«Tu aimeras donc lâÃternel, ton Dieu, et tu garderas ce quâil te donne à garder, et ses statuts, et ses ordonnances, et ses commandements, toujours. Et vous savez aujourdâhui,⦠car je ne parle pas à vos fils, qui nâont pas connu et nâont pas vu le châtiment de lâÃternel, votre Dieu, sa grandeur, sa main forte, et son bras étendu, et ses signes et ses Åuvres, quâil a faits au milieu de lâÃgypte, au Pharaon, roi dâÃgypte, et à tout son pays; et ce quâil a fait à lâarmée de lâÃgypte, à ses chevaux et à ses chars, sur lesquels il a fait déborder les eaux de la mer Rouge, lorsquâils vous poursuivaient, et lâÃternel les a fait périr, jusquâà aujourdâhui; â et ce quâil vous a fait dans le désert, jusquâà ce que vous soyez arrivés en ce lieu-ci; et ce quâil a fait à Dathan et à Abiram, les fils dâÃliab, fils de Ruben, quand la terre ouvrit sa bouche, et les engloutit, avec leurs maisons et leurs tentes et tout ce qui était à leur suite, au milieu de tout Israël; car ce sont vos yeux qui ont vu toute la grande Åuvre de lâÃternel, quâil a faite».
Moïse sentait quâil était de toute importance que les grandes Åuvres de lâÃternel demeurent toujours devant les yeux des enfants dâIsraël, et restent profondément gravées dans leur mémoire. Le pauvre esprit humain est vagabond et le cÅur léger, et malgré tout ce quâIsraël avait vu des jugements de Dieu sur lâÃgypte et sur Pharaon, il était en danger de les oublier, et de laisser effacer lâimpression quâils avaient été destinés à produire sur lui.
Nous sommes portés à nous étonner que les Israélites puissent oublier les scènes mémorables de leur séjour en Ãgypte, â le fait que leurs pères y étaient descendus, une petite poignée dâhommes, et quâils sây étaient accrus malgré de formidables obstacles, tellement quâils étaient devenus, avec lâaide de leur Dieu, aussi nombreux que les étoiles du ciel.
Et ces dix plaies sur la terre dâÃgypte! Quâelles avaient été terribles et solennelles, et bien propres à donner une idée de la grande puissance de Dieu, du néant de lâhomme, malgré toute sa prétendue sagesse, sa force et sa gloire, et à montrer lâinsigne folie quâil y a à vouloir sâopposer au Dieu Tout-Puissant! Quâétait toute la puissance de Pharaon et de lâÃgypte, en présence de lâÃternel, le Dieu dâIsraël? En un instant, tout avait été plongé dans la ruine et la désolation. Tous les chariots dâÃgypte, toute la pompe et la gloire, toute la valeur et la puissance de cette antique et fameuse nation â tout avait été englouti dans les profondeurs de la mer.
Et pourquoi? Parce quâils avaient osé toucher à lâIsraël de Dieu; ils avaient osé sâopposer au dessein arrêté et aux conseils du Très-Haut. Ils avaient tenté dâécraser ceux en qui il avait mis son bon plaisir. Il avait juré de bénir la postérité dâAbraham, et aucune puissance de la terre ou de lâenfer ne pouvait annuler son serment. Pharaon, dans son orgueil et dans la dureté de son cÅur, avait cherché à contrecarrer les conseils divins, mais ce fut pour sa perte. Son pays entièrement bouleversé, et lui-même et sa puissante armée engloutis dans la mer Rouge: exemple solennel pour tous ceux qui chercheraient dorénavant à sâopposer aux conseils de lâÃternel en bénédiction envers la semence dâAbraham, son ami.
Et ce nâétait pas seulement ce que lâÃternel avait fait à lâÃgypte et à Pharaon, que le peuple devait se rappeler, mais encore ce quâil avait fait parmi eux. Quelle leçon que le jugement exécuté sur Dathan et Abiram et leurs familles! Quel châtiment terrible leur fut infligé! Et pour quelle raison? à cause de leur rébellion contre ce que Dieu avait établi. Dans le récit que nous donne le livre des Nombres, le lévite Coré joue le rôle principal; ici il nâest pas mentionné, mais bien deux Rubénites, membres de la congrégation, parce que Moïse cherche à agir sur lâensemble du peuple, en plaçant devant eux la conséquence terrible de lâinsubordination chez deux dâentre eux, deux simples membres, comme nous dirions, et pas seulement chez un Lévite occupant une place privilégiée.
Ainsi, soit que lâattention des Israélites fût attirée sur les dispensations divines envers les autres peuples ou envers eux-mêmes, le but de Moïse était toujours dâimprimer dans leurs cÅurs et leurs esprits, le sentiment profond de lâobéissance. Voilà à quoi tendaient toutes les répétitions, les commentaires et les exhortations du fidèle serviteur de Dieu, qui allait bientôt quitter le peuple dâIsraël. Câest pour cela quâil remonte bien loin en arrière dans leur histoire, choisissant, groupant, commentant les faits, citant celui-ci, omettant celui-là , selon quâil était guidé par lâEsprit de Dieu, et tout est rapporté pour parler avec une force et une clarté merveilleuses à la conscience du peuple, afin dâétablir fermement les droits de lâÃternel à leur obéissance absolue.
«Vous garderez donc tout le commandement que je vous commande aujourdâhui, afin que vous soyez forts, et que vous entriez, et que vous possédiez le pays dans lequel vous passez pour le posséder, et afin que vous prolongiez vos jours sur la terre que lâÃternel a juré à vos pères de leur donner, à eux et à leur semence, un pays ruisselant de lait et de miel».
Je prie le lecteur de remarquer la liaison pleine de beauté morale qui existe entre ces deux parties de lâexhortation: «Vous garderez donc tout le commandement» â «afin que vous soyez forts». On acquiert une grande force en obéissant sans réserve à la parole de Dieu. Nous serions disposés à choisir certains commandements ou préceptes qui nous conviennent, et à en laisser dâautres mais de quel droit le ferions-nous? Ne serait-ce pas de la volonté propre et de la rébellion? Un serviteur a-t-il le droit de décider auxquels des ordres de son maître il veut obéir? Assurément non; chacun des ordres est revêtu de lâautorité du maître et demande, par conséquent, lâattention du serviteur. Nous pouvons ajouter, que plus le serviteur obéira implicitement, respectant chacun des ordres qui lui sont donnés, quels quâils soient, plus il croîtra dans lâestime et la confiance de son maître. Nous savons tous combien il est précieux dâavoir des serviteurs en qui nous pouvons nous fier, qui se font un plaisir dâexécuter nos désirs, quâil nâest pas nécessaire de suivre constamment, mais qui connaissent leur devoir et lâaccomplissent. Ne devrions-nous donc pas avoir à cÅur de réjouir notre Maître bien-aimé par une obéissance entière à tous ses commandements? Quel privilège merveilleux pour de pauvres créatures telles que nous, de pouvoir réjouir le cÅur de Celui qui nous a aimés et sâest donné pour nous; mais il en est ainsi, béni soit son nom! Il prend plaisir à ce que nous gardions ses commandements, et cette pensée devrait nous porter à étudier sa Parole, afin dâapprendre toujours plus ce que sont ses commandements pour les faire.
Les paroles de Moïse, citées plus haut, rappellent à notre mémoire la prière de lâapôtre pour «les saints et fidèles frères en Christ, qui étaient à Colosses». «Câest pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons entendu parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher dâune manière digne du Seigneur, pour Lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne Åuvre, et croissant par la connaissance de Dieu: étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie, rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés» (Col. 1:9-14).
