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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Whole Bible (6)
versets 1-24
1-7. La faute
Le serpent. Lâauteur ne se représente évidemment pas un individu particulier, mais toute lâespèce de serpents dont il sâagit concentrée, dans cet unique individu qui en est le père. Voir versets 14 et 15.
Le plus fin. Lâadjectif hébreu que nous traduisons ainsi est opposé plusieurs fois dans les Proverbes à ce terme : lâinsensé, si fréquemment employé dans ce livre. Il désigne lâhabileté à trouver des expédients. Le mot avisé serait peut-être celui qui conviendrait le mieux sâil ne sâagissait pas dâun animal. La circonspection du serpent est devenue proverbiale (Matthieu 10:16). Cette qualité naturelle le rendait plus quâaucun autre animal apte à servir dâinstrument à lâennemi de lâhomme.
Que lâÃternel Dieu avait faits. Ce nâest donc pas un être mauvais en soi, puisquâil était lâun de ceux que Dieu avait faits et déclarés bons. Si donc il a joué un rôle dans la chute, ce nâest pas comme auteur, mais comme agent.
Il dit; non pas en lui donnant lâexemple de manger de ce fruit; lâauteur attribue à cet animal la faculté de parler sous lâinspiration du principe invisible qui se sert de lui.
à la femme, comme à lâêtre le plus faible, non sous le rapport physique, mais au point de vue moral, grâce à la prépondérance de lâimagination et de la sensibilité sur les autres facultés; puis peut-être parce que, lâordre ayant été donné avant la création de la femme, elle nâavait pu lâapprendre que par Adam et nâen avait pas reçu une impression aussi profonde que celui-ci.
Est-ce que Dieu aurait dit ? Le serpent ne nie pas; il interroge seulement. Son but nâest pas, comme on lâa dit souvent, de susciter chez la femme le doute à lâégard de la réalité de la défense; ce quâil veut, câest dâébranler, par la conviction même de la réalité de cette défense, sa confiance en la bonté et en la justice de celui qui a eu la dureté de la faire. Câest pourquoi aussi il exagère la portée de la défense en lâétendant à tous les arbres.
La défiance envers celui qui lâinterrogeait aurait pu naître chez la femme du fait quâelle nâavait vu encore aucun animal posséder le don de la parole; et plus encore du fait que lâêtre qui lui parlait cherchait à éveiller dans son cÅur un sentiment contraire à celui quâelle devait à son bienfaiteur divin. Elle nâa pas pris garde à tout cela.
Elle rétablit la vérité des faits, tout en ajoutant à la défense les mots : Vous nây toucherez pas, qui venaient peut-être de la bouche dâAdam. Mais en entrant ainsi en communication avec le serpent, elle donne déjà quelque accès à la séduction quâil veut exercer sur elle.
Vous ne mourrez nullement. Lâennemi sâenhardit; il passe de lâinterrogation à la négation ouverte.
Non seulement il accuse Dieu de mensonge, mais il lui refuse même lâamour : câest par jalousie et pour nâavoir pas dâégaux que Dieu veut les priver de ce fruit. Il y a dans cette parole, comme dans celle de tout séducteur habile, un mélange de vrai et de faux; elle fait miroiter aux yeux de la femme un état divin qui est réellement destiné à lâhumanité et qui répond par conséquent à une aspiration naturelle et profonde; mais elle lui montre pour arriver à cet état le chemin de la désobéissance, qui la conduira au résultat opposé.
Remarquons que le tentateur, en parlant comme il le fait ici, refuse à Dieu les deux traits essentiels du caractère divin, la vérité et la bonté, pour se les attribuer à lui-même.
Lâobscurcissement de la conscience qui se produit chez Ãve à la suite de cette déclaration quâelle accueille, se perpétuera dans cette idée païenne, si fréquemment énoncée chez les classiques : Toute divinité est jalouse.
Il faut remarquer aussi que cette parole du serpent fait consister lâétat divin dans la connaissance, non dans la sainteté; câest là lâerreur de la fausse sagesse; la connaissance ne conduit pas nécessairement à la sainteté, mais la sainteté conduit à la connaissance.
Le récit ne mentionne pas le fait intérieur par lequel la femme a acquiescé à lâinvitation du serpent, et qui a été la cause réelle de la chute : câest lâaffaiblissement de sa foi en la bonté de Dieu. Par là la porte de son cÅur a été ouverte à la séduction.
Cette séduction sâopère par le moyen de trois convoitises qui sâallument à mesure que sâéteint la confiance en Dieu :
Comparez 1 Jean 2:15-16.
Et en mangea. Et pourtant elle ne mourut point. Ce fut sans doute avec cette bonne nouvelle quâelle porta du fruit à son mari.
