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Bible Commentaries
Deutéronome 29

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versets 1-29

Ce chapitre termine la seconde grande division de notre livre. Il contient l’appel le plus solennel à la conscience de la congrégation. C’est comme le résumé et l’application pratique de tout ce qui précède dans ce livre si profond, si pratique et si encourageant. «Ce sont là les paroles de l’alliance que l’Éternel commanda à Moïse de faire avec les fils d’Israël dans le pays de Moab, outre l’alliance qu’il avait faite avec eux à Horeb» (Chapitre 28:69). Nous avons déjà fait allusion à ce passage comme prouvant entre d’autres la grande différence qui existe entre le Deutéronome et le livre qui précède. Mais il appelle l’attention du lecteur sur un autre point. Il parle d’une alliance spéciale faite avec les enfants d’Israël au pays de Moab, et en vertu de laquelle ils devaient être amenés dans le pays. Cette alliance était aussi distincte de l’alliance traitée à Sinaï, qu’elle l’était de l’alliance faite avec Abraham, Isaac et Jacob. En un mot, ce n’était ni purement la loi, ni la pure grâce, mais le gouvernement exercé dans une miséricorde souveraine.

Il est parfaitement clair qu’Israël ne pouvait pas entrer dans le pays sur le principe de l’alliance de Sinaï ou d’Horeb, puisqu’ils y avaient complètement failli en faisant le veau d’or. Ils avaient perdu tout droit et tout titre à la possession du pays; seule la souveraine miséricorde de Dieu exercée envers eux, en suite de la médiation et de l’ardente intercession de Moïse, les avait sauvés d’une destruction subite. Il est également clair qu’Israël ne pouvait pas entrer dans le pays sur le principe de l’alliance de grâce traitée avec Abraham, car s’il en avait été ainsi, ils n’auraient pu en être chassés. Ni l’étendue du pays qu’ils possédèrent, ni le temps dont ils en jouirent, ne répondent aux termes de l’alliance faite avec leurs pères. Ce fut suivant les conditions de l’alliance faite en Moab qu’ils entrèrent en possession temporaire et limitée du pays de Canaan. Mais ils ont failli sous l’alliance de Moab comme sous celle d’Horeb, c’est-à-dire aussi complètement sous le gouvernement que sous la loi, et c’est pour cela qu’ils ont été expulsés du pays et dispersés sur toute la terre, selon les dispensations du gouvernement de Dieu.

Mais ce n’est pas pour toujours. Béni soit le Dieu de toute grâce, la semence d’Abraham, son ami, possédera encore le pays de Canaan, selon les conditions magnifiques de l’alliance primitive. «Les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir» (Rom. 11:29). Les dons et l’appel ne doivent pas être confondus avec la loi et le gouvernement. Le mont de Sion ne peut être mis sur la même ligne que Horeb et Moab. La nouvelle et éternelle alliance de grâce, ratifiée par le précieux sang de l’Agneau de Dieu, sera glorieusement accomplie; elle le sera à la lettre, en dépit de toutes les puissances réunies de la terre et de l’enfer. «Voici, des jours viennent, dit le Seigneur, et je conclurai, pour la maison d’Israël et pour la maison de Juda, une nouvelle alliance, non selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les tirer du pays d’Égypte; car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance, et moi je les ai délaissés, dit le Seigneur. Car c’est ici l’alliance que j’établirai pour la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur: En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs, et je leur serai pour Dieu, et ils me seront pour peuple, et ils n’enseigneront point chacun son concitoyen et chacun son frère, disant: Connais le Seigneur; car ils me connaîtront tous, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux; car je serai clément à l’égard de leurs injustices, et je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités. En disant: «une nouvelle», il a rendu ancienne la première: or ce qui devient ancien et qui vieillit, est près de disparaître» (Héb. 8:8-13).

