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Bible Commentaries
Deutéronome 11

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versets 1-32

«Tu aimeras donc l’Éternel, ton Dieu, et tu garderas ce qu’il te donne à garder, et ses statuts, et ses ordonnances, et ses commandements, toujours. Et vous savez aujourd’hui,… car je ne parle pas à vos fils, qui n’ont pas connu et n’ont pas vu le châtiment de l’Éternel, votre Dieu, sa grandeur, sa main forte, et son bras étendu, et ses signes et ses œuvres, qu’il a faits au milieu de l’Égypte, au Pharaon, roi d’Égypte, et à tout son pays; et ce qu’il a fait à l’armée de l’Égypte, à ses chevaux et à ses chars, sur lesquels il a fait déborder les eaux de la mer Rouge, lorsqu’ils vous poursuivaient, et l’Éternel les a fait périr, jusqu’à aujourd’hui; — et ce qu’il vous a fait dans le désert, jusqu’à ce que vous soyez arrivés en ce lieu-ci; et ce qu’il a fait à Dathan et à Abiram, les fils d’Éliab, fils de Ruben, quand la terre ouvrit sa bouche, et les engloutit, avec leurs maisons et leurs tentes et tout ce qui était à leur suite, au milieu de tout Israël; car ce sont vos yeux qui ont vu toute la grande œuvre de l’Éternel, qu’il a faite».

Moïse sentait qu’il était de toute importance que les grandes œuvres de l’Éternel demeurent toujours devant les yeux des enfants d’Israël, et restent profondément gravées dans leur mémoire. Le pauvre esprit humain est vagabond et le cœur léger, et malgré tout ce qu’Israël avait vu des jugements de Dieu sur l’Égypte et sur Pharaon, il était en danger de les oublier, et de laisser effacer l’impression qu’ils avaient été destinés à produire sur lui.

Nous sommes portés à nous étonner que les Israélites puissent oublier les scènes mémorables de leur séjour en Égypte, — le fait que leurs pères y étaient descendus, une petite poignée d’hommes, et qu’ils s’y étaient accrus malgré de formidables obstacles, tellement qu’ils étaient devenus, avec l’aide de leur Dieu, aussi nombreux que les étoiles du ciel.

Et ces dix plaies sur la terre d’Égypte! Qu’elles avaient été terribles et solennelles, et bien propres à donner une idée de la grande puissance de Dieu, du néant de l’homme, malgré toute sa prétendue sagesse, sa force et sa gloire, et à montrer l’insigne folie qu’il y a à vouloir s’opposer au Dieu Tout-Puissant! Qu’était toute la puissance de Pharaon et de l’Égypte, en présence de l’Éternel, le Dieu d’Israël? En un instant, tout avait été plongé dans la ruine et la désolation. Tous les chariots d’Égypte, toute la pompe et la gloire, toute la valeur et la puissance de cette antique et fameuse nation — tout avait été englouti dans les profondeurs de la mer.

Et pourquoi? Parce qu’ils avaient osé toucher à l’Israël de Dieu; ils avaient osé s’opposer au dessein arrêté et aux conseils du Très-Haut. Ils avaient tenté d’écraser ceux en qui il avait mis son bon plaisir. Il avait juré de bénir la postérité d’Abraham, et aucune puissance de la terre ou de l’enfer ne pouvait annuler son serment. Pharaon, dans son orgueil et dans la dureté de son cœur, avait cherché à contrecarrer les conseils divins, mais ce fut pour sa perte. Son pays entièrement bouleversé, et lui-même et sa puissante armée engloutis dans la mer Rouge: exemple solennel pour tous ceux qui chercheraient dorénavant à s’opposer aux conseils de l’Éternel en bénédiction envers la semence d’Abraham, son ami.

Et ce n’était pas seulement ce que l’Éternel avait fait à l’Égypte et à Pharaon, que le peuple devait se rappeler, mais encore ce qu’il avait fait parmi eux. Quelle leçon que le jugement exécuté sur Dathan et Abiram et leurs familles! Quel châtiment terrible leur fut infligé! Et pour quelle raison? À cause de leur rébellion contre ce que Dieu avait établi. Dans le récit que nous donne le livre des Nombres, le lévite Coré joue le rôle principal; ici il n’est pas mentionné, mais bien deux Rubénites, membres de la congrégation, parce que Moïse cherche à agir sur l’ensemble du peuple, en plaçant devant eux la conséquence terrible de l’insubordination chez deux d’entre eux, deux simples membres, comme nous dirions, et pas seulement chez un Lévite occupant une place privilégiée.

