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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Whole Bible (6)
versets 1-25
5-7, La création de lâhomme
Il résulte de notre explication du verset 4 que le verset 5 commence une phrase nouvelle.
Aucun arbrisseau des champs. Le mot hébreu siach signifie arbrisseau, et non plante, comme on lâa quelquefois traduit. Comparez Genèse 21:15; Job 30:4 et Job 30:7.
Aucune herbe des champs : légumes, céréales; le mot hébreu (ésev) est le même qui est employé au chapitre 1. Le récit nâexclut pas le gazon, la verdure du sol (désché), mais seulement les plantes pour lesquelles la main de lâhomme est nécessaire, et les arbres.
Cette stérilité avait deux causes : le manque de pluie dâune part (lâÃternel Dieu nâavait pas fait pleuvoir) et de lâautre lâabsence du travail humain (il nây avait pas dâhomme⦠).
On ne comprend bien la liaison de ces deux causes, en apparence complètement hétérogènes, que si lâon rapporte la seconde à lâabsence de canaux dâirrigation que lâhomme seul peut établir et qui sont indispensables pour remplacer la pluie dans un pays très chaud et habituellement privé de lâeau du ciel. Que serait, par exemple, lâÃgypte, le pays le plus fertile du monde, si lâhomme nâétait pas là pour suppléer par la canalisation du Nil à lâabsence complète de pluie ? Son sol deviendrait nu comme celui de la contrée dans laquelle était situé le paradis.
Une vapeur montait. Plusieurs interprètes ont fait dépendre encore cette proposition de la négation renfermée dans la proposition précédente et ont traduit : Une vapeur ne montait pas, trouvant ainsi dans ces mots une nouvelle cause de stérilité. Mais comme chacune des deux propositions précédentes a sa négation spéciale, il nous paraît quâil devrait en être de même de la troisième, si elle était aussi négative.
Cette vapeur remplaçait jusquâà un certain point la pluie et donnait déjà au sol une certaine fertilité. Nous nâavons pas le droit de conclure de ce passage quâil nâait pas plu jusquâau déluge; lâarc-en-ciel, donné pour signe après ce cataclysme, a pu exister auparavant sans que Dieu y ait encore attaché le sens quâil donne alors à ce phénomène.
Notre récit lui-même suppose lâexistence de la pluie en parlant dâun fleuve qui arrosait le paradis; il devait tomber de lâeau dans la région de ses sources.
Dans ce passage, où il est parlé de la création de lâhomme, non dans son rapport avec la nature, mais en vue de lui-même, le récit fait ressortir les traits constitutifs de son être. Il en distingue deux : le corps, poussière du sol, et lââme, souffle de Dieu.
Lors même que ces deux éléments de la nature humaine sont mentionnés successivement, en raison du caractère figuré de la narration il nâest point impossible dâadmettre que les deux éléments, corporel et spirituel, ont pu être formés simultanément.
Dieu forma. Cette expression semblerait dire que Dieu a de ses mains formé le corps humain; ce trait a évidemment aussi un caractère figuré; la réalité cachée sous ces images est pour nous incompréhensible, comme tout ce qui tient aux actes créateurs.
Mais il faut remarquer la différence établie ici entre lâorigine du corps de lâhomme et celle du corps des animaux; à lâégard de ceux-ci, Dieu disait: Que les eaux, lâair, la terre produisent; ici il agit plus directement, il forme lui-même.
Poussière du sol. Malgré la différence signalée, il y a, au point de vue de la substance, homogénéité entre le corps de lâhomme et celui des animaux.
Et il souffla. Les animaux sont aussi animés dâun souffle de vie, mais celui que possède lâhomme émane de Dieu lui-même; câest là le caractère distinctif de lââme humaine, qui explique lâexpression du chapitre 1 : Il le fit à son image.
Dans ses narines. Image empruntée au fait que la respiration est le signe de la vie.
Un être animé. Ce terme, qui est le même que celui qui a été appliqué aux animaux (Genèse 1:20), est ordinairement traduit par âme vivante. Câest ainsi que lâont rendu les LXX, dâaprès lesquels cite saint Paul 1 Corinthiens 15:45.
Il nous a paru que lâidée était mieux rendue par lâexpression être animé. Câest lâorigine divine de ce souffle de vie dont elle est animée, qui fait que lââme humaine possède en elle un organe pour remonter à Dieu et communiquer avec lui, comme elle communique avec le monde extérieur par le corps. Cet organe supérieur de lââme, en tant que distinct de celle-ci, se nomme lâesprit.
Sur lâorigine, lâétat primitif et lâunité du genre humain, voir lâappendice I, à la fin du chapitre.
8-14. Le paradis
La position du premier homme, dénué du secours de parents humains, rendait nécessaire lâexistence dâun milieu approprié à sa faiblesse et à son inexpérience. Dieu y pourvoit en plantant un jardin propre à subvenir à ses premiers besoins.
Il en est du terme de planter comme de ceux de former, de souffler, qui expriment sous une forme figurée des actions divines incompréhensibles pour nous.
Un jardin. Le mot hébreu gan désigne un endroit entouré dâune clôture; il se retrouve dans toutes les langues sémitiques pour désigner les jardins et le parc environnant un palais.
Les LXX lâont traduit par un mot grec, paradeisos dâoù est venu notre mot paradis; ce mot est la reproduction du mot persan païri-daéza, qui signifie un lieu protégé par un rempart. Ce mot a passé dans la langue hébraïque postérieure sous la forme de pardés.
En Ãden. La préposition en prouve quâÃden désigne toute la contrée au sein de laquelle se trouvait le jardin. Comme nom commun, ce mot signifie délices. Est-ce ce nom commun qui, en raison de son sens, est devenu le nom propre du pays où était situé le paradis, ou bien est-ce le nom propre de ce pays, emprunté primitivement à une langue autre que lâhébreu, qui a pris dans celle-ci le sens de délices ?
On peut invoquer en faveur de cette seconde opinion le fait quâil existe dans la langue assyro-babylonienne un mot tout semblable, édin ou édinou qui signifie plaine. Le nom dâÃden se retrouve ailleurs, mais avec dâautres voyelles. Comparez Ãsaïe 37:12; Ãzéchiel 27:23; Amos 1:5, notes.
à lâorient. On pourrait appliquer cette expression au rapport du jardin à la contrée dâÃden, dans la partie orientale de laquelle il aurait été situé mais il est plus naturel de lâexpliquer par le point de vue du rédacteur, pour qui Ãden et le jardin étaient situés bien loin à lâorient.