Qui était avec elle. Est-ce à dire quâil ait été présent à la scène précédente ? Mais eût-il pu dans ce cas ne prendre aucune part à lâentretien ? Et au verset 17 Dieu ne lui reprocherait-il pas dâavoir laissé Ãve commettre la faute ? Il faut donc prendre ces mots dans le même sens quâau verset 12 : la femme que tu as mise auprès de moi, littéralement avec moi.
Et il en mangea. Par cet acte dâAdam, la chute de la race, qui nâétait que commencée, est consommée. Que serait-il arrivé sâil eût refusé ? Peut-être aurait-il été appelé à être le sauveur de sa femme. Comparez Ãphésiens 5:25.
Cette violation flagrante du commandement divin nâa pas seulement été une faute qui a attiré la condamnation sur lâhomme; il en est résulté une disposition permanente dans la race entière à subordonner la conscience au penchant, à préférer la recherche de la jouissance à lâaccomplissement du devoir; une pente naturelle à mettre sa propre volonté à la place de celle de Dieu.
Et les yeux de tous deux sâouvrirent. La promesse du serpent (verset 5) se réalise, mais dans le sens perfidement ironique quây avait mis le tentateur : ils voient plus clair, mais pour constater leur misère.
Ils connurent quâils étaient nus. Le sentiment de la honte a été le premier effet de la chute. Jusquâalors unie à Dieu, lââme de lâhomme dominait le corps, qui était complètement son serviteur. Dès le moment où elle a cédé au penchant et où elle sâest séparée de Dieu, le corps prend la place prépondérante; lâattention de lââme se fixe sur lui; elle rougit dâêtre lâesclave de celui sur lequel elle aurait dû régner.
Semblables à des enfants, Adam et Ãve nâavaient point porté jusquâalors leur attention sur la différence des sexes; au moment où ils sâen rendent compte, ils se sentent pressés de la voiler et emploient, pour cela le moyen que leur offre leur entourage.
Des feuilles de figuier. Il nâest pas nécessaire de penser au figuier dâInde (musa paradisiaca), dont les feuilles sont très grandes; les feuilles du figuier ordinaire pouvaient être employées.
8-19. Le jugement
Le plus terrible châtiment pour Adam eût été lâabandon de Dieu; lâacte de jugement qui va suivre, soit en ce qui concerne lâhomme, soit en ce qui se rapporte à Satan, est envers lâhomme un premier acte de miséricorde autant que de justice.
3>8-13. Lâenquête
Ils entendirent le bruit. Le terme hébreu ne signifie pas, comme on traduit quelquefois : la voix de lâÃternel appelant Adam; il désigne le bruit de son passage dans le jardin. Pour lâexpression, comparez 1 Rois 14:6, et pour le fait lui-même 2 Samuel 5:24 et 1 Rois 19:12.
Au vent du jour : à la brise du soir, au moment où lâon sort en Orient.
Cette visite de lâÃternel, qui jusquâalors avait été pour eux une source de joie, devient maintenant un sujet dâeffroi.
Jâai craint, car je suis nu. Cette parole, tout en étant un mensonge, renferme pourtant une demi-vérité; le sentiment de pudeur quâelle exprime était réel, mais nâétait pas la vraie cause de la crainte dâAdam. Câest ce que Dieu lui fait sentir par la question suivante.
Lâhomme se refusant à répondre franchement, Dieu lui-même le met sur la voie de la vérité. En face de la question précise, Adam ne peut plus échapper; lâaveu est inévitable. Dieu sâadresse dâabord à lâhomme comme à lâêtre responsable.
Tout en avouant, Adam renvoie la faute à sa femme, et, même à Dieu (que tu as mise auprès de moi), comme si le jâai mangé était la conséquence nécessaire du elle mâa donné.
Que tu as mise auprès de moi; littéralement que tu as donnée avec moi. Comparez verset 6.
Dieu se tourne alors vers la femme, qui fait le même aveu que son mari, mais en rejetant, elle aussi, la faute sur autrui.
Mâa trompée. Câétait vrai, et ce fait, sans excuser sa faute, était pourtant ce qui rendait le pardon possible. Les démons trompent, mais ne sont pas trompés; câest pourquoi leur péché subsiste.
Jâen ai mangé : tragique refrain.
Ainsi du péché sont provenus immédiatement la honte, la peur de Dieu et le mensonge. Mais ce ne sont encore là que les avant-coureurs de la punition proprement dite.
14-15. Sentence du serpent
Arrivé au serpent, première cause du mal lâÃternel nâinterroge plus, il juge, et dans les trois sentences quâil prononce, il suit lâordre inverse de celui dâaprès lequel il avait interrogé.
