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the Week of Christ the King / Proper 29 / Ordinary 34
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Bible Commentaries
Juges 3

Commentaire biblique intermédiaireCommentaire biblique intermédiaire

versets 1-31

Chapitres 2 et 3:1-4

L’origine du déclin et sa conséquence (v. 1-5)

Un fait caractérisait le déclin: Israël n’était pas resté séparé du monde. Or ce fait même dénotait qu’il n’avait plus de force pour se débarrasser de l’ennemi. Pourquoi donc une telle absence de force? Les versets que nous venons de lire, répondent à cette question. «Et l’Ange de l’Éternel monta de Guilgal à Bokim» (v. 1). Le livre de Josué, ce registre des victoires d’Israël, est caractérisé par Guilgal, endroit merveilleusement béni, où le peuple trouvait le secret de sa force. C’était le lieu de la circoncision, c’est-à-dire, en type, du dépouillement de la chair. Il nous est dit: «En qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair, par la circoncision du Christ». À la croix de Christ, dans sa mort, le croyant a trouvé la condamnation absolue et la fin de la chair. À Guilgal, l’Éternel avait roulé l’opprobre d’Égypte de dessus son peuple. Délivré (en figure) de la domination de la chair qui le rattachait au monde, à l’Égypte, il pouvait enfin appartenir à Dieu seul. Ce grand fait de la circoncision est un privilège du chrétien. Mais il fallait constamment revenir à Guilgal; la mortification de la chair, opérée en Christ, doit être réalisée par le croyant. Il nous faut appliquer cette mort de Christ à nos membres dans notre marche journalière, et n’épargner aucun des fruits qui croissent sur l’arbre de la chair. (Col. 3:5). Le secret de notre force spirituelle se trouve dans le jugement ininterrompu de ce que nous sommes et de ce que nous produisons par nature. C’est ce qui explique les victoires du livre de Josué; les Israélites retournent toujours à Guilgal, sauf en un seul cas (Jos. 7:2), où ils subissent une défaite.

Or Guilgal avait été négligé, oublié même depuis les jours de Josué. C’est ainsi que, par le manque de jugement journalier d’eux-mêmes, les cœurs se mondanisent. L’ange de l’Éternel, représentant la puissance divine au milieu du peuple, y était resté seul et, pour ainsi dire, sans emploi, attendant qu’Israël revînt à lui; il avait attendu longtemps; Israël n’était point revenu. Il ne restait à l’ange qu’à quitter ce lieu béni pour monter à Bokim, le lieu des pleurs. Qu’étaient-ils devenus ces jours de force et de joie, où Jéricho tombait au son des trompettes de Dieu? Et les jours de Gabaon et ceux de Hatsor? Évanouis à jamais! Les bénédictions fondées sur Guilgal, ne pouvaient renaître pour Israël; la puissance de l’Éternel n’était plus à la disposition du peuple, envisagé comme un tout. Ils étaient loin, ces temps heureux où Israël montait volontairement à Guilgal, en type jugeant la chair, afin de ne pas pécher et de vaincre; loin même, le jour humiliant, mais béni, d’Hacor, où le peuple jugea son péché pour y mettre fin, et fut restauré. À Bokim, Israël pleure, obligé de porter le châtiment et son irrémédiable conséquence; la restauration actuelle n’est plus possible; Dieu ne rétablit pas ce que l’homme a ruiné. L’Église a suivi le même chemin. Sa ruine durera jusqu’au bout de son histoire, comme corps responsable, comme Église visible ici-bas. Elle aussi, devenue infidèle, a fini par s’établir au milieu du monde et n’est plus qu’un mélange corrompu de toute sorte d’iniquités qui durera jusqu’à la fin. Dieu la compare à une grande maison contenant des vases à honneur et d’autres à déshonneur. Et toutefois le moment viendra où, l’histoire de la responsabilité de l’homme étant close, le Seigneur se présentera son Église, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, parée d’une éternelle jeunesse. En ce temps, il sera dit d’elle comme de Jacob, non pas: Qu’est-ce que l’homme a fait, mais: «Qu’est-ce que Dieu a fait?» (Nomb. 23:23).