En tenant compte de la différence entre ce qui est terrestre et ce qui est céleste â entre Israël et lâÃglise â il y a une grande ressemblance entre les paroles de Moïse et celles de lâapôtre. Les unes et les autres sont de nature à montrer la beauté et le prix dâune obéissance de cÅur envers Dieu. Elle est précieuse au Père et à Christ, et cette considération devrait suffire pour créer et fortifier dans nos cÅurs le désir dâêtre remplis de la connaissance de sa volonté, pour marcher dâune manière digne de Lui, pour Lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne Åuvre, et croissant par la connaissance de Dieu. Comme nous lâavons déjà dit, cela devrait nous pousser à une étude plus diligente de la parole de Dieu, afin dâapprendre toujours mieux à connaître sa volonté, ses pensées, ce qui Lui plaît, en regardant à Lui pour pouvoir lâaccomplir. Alors nos cÅurs seraient gardés près de Lui, et nous trouverions toujours plus dâintérêt à sonder les Ãcritures, non seulement pour croître dans la connaissance de la vérité, mais dans la connaissance de Dieu, de Christ, â dans la connaissance intime, personnelle, pratique, de tout ce qui est renfermé dans Celui en qui habite toute la plénitude de la Divinité corporellement. Oh! puisse lâEsprit de Dieu éveiller en nous un plus vif désir de connaître et de faire la volonté de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ!
Arrêtons-nous maintenant un moment sur le tableau de la terre promise, que Moïse met devant les yeux du peuple. «Car le pays où tu entres pour le posséder nâest pas comme le pays dâÃgypte dâoù vous êtes sortis, où tu semais ta semence et où tu lâarrosais avec ton pied comme un jardin à légumes. Mais le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées; il boit lâeau de la pluie des cieux, â un pays dont lâÃternel, ton Dieu, a soin, sur lequel lâÃternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de lâannée jusquâà la fin de lâannée» (vers. 10-12).
Quel contraste frappant entre lâÃgypte et Canaan! LâÃgypte nâavait pas de pluie des cieux; tout y était travail humain. Il nâen était pas ainsi dans le pays de lâÃternel; le pied de lâhomme nây avait rien à faire, car lâÃternel lui-même en prenait soin, et lâarrosait de la pluie de la première et de la dernière saison. Le pays dâÃgypte dépendait de ses propres ressources, le pays de Canaan ne dépendait que de Dieu â de ce qui descendait des cieux. «Ma rivière est à moi», tel était le langage dâÃgypte. «La rivière de Dieu» était lâespérance de Canaan.
Le Psaume 65 nous présente une belle description du pays de lâÃternel, dans son état de bénédiction: «Tu as visité la terre, tu lâas abreuvée, tu lâenrichis abondamment: le ruisseau de Dieu est plein dâeau. Tu prépares les blés, quand tu lâas ainsi préparée. Tu arroses ses sillons, tu aplanis ses mottes, tu lâamollis par des ondées, tu bénis son germe. Tu couronnes lâannée de ta bonté, et tes sentiers distillent la graisse. Ils distillent sur les pâturages du désert, et les collines se ceignent dâallégresse. Les prairies se revêtent de menu bétail, et les plaines sont couvertes de froment» (vers. 9-13).
Quâil est beau de voir Dieu lui-même répandre ainsi lâabondance sur son peuple, et verser les rayons de son soleil et ses ondées rafraîchissantes sur les collines et les vallées du pays dâIsraël! Cela Lui était agréable, et câétait à la gloire de son nom.
Câest ainsi quâil en aurait toujours été, si Israël avait marché dans lâobéissance à la loi de Dieu. «Et il arrivera que, si vous écoutez attentivement mes commandements que je vous commande aujourdâhui, pour aimer lâÃternel, votre Dieu, et pour le servir de tout votre cÅur et de toute votre âme, alors je donnerai la pluie de votre pays en son temps, la pluie de la première saison et la pluie de la dernière saison; et tu recueilleras ton froment, et ton moût, et ton huile; et je donnerai lâherbe dans tes champs, pour ton bétail; et tu mangeras, et tu seras rassasié» (vers. 13-15).
Rien de plus simple, que ce pacte entre le Dieu dâIsraël et lâIsraël de Dieu. Le privilège dâIsraël était dâaimer et de servir lâÃternel; la prérogative de lâÃternel était de bénir et de faire prospérer Israël. Le bonheur et lâabondance devaient être les résultats assurés de lâobéissance. Le peuple et son pays étaient entièrement sous la dépendance de Dieu; tout ce dont ils avaient besoin devait venir du ciel, câest pourquoi, aussi longtemps quâils marchèrent dans lâobéissance, les pluies bienfaisantes arrosèrent leurs champs et leurs vignes, les cieux distillèrent la rosée et la terre, à son tour, fut fertile et bénie.
Mais, en revanche, lorsque Israël oublia lâÃternel et ses commandements, les cieux devinrent dâairain et la terre de fer; la stérilité, la désolation, la famine et la misère, furent les tristes fruits de la désobéissance. Comment pouvait-il en être autrement? «Si vous êtes de bonne volonté et que vous écoutiez, vous mangerez des biens du pays; mais si vous refusez, et que vous soyez rebelles, vous serez consumés par lâépée; car la bouche de lâÃternel a parlé» (Ãs. 1:19-20).
Il y a dans tout cela une instruction pratique pour lâÃglise de Dieu. Quoique nous ne soyons pas sous la loi, nous sommes appelés à lâobéissance, et dans la mesure où, par grâce, nous y marchons, nous sommes bénis spirituellement, nos âmes sont arrosées, rafraîchies, fortifiées, et nous portons les fruits de justice qui sont, par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.
En rapport avec ce sujet, lisons le commencement du chap. 15 de Jean (vers. 1-10), passage qui demande la sérieuse attention de tout sincère enfant de Dieu.
Ce passage a été le sujet de maintes controverses théologiques, et cependant il est aussi clair que pratique et nâa besoin que dâêtre pris dans sa simplicité toute divine. Si lâon y cherche un sens qui ne sây trouve pas, il devient obscur, et lâon en perd la véritable application. Nous avons donc ici Christ, le vrai Cep, prenant la place dâIsraël qui était devenu pour lâÃternel le plant dégénéré dâun cep étranger. La scène de la parabole est évidemment sur la terre et non dans le ciel; il nây a dans le ciel, ni vignes, ni cultivateurs. En outre, notre Seigneur dit «Je suis le vrai cep». Lâimage est très claire. Ce nâest point la Tête et ses membres, mais un cep et ses sarments. De plus, le sujet de la parabole est aussi clair que la parabole elle-même; il ne sâagit pas de la vie éternelle, mais de porter du fruit. Si on se souvenait de cela, on comprendrait mieux ce passage si souvent mal interprété.
En résumé, lâimage du cep et de ses sarments nous enseigne que le secret pour porter du fruit, câest de demeurer en Christ, et le moyen de demeurer en Christ, câest de garder ses commandements. «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi jâai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour». Cela simplifie tout. Le moyen de porter du fruit en sa saison, câest de demeurer dans lâamour de Christ, et nous montrons que nous sommes dans cette position bénie, en gardant ses commandements dans nos cÅurs et en y obéissant volontairement. Il ne sâagit pas de nous agiter, poussés par nos propres pensées, ni de faire des efforts avec un zèle tout charnel, pour montrer notre dévouement; non, il sâagit de quelque chose dâentièrement différent; câest la calme et sainte obéissance du cÅur envers notre Seigneur bien-aimé, afin de lui être agréables et de glorifier son nom.