Remarquons que, tandis que la plupart des autres peuples anciens se prétendent autochtones et placent lâorigine de la race humaine sur leur propre territoire, les Hébreux se représentent le siège primitif de lâhumanité dans une contrée autre que celle quâils habitent. Ce fait nous prouve lâancienneté et la pureté des traditions sur lesquelles repose notre récit.
Il mit là lâhomme. Ces mots nous donnent lâidée de la sollicitude paternelle de Dieu envers lâhomme, sa créature faible et privilégiée.
Dieu pourvoit aux besoins et même aux jouissances de lâhomme encore enfant.
Lâarbre de vie. On voit plus tard que câétait lâarbre dont les fruits devaient préserver lâhomme de la dissolution à laquelle était naturellement exposé son corps formé de la poussière.
Est-ce là un simple symbole, destiné à représenter la puissance vivifiante de Dieu qui devait transformer le corps terrestre de lâhomme en corps spirituel et immortel, ou bien devons-nous supposer que cette action vivifiante était réellement attachée à lâusage du fruit de cet arbre ? Voir à Genèse 3:22.
Au milieu du jardin. Cette position centrale paraît correspondre à lâimportance de cet arbre.
La tradition de lâarbre de vie se retrouve chez tous les peuples de lâOrient. Chez les Hindous, il est situé au sommet dâune montagne et produit le soma, fruit dont se nourrissent les dieux et qui donne la vie aux hommes; câest comme un intermédiaire entre le ciel et la terre.
Les traditions iraniennes parlent de même dâun arbre dont les rameaux écrasés fournissent le breuvage quâon offrait en libation aux dieux et que lâon identifiait avec le breuvage céleste de vie et dâimmortalité.
Chez les Assyriens et les Babyloniens, lâimage de cet arbre se rencontre très fréquemment; il est probable que câétait primitivement un pin ou un cyprès; tantôt il est représenté comme gardé par des génies protecteurs (figure 1); tantôt des prêtres se tiennent de chaque côté dans lâattitude de lâadoration; quelquefois, comme sur le sceau du roi Sanchérib (figure 2), ce sont (probablement) le roi et la reine qui se tiennent de chaque côté de lâarbre, prêts à cueillir ses fruits.
Ce qui prouve son identité avec lâarbre de vie, câest que ce symbole se trouve souvent représenté sur des tombeaux chaldéens.
Lâarbre de la connaissance. Il ressort de Genèse 3:3 que cet arbre était voisin du précédent.
Il ne faudrait pas croire que son fruit fût un poison qui devait causer la mort; car la connaissance du bien était attachée à cet arbre aussi bien que celle du mal, et, dans lâintuition du récit, la mort provient bien plutôt de la privation de lâarbre de vie.
Nous pensons donc que ce nom lui est donné en raison de lâeffet qui devait nécessairement résulter de la défense faite à lâégard de son fruit. Si lâhomme obéissait, il apprenait à connaître le bien par expérience et le mal par la vue du danger auquel il avait échappé, de même que du haut dâune cime on mesure la profondeur de lâabîme où lâon aurait pu tomber; sâil désobéissait au contraire, il apprenait à connaître le mal par expérience et le bien comme un bonheur perdu, ainsi que du fond de lâabîme on mesure du regard la hauteur de la cime à laquelle on devait parvenir.
Lâarbre de la connaissance ne se retrouve nulle part dans les traditions des peuples anciens, sauf peut-être dans une figure babylonienne qui représente un homme et une femme assis de chaque côté dâun arbre. Ils tendent la main vers ses fruits et un serpent se tient debout sur sa queue derrière la femme. Cependant ce peut nâêtre là que lâune des nombreuses représentations de lâarbre de vie; et le serpent pourrait être lâemblème dâune divinité, comme le capricorne qui, sur le sceau de Sanchérib, se tient derrière la reine (figure 3).
Un fleuve sortait dâÃden. Comme il ne pleuvait pas sur la terre où était situé le jardin, une irrigation était nécessaire elle était due à un fleuve qui sortait dâÃden et entrait dans le jardin, pour lequel il était ce que le Nil est pour lâÃgypte.
De là il se partageait et devenait⦠Le sens naturel de ces mots est que le fleuve, après avoir traversé le jardin, se divisait en quatre branches qui allaient arroser les contrées désignées ensuite.
Quatre fleuves, littéralement quatre têtes. Nous croyons que cette expression ne peut désigner que quatre branches dans lesquelles se partageait le fleuve principal. Câest dans ce sens quâest appliqué le mot tête dans les inscriptions assyriennes, où le mot resch-nari (en hébreu, rosch-nahar, tête du fleuve) désigne le point où un canal se sépare du fleuve qui lâalimente.
On a essayé dâappliquer ce nom à quatre rivières ou affluents qui auraient formé le fleuve avant son entrée dans le paradis et dâentendre lâexpression : sortait dâÃden, dans ce sens : sortait de la partie dâÃden située au-dessous du paradis pour entrer dans la mer. Câest faire violence aux termes du texte.
Pischon. Ce nom de fleuve, quâon ne retrouve nulle part ailleurs, ni dans la Bible, ni chez les peuples anciens, est un mot hébreu signifiant : celui qui coule largement. Lâexpression : qui entoure le pays, peut signifier simplement : qui embrasse lâun de ses côtés. Comparez Deutéronome 11:4.
Havila. Ce nom, dont la signification étymologique est pays des sables ou des dunes, désigne proprement dans la Bible lâun des fils de Joktan, descendant de Sem (Genèse 10:29). Or, on sait que les Joktanides étaient lâune des trois grandes souches de la race arabe (Kéturiens, Ismaélites et Joktanides). Câest donc en Arabie quâil faut chercher le pays habité par cette tribu.
Ce résultat est confirmé par Genèse 25:18 et 1 Samuel 15:17, textes dâaprès lesquels Havila ne peut guère être que la contrée de lâArabie voisine du golfe Persique et de la Mésopotamie, et à laquelle convient le sens étymologique de ce nom.
Il est aussi parlé Genèse 10:7 dâun Havila habité par des Cuschites, descendants de Cham. Comme les tribus cuschites mentionnées dans ce passage se trouvent presque toutes sur la côte arabique du golfe Persique, il est probable que les deux Havila ne sont quâun seul et même pays où sâétaient mélangées les deux races.
Lâor. Lâarticle signifie que câétait de ce pays que les Israélites tiraient ordinairement leur or, et cette circonstance confirme lâapplication du nom de Havila à la contrée dâArabie voisine du golfe Persique et par conséquent du pays dâOphir, dâoù Salomon tirait ce métal.