Ce n’est pas un sentiment d’humiliation qui remplit, à Bokim, le cœur de ce pauvre peuple; il est là, versant des larmes à l’annonce du jugement et ne trouvant pas d’issue, car il n’y en a pas. Nous rencontrons dans le courant du livre des temps de délivrances partielles et même un commencement d’humiliation véritable (10:15-16). Mais la restauration d’Israël est réservée à un jour futur. On en a comme un avant-goût sous Samuel juge et prophète, type du Christ, vrai prophète et vrai juge. C’est comme l’aurore d’un temps nouveau, image d’une aurore future où Israël retrouvera par l’humiliation sa place de bénédiction comme peuple de Dieu. Samuel convoque le peuple à Mitspa (1 Sam. 7). Mitspa est le lieu de l’humiliation et non pas seulement le lieu des pleurs. Là, «ils puisèrent de l’eau et la répandirent devant l’Éternel, et jeûnèrent ce jour-là, et dirent: Nous avons péché contre l’Éternel». Là, ils abandonnèrent leurs faux dieux, et ce fut le premier début d’une ère de bénédictions qui brilla de tout son éclat sous les règnes de David et de Salomon.

Bokim caractérise le livre des Juges, comme Guilgal le livre de Josué. Le lieu des pleurs caractérise aussi la période actuelle de l’histoire de l’Église. Il n’est plus question pour elle de retourner en arrière; l’édifice est ruiné; le recrépir ne fait qu’orner sa ruine, chose plus fatale que la ruine elle-même.

Il n’est plus question de retrouver la force perdue; l’ange de l’Éternel est monté de Guilgal à Bokim. Le Seigneur hait les prétentions à la force en un jour tel que le nôtre; l’activité de l’homme et de la chair que l’on voit s’étaler de tous côtés, n’a rien à faire avec la puissance de l’Esprit. Ceux qui crient bien haut: La puissance de Dieu avec nous, me font penser aux foules qui entouraient Simon, le magicien, disant: «Celui-ci est la puissance de Dieu, appelée la grande» (Actes 8:10), et à Laodicée qui dit: «Je suis riche», et qui ne connaît pas qu’elle est malheureuse, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nue. Cependant, ne l’oublions pas, si l’Église, comme témoin collectif, a manqué, le Seigneur conserve un témoignage à Christ au milieu de la ruine. Ce témoignage reconnaît la déchéance et pleure sur elle en la présence de Dieu. Nous trouvons quelque chose de semblable en Ézéch. 9:4. Les hommes de Jérusalem qui gémissent et soupirent, sont marqués au front par l’ange de l’Éternel; ils sont un peuple humilié, comme en Malachie 3 (v. 13-18). On trouve deux partis dans ce chapitre de Malachie: ceux qui disent (v. 14): «Quel profit y a-t-il à ce... que nous marchions dans le deuil devant l’Éternel des armées?» et les fidèles, un résidu faible et abaissé, qui vont se parlant l’un à l’autre, reconnaissant la ruine, mais attendant le Messie qui seul peut leur apporter la délivrance. Ceux-là ne disent pas: «Quel profit y a-t-il?» Leur abaissement est profitable, car il les fait regarder vers Celui qui «de la poussière fait lever le misérable, de dessus le fumier élève le pauvre, pour les faire asseoir avec les nobles». (1 Sam. 2:8). Croyants, prenons cette place, nous aussi; ne soyons point indifférents à l’état de l’Église de Dieu dans ce monde; pleurons, car nous y avons tous contribué. Contentons-nous, comme Philadelphie, d’avoir peu de force, et nous entendrons le Seigneur nous dire de sa voix consolante: Moi, j’ai la clef de David, la puissance est à moi, ne crains pas; je la mets tout entière à ton service!