Le lecteur doit soigneusement se garder d’appliquer ce beau et précieux passage à l’Église. Il ferait tort à la fois à la vérité de Dieu, à l’Église et à Israël. Vu son immense importance nous avons, à plusieurs reprises, insisté sur ce point dans le cours de nos études sur le Pentateuque. Nous avons la profonde et intime conviction que nul, s’il confond Israël et l’Église, ne peut comprendre et encore moins expliquer la parole de Dieu. Les deux choses sont aussi distinctes que, le ciel et la terre. Si donc nous voulons appliquer à l’Église ce que Dieu dit d’Israël, de Jérusalem et de Sion, il ne peut en résulter qu’une complète confusion. Ce système d’interprétation de la parole de Dieu détruit toute exactitude, il ôte à l’Écriture cette sainte précision et cette assurance divine qu’elle est destinée à produire. Ce système porte atteinte à l’intégrité de la vérité, nuit aux âmes des saints, et entrave leurs progrès dans la vie divine et l’intelligence spirituelle. En un mot, nous ne saurions trop engager le lecteur à être en garde contre une méthode aussi fausse d’interpréter la Sainte Écriture.

Nous devons nous garder de toucher au dessein de la prophétie et à la vraie application des promesses de Dieu. Nous n’avons aucun droit d’intervenir dans la sphère divinement tracée des alliances; l’apôtre nous dit positivement, dans le chapitre 9 aux Romains, qu’elles appartiennent à Israël, et si nous essayons de les ôter aux pères de l’Ancien Testament pour les transférer à l’Église de Dieu, au corps de Christ, nous faisons ce que l’Éternel Dieu ne sanctionnera jamais. L’Église ne fait pas partie des voies de Dieu envers Israël et la terre. Sa place, ses privilèges, ses espérances, sont entièrement célestes. Elle est formée pendant le temps du rejet de Christ, pour être associée avec Lui, là ou il est maintenant, caché dans les cieux, et elle est appelée à partager sa gloire dans le jour qui vient. Si le lecteur a saisi cette grande et glorieuse vérité, elle l’aidera beaucoup à mettre chaque chose à sa vraie place. Reportons maintenant notre attention sur l’application pratique à la conscience de chaque membre de la congrégation, de tout ce qui vient de passer devant nous.

«Et Moïse appela tout Israël, et leur dit: Vous avez vu tout ce que l’Éternel a fait devant vos yeux dans le pays d’Égypte, au Pharaon, et à tous ses serviteurs, et à tout son pays: les grandes épreuves que tes yeux ont vues, ces signes et ces grands prodiges. Mais l’Éternel ne vous a pas donné un cœur pour connaître, ni des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre, jusqu’à ce jour».

Cela est particulièrement solennel. Les miracles et les signes les plus étonnants peuvent s’opérer devant nos yeux et laisser le cœur insensible. Ces choses peuvent produire un effet passager sur l’esprit et les sentiments naturels; mais, à moins que la conscience n’ait été amenée dans la lumière de la présence divine, et que le cœur n’ait été placé sous l’action immédiate de la vérité, par la puissance de l’Esprit de Dieu, il n’y aura aucun résultat permanent. Nicodème concluait des miracles du Christ qu’il était un docteur venu de Dieu; mais cela ne suffisait pas. Il avait à apprendre la profonde et merveilleuse signification de cette vérité: «Il vous faut être nés de nouveau». Une foi fondée sur des miracles peut laisser une âme sans la possession du salut, sans bénédiction, sans conversion: terriblement responsable, sans doute, mais absolument inconvertie. Nous lisons à la fin du second chapitre de l’évangile de Jean que plusieurs professèrent de croire en Christ, quand ils virent ses miracles; mais «il ne se fiait pas à eux». Il n’y avait pas d’œuvre divine, rien en quoi l’on pût se fier. Il doit y avoir une nouvelle vie, une nouvelle nature, et c’est ce que les miracles et les signes ne peuvent pas communiquer. Il nous faut être nés de nouveau, nés de la parole et de l’Esprit de Dieu. La nouvelle vie est communiquée par la semence incorruptible de l’évangile de Dieu, plantée dans le cœur par la puissance du Saint Esprit. Ce n’est pas une foi de l’intelligence fondée sur des miracles, mais la foi du cœur au Fils de Dieu. C’est quelque chose qui ne pouvait être connu sous la loi ou sous le gouvernement. «Le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur» (Rom. 6:23). Précieux don! Glorieuse source! Canal béni! Louange universelle soit rendue à jamais à l’éternelle Trinité.