Pour le rapprochement de Havila et dâOphir, voir Genèse 10:29, et pour lâor dâOphir, 1 Rois 9:28; 1 Rois 10:11; 1 Rois 22:49, etc.
Lâor de cette terre-là est bon. On sait par plusieurs passages que lâor dâOphir était préféré à tout autre : Job 28:16; Psaumes 45:10; Ãsaïe 13:12.
Le bdellium. Lâhistorien Josèphe entend par là une gomme résineuse, odoriférante et très précieuse, qui est appelée en grec bdolkos et qui se trouvait, dâaprès Pline, en Arabie, en Inde, en Médie et en Babylonie. Câest le sens aujourdâhui généralement admis.
Cependant comme, dâa près Exode 16:14, la manne était de couleur blanche et que, Nombres 11:7 elle est comparée au bdellium qui, dâaprès Pline, doit avoir été de couleur brune, plusieurs savants ont pensé quâil sâagissait plutôt des perles, quâon pêche dans le golfe Persique.
Pierre de schoham. Pierre précieuse; selon les uns le béryl, de couleur verte; selon les autres, la pierre dâonyx, espèce dâagate présentant des couches de diverses couleurs. On a retrouvé dans les inscriptions assyriennes un mot analogue, samou ou samtou, qui désigne une pierre précieuse probablement dâun brun clair portée comme ornement par les rois.
Câétait sur deux pierres de schoham posées sur les épaules du grand sacrificateur quâétaient écrits les noms des douze tribus dâIsraël.
Guihon. Ce nom, qui vient dâun mot hébreu signifiant jaillir, répond au nom arabe Dschaihoun, que les Arabes et les Persans appliquent à plusieurs fleuves, par exemple au Gange (Inde), à lâOxus (Turkestan), au Pirame (Cilicie); les LXX lâappliquent au Nil dans la traduction de Jérémie 2:18. Une source près de Jérusalem portait aussi ce nom (1 Rois 1:33; 2 Chroniques 32:30).
La terre de Cusch. Ce nom sâapplique le plus ordinairement dans lâAncien Testament à lâAbyssinie et à la Nubie, que traverse le Nil avant de descendre en Ãgypte. Mais il parait quâoriginairement le peuple des Cuschites habitait les contrées au nord du golfe Persique.
Nous avons déjà rappelé le fait que les noms de la plupart des fils de Cusch mentionnés Genèse 10:7 se retrouvent sur la côte arabique de ce golfe. Nous savons également que Nemrod, le fondateur de lâempire babylonien, était fils de Cusch (Genèse 10:8).
Ces données scripturaires sont confirmées par les inscriptions babyloniennes, qui donnent le nom de Caschou à lâune des tribus primitives de la Babylonie et finissent par lâétendre à toute la population. Câest bien probablement de ce nom quâest venu le mot hébreu Casdim (Chaldéens) qui désigne les habitants de la Mésopotamie méridionale.
Hiddékel. Ce nom est le même que le nom assyrien Diglat ou Hidiglat (flèche), qui dans cette langue désigne le Tigre. Il est ainsi nommé à cause de la rapidité de son cours. Ce fleuve est encore mentionné Daniel 10:4. Il prend sa source dans les montagnes dâArménie, traverse du nord au sud la Mésopotamie septentrionale, se rapproche beaucoup de lâEuphrate au-dessus de Babylone et enfin se confond avec lui peu avant son embouchure dans le golfe Persique; leur cours commun jusquâà la mer se nomme Schat-el-Arab.
à lâorient dâAssur. Il semble au premier abord que cette détermination nâest pas exacte, puisque lâAssyrie sâétendait sur les deux rives du Tigre. Mais il est probable que primitivement le pays qui portait ce nom ne sâétendait pas au-delà du Tigre, car la ville dâAssur, lâancienne capitale, était située sur la rive occidentale du fleuve.
LâEuphrate le plus grand fleuve de lâAsie occidentale, venant, comme le Tigre, de lâArménie; il arrose toute la Mésopotamie et se jette, réuni au Tigre, dans le golfe Persique. Son nom est en hébreu Phrath; en assyrien-babylonien Purat, câest-à -dire le fleuve; en persan Ufratu; de là est venu notre mot Euphrate. Aucun détail nâest donné sur ce dernier fleuve, parce quâil était suffisamment connu des Hébreux.
Sur la situation du paradis, voir lâappendice II, Ã la fin du chapitre.
15-17.Lâhomme dans le paradis
15. Ce verset se rattache directement au verset 8, dont il développe les derniers mots.
LâÃternel Dieu prit lâhomme. Câest ici à proprement parler le commencement de lâhistoire de lâhumanité.
Pour le cultiver. Dès lâabord lâhomme est appelé au travail, car le travail est la condition de tout développement, et Dieu veut pour lâhomme le progrès. Mais ce travail ne devait rien avoir de servile; câétait celui du jardinier au milieu de ses plantations.
Pour le garder. On a pensé que cela signifiait: pour le préserver des bêtes féroces; mais quelle arme Adam aurait-il eue contre elles, et comment aurait-il gardé le jardin de tous les côtés à la fois ? Il sâagit donc de le garder contre un ennemi dâune toute autre nature, qui aspire à sâen rendre maître et qui ne tardera pas à paraître.
Cette première tâche dâAdam, qui ne se rapportait quâau jardin, laisse entrevoir celle de lâhumanité à lâégard de la terre entière; faire du monde un Ãden, et de cet Ãden le théâtre du règne de Dieu, voilà la tâche quâAdam était appelé à inaugurer.
Cet ordre. Ce terme est en relation intime avec la tâche de garder le jardin que Dieu vient de donner à lâhomme : à la séduction dont il sera bientôt lâobjet, il devra opposer, comme un bouclier, lâordre divin.
Tu mangeras librement. Nous traduisons ainsi la forme hébraïque. qui consiste dans le redoublement de la notion verbale.
Dans le premier récit (Genèse 1:29), Dieu avait déjà assigné à lâhomme comme nourriture les légumes, les céréales et les fruits de tous les arbres. Sâil répète ici lâautorisation de manger les fruits des arbres, câest pour préparer la restriction renfermée dans les mots suivants.
Le but de cette parole nâest donc pas dâindiquer à lâhomme tout ce qui pourra servir a sa nourriture, et câest à tort quâon y a vu une contradiction avec Genèse 1:29.
