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Thursday, November 21st, 2024
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
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Bible Commentaries
Commentaire biblique intermédiaire Commentaire biblique intermédiaire
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 22". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/genesis-22.html.
bibliography-text="Commentaire sur Genesis 22". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-24
Abraham se présente maintenant à nous dans un état moral qui permet que son cœur soit mis à une épreuve des plus douloureuses. Il a, au chapitre 20, confessé et jugé la réserve qu’il avait longtemps nourrie dans son cœur; au chapitre 21, il a mis hors de la maison la servante et son fils; et maintenant il se présente à nous dans la position la plus favorisée dans laquelle une âme puisse être placée: nous le voyons dans l’épreuve sous la main de Dieu lui-même. Il y a divers genres d’épreuves: l’épreuve dont le diable est l’auteur; l’épreuve qui vient des circonstances extérieures; mais la plus grande de toutes, dans son caractère, c’est l’épreuve qui vient directement de Dieu, lorsqu’il place son enfant bien-aimé dans la fournaise pour éprouver la réalité de sa foi. Dieu le fait, parce qu’il veut de la réalité. Il ne suffit pas de dire: «Seigneur, Seigneur», ou: «J’y vais, Seigneur»; il faut que le cœur soit éprouvé jusqu’au fond, afin qu’aucun élément d’hypocrisie ou de fausse protection ne s’y abrite. Dieu dit: «Mon fils, donne-moi ton cœur» (Prov. 23:26); non pas: «donne-moi ta tête, ou ton intelligence, ou tes talents, ou ta langue, ou ton argent»; mais: «donne-moi ton cœur»; et afin d’éprouver la sincérité de notre réponse aux ordres de sa grâce, il met la main sur ce qui touche le plus directement notre cœur. Il dit à Abraham: «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai» (v. 2). C’était visiter de bien près le cœur d’Abraham; c’était le faire passer au creuset jusqu’au fond. Dieu «aime la vérité dans l’homme intérieur» (Ps. 51:8). Il peut y avoir beaucoup de vérité sur les lèvres et dans l’intelligence; mais Dieu la cherche dans le cœur. Des preuves ordinaires d’amour ne le satisfont pas; lui-même ne s’est pas contenté de nous donner une preuve ordinaire de son amour envers nous; il a donné son Fils! Et nous, ne devrions-nous pas aspirer à donner des preuves marquantes de notre amour pour Celui qui nous a ainsi aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés?
Il est bon, toutefois, que nous nous rendions compte qu’en nous éprouvant ainsi, Dieu nous honore hautement. Nous ne lisons pas que «Dieu éprouva Lot»; — non, mais Sodome éprouva Lot. Il ne parvint jamais assez haut pour pouvoir être éprouvé par la main de l’Éternel: l’état de son âme était trop évident, pour que la fournaise fût nécessaire pour le mettre au jour. Sodome n’eût présenté aucune tentation à Abraham; son entrevue avec le roi de Sodome, au chapitre 14, en est une preuve manifeste. Dieu savait bien qu’Abraham l’aimait infiniment plus que Sodome, mais il voulut mettre en évidence que son serviteur l’aimait par-dessus tout, en portant la main sur l’objet qui lui était le plus cher. «Prends ton fils, ton unique, Isaac.» Oui, Isaac, l’enfant de la promesse; Isaac, l’objet de l’espérance longtemps différée, l’objet de l’amour du père, et celui en qui toutes les familles de la terre devaient être bénies. Il faut que cet Isaac soit offert en holocauste! C’était là, assurément, mettre la foi à l’épreuve, afin que cette épreuve, « bien plus précieuse que celle de l’or qui périt et qui, toutefois, est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, à honneur et à gloire » (1 Pierre 1:7). Si Abraham ne se fût pas appuyé, simplement et de tout son cœur, sur l’Éternel, il n’eût pas pu obéir, sans hésiter, à un commandement qui le mettait à l’épreuve si profondément. Mais Dieu lui-même était le soutien vivant et permanent de son cœur; c’est pourquoi Abraham était prêt à tout abandonner pour Lui.
