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Bible Commentaries
2 Rois 23

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versets 1-37

Chapitre 23:1-30

Josias (suite)

V. 1-20 — Le livre de l’alliance et la sanctification du peuple

L’importance de la maison de Dieu sur la terre, lieu où l’Éternel fait habiter son nom, et le livre de l’alliance, voilà, comme nous l’avons vu, ce qui caractérise le renouvellement spirituel sous Josias. Nous n’hésitons pas à le répéter: dans les temps où nous vivons, ces deux choses caractériseront toujours un vrai réveil. L’intérêt pour l’Assemblée du Dieu vivant et non pour les misérables imitations, par lesquelles la chrétienté déchue l’a remplacée, le zèle pour l’autorité inspirée des Saintes Écritures, c’est à quoi toute âme fidèle, qui cherche la gloire du Seigneur, s’attachera aujourd’hui coûte que coûte.

Le roi fait assembler auprès de lui tous les anciens de Juda et de Jérusalem, et monte à la maison de l’Éternel, ayant «avec lui tous les hommes de Juda et tous les habitants de Jérusalem, et les sacrificateurs, et les prophètes, et tout le peuple, depuis le petit jusqu’au grand». Il fait lire devant eux «toutes les paroles du livre de l’alliance qui avait été trouvé dans la maison de l’Éternel» (v. 2). Ce livre de l’alliance comprend non seulement l’alliance du Sinaï, mais celle qui fut faite dans les plaines de Moab, c’est-à-dire toutes les paroles du Deutéronome. Elles s’appliquaient exactement à l’état du peuple tel qu’il était alors, et Dieu l’avait décrit d’avance dans ce livre. Le Deutéronome parlait avant tout d’obéir, et faisait dépendre de l’obéissance à la Parole la bénédiction ou le malheur du peuple que Dieu avait racheté d’Égypte. Ici, cette alliance est renouvelée: «Le roi se tint debout sur l’estrade, et fit cette alliance devant l’Éternel, de marcher après l’Éternel, et de garder ses commandements, et ses témoignages, et ses statuts, de tout son cœur et de toute son âme, pour accomplir les paroles de cette alliance, écrites dans ce livre; et tout le peuple entra dans l’alliance» (v. 3).

Dans ces réveils de la fin, un puissant effet se produit sur tous, quand même la réalité ne se trouve que dans le cœur du Résidu. Le livre de Jérémie qui prophétisait sous Josias, nous montre que, de fait, l’état moral du peuple n’était nullement changé. Ils avaient consenti facilement à l’abolition de l’idolâtrie par la fidélité du roi, mais leur cœur restait aussi éloigné de Dieu qu’auparavant. Le prophète dit: «Et l’Éternel me dit dans les jours du roi Josias: As-tu vu ce qu’a fait Israël, l’infidèle? Elle s’en est allée sur toute haute montagne et sous tout arbre vert, et elle s’y est prostituée. Et j’ai dit: Après qu’elle a fait toutes ces choses, elle reviendra à moi; mais elle n’est pas revenue. Et sa sœur, Juda la perfide, l’a vu. Et j’ai vu que, quand pour toutes les choses en lesquelles Israël l’infidèle avait commis adultère, je l’ai renvoyée et lui ai donné sa lettre de divorce, toutefois sa sœur, Juda la perfide, n’en a pas eu de crainte, mais elle s’en est allée et s’est prostituée, elle aussi. Et il est arrivé que, par la légèreté de sa prostitution, elle a souillé le pays, et a commis adultère avec la pierre et le bois. Et même, avec tout cela, sa sœur, Juda la perfide, n’est pas revenue à moi de tout son cœur, mais avec mensonge, dit l’Éternel» (Jér. 3:6-10. Lisez aussi: 5:27-29; 6:9-15, 29; 8:8-13).

En dépit de cela, une contrainte morale s’exerce, par le moyen de ceux qui sont fidèles, sur les âmes, même de fait éloignées de Dieu. Nous voyons, en 2 Chron. 34:33, que Josias «obligea tous ceux qui se trouvaient en Israël à servir l’Éternel, leur Dieu. Pendant tous ses jours, ils ne se détournèrent pas de l’Éternel, le Dieu de leurs pères». C’est ainsi que tout le peuple entre ici dans l’alliance. Amon avait établi tout ce qu’avait aboli Manassé, lors de sa repentance. Josias, dans son zèle pour Dieu, et pour Dieu seul, bien différent du zèle de Jéhu, purifie complètement Jérusalem, Juda et Israël, aussi loin que son bras peut s’étendre. Il brûle, dans les champs du Cédron, tous les objets accumulés dans le temple pour le culte de Baal, d’Astarté et des astres, et porte leur poussière à Béthel, lieu initial de l’idolâtrie de Jéroboam. Il supprime (v. 5; Soph. 1:4) les Camarim, sacrificateurs établis par les rois de Juda pour brûler l’encens aux faux dieux. Il détruit entièrement la statue de la Vénus impudique établie dans la maison de l’Éternel, et rend la souillure de ses cendres aux sépulcres de ceux qui l’avaient adorée. Il ôte la prostitution qui s’étalait à Jérusalem, sous couvert du culte d’Astarté. Il rassemble les sacrificateurs qui avaient continué, sous Manassé repentant, les sacrifices à l’Éternel sur les hauts lieux (2 Chron. 33:17). Il ne les assimile pas aux Camarim, mais ne leur permet pas de monter vers l’autel de l’Éternel à Jérusalem. Toute communion avec une religion qui, même en étant séparée de l’idolâtrie, a osé méconnaître le seul centre de rassemblement du peuple, est résolument rompue. Nous trouvons en cela une instruction pour les jours où nous vivons. L’acte de Josias nous montre qu’un réveil ne peut s’associer avec un culte qui n’est pas rendu autour de la table du Seigneur, seul centre de rassemblement des siens. Toutefois, Josias reconnaît à ces sacrificateurs le droit de manger «des pains sans levain au milieu de leurs frères» (v. 9). La sainteté individuelle de ceux que le Seigneur a consacrés est pleinement reconnue, mais momentanément, si ce n’est pour toujours, leur fonction dans le culte d’Israël n’est pas tolérée. Josias abolit encore les chevaux du soleil, démolit et brûle les autels qui ont osé remplacer le seul autel de Dieu. Il s’attaque même, dans son zèle pour l’Éternel, aux autels bâtis par Salomon (v. 13).

Il va plus loin; son intérêt s’étend à tout le peuple de Dieu. Il se rend à Béthel, condamne tout ce mal à son origine, et accomplit ainsi la prophétie, prononcée jadis devant Jéroboam, contre l’autel où le roi avait offert des sacrifices (v. 15-16; 1 Rois 13:2). Cependant, il épargne le sépulcre de l’homme de Dieu qui avait prononcé ces choses. Quelle qu’eût été l’infidélité de cet homme, il reconnaît ce qu’il avait fait pour Dieu, épargnant aussi les os du prophète de Samarie, cause de sa chute, mais qui s’était humilié de son erreur. C’est ainsi que tout cœur vraiment chrétien reconnaît ce que les hommes de Dieu ont fait, dans les temps passés, pour Son service, et respecte leur œuvre, même entachée de manquements qui lui ont fait perdre sa puissance et en ont gâté les résultats (v. 17-18).