Si Dieu, au lieu de parler à lâhomme du serpent, sâadresse au serpent lui-même, qui nâest pourtant quâun animal dénué de responsabilité, câest quâil a en vue lâêtre intelligent et responsable qui agissait par cet instrument. Adam ne connaissant cet esprit mauvais que sous la forme visible du serpent, Dieu ne pouvait lui parler de cet être quâen adaptant autant que possible ses expressions à son instrument actuel.
Par ce langage de nature pédagogique, Dieu faisait entrevoir à lâhomme la lutte sérieuse contre le mal, à laquelle il était désormais appelé, sans pourtant lui révéler encore lâexistence du règne des ténèbres dont la connaissance eût écrasé sa faiblesse. Il devait donc lui présenter la vérité comme à travers un voile. Câest pourquoi la malédiction suivante peut, par certains traits, sâappliquer au serpent, mais en réalité elle sâadresse toute entière à lâinvisible ennemi de lâhomme; câest ce qui ressort surtout du verset 15.
La sentence suivante a-t-elle opéré un changement dans la constitution physique du serpent ? On pourrait demander dans ce cas comment un être qui, par sa nature, ne peut être responsable, a pu encourir une telle punition. La réponse ne serait pas difficile : Dieu ordonne dans la loi de détruire un animal qui a blessé mortellement un homme (Genèse 9:5; Exode 21:28-29), évidemment dans le but de donner aux Israélites le sentiment profond du prix de la vie humaine; pour les dégoûter des vices qui souillaient les Cananéens, Dieu leur ordonne de détruire avec ces peuples tout leur bétail; Jésus maudit le figuier stérile pour faire voir combien sont odieuses aux yeux de Dieu les apparences de la vie dépourvues de la vie elle-même. Un ancien docteur a répondu à la question posée plus haut en disant : Un père ne brise-t-il pas avec horreur le poignard qui a servi à tuer son fils ?
Mais il nâest pas indispensable de donner ce sens aux paroles qui vont suivre. Dieu peut employer ici certains traits particulièrement repoussants, empruntés au genre de vie du serpent, pour en faire lâemblème de la chute profonde et de la dégradation croissante à laquelle est désormais condamné lâêtre invisible auquel sâappliquent en réalité ces paroles. Si lâon voulait insister sur un changement physique qui se serait opéré dans le serpent lui-même, il ne resterait quâà rappeler ce fait, quâil existe des serpents présentant les rudiments dâorganes de locomotion aujourdâhui atrophiés. Mais il nous paraît bien peu sûr de donner une telle portée à la malédiction divine.
Parce que tu as fait⦠. Cette parole sâadresse à la fois à lâauteur et à lâagent, mais en réalité au premier.
Maudit dâentre toutes les bêtes. Lâexpression hébraïque ne signifie pas : maudit par elles ou avec elles; le sens est : Entre elles toutes tu es le maudit.
Dâautres animaux malfaisants font peur à lâhomme, le serpent lui cause le frisson : avec son regard fixe, sa langue vibrante, ses dents venimeuses, son sifflement sinistre, son allure rampante, ses mouvements imprévus, le serpent est et reste pour lâhomme comme la manifestation dâun principe malfaisant et redoutable. Lâêtre libre et intelligent dans lequel se personnifie le principe du mal est de même, entre tous les êtres qui forment lâunivers intelligent, le vrai maudit.
Tu marcheras sur ton ventre, tu mangeras la poussière. Cette conformation et ce genre de vie du serpent deviennent dès ce moment pour lâhomme le symbole de la bassesse du tentateur. Manger la poussière est considéré comme un signe dâabjection (Michée 7:17; Psaumes 72:9).
Je mettrai inimitié. Ici la sentence passe du genre de vie du tentateur à sa relation future avec lâhomme. Lâhomme sâétait associé avec lui pour faire la guerre à Dieu; maintenant Dieu ne les sépare pas seulement, il les oppose lâun à lâautre et allume entre eux une guerre à outrance. Câest bien ici quâon est forcé de sâélever du serpent envisagé comme animal à celui que le Nouveau Testament appelle le dragon ancien, le diable.
Pour le serpent, ce qui a été dit au verset 14 aurait pleinement suffi; la lutte que lâhomme peut avoir à soutenir dans certains cas avec un serpent est un fait trop peu important dans lâhistoire de lâhumanité pour quâil mérite une mention aussi expresse et développée, et puis la lutte de lâhomme avec les serpents nâa rien qui diffère essentiellement de celle quâil soutient avec tous les animaux féroces; il sâagit nécessairement ici de quelque chose de plus grave.
Il est à remarquer que câest de Dieu que provient cette hostilité (je mettrai), car câest de lui que part chez lâhomme toute réaction contre le mal.