L’âme, qui a trouvé en Dieu «toutes ses sources» (Ps. 87:7), peut, sans hésiter, abandonner toutes les citernes humaines. Nous pouvons renoncer à la créature en proportion de la connaissance que nous acquérons du Créateur, et nous ne pouvons pas au delà: et vouloir abandonner les choses visibles, autrement que dans l’énergie de la foi qui saisit les choses invisibles, est le travail le plus stérile qui se puisse imaginer. L’âme retiendra son Isaac jusqu’à ce qu’elle ait trouvé son tout en Dieu; mais quand nous pouvons dire par la foi: «Dieu est notre refuge et notre force, un secours dans les détresses», nous pouvons ajouter aussi: «C’est pourquoi nous ne craindrons point, quand la terre serait transportée de sa place, et que les montagnes seraient remuées et jetées au cœur des mers» (Ps. 46:2, 3).
«Et Abraham se leva de bon matin, etc.» Abraham ne tarde pas; il obéit promptement. «Je me suis hâté, et je n’ai point différé de garder tes commandements» (Ps. 119:60). La foi ne s’arrête jamais pour considérer les circonstances, ou pour réfléchir au résultat; elle ne regarde qu’à Dieu et dit: «Mais quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonçasse parmi les nations, aussitôt, je ne pris pas conseil de la chair ni du sang» (Gal. 1:15, 16). Dès que nous prenons conseil de la chair et du sang, nous portons préjudice à notre témoignage et à notre service, car la chair et le sang ne peuvent pas obéir. Pour être heureux et pour que Dieu soit glorifié, il faut nous lever matin et, par la grâce, accomplir le commandement de Dieu. Si la parole de Dieu est la source de notre activité, elle nous donnera de la force et de la fermeté pour agir; tandis que, si nous agissons seulement par impulsion, dès que l’impulsion tombe, l’action tombe avec elle.
Deux choses sont nécessaires à une vie active, conséquente et ferme, savoir le Saint Esprit comme puissance, et l’Écriture comme guide. Or Abraham possédait ces deux choses; il avait reçu de Dieu la puissance pour agir; et de Dieu aussi le commandement d’agir. Son obéissance avait un caractère très explicite, et ceci est très important. On rencontre souvent ce qui ressemble à du dévouement, mais n’est, en réalité, que l’activité inconstante d’une volonté non soumise à la puissante action de la parole de Dieu. Tout dévouement de ce genre n’a que l’apparence et point de valeur; et l’esprit qui le produit se dissipe promptement. On peut établir en principe, que toutes les fois que le dévouement dépasse les limites tracées par Dieu, il est suspect; s’il n’atteint pas ces limites, il est imparfait; et s’il va au delà, il erre. Il y a, sans doute, des opérations et des voies extraordinaires de l’Esprit de Dieu, dans lesquelles il proclame sa propre souveraineté et s’élève au-dessus des limites ordinaires; mais, en pareil cas, l’évidence de l’action divine est assez puissante pour convaincre tout homme spirituel. Ces cas exceptionnels ne contredisent non plus, en aucune manière, cette vérité, que la fidélité et le vrai dévouement sont toujours fondés sur un principe divin et gouvernés par un principe divin. On peut trouver que sacrifier un fils est un acte de dévouement extraordinaire: mais il faut se souvenir que ce qui donna à cet acte toute sa valeur aux yeux de Dieu, c’est le simple fait qu’il était fondé sur le commandement de Dieu.
