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Bible Commentaries
Jean 15

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versets 1-27

Le vrai cep

(v. 1-8) — «Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’ôte; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit. Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite» (v. 1-3). Par cette image du cep de vigne, le Seigneur enseigne à ses disciples leur nouvelle position sur la terre. Ils avaient fait jusqu’ici partie du peuple d’Israël, souvent comparé à une vigne dont Dieu attendait du fruit. Au Psaumes 80:9, il est dit: «Tu as transporté d’Égypte un cep; tu as chassé les nations, et tu l’as planté» (voir aussi Ésaïe 5:1-4). Lorsque Dieu mit de côté les Gentils, à cause de leur idolâtrie, il se forma un peuple qu’il appela hors d’Égypte et plaça en Canaan, dans les circonstances les plus favorables, afin qu’il lui rapportât le fruit qu’il attendait; ce fruit consistait dans l’obéissance à la loi donnée par Moise. Mais cette vigne ne produisit que des raisins sauvages, fruits de la mauvaise nature de l’homme pécheur. Dès la constatation de ce résultat, les prophètes annoncèrent les jugements de Dieu sur le peuple, qui ne furent finalement exécutés que quarante ans après la mort du Seigneur. Dans la mort de Christ le jugement a aussi été exécuté sur l’homme en Adam; là, Dieu en a fini avec lui sur le pied de sa responsabilité, et aussi avec Israël selon la chair. Dès lors, Christ le remplace comme vigne de Dieu sur la terre. C’est ce que le Seigneur enseigne aux disciples en leur disant que lui est le vrai cep et qu’au lieu d’être des ceps plantés en terre, ils sont des sarments attachés au nouveau cep, à Christ lui-même. Ils sont en lui et ils pourront porter du fruit en demeurant attachés à lui vitalement et pratiquement. Le cultivateur, le Père, s’occupera des sarments, les nettoiera afin qu’ils portent plus de fruits; quant aux sarments qui n’en porteront pas, il les ôtera.

Dans tous ces passages, il s’agit de la profession chrétienne. Quiconque professe le christianisme est un sarment; mais celui qui en fait profession sans avoir la vie de Dieu, ne peut porter du fruit, puisque, sans cette vie, l’homme ne produit rien de bon pour Dieu; il sera un sarment que le cultivateur ôtera. Si, au contraire, il porte du fruit, preuve qu’il a la vie, le Père l’émondera; il le fera passer par la discipline pour le délivrer de ce qui peut l’empêcher de porter encore plus de fruit. Au verset 3, en s’adressant aux disciples, le Seigneur leur dit: «Vous, vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai dite». Vous n’êtes pas un de ceux que le Père ôtera, mais de ceux qu’il soignera, puisqu’ils étaient déjà nets. Par sa parole, Jésus leur avait révélé le Père; ils l’avaient reçu et elle les avait placés en relation vitale avec Jésus.

«Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure dans le cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas, à moins que vous ne demeuriez en moi. Moi, je suis le cep, vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire» (v. 4, 5). Ces versets nous enseignent à quelle condition le sarment porte du fruit. Il ne suffit donc pas d’être sarment, c’est-à-dire d’avoir le nom de chrétien; il faut porter du fruit. Pour cela il faut demeurer attaché au cep, à Christ, vitalement et pratiquement: «Demeurez en moi, et moi en vous», dit le Seigneur. Si le croyant demeure en Christ, Christ demeurera en lui, et le fruit se produira tout naturellement. Au verset 20 du chapitre 14, le Seigneur dit aux disciples que, quand le Saint Esprit sera venu, ils connaîtront qu’ils sont en lui et lui en eux. C’est ce qui définit leur nouvelle position; mais ici il s’agit de la pratique, de la responsabilité; c’est premièrement: «Demeurez en moi», et «moi en vous» en sera la conséquence. Pour demeurer pratiquement en Christ, il faut s’occuper de lui, jouir de lui, vivre de sa vie, dépendre de lui, l’imiter; alors ce qu’il est sera vu en nous; des fruits seront produits qui prouveront la réalité de sa vie. Il en est du croyant comme du sarment: il ne peut rien par lui-même; c’est un bois de peu de valeur; léger, très poreux, brûlant rapidement, sans autre propriété que celle de laisser passer beaucoup de sève, afin de produire beaucoup de fruit. Ézéchiel en parle en ces termes: «En prendra-t-on du bois pour en faire quelque ouvrage, ou en prendra-t-on une cheville pour y suspendre quelque ustensile? Voici, on le met au feu pour être consumé; le feu en consume les deux bouts, et le milieu est brûlé» (chapitre 15:3, 4). Image fidèle de ce que vaut le chrétien par lui-même! S’il ne demeure pas attaché au cep divin, il n’a aucune valeur, il ne peut rien produire. Quand l’apôtre Paul dit: «J’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous», il s’empresse d’ajouter: «Non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi!» (1 Cor. 15:10). Par la grâce de Dieu il se tenait fermement attaché à Christ et le fruit était produit. On rencontre souvent des personnes désireuses de servir le Seigneur, qui cherchent premièrement quelles œuvres elles pourraient accomplir. Quoique bien intentionnées, elles renversent l’ordre établi par Dieu. Il faut, avant tout, demeurer attaché à Christ, comme Marie, rester à ses pieds, écouter sa parole, et immanquablement le fruit se produira, peut-être pas celui que l’on choisirait, mais le fruit qui découle de la vie du cep, de Christ. «Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire», dit le Seigneur.