Tu nâen mangeras pas. Cette défense est le premier acte de lâéducation morale de lâhumanité. Si lâhomme eût été laissé à son instinct comme les animaux, il fût devenu comme eux lâesclave du penchant. Sa volonté ne pouvait être affranchie de la domination des appétits sensuels que par un ordre qui le forçât à se replier sur lui-même et à dominer lâinclination naturelle. Câétait donc à la domination de lui-même, câest-à -dire à la véritable liberté, que Dieu voulait commencer à lâélever en lui intimant cette défense.
Remarquons la nature élémentaire et en quelque sorte enfantine de ce premier commandement; il était parfaitement approprié à lâétat de lâhomme en ce moment de son existence. Chacun ne se souvient-il pas que sa première tentation et peut-être son premier péché. comme enfant, se sont produits a lâoccasion dâune jouissance de cette nature ?
Tu mourras certainement. Sur ce mot certainement, même observation que sur le librement du verset 16 : il y a simplement en hébreu le redoublement de la forme verbale.
Lâhomme nâavait pas été créé immortel (Genèse 3:19), mais il aurait dû être préservé de la mort par la jouissance des fruits de lâarbre de vie; il eût par là obtenu la transmutation de son corps terrestre en corps glorifié.
Au lieu de cela, le péché le séparera de Dieu et de ses moyens de grâce, et il tombera sous la puissance de dissolution inhérente à sa nature terrienne.
Au jour où. Ce procédé de dissolution commencera au jour même où le péché aura séparé lâhomme de son Dieu. Sa vie ne sera plus que celle dâun mourant.
18-25 La création de la femme
La création de la femme avait été indiquée en Genèse 1:7 par une expression sommaire. Elle est racontée maintenant dans tous ses détails et placée au moment précis où elle a eu lieu.
LâÃternel Dieu dit. Comme la création de la femme est lâachèvement de celle de lâhomme, elle est précédée, de même que celle-ci, dâune délibération en Dieu. Câest ici le seul Et Dieu dit, de ce chapitre; il rappelle les : Et Dieu dit, du chapitre 1.
Il nâest pas bon. Dieu attend, pour donner à lâhomme sa compagne, quâil ait vécu seul un certain temps, sans doute parce que ce don doit répondre à un besoin que le sentiment de la solitude aura fait naître chez lui.
Ainsi lâon peut sâexpliquer quâil arrive un moment où lâétat primitif de lâhomme, qui avait été déclaré très bon (Genèse 1:31), ne lâest plus absolument. Ce qui était bon pour lâenfant peut ne lâêtre plus pour le jeune homme.
Plus tard, lorsque le don de Christ aura répondu plus complètement encore aux besoins du cÅur de lâhomme, saint Paul pourra dire : Il est bon à lâhomme dâêtre seul (1 Corinthiens 7:26).
Je lui ferai une aide. Dieu ne corrige pas son Åuvre il la complète au moment où le réclame la loi du progrès qui la domine dès le commencement. Adam a maintenant besoin dâune aide pour sa tâche; elle lui est donnée.
Câest de ce mot que Paul a tiré cette expression : La femme est la gloire de lâhomme. La gloire dâun être est dâêtre aimé; il nây a pas pour lâhomme de gloire comparable à celle dâavoir reçu pour compagne et aide dévouée un être aussi parfait que la femme.
Qui soit sa pareille. Littéralement son vis-à -vis, son pendant, un second lui-même.
La mention de la création des animaux est en relation évidente avec le récit de la création de la femme, quâelle prépare. Le rédacteur ne peut avoir voulu dire que Dieu a créé les animaux après lâhomme, car il se mettrait en contradiction flagrante avec le chapitre 1, quâil a posé à la base de tout son récit.
Comme nous constatons par ce qui précède et par tout ce qui suit que, pour éviter les répétitions, il supprime fréquemment certaines parties de ses documents, nous pouvons admettre quâil ne relève la création des animaux quâen vue du récit qui va suivre, et que par conséquent elle nâest pas nécessairement ici à sa place chronologique.
Ce qui confirme cette idée, câest quâil ne parle pas de tous les animaux, mais seulement de ceux qui joueront un rôle dans le fait suivant, à savoir ceux des champs et des airs.
Nous devons donc admettre que dans sa pensée, et rien nâest plus conforme au mode de narration sémitique, le sens du verset 19 est celui-ci : Et tous les animaux des champs⦠que lâÃternel Dieu avait formés, il les fit venir vers lâhomme.
Les fit venir vers lâhomme. Il ne ressort pas de ces mots quâils habitassent dans le paradis, et leur nom dâanimaux des champs ne permet même pas de le supposer. Dieu pouvait les faire venir de la contrée environnante.
Pour voir comment il les appellerait. Le but de Dieu en faisant passer devant Adam les animaux était dâéveiller en lui le sentiment de son isolement, afin que lâaide qui allait lui être accordée, commençât par être lâobjet de son désir.
En voyant passer devant lui tous ces êtres aux formes diverses, aux allures variées, il devait. exprimer par un nom la nature de chacun dâeux, et par là les caractériser comme étrangers à sa propre nature; le résultat de cet examen devait donc être la conscience de son isolement complet au milieu du monde animal.
On a cru souvent, que ce moment était celui de lâorigine du langage. Mais ce ne peut être là le sens de ce récit, intercalé, comme il lâest, dans celui de la création de la femme; puis il semble bien que lâauteur se représente lâhomme comme initié au tangage des les premiers moments de son apparition sur la terre; comparez versets 16 et 17.
Ce fût son nom. Câest ici comme un acte de souveraineté quâexerce Adam : le nom donné demeurera, et chaque animal sera dâune manière permanente pour lâhomme ce quâexprime son nom, tout comme le jour et la nuit, les cieux, la terre et la mer devaient demeurer tels que Dieu les avait établis en leur donnant un nom.
Les bestiaux. Il est singulier que le bétail les animaux domestiques, omis au verset 19, soit nommé ici, et en première ligne. Cela se comprend si lâon admet que ces animaux étaient déjà les plus rapprochés de lâhomme et habitaient avec lui dans le paradis câest pourquoi ils ne peuvent être rangés parmi les animaux des champs.
Les oiseaux, qui partagent jusquâà un certain point ce privilège, sont nommés immédiatement après; enfin viennent en troisième ligne les bêtes sauvages que Dieu fait venir du dehors.