Aux v. 1-3, l’ange de l’Éternel parle au peuple. Dieu avait-il manqué à son alliance? N’avait-il pas accompli tout ce dont sa bouche avait parlé? C’était Israël qui avait rompu l’alliance. «Pourquoi avez-vous fait cela?» Comme cette question cherche la conscience et la sonde! Pourquoi? Parce que j’ai préféré le monde et ses convoitises à la puissance de l’Esprit de Dieu, les idoles, au regard ineffable de la face de l’Éternel! Qu’était-ce donc que le cœur naturel de ce peuple, qu’est-ce que le nôtre? Israël pleure, et il sacrifie (v. 5). Combien touchante est la grâce qui pourvoit au culte au milieu de la ruine! Le lieu des pleurs est un endroit de sacrifice, et Dieu accepte les oblations faites à Bokim.

La ruine dans les rapports d’Israël avec Dieu (ch. 2:6 à 3:4)

Les v. 6 à 9 du chap. 2 sont la répétition de Josué 24:26-31, et rattachent immédiatement l’histoire du déclin à celle du peuple avant sa chute. Il y eut encore des anciens après Josué pour aider et encourager le peuple, comme il y eut des apôtres pour l’Église. Mais, du temps des apôtres comme aux jours des anciens, les principes destructeurs de l’assemblée étaient déjà à l’œuvre. Le judaïsme, la mondanité, la corruption, autant de choses auxquelles Paul s’opposait par la puissance de l’Esprit de Dieu, mais avec la certitude qu’après son départ entreraient des loups dévorants qui n’épargneraient pas le troupeau. La fin du chap. 1° nous a montré le déclin d’Israël dans ses rapports avec le monde, les versets que nous venons de lire nous présentent sa ruine dans ses rapports avec Dieu. Ce passage nous donne un résumé de tout le livre des Juges. La mondanité et l’idolâtrie se suivent. Dans la mesure où nos cœurs se portent vers le monde, ils se détournent de Dieu; de là, à abandonner l’Éternel et à le remplacer par des idoles, il n’y a qu’un pas. Cela se rencontre aussi dans la vie individuelle des chrétiens. Ce n’est pas sans dessein que l’Esprit nous adresse l’exhortation solennelle: «Enfants, gardez-vous des idoles» (1 Jean 5:21). Quand nous nous associons au monde, les objets qu’il adore viennent s’établir en maîtres dans nos cœurs et y prendre la place de Christ.

Deux choses dénotent l’abaissement de la génération qui suivit Josué. Elle «ne connaissait pas l’Éternel, ni l’œuvre qu’il avait faite pour Israël» (v. 10). La connaissance personnelle de Christ, et celle de la valeur de son œuvre faisant défaut, l’écluse est ouverte au débordement du mal. C’est ce qui arriva à Israël: «Ils abandonnèrent l’Éternel, et servirent Baal et Ashtaroth» (v. 13). Alors la colère de l’Éternel s’embrasa contre le peuple; il les livra aux ennemis du dehors qui les pillèrent (2:14), et laissa l’ennemi du dedans à leurs côtés (3:3). L’ennemi dans la maison de Dieu, c’est le symptôme caractéristique des derniers temps. Les nations, dont le chap. 1er de l’épître aux Romains décrit le terrible état moral, sont de nos jours établies avec tous leurs principes de corruption (2 Tim. 3:1-5), au milieu de cet édifice, si beau jadis, quand il sortait des mains du divin architecte, mais confié par lui aux mains humaines, et qui contint dès lors au milieu de matériaux propres à être brûlés, le triste mélange des vases à honneur et à déshonneur.