«Et je vous ai conduits quarante ans par le désert: vos vêtements ne se sont pas usés sur vous, et ta sandale ne s’est pas usée à ton pied. Vous n’avez pas mangé de pain, et vous n’avez bu ni vin ni boisson forte, afin que vous connussiez que moi, l’Éternel, je suis votre Dieu» (vers. 5-6). Soins merveilleux! La main même de Dieu les vêtait et les nourrissait. «L’homme mangea le pain des puissants» (Ps. 78:25). Ils n’avaient pas besoin de vin, ni de cervoise, ni de stimulants. «Ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait: et le rocher était le Christ» (1 Cor. 10:4). Cette source pure les désaltérait dans le désert aride, et la manne céleste les soutenait jour après jour. La seule chose dont ils avaient besoin était la capacité de jouir de ces ressources divines.

Ici hélas! semblables à nous, ils faillirent. Ils se fatiguèrent de la nourriture céleste, et convoitèrent d’autres choses. Combien il est triste que nous fassions comme eux! Combien il est humiliant que nous sachions si peu apprécier Celui qui devrait nous être si précieux, ce Jésus que Dieu nous a donné pour être notre vie, notre portion, notre objet, notre tout en tous! Qu’il est terrible de reconnaître que nos cœurs recherchent les misérables vanités et les folies de ce pauvre monde qui passe, ses richesses, ses honneurs, ses distinctions, ses plaisirs, toutes ces choses qui périssent, et qui, même si elles duraient, ne sont pas à comparer avec les «richesses insondables de Christ!» Puisse Dieu, dans son infinie bonté, nous donner selon les richesses de sa gloire, «d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans nos cœurs, et que nous soyons enracinés et fondés dans l’amour, afin que nous soyons capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, — et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance; afin que nous soyons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu» (voyez Éph. 3:16-20). Oh! puisse cette prière trouver une réponse dans la profonde et constante expérience de chacun de nous!

«Et vous parvîntes en ce lieu-ci; et Sihon, roi de Hesbon, et Og, le roi de Basan», — ces formidables et terribles ennemis, — «sortirent à notre rencontre pour nous livrer bataille, et nous les battîmes; et nous prîmes leur pays, et nous le donnâmes en héritage aux Rubénites, et aux Gadites, et à la demi-tribu des Manassites» (vers. 7-8). Quelqu’un oserait-il comparer cela avec ce que l’histoire raconte touchant l’invasion de l’Amérique du Sud par les Espagnols? On se tromperait grandement, car Israël avait l’autorité directe de Dieu pour agir comme il le fit à l’égard de Sihon et d’Og, tandis que les Espagnols n’étaient en rien autorisés à traiter, comme ils le firent, les pauvres sauvages ignorants de l’Amérique du Sud. C’est là l’immense différence entre les deux cas. Dieu et son autorité répondent parfaitement à toute question, et résolvent toute difficulté. Puissions-nous avoir ce fait important gravé dans notre esprit comme antidote divin contre toutes les suggestions de l’incrédulité!

«Vous garderez donc les paroles de cette alliance» — celle de Moab, — «et vous les pratiquerez, afin que vous prospériez dans tout ce que vous ferez» (vers. 9). L’obéissance simple à la parole de Dieu a été de tout temps, et sera toujours le profond et réel secret de toute vraie prospérité. Il va sans dire que, pour le chrétien, la prospérité n’est pas dans les choses terrestres ou matérielles, mais dans les choses célestes et spirituelles, et il ne faut jamais oublier que les progrès ou la prospérité dans la vie divine ne sont possibles que par une obéissance implicite à tous les commandements de notre adorable Seigneur et Sauveur Jésus Christ. «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait. En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit; et vous serez mes disciples. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour» (Jean 15:7-10). Telle est la vraie prospérité chrétienne! Puissions-nous la désirer ardemment et poursuivre avec diligence le vrai moyen de l’atteindre!