Il ne trouva pour lâhomme; littéralement pour un homme, câest-à -dire pour un être tel que lâhomme; Adam ne trouva aucun être propre à former le complément de son existence. Dans sa simplicité cette parole est une expression sublime de la supériorité et de la grandeur de lâhomme.
Cette lacune une fois constatée, Dieu la comble.
Un profond assoupissement. Cet état nâétait pas naturel le mot thardéma, proprement torpeur, nâest appliqué quâà un assoupissement très profond et qui a quelque chose dâexceptionnel.
Il prit une de ses côtes. littéralement un de ses côtés, un germe de vie renfermé dans lâhomme lui-même. Ainsi que lâhomme, la femme est le produit dâun acte spécial de Dieu mais comme ce nâest pas une nouvelle catégorie dâêtres qui apparaît, elle est tirée non du sol, comme lâhomme et les animaux, mais de lâorganisme humain déjà constitué.
Un naturaliste éminent a rapproché ce fait du phénomène de force évolutive que lâon observe dans certains organismes, tels que les méduses, qui, après une phase dâinconscience et dâimmobilité, se métamorphosent et arrivent à la différenciation des sexes. Mais ne vaut-il pas mieux avouer franchement notre ignorance sur un fait qui participe au mystère de la création elle-même ?
Nous nous bornerons à reconnaître la divine pensée renfermée dans ce récit, celle de lâintime connexion morale créée entre lâhomme et la femme par ce mode dâorigine de la seconde. Rappelons ici que lâArabe appelle son intime ami, son côté.
Mais en même temps que la communauté de vie entre lâhomme et la femme est ainsi fondée, ce mode dâorigine établit aussi la dépendance de la femme à lâégard de lâhomme, comme saint Paul le fait ressortir 1 Corinthiens 11:8 et 1 Timothée 2:13.
Forma une femme, littéralement bâtit en femme la côte quâil avait prise.
Lâamena vers lâhomme. Il ne laisse pas à lâhomme le soin de la chercher et de la trouver; il la lui présente et la lui donne lui-même. Câest par cet acte divin que le mariage a été institué.
Adam reconnaît à lâinstant lâêtre qui doit combler le vide que lui a fait sentir la vue des animaux passant devant lui par paires.
Celle-ci, en opposition à tous ces êtres inférieurs.
Cette fois. Ce mot exprime avec vivacité le contraste avec lâexpérience quâil vient de faire.
Os de mes os et chair de ma chair; comme sâil voulait dire : Cette fois, un autre moi-même ! Il y a là un élan de surprise et de joie qui donne aussitôt naissance au parallélisme rythmique, caractère de la plus antique poésie.
Lâémotion se trahit aussi par la triple répétition du mot celle-ci; car la traduction littérale de la troisième proposition est : Elle a été prise de lâhomme, celle-ci.
Celle-ci sera appelée femme : le mot hébreu est ischa, féminin de isch, lâhomme. Pour rendre lâassonance de lâhébreu, il nous faudrait le mot hommesse.
Adam fait à lâégard de la femme ce que Dieu lui avait appris à faire à lâégard des animaux. Ce nom exprime lâimpression quâelle produit sur lui, celle dâun être à la fois un avec lui et dépendant de lui.
On ne peut conclure de ce fait que lâhébreu soit la langue primitive de lâhomme car cette assonance peut être la reproduction dâune assonance semblable dans la langue primitive.
Il est difficile de croire que cette parole doive être attribuée à Adam, puisque les expressions de père et de mère supposent une expérience quâil nâavait pas.
Matthieu 19:5 (dâaprès la traduction exacte), Jésus la met dans la bouche de Dieu même, sans doute en ce sens quâil lâattribue à lâauteur inspiré du récit. Ce serait donc une réflexion ajoutée par ce dernier, comme il sâen trouve plusieurs dans le cours de là Genèse, adjonctions qui commencent ordinairement, comme celle-ci, par al-ken, câest pour cela (Genèse 26:33; Genèse 32:32).
Lâhomme laissera⦠Lâexpérience a prouvé la sagesse de cette direction divine; une nouvelle famille doit dès lâabord se détacher du tronc qui lâa portée pour devenir tronc à son tour.
Il sâattachera à sa femme. Le principe de la monogamie est implicitement renfermé dans cette parole. Comparez Matthieu 19:6. Câest ici la fondation de la famille sous sa forme normale.
Une seule chair. Comparez 1 Corinthiens 6:16 les conséquences que saint Paul tire de cette parole contre le crime de lâimpureté.
Le sentiment de la pudeur nâest venu que plus tard comme effet du péché. Adam et Ãve étaient encore comme des enfants.
Appendice 1 Origine, unité, état primitif du genre humain
1. Dans le passage que nous venons dâétudier est renfermée la conception biblique de lâorigine de lâhomme. Cette conception, nous lâavons vu, tient compte à la fois des traits par lesquels lâhomme appartient au monde animal et de ceux qui lâen distinguent et font de lâhumanité, comme on lâa dit, un règne à part.
Mais, dâaprès une opinion récemment enseignée et à laquelle adhèrent un grand nombre de savants, lâhumanité procéderait sans intervention divine particulière de lâanimalité qui lâa précédée, et cela aussi bien quant à ses facultés intellectuelles et morales que quant à son corps. Nous ne pensons pas que cette manière de voir, opposée à la conception biblique réponde à lâensemble des faits qui peuvent nous éclairer sur la question.
Il y a entre lâhomme et lâanimal toute une série de différences caractéristiques qui ne permettent pas dâenvisager lâapparition de lâhomme autrement que comme un commencement nouveau, le produit dâun acte créateur immédiat. Voici quelques-uns de ces traits.
Lâhomme est une personnalité consciente et disposant dâelle-même, tandis que lâanimal nâagit que comme représentant de lâespèce a laquelle il appartient.
Lâhomme a lâintuition du bien et du mal, et par cette conscience il devient responsable de ses actes; lâanimal ne connaît que la sensation agréable ou pénible et ne peut être envisagé comme moralement responsable.
Lâhomme parle; lâanimal nâa pas le langage, non que les organes lui manquent pour cela, mais parce quâil nâa que des représentations individuelles et quâil est incapable dâidées générales comme celles quâexprime le langage.
Lâhomme progresse incessamment; lâanimal demeure stationnaire, enfermé quâil est dans le cercle que lui trace lâinstinct.
à ces différences intellectuelles et morales correspondent celles que lâon constate au point de vue physique; la constitution du cerveau en particulier établit une distance incomparablement plus grande entre lâhomme le plus inférieur et lâanimal le plus élevé que celle qui sépare lâanimal le plus élevé de ceux qui le suivent de plus près.