Lecteur, méditons sérieusement ce grand sujet du cep et de ses fruits, et puissions-nous le comprendre mieux! On se trompe souvent sur ce sujet. Il est à craindre que bien des choses qui passent pour du fruit dans la chrétienté, ne soient pas reconnues pour tel dans la présence de Dieu, car Dieu ne peut reconnaître comme fruit que ce qui provient directement du fait quâon demeure en Christ. On peut se faire un nom parmi les hommes, par son zèle, son activité et son dévouement; on peut se distinguer comme grand prédicateur, avoir le nom de bon ouvrier dans la vigne, être un grand philanthrope ou réformateur dâabus; on peut employer sa fortune à aider aux Åuvres de bienfaisance chrétienne, et avec tout cela ne pas produire une seule grappe de fruit qui soit acceptable au cÅur du Père.
Et, dâun autre côté, il se peut que notre lot ici-bas soit de rester dans lâobscurité et la solitude; il se peut que le monde et lâéglise professante tiennent fort peu compte de nous; il peut sembler que nous ne laissons quâune bien faible trace sur les sables du temps, mais si nous demeurons en Christ, dans son amour, si nous serrons ses précieuses paroles dans notre cÅur, et que nous obéissions de bon cÅur à ses commandements, alors nous porterons du fruit en sa saison, notre Père sera glorifié, et nous croîtrons dans la connaissance pratique de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
à la fin de notre chapitre, Moïse insiste auprès du peuple en termes solennels, sur lâurgente nécessité de la vigilance et du zèle en ce qui concernait les statuts et les jugements de lâÃternel, leur Dieu. Le fidèle serviteur de Dieu, véritable ami du peuple, était infatigable dans ses efforts pour lâencourager à cette obéissance du cÅur, quâil savait être pour Israël la source du bonheur et de la prospérité; et de même que notre Seigneur avertit ses disciples en leur montrant le jugement solennel du sarment stérile, de même Moïse avertit le peuple des conséquences certaines et terribles de la désobéissance.
«Prenez garde à vous, de peur que votre cÅur ne soit séduit, et que vous ne vous détourniez, et ne serviez dâautres dieux et ne vous prosterniez devant eux». Nous voyons là la pente fatale qui conduit au mal. Le cÅur séduit voilà le commencement de tout déclin. «Et que vous ne vous détourniez». Les pieds suivent toujours le cÅur de là vient la nécessité de garder le cÅur avec soin. Câest la citadelle de tout lâêtre moral; tant quâon la garde pour le Seigneur, lâennemi nâobtiendra aucun avantage, mais aussitôt quâon la néglige, tout est perdu, et lâon se détourne. Lâéloignement secret du cÅur se montre par les faits on sert et lâon adore «dâautres dieux».
«Et que la colère de lâÃternel ne sâembrase contre vous, et quâil ne ferme les cieux, en sorte quâil nây ait pas de pluie, et que la terre ne donne pas son rapport, et que vous périssiez rapidement de dessus ce bon pays que lâÃternel vous donne». Quelle stérilité, quelle désolation il doit y avoir, lorsque le ciel est fermé! Pas dâondées rafraîchissantes, pas de rosée bienfaisante, aucune communication entre le ciel et la terre. Hélas combien de fois Israël nâeut-il pas à éprouver la terrible réalité de ces paroles: «Il change les fleuves en désert, et les sources dâeaux en sols arides, la terre fertile en terre salée, à cause de lâiniquité de ceux qui y habitent» (Ps. 107:33-34).
La terre stérile et le désert ne sont-ils pas lâimage frappante dâune âme qui a perdu la communion, pour avoir désobéi aux précieux commandements de Christ? Une telle âme nâa pas de communication rafraîchissante avec le ciel â pas dâondées bienfaisantes â pas de sentiment de la valeur de Christ pour le cÅur, pas de ministère béni du Saint Esprit pour lââme; la Bible semble un livre scellé; tout est sombre, triste et désolé. Rien dans le monde de plus misérable quâune âme dans cet état! Puissions-nous, cher lecteur, nâen jamais faire lâexpérience! Puissions-nous incliner nos oreilles pour écouter les ferventes exhortations adressées par Moïse au peuple dâIsraël! Leur à propos est si frappant, elles sont si utiles, si nécessaires, dans ces jours de froide indifférence et dâinsubordination positive. Elles placent devant nous le remède divin aux maux auxquels lâÃglise de Dieu est exposée en ce moment même â moment critique et solennel au-delà de toute conception humaine.
«Et mettez ces miennes paroles dans votre cÅur et dans votre âme, et liez-les pour signes sur vos mains, et quâelles soient comme des fronteaux entre vos yeux; et vous les enseignerez à vos fils, en leur parlant, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras; et tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes, afin que vos jours et les jours de vos fils, sur la terre que lâÃternel a juré à vos pères de leur donner, soient multipliés comme les jours des cieux qui sont au-dessus de la terre».
Jours bénis! et combien le cÅur de Moïse désirait que le peuple pût jouir de beaucoup de jours semblables! La condition était bien simple. Il ne sâagissait pas dâun joug pesant à porter, mais du précieux privilège de garder les commandements de lâÃternel, leur Dieu, dans leurs cÅurs, et de vivre dans la pure atmosphère de sa sainte Parole. Tout dépendait de cela. Toutes les bénédictions du pays de Canaan â de ce bon pays, découlant de lait et de miel, de ce pays sur lequel les yeux de lâÃternel se reposaient toujours avec une tendre sollicitude â tous ses fruits précieux, tous ses rares privilèges, devaient être à eux à perpétuité, à la seule et simple condition dâobéir à la parole du Dieu de leur alliance.
«Car si vous gardez soigneusement tout ce commandement que je vous commande, pour le pratiquer, en aimant lâÃternel, votre Dieu, en marchant dans toutes ses voies et en vous attachant à Lui, lâÃternel dépossédera toutes ses nations devant vous; et vous prendrez possession de nations plus grandes et plus fortes que vous». En un mot, une victoire sûre et certaine les attendait; la destruction de tous leurs ennemis et de tous les obstacles, et une entrée triomphante dans la terre promise, leur étaient assurées à condition quâils obéissent cordialement aux statuts et aux commandements les plus précieux, qui eussent jamais été adressés au cÅur de lâhomme â statuts et jugements qui tous étaient la voix même de leur Libérateur.
«Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous votre limite sera depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve, le fleuve Euphrate, jusquâà la mer dâoccident. Personne ne pourra tenir devant vous; lâÃternel, votre Dieu, mettra la frayeur et la crainte de vous sur la face de tout le pays que vous foulerez, comme il vous lâa dit».
Là était le côté divin de la question. Tout le pays était devant eux, dans sa longueur et sa largeur; ils nâavaient quâà en prendre possession comme dâun don gratuit de Dieu; ils nâavaient quâà poser leur pied avec foi et confiance sur ce bel héritage, que la grâce souveraine leur avait destiné. Nous voyons tout cela accompli dans le livre de Josué, au chapitre 11, où nous lisons: «Et Josué prit tout le pays, selon tout ce que lâÃternel avait dit à Moïse; et Josué le donna en héritage à Israël, selon leurs distributions, selon leurs tribus. Et le pays se reposa de la guerre»1 (verset 23).
1 Il est hors de doute que ce fut par la foi que Josué prit tout le pays, et il ne pouvait prendre moins. Mais quant à la possession de fait, le chap. 13, vers. 1, montre «quâil restait un très grand pays à posséder».