En cela consiste le jugement de Dieu sur sa maison, qu’il y laisse subsister ces choses. Combien les chrétiens s’en rendent peu compte! Mais le Dieu qui juge est aussi le Dieu qui a pitié (v. 18). Israël gémit sous l’oppresseur; alors l’Éternel arrête ses yeux sur ce peuple, en faveur duquel il avait fait de si grandes choses, et lui suscite des libérateurs. Telle est l’histoire que nous allons voir se dérouler dans le livre des Juges. Le résumé nous en est ici donné d’avance. Il y a des réveils, puis un moment de repos et de bénédiction. Les chaînes rompues pour un temps, l’ennemi réduit au silence, Dieu laisse le peuple à lui-même; alors il retombe dans l’idolâtrie comme auparavant. «Ils n’abandonnaient rien de leurs actions et de leur voie obstinée» (v. 19).

Que restait-il à faire encore? Une chose digne de Dieu! Dans sa grâce, il se sert de l’infidélité et de ses conséquences pour bénir son peuple. En laissant subsister les nations, Dieu n’a pas seulement en vue le châtiment; il veut aussi «éprouver par elles Israël, s’ils garderont la voie de l’Éternel pour y marcher, comme leurs pères l’ont gardée» (2:22); en un mot, s’ils se sépareront du mal. De même, dans la 2° épître à Timothée, Dieu se sert du mélange des vases à honneur et à déshonneur pour éprouver les cœurs des fidèles et les bénir. «Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre». (2 Tim. 2:21). Quelle heureuse description des caractères d’un fidèle en des temps fâcheux! C’est que, même au plus fort de la ruine, Dieu nous montre un chemin qui le glorifie autant qu’aux plus beaux jours de l’Église.

En laissant subsister ces nations pour éprouver Israël, l’Éternel avait encore un autre but (3:4): «Pour savoir», dit-il, «s’ils écouteraient les commandements de l’Éternel, qu’il avait commandés à leurs pères par Moïse». La bénédiction que Dieu avait en vue était de ramener le cœur d’Israël à cette Parole qu’il avait donnée au commencement et qui était leur seule sauvegarde. Il en est de même aujourd’hui. «Mais toi», dit l’apôtre à Timothée, dans l’épître du déclin, «demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que, dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus» (2 Tim. 3:14-15). L’état de la chrétienté nous a-t-il poussés à prendre ici-bas une position de séparation pour Dieu et à nous tenir collés à sa Parole? À moins que nous ne possédions ces caractères, nous ne pouvons être le témoignage de Dieu pour un temps de ruine. Les fidèles de Philadelphie étaient marqués de ce sceau, car Celui qui leur parle est lui-même le saint et le véritable, et eux, marchant dans sa communion, avaient gardé sa Parole et n’avaient pas renié son nom. Ce sont aussi les caractères des futurs enfants du royaume. Au Ps. 1er, ils se séparent des voies des méchants et ont leur plaisir en la loi de l’Éternel, méditant dans sa loi jour et nuit.

Il était un troisième but, que la grâce avait en vue en laissant subsister les ennemis au milieu d’Israël: «Afin que les générations des fils d’Israël connussent, en l’apprenant, ce que c’est que la guerre» (v. 2). Quand on se laisse abattre par l’état de l’Église et le mal qui y domine, il semble parfois que le combat n’ait plus de raison d’être, et que notre rôle soit exclusivement celui des 7000 hommes cachés, qui n’avaient pas fléchi le genou devant Baal. C’est une grave erreur. En un temps de ruine, il y a des Élie; la lutte est plus que jamais nécessaire. Le combat chrétien n’est pas, il est vrai, contre le sang et la chair, comme celui d’Israël, mais contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Ce pouvoir satanique est toujours à l’œuvre pour nous empêcher de prendre possession des choses célestes, et pour réduire le peuple de Dieu en esclavage. Notre lutte sera donc soit une guerre de conquête, soit une guerre de délivrance. Le livre de Josué, comme l’épître aux Éphésiens, nous présente le combat qui doit nous mettre en possession de nos privilèges; le livre des Juges, comme la 2° épître à Timothée, a plus spécialement en vue le combat pour la délivrance du peuple de Dieu. «Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ», dit l’apôtre à son fidèle disciple (2 Tim. 2:3). «Endure les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste», dit-il plus loin, et il ajoute: «J’ai combattu le bon combat» (2 Tim. 4:5, 7).