Les partisans de lâorigine animale de lâhomme pensent quâil doit y avoir eu un être intermédiaire, dont lâexistence aurait comblé cet intervalle immense. Câest là une pure hypothèse, qui nâest appuyée jusquâici par aucun fait.
Ou bien ils pensent quâà lâorigine lâhomme était beaucoup plus rapproché de lâanimalité quâil ne lâest actuellement. Mais tous les faits constatés jusquâici réfutent cette manière de voir; les crânes humains les plus anciens quâon ait retrouvés dans les couches terrestres sont, de lâaveu même des partisans de la théorie que nous combattons, exactement semblables à ceux des hommes de nos jours.
Mais, dût même lâidée que lâhomme descend de lâanimalité être un jour démontrée par les faits, il nâen resterait pas moins vrai que câest Dieu qui a, par tout le développement du règne animal, formé son corps et que, quant à son âme, terme de cette longue élaboration, elle se distingue dâune manière si profonde de celle des animaux même les plus rapprochés de lui que lâimage biblique dâun esprit soufflé par Dieu dans ses narines doit en tout cas être lâexpression symbolique dâun fait divin accompli à lâorigine de la race humaine.
De même quâil a fallu un acte créateur pour poser le commencement de la vie au sein de la matière, il en a fallu un nouveau pour poser lâesprit au sein de la matière animée.
2. LâÃcriture pose comme un fait indubitable lâunité dâorigine du genre humain. Dans notre chapitre, Dieu ne crée quâun seul couple dâoù la famille humaine tout entière doit procéder. Jésus dit : Ne savez-vous pas que Dieu fit au commencement un homme et une femme ? (Matthieu 19:4). Saint Paul déclare aux Athéniens que Dieu a fait naître dâun seul sang tout le genre humain (Actes 17:26).
Aujourdâhui, les savants sont disposés à reconnaître lâunité attestée par lâÃcriture. Elle est confirmée en effet par des faits nombreux qui prouvent que les différences existant entre les hommes ne sont pas celles dâespèces diverses, mais celles de simples variétés. Tandis que les espèces animales différentes en sâunissant ne donnent naissance quâà des produits stériles ou dont la fécondité ne dépasse pas deux ou trois générations, les races humaines, en se croisant, donnent naissance à des rejetons dâune fécondité permanente. Tous les hommes ont la même conformation du squelette; la température moyenne du corps et la rapidité des battements du pouls est la même chez tous; tous sont sujets aux mêmes accidents physiologiques et aux mêmes maladies; le temps de la grossesse est le même chez toutes les races.
Lâunité morale est plus évidente encore si possible; les lois de la logique et celles de la conscience, ainsi que tout un ensemble de sentiments naturels, étendent leur pouvoir aussi loin que sâétend lâhomme; le travail intellectuel dâune partie de lâhumanité réagit tôt ou tard sur la totalité de la race; enfin lâinfluence du christianisme sâexerce également chez tous les peuples de la terre.
Ce nâest quâà la condition de cette unité morale du genre humain que peut être proclamée la grande loi qui domine son existence : aimer son prochain comme soi-même.
3. Relativement à lâétat primitif de lâhomme, on a souvent exposé une théorie dâaprès laquelle lâhomme aurait passé graduellement dâun état sauvage encore à demi brutal au degré le plus inférieur de la civilisation et se serait élevé progressivement de là à la hauteur à laquelle nous sommes aujourdâhui parvenus. Primitivement dénué de toute pensée religieuse et ne pratiquant aucun culte, il aurait à un degré plus avancé divinisé certains objets qui avaient pour lui une importance particulière : un arbre, une pierre, un fleuve, puis, à un degré supérieur encore, le feu, les astres, en particulier le soleil; il en serait venu à se représenter les astres comme habités par des puissances divines en grand nombre; enfin, par la contemplation de lâunité du ciel, il se serait élevé à la pensée dâun Dieu unique. Ainsi serait né graduellement, à travers les phases de lâathéisme, du fétichisme et du polythéisme, notre monothéisme actuel.
Si lâhomme veut se mettre à créer lâhistoire par un procédé dâimagination, il arrive assez naturellement à la conception que nous venons dâexposer; mais sâil veut étudier les faits, ce qui est la seule méthode sûre pour arriver à la vérité, il sera conduit à un résultat tout opposé et reconnaîtra que le monothéisme doit avoir été le point de départ de lâhumanité, que le polythéisme a été une première dégénérescence et que le fétichisme est une dégradation plus profonde encore et nâa plus au-dessous de lui que lâathéisme matérialiste qui sâempare de nos jours dâun très grand nombre dâindividus.
On a étudié les religions de tous les peuples du monde, et cette étude a conduit à constater le fait que toutes ont à leur origine une notion monothéiste qui sans doute se confond chez plusieurs dâentre elles avec la notion de lâunité du ciel visible. Le polythéisme qui a suivi nâa été que comme un fractionnement de cette unité primitive, et le fétichisme que nous trouvons aujourdâhui aux plus bas degrés de la race humaine, nâest, dâaprès le témoignage des peuples eux-mêmes qui sont arrivés à ce point, que le reste de notions religieuses plus élevées que possédaient leurs ancêtres. Aussi nâa-t-on jamais vu un peuple fétichiste se relever par lui-même de cet état pour parvenir à une religion plus pure sans le secours des races plus avancées.
Mais, dâautre part, si lâhistoire nous conduit à admettre que la connaissance religieuse primitive de lâhumanité a surpassé, au point de vue de la pureté, celle des états subséquents, cela ne doit pas nous empêcher dâenvisager cet état primitif comme un simple point de départ, dâoù lâhumanité devait sans tarder commencer à sâélever vers un terme beaucoup plus glorieux.
Câest précisément ce que nous fait comprendre le récit scripturaire en nous montrant le couple primitif dans un état dâenfance, dâinnocente ignorance, mais aussi de communication directe avec lâÃternel qui était pour eux ce quâun père et une mère sont pour leurs enfants et qui veillait à leur progrès intellectuel et moral, non moins quâà la satisfaction de leurs besoins physiques.
Appendice II Sur la situation du paradis
Beaucoup dâinterprètes nâattribuent à la notion du paradis quâune valeur purement idéale. Ce jardin de Dieu, fertilisé par des eaux abondantes et produisant des fruits de toute espèce pour lâentretien de la vie humaine, serait lâemblème de la vie et des biens excellents que Dieu accordait à lâhomme dans son état dâinnocence primitive.