Mais, hélas! il y avait aussi le côté humain de la question. La possession de Canaan, promise par lâÃternel, et réalisée par la foi de Josué, était une chose; Canaan possédé par Israël était une autre chose toute différente. De là , la grande différence quâil y a entre Josué et les Juges. En Josué, nous voyons la fidélité infaillible, de Dieu quant à sa promesse; dans les Juges, nous voyons les misérables chutes dâIsraël, dès le début, Dieu avait donné sa parole que nul ne pourrait subsister devant eux, et lâépée de Josué â type du grand Capitaine de notre salut â accomplit cette promesse jusquâà un iota et un trait de lettre. Mais le livre des Juges nous raconte le triste fait quâIsraël ne put pas chasser lâennemi, ni prendre possession de lâhéritage divin, dans toute sa royale magnificence.
Eh bien! la promesse de Dieu a-t-elle fait défaut? Non, mais ce qui se montre, câest la complète impuissance de lâhomme. à «Guilgal», lâétendard de la victoire flottait au-dessus des douze tribus, ayant leur invincible capitaine à leur tête. à «Bokim», le peuple pleure sur la lamentable ruine dâIsraël.
Nous voyons partout ces deux choses dans le volume divin, et elles ne sont nullement difficiles à comprendre. Lâhomme ne sait pas sâélever à la hauteur de la révélation divine, et prendre possession de ce que la grâce lui donne. Cela est aussi vrai dans lâhistoire de lâÃglise que dans celle dâIsraël. Dans le Nouveau Testament, comme dans lâAncien, nous avons les Juges et Josué.
Nous voyons la même chose dans lâhistoire de chaque individu, membre de lâÃglise. Où est le chrétien, dont la vie soit à la hauteur de ses privilèges spirituels? Où est lâenfant de Dieu, qui nâa pas à déplorer combien peu il apprécie réellement les grands et saints privilèges de lâappel dont Dieu lâa appelé? Mais cela nâanéantit pas la vérité de Dieu. Sa parole subsiste dans toute son intégrité et reste stable à jamais. De même que dans le cas dâIsraël, le pays de la promesse était sous leurs yeux dans toute son étendue et dans toute sa beauté, et, quâen outre, ils pouvaient compter sur la fidélité et la toute-puissance de Dieu pour les y faire entrer et leur en donner la pleine possession, â de même, nous sommes «bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ»; il nây a aucune limite aux privilèges qui sont liés à notre position, et la jouissance que nous en avons dépend de la foi qui nous fait prendre possession de tout ce que Dieu, dans sa grâce souveraine, a fait nôtre en Christ.
Nâoublions jamais que câest le privilège du chrétien de vivre à la hauteur de la révélation divine. Il nây a pas dâexcuse pour une marche relâchée, pour une vie superficielle. Nous nâavons pas le droit de dire que nous ne pouvons pas réaliser la plénitude de notre portion en Christ, que la bannière est trop élevée, les privilèges trop vastes, que nous ne pouvons espérer de jouir de bénédictions si merveilleuses dans notre état actuel dâimperfection.
Tout cela nâest pas autre chose que de lâincrédulité, et devrait être considéré comme tel par tout vrai chrétien. La question est la grâce de Dieu nous a-t-elle accordé ces privilèges? la mort de Christ nous y a-t-elle donné droit? Le Saint Esprit a-t-il déclaré quâils sont le partage du membre le plus faible du corps de Christ? Sâil en est ainsi â et lâÃcriture le déclare â pourquoi nâen jouirions-nous pas? Du côté de Dieu, il nây a pas dâobstacles. Câest le désir de son cÅur que nous possédions la plénitude de notre portion en Christ. Ãcoutons les vÅux ardents que forme lâapôtre en faveur des saints à Ãphèse, et de tous les saints (Ãph. 1:18-23).
Cette merveilleuse prière nous montre avec quelle ferveur lâEsprit de Dieu souhaite que nous comprenions et jouissions des glorieux privilèges de la vraie position chrétienne. Par son précieux et divin ministère, il voudrait maintenir nos cÅurs à cette hauteur bénie, mais, hélas! comme Israël, nous lâaffligeons par notre coupable incrédulité, et nous privons nos propres âmes dâincalculables bénédictions.
Toutefois, le Dieu de toute grâce, le Père de gloire, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, accomplira chaque trait de lettre de sa précieuse Parole, à lâégard de son peuple terrestre, aussi bien que de son peuple céleste. Israël jouira pleinement de toutes les bénédictions qui lui sont assurées par lâalliance éternelle, et lâÃglise goûtera les fruits excellents de tout ce que lâamour éternel et les conseils divins ont préparé pour elle en Christ. De plus, le Consolateur peut et veut mettre chaque croyant dans la jouissance actuelle de lâespérance du glorieux appel de Dieu et dans la puissance pratique de cette espérance, pour détacher le cÅur des choses présentes et pour le mettre à part pour Dieu, en vraie sainteté.
Puissent nos cÅurs désirer avec plus dâardeur la complète réalisation de ces choses, et puissions-nous vivre davantage comme ceux qui trouvent leur part et leur repos dans un Christ ressuscité et glorifié! Que Dieu, dans son infinie bonté, le fasse au nom et pour la gloire de son Fils Jésus Christ!
Les derniers versets de notre chapitre terminent la première section du livre du Deutéronome. Elle consiste, comme le lecteur lâaura remarqué, en une série de discours adressés par Moïse à la congrégation dâIsraël. Les dernières exhortations; en parfait accord avec le reste, insistent sur la nécessité de lâobéissance, sujet sur lequel ne se lasse pas de revenir le serviteur de Dieu, dans ses touchants discours dâadieu au peuple.
«Regarde, je mets aujourdâhui devant vous la bénédiction et la malédiction: la bénédiction, si vous écoutez les commandements de lâÃternel, votre Dieu, que je vous commande aujourdâhui; la malédiction, si vous nâécoutez pas les commandements de lâÃternel, votre Dieu, et si vous vous détournez du chemin que je vous commande aujourdâhui, pour aller après dâautres dieux, que vous nâavez pas connus. Et il arrivera que, quand lâÃternel, ton Dieu, tâaura fait entrer dans le pays où tu vas pour le posséder, tu mettras la bénédiction sur la montagne de Garizim, et la malédiction sur la montagne dâÃbal. Ces montagnes ne sont-elles pas de lâautre côté du Jourdain, par-delà le chemin du soleil couchant, qui traverse le pays des Cananéens qui habitent dans la plaine, vis-à -vis de Guilgal, à côté des chênes de Moré? Car vous allez passer le Jourdain pour entrer, pour posséder le pays que lâÃternel, votre Dieu, vous donne; vous le posséderez, et vous y habiterez. Et vous prendrez garde à pratiquer tous les statuts et les ordonnances que je mets aujourdâhui devant vous» (vers. 26-32).