Enfin le roi parcourt les villes d’Israël, abolissant les temples des hauts lieux, sans pitié pour les sacrificateurs idolâtres qu’il extermine, quoique, le peuple ayant été transporté par l’Assyrien, leur influence fût perdue en apparence. Il agit en vue d’une restauration future, et son cœur, enflammé pour le service de l’Éternel, s’y attache, car les prophètes, même pendant son règne, annonçaient une restauration sous le sceptre du roi de justice et de paix.

V. 21-27 — La Pâque

«Et le roi commanda à tout le peuple, disant: Célébrez la Pâque à l’Éternel, votre Dieu, comme il est écrit dans ce livre de l’alliance. Car aucune Pâque n’avait été célébrée comme cette Pâque, depuis les jours des juges qui ont jugé Israël, et durant tous les jours des rois d’Israël et des rois de Juda; mais la dix-huitième année du roi Josias, cette Pâque fut célébrée à l’Éternel dans Jérusalem» (v. 21-23).

La célébration de la Pâque nous est donnée ici en quelques mots, tandis que les Chroniques la décrivent tout au long (2 Chron. 35:1-19); mais ce fait a trop d’importance dans l’histoire du réveil, pour n’y pas arrêter un moment l’attention de nos lecteurs. Nous venons de parler des deux grands principes qui caractérisent le réveil de la fin: la rupture avec l’idolâtrie du monde ou ses traditions religieuses, le retour aux Saintes Écritures. À la suite de ces deux faits, et comme leur conséquence, nous avons la célébration de la Pâque.

La Pâque, comme institution, avait d’abord été célébrée en Égypte. Le peuple d’Israël avait été racheté du pays de servitude par le sang de l’agneau pascal; par lui, le jugement de Dieu qui atteignait l’Égypte, s’était détourné d’Israël. Le peuple, placé sous l’aspersion du sang, mangeait la Pâque. C’était une figure de l’appropriation qui nous est faite, une fois pour toutes, par la foi, du sacrifice de Christ et ce symbole correspond à ce qui nous est dit du chrétien, en Jean 6:53.

Le mémorial de cette délivrance venait ensuite. Il se répétait chaque année le quatorzième jour du premier mois (Ex. 12:14, 26-27, 45). Ce mémorial était célébré par tout le peuple. En des circonstances normales, personne en Israël ne pouvait s’en abstenir sous peine d’être «retranché de ses peuples». Comme condition première, il fallait être circoncis (Ex. 12:48). Ce signe était le type de la mise à part pour Dieu par le jugement du péché et le retranchement de la chair. Aussi, lors de l’entrée dans le pays de Canaan, après le passage du Jourdain, tous ceux qui appartenaient à la génération dont les pères étaient tombés dans le désert et qui n’avaient pas été circoncis, le furent à Guilgal. «L’opprobre d’Égypte» fut ainsi roulé de dessus eux, et ils purent célébrer la Pâque dans les plaines de Jéricho (Jos. 5:6-12).

Par le fait qu’il était donné à un peuple racheté et circoncis, ce mémorial devenait le symbole de l’unité du peuple de Dieu. La Pâque était donc à la fois le souvenir de la rédemption et la proclamation de l’unité du peuple.

L’Esprit de Dieu nous en montre la célébration, comme une institution fondamentale, d’abord pendant la traversée du désert (Nomb. 9:1-14), puis à l’entrée en Canaan (Jos. 5:10). Depuis ce moment, la Parole ne la mentionne plus, jusqu’aux jours d’Ézéchias, non qu’elle ne fût pas observée sous les juges, sous David, Salomon et les rois, mais elle n’était pas l’objet spécial, présenté par le Saint Esprit, tandis que nous voyons, sous le règne de Salomon, les fêtes du septième mois, surtout celle des tabernacles, occuper une place prépondérante.

Lors du réveil d’Ézéchias, la Pâque ne fut pas célébrée le quatorzième jour du premier mois, mais au deuxième mois, le même jour du mois (2 Chron. 30:15), date autorisée par la Parole pour ceux qui étaient impurs ou en voyage, lors de la célébration de cette fête (Nomb. 9:11). Les sacrificateurs se trouvaient dans le premier cas; ayant manqué de zèle pour se sanctifier, ils étaient impurs, et Ézéchias agit en conséquence. La Pâque de Josias fut célébrée au jour voulu, le premier mois (2 Chron. 35:1). Le besoin de se sanctifier pour l’Éternel était beaucoup plus général alors que sous Ézéchias, car la parole de Dieu était mieux comprise, et le désir de Lui obéir plus réel.

Au temps d’Esdras, la Pâque fut aussi célébrée par «les fils de la transportation» au jour consacré, «car les sacrificateurs et les lévites s’étaient purifiés comme un seul homme» (Esdras 6:19-20).

Donc, à mesure que nous avançons dans l’histoire de la ruine du peuple de Dieu, la Pâque et l’état d’âme qui s’y rapporte acquièrent plus d’importance pour les fidèles; et, chose tout à fait remarquable, le signe de l’unité du peuple devient d’autant plus important que ce peuple est plus dispersé par la ruine.

Est-il besoin d’ajouter que ces vérités répondent aux temps actuels? La Cène du Seigneur qui remplaça, comme mémorial, la Pâque juive, la nuit où Jésus fut livré, est servie, et la table du Seigneur dressée pour le peuple racheté et pour lui seul. La mort du Seigneur y est proclamée jusqu’à son retour. Cette table est, en même temps, le centre de ralliement pour le peuple de Dieu, la proclamation de l’unité du corps de Christ (1 Cor. 10:17), même dans un temps où tout, en apparence, contredit cette vérité, où même, comme au temps d’Ézéchias, l’on se rit et se raille de ceux qui la proclament (2 Chron. 30:10).

L’histoire de la Pâque ne se termine pas ici, et, de fait, ne sera jamais terminée. Un peuple de bonne volonté la célébrera encore sur la terre pendant le royaume millénaire du Christ (Ézéch. 45:21). Elle sera célébrée en même temps dans le royaume céleste, où les saints glorifiés seront rassemblés autour de l’Agneau immolé (Apoc. 5).

Ainsi, du moment qu’une rédemption est effectuée, le mémorial de ce qui l’a acquise pour le peuple de Dieu persiste à travers tout et persistera jusque dans les temps éternels. Le souvenir de la mort de Christ est toujours nécessaire, car elle est le seul fondement de toute bénédiction.