«Vous vous tenez tous aujourd’hui devant l’Éternel, votre Dieu, vos chefs, vos tribus, vos anciens, et vos magistrats, tout homme d’Israël, vos enfants», — fait touchant et intéressant, — «vos femmes, et ton étranger qui est au milieu de ton camp, ton coupeur de bois aussi bien que ton puiseur d’eau; afin que tu entres dans l’alliance de l’Éternel, ton Dieu, et dans son serment, que l’Éternel, ton Dieu, fait aujourd’hui avec toi; afin qu’il t’établisse aujourd’hui pour être son peuple, et pour qu’il soit ton Dieu, ainsi qu’il te l’a dit, et ainsi qu’il a juré à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob. Et ce n’est pas avec vous seulement que je fais cette alliance et ce serment; mais c’est avec celui qui est ici, qui se tient avec nous aujourd’hui devant l’Éternel, notre Dieu, et avec celui qui n’est pas ici aujourd’hui avec nous; (car vous savez comment nous avons habité dans le pays d’Égypte, et comment nous avons passé à travers les nations que vous avez traversées; et vous avez vu leurs abominations, et leurs idoles, du bois et de la pierre, de l’argent et de l’or, qui sont parmi eux)» (vers. 10-17).

Ce sérieux appel est non seulement général, mais aussi tout à fait individuel; cela est très important à remarquer. Nous sommes toujours enclins à généraliser, et de cette manière à laisser de côté l’application de la vérité à notre conscience individuelle. C’est une grave erreur et une perte sérieuse pour nos âmes. Chacun de nous est responsable d’obéir implicitement aux commandements de notre Seigneur. C’est ainsi que nous entrons dans la jouissance réelle de notre relation, comme Moïse le dit au peuple: «Afin qu’il t’établisse aujourd’hui pour être son peuple, et pour qu’il soit ton Dieu». Rien de plus précieux, et pourtant rien de plus simple. Il n’y a là quoi que ce soit de vague, d’obscur ou de mystique. Il s’agit simplement d’avoir ses commandements serrés dans nos cœurs, agissant sur nos consciences, et manifestés dans notre vie. Tel est le vrai secret pour réaliser habituellement notre relation avec notre Père et avec notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

Quiconque s’imagine pouvoir jouir de l’heureux sentiment d’une relation intime avec Dieu, tout en vivant dans la négligence habituelle des commandements de notre Seigneur, est le jouet d’une dangereuse illusion. «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour». Voilà le grand point. Pesons cela sérieusement. «Si vous m’aimez, gardez mes commandements». «Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (Matt. 7:21). «Car quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère» (Matt. 12:50). «La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien, mais l’observation des commandements de Dieu» (1 Cor. 7:19).

Quelles paroles appropriées à nos jours de profession relâchée, négligée et mondaine! Puissent-elles pénétrer profondément dans nos cœurs, prendre possession de tout notre être moral, et porter du fruit en chacun de nous! Ce côté pratique des choses est de toute importance. En cherchant à mettre de côté tout ce qui ressemble au légalisme, nous courons grand risque de nous jeter dans un mal opposé, je veux dire le relâchement charnel. Les passages de la Sainte Écriture que nous venons de citer — et il y en a bien d’autres — nous présentent la sauvegarde divine contre ces deux erreurs pernicieuses et mortelles. Il est parfaitement vrai que nous sommes amenés dans la sainte relation d’enfants par la grâce souveraine de Dieu, par la puissance de sa Parole et de son Esprit. Ce seul fait coupe à sa racine toute semence nuisible de légalisme.