Mais lâauteur ne lâa certainement pas entendu ainsi; autrement, à côté des deux noms de Pischon et de Guihon, qui pourraient à la rigueur passer pour symboliques, il nâaurait pas placé ceux de deux fleuves bien connus de ses lecteurs, le Tigre et lâEuphrate.
Et si nous admettons lâunité de la race humaine comme un fait constaté, il faut bien que le premier couple, dâoù est provenue toute lâhumanité, ait eu quelque part une habitation réelle, où il ait joui de la protection divine et trouvé facilement les moyens de satisfaire à ses besoins.
Où chercher ce berceau primitif de lâhumanité ? On a répondu à cette question de bien des manières différentes. Nous nous bornerons à indiquer les principales solutions, celles qui prennent au sérieux les données géographiques du texte et sâattachent à en rendre compte.
Plusieurs interprètes modernes, suivant une opinion émise déjà par lâhistorien juif Josèphe, à la fin du premier siècle après Jésus-Christ, pensent que lâauteur du récit a voulu faire du paradis le lieu central du monde, dâoù sortaient tous les grands fleuves qui arrosent la terre, telle quâelle était connue de son temps.
Ainsi dans le Pischon ils voient lâun des deux grands fleuves de lâInde, le Gange ou lâIndus : le pays de Havila désignerait dans ce cas non seulement le désert dâArabie, mais encore toutes les contrées situées du côté de lâest, jusquâà lâInde elle-même. Cette supposition est, prétend-on, confirmée par le fait que câétait probablement de lâInde que provenaient lâor et les pierres précieuses que les israélites tiraient dâOphir par leur commerce.
Le Guihon serait le grand fleuve qui arrose lâAfrique, comme le Pischon lâAsie orientale, câest-à -dire le Nil, que lâon se serait représenté provenant du centre de lâAsie, traversant lâArabie, puis arrivant en Abyssinie (la terre de Cusch) pour se diriger de là vers le nord et descendre à travers lâÃgypte dans la Méditerranée. Lâidée que les sources du Nil pourraient se trouver en Asie parait avoir traversé lâesprit dâAlexandre quand, arrivant à lâun des affluents de lâIndus, il vit dans ses eaux des crocodiles et sur ses bords une plante égyptienne; mais il se convainquit immédiatement de lâimpossibilité de ce rapprochement.
Les deux derniers fleuves ne peuvent être, comme nous lâavons vu, que le Tigre et lâEuphrate. Dâaprès cela, le paradis aurait été situé sur un plateau quelconque de lâAsie centrale où se serait trouvée, dans lâimagination des peuples antiques, la source commune des quatre fleuves indiqués.
Mais lâidée dâun jardin qui aurait été arrosé simultanément par les grands fleuves de lâAsie et de lâAfrique est tellement fantastique quâil est impossible de lâattribuer à lâauteur de la Genèse, dont les connaissances en ethnographie et en géographie sont constatées, comme nous le verrons, par le chapitre 10.
Puis il est impossible dâadmettre que lâauteur de notre récit ait étendu le nom de Havila aux contrées de lâInde, car sâil avait connaissance de ce pays et des fleuves qui lâarrosent, il devait savoir aussi que toute une mer le séparait de la côte orientale de lâArabie.
Enfin, pour ce qui concerne le Nil, on ne peut attribuer une pareille ignorance à notre auteur, qui écrivait sans doute après le séjour du peuple dâIsraël en Ãgypte. Comment donc supposer quâil nâait pas connu la mer Rouge et le détroit qui sépare lâAfrique de lâArabie et quâil se soit imaginé que le Nil, quâil savait couler du sud au nord, avait ses sources dans la même région que lâEuphrate, qui venait du nord ?
Du reste les cours du Tigre et de lâEuphrate sont beaucoup trop rapprochés lâun de lâautre en proportion de lâéloignement immense qui séparerait les deux autres fleuves.
Pour peu quâon admette la réalité historique du récit, on est obligé de chercher lâemplacement du paradis dans la région des deux fleuves connus, le Tigre et lâEuphrate. Plusieurs croient le trouver dans la contrée où ils prennent leurs sources, sur le plateau arménien, non loin de la ville actuelle dâErzeroum.
La source orientale de lâEuphrate et la source occidentale du Tigre sont très rapprochées (environ deux mille pas), et dans la même contrée naissent deux autres fleuves, le Kour et lâAraxe, qui coulent vers le nord, puis à lâest, et qui se réunissent avant de se jeter dans la mer Caspienne; ce sont ces derniers fleuves qui dans notre récit porteraient les noms de Pischon et de Guihon.
Le pays de Havila, arrosé par le Pischon (Kour), serait la Colchide des Grecs, dont la frontière orientale était voisine de ce fleuve; lâon sait que cette contrée était célèbre par lâor quâon venait y chercher de loin.
Quant au pays de Cusch, ce serait la contrée nommée par les Grecs Cossaia, sur le versant nord du plateau dâArménie.
Dâautres partisans de cette explication voient dans le Pischon le Phasis des anciens, qui, après avoir arrosé la Colchide se jette dans la mer Noire.
Mais plusieurs objections décisives sâélèvent contre cette hypothèse. Malgré leur proximité, les sources de ces fleuves sont distinctes et séparées par des montagnes assez élevées. tandis que, dâaprès le récit biblique, ils devraient provenir dâun seul fleuve divisé en quatre bras.
On répond, et câétait déjà la pensée de Luther, que le déluge a pu changer la configuration de cette contrée. Mais lâauteur ne parle pas dâun passé qui nâexiste plus; il a évidemment la prétention de décrire en ce point ce qui existe encore. Il sâexprime de manière à faire comprendre que dans le temps même où il écrit on va chercher à Havila lâor, le bdellium et la pierre de schoham.
Puis, si la contrée du paradis était privée de pluie, comme le dit le récit, elle ne saurait être lâArménie dâoù sortaient ces immenses cours dâeau.
En troisième lieu, lâidentification du Pischon et du Guihon avec le Kour et lâAraxe, puis des pays de Havila et de Cusch avec la Colchide et le pays des Cosséens, est très arbitraire. Havila et Cusch en particulier sont des noms trop usités dans lâAncien Testament pour quâil soit possible de les appliquer à des contrées aussi éloignées et aussi peu connues des Hébreux.
Quant au Phasis, il nâest pas possible dây penser, puisquâil prend sa source dans le Caucase. Enfin pour les Hébreux lâArménie était au septentrion et non pas à lâorient.