Les exhortations des versets 4 et 5 s’adressaient aux disciples et à tous ceux qui possèdent la vie de Christ. Le verset 6 parle de ceux qui ne l’ont pas: «Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il sèche; et on les amasse, et on les met au feu, et ils brûlent». Le Seigneur ne dit pas si vous, mais si quelqu’un, n’importe qui, faisant profession de christianisme, ne demeure pas attaché à Christ, ne porte pas de fruit, il sera traité comme le sarment sec et il brûlera, comme dit Ézéchiel. Cela arrivera à tous ceux qui seront laissés sur la terre, après avoir professé le christianisme, lorsque le Seigneur aura enlevé l’Église. Vérité solennelle pour ceux qui n’ont pas la vie de Dieu!

La prière

(v. 7, 8) — Dans ces versets, le Seigneur s’adresse de nouveau aux disciples: «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait. En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit; et vous serez mes disciples». Les disciples du Seigneur — chaque croyant en est un — ne demeurent pas en lui d’une manière inconsciente; ils jouissent de lui, se nourrissent de sa parole et réalisent leur dépendance par la prière. Puisque le croyant n’a ni force, ni valeur en lui-même, il doit dépendre continuellement de celui en qui se trouvent toutes les ressources dont il a besoin pour porter du fruit. Nous ne pouvons prier de manière à être exaucés, que si nous connaissons la pensée du Seigneur quant à ce que nous lui demandons. Sa parole seule, demeurant en nous, peut former nos désirs. Si elle les inspire, nous pouvons demander ce que nous voudrons, parce que nous ne voudrons que ce qui est selon la volonté de Dieu, en vue de sa gloire et de l’accomplissement de son service. Ainsi, nous obtiendrons ce que nous aurons demandé. Il importe de retenir cet enseignement, car, de nos jours, on fait un usage de la prière souvent très déplacé. Au lieu de s’en servir pour la gloire de Dieu, en vue de son témoignage, pour le servir fidèlement, on veut, par elle, obliger Dieu de satisfaire des désirs que sa parole n’a nullement formés. Or Dieu ne peut être le serviteur de notre volonté. Il faut connaître la sienne, pour obtenir ce que nous demandons, ce qui ne peut avoir lieu que si nous vivons très près du Seigneur, nourris de sa Parole. Dans cet état, nous réalisons le jugement de nous-mêmes, nous examinons nos désirs dans sa lumière; nos motifs sont épurés et nous demandons ce que nous voulons, parce que nous ne voulons que ce que Dieu veut.

Dans cet enseignement du Seigneur, il est question des demandes en vue de porter du fruit à la gloire de Dieu, comme de vrais disciples de celui qui en a porté beaucoup. Dans les circonstances de la vie, il est souvent difficile de connaître la pensée de Dieu. S’agit-il d’une guérison, ou d’un besoin en rapport avec nos affaires matérielles? Si nous ne connaissons pas la pensée de Dieu sur ces questions-là, nous pouvons les placer devant lui dans une entière soumission à sa volonté, comme nous le lisons en Philippiens 4:6: «Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces». Ainsi nous laissons à Dieu le soin d’agir comme il le trouve bon. La certitude de son amour toujours actif en notre faveur nous donnera du repos, sachant qu’il fait travailler toutes choses au bien de ceux qui l’aiment. Nos cœurs seront gardés dans la paix au lieu de l’agitation sous l’effet des circonstances contraires à notre volonté et nous attendrons patiemment que Dieu trouve bon d’intervenir quand il le voudra et comme il lui plaira. N’oublions pas que la prière exprime la dépendance et non notre volonté propre.