Il y a encore une autre chose qui s’unit au vrai dévouement: c’est l’esprit d’adoration. «Moi et l’enfant nous irons jusque-là, et nous adorerons» (v. 5). Un serviteur vraiment dévoué tient ses yeux, non sur son service, quelque considérable qu’il puisse être, mais sur le Maître; et c’est ce qui produit l’esprit d’adoration. Si j’aime mon maître selon la chair, il m’importera peu d’être appelé à nettoyer ses souliers ou à conduire sa voiture; mais si je pense à moi-même plus qu’à lui, je préférerai être cocher que décrotteur. Il en est exactement de même dans le service de notre divin Maître: si je ne pense qu’à lui, il n’y aura pas de différence pour moi entre fonder des assemblées ou faire des tentes. Nous pouvons faire la même observation quant au ministère des anges. Il importe peu à un ange d’être envoyé pour détruire une armée, ou pour protéger la personne de quelqu’un des héritiers du salut; c’est le Maître qui occupe ses pensées. Si, comme l’a très bien dit quelqu’un, deux anges étaient envoyés du ciel, l’un pour gouverner un empire, l’autre pour balayer les rues, ils ne se querelleraient pas au sujet de leurs emplois respectifs. Et si cela est vrai des anges, ne devrait-il pas en être de même pour nous? Le caractère de serviteur et celui d’adorateur devraient toujours être unis, comme aussi l’œuvre de nos mains devrait respirer toujours la bonne odeur des fervents soupirs de nos esprits. En d’autres termes, nous devrions mettre la main à l’œuvre dans l’esprit de ces paroles: «Moi et l’enfant nous irons jusque-là et nous adorerons». Nous serions ainsi gardés de ce service purement machinal dans lequel nous sommes si enclins à tomber, travaillant pour l’amour du travail et étant plus occupés de notre œuvre que de notre Maître. Il faut que tout découle d’une foi simple en Dieu et de l’obéissance à sa parole.
«Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac; et celui qui avait reçu les promesses offrit son fils unique» (Héb. 11:17). Ce n’est qu’autant que nous marchons par la foi que nous pouvons commencer, poursuivre et achever nos œuvres selon Dieu. Abraham ne se mit pas seulement en route, pour offrir son fils, mais il poursuivit sa route jusqu’à l’endroit que Dieu lui avait désigné. «Et Abraham prit le bois de l’holocauste, et le mit sur Isaac, son fils; et il prit dans sa main le feu et le couteau; et ils allaient les deux ensemble»; et plus loin, nous lisons: «Et Abraham bâtit là l’autel, et arrangea le bois, et lia Isaac, son fils, et le mit sur l’autel, sur le bois. Et Abraham étendit sa main et prit le couteau pour égorger son fils» (v. 6-10). Il y avait là une œuvre réelle, une «œuvre de foi» et un «travail d’amour», dans le sens le plus élevé, non pas une fausse apparence seulement. Abraham ne s’approchait pas de Dieu avec ses lèvres, tandis que son cœur était bien éloigné de lui; il ne disait pas: «J’y vais, Seigneur», et n’y allait point. Tout était profonde réalité, une de ces réalités que la foi se plaît toujours à produire et que Dieu se plaît à accepter. Il est facile de faire parade de dévouement, quand on n’est pas appelé à en montrer; il est facile de dire: «Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi…; quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point» (Matt. 26:33, 35 mt 26.31-35); mais la question dont il s’agit, c’est de demeurer ferme et de surmonter la tentation. Quand Pierre fut mis à l’épreuve, il fut terrassé. La foi ne parle jamais de ce qu’elle veut faire; mais elle fait ce qu’elle peut par la force du Seigneur. Rien n’est plus misérable que l’orgueil et les prétentions; ils sont aussi vils que la base sur laquelle ils reposent; mais la foi agit quand elle est éprouvée; et jusqu’alors, elle est heureuse de demeurer dans le silence et l’obscurité.