Entre toi et la femme. La femme sâétait la première coalisée avec le serpent; câest dâelle que sortira la postérité qui aura la tâche de lutter contre lui. Sâil sâagissait de la chasse que les hommes font aux serpents, pourquoi serait-elle attribuée plus spécialement à la femme ?
Entre ta postérité et sa postérité. Ces mots ne peuvent signifier uniquement : entre les hommes, descendants de la femme, et les serpents envisagés comme descendants de celui qui joue un rôle dans cette histoire. Cette relation hostile nâest quâun emblème de la guerre spirituelle quâannonce cette prophétie.
Par la postérité du serpent, on pourrait entendre les anges de ténèbres, agents de Satan. Mais il est plus simple dâappliquer ce terme à ceux dâentre les membres de lâhumanité elle-même qui, dans la lutte contre le mal, refuseront de se mettre du côté de Dieu et persisteront à demeurer au service de lâesprit de révolte dont le serpent est lâemblème. Comparez Jean 8:44.
La postérité dâÃve désigne par conséquent lâélite de lâhumanité qui, comme elle, sâunira à Dieu pour vaincre le mal. Ces deux postérités sont désormais les deux grands courants qui traverseront toute lâhistoire de lâhumanité.
Après avoir institué la lutte, Dieu en annonce à mots couverts le mode et lâissue. Les images sont empruntées au genre de lutte ordinaire entre lâhomme et le serpent; le premier cherche à écraser la tête du second; celui-ci se glisse furtivement par derrière pour blesser lâhomme au talon.
Nous ne devons pas nous représenter ces deux actes comme nâayant lieu quâune fois, et dans lâordre où ils sont indiqués ici. Comment, ayant la tête écrasée, le serpent pourrait-il encore blesser lâhomme au talon ? Câest ici la description dâune lutte constante et toujours renouvelée. Lâhomme, associé à Dieu, attaque lâennemi en face, cherchant ouvertement à vaincre le mal auquel il a déclaré une guerre à mort; tandis que Satan se glisse par derrière, cherchant furtivement à séduire lâhomme et à le faire périr. Comparez Genèse 49:17.
Cette postérité te meurtrira à la tête. Plusieurs interprètes ont traduit le verbe hébreu par aspirer à , viser à . Le sens le plus probable, et qui se justifie par dâautres langues sémitiques, est broyer, écraser. Comme le même verbe se retrouve dans la proposition suivante pour désigner la blessure faite par le serpent, il nous a paru que câest le mot meurtrir qui rend le mieux lâidée.
Il faut bien remarquer que Dieu ne dit pas, comme on sây attendrait dâaprès ce qui précède: Cette postérité meurtrira la tête de ta postérité; câest le serpent lui-même qui doit avoir la tête meurtrie; et de même dans la seconde proposition il ne dit. pas : Ta postérité la meurtrira au talon, mais toi, le serpent, tu la meurtriras au talon. Câest là surtout ce qui prouve quâil ne peut être question ici que de lâennemi invisible et permanent de lâhumanité.
En ne considérant que la teneur des expressions, on pourrait croire que Dieu prédit ici une guerre sans issue; mais comme ces paroles font partie de la malédiction prononcée sur le serpent, elles doivent nécessairement renfermer lâidée de sa défaite. Et câest ce qui ressort aussi, si lâon y réfléchit bien, des deux images employées; car le coup porté à la tête implique la mort certaine dans tous les cas, tandis que la piqûre venimeuse faite au talon met la vie en danger, mais nâa pas toujours la mort pour effet.
Il nous paraît impossible de rapporter directement et uniquement cette parole à Jésus-Christ et à son Åuvre; elle concerne toute la portion de lâhumanité qui lutte avec Satan, souvent blessée et vaincue, mais finalement triomphante. Toutefois cette humanité fidèle elle-même nâatteindra ce but glorieux et nâaccomplira la tâche qui lui est ici départie que par celui qui mérite seul, dans le sens absolu du mot, le nom de postérité de la femme. La mort de Christ est le moyen par lequel Dieu a accompli définitivement cette promesse faite au moment de la chute. Le mode dâattaque perfide du serpent se retrouve dans les manÅuvres astucieuses et dans la noire trahison qui ont conduit Jésus à la croix; mais câest précisément par cette mort sanglante quâa été brisée pour toujours la puissance du prince de ce monde (Jean 12:31; Colossiens 2:15; 1 Jean 3:8).
Toutes les victoires des fidèles dans lâancienne alliance ont été des préludes de celle-ci, et toutes celles des fidèles dans la nouvelle alliance nâen sont que le développement. Pour lâapplication de cette parole aux victoires partielles des fidèles, voir Romains 16:20, et pour son accomplissement final, Apocalypse 20:10.