Revenons maintenant à la Pâque de Josias. Le récit de notre livre, bien que très bref, est caractérisé par un mot important: «Comme il est écrit dans le livre de l’alliance» (v. 21). Sans doute, comme nous le voyons dans les Chroniques, le peuple, sous Ézéchias, était aussi venu la célébrer selon «la parole de l’Éternel» et «la loi de Moïse, homme de Dieu» (2 Chron. 30:12, 16), mais sous Josias, la Parole écrite, merveilleusement conservée et retrouvée dans le temple, prend une importance beaucoup plus grande encore. Sans la Parole, rien de ce qui touche à ce mémorial ne devait avoir lieu. C’était «suivant l’écrit de David... et suivant l’écrit de Salomon», qu’on devait s’y préparer (2 Chron. 35:4); «conformément à la parole de l’Éternel par Moïse», qu’on devait la préparer (v. 6);», selon qu’il est écrit dans le livre de Moïse» qu’on devait présenter le sacrifice à l’Éternel (v. 12); «selon l’ordonnance», qu’on devait le faire cuire au feu (v. 13); «selon le commandement de David, et d’Asaph, et d’Héman, et de Jeduthun, le voyant du roi», que chacun occupait sa place pour observer l’ordre selon Dieu dans les chants et la louange (v. 15). Et tout se faisait, «selon le commandement du roi Josias» (v. 16), c’est-à-dire que l’instrument de ce réveil avait de l’intelligence pour ne communiquer et n’ordonner au peuple que ce qui était en rapport avec les Écritures.

Prenons ces choses à cœur. Josias, averti par l’Éternel, savait parfaitement qu’en faisant cela, il n’arrêtait pas le jugement qui était en cours; il savait aussi qu’il serait recueilli devant le mal et que ses yeux ne le verraient pas (2 Rois 22:20), mais il n’avait qu’une pensée: Ressentant avec une humiliation profonde le déshonneur infligé à l’Éternel et à son culte, il était pressé de l’honorer au milieu de la ruine d’Israël, dans le lieu même où Il avait été déshonoré; il protestait, par toute sa conduite, contre les infamies qui s’étaient commises en Juda, sous le couvert de la religion; il s’humiliait de cette apostasie, comme en ayant la responsabilité aussi bien que les autres, mais toute son activité se portait, sans en rien distraire, sur le service de l’Éternel, et la purification pour Lui, d’un peuple particulier, quelque abaissé ou dispersé qu’il fût.

L’ère de Josias ne fut pas marquée, comme celle d’Ézéchias, par des attaques spéciales de l’ennemi, par des épreuves provenant du dedans ou du dehors. Ce fut un temps relativement paisible, où l’indifférence avait certainement plus de part que la haine; mais, tandis que le monde se reposait et laissait faire, Josias utilisait cette accalmie pour déployer la plus grande activité au service de son Maître.

Nos temps, nous l’avons déjà dit, ressemblent à celui-là, et les fidèles y ont la même position et les mêmes devoirs. Puissions-nous utiliser ces jours de la fin, avec leur calme relatif, pour rendre témoignage de ces trois choses: la séparation du monde religieux et irréligieux qui nous entoure, l’attachement aux Écritures, le rassemblement des enfants de Dieu autour de la table du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne.

Notre chapitre ajoute que «Josias extermina... toutes les abominations qui se voyaient dans le pays de Juda et à Jérusalem, afin d’effectuer les paroles de la loi, écrites dans le livre que Hilkija, le sacrificateur, avait trouvé dans la maison de l’Éternel» (v. 24). Ainsi, jusqu’au bout de sa carrière, Josias mit en pratique les préceptes qu’il avait tirés des Écritures. Il n’y eut point de roi semblable à lui, ni avant, ni après lui, et cela ne tint pas à son mérite personnel, ni à sa justice, mais au fait que la parole de Dieu, mêlée avec la foi dans son cœur, était devenue partie intégrante de lui-même.

V. 28-30 — Le Pharaon Neco

La fin de Josias ne correspond pas aux bénédictions initiales de son règne. Nous avons vu que, par une grâce spéciale, Dieu lui avait accordé le repos extérieur, en sorte que son témoignage pût se développer en paix. Ce fut Josias lui-même qui se laissa entraîner à chercher la guerre. Le moment était arrivé où, suivant les prophéties, la puissance de l’Assyrien qui avait pesé si lourdement sur tous les peuples, allait être brisée pour faire place à l’empire universel de Babylone. Neco monte avec l’armée égyptienne contre le roi d’Assyrie. Josias prend parti pour l’Assyrien contre le Pharaon, chose que Dieu ne lui avait nullement ordonnée. Qu’avait-il affaire à supporter l’édifice chancelant de cette puissance, cruelle ennemie d’Israël? Il savait par les prophètes que la ruine finale de l’Assyrien était proche. Avait-il mission, de la part de Dieu, de corriger les événements du monde ou de leur prêter son appui? Rien, dans l’état du monde, n’est améliorable aux yeux de Dieu, et nous savons qu’il est déjà jugé. Josias avait été mis à part de tout le train du monde, pour servir l’Éternel, lui et son peuple, et nous le voyons se mêlant de politique! Le résultat ne se fait pas attendre: le monde nous punit de notre intervention dans ses affaires. «Qu’y a-t-il entre moi et toi, roi de Juda?» lui dit le Pharaon qui a conscience d’être un instrument de Dieu; «Dieu... est avec moi... Dieu m’a dit de me hâter», et ces paroles de Neco «venaient de la bouche de Dieu» (2 Chron. 35:20-22). Du moment qu’il entre dans cette voie, Josias perd le discernement de la pensée de l’Éternel et ne sait plus reconnaître les paroles de Sa bouche. Il en est toujours ainsi. L’intelligence spirituelle et une vraie connaissance de la Parole sont liées à la vraie séparation de tout ce qui constitue le monde, y compris sa politique. Et, du reste un enfant de Dieu serait toujours un fort mauvais diplomate, parce qu’il ne peut éviter de se laisser gouverner par des principes moraux, dont le monde n’a cure. Mais, d’autre part, qui peut connaître, comme le chrétien, l’avenir du monde? Un simple enfant dans la foi, attaché à la parole de Dieu, en remontrera, par sa connaissance de l’avenir, aux plus grands politiques, car il connaît tous les détails des choses futures selon que Dieu les lui a révélés.

Josias doit en pâtir, car cette intervention était une grave infidélité pour un homme, favorisé comme lui des bénédictions et de la communion de son Dieu. Il est tué par le Pharaon à Meguiddo, et enterré dans son sépulcre. Jérémie fait des lamentations sur la fin de ce pieux serviteur de l’Éternel (2 Chron. 35:25).