Or Dieu est glorifié par cette sainte activité de la foi; c’est lui qui en est l’objet, comme lui aussi est la source dont elle émane. De tous les actes de la vie d’Abraham, il n’en est aucun par lequel Dieu soit glorifié davantage que par la scène du mont Morija. Là, Abraham put rendre le témoignage que «toutes ses sources» étaient en Dieu, — qu’il les y avait trouvées, non seulement avant, mais après la naissance d’Isaac. Se reposer sur les bénédictions de Dieu est autre chose que de se reposer sur Dieu lui-même; se confier en Dieu, quand on a sous les yeux les canaux par lesquels la bénédiction doit couler, est tout autre chose que de se confier en lui alors que ces canaux sont arrêtés. Abraham démontra l’excellence de sa foi en faisant voir qu’il savait compter sur Dieu et la promesse d’une innombrable postérité, non seulement pendant qu’Isaac était devant lui plein de santé et de force, mais encore tout autant, quand il voyait Isaac, comme victime sur l’autel. Glorieuse confiance! — confiance sans mélange, non pas appuyée en partie sur le Créateur et en partie sur la créature, mais fondée sur un fondement solide, sur Dieu lui-même. Il estima que Dieu pouvait; et ne pensa jamais qu’Isaac pût. Isaac, sans Dieu, n’était rien; Dieu, sans Isaac, était tout. Il y a là un principe de la plus haute importance et une pierre de touche pour éprouver le cœur jusqu’au fond. Ma confiance diminue-t-elle quand je vois le canal apparent de mes bénédictions se dessécher? Ou demeure-je assez près de la source, — là où elle jaillit, pour qu’il me soit possible de voir, dans un esprit d’adoration, tous les ruisseaux humains tarir? Est-ce que je crois, avec assez de simplicité, que Dieu suffit à tout, pour pouvoir, en quelque sorte, «étendre ma main et prendre le couteau pour égorger mon fils?» Abraham en fut rendu capable, parce qu’il regardait au Dieu de résurrection: «Ayant estimé que Dieu pouvait le ressusciter même d’entre les morts» (Héb. 11:17-19 hb 11.17-19).
En un mot, c’est à Dieu qu’il avait affaire, et cela suffisait. Dieu ne permit pas qu’il portât le coup de mort. Il était allé jusqu’aux dernières limites le Dieu de grâce ne pouvait le laisser aller au delà il épargna au cœur du père l’angoisse qu’il ne s’est point épargnée à lui-même, la douleur de frapper son fils. Lui, il est allé jusqu’au bout, que son nom en soit béni! «Celui même qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous.» «Mais il plut à l’Éternel de le meurtrir; il l’a soumis à la souffrance» (Rom. 8:32; Ésa. 53:10). Aucune voix ne se fit entendre du ciel, alors que, sur le Calvaire, le Père offrait son Fils unique. Non, le sacrifice fut parfaitement accompli, et dans son accomplissement notre éternelle paix a été scellée.
Néanmoins, le dévouement d’Abraham fut entièrement démontré et pleinement accepté. «Car maintenant je sais que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique» (v. 12). Prêtez attention à ces paroles: «Maintenant je sais». Jusqu’alors la preuve n’avait pas été donnée; la foi existait, et Dieu le savait; mais le point important ici, c’est que Dieu fait dépendre la connaissance qu’il a de cette foi, de la preuve palpable qu’Abraham en a donnée lui-même devant l’autel sur le mont Morija. La foi se montre toujours par ses œuvres, et la crainte de Dieu par les fruits qui en découlent. «Abraham, notre père, n’a-t-il pas été justifié par des œuvres, ayant offert son fils Isaac sur l’autel?» (Jacques 2:21). Qui songerait à mettre sa foi en question? Dépouillez Abraham de sa foi, et il n’apparaît sur le mont Morija que comme un meurtrier et un insensé. Tenez compte de sa foi, et il apparaît comme un adorateur fidèle et dévoué, comme un homme craignant Dieu et justifié par des œuvres, ayant son fils. «Mes frères, quel profit y a-t-il si quelqu’un dit qu’il a la foi, et qu’il n’ait pas d’œuvres?» (Jacques 2:14). Une profession sans puissance et sans fruits ne satisfait ni Dieu, ni les hommes. Dieu cherche de la réalité et l’honore partout où il la trouve; et quant aux hommes, ils ne comprennent que l’expression vivante et intelligible d’une foi qui se montre par des œuvres. Nous vivons dans une atmosphère de piété de nom; le langage de la foi est sur toutes les lèvres; mais la foi elle-même est une perle aussi rare que possible; cette foi qui rend capable de quitter le rivage des circonstances présentes et d’aller affronter les vagues et les vents, et non seulement de les affronter, mais de leur tenir tête, alors même que le Maître semblerait dormir.