Quelle bonté de Dieu, dans ce temps d’affaissement général, d’avoir laissé subsister l’ennemi, afin que nous apprenions ce que c’est que la guerre. Le combat chrétien ne cessera jamais ici-bas, mais le Seigneur dit: Aie confiance en moi, j’ai mis devant toi une porte ouverte et j’ai des récompenses pour celui qui vaincra. Que Dieu nous donne d’avoir à cœur la délivrance de son peuple, soit pour atteindre des âmes par l’Évangile, soit pour les affranchir en les délivrant de leurs liens au moyen de l’épée à deux tranchants de l’Éternel.

Chapitre 3:5-31

Chapitres 3:5 à 12 - Les réveils

Othniel (v. 5-11)

Nous l’avons vu, il est très important de comprendre que, l’Église ayant été infidèle à l’appel de Dieu, la possibilité d’une restauration d’ensemble n’existe pas pour elle ici-bas. Les réveils mêmes que Dieu produit, faussent parfois, à cet égard, les pensées des chrétiens, surtout quand ils appartiennent à l’une de ces restaurations partielles créées par l’Esprit de Dieu. Des regards bornés, un cœur souvent étroit, habitués à n’embrasser et à n’aimer de l’Église que ce qui nous concerne immédiatement — un esprit sectaire qui nous fait appeler Église les misérables systèmes que les hommes ont substitués à l’édifice de Dieu, sont autant de raisons qui nous empêchent de nous rendre compte de l’état réel de l’Assemblée dans ce monde. Or pour tout chrétien habitué à dépendre de la parole de Dieu, c’est un fait indiscutable que nos jours sont des jours mauvais, dans lesquels le mystère d’iniquité agit déjà, car il y a déjà plusieurs antichrists, et l’apostasie finale se prépare. Mais un autre fait tout aussi absolu, c’est que Dieu est fidèle et qu’il ne se laissera jamais sans témoignage. Il se sert même du mal, comme nous l’avons vu au chap. 2, pour apporter aux siens des bénédictions nouvelles. N’est-il pas toujours le Dieu qui employa Satan comme un instrument, pour amener Job dans la lumière de sa présence?

De même, dans ce livre des Juges, Dieu emploie l’oppression méritée de l’ennemi pour produire des réveils en Israël. Un mot les introduit tous: «Ils crièrent à l’Éternel». La chrétienté de nos jours discute sur les «moyens à employer pour produire des réveils». Il n’en existe qu’un seul: — le sentiment de la misère du monde, du pécheur ou de l’Église, qui porte l’âme travaillée à s’adresser à Dieu. «Et ils crièrent à l’Éternel». Alors l’Éternel leur envoie des libérateurs. Du chap. 3° au 16°, le livre des Juges va nous présenter ces réveils et leurs divers caractères.

Commençons par une remarque générale. En des temps d’abaissement moral, Dieu agit par des instruments qui, tous, ont quelque chose d’incomplet et portent le cachet de la faiblesse: Othniel descend d’un cadet de famille; il est «fils de Kenaz, frère puîné de Caleb»; Éhud est faible par son infirmité, Shamgar par l’instrument qu’il emploie, Debora par son sexe, Barak par son caractère naturel, Gédéon par ses relations, Jephthé par sa naissance. D’autres juges, cités en passant, sont riches, influents ou prospères (10:1-4; 12:8-15). Ceux-là, Dieu les emploie, sans doute, mais moins en délivrance que pour maintenir les résultats obtenus. — Nous ne sommes plus au temps de Josué ni des apôtres, au temps d’une force développée dans l’homme, qui empêchait l’infirmité de la chair de se produire, et cependant l’infirmité même des témoins actuels, marque de la période que nous traversons, glorifie encore la puissance de Celui qui les emploie.