Une autre opinion essaie de placer le paradis près de lâembouchure des deux fleuves mésopotamiens dans le golfe Persique. Calvin et plusieurs savants après lui ont vu dans le fleuve unique le Schat-el-Arab et dans les quatre bras (têtes) lâEuphrate et le Tigre, qui se réunissent pour le former, et deux embouchures par lesquelles il se déverse dans le golfe Persique.
Cette manière de voir a été modifiée par un savant moderne (Histoire et géographie des temps primitifs, par Pressel), qui a supposé que lâexpression raschim désignait les quatre affluents du Schat-el-Arah. Lâauteur, dans sa description, remonterait le cours du fleuve, au lieu de le descendre. En montant le Schat-el-Arab, après avoir traversé lâendroit où était le paradis, on arriverait successivement aux quatre fleuves qui contribuent à le former : lâEuphrate, le Tigre et deux affluents venant des montagnes dâElam, à lâest, le Kerkha (Ulaï des anciens) et le Kuran. Peut-être vaudrait-il mieux supposer, dans cette hypothèse, que les deux derniers étaient lâUlaï venant de lâest et un affluent de lâEuphrate venant de lâArabie centrale dont le lit desséché a été retrouvé depuis peu.
Mais les terrains dâalluvions que traverse le Schat-el-Arab sont de formation assez récente, et jusquâau temps dâAlexandre le Grand les quatre fleuves avaient encore des embouchures distinctes. Puis le caractère marécageux de ces plaines ne convient guère à lâidée que nous nous faisons du paradis. Enfin il est bien difficile de concilier cette opinion avec le texte biblique, qui suit évidemment le cours du fleuve en le descendant, non en le remontant.
Une autre hypothèse beaucoup plus probable a été récemment présentée et développée par M. Friedrich Delitzsch, dans son ouvrage : Wo lag das Paradies (Où était situé le paradis ?) Ce ne serait pas à la source des deux fleuves, ni à leur embouchure, mais dans leur cours moyen quâil faudrait placer le paradis. Vers le milieu de la grande plaine quâils arrosent du nord-ouest au sud-est, ils se rapprochent à tel point quâil ne reste plus entre eux quâun espace de sept à huit lieues.
Câest là quâest aujourdâhui la ville de Bagdad. Un peu au-dessous se trouvait Babylone. Le pays qui sâétend depuis cette espèce dâisthme jusquâau sud de Babylone, porte dans les inscriptions assyriennes le nom de Kardounias, jardin du dieu des pays. Les anciens nous en ont laissé des descriptions ravissantes. Des forêts de palmiers bordaient le cours des deux fleuves et les accompagnaient jusquâà la mer; le blé y rapportait trois cents pour un; la vigne et les arbres à fruits de toute nature y foisonnaient.
Un fait digne de remarque, câest que le nom le plus ancien de Babylone, Tintira, signifie bosquet de la vie. Cette fertilité exceptionnelle était due à tout un système dâirrigation provenant de lâEuphrate, car en cet endroit le lit de ce fleuve est plus élevé que celui du Tigre. Ce serait là quâaurait été situé le jardin; et la contrée tout entière (haute et basse Mésopotamie) aurait porté le nom dâEdin, qui en assyrien signifie plaine. Les Hébreux lâauraient changé en Ãden, mot qui dans leur langue signifiait délices.
LâEuphrate serait donc le fleuve sortant dâÃden pour arroser le jardin. Quant aux quatre bras, il faudrait les envisager comme étant quatre branches de lâEuphrate lui-même qui se serait divisé en ce point-là , de même que le Nil au commencement du Delta. Le bras le plus considérable est la continuation naturelle du fleuve principal, et garde le nom dâEuphrate. Dâentre les trois autres deux seraient les principaux dâentre les nombreux canaux provenant de lâEuphrate dont on trouve des traces dans toute la contrée.
Lâun était appelé par les anciens Pallakopas; il se détachait de lâEuphrate sur sa rive droite (occidentale), un peu au-dessus de Babylone; il longeait le désert dâArabie, lâancienne Havila, et allait se jeter dans le golfe Persique à lâouest de lâembouchure du Schat-el-Arab. Il est très vraisemblable que ce canal, qui avait les dimensions dâun fleuve navigable, nâa pas été creusé de main dâhomme, mais que câest un bras naturel de lâEuphrate, qui servait à régler lâélévation des eaux de ce fleuve et à mettre ce pays de plaine à lâabri des inondations.
Par sa position, ce cours dâeau répond donc de tous points au Pischon du texte biblique. Il est à remarquer que le nom hébreu Pischon a une grande analogie avec le mot babylonien pisanou, qui désigne dans les inscriptions un réservoir dâeau, et de là un canal. Il serait possible que, de même que le fleuve principal de la Babylonie sâappelait le fleuve (Purat), le canal principal fût nommé tout court le canal (Pisanou).
Lâautre canal, qui se détachait de lâEuphrate sur la rive gauche (orientale) et qui devait aussi être un bras naturel de ce fleuve, a reçu des Arabes le nom de Schat-en-Nil. Il arrosait toute la Mésopotamie inférieure (lâancien Cusch asiatique) et rejoignait lâEuphrate un peu au-dessus des son embouchure. Ce canal aujourdâhui comblé ne peut être que celui quâon trouve plusieurs fois mentionné dans les inscriptions à côté de lâEuphrate et du Tigre sous le nom de Gouhandi ou Gouhâna, le même mot que lâhébreu Guihon. En effet, la contrée désignée dans les inscriptions comme bassin de ce bras de lâEuphrate est la même que celle que traverse le Schat-en-Nil.
Quant au Tigre, il peut paraître étonnant quâil soit indiqué comme un bras de lâEuphrate. Mais à un certain point de vue il lâest bien réellement, car il reçoit par des canaux une partie des eaux de lâEuphrate dont le lit, comme nous lâavons vu, est plus élevé que celui du Tigre dans cette région. Depuis ce point le Tigre peut donc être envisagé comme un cours dâeau provenant de lâEuphrate, et le Tigre supérieur comme un affluent de ce Tigre inférieur.
Ajoutons que, il y quelques années, un savant de Prague a cru pouvoir affirmer, en se basant sur des mesures trigonométriques faites sur les lieux, que, dans les temps préhistoriques, lâEuphrate et le Tigre devaient se réunir et former un seul fleuve au-dessus de Bagdad, pour se séparer de nouveau plus bas. Si cette supposition est un jour prouvée, elle rendra plus simple encore la solution du problème.