Nous avons ici le résumé de tout. La bénédiction est liée à lâobéissance, la malédiction à la désobéissance. La montagne de Garizim est vis-à -vis de la montagne dâÃbal â fertilité et stérilité. â Nous verrons, quand nous en serons au chapitre 27, que la montagne de Garizim et ses bénédictions sont entièrement laissées de côté; les malédictions de la montagne dâÃbal frappent lâoreille dâIsraël, tandis quâun silence terrible règne sur la montagne de Garizim. «Tous ceux qui sont sur le principe des Åuvres de loi, sont sous malédiction» (Gal. 3:10). La bénédiction dâAbraham ne peut venir que sur ceux qui sont sur le terrain de la foi. Mais nous développerons ce sujet par la suite.
versets 1-32
«Tu aimeras donc lâÃternel, ton Dieu, et tu garderas ce quâil te donne à garder, et ses statuts, et ses ordonnances, et ses commandements, toujours. Et vous savez aujourdâhui,⦠car je ne parle pas à vos fils, qui nâont pas connu et nâont pas vu le châtiment de lâÃternel, votre Dieu, sa grandeur, sa main forte, et son bras étendu, et ses signes et ses Åuvres, quâil a faits au milieu de lâÃgypte, au Pharaon, roi dâÃgypte, et à tout son pays; et ce quâil a fait à lâarmée de lâÃgypte, à ses chevaux et à ses chars, sur lesquels il a fait déborder les eaux de la mer Rouge, lorsquâils vous poursuivaient, et lâÃternel les a fait périr, jusquâà aujourdâhui; â et ce quâil vous a fait dans le désert, jusquâà ce que vous soyez arrivés en ce lieu-ci; et ce quâil a fait à Dathan et à Abiram, les fils dâÃliab, fils de Ruben, quand la terre ouvrit sa bouche, et les engloutit, avec leurs maisons et leurs tentes et tout ce qui était à leur suite, au milieu de tout Israël; car ce sont vos yeux qui ont vu toute la grande Åuvre de lâÃternel, quâil a faite».
Moïse sentait quâil était de toute importance que les grandes Åuvres de lâÃternel demeurent toujours devant les yeux des enfants dâIsraël, et restent profondément gravées dans leur mémoire. Le pauvre esprit humain est vagabond et le cÅur léger, et malgré tout ce quâIsraël avait vu des jugements de Dieu sur lâÃgypte et sur Pharaon, il était en danger de les oublier, et de laisser effacer lâimpression quâils avaient été destinés à produire sur lui.
Nous sommes portés à nous étonner que les Israélites puissent oublier les scènes mémorables de leur séjour en Ãgypte, â le fait que leurs pères y étaient descendus, une petite poignée dâhommes, et quâils sây étaient accrus malgré de formidables obstacles, tellement quâils étaient devenus, avec lâaide de leur Dieu, aussi nombreux que les étoiles du ciel.
Et ces dix plaies sur la terre dâÃgypte! Quâelles avaient été terribles et solennelles, et bien propres à donner une idée de la grande puissance de Dieu, du néant de lâhomme, malgré toute sa prétendue sagesse, sa force et sa gloire, et à montrer lâinsigne folie quâil y a à vouloir sâopposer au Dieu Tout-Puissant! Quâétait toute la puissance de Pharaon et de lâÃgypte, en présence de lâÃternel, le Dieu dâIsraël? En un instant, tout avait été plongé dans la ruine et la désolation. Tous les chariots dâÃgypte, toute la pompe et la gloire, toute la valeur et la puissance de cette antique et fameuse nation â tout avait été englouti dans les profondeurs de la mer.
Et pourquoi? Parce quâils avaient osé toucher à lâIsraël de Dieu; ils avaient osé sâopposer au dessein arrêté et aux conseils du Très-Haut. Ils avaient tenté dâécraser ceux en qui il avait mis son bon plaisir. Il avait juré de bénir la postérité dâAbraham, et aucune puissance de la terre ou de lâenfer ne pouvait annuler son serment. Pharaon, dans son orgueil et dans la dureté de son cÅur, avait cherché à contrecarrer les conseils divins, mais ce fut pour sa perte. Son pays entièrement bouleversé, et lui-même et sa puissante armée engloutis dans la mer Rouge: exemple solennel pour tous ceux qui chercheraient dorénavant à sâopposer aux conseils de lâÃternel en bénédiction envers la semence dâAbraham, son ami.
Et ce nâétait pas seulement ce que lâÃternel avait fait à lâÃgypte et à Pharaon, que le peuple devait se rappeler, mais encore ce quâil avait fait parmi eux. Quelle leçon que le jugement exécuté sur Dathan et Abiram et leurs familles! Quel châtiment terrible leur fut infligé! Et pour quelle raison? à cause de leur rébellion contre ce que Dieu avait établi. Dans le récit que nous donne le livre des Nombres, le lévite Coré joue le rôle principal; ici il nâest pas mentionné, mais bien deux Rubénites, membres de la congrégation, parce que Moïse cherche à agir sur lâensemble du peuple, en plaçant devant eux la conséquence terrible de lâinsubordination chez deux dâentre eux, deux simples membres, comme nous dirions, et pas seulement chez un Lévite occupant une place privilégiée.
Ainsi, soit que lâattention des Israélites fût attirée sur les dispensations divines envers les autres peuples ou envers eux-mêmes, le but de Moïse était toujours dâimprimer dans leurs cÅurs et leurs esprits, le sentiment profond de lâobéissance. Voilà à quoi tendaient toutes les répétitions, les commentaires et les exhortations du fidèle serviteur de Dieu, qui allait bientôt quitter le peuple dâIsraël. Câest pour cela quâil remonte bien loin en arrière dans leur histoire, choisissant, groupant, commentant les faits, citant celui-ci, omettant celui-là , selon quâil était guidé par lâEsprit de Dieu, et tout est rapporté pour parler avec une force et une clarté merveilleuses à la conscience du peuple, afin dâétablir fermement les droits de lâÃternel à leur obéissance absolue.
«Vous garderez donc tout le commandement que je vous commande aujourdâhui, afin que vous soyez forts, et que vous entriez, et que vous possédiez le pays dans lequel vous passez pour le posséder, et afin que vous prolongiez vos jours sur la terre que lâÃternel a juré à vos pères de leur donner, à eux et à leur semence, un pays ruisselant de lait et de miel».
Je prie le lecteur de remarquer la liaison pleine de beauté morale qui existe entre ces deux parties de lâexhortation: «Vous garderez donc tout le commandement» â «afin que vous soyez forts». On acquiert une grande force en obéissant sans réserve à la parole de Dieu. Nous serions disposés à choisir certains commandements ou préceptes qui nous conviennent, et à en laisser dâautres mais de quel droit le ferions-nous? Ne serait-ce pas de la volonté propre et de la rébellion? Un serviteur a-t-il le droit de décider auxquels des ordres de son maître il veut obéir? Assurément non; chacun des ordres est revêtu de lâautorité du maître et demande, par conséquent, lâattention du serviteur. Nous pouvons ajouter, que plus le serviteur obéira implicitement, respectant chacun des ordres qui lui sont donnés, quels quâils soient, plus il croîtra dans lâestime et la confiance de son maître. Nous savons tous combien il est précieux dâavoir des serviteurs en qui nous pouvons nous fier, qui se font un plaisir dâexécuter nos désirs, quâil nâest pas nécessaire de suivre constamment, mais qui connaissent leur devoir et lâaccomplissent. Ne devrions-nous donc pas avoir à cÅur de réjouir notre Maître bien-aimé par une obéissance entière à tous ses commandements? Quel privilège merveilleux pour de pauvres créatures telles que nous, de pouvoir réjouir le cÅur de Celui qui nous a aimés et sâest donné pour nous; mais il en est ainsi, béni soit son nom! Il prend plaisir à ce que nous gardions ses commandements, et cette pensée devrait nous porter à étudier sa Parole, afin dâapprendre toujours plus ce que sont ses commandements pour les faire.
Les paroles de Moïse, citées plus haut, rappellent à notre mémoire la prière de lâapôtre pour «les saints et fidèles frères en Christ, qui étaient à Colosses». «Câest pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons entendu parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher dâune manière digne du Seigneur, pour Lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne Åuvre, et croissant par la connaissance de Dieu: étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie, rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière; qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés» (Col. 1:9-14).