Mais cette relation a des affections qui lui sont propres; elle a ses devoirs et ses responsabilités; en les reconnaissant réellement, nous aurons le vrai remède contre ce terrible mal du relâchement charnel qui prévaut de tous côtés. Si nous sommes délivrés des œuvres de loi, — comme, Dieu merci, nous le sommes en tant que vrais chrétiens, — ce n’est pas pour ne rien faire, ni pour nous complaire à nous-mêmes, mais c’est afin que les œuvres de vie se produisent en nous à la gloire de Celui dont nous portons le nom, à qui nous appartenons et qui, pour toutes les raisons possibles, a droit à notre amour, à notre obéissance et à notre service.

Puissions-nous, cher lecteur, appliquer sérieusement nos cœurs à cet ordre de choses pratique. Nous sommes impérativement appelés à le faire, et nous pouvons pleinement compter sur la grâce abondante de notre Seigneur Jésus Christ, pour être rendus capables de répondre à cet appel, en dépit des mille obstacles et difficultés qui se trouvent sur notre chemin. Oh! qu’il puisse y avoir une œuvre plus profonde de la grâce dans nos âmes, une marche plus intime avec Dieu, un caractère plus prononcé de disciples.

Écoutons maintenant le solennel appel du législateur il exhorte le peuple à prendre garde «de peur qu’il n’y ait parmi vous homme, ou femme, ou famille, ou tribu, dont le cœur se détourne aujourd’hui d’avec l’Éternel, notre Dieu, pour aller servir les dieux de ces nations; de peur qu’il n’y ait parmi vous une racine qui produise du poison et de l’absinthe» (vers. 18).

L’apôtre rappelle ces sérieuses paroles dans l’épître aux Hébreux: «Veillant, dit-il, de peur que quelqu’un ne manque de la grâce de Dieu; de peur que quelque racine d’amertume, bourgeonnant en haut, ne vous trouble, et que par elle plusieurs ne soient souillés» (Héb. 12:15). Combien cette exhortation est salutaire, et qu’elle montre bien la solennelle responsabilité de tous les chrétiens les uns envers les autres, le soin jaloux, saint et pieux, que nous devons prendre l’un de l’autre. Hélas! c’est une chose bien peu comprise ou reconnue. Nous ne sommes pas tous appelés à être pasteurs ou docteurs, et le passage cité ne s’adresse pas particulièrement à ceux qui sont tels. Il regarde tous les chrétiens, et nous devons y faire attention. On entend de tous côtés des plaintes sur le manque de soins pastoraux, et, en effet, il y a, dans l’Église de Dieu, manque de vrais pasteurs, comme aussi de tous les autres dons. Mais on pouvait le prévoir. Comment en serait-il autrement? Comment s’attendre à une abondance de dons spirituels dans l’état misérable où nous nous trouvons actuellement. L’Esprit est contristé et éteint par nos lamentables divisions, notre mondanité, notre manque général de fidélité. Faut-il s’étonner de notre déplorable pauvreté?

Mais au milieu de notre ruine et de notre désolation spirituelles, notre précieux Seigneur et Sauveur déploie ses tendres et profondes compassions; et si seulement nous voulions nous humilier sous sa puissante main, il nous relèverait dans sa miséricorde, et nous rendrait capables de combler de diverses manières cette lacune de dons pastoraux au milieu de nous. Nous pourrions, avec le secours de sa grâce précieuse, veiller avec plus de diligence et d’amour les uns sur les autres, et chercher les progrès spirituels et la prospérité l’un de l’autre.

Que le lecteur ne s’imagine pas que nous ayons l’intention d’encourager le moins du monde des investigations indiscrètes, ou un espionnage inexcusable entre chrétiens. Loin de nous cette pensée! Nous considérons, au contraire, ces choses comme parfaitement intolérables dans l’Église de Dieu. Elles sont l’antipode des soins pastoraux, saints, tendres et dévoués, dont nous parlons, et que nous aimerions voir exercer au milieu de nous.