Ainsi, soit que l’attention des Israélites fût attirée sur les dispensations divines envers les autres peuples ou envers eux-mêmes, le but de Moïse était toujours d’imprimer dans leurs cœurs et leurs esprits, le sentiment profond de l’obéissance. Voilà à quoi tendaient toutes les répétitions, les commentaires et les exhortations du fidèle serviteur de Dieu, qui allait bientôt quitter le peuple d’Israël. C’est pour cela qu’il remonte bien loin en arrière dans leur histoire, choisissant, groupant, commentant les faits, citant celui-ci, omettant celui-là, selon qu’il était guidé par l’Esprit de Dieu, et tout est rapporté pour parler avec une force et une clarté merveilleuses à la conscience du peuple, afin d’établir fermement les droits de l’Éternel à leur obéissance absolue.

«Vous garderez donc tout le commandement que je vous commande aujourd’hui, afin que vous soyez forts, et que vous entriez, et que vous possédiez le pays dans lequel vous passez pour le posséder, et afin que vous prolongiez vos jours sur la terre que l’Éternel a juré à vos pères de leur donner, à eux et à leur semence, un pays ruisselant de lait et de miel».

Je prie le lecteur de remarquer la liaison pleine de beauté morale qui existe entre ces deux parties de l’exhortation: «Vous garderez donc tout le commandement» — «afin que vous soyez forts». On acquiert une grande force en obéissant sans réserve à la parole de Dieu. Nous serions disposés à choisir certains commandements ou préceptes qui nous conviennent, et à en laisser d’autres mais de quel droit le ferions-nous? Ne serait-ce pas de la volonté propre et de la rébellion? Un serviteur a-t-il le droit de décider auxquels des ordres de son maître il veut obéir? Assurément non; chacun des ordres est revêtu de l’autorité du maître et demande, par conséquent, l’attention du serviteur. Nous pouvons ajouter, que plus le serviteur obéira implicitement, respectant chacun des ordres qui lui sont donnés, quels qu’ils soient, plus il croîtra dans l’estime et la confiance de son maître. Nous savons tous combien il est précieux d’avoir des serviteurs en qui nous pouvons nous fier, qui se font un plaisir d’exécuter nos désirs, qu’il n’est pas nécessaire de suivre constamment, mais qui connaissent leur devoir et l’accomplissent. Ne devrions-nous donc pas avoir à cœur de réjouir notre Maître bien-aimé par une obéissance entière à tous ses commandements? Quel privilège merveilleux pour de pauvres créatures telles que nous, de pouvoir réjouir le cœur de Celui qui nous a aimés et s’est donné pour nous; mais il en est ainsi, béni soit son nom! Il prend plaisir à ce que nous gardions ses commandements, et cette pensée devrait nous porter à étudier sa Parole, afin d’apprendre toujours plus ce que sont ses commandements pour les faire.

Les paroles de Moïse, citées plus haut, rappellent à notre mémoire la prière de l’apôtre pour «les saints et fidèles frères en Christ, qui étaient à Colosses». «C’est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons entendu parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur, pour Lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu: étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie, rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés» (Col. 1:9-14).

En tenant compte de la différence entre ce qui est terrestre et ce qui est céleste — entre Israël et l’Église — il y a une grande ressemblance entre les paroles de Moïse et celles de l’apôtre. Les unes et les autres sont de nature à montrer la beauté et le prix d’une obéissance de cœur envers Dieu. Elle est précieuse au Père et à Christ, et cette considération devrait suffire pour créer et fortifier dans nos cœurs le désir d’être remplis de la connaissance de sa volonté, pour marcher d’une manière digne de Lui, pour Lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu. Comme nous l’avons déjà dit, cela devrait nous pousser à une étude plus diligente de la parole de Dieu, afin d’apprendre toujours mieux à connaître sa volonté, ses pensées, ce qui Lui plaît, en regardant à Lui pour pouvoir l’accomplir. Alors nos cœurs seraient gardés près de Lui, et nous trouverions toujours plus d’intérêt à sonder les Écritures, non seulement pour croître dans la connaissance de la vérité, mais dans la connaissance de Dieu, de Christ, — dans la connaissance intime, personnelle, pratique, de tout ce qui est renfermé dans Celui en qui habite toute la plénitude de la Divinité corporellement. Oh! puisse l’Esprit de Dieu éveiller en nous un plus vif désir de connaître et de faire la volonté de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ!