Nous avons déjà parlé d’Othniel; le chap. 1er contenait l’histoire de sa vie privée et domestique. C’était ainsi que Dieu l’avait formé pour devenir le premier juge d’Israël. Après avoir combattu en vue d’acquérir une épouse, il était entré en possession d’un héritage individuel et des sources qui le fructifient. Ici, Dieu l’emploie à combattre pour les autres. Il en est toujours ainsi. Le chrétien, pour devenir un instrument public, doit avoir fait des progrès individuels dans la connaissance du Seigneur et dans la puissance de ses privilèges. Au peu d’ampleur et d’étendue de notre service, il n’y a généralement pas d’autre raison; nos cœurs ne sont pas assez occupés des choses célestes. Les richesses morales qu’Othniel a acquises en son particulier, se manifestent bientôt dans sa marche. Ce court verset (v. 10) mentionne de lui six choses: l° L’Esprit de l’Éternel, la puissance de Dieu pour délivrer Israël, fut sur lui. 2° Il jugea Israël: le gouvernement lui fut confié. 3° Il sortit pour la guerre: voilà le combat. 4° L’Éternel livra en sa main Cushan-Rishhathaïm, roi d’Aram: c’est la victoire. 5° Sa main fut forte contre Cushan-Rishhathaïm: l’ennemi est définitivement subjugué. 6° Le pays fut en repos quarante ans: Israël jouit en paix des fruits de la victoire d’Othniel. — Le but de Dieu est atteint; cet homme qui n’était que de la liguée indirecte du noble Caleb, fut un instrument complet, préparé d’avance pour ce service et qui, mis à l’essai, se montra d’un métal éprouvé dans la main du divin ouvrier.

Demandons à Dieu des Othniel pour le temps où nous vivons, mais plutôt soyons nous-mêmes des Othniel, par une consécration véritable au Seigneur dans notre vie privée, par un désir croissant de nous approprier les choses célestes, par la réalisation de ces choses, et nous serons des instruments bien utiles au Maître et préparés pour toute bonne œuvre.

Éhud (v. 12-30)

Othniel meurt; Israël retourne au mal et oublie l’Éternel. Le Dieu qui avait fortifié Othniel contre l’ennemi, fortifie maintenant Églon, roi de Moab, en jugement contre Israël. Églon et ses alliés s’emparent de la ville des palmiers (cf. 1:16; Deut. 34:3), de Jéricho, non pas sous les traits de la ville maudite, mais dans son caractère de bénédiction pour Israël. De son côté, Israël déchu se sert de l’instrument libérateur que Dieu allait employer, pour envoyer par lui un présent à Églon, scellant ainsi son asservissement au monde, qu’il cherche à se rendre propice. Combien de dons qui, de nos jours, sont des instruments dociles pour garder les enfants de Dieu sous la domination du monde! Mais Éhud est fidèle; il se fait faire une épée à deux tranchants. C’est son premier acte et sa seule ressource. Il en est de même du chrétien en un temps de ruine; son épée à deux tranchants, sa première, sa seule arme offensive, est la parole de Dieu (Héb. 4:12; Apoc. 1:16; 19:15; Éph. 6:17). Cette épée était longue d’une petite coudée; oui, l’arme d’Éhud était courte, mais proportionnée à son office. C’était une épée éprouvée pour pénétrer dans les entrailles de l’ennemi de Dieu et lui donner la mort.

Avant d’employer son arme, Éhud la ceint «par-dessous ses vêtements sur la hanche droite». Il la porte sur lui jusqu’au moment de s’en servir, et, tout en la sentant avec lui, ne la met pas en vue. On porte souvent la Parole au-dehors et on la cite beaucoup, sans s’en servir. Or la Parole a un but. Éhud infirme commence par adapter son épée à son infirmité: il la porte du côté droit. S’il la portait comme tout le monde, elle ne lui servirait de rien. Son arme doit répondre tout d’abord à son état personnel. On ne peut s’en servir en imitant les autres, pas plus que David ne pouvait se servir de l’épée de Saül. Ce qu’il fallait à David, c’était la fronde et le caillou, instruments familiers au berger.

