. Le jugement de Dieu n’est pas seulement le résultat de ses voies en gouvernement; mais l’image employée ici décrit un jugement futur, universel, dont ne seront exempts ni le peuple juif, ni les nations, ni les habitants de la terre. Cependant, chose rassurante, si l’Éternel «marche sur les lieux hauts de la terre», non seulement son peuple céleste, mais le Résidu croyant d’Israël sera épargné et pourra dire: «L’Éternel, le Seigneur, est ma force; il rendra mes pieds pareils à ceux des biches, et il me fera marcher sur mes lieux élevés» (Hab. 3:19). Dès le début des jugements, les élus de l’Éternel auront le privilège de marcher avec Lui. Il ne faudra pour cela que la foi, cette simple foi qui aurait fait marcher Pierre sur les eaux si, au lieu de regarder les vagues, il avait fixé les yeux sur Jésus seul.

«Tout cela à cause de la transgression de Jacob et à cause des péchés de la maison d’Israël» (v. 5). Que la colère de l’Éternel ait pour point de départ le péché de son peuple et qu’il le juge par le moyen des nations, à leur tour ces dernières attirent, comme nous l’avons vu, Sa colère par la manière dont elles exécutent ses jugements.

«De qui est la transgression de Jacob? N’est-ce pas de Samarie? Et de qui les hauts lieux de Juda? N’est-ce pas de Jérusalem?» (v. 5).

Jacob me semble être ici, comme ailleurs, l’ensemble de la nation ayant Juda pour chef; sa transgression a commencé à Samarie, capitale de la maison d’Israël, c’est-à-dire des dix tribus, où l’idolâtrie fut premièrement introduite. Alors même qu’elle commença là, après la division du royaume, sous Jéroboam, fils de Nebath, Dieu rend responsable de ce péché l’ensemble du peuple, car, s’il fait des distinctions quant au jugement des royaumes d’Israël et de Juda, ils ne peuvent pas, à ses yeux, dégager leur responsabilité l’un de l’autre. N’en est-il pas de même aujourd’hui? Tout le peuple de Dieu est solidaire du péché et de la ruine de l’Église. Aucune de ses parties ne pourra se séparer de l’autre et échapper au jugement en prétendant n’être pas responsable de ce qui est arrivé, ou en croyant pouvoir rebâtir ce que tous ont ruiné. Cependant, au milieu des ruines, il reste, comme témoignage, un Résidu humilié qui gémit et soupire (Ézéch. 9:4), et c’est sur lui, comme Michée et tous les prophètes nous l’enseignent, que les yeux de Dieu reposent.

Quant aux «hauts lieux de Juda», Jérusalem seule est responsable. La ville privilégiée, siège du gouvernement de Dieu, où il avait son temple et son trône, était particulièrement coupable et ne pouvait rejeter la faute de son idolâtrie sur les dix tribus qui ne jouissaient pas des mêmes bénédictions. L’Éternel commence par Samarie, car son jugement est à la porte et, dès lors, Michée en parlera beaucoup moins au cours de sa prophétie, qui roulera désormais presque exclusivement sur l’iniquité de Jérusalem.

«Et je ferai de Samarie un monceau dans les champs, des plantations de vigne; et je ferai rouler ses pierres dans la vallée, et je découvrirai ses fondements. Et toutes ses images taillées seront mises en pièces; et tous ses présents de prostitution seront brûlés au feu; et je mettrai en désolation toutes ses idoles; car c’est avec un présent de prostituée qu’elle les a rassemblées, et elles redeviendront un présent de prostituée» (v. 6, 7). Plus tard (3:12), le même sort atteindra Jérusalem, dans le passage, cité en Jér. 26:18, par les défenseurs du prophète. Le jugement prochain de Samarie avait déjà été annoncé en peu de mots par le prophète Amos (3:11), avec cette différence toutefois qu’il attribue ce jugement à la violence, à l’oppression et à la rapine des nobles, tandis que Michée ne mentionne d’abord que l’idolâtrie (v. 8-16). Dans les premiers versets de notre chapitre, le prophète était la voix de l’Éternel aux hommes; dans ce passage il est la voix du peuple: «il hurle, se lamente, se frappe la poitrine, et pousse des cris de deuil». La nation ne sent pas la douleur, le fidèle la sent pour elle. N’en est-il pas toujours ainsi? Dans les circonstances qui agitent aujourd’hui les peuples, lesquels d’entre eux se rendent compte que «la plaie est incurable», que Dieu doit juger, qu’il juge, que tout ce qui leur arrive n’est que le fruit de leurs iniquités? Nous, chrétiens, comme Michée, nous sommes appelés à le sentir. Si nous avons à pleurer sur nous-mêmes et si nous sommes conduits à une repentance salutaire, nous sentons aussi que le mal moral du monde est bien près d’atteindre son apogée et que les jugements de Dieu sont justes. Il se pourrait que Dieu, dans sa longue patience, retirât sa main pour un moment, mais la plaie est incurable et les événements actuels ne sont que le prélude d’événements futurs, plus terribles encore.