Lâhistoire biblique se distingue de toutes les autres en ce quâelle rattache immédiatement à la première chute la première promesse, afin de ne pas laisser un seul instant lâhomme déchu sans secours et de lui apprendre, non pas à reporter sans cesse des regards inutiles vers un passé perdu, mais à regarder en avant et à croire à lâaccomplissement dâun salut futur. Câest de cette parole que sâest alimentée lâespérance des peuples jusquâà la venue de celui qui devait enfin la réaliser parfaitement.
Dans la plupart des mythologies anciennes, le serpent est considéré comme un être mystérieux et surnaturel, tantôt redouté comme incarnation dâun esprit mauvais et hostile à lâhomme, tantôt adoré comme un être bienfaisant capable de prédire lâavenir et de guérir les maladies. Il nâest pas impossible que ces conceptions diverses ne proviennent dâun souvenir confus quâavait laissé le fait de la chute dans la mémoire des peuples qui de plus en plus sâéloignaient de Dieu et de la vérité.
Sentence de la femme
Dieu dénonce à Ãve deux châtiments particuliers, outre la punition générale qui lui est, jusquâà un certain point, commune avec Adam, et qui sera indiquée dans les versets suivants; ces deux châtiments correspondent à deux traits saillants de la faute commise : Ãve a voulu jouir, elle souffrira; elle a voulu dominer sur son mari, elle lui sera assujettie.
Ton travail et ta grossesse. Le premier de ces termes se rapporte à tout le fardeau de la vie domestique, dont la femme, quoique plus faible, a la plus grande part. La maternité était sans doute sa vocation (Genèse 1:28); mais cette tâche, qui aurait été et qui est encore sa suprême joie, deviendra désormais sa suprême souffrance et son suprême péril.
Ton désir se portera vers ton mari. Déjà auparavant la position de la femme était celle de la dépendance (voir Genèse 2:21, note); mais il y a plus ici quâune dépendance de position; câest comme un instinct de nature qui porte la femme, malgré tous les mauvais traitements et toutes les duretés dont elle peut être lâobjet, à un attachement envers son mari que rien ne peut lasser. Le résultat de la relation ainsi modifiée est exprimé par ces mots : Et il dominera sur toi.
17-19. Sentence dâAdam
Câest la première fois que le nom dâAdam est employé sans article et comme nom propre du premier homme; cela vient sans doute de ce quâil est pris ici à partie personnellement et en le distinguant dâavec la femme.
Les mots : parce que tu as écouté la voix de ta femme, rappellent lâexcuse articulée par Adam (verset 12) et la déclarent non recevable.
Lâarbre dont je tâavais dit. Cette circonstance nâavait pas été rappelée dans la sentence précédente; elle lâest ici parce que câest Adam qui a entendu la défense de Dieu.
Deux punitions sont infligées à Adam, et par là même indirectement aussi à la femme : le labeur du travail manuel et la mort. Comme dans la sentence précédente, elles correspondent exactement à la faute : Tu as péché en mangeant ce que tu ne devais pas, tu seras puni en étant obligé de te procurer péniblement tes aliments; tu as désobéi pour devenir comme Dieu, tu deviendras poussière.
Le sol est maudit à cause de toi. Dieu ne maudit pas lâhomme lui-même, mais seulement le sol qui le nourrit. Nous ne savons ce que serait devenue la terre si lâhomme nâavait pas péché; elle se fût sans doute transformée par les soins de celui-ci et par la bénédiction du ciel en un vaste et riche paradis. Au lieu de cela, ses productions naturelles sont plutôt un inconvénient quâun avantage pour lâhomme (épines et chardons); et quand, privé des fruits du jardin, il aura besoin de nourriture, il devra la tirer lui-même du sol en lâarrosant et le labourant péniblement, et en défendant ses champs contre les ronces et les épines.
Tu mangeras les plantes des champs. Il sâagit des légumes et des céréales, pour la production desquels un travail servile sera nécessaire, une fois que la malédiction a été prononcée sur le sol. Comparez Romains 8:19-22.
On a vu dans ce verset une contradiction avec Genèse 1:29, passage dâaprès lequel lâhomme devait naturellement se nourrir de légumes et de céréales aussi bien que de fruits, tandis quâici lâusage de ces aliments est présenté comme une punition en remplacement des fruits. Mais la malédiction divine renfermée dans notre verset, en privant lâhomme des arbres du paradis, le réduit pour un temps à se nourrir exclusivement de légumes et de céréales (Comparez Genèse 2:5); ce qui est pour lui un châtiment.
à la sueur de ton visage. Lâobligation du travail nâétait pas nouvelle pour lâhomme (Genèse 2:15); ce qui est nouveau, câest son caractère fatigant.