Le lecteur ne voit-il pas que, tout en nous tenant le plus possible à l’écart de ce mal, nous pouvons prendre un intérêt plein d’amour les uns pour les autres, et exercer avec prière cette sainte et soigneuse vigilance qui peut empêcher quelque racine d’amertume de bourgeonner au milieu de nous? Il est vrai que nous ne sommes pas tous appelés à être pasteurs; il est vrai aussi qu’il y a, dans l’Église de Dieu, une affligeante disette de ces vrais pasteurs donnés par le Chef de l’Église — de ces hommes doués d’une puissance et d’un cœur vraiment pastoraux. C’est incontestable, et, pour cette raison même, le cœur des bien-aimés du Seigneur, en tous lieux, devrait être poussé à implorer de Lui la grâce d’être rendus capables d’exercer ces tendres soins et cette vigilance fraternelle les uns à l’égard des autres, ce qui suppléerait grandement au manque de pasteurs parmi nous. Une chose bien claire, c’est que dans le passage d’Hébreux 12, il n’est pas parlé de pasteurs. C’est simplement une sérieuse exhortation adressée à tous les chrétiens.

Combien cette vigilance est nécessaire, et quelles terribles racines que celles dont il est parlé! Combien elles sont amères, et combien s’en étendent souvent les rejetons! Quel irréparable dommage ils causent! Combien sont souillés par elles! Que de précieux liens d’amitié elles ont rompus, et combien de cœurs elles ont brisés! Oui, lecteur, et que de fois quelques soins pastoraux et judicieux, quelque attention fraternelle, un conseil affectueux et pieux, aurait détruit le principe du mal dans sa racine, et empêché ainsi une somme incalculable de maux et de douleurs. Puissions-nous prendre plus à cœur toutes ces choses, et demander avec plus d’instance la grâce nécessaire pour faire ce qui est en notre pouvoir, afin d’empêcher ces racines d’amertume de bourgeonner et de répandre au loin leur influence délétère!

Mais écoutons maintenant d’autres paroles sérieuses et pénétrantes du vénérable législateur. Il place devant nous un tableau solennel de la fin de celui qui a donné lieu au bourgeonnement de la racine d’amertume.

«Et qu’il n’arrive que quelqu’un, en entendant les paroles de ce serment, ne se bénisse dans son cœur, disant: J’aurai la paix, lors même que je marcherai dans l’obstination de mon cœur, afin de détruire ce qui est arrosé, et ce qui est altéré» (vers. 19). Fatale illusion que celle qui consiste à crier paix, paix, quand il n’y a pas de paix, mais le jugement et la colère à venir. — «L’Éternel ne voudra pas lui pardonner, mais la colère de l’Éternel et sa jalousie fumeront alors contre cet homme» — au lieu de la paix qu’il se promettait vainement; — «et toute la malédiction qui est écrite dans ce livre reposera sur lui; et l’Éternel effacera son nom de dessous les cieux» (vers. 20). Terrible avertissement adressé à ceux qui agissent comme racines d’amertume au milieu du peuple de Dieu, et à tous ceux qui les encouragent!