Chapitres 23:31 à 25

La ruine finale

Ch. 23 v. 31-35 — Joakhaz

Toute la faveur de Dieu sous le règne de Josias, la bénédiction et la joie dont l’Éternel a rempli le cœur du peuple, n’ont aucun résultat pour les successeurs de ce roi. Joakhaz, élu et proclamé par le peuple, à la place de son père, «fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, selon tout ce que ses pères avaient fait» (v. 32). Il se relie, non pas à Josias, mais à ses pères incrédules et idolâtres, et ne compte pas dans la lignée de la foi. Il n’est pas possible d’avoir Josias ou Abraham pour père, sans produire des fruits convenables à la repentance. Ici, la cognée était mise à la racine de l’arbre, et la royauté allait traverser ses dernières convulsions pour être enfin retranchée de Juda. Les mères issues du peuple de Dieu sont désormais sans influence, soit qu’il n’y ait plus d’oreilles pour les écouter, soit qu’elles participent elles-mêmes à la ruine. Hamutal, femme de Josias et mère de Joakhaz, était fille de Jérémie de Libna et, apparemment, de race sacerdotale (cf. Jos. 21:13). Son fils ne régna que trois mois, et trouva cependant le temps de faire le mal et de contredire, par sa conduite envers Dieu, ce que Josias avait établi. Le Pharaon Neco se venge sur lui de l’opposition de Josias qui avait follement soutenu l’Assyrien en voulant empêcher la marche de l’armée égyptienne. Lié de chaînes, Joakhaz est emmené en Égypte et y meurt. Le Pharaon ne tient aucun compte de cette royauté établie par le peuple. Jérémie prophétise sur lui: «Ne pleurez pas celui qui est mort, et ne vous lamentez pas sur lui. Pleurez, pleurez celui qui s’en va, car il ne reviendra plus, ni ne reverra plus le pays de sa naissance! Car ainsi dit l’Éternel quant à Shallun (Joakhaz), fils de Josias, roi de Juda, qui régna à la place de Josias, son père, et qui s’en est allé de ce lieu: Il n’y reviendra plus; car il mourra dans le lieu où on l’a transporté, et ne verra plus ce pays» (Jér. 22:10-12). Neco prend Éliakim, fils de Josias, et l’établit «à la place de Josias, son père», changeant son nom en Jehoïakim. Ce dernier devient serviteur et tributaire du roi d’Égypte, et donne au Pharaon l’or et l’argent qu’il a recueilli des taxes (v. 35).

Ch. 23 (v. 36) à 24 (v. 7) — Jehoïakim

Même remarque pour sa mère que pour celle de Joakhaz. Elle s’appelait Zebudda, fille de Pedaïa, de Ruma. Elle appartenait (probablement) à l’une des villes de Juda. Jehoïakim, d’abord tributaire du Pharaon, le devient ensuite de Nebucadnetsar, dont le règne commence la quatrième année de Jehoïakim. Les avertissements de l’Éternel lui sont prodigués par Jérémie (Jér. 22:13-19) et d’autres prophètes; ils ne sont pas écoutés. Il met à mort Urie, le prophète qui prophétisait contre Jérusalem et contre Juda, mais qui, manquant de foi en présence des desseins meurtriers du roi, s’était enfui en Égypte (Jér. 26:20-23). Jérémie aussi court les mêmes dangers, mais cet homme de Dieu s’appuie sur la parole de l’Éternel: «Voici, je t’établis aujourd’hui comme une ville forte, et comme une colonne de fer, et comme des murailles d’airain, contre tout le pays, contre les rois de Juda, ses princes, ses sacrificateurs, et le peuple du pays. Et ils combattront contre toi, mais ils ne prévaudront pas sur toi, car moi je suis avec toi, dit l’Éternel, pour te délivrer» (Jér. 1:18-19. Voyez encore 6:27; 15:20-21).

L’Éternel veille sur lui, selon cette parole. Lorsque, dans son incrédulité, le roi, après avoir lacéré avec un canif et jeté au feu le rouleau de la prophétie de Jérémie, cherche encore à saisir le prophète et son fidèle compagnon Baruch, il nous est dit que «l’Éternel les cacha» (Jér. 36, spéc. 23:26).

Jérémie avait commencé à prophétiser depuis la treizième année du fidèle Josias, alors que le peuple jouissait encore de la prospérité que lui procurait la fidélité du roi, mais le peuple n’avait pas écouté. Alors le prophète annonça la captivité de 70 ans sous le joug de Babylone (25:11), puis le sort de toutes les nations, à la tête desquelles il plaçait Jérusalem, l’assimilant aux peuples idolâtres, et finalement le sort de Babylone elle-même (25:17-29). Cette énumération fait comprendre ce que fut la monarchie universelle inaugurée par Babylone, quelque courte qu’ait été la domination de cette dernière, en regard de la longue domination assyrienne; mais jamais l’Assyrie ne forma un royaume compact, assis et universellement reconnu, comme celui de Babylone.

Jehoïakim avait changé de maître. Il lui en cuisit de se révolter contre Nebucadnetsar. Après que son pays eut été en détail la proie de tous ses voisins (24:2), ce monarque monta contre lui et le lia de chaînes d’airain pour le mener à Babylone (2 Chron. 36:6). Nous apprenons par Jérémie quelle fut la parole prononcée par l’Éternel à son égard: «C’est pourquoi, ainsi dit l’Éternel touchant Jehoïakim, roi de Juda: Il n’aura personne qui s’asseye sur le trône de David, et son cadavre sera jeté dehors, de jour à la chaleur, et de nuit à la gelée» (Jér. 36:30).

Tout cela «arriva par le commandement de l’Éternel contre Juda, pour l’ôter de devant sa face, à cause des péchés de Manassé, selon tout ce qu’il avait fait, et aussi à cause du sang innocent qu’il avait versé, car il avait rempli Jérusalem de sang innocent; et l’Éternel ne voulut pas lui pardonner» (24:3-4). Depuis Manassé, le décret irrévocable était parti d’auprès de l’Éternel; il avait été suspendu sous Josias et le serait resté sous ses successeurs, s’ils avaient voulu écouter (Jér. 25:1-11). Il y avait deux causes à ce jugement final: l’idolâtrie, et le sang innocent, et Jehoïakim, comme Manassé, avait répandu ce dernier selon son pouvoir, dans Jérusalem qui tuait ses prophètes et lapidait ceux qui lui étaient envoyés.

Dès lors, le Pharaon ne sortit plus de son pays (v. 7), l’empire de Babylone l’ayant privé de toutes ses possessions, depuis le Nil jusqu’à l’Euphrate.