Cette aggravation correspond à celle des souffrances de la maternité chez la femme. Câest dâici que saint Paul a tiré la conséquence formulée 2 Thessaloniciens 3:10.
Jusquâà ce que tu retournes⦠Ces mots sont la transition de la première à la seconde punition, la mort.
Parce que câest dâelle que tu as été tiré. La mort est motivée ici par le principe de dissolution inhérent à un corps tiré de la poussière. Elle nâen est pas moins une punition, car lâhomme aurait pu être élevé au-dessus de cette loi naturelle par une transformation quâaurait subie son corps et qui lâaurait fait entrer, sans avoir connu le déchirement de la mort, dans la sphère de lâincorruptibilité; câest ainsi que les croyants qui vivront au retour de Christ seront transmués, sans avoir passé par la dissolution (1 Corinthiens 15:50 et suivants). Au lieu de cela, Dieu le livre à la loi naturelle de la dissolution : il sâest soustrait à la volonté de Dieu par la désobéissance, et par là séparé de lui: il ne lui reste plus quâà subir la conséquence de la misère inhérente à sa nature.
Le terme de mort ne sâapplique ici quâau corps, en tant que tiré de la poussière, non à lââme, souffle de Dieu. Ce serait donc exagérer la portée de la sentence que dây voir la condamnation de lââme à la mort éternelle câest encore ici la miséricorde qui châtie; ses châtiments sont destinés à se transformer en grâces. Si la devise de lâhomme innocent était : de vie en vie, la loi qui régit désormais lâhomme coupable et la nature qui lâenvironne, peut se formuler ainsi : par la mort à la vie. Le second Adam lui-même a accepté cette loi (Jean 12:21).
20-24. Les suites immédiates du jugement
Elles sont au nombre de trois : le nom prophétique donné par Adam à sa femme, les vêtements dont Dieu les couvre tous deux, et lâexpulsion du paradis.
Eve. Adam avait donné des noms aux animaux qui avaient passé devant lui, (Genèse 2:20); il avait également donné un nom à la femme, dâune manière générale, comme compagne de lâhomme (Genèse 2:23). Le nom quâil lui donne maintenant la désigne plus spécialement comme sa femme; il exprime, de même que dans les cas précédents, lâimpression que produit sur lui lâêtre quâil désigne de la sorte.
Le nom dâEve (Havva) signifie proprement vie, et ce nom résulte certainement de ce que Dieu venait de déclarer à la femme quâelle enfanterait des fils (verset 16) et quâainsi, malgré la puissance de la mort, elle conserverait lâexistence de la race humaine. Adam comprend que, si lui et sa femme meurent, ils légueront cependant la vie au monde.
Si la foi consiste à sâapproprier les promesses de Dieu, on peut bien dire que ce nom donné par Adam est le premier acte de foi de lâhomme déchu et signale sa première victoire sur la sentence de mort qui vient de frapper lâhumanité.
Parce quâelle a été⦠. Explication du nom dâÃve donnée par lâauteur lui-même.
Les vêtements de feuilles de figuier sont remplacés maintenant par des vêtements plus durables. Câest là sans doute une marque de la sollicitude divine envers ces êtres coupables, Dieu a soin dâeux comme un père qui pourvoit aux besoins de ses enfants. Mais la manifestation de cette bonté porte la trace de la chute qui vient dâavoir lieu; car câest le péché qui rend maintenant le vêtement nécessaire pour atténuer la domination que le corps a prise sur lâesprit.
Comme lâun de nous. Il est naturel dâexpliquer cette expression dâaprès les termes semblables Genèse 1:26. Mais il ne serait pas impossible de lâétendre ici à toutes les intelligences célestes.
Quoique par un autre chemin que celui quâavait tracé lâÃternel, !âhomme était réellement arrivé à cette connaissance qui constitue la personne morale et à laquelle Dieu avait en tout cas décidé de lâélever.
Et quâil prenne aussi de lâarbre de vie. La transformation du corps terrestre en corps spirituel aurait suivi cette connaissance, sâil lâeût acquise légitimement; mais lâimmortalité du corps à la suite de la chute ne serait plus réellement un privilège; ce serait le plus dur des châtiments; le paradis serait changé en enfer.
Lâarbre de vie. Dâaprès le sens simple du récit, la transformation du corps terrestre de lâhomme en corps immortel aurait été opérée par la vertu vivifiante attachée aux fruits de cet arbre. Sâil y a un détail, dans le récit de la chute, qui invite à lâinterprétation allégorique, câest assurément celui-ci.
On est aisément conduit à supposer que ce fruit, avec lâarbre qui le produit, nâest autre chose que le symbole de la puissance de lâEsprit divin capable de transformer le corps humain en corps spirituel, Il nây aurait rien dâétonnant à ce que, dans la tradition israélite qui nous a conservé le récit de la chute, une représentation allégorique de ce genre eût pris place pour exprimer cette idée sublime.