«Et l’Éternel le séparera de toutes les tribus d’Israël pour le malheur, selon toutes les malédictions de l’alliance qui est écrite dans ce livre de la loi. Et la génération à venir, vos fils qui se lèveront après vous, et l’étranger qui viendra d’un pays éloigné, diront, lorsqu’ils verront les plaies de ce pays, et ses maladies, dont l’Éternel l’aura affligé; et que tout son sol n’est que soufre et sel, — un embrasement (qu’il n’est pas semé, et qu’il ne fait rien germer, et qu’aucune herbe n’y pousse), comme la subversion de Sodome et de Gomorrhe, d’Adma et de Tseboïm, que l’Éternel détruisit dans sa colère et dans sa fureur» (vers. 21-23). Quels exemples saisissants des voies gouvernementales du Dieu vivant, et comme ces paroles devraient retentir d’une voix de tonnerre aux oreilles de tous ceux qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus Christ (Jude 4.) — «Toutes les nations diront: Pourquoi l’Éternel a-t-il fait ainsi à ce pays? d’où vient l’ardeur de cette grande colère? Et on dira: C’est parce qu’ils ont abandonné l’alliance de l’Éternel, le Dieu de leurs pères, qu’il avait faite avec eux quand il les fit sortir du pays d’Égypte; et ils sont allés, et ont servi d’autres dieux, et se sont prosternés devant eux, des dieux qu’ils n’avaient pas connus et qu’il ne leur avait pas donnés en partage. Et la colère de l’Éternel s’est embrasée contre ce pays, pour faire venir sur lui toute la malédiction écrite dans ce livre. Et l’Éternel les a arrachés de dessus leur terre dans sa colère, et dans sa fureur, et dans sa grande indignation, et les a chassés dans un autre pays, comme il paraît aujourd’hui» (vers. 24-28). Lecteur, combien ces paroles sont solennelles, avec quelle puissance elles font ressortir ce que dit l’apôtre Paul: «C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant», et encore: «Notre Dieu est un feu consumant». Combien l’église professante devrait faire attention à de tels avertissements, car assurément elle est appelée à retirer beaucoup d’instruction de l’histoire des voies de Dieu envers son peuple Israël; Romains 11 est parfaitement clair et concluant sur ce point. L’apôtre, en parlant du jugement divin contre les branches incrédules de l’olivier, s’adresse de cette manière à la chrétienté: «Or, si quelques-unes des branches ont été arrachées, et si toi qui étais un olivier sauvage, as été enté au milieu d’elles, et es devenu co-participant de la racine et de la graisse de l’olivier, ne te glorifie pas contre les branches; mais si tu te glorifies, ce n’est pas toi qui portes la racine, mais c’est la racine qui te porte. Tu diras donc: Les branches ont été arrachées, afin que moi je fusse enté. Bien! elles ont été arrachées pour cause d’incrédulité, et toi tu es debout par la foi. Ne t’enorgueillis pas mais crains (si en effet Dieu n’a pas épargné les branches qui sont telles selon la nature), qu’il ne t’épargne pas non plus. Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu: la sévérité envers ceux qui sont tombés; la bonté de Dieu envers toi, si tu persévères dans cette bonté; puisque autrement, toi aussi, tu seras coupé» (Rom. 11:17-22).

Hélas! l’église professante n’a pas persévéré dans la bonté de Dieu. Il est tout à fait impossible de lire son histoire, à la lumière de l’Écriture, et de ne pas reconnaître ce fait. Elle n’a pas persévéré, et n’a plus devant elle que la colère du Dieu Tout-Puissant. Les bien-aimés membres du corps de Christ qui, chose triste à dire, se sont mêlés à la masse corrompue du corps professant, en seront tirés et seront rassemblés dans la place préparée pour eux dans la maison du Père. Ils devront alors, s’ils ne l’ont fait auparavant, reconnaître le tort qu’ils ont eu de rester en relation avec ce qui était opposé d’une manière si flagrante à la pensée de Christ, telle que les Saintes Écritures nous la révèlent en toute simplicité et divine clarté.

Mais quant à la grande chose connue sous le nom de chrétienté, elle sera «vomie» et «retranchée». Il leur sera envoyé une énergie d’erreur pour qu’ils, croient au mensonge, «afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice» (2 Thess. 2:11-12).

Paroles, redoutables! puissent-elles résonner aux oreilles et atteindre les cœurs de ces milliers d’âmes qui vivent jour après jour, semaine après semaine, année après année, satisfaites du simple nom de vivre, avec la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance, «amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu» (2 Tim. 3:4-5).

Combien est effrayant l’état et le sort de ces milliers d’âmes courant après les plaisirs et qui se précipitent aveuglément, étourdiment, avec leurs folles passions, sur la pente rapide d’une misère désespérée et éternelle! Dieu veuille, dans sa bonté infinie, par la puissance de son Esprit et l’action puissante de sa Parole, éveiller les cœurs des siens en tout lieu à un sentiment plus profond et plus réel de ces choses!