Arrêtons-nous maintenant un moment sur le tableau de la terre promise, que Moïse met devant les yeux du peuple. «Car le pays où tu entres pour le posséder n’est pas comme le pays d’Égypte d’où vous êtes sortis, où tu semais ta semence et où tu l’arrosais avec ton pied comme un jardin à légumes. Mais le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées; il boit l’eau de la pluie des cieux, — un pays dont l’Éternel, ton Dieu, a soin, sur lequel l’Éternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année» (vers. 10-12).

Quel contraste frappant entre l’Égypte et Canaan! L’Égypte n’avait pas de pluie des cieux; tout y était travail humain. Il n’en était pas ainsi dans le pays de l’Éternel; le pied de l’homme n’y avait rien à faire, car l’Éternel lui-même en prenait soin, et l’arrosait de la pluie de la première et de la dernière saison. Le pays d’Égypte dépendait de ses propres ressources, le pays de Canaan ne dépendait que de Dieu — de ce qui descendait des cieux. «Ma rivière est à moi», tel était le langage d’Égypte. «La rivière de Dieu» était l’espérance de Canaan.

Le Psaume 65 nous présente une belle description du pays de l’Éternel, dans son état de bénédiction: «Tu as visité la terre, tu l’as abreuvée, tu l’enrichis abondamment: le ruisseau de Dieu est plein d’eau. Tu prépares les blés, quand tu l’as ainsi préparée. Tu arroses ses sillons, tu aplanis ses mottes, tu l’amollis par des ondées, tu bénis son germe. Tu couronnes l’année de ta bonté, et tes sentiers distillent la graisse. Ils distillent sur les pâturages du désert, et les collines se ceignent d’allégresse. Les prairies se revêtent de menu bétail, et les plaines sont couvertes de froment» (vers. 9-13).

Qu’il est beau de voir Dieu lui-même répandre ainsi l’abondance sur son peuple, et verser les rayons de son soleil et ses ondées rafraîchissantes sur les collines et les vallées du pays d’Israël! Cela Lui était agréable, et c’était à la gloire de son nom.

C’est ainsi qu’il en aurait toujours été, si Israël avait marché dans l’obéissance à la loi de Dieu. «Et il arrivera que, si vous écoutez attentivement mes commandements que je vous commande aujourd’hui, pour aimer l’Éternel, votre Dieu, et pour le servir de tout votre cœur et de toute votre âme, alors je donnerai la pluie de votre pays en son temps, la pluie de la première saison et la pluie de la dernière saison; et tu recueilleras ton froment, et ton moût, et ton huile; et je donnerai l’herbe dans tes champs, pour ton bétail; et tu mangeras, et tu seras rassasié» (vers. 13-15).

Rien de plus simple, que ce pacte entre le Dieu d’Israël et l’Israël de Dieu. Le privilège d’Israël était d’aimer et de servir l’Éternel; la prérogative de l’Éternel était de bénir et de faire prospérer Israël. Le bonheur et l’abondance devaient être les résultats assurés de l’obéissance. Le peuple et son pays étaient entièrement sous la dépendance de Dieu; tout ce dont ils avaient besoin devait venir du ciel, c’est pourquoi, aussi longtemps qu’ils marchèrent dans l’obéissance, les pluies bienfaisantes arrosèrent leurs champs et leurs vignes, les cieux distillèrent la rosée et la terre, à son tour, fut fertile et bénie.

Mais, en revanche, lorsque Israël oublia l’Éternel et ses commandements, les cieux devinrent d’airain et la terre de fer; la stérilité, la désolation, la famine et la misère, furent les tristes fruits de la désobéissance. Comment pouvait-il en être autrement? «Si vous êtes de bonne volonté et que vous écoutiez, vous mangerez des biens du pays; mais si vous refusez, et que vous soyez rebelles, vous serez consumés par l’épée; car la bouche de l’Éternel a parlé» (És. 1:19-20).