Si lâon refuse à admettre un élément symbolique dans ce récit (voir la conclusion), il faut supposer que Dieu avait réellement attaché aux fruits de cet arbre la vertu de raviver incessamment le corps, et même de le transformer, comme il a attaché à tant de plantes des vertus fortifiantes et curatives. On a comparé dans ce sens les fruits de lâarbre de vie aux sacrements de lâÃglise chrétienne.
On peut se demander pourquoi jusquâici lâhomme nâavait pas touché à ce fruit, dont Dieu ne lui avait pas interdit lâusage; car lâarbre de vie nâétait pas éloigné de lâarbre de la connaissance (Genèse 2:9; Genèse 3:3). On pourrait répondre quâil nâavait pas encore mûri; mais ne vaut-il pas mieux sâabstenir de pareilles subtilités ?
LâÃternel Dieu le fit sortir. Dès lors seulement il y eut un homme sur la terre pour la cultiver dans le sens de Genèse 2:5. En dehors du paradis le sol devait être labouré et arrosé pour devenir fertile.
Dâoù il avait été pris. Le séjour dans le paradis était une grâce; Adam est ramené maintenant à la condition qui résultait naturellement de son origine : tiré de terre, il doit labourer la terre.
Il chassa lâhomme. Ce terme ne peut être une simple répétition du précédent (Dieu le fit sortir); câest un acte nouveau par lequel Dieu, après avoir conduit Adam et Ãve hors du jardin, les en éloigne en les chassant vers lâorient.
Et il plaça à lâorient : entre eux et le jardin.
Les chérubins et la flamme de lâépée tournoyante. Sur les chérubins, voir Ãzéchiel 1:5, note. Lâarticle les devant le mot chérubins prouve quâil sâagit aux yeux de lâauteur dâêtres bien connus de ses lecteurs. Dans ce passage-ci, ils ne sauraient être envisagés simplement comme une représentation symbolique des forces divines qui vivifient la nature. Ils apparaissent comme des êtres réels, instruments de la justice et de la grâce divines, mais agissant par le moyen des forces de la nature.
Il se passe quelque chose de semblable à ce qui eut lieu sur le Sinaï dans lâacte de la promulgation de la loi. Quand les écrivains du Nouveau Testament nous disent que la loi a été donnée à Israël par les anges, ils font évidemment allusion à ce qui est raconté Exode 19:16, que le troisième jour au matin il y eut des tonnerres, des éclairs et une grosse nuée sur la montagne, avec un son de trompette dont tout le peuple était épouvanté.
On peut comparer également ce qui se passa, lorsque, sur lâordre des deux anges qui visitèrent Lot à Sodome, le feu du ciel tomba sur les villes coupables et changea en une fournaise, puis en une mer salée cette plaine de Siddim qui, auparavant, était comme un paradis.
Les expressions de notre verset décrivent sans doute une intervention céleste analogue; peut-être se manifesta-t-elle sous la forme dâun orage dont les éclairs sillonnaient le ciel en tous sens, et qui fit sur nos premiers parents un effet dâautant plus terrible que câétait la première fois quâils étaient témoins dâun tel phénomène.
Dans le Psaumes 18:8 et suivants, où lâintervention de lâÃternel qui vient détruire les ennemis de David est représentée aussi sous lâimage dâun orage, lâÃternel apparaît monté sur un chérubin, lançant les éclairs comme ses flèches et répandant par torrents la grêle et le feu.
Comparez aussi Psaumes 104:4 : Il fait des vents ses anges et des flammes de feu ses ministres.
Le paradis terrestre, comme tel, disparut dans cette catastrophe; car sâil eût existé, comment fût-il resté entièrement caché aux hommes durant les siècles suivants jusquâau déluge ? Ainsi lâaccès à lâarbre de vie demeure fermé à lâhomme jusquâau moment où retentira la trompette de lâarchange, où les vivants seront transmués et où les morts ressusciteront glorifiés (1 Corinthiens 15:51-52; 1 Thessaloniciens 4:16-17).
3>Conclusion
Nous avons constaté que lâhomme avait été créé dans un état dâinnocence qui, sans être la sainteté, était pourtant exempt de tout germe de péché; il ne saurait en être autrement sâil est réellement une créature de Dieu. Il suit de là que lâétat actuel de lâhumanité et la disposition au mal dont elle est atteinte jusque dans ses meilleurs représentants ne peut être que le résultat dâun changement qui sâest opéré chez elle. Câest ce que confirme le fait de la mort qui, avec ses angoisses morales et physiques, ne peut être lâissue normale que Dieu avait destinée à sa créature privilégiée. Ce dépouillement suprême fait reconnaître dans le souverain de la création un monarque détrôné.