En tenant compte de la différence entre ce qui est terrestre et ce qui est céleste â entre Israël et lâÃglise â il y a une grande ressemblance entre les paroles de Moïse et celles de lâapôtre. Les unes et les autres sont de nature à montrer la beauté et le prix dâune obéissance de cÅur envers Dieu. Elle est précieuse au Père et à Christ, et cette considération devrait suffire pour créer et fortifier dans nos cÅurs le désir dâêtre remplis de la connaissance de sa volonté, pour marcher dâune manière digne de Lui, pour Lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne Åuvre, et croissant par la connaissance de Dieu. Comme nous lâavons déjà dit, cela devrait nous pousser à une étude plus diligente de la parole de Dieu, afin dâapprendre toujours mieux à connaître sa volonté, ses pensées, ce qui Lui plaît, en regardant à Lui pour pouvoir lâaccomplir. Alors nos cÅurs seraient gardés près de Lui, et nous trouverions toujours plus dâintérêt à sonder les Ãcritures, non seulement pour croître dans la connaissance de la vérité, mais dans la connaissance de Dieu, de Christ, â dans la connaissance intime, personnelle, pratique, de tout ce qui est renfermé dans Celui en qui habite toute la plénitude de la Divinité corporellement. Oh! puisse lâEsprit de Dieu éveiller en nous un plus vif désir de connaître et de faire la volonté de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ!
Arrêtons-nous maintenant un moment sur le tableau de la terre promise, que Moïse met devant les yeux du peuple. «Car le pays où tu entres pour le posséder nâest pas comme le pays dâÃgypte dâoù vous êtes sortis, où tu semais ta semence et où tu lâarrosais avec ton pied comme un jardin à légumes. Mais le pays dans lequel vous allez passer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées; il boit lâeau de la pluie des cieux, â un pays dont lâÃternel, ton Dieu, a soin, sur lequel lâÃternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de lâannée jusquâà la fin de lâannée» (vers. 10-12).
Quel contraste frappant entre lâÃgypte et Canaan! LâÃgypte nâavait pas de pluie des cieux; tout y était travail humain. Il nâen était pas ainsi dans le pays de lâÃternel; le pied de lâhomme nây avait rien à faire, car lâÃternel lui-même en prenait soin, et lâarrosait de la pluie de la première et de la dernière saison. Le pays dâÃgypte dépendait de ses propres ressources, le pays de Canaan ne dépendait que de Dieu â de ce qui descendait des cieux. «Ma rivière est à moi», tel était le langage dâÃgypte. «La rivière de Dieu» était lâespérance de Canaan.
Le Psaume 65 nous présente une belle description du pays de lâÃternel, dans son état de bénédiction: «Tu as visité la terre, tu lâas abreuvée, tu lâenrichis abondamment: le ruisseau de Dieu est plein dâeau. Tu prépares les blés, quand tu lâas ainsi préparée. Tu arroses ses sillons, tu aplanis ses mottes, tu lâamollis par des ondées, tu bénis son germe. Tu couronnes lâannée de ta bonté, et tes sentiers distillent la graisse. Ils distillent sur les pâturages du désert, et les collines se ceignent dâallégresse. Les prairies se revêtent de menu bétail, et les plaines sont couvertes de froment» (vers. 9-13).
Quâil est beau de voir Dieu lui-même répandre ainsi lâabondance sur son peuple, et verser les rayons de son soleil et ses ondées rafraîchissantes sur les collines et les vallées du pays dâIsraël! Cela Lui était agréable, et câétait à la gloire de son nom.
Câest ainsi quâil en aurait toujours été, si Israël avait marché dans lâobéissance à la loi de Dieu. «Et il arrivera que, si vous écoutez attentivement mes commandements que je vous commande aujourdâhui, pour aimer lâÃternel, votre Dieu, et pour le servir de tout votre cÅur et de toute votre âme, alors je donnerai la pluie de votre pays en son temps, la pluie de la première saison et la pluie de la dernière saison; et tu recueilleras ton froment, et ton moût, et ton huile; et je donnerai lâherbe dans tes champs, pour ton bétail; et tu mangeras, et tu seras rassasié» (vers. 13-15).
Rien de plus simple, que ce pacte entre le Dieu dâIsraël et lâIsraël de Dieu. Le privilège dâIsraël était dâaimer et de servir lâÃternel; la prérogative de lâÃternel était de bénir et de faire prospérer Israël. Le bonheur et lâabondance devaient être les résultats assurés de lâobéissance. Le peuple et son pays étaient entièrement sous la dépendance de Dieu; tout ce dont ils avaient besoin devait venir du ciel, câest pourquoi, aussi longtemps quâils marchèrent dans lâobéissance, les pluies bienfaisantes arrosèrent leurs champs et leurs vignes, les cieux distillèrent la rosée et la terre, à son tour, fut fertile et bénie.
Mais, en revanche, lorsque Israël oublia lâÃternel et ses commandements, les cieux devinrent dâairain et la terre de fer; la stérilité, la désolation, la famine et la misère, furent les tristes fruits de la désobéissance. Comment pouvait-il en être autrement? «Si vous êtes de bonne volonté et que vous écoutiez, vous mangerez des biens du pays; mais si vous refusez, et que vous soyez rebelles, vous serez consumés par lâépée; car la bouche de lâÃternel a parlé» (Ãs. 1:19-20).
Il y a dans tout cela une instruction pratique pour lâÃglise de Dieu. Quoique nous ne soyons pas sous la loi, nous sommes appelés à lâobéissance, et dans la mesure où, par grâce, nous y marchons, nous sommes bénis spirituellement, nos âmes sont arrosées, rafraîchies, fortifiées, et nous portons les fruits de justice qui sont, par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu.
En rapport avec ce sujet, lisons le commencement du chap. 15 de Jean (vers. 1-10), passage qui demande la sérieuse attention de tout sincère enfant de Dieu.
Ce passage a été le sujet de maintes controverses théologiques, et cependant il est aussi clair que pratique et nâa besoin que dâêtre pris dans sa simplicité toute divine. Si lâon y cherche un sens qui ne sây trouve pas, il devient obscur, et lâon en perd la véritable application. Nous avons donc ici Christ, le vrai Cep, prenant la place dâIsraël qui était devenu pour lâÃternel le plant dégénéré dâun cep étranger. La scène de la parabole est évidemment sur la terre et non dans le ciel; il nây a dans le ciel, ni vignes, ni cultivateurs. En outre, notre Seigneur dit «Je suis le vrai cep». Lâimage est très claire. Ce nâest point la Tête et ses membres, mais un cep et ses sarments. De plus, le sujet de la parabole est aussi clair que la parabole elle-même; il ne sâagit pas de la vie éternelle, mais de porter du fruit. Si on se souvenait de cela, on comprendrait mieux ce passage si souvent mal interprété.
En résumé, lâimage du cep et de ses sarments nous enseigne que le secret pour porter du fruit, câest de demeurer en Christ, et le moyen de demeurer en Christ, câest de garder ses commandements. «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour; comme moi jâai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour». Cela simplifie tout. Le moyen de porter du fruit en sa saison, câest de demeurer dans lâamour de Christ, et nous montrons que nous sommes dans cette position bénie, en gardant ses commandements dans nos cÅurs et en y obéissant volontairement. Il ne sâagit pas de nous agiter, poussés par nos propres pensées, ni de faire des efforts avec un zèle tout charnel, pour montrer notre dévouement; non, il sâagit de quelque chose dâentièrement différent; câest la calme et sainte obéissance du cÅur envers notre Seigneur bien-aimé, afin de lui être agréables et de glorifier son nom.