Ch. 24 (v. 7-17) — Jehoïakin (ou Jéconias, ou Conia)

Jehoïakin, autrement Conia, continue dans la voie de son père. Sa mère était Nehushta, une fille de Jérusalem. Il paraît de plus en plus évident que les mères de ces derniers rois avaient elles-mêmes, comme leurs fils, oublié l’Éternel. Au temps de Conia, les serviteurs de Nebucadnetsar font le siège de Jérusalem. Ce grand roi lui-même vient ensuite y prendre part en personne. Jehoïakin se rend à lui. Il est emmené captif à Babylone, ainsi que sa mère, selon la prophétie de Jérémie: «Je suis vivant, dit l’Éternel, que quand même Conia, fils de Jehoïakim, roi de Juda, serait un cachet à ma main droite, je t’arracherai de là! Et je te livrerai en la main de ceux qui cherchent ta vie, et en la main de ceux dont tu as peur, et en la main de Nebucadnetsar, roi de Babylone, et en la main des Chaldéens. Et je te jetterai, toi et ta mère qui t’a enfanté, dans un autre pays, où vous n’êtes pas nés; et là vous mourrez. Et, dans le pays où ils désirent ardemment de retourner, ils ne retourneront point. Cet homme, Conia, est-il un vase d’argile méprisé et mis en pièces? un ustensile auquel on n’a point de plaisir? Pourquoi ont-ils été jetés loin, lui et sa postérité, et lancés dans un pays qu’ils ne connaissent point? Terre, terre, terre, écoute la parole de l’Éternel! Ainsi dit l’Éternel: Inscrivez cet homme comme privé d’enfants, comme un homme qui ne prospérera pas pendant ses jours; car, de sa semence, nul ne prospérera, assis sur le trône de David, ou dominant encore en Juda» (Jér. 22:24-30).

Tous les trésors du roi et ceux du temple sont emportés dans la capitale de la Chaldée, et tout le peuple, noble ou valide, hommes de guerre, princes, artisans, emmené captif (v. 14-16).

Cette transportation effectuée, Jérémie voit en vision deux paniers de figues posés devant le temple de l’Éternel (Jér. 24), comme le seul endroit où l’état réel du peuple pût être apprécié. Un de ces paniers était rempli, aux yeux de Dieu, de très bonnes figues, comme celles de la première saison, l’autre de très mauvaises figues. Ce que les hommes voyaient était exactement le contraire de ce que Dieu révélait à Jérémie. Pour le monde, les bonnes figues étaient le peuple restant à Jérusalem sous Sédécias, pour le cœur de Dieu, elles étaient les transportés de Juda. Leur bonté dépendait de ce qu’ils avaient subi le jugement de Dieu dû à leur iniquité. Ce même principe est vrai pour nous, seulement, grâce à Dieu, nous avons subi le jugement dans la personne de Christ, condamné sur la croix, à notre place. La sentence exécutée, Dieu pouvait regarder avec faveur ceux qui en étaient les objets. «Je mettrai mes yeux sur eux pour leur bien, et je les ferai retourner dans ce pays; et je les bâtirai, et je ne les renverserai pas, et je les planterai, et je ne les arracherai pas» (Jér. 24:6); il pouvait les établir à toujours en sa présence. Il faut être parfait pour cela, et c’était sous ce caractère que le Seigneur voyait ce pauvre résidu captif. Il en est de même pour nous: en vertu du jugement de Christ, Dieu nous voit parfaits en Lui, quelque misérables que nous soyons en nous-mêmes.

L’Éternel annonce la restauration du peuple: «Je les ferai retourner dans ce pays»; mais il proclame en même temps qu’il leur donnera dans l’avenir une perfection morale devant lui, résultat d’une nouvelle alliance où tout viendra de Lui. Lui seul en sera l’auteur; ce sera une alliance de grâce, non de responsabilité. «Je leur donnerai un cœur pour me connaître,... et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu; car ils retourneront à moi de tout leur cœur» (v.7).

Les «figues mauvaises qu’on ne peut manger, tant elles sont mauvaises» (v.8), et dont Dieu lui-même ne peut rien faire, sont ceux qui, n’ayant pas subi le premier jugement sous Jehoïakin, devront en subir un second, cette fois définitif. Tandis que Dieu déclarait que tout était perdu, eux, se confiant en eux-mêmes, se vantaient d’être les représentants du peuple de Dieu. Le pays d’Égypte, figure du monde, sous l’empire de Satan, leur convenait fort bien. Au lieu d’accepter le jugement de Dieu, ils se révoltaient contre lui, comme nous allons le voir dans l’histoire de Sédécias.

Au milieu de la ruine, Dieu ouvrait une porte d’espérance à son peuple, et c’est d’entre les transportés, qu’au temps assigné, Dieu voulait susciter un résidu, noyau du futur Israël, sur lequel régnera le roi de justice, l’oint de l’Éternel, après que tous les fils de David eurent entièrement failli à leur responsabilité. Les paroles de Jérémie sur la fin des désolations de Jérusalem, consolèrent et affermirent plus tard le cœur de Daniel, quand la captivité de Babylone touchait à sa fin (Dan. 9:1-3). Ces mêmes paroles de consolation pour le peuple de la transportation sous Jehoïakin, nous les retrouvons en Ézéchiel: «Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, tes frères, tes frères, les hommes de ta parenté, et toute la maison d’Israël, eux tous, sont ceux auxquels les habitants de Jérusalem disent: Éloignez-vous de l’Éternel, ce pays nous est donné en possession. C’est pourquoi dis: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Bien que je les aie éloignés parmi les nations, et bien que je les aie dispersés par les pays, toutefois je leur serai comme un petit sanctuaire, dans les pays où ils sont venus. C’est pourquoi dis: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Aussi je vous rassemblerai d’entre les peuples, et je vous recueillerai des pays où vous êtes dispersés, et je vous donnerai la terre d’Israël. Et là ils viendront, et ils en ôteront toutes ses choses exécrables et toutes ses abominations. Et je leur donnerai un seul cœur, et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau; et j’ôterai de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair, — afin qu’ils marchent dans mes statuts, et qu’ils gardent mes ordonnances et les pratiquent; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu» (Ézéch. 11:14-20).

Mentionnons encore, au sujet de Jehoïakin, un fait relaté par Jérémie (chap. 28), et qui se passa sous Sédécias. Un prophète, comme il y en eut tant en cette période, Hanania, fils d’Azzur, prophétisa devant Jérémie dans la maison de l’Éternel. Selon lui, au bout de deux années, le joug du roi de Babylone, que Jérémie portait comme symbole sur son cou devant tout le peuple, devait être brisé. Au bout de deux années, les transportés de Juda (ils l’avaient été sous Jehoïakin) devaient être ramenés à Jérusalem, et les vases sacrés restitués à la maison de l’Éternel. Là-dessus, il brisa le joug porté par le prophète. Il faisait ce que faisaient les princes qui donnaient conseil à ceux de la transportation de ne pas bâtir des maisons, à l’encontre de ce que leur avait dit Jérémie (Ézéch. 11:3). La parole de l’Éternel vient alors à Jérémie: Le joug de bois, que Hanania avait brisé, allait devenir un joug de fer sur toutes les nations, et le faux prophète était condamné à mort, parce qu’il avait «parlé de révolte contre l’Éternel» (Jér. 28:16). Deux mois après sa prophétie, la sentence de Dieu reçut son exécution.