Or il en est de la chute comme de lâétat primitif dâinnocence; si elle est réellement un fait historique, elle doit avoir eu lieu dans un moment et dans un endroit déterminés, sous lâempire de quelque tentation et sous une forme extérieure quelconque. Une punition aussi sévère que celle de la mort suppose une désobéissance volontaire à un ordre positif du Créateur; câest à cette condition seulement quâil peut y avoir peine capitale; Comparez Romains 4:15. Et comme chez les enfants on remarque ordinairement que la première épreuve à laquelle ils succombent, a pour occasion un aliment, un fruit, une friandise, il est tout naturel de penser que, dans lâétat de simplicité enfantine où se trouvaient nos premiers parents, ce soit à une épreuve de ce genre quâils aient été soumis.
Nous ne trouvons donc dans le fond même de ce récit rien qui ne puisse avoir réellement eu lieu conformément à la tradition qui nous a été conservée. On pourrait sans doute en excepter certains éléments dont il est aisé de reconnaître la nature symbolique, câest-à -dire qui servent à révéler sous une forme extérieure des faits ou des vérités dâun ordre supérieur : par exemple le serpent, emblème de Satan; son genre de vie repoussant et ignoble, emblème du caractère de lâesprit déchu; lâarbre de vie, emblème de cette vérité, que le corps terrestre de lâhomme ne peut arriver à lâimmortalité que par la communication dâune vie supérieure; lâépée de feu, représentant aux yeux de lâhomme le feu consumant de la colère divine. Mais il reste à savoir si lâorigine de tous ces symboles peut être attribuée à lâintelligence humaine à une époque où lâhomme nâétait point encore en possession de plusieurs de ces vérités supérieures.
Nous sommes donc disposés à penser que sâil y a ici des symboles, ils ont Dieu lui-même pour auteur, en ce sens quâil a lui-même enveloppé sous une forme extérieure et très réelle les faits et les idées qui, dans cette épreuve de nature essentiellement morale, devaient être entrevus par lâhomme, mais ne pouvaient encore être parfaitement compris par lui. Le paradis tout entier nâest-il pas un lieu divinement créé pour représenter sous une forme visible le bonheur de la communion avec Dieu, dont lâhomme ne pouvait recevoir lâintuition que par ce moyen ? Câest lâhistoire elle-même qui revêt ici, dans un but pédagogique, le caractère symbolique.
Les faits racontés dans ces deux chapitres trouvent presque tous des analogies dans les souvenirs retracés par les mythologies des peuples anciens. Nous avons déjà indiqué ce qui se rapporte au monothéisme primitif, à lâarbre de vie et au serpent. Mentionnons encore lâidée dâun état primitif de lâhumanité plus heureux que lâétat actuel. Chez tous les peuples historiques de lâantiquité, la poésie sâest plu à retracer les souvenirs dâun âge dâor perdu où la terre produisait tout dâelle-même, où les animaux étaient inoffensifs, où les hommes étaient vigoureux et ne mouraient que dans une vieillesse avancée, sans souffrances et sans infirmités, après avoir vécu comme les dieux sans soucis, chagrin ni travail, où lâon pratiquait la vertu sans effort et sans contrainte, où les dieux habitaient sur la terre et sâentretenaient avec les hommes.
Lâexistence de ces idées chez tous les peuples ne peut sâexpliquer que par une tradition commune remontant aux premiers âges de lâhumanité. Or il nâest pas difficile de reconnaître que notre récit biblique reproduit cette tradition de la manière la plus pure. Nous en avons la preuve dans lâabsence complète de préoccupations nationales que dénote notre récit. Tandis que les autres peuples racontent en général dans leurs mythes leur propre origine, la tradition biblique raconte lâorigine de lâhumanité et sâabstient entièrement de confondre le peuple hébreu avec le peuple primitif.
Une seconde preuve du caractère vraiment historique de notre récit, câest sa simplicité, sa sobriété, sa sainteté de fond et de forme, qui contrastent absolument avec les imaginations insensées dont les autres peuples ont surchargé le récit primitif. Après que les faits historiques racontés dans ces deux chapitres furent devenus lâobjet dâune tradition, celle-ci se conserva pure dans la famille élue, de Seth à Noé et de Noé à Abraham, tandis que, sous lâinfluence du polythéisme, elle perdit ailleurs ces caractères de sainteté et de simplicité qui distinguent notre récit.
Il serait inutile de chercher à préciser le moment où cette tradition a été fixée pour la première fois par lâécriture. Câest dans tous les cas avant la composition de la Genèse, car ce livre suppose, selon toute probabilité, lâexistence de documents plus anciens.