Lecteur, méditons sérieusement ce grand sujet du cep et de ses fruits, et puissions-nous le comprendre mieux! On se trompe souvent sur ce sujet. Il est à craindre que bien des choses qui passent pour du fruit dans la chrétienté, ne soient pas reconnues pour tel dans la présence de Dieu, car Dieu ne peut reconnaître comme fruit que ce qui provient directement du fait quâon demeure en Christ. On peut se faire un nom parmi les hommes, par son zèle, son activité et son dévouement; on peut se distinguer comme grand prédicateur, avoir le nom de bon ouvrier dans la vigne, être un grand philanthrope ou réformateur dâabus; on peut employer sa fortune à aider aux Åuvres de bienfaisance chrétienne, et avec tout cela ne pas produire une seule grappe de fruit qui soit acceptable au cÅur du Père.
Et, dâun autre côté, il se peut que notre lot ici-bas soit de rester dans lâobscurité et la solitude; il se peut que le monde et lâéglise professante tiennent fort peu compte de nous; il peut sembler que nous ne laissons quâune bien faible trace sur les sables du temps, mais si nous demeurons en Christ, dans son amour, si nous serrons ses précieuses paroles dans notre cÅur, et que nous obéissions de bon cÅur à ses commandements, alors nous porterons du fruit en sa saison, notre Père sera glorifié, et nous croîtrons dans la connaissance pratique de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
à la fin de notre chapitre, Moïse insiste auprès du peuple en termes solennels, sur lâurgente nécessité de la vigilance et du zèle en ce qui concernait les statuts et les jugements de lâÃternel, leur Dieu. Le fidèle serviteur de Dieu, véritable ami du peuple, était infatigable dans ses efforts pour lâencourager à cette obéissance du cÅur, quâil savait être pour Israël la source du bonheur et de la prospérité; et de même que notre Seigneur avertit ses disciples en leur montrant le jugement solennel du sarment stérile, de même Moïse avertit le peuple des conséquences certaines et terribles de la désobéissance.
«Prenez garde à vous, de peur que votre cÅur ne soit séduit, et que vous ne vous détourniez, et ne serviez dâautres dieux et ne vous prosterniez devant eux». Nous voyons là la pente fatale qui conduit au mal. Le cÅur séduit voilà le commencement de tout déclin. «Et que vous ne vous détourniez». Les pieds suivent toujours le cÅur de là vient la nécessité de garder le cÅur avec soin. Câest la citadelle de tout lâêtre moral; tant quâon la garde pour le Seigneur, lâennemi nâobtiendra aucun avantage, mais aussitôt quâon la néglige, tout est perdu, et lâon se détourne. Lâéloignement secret du cÅur se montre par les faits on sert et lâon adore «dâautres dieux».
«Et que la colère de lâÃternel ne sâembrase contre vous, et quâil ne ferme les cieux, en sorte quâil nây ait pas de pluie, et que la terre ne donne pas son rapport, et que vous périssiez rapidement de dessus ce bon pays que lâÃternel vous donne». Quelle stérilité, quelle désolation il doit y avoir, lorsque le ciel est fermé! Pas dâondées rafraîchissantes, pas de rosée bienfaisante, aucune communication entre le ciel et la terre. Hélas combien de fois Israël nâeut-il pas à éprouver la terrible réalité de ces paroles: «Il change les fleuves en désert, et les sources dâeaux en sols arides, la terre fertile en terre salée, à cause de lâiniquité de ceux qui y habitent» (Ps. 107:33-34).
La terre stérile et le désert ne sont-ils pas lâimage frappante dâune âme qui a perdu la communion, pour avoir désobéi aux précieux commandements de Christ? Une telle âme nâa pas de communication rafraîchissante avec le ciel â pas dâondées bienfaisantes â pas de sentiment de la valeur de Christ pour le cÅur, pas de ministère béni du Saint Esprit pour lââme; la Bible semble un livre scellé; tout est sombre, triste et désolé. Rien dans le monde de plus misérable quâune âme dans cet état! Puissions-nous, cher lecteur, nâen jamais faire lâexpérience! Puissions-nous incliner nos oreilles pour écouter les ferventes exhortations adressées par Moïse au peuple dâIsraël! Leur à propos est si frappant, elles sont si utiles, si nécessaires, dans ces jours de froide indifférence et dâinsubordination positive. Elles placent devant nous le remède divin aux maux auxquels lâÃglise de Dieu est exposée en ce moment même â moment critique et solennel au-delà de toute conception humaine.
«Et mettez ces miennes paroles dans votre cÅur et dans votre âme, et liez-les pour signes sur vos mains, et quâelles soient comme des fronteaux entre vos yeux; et vous les enseignerez à vos fils, en leur parlant, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras; et tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes, afin que vos jours et les jours de vos fils, sur la terre que lâÃternel a juré à vos pères de leur donner, soient multipliés comme les jours des cieux qui sont au-dessus de la terre».
Jours bénis! et combien le cÅur de Moïse désirait que le peuple pût jouir de beaucoup de jours semblables! La condition était bien simple. Il ne sâagissait pas dâun joug pesant à porter, mais du précieux privilège de garder les commandements de lâÃternel, leur Dieu, dans leurs cÅurs, et de vivre dans la pure atmosphère de sa sainte Parole. Tout dépendait de cela. Toutes les bénédictions du pays de Canaan â de ce bon pays, découlant de lait et de miel, de ce pays sur lequel les yeux de lâÃternel se reposaient toujours avec une tendre sollicitude â tous ses fruits précieux, tous ses rares privilèges, devaient être à eux à perpétuité, à la seule et simple condition dâobéir à la parole du Dieu de leur alliance.
«Car si vous gardez soigneusement tout ce commandement que je vous commande, pour le pratiquer, en aimant lâÃternel, votre Dieu, en marchant dans toutes ses voies et en vous attachant à Lui, lâÃternel dépossédera toutes ses nations devant vous; et vous prendrez possession de nations plus grandes et plus fortes que vous». En un mot, une victoire sûre et certaine les attendait; la destruction de tous leurs ennemis et de tous les obstacles, et une entrée triomphante dans la terre promise, leur étaient assurées à condition quâils obéissent cordialement aux statuts et aux commandements les plus précieux, qui eussent jamais été adressés au cÅur de lâhomme â statuts et jugements qui tous étaient la voix même de leur Libérateur.
«Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous votre limite sera depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve, le fleuve Euphrate, jusquâà la mer dâoccident. Personne ne pourra tenir devant vous; lâÃternel, votre Dieu, mettra la frayeur et la crainte de vous sur la face de tout le pays que vous foulerez, comme il vous lâa dit».
Là était le côté divin de la question. Tout le pays était devant eux, dans sa longueur et sa largeur; ils nâavaient quâà en prendre possession comme dâun don gratuit de Dieu; ils nâavaient quâà poser leur pied avec foi et confiance sur ce bel héritage, que la grâce souveraine leur avait destiné. Nous voyons tout cela accompli dans le livre de Josué, au chapitre 11, où nous lisons: «Et Josué prit tout le pays, selon tout ce que lâÃternel avait dit à Moïse; et Josué le donna en héritage à Israël, selon leurs distributions, selon leurs tribus. Et le pays se reposa de la guerre»1 (verset 23).
1 Il est hors de doute que ce fut par la foi que Josué prit tout le pays, et il ne pouvait prendre moins. Mais quant à la possession de fait, le chap. 13, vers. 1, montre «quâil restait un très grand pays à posséder».