Après avoir offert le présent à Églon, Éhud s’en revient des images taillées près de Guilgal. Il avait, comme il le dit, «une parole secrète» pour le roi. Il ne remporte pas une victoire publique, comme tant d’autres; ici, c’est un combat secret entre le libérateur et l’ennemi, un combat solitaire, mais dont les effets publics ne tardent pas à paraître. Ce fut le cas de celui de Christ avec Satan dans le désert. Ici, tout se passe dans le silence, sans lutte apparente et sans cri; l’ennemi est trouvé mort par ses serviteurs qui le croyaient en repos. La puissance qui asservissait Israël est anéantie par une victoire sans bruit et sans gloire due à la courte épée d’un homme gaucher. C’était une parole secrète, mais c’était «une parole de Dieu» pour Églon (v. 20). Notre arme est divine, et voilà ce qui fait toute sa force. Comme pour Gédéon, l’épée d’Éhud était l’épée de l’Éternel. Le roi est mort, mais l’arme n’est pas retirée de son ventre. Éhud parti, les serviteurs ont sous les yeux l’instrument de la victoire; Dieu prouve, à leur confusion, que c’était cette courte épée qui avait abattu par terre l’homme orgueilleux, dont les yeux sortaient à force de graisse.

Il s’agit ensuite pour Éhud de récolter les fruits de la victoire. Il sonne de la trompette dans la montagne d’Éphraïm et rassemble le peuple de Dieu. Ils enlèvent à Moab les gués du Jourdain et ne laissent passer personne. Le peuple revendique son territoire usurpé. Toute communication de l’ennemi avec lui est résolument interrompue, grâce à la vigilance des fils d’Israël. L’usurpateur est chassé et détruit, Moab ne peut plus se rejoindre des deux côtés du Jourdain. Tel doit être le résultat du combat pour le temps actuel. S’il n’a pas pour effet de nous faire rompre ouvertement avec le monde, il reste stérile et ne répond pas à l’intention de Dieu. Plus la séparation est complète, plus la paix est durable. Le pays, nous est-il dit, fut en repos quatre-vingts ans.

Shamgar (v. 31)

Après Éhud, il y eut Shamgar, fils d’Anath, qui remporta une victoire signalée sur les Philistins. Et lui aussi sauva Israël. L’épée d’Éhud était puissante, mais courte; Shamgar délivre au moyen d’une arme qui ne semble nullement appropriée à cet office, instrument méprisable qui ne peut servir, en apparence, qu’à aiguillonner des êtres sans intelligence! Sans prétendre découvrir ici des types ou des allégories, tendance qui offre plus d’un danger dans l’enseignement, j’aime à rapprocher l’aiguillon de Shamgar de l’épée d’Éhud. Nous avons une arme, la Parole; elle est la seule, sous des aspects divers, dont l’homme de foi se serve pour le combat. Pour le monde intelligent et incrédule elle est comme un aiguillon à bœufs, bonne, tout au plus, pour les femmes et les enfants, et les gens sans éducation, car elle est remplie de contes et de contradictions. Eh bien! sous cette forme qu’on méprise, Dieu l’emploie à gagner la bataille. Quand la foi s’en sert, elle trouve une arme où le monde ne voit que folie, car la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Oui, sans doute, elle est faite pour les inintelligents et s’applique à leurs besoins et à leur marche, mais ce même aiguillon peut tuer six cents Philistins.

Usons donc de la Parole telle que Dieu nous la confie, mais souvenons-nous qu’elle n’a d’effet qu’entre les mains de la foi, et quand l’âme y a trouvé pour elle-même la communion avec Dieu, la connaissance de Christ, et, avec elle, la bénédiction, la joie et la force.

Informations bibliographiques
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