Il ne sera pas superflu de dire ici un mot de l’harmonie admirable qui existe entre l’enseignement de Jacques et celui de Paul sur la justification. Le lecteur intelligent et spirituel, qui s’incline devant l’inspiration plénière des Saintes Écritures, sait fort bien que ce n’est pas à Jacques ou à Paul, mais à l’Esprit Saint, que nous avons affaire dans cette importante question. Le Saint Esprit s’est miséricordieusement servi de chacun de ces hommes honorés de Dieu, comme d’une plume pour écrire ses pensées; tout comme nous pourrions nous-mêmes nous servir d’une plume d’oie ou d’une plume d’acier pour écrire nos pensées, sans que pour cela on pût, à moins de tomber dans l’absurde, parler de contradiction entre ces deux plumes, puisque l’écrivain serait un. Il est aussi impossible que deux hommes divinement inspirés se contredisent, qu’il est impossible que deux corps célestes, se mouvant chacun dans l’orbite que Dieu leur a tracé, se rencontrent et se heurtent. Il y a en réalité, et on pouvait s’y attendre, la plus complète et la plus parfaite harmonie entre ces deux apôtres; pour ce qui regarde la question de la justification, l’un est la contrepartie, l’interprète de l’autre. L’apôtre Paul nous donne le principe intérieur; Jacques, le développement extérieur du principe. Le premier nous occupe de la vie cachée; le dernier, de la vie manifestée; le premier envisage l’homme en connexion avec Dieu; le dernier le considère dans ses rapports avec ses semblables. Nous avons besoin de l’un aussi bien que de l’autre, car le principe intérieur ne va pas sans la vie extérieure; tout comme celle-ci n’aurait ni valeur, ni puissance, sans le principe intérieur. «Abraham fut justifié» alors «qu’il crut Dieu», et «Abraham fut justifié» alors «qu’il offrit son fils Isaac». Le premier de ces deux cas nous dit le secret de la position d’Abraham; le second nous montre Abraham publiquement reconnu du ciel et de la terre. Il est bon de comprendre cette différence. Il n’y eut point de voix du ciel alors qu’«Abraham crut Dieu», quoique Dieu l’ait vu là, alors, et l’ait tenu ainsi pour juste; mais «quand il eut offert son fils Isaac sur l’autel», Dieu put lui dire: «Maintenant j’ai connu», et le monde entier eut la puissante et irrécusable preuve du fait qu’Abraham était un homme justifié. Il en sera toujours de même. Là où le principe intérieur existe, là aussi il y aura l’action extérieure, et toute la valeur de celle-ci découle de son rapport avec le premier. Séparez, pour un moment, l’œuvre d’Abraham, telle que Jacques nous la présente, de la foi d’Abraham, telle que Paul l’expose, et demandez-vous quelle vertu justifiante elle posséderait? Aucune quelconque! Toute sa valeur, toute son efficacité découlent du fait qu’elle est la manifestation extérieure de cette foi, en vertu de laquelle Abraham a déjà été tenu pour juste devant Dieu.
Telle est l’harmonie parfaite qui existe entre Jacques et Paul; ou telle est, plutôt, l’unité de la voix du Saint Esprit, soit qu’il se fasse entendre par l’instrumentalité de Paul ou par celle de Jacques.
Nous en revenons maintenant au sujet du chapitre qui nous occupe. Il est fort intéressant de voir comment, par l’épreuve de sa foi, Abraham est conduit à une connaissance plus profonde du caractère de Dieu. Quand il nous est donné de supporter l’épreuve que Dieu lui-même nous dispense, nous sommes sûrs de faire de nouvelles expériences relativement au caractère de Dieu, et d’apprendre ainsi à apprécier la valeur de l’épreuve. Si Abraham n’eût pas étendu sa main pour égorger son fils, jamais il n’eût connu toute l’excellente grandeur des richesses exquises du nom qu’il donne ici à Dieu: «Jéhovah-Jiré» ou «l’Éternel y pourvoira». Ce n’est que quand nous sommes véritablement mis à l’épreuve, que nous découvrons ce que Dieu est. Sans épreuves nous ne pouvons jamais être que des théoriciens; mais Dieu ne veut pas que nous ne soyons que cela; il veut que nous pénétrions dans les profondeurs de la vie qui est en lui-même, dans les réalités d’une communion personnelle avec lui. Avec quelles convictions et quels sentiments différents Abraham ne dut-il pas retourner sur ses pas, de Morija à Beër-Shéba! Combien ses pensées à l’égard de Dieu, à l’égard d’Isaac, à l’égard de toutes choses, devaient être différentes!