Cette petite scène nous montre quels étaient les sentiments du peuple et de ses conducteurs au milieu des jugements de Dieu. Ils n’acceptaient point ces jugements et ne s’y soumettaient pas. Leur orgueil national ne supportait pas l’humiliation; ni eux, ni leur foi n’avaient à faire avec Dieu, pour chercher sa volonté.

Ainsi, tout du long, nous avons eu l’occasion de constater par les prophètes que le cœur du peuple était désespérément mauvais, et que son état appelait nécessairement le jugement de Dieu.

Comme il fallait accepter le jugement, il était nécessaire de le porter patiemment, jusqu’au terme de 70 années, assigné par l’Éternel. Aussi Jérémie écrit-il aux transportés sous Jéchonias (Jehoïakin): «Bâtissez des maisons et habitez-y; plantez des jardins et mangez-en les fruits; prenez des femmes et engendrez des fils et des filles, et prenez des femmes pour vos fils, et donnez vos filles à des maris, et qu’elles enfantent des fils et des filles; et multipliez-vous là et ne diminuez pas. Et cherchez la paix de la ville où je vous ai transportés, et priez l’Éternel pour elle; car dans sa paix sera votre paix» (Jér. 29:5-7). Au temps voulu, il devait y avoir une restauration, «car moi je connais les pensées que je pense à votre égard, dit l’Éternel, pensées de paix et non de mal, pour vous donner un avenir et une espérance» (v. 11).

Ch. 24 v. 18 à ch. 25 v. 21 — Sédécias

Sédécias était oncle de Jehoïakin et avait été établi par le roi de Babylone, qui avait changé son nom de Matthania en celui de Sédécias. Sa mère, Hamutal, était une fille de Juda; nous ne répéterons pas à son sujet des remarques faites précédemment.

Nebucadnetsar, en instituant Sédécias, comptait avoir un roi dépendant de lui et qui ne fomenterait pas de nouvelles révoltes. Les deux prédécesseurs de Sédécias avaient obligé le roi de Babylone à faire deux expéditions contre Jérusalem, et il entendait maintenant avoir la paix avec cette nation orgueilleuse et remuante, soumise à son sceptre. Le prophète Ézéchiel (chap. 17) décrit, dans une parabole, la politique et les desseins de Nebucadnetsar. Le grand aigle babylonien avait arraché Jehoïakin, la plus haute des jeunes pousses du cèdre du Liban, et l’avait transporté à Babylone. Il avait ensuite pris de la semence du pays (Sédécias) et l’avait plantée près des grandes eaux comme un saule. Elle était devenue une vigne, s’étendant, mais pas en hauteur, car le roi de Babylone voulait avoir, sous sa dépendance, en Juda, une royauté abaissée. Cette vigne s’était tournée vers un autre grand aigle, le Pharaon d’Égypte, au lieu de rester soumise au premier. Dieu déclare, par le prophète, ce qui en résultera.

«Sédécias se révolta contre le roi de Babylone» (24:20). Ce fait était une infamie et un sacrilège aux yeux de l’Éternel, et voici pourquoi: Nebucadnetsar avait fait jurer par Dieu à Sédécias (2 Chron. 36:13). Et Ézéchiel nous dit qu’il «avait fait alliance avec lui et lui avait fait prêter un serment d’exécration». Ainsi ce roi ajoutait à toutes ses autres transgressions la rupture d’un serment fait au nom de l’Éternel, devant les nations idolâtres, prouvant ainsi devant elles qu’il ne faisait aucun cas du Dieu auquel il prétendait appartenir. Les Chroniques enregistrent quatre causes du jugement de ce roi. Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. Il ne s’humilia pas devant Jérémie, le prophète, qui lui parlait de la part de l’Éternel; c’est la rébellion contre la parole et l’Esprit de Dieu. Il se révolta contre Nebucadnetsar qui lui avait fait jurer par Dieu. Il roidit son cou et endurcit son cœur pour ne pas retourner à l’Éternel (2 Chron. 36:12-13). Quant au premier point, si souvent répété au sujet de ces derniers rois de Juda, il ne nous est pas dit, à propos de ceux qui précédèrent immédiatement Sédécias, que leur idolâtrie fût aussi criante que celle de Manassé, ou du moins les détails ne nous en sont pas donnés, mais pour Sédécias, nous sommes renseignés d’abord par les Chroniques (2 Chron. 36:13-14), où il nous est dit qu’avec tous les chefs du peuple, il «rendit impure la maison de l’Éternel qu’il avait sanctifiée à Jérusalem»; et le prophète Ézéchiel, dans sa vision (chap. 8), nous donne les détails de ces abominations: «L’idole de jalousie», cette Astarté instituée par Manassé, et qui «provoque l’Éternel à jalousie», était là à l’entrée du temple; en dedans du parvis, dans les «cabinets d’images», toutes sortes d’idoles peintes, devant lesquelles les anciens d’Israël faisaient fumer l’encens; à l’entrée de la porte nord de la maison, des femmes pleurant Thammuz (probablement Adonis); à l’entrée du temple, entre le portique et l’autel, des hommes prosternés vers le soleil levant. Les pensées du cœur du peuple n’étaient pas meilleures. Au lieu de reconnaître que le jugement de Dieu les atteignait à cause de leur infidélité, ils disaient: «Nous serons comme les nations, comme les familles des pays, en servant le bois et la pierre» (Ézéch. 20:32). Ce même prophète nous présente également l’état moral des prophètes, des sacrificateurs et des princes. Partout la violence, la profanation, le gain déshonnête, l’extorsion et la rapine (Ézéch. 22:23-31, et encore Jér. 32:30-35).

La révolte de Sédécias pouvait avoir, aux yeux du monde, des motifs politiques plausibles. Comme cela arrive de nos jours, elle trouvait des sympathies parmi tous ceux qui étaient impatients du joug de Babylone. Mais ce joug était selon Dieu, et l’Éternel le proclamait d’une manière visible par son prophète Jérémie qui marchait par la ville, portant un joug de bois sur son cou. Le roi de Juda aurait dû le savoir et s’en souvenir, s’il avait eu le moindre souci de servir l’Éternel. Mais cet homme, si brave pour se révolter, était au fond plein de frayeur, ayant peur de se compromettre vis-à-vis des princes de son peuple. Il était sans doute soutenu dans son action par les nations environnantes, comme nous le voyons en Jér. 27:3, où les rois de Moab, d’Édom, des fils d’Ammon, de Tyr et de Sidon, lui avaient envoyé leurs messagers pour l’encourager à secouer avec elles le joug de Babylone. Les chefs de Juda étaient dans les mêmes pensées, et se faisaient soutenir dans leurs idées de résistance par les prophètes qui usaient de leur don pour induire le peuple en erreur et le conduire dans un chemin de rébellion contre l’Éternel (Jér. 27:12-22).