Il y a dans tout cela une instruction pratique pour l’Église de Dieu. Quoique nous ne soyons pas sous la loi, nous sommes appelés à l’obéissance, et dans la mesure où, par grâce, nous y marchons, nous sommes bénis spirituellement, nos âmes sont arrosées, rafraîchies, fortifiées, et nous portons les fruits de justice qui sont, par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.

En rapport avec ce sujet, lisons le commencement du chap. 15 de Jean (vers. 1-10), passage qui demande la sérieuse attention de tout sincère enfant de Dieu.

Ce passage a été le sujet de maintes controverses théologiques, et cependant il est aussi clair que pratique et n’a besoin que d’être pris dans sa simplicité toute divine. Si l’on y cherche un sens qui ne s’y trouve pas, il devient obscur, et l’on en perd la véritable application. Nous avons donc ici Christ, le vrai Cep, prenant la place d’Israël qui était devenu pour l’Éternel le plant dégénéré d’un cep étranger. La scène de la parabole est évidemment sur la terre et non dans le ciel; il n’y a dans le ciel, ni vignes, ni cultivateurs. En outre, notre Seigneur dit «Je suis le vrai cep». L’image est très claire. Ce n’est point la Tête et ses membres, mais un cep et ses sarments. De plus, le sujet de la parabole est aussi clair que la parabole elle-même; il ne s’agit pas de la vie éternelle, mais de porter du fruit. Si on se souvenait de cela, on comprendrait mieux ce passage si souvent mal interprété.

En résumé, l’image du cep et de ses sarments nous enseigne que le secret pour porter du fruit, c’est de demeurer en Christ, et le moyen de demeurer en Christ, c’est de garder ses commandements. «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour». Cela simplifie tout. Le moyen de porter du fruit en sa saison, c’est de demeurer dans l’amour de Christ, et nous montrons que nous sommes dans cette position bénie, en gardant ses commandements dans nos cœurs et en y obéissant volontairement. Il ne s’agit pas de nous agiter, poussés par nos propres pensées, ni de faire des efforts avec un zèle tout charnel, pour montrer notre dévouement; non, il s’agit de quelque chose d’entièrement différent; c’est la calme et sainte obéissance du cœur envers notre Seigneur bien-aimé, afin de lui être agréables et de glorifier son nom.

Lecteur, méditons sérieusement ce grand sujet du cep et de ses fruits, et puissions-nous le comprendre mieux! On se trompe souvent sur ce sujet. Il est à craindre que bien des choses qui passent pour du fruit dans la chrétienté, ne soient pas reconnues pour tel dans la présence de Dieu, car Dieu ne peut reconnaître comme fruit que ce qui provient directement du fait qu’on demeure en Christ. On peut se faire un nom parmi les hommes, par son zèle, son activité et son dévouement; on peut se distinguer comme grand prédicateur, avoir le nom de bon ouvrier dans la vigne, être un grand philanthrope ou réformateur d’abus; on peut employer sa fortune à aider aux œuvres de bienfaisance chrétienne, et avec tout cela ne pas produire une seule grappe de fruit qui soit acceptable au cœur du Père.

Et, d’un autre côté, il se peut que notre lot ici-bas soit de rester dans l’obscurité et la solitude; il se peut que le monde et l’église professante tiennent fort peu compte de nous; il peut sembler que nous ne laissons qu’une bien faible trace sur les sables du temps, mais si nous demeurons en Christ, dans son amour, si nous serrons ses précieuses paroles dans notre cœur, et que nous obéissions de bon cœur à ses commandements, alors nous porterons du fruit en sa saison, notre Père sera glorifié, et nous croîtrons dans la connaissance pratique de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.

À la fin de notre chapitre, Moïse insiste auprès du peuple en termes solennels, sur l’urgente nécessité de la vigilance et du zèle en ce qui concernait les statuts et les jugements de l’Éternel, leur Dieu. Le fidèle serviteur de Dieu, véritable ami du peuple, était infatigable dans ses efforts pour l’encourager à cette obéissance du cœur, qu’il savait être pour Israël la source du bonheur et de la prospérité; et de même que notre Seigneur avertit ses disciples en leur montrant le jugement solennel du sarment stérile, de même Moïse avertit le peuple des conséquences certaines et terribles de la désobéissance.