«Demeurez dans mon amour»

(v. 9-15) — «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour» (v. 9, 10). Dans les versets qui précèdent, le Seigneur exhorte à demeurer en lui. Ici, il exhorte à demeurer dans son amour. Jésus avait aimé les disciples de l’amour dont le Père l’avait aimé, lui, homme obéissant, faisant toujours les choses qui lui plaisaient. Pour demeurer dans la jouissance d’un tel amour, il faut, comme le Seigneur, garder les commandements de son Père. Rien n’a pu interrompre un instant la jouissance de cet amour entre le Père et le Fils obéissant. Il en sera de même pour nous avec le Seigneur, tant que nous lui obéirons. Sa vie tout entière et ses paroles sont pour nous l’expression de sa volonté; c’est ce qui constitue ses commandements. Jésus ajoute: «Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie» (v. 11). Si rien n’empêchait le Seigneur de demeurer dans l’amour du Père, rien non plus n’empêchait sa joie d’être parfaite. Elle sera aussi notre part; elle sera parfaite, accomplie, dans la jouissance des mêmes relations avec Christ que celles qu’il avait eues avec son Père, comme homme obéissant. La part du croyant ici-bas est merveilleuse et infinie, puisqu’elle est identique à celle de Jésus lorsqu’il était dans ce monde. En demeurant en lui, nous porterons du fruit comme lui, pour la gloire de son Père. En lui obéissant, nous jouirons de l’amour dont il a joui en gardant les commandements de son Père, et une joie semblable à la sienne sera accomplie en nous. Puissions-nous tous réaliser constamment une part si riche, si élevée! Nous serions ainsi gardés de rechercher quelque satisfaction dans le monde qui a rejeté celui en qui nous possédons tout pour notre bonheur présent et éternel.

La jouissance de l’amour ne se réalise pas seulement entre le Seigneur et nous; il doit se manifester aussi les uns envers les autres. «C’est ici mon commandement», dit Jésus: «Que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés. Personne n’a un plus grand amour que celui-ci, qu’il laisse sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande» (v. 12-14). L’amour mutuel ne peut avoir d’autre modèle et d’autre mesure que le Seigneur lui-même. La mesure est grande. Elle peut aller jusqu’à la mort. Le même apôtre dit: «Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3:16). Existe-t-il un témoignage d’amour plus grand, un renoncement plus absolu? Tel est notre modèle!

Au milieu du monde ennemi du Père et du Fils, le Seigneur avait trouvé, chez quelques-uns, une oreille attentive; ses disciples l’avaient écouté; il les appelle «ses amis». Aussi devaient-ils répondre à ce titre en se conformant à tous ses commandements. Jésus avait montré qu’il les tenait pour des amis et non pour des esclaves, parce qu’il leur avait dit intimement tout ce qu’il avait entendu de son Père. «Je ne vous appelle plus esclaves, car l’esclave ne sait pas ce que son maître fait; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père» (v. 15). Les Juifs étaient sous l’esclavage de la loi; quant aux disciples, puisqu’ils avaient reçu la révélation du Père, Jésus leur donnait le titre d’amis. On commande à un esclave ce qu’il doit faire; mais s’il devient l’ami du fils de la maison, celui-ci lui dévoile toutes ses pensées, lui fait part de ses projets, l’initie à tous ses sujets de joie, le fait participer à ses richesses, le met au courant de ce que son père lui dit. C’est ce que le Seigneur a fait d’une manière excellente. Il a fait connaître ce qui n’était connu jusque-là que de lui seul et pour lui seul. Il a révélé que ce que le Père était pour lui, homme, ici-bas, il l’était pour eux; il leur a communiqué ce qu’il a entendu de lui. «Je leur ai donné», dit-il, «les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues» (chap. 17:8).

Dans tous ces discours du Seigneur nous voyons que seule l’obéissance permet de réaliser toutes les bénédictions propres à la position dans laquelle la grâce nous a placés. Aimer le Seigneur c’est garder ses commandements, c’est la vie. En conséquence, il se manifestera à celui qui l’aime, et celui-ci sera aimé du Père. S’il garde la parole, le Père et le Fils feront leur demeure chez lui (chap. 14). Celui qui garde ses commandements demeure dans son amour, participe à sa joie, comme à sa paix. Celui qui lui obéit est son ami. Et si l’on ajoute à cela tout ce que le Saint Esprit est venu révéler de la personne du Seigneur glorifié et de notre part céleste, que peut-on avoir de plus? Si nous jouissions de tout cela, ce serait le ciel déjà sur la terre, et le monde ne pourrait nous tenter par quoi que ce soit.