Avant de terminer ce chapitre, nous devons maintenant diriger brièvement l’attention du lecteur sur le dernier verset. C’est un de ces passages de l’Écriture mal compris et mal appliqué. «Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu; et les choses révélées sont à nous et à nos fils, à toujours, afin que nous pratiquions toutes les paroles de cette loi» (vers. 29). On se sert constamment de ce verset pour entraver les progrès des âmes dans la connaissance des «choses profondes de Dieu», mais sa signification toute simple est celle-ci: les choses «révélées» sont celles que nous avons eu devant nous dans le chapitre précédent de ce livre; les choses «cachées», d’un autre côté, sont ces ressources de grâce que Dieu avait en réserve pour les déployer quand le peuple aurait totalement manqué de «pratiquer tout ce qui est écrit dans le livre de la loi». Les choses révélées sont celles qu’Israël aurait dû faire et n’a pas faites; les choses cachées sont celles que Dieu veut faire, malgré les tristes et honteux manquements d’Israël, choses qui nous sont présentées dans les chapitres suivants; ces conseils d’une grâce divine et d’une souveraine miséricorde qui se déploieront quand Israël aura appris à fond la leçon résultant de son manquement complet aux deux alliances de Moab et d’Horeb.

Ce passage donc, bien compris, loin d’autoriser l’interprétation qu’on lui donne habituellement, encourage plutôt le cœur à sonder ces choses qui, quoique cachées pour Israël, dans les plaines de Moab, nous sont pleinement et clairement révélées, pour notre profit, notre consolation et notre édification1. Le Saint Esprit est descendu au jour de la Pentecôte, pour conduire les disciples dans toute la vérité. Le canon des Écritures est complet; tous les desseins et les conseils de Dieu sont pleinement révélés. Le mystère de l’Église complète le cercle entier de la vérité divine. L’apôtre Jean pouvait dire à tous les enfants de Dieu: «Et vous, vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses» (1 Jean 2:20).

1 1 Cor. 2:9, est encore un de ces passages mal compris et mal appliqués: «Mais selon qu’il est écrit: Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment». C’est ici que bien des personnes s’arrêtent et tirent la conclusion qu’il nous est impossible de savoir rien des choses précieuses que Dieu a en réserve pour nous. Mais le verset qui suit prouve qu’une telle conclusion est erronée, car il dit: «Mais Dieu nous l’a révélée par son Esprit; car l’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu. Car qui des hommes connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en Lui? Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Mais nous», — c’est-à-dire tous les enfants de Dieu, — «nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu». Ainsi ce passage, comme celui de Deut. 29:29, enseigne l’opposé même de ce qui en est si constamment déduit. Combien il est important d’examiner et de peser le contexte des passages que l’on cite.

Le Nouveau Testament tout entier fournit donc des preuves, évidentes de l’interprétation erronée qu’on donne si souvent de Deut. 29:29. — Nous avons insisté sur ce point, sachant combien sa fausse interprétation arrête les progrès de plusieurs chers enfants de Dieu dans la connaissance des choses de Dieu. L’ennemi cherche toujours à garder les âmes dans l’obscurité, alors qu’elles devraient marcher à la lumière brillante de la révélation divine; il s’efforce de les retenir à l’état de petits enfants se nourrissant de lait, tandis que nous devrions, comme «des hommes faits», nous nourrir de cette viande solide dont l’Église de Dieu est si amplement pourvue. Nous ne voyons que faiblement combien l’Esprit de Dieu est contristé et Christ déshonoré, par le bas niveau qui existe au milieu de nous quant aux choses de Dieu. Combien peu connaissent réellement «les choses qui nous ont été librement données par Dieu!» Où est-ce que les privilèges propres au chrétien sont compris, crus et réalisés? Combien notre intelligence des choses divines est bornée, et combien est lente notre croissance à cet égard! Combien est faible chez nous en pratique la manifestation de la vérité de Dieu! Quelle lettre de Christ peu distincte nous présentons!

Cher lecteur chrétien, pesons sérieusement ces choses en présence de Dieu. Recherchons en toute intégrité la racine de tous ces manquements, jugeons-la et ôtons-la afin que nous puissions plus fidèlement témoigner à qui nous appartenons et qui nous servons! Qu’il soit plus évident que Christ est notre unique objet!

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 29". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/deuteronomy-29.html.
 
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