Mais, hélas! il y avait aussi le côté humain de la question. La possession de Canaan, promise par lâÃternel, et réalisée par la foi de Josué, était une chose; Canaan possédé par Israël était une autre chose toute différente. De là , la grande différence quâil y a entre Josué et les Juges. En Josué, nous voyons la fidélité infaillible, de Dieu quant à sa promesse; dans les Juges, nous voyons les misérables chutes dâIsraël, dès le début, Dieu avait donné sa parole que nul ne pourrait subsister devant eux, et lâépée de Josué â type du grand Capitaine de notre salut â accomplit cette promesse jusquâà un iota et un trait de lettre. Mais le livre des Juges nous raconte le triste fait quâIsraël ne put pas chasser lâennemi, ni prendre possession de lâhéritage divin, dans toute sa royale magnificence.
Eh bien! la promesse de Dieu a-t-elle fait défaut? Non, mais ce qui se montre, câest la complète impuissance de lâhomme. à «Guilgal», lâétendard de la victoire flottait au-dessus des douze tribus, ayant leur invincible capitaine à leur tête. à «Bokim», le peuple pleure sur la lamentable ruine dâIsraël.
Nous voyons partout ces deux choses dans le volume divin, et elles ne sont nullement difficiles à comprendre. Lâhomme ne sait pas sâélever à la hauteur de la révélation divine, et prendre possession de ce que la grâce lui donne. Cela est aussi vrai dans lâhistoire de lâÃglise que dans celle dâIsraël. Dans le Nouveau Testament, comme dans lâAncien, nous avons les Juges et Josué.
Nous voyons la même chose dans lâhistoire de chaque individu, membre de lâÃglise. Où est le chrétien, dont la vie soit à la hauteur de ses privilèges spirituels? Où est lâenfant de Dieu, qui nâa pas à déplorer combien peu il apprécie réellement les grands et saints privilèges de lâappel dont Dieu lâa appelé? Mais cela nâanéantit pas la vérité de Dieu. Sa parole subsiste dans toute son intégrité et reste stable à jamais. De même que dans le cas dâIsraël, le pays de la promesse était sous leurs yeux dans toute son étendue et dans toute sa beauté, et, quâen outre, ils pouvaient compter sur la fidélité et la toute-puissance de Dieu pour les y faire entrer et leur en donner la pleine possession, â de même, nous sommes «bénis de toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ»; il nây a aucune limite aux privilèges qui sont liés à notre position, et la jouissance que nous en avons dépend de la foi qui nous fait prendre possession de tout ce que Dieu, dans sa grâce souveraine, a fait nôtre en Christ.
Nâoublions jamais que câest le privilège du chrétien de vivre à la hauteur de la révélation divine. Il nây a pas dâexcuse pour une marche relâchée, pour une vie superficielle. Nous nâavons pas le droit de dire que nous ne pouvons pas réaliser la plénitude de notre portion en Christ, que la bannière est trop élevée, les privilèges trop vastes, que nous ne pouvons espérer de jouir de bénédictions si merveilleuses dans notre état actuel dâimperfection.
Tout cela nâest pas autre chose que de lâincrédulité, et devrait être considéré comme tel par tout vrai chrétien. La question est la grâce de Dieu nous a-t-elle accordé ces privilèges? la mort de Christ nous y a-t-elle donné droit? Le Saint Esprit a-t-il déclaré quâils sont le partage du membre le plus faible du corps de Christ? Sâil en est ainsi â et lâÃcriture le déclare â pourquoi nâen jouirions-nous pas? Du côté de Dieu, il nây a pas dâobstacles. Câest le désir de son cÅur que nous possédions la plénitude de notre portion en Christ. Ãcoutons les vÅux ardents que forme lâapôtre en faveur des saints à Ãphèse, et de tous les saints (Ãph. 1:18-23).
Cette merveilleuse prière nous montre avec quelle ferveur lâEsprit de Dieu souhaite que nous comprenions et jouissions des glorieux privilèges de la vraie position chrétienne. Par son précieux et divin ministère, il voudrait maintenir nos cÅurs à cette hauteur bénie, mais, hélas! comme Israël, nous lâaffligeons par notre coupable incrédulité, et nous privons nos propres âmes dâincalculables bénédictions.
Toutefois, le Dieu de toute grâce, le Père de gloire, le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, accomplira chaque trait de lettre de sa précieuse Parole, à lâégard de son peuple terrestre, aussi bien que de son peuple céleste. Israël jouira pleinement de toutes les bénédictions qui lui sont assurées par lâalliance éternelle, et lâÃglise goûtera les fruits excellents de tout ce que lâamour éternel et les conseils divins ont préparé pour elle en Christ. De plus, le Consolateur peut et veut mettre chaque croyant dans la jouissance actuelle de lâespérance du glorieux appel de Dieu et dans la puissance pratique de cette espérance, pour détacher le cÅur des choses présentes et pour le mettre à part pour Dieu, en vraie sainteté.
Puissent nos cÅurs désirer avec plus dâardeur la complète réalisation de ces choses, et puissions-nous vivre davantage comme ceux qui trouvent leur part et leur repos dans un Christ ressuscité et glorifié! Que Dieu, dans son infinie bonté, le fasse au nom et pour la gloire de son Fils Jésus Christ!
Les derniers versets de notre chapitre terminent la première section du livre du Deutéronome. Elle consiste, comme le lecteur lâaura remarqué, en une série de discours adressés par Moïse à la congrégation dâIsraël. Les dernières exhortations; en parfait accord avec le reste, insistent sur la nécessité de lâobéissance, sujet sur lequel ne se lasse pas de revenir le serviteur de Dieu, dans ses touchants discours dâadieu au peuple.
«Regarde, je mets aujourdâhui devant vous la bénédiction et la malédiction: la bénédiction, si vous écoutez les commandements de lâÃternel, votre Dieu, que je vous commande aujourdâhui; la malédiction, si vous nâécoutez pas les commandements de lâÃternel, votre Dieu, et si vous vous détournez du chemin que je vous commande aujourdâhui, pour aller après dâautres dieux, que vous nâavez pas connus. Et il arrivera que, quand lâÃternel, ton Dieu, tâaura fait entrer dans le pays où tu vas pour le posséder, tu mettras la bénédiction sur la montagne de Garizim, et la malédiction sur la montagne dâÃbal. Ces montagnes ne sont-elles pas de lâautre côté du Jourdain, par-delà le chemin du soleil couchant, qui traverse le pays des Cananéens qui habitent dans la plaine, vis-à -vis de Guilgal, à côté des chênes de Moré? Car vous allez passer le Jourdain pour entrer, pour posséder le pays que lâÃternel, votre Dieu, vous donne; vous le posséderez, et vous y habiterez. Et vous prendrez garde à pratiquer tous les statuts et les ordonnances que je mets aujourdâhui devant vous» (vers. 26-32).
Nous avons ici le résumé de tout. La bénédiction est liée à lâobéissance, la malédiction à la désobéissance. La montagne de Garizim est vis-à -vis de la montagne dâÃbal â fertilité et stérilité. â Nous verrons, quand nous en serons au chapitre 27, que la montagne de Garizim et ses bénédictions sont entièrement laissées de côté; les malédictions de la montagne dâÃbal frappent lâoreille dâIsraël, tandis quâun silence terrible règne sur la montagne de Garizim. «Tous ceux qui sont sur le principe des Åuvres de loi, sont sous malédiction» (Gal. 3:10). La bénédiction dâAbraham ne peut venir que sur ceux qui sont sur le terrain de la foi. Mais nous développerons ce sujet par la suite.