Nous pouvons dire, en vérité: «Bienheureux est l’homme qui endure la tentation» (Jacques 1:12). L’épreuve est un honneur conféré par l’Éternel lui-même, et il serait difficile d’apprécier tout le bonheur qui résulte de l’expérience qu’elle produit. C’est quand les hommes sont amenés à parler le langage du Psaume 107 (voyez v. 27): «Toute leur sagesse est venue à néant», qu’ils font la découverte de ce que Dieu est.
Que Dieu nous donne d’endurer l’épreuve, afin que son œuvre paraisse et que son nom soit glorifié en nous!
Avant de terminer ce chapitre, arrêtons encore un moment notre attention sur la bienveillance avec laquelle l’Éternel rend témoignage à Abraham d’avoir accompli l’acte qu’il s’était montré si bien préparé à accomplir. «J’ai juré par moi-même, dit l’Éternel: parce que tu as fait cette chose-là, et que tu n’as pas refusé ton fils, ton unique, certainement je te bénirai, et je multiplierai abondamment ta semence comme les étoiles des cieux et comme le sable qui est sur le bord de la mer; et ta semence possédera la porte de ses ennemis. Et toutes les nations de la terre se béniront en ta semence, parce que tu as écouté ma voix» (v. 16-18). Ceci correspond d’une manière admirable avec la manière dont le Saint Esprit rapporte l’œuvre d’Abraham, au chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, et dans l’épître de Jacques au chapitre 2. Dans l’une et l’autre de ces portions de l’Écriture, Abraham est considéré comme ayant offert son fils sur l’autel. Le grand principe qui ressort de tous ces témoignages, c’est qu’Abraham démontra qu’il était prêt à tout abandonner, excepté Dieu; et c’est ce même principe qui, à la fois, le constitua homme juste et prouva qu’il était juste. La foi peut se passer de tout, excepté de Dieu; elle a la pleine conscience que Dieu suffit à tout. C’est pourquoi Abraham pouvait apprécier à leur juste valeur ces paroles: «J’ai juré par moi-même». Oui, cette merveilleuse parole: «moi-même», était tout pour l’homme de foi. «Car lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, puisqu’il n’avait personne de plus grand par qui jurer, il jura par lui-même… Car les hommes jurent par quelqu’un qui est plus grand qu’eux, et le serment est pour eux un terme à toute dispute, pour rendre ferme ce qui est convenu. Et Dieu, voulant en cela montrer plus abondamment aux héritiers de la promesse l’immutabilité de son conseil, est intervenu par un serment» (Héb. 6:13, 16, 17). La parole et le serment du Dieu vivant devraient mettre fin à toutes les contestations et à toutes les opérations de la volonté de l’homme, et être l’ancre immuable de l’âme au milieu de la houle et du tumulte de ce monde orageux.
Nous avons à nous juger sans cesse, à cause du peu de puissance que la promesse de Dieu exerce sur nos cœurs. La promesse est là, et nous faisons profession d’y croire, mais, hélas! elle n’est pas pour nous cette immuable et puissante réalité qu’elle devrait être toujours! aussi, n’en retirons-nous pas cette «ferme consolation» qu’elle a pour but de communiquer. Combien peu nous sommes prêts à sacrifier, dans la puissance de la foi, notre Isaac! Demandons à Dieu qu’il daigne nous accorder une connaissance plus profonde de la bienheureuse réalité d’une voie de foi en lui, afin que nous comprenions ainsi mieux la portée de ces paroles de Jean: «C’est ici la victoire qui a vaincu le monde, savoir notre foi». Ce n’est que par la foi que nous pouvons surmonter le monde. L’incrédulité nous place sous la puissance des choses présentes, ou, en d’autres termes, donne au monde la victoire sur nous; tandis que l’âme qui, par l’enseignement du Saint Esprit, a appris à connaître que Dieu suffit parfaitement, est entièrement indépendante des choses d’ici-bas.
Puissions-nous, cher lecteur, en faire l’expérience pour notre paix et notre joie en Dieu, et pour qu’il soit glorifié en nous!