On comprend le courroux de Nebucadnetsar qui, en trois fois, sous trois règnes successifs, fut obligé de retourner contre Jérusalem pour l’assiéger, et la rage de ce despote, auquel tout était soumis de la part de Dieu (l’Éternel le lui avait ouvertement proclamé, Dan. 2:37-38), en se voyant méconnu et bafoué par une faible peuplade abaissée du royaume d’Israël. Il ne tarda pas à se mettre en chemin pour punir la révolte. Ézéchiel nous décrit son incertitude quant à l’exécution de sa vengeance: commencera-t-il par Rabba des fils d’Ammon ou par Jérusalem? Il pratique la divination pour le savoir. La main de l’Éternel, sans qu’il s’en doute, le conduit contre Juda. «J’en ferai», dit l’Éternel, «une ruine, une ruine, une ruine» (Ézéch. 21:26-31).

Nebucadnetsar bâtit une circonvallation tout autour de Jérusalem, entreprend le siège qui dure environ huit mois. La famine se renforce dans la ville, selon la parole de Jérémie: «Et je leur ferai manger la chair de leurs fils et la chair de leurs filles; et ils mangeront chacun la chair de son prochain, dans le siège et dans la détresse dont les enserreront leurs ennemis et ceux qui cherchent leur vie» (Jér. 19:9). Pendant tout ce temps, malgré les innombrables dangers qui le menacent, Jérémie tient bon pour l’Éternel, selon sa parole: «Je te ferai être à l’égard de ce peuple une muraille d’airain bien forte; ils combattront contre toi, mais ils ne prévaudront pas sur toi; car je suis avec toi pour te sauver et pour te délivrer, dit l’Éternel; et je te délivrerai de la main des iniques et te rachèterai de la main des violents» (Jér. 15:20-21). Sa parole, toujours répétée, est: «Soumettez-vous au joug du roi de Babylone». «Rendez-vous à lui». Il donne le même avis aux nations confédérées avec Juda (27:3-11), à Sédécias et à son peuple (v. 12-15). Les chefs persécutent le prophète et cherchent à le faire mourir, prétextant qu’il rend lâches les mains du peuple. Sédécias a peur des chefs (38:24). À un moment donné, le Pharaon vient au secours de Jérusalem avec son armée (Ézéch. 17:17; Jér. 37:5). Les Chaldéens, apprenant cette nouvelle, se retirent de Jérusalem. Jérémie détrompe le peuple: C’est, dit-il, l’armée du Pharaon qui retournera au pays d’Égypte et les Chaldéens reviendront. Au moment où ces derniers se retirent, le prophète sort de Jérusalem, pour s’en aller dans le pays de Benjamin, au milieu du peuple, pour avoir là sa part (37:12). Il est fait prisonnier, accusé d’être transfuge, persécuté, jeté dans une basse fosse où il enfonce dans la fange. Les princes du peuple sont les plus acharnés contre lui. Ébed-Mélec, l’Éthiopien, parle au roi en sa faveur et le retire de la fosse (38). Au jour de la prise de la ville, cet homme est sauvé, selon la parole du prophète (39:15). Sédécias lui-même persécute Jérémie et l’enferme dans la cour de la prison (32:2-3), mais, de fait, c’est le roi qui est le captif de ses capitaines et de ses princes, et n’ose leur résister, car, dans le fond, il ne hait pas Jérémie, mais est dominé par la crainte des hommes, au lieu de l’être par celle de l’Éternel qu’il a méprisé et méconnu (38:24-28). Le prophète, avec une hardiesse qui s’appuie sur la parole et la promesse de Dieu, ne cache rien au roi de ce qui va arriver, destruction, pillage, incendies. À mesure que le jugement approche, il en crie tous les détails aux oreilles de tous et à celles du roi. Il dit: «Sédécias, roi de Juda, ne sera pas délivré de la main des Chaldéens, car certainement il sera livré en la main du roi de Babylone, et il lui parlera bouche à bouche, et ses yeux verront ses yeux» (32:4); et encore: «Tes yeux verront les yeux du roi de Babylone» (34:3). Et Ézéchiel: «Le prince qui est au milieu d’eux portera son bagage sur l’épaule, dans l’obscurité, et sortira; on percera le mur, pour le faire sortir par là; il couvrira sa face, afin qu’il ne voie pas de ses yeux le pays. Et j’étendrai sur lui mon filet, et il sera pris dans mon piège; et je l’amènerai à Babylone, dans le pays des Chaldéens; mais il ne le verra point, et là il mourra» (Ézéch. 12:12-13). Ces deux prophéties s’accomplissent à la lettre. Quand Sédécias, à l’occasion du départ momentané de l’armée chaldéenne, proclame un jubilé et ordonne que tous les serviteurs et servantes israélites soient mis en liberté, tous «les princes de Juda, et les princes de Jérusalem, les eunuques, et les sacrificateurs, et tout le peuple du pays» passent entre les pièces d’un veau divisé, pour confirmer l’alliance qu’ils font devant l’Éternel (Jér. 34:18-19; cf. Gen. 15:9), mais, à peine la promesse faite, ils la transgressent, reviennent en arrière, et reprennent leurs serviteurs et leurs servantes pour les assujettir de nouveau. Aussi le jugement sur eux est-il prononcé avec la plus grande énergie par le prophète (34:20-22).

Seul, un petit résidu qui avait accepté le message de l’Éternel et s’était livré aux Chaldéens, a la vie sauve (2 Rois 25:11). Ils sont les figues excellentes du chap. 24 de Jérémie.

Jérusalem est prise. Sédécias s’enfuit avec son armée dans la direction du Jourdain. Son cortège est dispersé; il est pris, amené à Nebucadnetsar, jugé comme nous l’avons vu, et emmené à Babylone, où on «le met sous garde, en prison, jusqu’au jour de sa mort» (Jér. 52:11). Seulement, selon la parole du prophète, il ne meurt pas de mort violente (Jér. 34:4-5), l’Éternel ayant égard au moindre signe de retour, chez ce pauvre roi qui avait eu un moment de pitié pour le serviteur de l’Éternel, et avait écouté sa parole, quoiqu’il manquât de courage pour la suivre et de foi pour s’humilier devant Dieu.

Le peuple est transporté à Babylone; les sacrificateurs et ceux qui avaient aidé à la résistance meurent de mort violente à Ribla. Les derniers vestiges de la puissance et de la prospérité de Juda disparaissent à la suite de cette attaque. Même les deux colonnes du temple sont brisées en morceaux et emportées à Babylone, ainsi que tout l’airain, l’or et l’argent de la maison de Dieu. L’Éternel avait été méprisé. Qu’avaient encore à faire Jakin et Boaz à Jérusalem? La force qui était en l’Éternel s’en était allée par l’infidélité de Juda, et Dieu l’avait détruit au lieu de l’établir. C’était ainsi que se terminait l’histoire de l’homme, placé sous sa responsabilité devant Dieu. Dieu devait l’abandonner — mais ses promesses sont sans repentance. Il rétablira le règne de son Oint sur ces deux colonnes merveilleuses, et ce règne ne pourra jamais être ébranlé.