«Prenez garde à vous, de peur que votre cœur ne soit séduit, et que vous ne vous détourniez, et ne serviez d’autres dieux et ne vous prosterniez devant eux». Nous voyons là la pente fatale qui conduit au mal. Le cœur séduit voilà le commencement de tout déclin. «Et que vous ne vous détourniez». Les pieds suivent toujours le cœur de là vient la nécessité de garder le cœur avec soin. C’est la citadelle de tout l’être moral; tant qu’on la garde pour le Seigneur, l’ennemi n’obtiendra aucun avantage, mais aussitôt qu’on la néglige, tout est perdu, et l’on se détourne. L’éloignement secret du cœur se montre par les faits on sert et l’on adore «d’autres dieux».

«Et que la colère de l’Éternel ne s’embrase contre vous, et qu’il ne ferme les cieux, en sorte qu’il n’y ait pas de pluie, et que la terre ne donne pas son rapport, et que vous périssiez rapidement de dessus ce bon pays que l’Éternel vous donne». Quelle stérilité, quelle désolation il doit y avoir, lorsque le ciel est fermé! Pas d’ondées rafraîchissantes, pas de rosée bienfaisante, aucune communication entre le ciel et la terre. Hélas combien de fois Israël n’eut-il pas à éprouver la terrible réalité de ces paroles: «Il change les fleuves en désert, et les sources d’eaux en sols arides, la terre fertile en terre salée, à cause de l’iniquité de ceux qui y habitent» (Ps. 107:33-34).

La terre stérile et le désert ne sont-ils pas l’image frappante d’une âme qui a perdu la communion, pour avoir désobéi aux précieux commandements de Christ? Une telle âme n’a pas de communication rafraîchissante avec le ciel — pas d’ondées bienfaisantes — pas de sentiment de la valeur de Christ pour le cœur, pas de ministère béni du Saint Esprit pour l’âme; la Bible semble un livre scellé; tout est sombre, triste et désolé. Rien dans le monde de plus misérable qu’une âme dans cet état! Puissions-nous, cher lecteur, n’en jamais faire l’expérience! Puissions-nous incliner nos oreilles pour écouter les ferventes exhortations adressées par Moïse au peuple d’Israël! Leur à propos est si frappant, elles sont si utiles, si nécessaires, dans ces jours de froide indifférence et d’insubordination positive. Elles placent devant nous le remède divin aux maux auxquels l’Église de Dieu est exposée en ce moment même — moment critique et solennel au-delà de toute conception humaine.

«Et mettez ces miennes paroles dans votre cœur et dans votre âme, et liez-les pour signes sur vos mains, et qu’elles soient comme des fronteaux entre vos yeux; et vous les enseignerez à vos fils, en leur parlant, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras; et tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes, afin que vos jours et les jours de vos fils, sur la terre que l’Éternel a juré à vos pères de leur donner, soient multipliés comme les jours des cieux qui sont au-dessus de la terre».

Jours bénis! et combien le cœur de Moïse désirait que le peuple pût jouir de beaucoup de jours semblables! La condition était bien simple. Il ne s’agissait pas d’un joug pesant à porter, mais du précieux privilège de garder les commandements de l’Éternel, leur Dieu, dans leurs cœurs, et de vivre dans la pure atmosphère de sa sainte Parole. Tout dépendait de cela. Toutes les bénédictions du pays de Canaan — de ce bon pays, découlant de lait et de miel, de ce pays sur lequel les yeux de l’Éternel se reposaient toujours avec une tendre sollicitude — tous ses fruits précieux, tous ses rares privilèges, devaient être à eux à perpétuité, à la seule et simple condition d’obéir à la parole du Dieu de leur alliance.

«Car si vous gardez soigneusement tout ce commandement que je vous commande, pour le pratiquer, en aimant l’Éternel, votre Dieu, en marchant dans toutes ses voies et en vous attachant à Lui, l’Éternel dépossédera toutes ses nations devant vous; et vous prendrez possession de nations plus grandes et plus fortes que vous». En un mot, une victoire sûre et certaine les attendait; la destruction de tous leurs ennemis et de tous les obstacles, et une entrée triomphante dans la terre promise, leur étaient assurées à condition qu’ils obéissent cordialement aux statuts et aux commandements les plus précieux, qui eussent jamais été adressés au cœur de l’homme — statuts et jugements qui tous étaient la voix même de leur Libérateur.

«Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous votre limite sera depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve, le fleuve Euphrate, jusqu’à la mer d’occident. Personne ne pourra tenir devant vous; l’Éternel, votre Dieu, mettra la frayeur et la crainte de vous sur la face de tout le pays que vous foulerez, comme il vous l’a dit».

Là était le côté divin de la question. Tout le pays était devant eux, dans sa longueur et sa largeur; ils n’avaient qu’à en prendre possession comme d’un don gratuit de Dieu; ils n’avaient qu’à poser leur pied avec foi et confiance sur ce bel héritage, que la grâce souveraine leur avait destiné. Nous voyons tout cela accompli dans le livre de Josué, au chapitre 11, où nous lisons: «Et Josué prit tout le pays, selon tout ce que l’Éternel avait dit à Moïse; et Josué le donna en héritage à Israël, selon leurs distributions, selon leurs tribus. Et le pays se reposa de la guerre»1 (verset 23).

1 Il est hors de doute que ce fut par la foi que Josué prit tout le pays, et il ne pouvait prendre moins. Mais quant à la possession de fait, le chap. 13, vers. 1, montre «qu’il restait un très grand pays à posséder».

Mais, hélas! il y avait aussi le côté humain de la question. La possession de Canaan, promise par l’Éternel, et réalisée par la foi de Josué, était une chose; Canaan possédé par Israël était une autre chose toute différente. De là, la grande différence qu’il y a entre Josué et les Juges. En Josué, nous voyons la fidélité infaillible, de Dieu quant à sa promesse; dans les Juges, nous voyons les misérables chutes d’Israël, dès le début, Dieu avait donné sa parole que nul ne pourrait subsister devant eux, et l’épée de Josué — type du grand Capitaine de notre salut — accomplit cette promesse jusqu’à un iota et un trait de lettre. Mais le livre des Juges nous raconte le triste fait qu’Israël ne put pas chasser l’ennemi, ni prendre possession de l’héritage divin, dans toute sa royale magnificence.

Eh bien! la promesse de Dieu a-t-elle fait défaut? Non, mais ce qui se montre, c’est la complète impuissance de l’homme. À «Guilgal», l’étendard de la victoire flottait au-dessus des douze tribus, ayant leur invincible capitaine à leur tête. À «Bokim», le peuple pleure sur la lamentable ruine d’Israël.

Nous voyons partout ces deux choses dans le volume divin, et elles ne sont nullement difficiles à comprendre. L’homme ne sait pas s’élever à la hauteur de la révélation divine, et prendre possession de ce que la grâce lui donne. Cela est aussi vrai dans l’histoire de l’Église que dans celle d’Israël. Dans le Nouveau Testament, comme dans l’Ancien, nous avons les Juges et Josué.

Nous voyons la même chose dans l’histoire de chaque individu, membre de l’Église. Où est le chrétien, dont la vie soit à la hauteur de ses privilèges spirituels? Où est l’enfant de Dieu, qui n’a pas à déplorer combien peu il apprécie réellement les grands et saints privilèges de l’appel dont Dieu l’a appelé? Mais cela n’anéantit pas la vérité de Dieu. Sa parole subsiste dans toute son intégrité et reste stable à jamais. De même que dans le cas d’Israël, le pays de la promesse était sous leurs yeux dans toute son étendue et dans toute sa beauté, et, qu’en outre, ils pouvaient compter sur la fidélité et la toute-puissance de Dieu pour les y faire entrer et leur en donner la pleine possession, — de même, nous sommes «bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ»; il n’y a aucune limite aux privilèges qui sont liés à notre position, et la jouissance que nous en avons dépend de la foi qui nous fait prendre possession de tout ce que Dieu, dans sa grâce souveraine, a fait nôtre en Christ.

N’oublions jamais que c’est le privilège du chrétien de vivre à la hauteur de la révélation divine. Il n’y a pas d’excuse pour une marche relâchée, pour une vie superficielle. Nous n’avons pas le droit de dire que nous ne pouvons pas réaliser la plénitude de notre portion en Christ, que la bannière est trop élevée, les privilèges trop vastes, que nous ne pouvons espérer de jouir de bénédictions si merveilleuses dans notre état actuel d’imperfection.