Les disciples haĂŻs du monde

(v. 16-21) — Le Seigneur avait aussi choisi ses disciples, afin qu’ils allassent dans le monde, pour accomplir une œuvre de sa part, lorsqu’il serait retourné à son Père. Il leur dit: «Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et qui vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure; afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Je vous commande ces choses, c’est que vous vous aimiez les uns les autres» (v. 16, 17). Les disciples avaient une œuvre à accomplir dans ce monde, dans laquelle ils rencontreraient beaucoup de difficultés et la haine des hommes. Mais la certitude que le Seigneur les avait choisis, établis et envoyés leur donnerait une précieuse et puissante assurance. Ils ne l’avaient pas choisi, afin qu’il leur révélât le Père, mais la libre grâce de Dieu en Christ les avait choisis pour les envoyer chercher des hommes dans un milieu hostile à Dieu, en leur faisant connaître la grâce qu’ils avaient reçue. Ces hommes sauvés seraient le fruit qui demeurerait éternellement. Pour accomplir ce service, ils auraient besoin des ressources divines. Ils les trouveraient en s’adressant au Père au nom du Fils, puisque c’était le Fils qui les avait choisis et envoyés pour porter du fruit à la gloire du Père. Ils ne pouvaient compter sur l’amitié du monde; aussi devaient-ils s’aimer mutuellement, comme le Seigneur le leur commande au verset 17. On ne peut rencontrer de véritable amour ici-bas que celui des croyants, parce que cet amour vient de Dieu. La jouissance de l’amour du Père et du Fils et de cet amour les uns envers les autres, constitue un privilège inappréciable au milieu d’un monde ennemi de Dieu et de tout ce qui vient de lui. Puissions-nous en jouir plus abondamment, pour ne pas rechercher l’amitié du monde opposé au Père. «L’amitié du monde est inimitié contre Dieu» (Jacques 4:4).

La mesure de l’amour du monde pour les croyants est donnée par ses sentiments à l’égard du Christ: c’est la haine. «Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que moi je vous ai dite: L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé» (v. 18-21). C’est un encouragement et un honneur d’être comme Christ, les objets de la haine du monde. On peut alors, comme Moïse: «estimer l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte» (Héb. 11:26). Être haï du monde à cause du nom de Christ, prouve que l’on n’est pas du monde; c’est aussi une gloire. Qui voudrait être du monde ennemi de Christ, sur lequel les jugements vont tomber, lorsqu’on a pour sa part le Seigneur et toutes les jouissances de sa communion? L’opposition du monde et sa haine pour les enfants de Dieu viennent de ce qu’ils connaissent que le Père a envoyé le Fils; connaissance qui les met à part. Le monde veut encore entendre parler de Dieu, pourvu qu’on n’insiste pas trop sur sa justice et sa sainteté; mais il s’oppose à ce qu’on mentionne Dieu manifesté en Christ, le Père, Dieu en grâce, car la grâce humilie l’homme naturel; elle le juge. L’homme prétend avoir une relation avec Dieu et peut s’en prévaloir; c’est celle de la créature qui a failli à sa responsabilité; mais il ne s’en soucie guère, et lorsque Dieu lui offre sa grâce, il en éprouve le plus grand déplaisir et manifeste son inimitié. La relation de Dieu comme Père n’existe qu’avec ses enfants; c’est pourquoi le monde ne les connaît pas et ne les aime pas.

Les disciples et d’autres croyants ont fait l’expérience de la haine du monde plus que nous aujourd’hui. Si nous présentions plus fidèlement les caractères du Seigneur, nous éprouverions la haine du monde dans une plus grande mesure. Nous savons qu’elle existe contre Dieu le Père, contre Christ; cela doit nous suffire pour nous détourner de tout ce qui porte les caractères du monde.