Ch. 25 (v. 22-26) — Guedalia

Nebucadnetsar établit Guedalia, fils d’Akhikam, sur le peuple, laissé dans le pays pour y être vignerons et laboureurs. Cet Akhikam avait sauvé Jérémie aux jours de Jehoïakim, lorsque, semblable à Urie, le prophète, il avait prophétisé contre Jérusalem (Jér. 26:24). Sans doute, ce fait avait influé sur l’esprit du roi de Babylone qui respectait et protégeait Jérémie. Guedalia demeurait à Mitspa, ville forte qu’Asa, roi de Juda, avait bâtie avec les pierres de Rama (1 Rois 15:22). C’est là que se rendit Jérémie, et que tous les réchappés des contrées environnantes, avec la pauvre population qui était restée, vinrent chercher la protection de Guedalia, ce noble lieutenant du roi de Babylone. Il rassura le peuple, lui jurant qu’il n’avait rien à craindre en acceptant la servitude des Chaldéens.

Il y eut pour ce pauvre résidu un répit de quelques mois. Ils récoltèrent du vin et des fruits d’été en grande abondance (Jér. 40:12). Le culte de l’Éternel paraît même avoir été remis en honneur, dans un temps où le temple était complètement détruit et ruiné. Du moins y avait-il une «maison de l’Éternel», où ceux qui menaient deuil sur l’état d’Israël pouvaient monter (Jér. 41:4-5). Ce qui restait encore de chefs des forces se réunit autour de Guedalia, Ismaël, fils de Nethania, de la race royale, à leur tête. Ce dernier venait avec de mauvais desseins, envoyé par Baalis, roi des fils d’Ammon, et poussé, sans doute, par sa propre ambition. Guedalia, averti de la trahison projetée, par Jokhanan, l’un des chefs, se refuse à y croire et à prêter la main au meurtre d’Ismaël (Jér. 40:13-16). Ismaël le frappe lâchement, se révoltant, une dernière fois, contre l’autorité du roi de Babylone. Il massacre les adhérents du gouverneur et les guerriers chaldéens qui se trouvaient là. Le second jour, il tue les hommes qui étaient venus, ignorants peut-être, et non exempts de pratiques païennes, mais le cœur brisé, pour chercher l’Éternel, et emmène captif chez les fils d’Ammon tout le reste du peuple qui était à Mitspa, avec les filles du roi (Jér. 41:4-10). Jokhanan et les chefs des forces le poursuivent, l’atteignent près des eaux de Gabaon, le défont et lui reprennent les captifs, tandis qu’il réussit à s’échapper avec huit hommes et à se rendre auprès de Baalis.

Ces captifs délivrés, remplis d’appréhension et désirant se rendre en Égypte, consultent l’Éternel par Jérémie, pour obtenir une réponse selon leurs désirs, mais, dans le fond, ils sont décidés à ne pas obéir si cette réponse n’est pas favorable à leur projet. Le prophète leur donne un avertissement solennel. S’ils demeurent, c’est le salut, car la bénédiction accompagne toujours l’acceptation du jugement de Dieu, quand l’âme s’y soumet humblement, et, malgré tout, compte sur Lui pour bénir. Descendre en Égypte, où ils pensaient trouver la sécurité, c’était aller au devant d’un jugement inévitable (Jér. 42).

Dans leur orgueil, les chefs ne veulent pas accepter l’humiliation, et traitent de mensonge la parole de Dieu. N’en est-il pas toujours ainsi, quand Dieu présente sa Parole qui condamne le monde et la volonté de l’homme, à des âmes qui ont choisi le monde et leur propre volonté? Ils disent devant les sentences les plus claires: L’Éternel ne t’a pas envoyé pour dire cela. C’est un mensonge (Jér. 43:2). Ils n’écoutèrent donc point la parole de l’Éternel, fidèles jusqu’au bout à une seule chose, leur révolte contre Dieu, et ils emmenèrent avec eux Jérémie et le fidèle Baruc, ne voulant pas laisser en arrière ces témoins de leur désobéissance et de leur incrédulité. Ils n’oublient qu’une chose, c’est qu’ils emmènent avec eux la Parole qui les condamne. Jérémie continue jusqu’au bout l’exercice fidèle du don de prophétie que Dieu lui a confié. À Takhpanès, comme à Jérusalem, il est le témoin de la vérité de Dieu. Il annonce l’invasion future de l’Égypte par Nebucadnetsar qui, alors, se souviendra de ces révoltés (Jér. 43).

Ces misérables recommencent à servir d’autres dieux dans le pays d’Égypte où ils se sont enfuis. Leur état nous est décrit en ces mots: «Ils ne se sont pas humiliés jusqu’à ce jour, et ils n’ont pas eu de crainte, et ils n’ont pas marché dans ma loi et dans mes statuts, que j’ai mis devant vous et devant vos pères» (Jér. 44:10). Aussi Dieu déclare que de tous ceux qui sont descendus en Égypte, sauf «un fort petit nombre» de réchappés (v. 28), il n’y aura «ni réchappé, ni résidu pour retourner dans le pays de Juda» (v. 14).

Le peuple déclare ouvertement vouloir continuer ses sacrifices à «la reine des cieux», et lui attribue la prospérité dont il avait joui autrefois à Jérusalem (Jér. 44:17-18). La calamité prédite l’atteint en Égypte, dont l’Éternel livre le Pharaon Hophra entre les mains du roi de Babylone (v. 30).

Ch. 25 (v. 27-30) — La fin

En la trente-septième année de la transportation, Évil-Merodac, roi de Babylone, sort Jehoïakin (Jéconias) de prison et l’entretient à sa cour, tous les jours de sa vie. La lampe qui semblait éteinte, recommence à jeter une faible lueur, preuve que l’Éternel a toujours égard aux promesses faites à David, son oint, et que, malgré tout, sa grâce veille sur cette race coupable. Il allait arriver, en effet, un jour, et il n’était pas éloigné, où, selon Ésaïe, l’Esprit de l’Éternel, annoncerait aux prisonniers l’ouverture de la prison et proclamerait l’année de la faveur de l’Éternel, l’an agréable du Seigneur. Le peuple en voudrait-il alors? Hélas! il rejette l’Oint de l’Éternel, comme il a rejeté Jérémie et-tous les prophètes avant lui, mais, malgré tout, les promesses de Dieu s’accompliront à son égard, et son Jubilé définitif se lèvera, quand l’épée du jugement aura fait son œuvre étrange en la terre, et que les portails éternels se hausseront pour laisser entrer le Roi de gloire!

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur 2 Kings 23". "Commentaire biblique intermédiaire". https://www.studylight.org/commentaries/fre/cbi/2-kings-23.html.
 
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