Tout cela n’est pas autre chose que de l’incrédulité, et devrait être considéré comme tel par tout vrai chrétien. La question est la grâce de Dieu nous a-t-elle accordé ces privilèges? la mort de Christ nous y a-t-elle donné droit? Le Saint Esprit a-t-il déclaré qu’ils sont le partage du membre le plus faible du corps de Christ? S’il en est ainsi — et l’Écriture le déclare — pourquoi n’en jouirions-nous pas? Du côté de Dieu, il n’y a pas d’obstacles. C’est le désir de son cœur que nous possédions la plénitude de notre portion en Christ. Écoutons les vœux ardents que forme l’apôtre en faveur des saints à Éphèse, et de tous les saints (Éph. 1:18-23).

Cette merveilleuse prière nous montre avec quelle ferveur l’Esprit de Dieu souhaite que nous comprenions et jouissions des glorieux privilèges de la vraie position chrétienne. Par son précieux et divin ministère, il voudrait maintenir nos cœurs à cette hauteur bénie, mais, hélas! comme Israël, nous l’affligeons par notre coupable incrédulité, et nous privons nos propres âmes d’incalculables bénédictions.

Toutefois, le Dieu de toute grâce, le Père de gloire, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, accomplira chaque trait de lettre de sa précieuse Parole, à l’égard de son peuple terrestre, aussi bien que de son peuple céleste. Israël jouira pleinement de toutes les bénédictions qui lui sont assurées par l’alliance éternelle, et l’Église goûtera les fruits excellents de tout ce que l’amour éternel et les conseils divins ont préparé pour elle en Christ. De plus, le Consolateur peut et veut mettre chaque croyant dans la jouissance actuelle de l’espérance du glorieux appel de Dieu et dans la puissance pratique de cette espérance, pour détacher le cœur des choses présentes et pour le mettre à part pour Dieu, en vraie sainteté.

Puissent nos cœurs désirer avec plus d’ardeur la complète réalisation de ces choses, et puissions-nous vivre davantage comme ceux qui trouvent leur part et leur repos dans un Christ ressuscité et glorifié! Que Dieu, dans son infinie bonté, le fasse au nom et pour la gloire de son Fils Jésus Christ!

Les derniers versets de notre chapitre terminent la première section du livre du Deutéronome. Elle consiste, comme le lecteur l’aura remarqué, en une série de discours adressés par Moïse à la congrégation d’Israël. Les dernières exhortations; en parfait accord avec le reste, insistent sur la nécessité de l’obéissance, sujet sur lequel ne se lasse pas de revenir le serviteur de Dieu, dans ses touchants discours d’adieu au peuple.

«Regarde, je mets aujourd’hui devant vous la bénédiction et la malédiction: la bénédiction, si vous écoutez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, que je vous commande aujourd’hui; la malédiction, si vous n’écoutez pas les commandements de l’Éternel, votre Dieu, et si vous vous détournez du chemin que je vous commande aujourd’hui, pour aller après d’autres dieux, que vous n’avez pas connus. Et il arrivera que, quand l’Éternel, ton Dieu, t’aura fait entrer dans le pays où tu vas pour le posséder, tu mettras la bénédiction sur la montagne de Garizim, et la malédiction sur la montagne d’Ébal. Ces montagnes ne sont-elles pas de l’autre côté du Jourdain, par-delà le chemin du soleil couchant, qui traverse le pays des Cananéens qui habitent dans la plaine, vis-à-vis de Guilgal, à côté des chênes de Moré? Car vous allez passer le Jourdain pour entrer, pour posséder le pays que l’Éternel, votre Dieu, vous donne; vous le posséderez, et vous y habiterez. Et vous prendrez garde à pratiquer tous les statuts et les ordonnances que je mets aujourd’hui devant vous» (vers. 26-32).

Nous avons ici le résumé de tout. La bénédiction est liée à l’obéissance, la malédiction à la désobéissance. La montagne de Garizim est vis-à-vis de la montagne d’Ébal — fertilité et stérilité. — Nous verrons, quand nous en serons au chapitre 27, que la montagne de Garizim et ses bénédictions sont entièrement laissées de côté; les malédictions de la montagne d’Ébal frappent l’oreille d’Israël, tandis qu’un silence terrible règne sur la montagne de Garizim. «Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi, sont sous malédiction» (Gal. 3:10). La bénédiction d’Abraham ne peut venir que sur ceux qui sont sur le terrain de la foi. Mais nous développerons ce sujet par la suite.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Deuteronomy 11". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/deuteronomy-11.html.
 
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