La cause du péché du monde

(v. 22-25) — Jusqu’à la venue de Jésus ici-bas, nous savons que Dieu a cherché par tous les moyens possibles à obtenir quelque bien de l’homme avant de le mettre de côté comme irrémédiablement mauvais; il a attendu quatre mille ans. La présentation de Jésus au peuple juif constituait la dernière épreuve à laquelle le monde fut soumis; en le rejetant, il établissait pleinement son état de péché irrémédiable. Dès lors tout fut fini entre Dieu et l’homme en Adam et avec le monde coupable de la mort de son Fils. Le Seigneur peut dire: «Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père. Mais c’est afin que fût accomplie la parole écrite dans leur loi: «Ils m’ont haï sans cause» (v. 22-25). «Ils n’auraient pas eu de péché» ne veut pas dire qu’il n’y avait pas eu de péché chez les Juifs et dans le monde jusqu’alors; mais l’état de péché irrémédiable n’aurait pas été constaté et consommé, si le Seigneur n’était pas venu accomplir tout ce qui aurait pu faire vibrer encore la moindre fibre de bonté dans le cœur de l’homme, s’il en eût existé; au lieu de cela, il est rejeté et mis à mort au rang des malfaiteurs. Le Seigneur ne réclamait pas l’accomplissement de la loi, comme le faisaient les prophètes; il apportait la grâce en présentant Dieu comme Père, Dieu qui pardonne. Paul dit que «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes» (2 Cor. 5:19). Puisque la présentation de Dieu en grâce, après l’épreuve de la loi, n’a pu toucher le cœur de l’homme et n’a fait, au contraire, que manifester sa haine contre Dieu, il n’y a plus rien à espérer et rien à faire de plus. Ils n’avaient plus de prétexte pour leur péché, dit le Seigneur. Ils ne pouvaient pas alléguer que Dieu portait sur eux un jugement précipité, et sans qu’il eût épuisé tous les moyens propres à obtenir ce qu’il désirait. Les œuvres qu’aucun autre n’a faites, le Seigneur les a accomplies. Les hommes les ont vues, mais elles n’ont produit d’autres effets que la haine mortelle. Ils ont accompli ce qui était dit d’eux au Psaumes 35:19: «Ils m’ont haï sans cause». Leur caractère propre est donc la haine, qui les a rendus insupportables. Il ne reste que le jugement à exercer sur eux.

Ce que Jésus appelle «le monde», c’étaient les Juifs; par eux Dieu a fait l’expérience de ce qu’est l’homme. Lorsque le paganisme fut introduit dans le monde, Dieu prit Israël comme échantillon de la race humaine, pour éprouver ce qu’elle valait. En principe, le monde est un système duquel Dieu révélé en Christ a été et dont il est toujours rejeté, lors même qu’il s’y pratique extérieurement une religion donnée de Dieu, comme c’est le cas pour les Juifs et pour la masse dans la chrétienté. Aujourd’hui le monde porte le nom de chrétien, avec les formes de la piété, mais il en a renié la puissance, dit Paul en 2 Timothée 3:5.

Un double témoignage rendu à Christ

(v. 26, 27) — «Mais quand le Consolateur sera venu, lequel moi je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage; parce que dès le commencement vous êtes avec moi». Le monde ayant rejeté le Fils de Dieu pouvait croire en avoir fini avec lui. Loin de là. Jésus, monté au ciel, couronné de gloire et d’honneur par son Dieu et Père, allait envoyer le Saint Esprit qui rendrait témoignage de lui, homme glorifié. Puis les disciples aussi rendraient témoignage de Christ, d’abord tel qu’ils l’avaient vu ici-bas, la parfaite manifestation de Dieu le Père que le monde n’a pas voulu connaître, puis de sa résurrection et affirmeraient que celui que les hommes ont fait mourir, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite. Le livre des Actes des Apôtres donne le récit de ce double témoignage. Lorsque les apôtres choisirent le remplaçant de Judas, ils voulurent que ce fût quelqu’un qui eût été avec eux pendant tout le temps que Jésus entrait et sortait au milieu d’eux et qui eût été témoin de sa résurrection (Actes 1:21, 22). Au chapitre 5 du même livre (v. 32), Pierre dit en présence du Sanhédrin: «Et nous, nous lui sommes témoins de ces choses, ainsi que l’Esprit Saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent».

Dans les versets qui nous occupent, c’est le Seigneur qui envoie l’Esprit Saint. Il l’appelle «l’Esprit Saint qui procède du Père»; comme Jésus était venu du Père, il viendrait un témoignage caractérisé par la vérité de ce qu’est le Fils glorifié. Au chapitre 16:7, c’est aussi Jésus qui envoie le Saint Esprit, le Consolateur, pour le grand avantage des siens. Au chapitre 14, c’est le Père qui l’envoie en réponse à la prière de Jésus, afin qu’il console les siens et qu’il leur fasse connaître leur relation avec lui (v. 16).

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 15". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/john-15.html.
 
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