«Car sa plaie est incurable; car elle est venue jusqu’à Juda, elle atteint jusqu’à la porte de mon peuple, jusqu’à Jérusalem» (v. 9). La plaie s’arrête à la porte. C’est ce qui arriva historiquement sous Ézéchias (Ésaïe 36-38). L’invasion de Sankhérib, décrite ici, dans les versets 10-16, est la même que celle dont parle Ésaïe 10:24-34, mais en diffère sensiblement, en ce qu’Ésaïe énumère les relais successifs de l’invasion directe de l’Assyrien pour s’emparer de Jérusalem, et Michée les causes du jugement qui atteint les diverses cités de Juda dans le cours de l’invasion. Cette comparaison entre Ésaïe et Michée 1 nous amène à la conclusion suivante: La grande attaque de Sankhérib contre Jérusalem (Ésaïe 10) eut lieu par le territoire de Benjamin. L’ennemi victorieux s’empara de toutes les villes et villages de cette tribu et arriva enfin à Nob, ville sacerdotale, ancien théâtre du massacre des sacrificateurs par Saül, dernière étape d’où l’on avait la vue sur Jérusalem. Il entreprit le siège de cette cité, mais l’Éternel y était et secourut Ézéchias, dont la foi comptait sur son intervention.

De là, l’ennemi, tenant toujours Jérusalem assiégée, s’étendit dans tout le pays plat de Juda, à l’occident de Jérusalem1, dans cette plaine de Séphéla qui confine à la Philistie et à la mer Méditerranée, et dont les villes principales Gath, Lakis, Marésha, Adullam, avaient été jadis fortifiées par Roboam contre les incursions des Philistins (2 Chron. 11:9). Tandis que le siège de Jérusalem se poursuit, Sankhérib investit Lakis. Il paraît douteux qu’il s’en soit emparé (2 Chron. 32:1; 2 Rois 18:13, 14; 19:8); il assiège ensuite Libna. C’est de là qu’il envoie, pour la seconde fois, ses menaces à Ézéchias. C’est là aussi qu’il apprend l’expédition dirigée contre lui par Tirhaka, roi d’Éthiopie, alors Pharaon d’Égypte (2 Rois 19:8, 9). Son armée est frappée par l’Éternel; il lève le siège de Jérusalem et retourne à Ninive où il est assassiné par ses fils (2 Rois 19:35-37).

1 À moins que ce ne fussent deux attaques simultanées: l’une par le nord, l’autre par l’ouest de Jérusalem.

Plus tard Nebucadnetsar s’empara d’abord de Lakis et d’Azéka «qui restaient encore» (Jér. 34:7), et enfin de Jérusalem, sous le roi Sédécias, infidèle au serment qu’il avait prêté.

Au retour de la captivité, les hommes de Benjamin réoccupèrent une partie de leurs villes, prises jadis par l’Assyrien, lors de l’attaque de Jérusalem par le nord (Aiath, Micmash, Guéba, Rama, Anatoth, Nob) (Néh. 11:31-36), tandis que les hommes de Juda réoccupèrent Lakis et Adullam (Néh. 11:30).

Telle est l’histoire succincte de l’invasion assyrienne, soit du territoire de Benjamin, soit de celui de Juda. Michée ne rapporte que l’invasion de Juda. Beaucoup de villes citées dans notre passage n’ont pu être identifiées, mais les recherches amènent à la conclusion qu’elles sont toutes situées dans la région occidentale de Juda, dans le pays plat de cette tribu. Quelques-unes, comme Gath, occupaient la lisière montagneuse de ce territoire.

Ces détails nous ramènent aux v. 8 à 16 de notre chapitre:

Au v. 8, les mots «à cause de cela» indiquent le deuil du prophète sur la ruine de Samarie. Cette plaie incurable a débordé sur Juda et est venue jusqu’à Jérusalem. «Ne le racontez pas dans Gath, ne versez point de pleurs» (v. 10). Ces mots: «Ne le racontez pas dans Gath» étaient, je n’en doute pas, passés en proverbe depuis le «Chant de l’Arc», complainte de David sur Jonathan (2 Sam. 1:20). C’était dire à Samarie: Ne découvrez pas votre défaite, ni surtout celle d’Osée, votre roi, aux Philistins qui vous haïssent. Ce proverbe rapproche donc la chute de Saül et la victoire que les Philistins remportèrent sur lui, de la chute de la royauté en Israël. Gath, dont les recherches des explorateurs n’ont pu établir la situation, était l’une des cinq villes principales des Philistins (Josué 13:3; 1 Sam. 6:17), s’élevant, comme nous l’avons dit, à la limite de la contrée montagneuse de Juda. Elle était une menace continuelle pour Jérusalem (2 Rois 12:17). Renommée dans l’histoire de David (1 Sam. 17:4; 21:10; 27:3), elle avait été prise par ce roi avec les villes de son ressort (1 Chron. 18:1). Plus tard, Ozias avait abattu sa muraille, ainsi que celle de Jabné et d’Asdod (2 Chron. 26:6), villes fortifiées et danger perpétuel pour Juda; il avait en outre bâti des villes sur le territoire des Philistins. Il semblerait cependant, d’après Amos 6:2, que, depuis Ozias, Gath avait été reconquise par l’ennemi. Tout au début de son règne, Ézéchias, après avoir secoué le joug du roi d’Assyrie, frappa les Philistins jusqu’à Gaza, sans toutefois qu’il soit fait mention de Gath (2 Rois 18:7, 8). La quatrième année de son règne et la neuvième d’Osée, roi d’Israël, Shalmanéser assiégea Samarie, la prit, et mit fin au royaume d’Israël. Michée avait annoncé la ruine de Samarie quand déjà la défaite des Philistins par Ézéchias était près de s’accomplir, aussi quelle joie haineuse et triomphante ce peuple ne devait-il pas éprouver, lui qui venait d’être battu et humilié par Juda, en apprenant la défaite d’Israël et de son roi, qui leur rappelait leur victoire d’autrefois. Il ne fallait pas «verser de pleurs devant eux»1.

1 Et non, comme le voudrait une traduction insoutenable, «pleurer dans Acco».

Cette prophétie de Michée, au sujet de faits historiques très prochains, confirme la pensée, émise plus d’une fois au cours de ces études, que dans les prophètes les événements historiques sont ordinairement l’image et les avant-coureurs de ceux qui auront lieu dans les derniers jours. Ce sera dans la région de Juda, dont ce passage nous parle, que l’Assyrien de la fin trouvera sa rétribution (Ézéch. 39:11; Dan. 11:45). Seulement, au lieu de se retirer, comme fit Sankhérib devant l’attaque du Pharaon, il investira l’Égypte et ne subira son sort qu’au retour de cette expédition.

Dans ces versets les jeux de mots au sujet du nom des villes me paraissent indiquer que leurs habitants attribuaient, comme on l’a fait de tout temps, une signification soit flatteuse, soit caractéristique, au nom de leur cité. Le prophète retourne ces jeux de mots contre eux en les appliquant à leur ruine1. Voici ce que signifiaient aux yeux de Dieu les noms dont ils se glorifiaient. Beth-Leaphra (v. 10), la maison de poussière, se roulera dans la poussière. Shaphir, la belle, sera violée. Tsaanan «qui est sortie» n’a pu sortir, étant assiégée elle-même, pour secourir Beth-Haëtsel, «sa voisine», qui se lamente, car il (l’Assyrien) ôte à celle-ci l’abri sur lequel elle comptait.

1 C’est ainsi que l’on dit dans notre pays au sujet de la ville de Grandson: «petite cloche, grand son». Oui, dirait le prophète: Grand son de la calamité qui va fondre sur toi!

Il en est de même pour Maroth, «amertume», sur laquelle le mal descend par l’investissement de Jérusalem. Lakis doit se préparer à la fuite bien plus qu’à la résistance. C’est par elle qu’a commencé l’idolâtrie de Jérusalem et les transgressions des dix tribus ont été trouvées en elle. Ce fait n’est pas, que je sache, mentionné autre part. Il faudra, dit le prophète, que tu renonces à la possession de Moreshet-Gath (peut-être la ville d’origine de Michée) que tu t’étais fiancée. Les maisons d’Aczib, «mensonge», tromperont les rois d’Israël. Il est possible qu’il y eût là des résidences royales, des palais d’été. Un autre possesseur, l’Assyrien, héritera de Marésha, «possession». Adullam, dont la caverne avait abrité David fugitif (1 Sam. 22:1; 2 Sam. 23:13; 1 Chron. 11:15), deviendra le dernier refuge de la gloire d’Israël, c’est-à-dire de ses grands, de ses nobles, poursuivis par l’ennemi. «Rends-toi chauve et coupe tes cheveux», dit enfin le prophète à Israël, «pour les fils de tes délices», pour ces nobles qui faisaient ta joie et ta gloire; «élargis ta tonsure comme le vautour», en signe du deuil abject et de la plus grande affliction (Job 1:20; Ésaïe 15:2), «car ils» (les fils des délices d’Israël) «sont allés en captivité loin de toi».

Dans tout ce premier chapitre, le prophète est la bouche de l’Éternel ou parle personnellement. Comme nous l’avons noté précédemment, il n’en est pas toujours ainsi dans le cours de cette prophétie où nous entendons tour à tour l’Éternel, le Résidu, la nation, les faux prophètes, prendre la parole.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Micah 1". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/micah-1.html.
 
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