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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Whole Bible (6)
versets 1-31
1 Ã 2 : Le chaos
Ces deux versets indiquent lâacte et lâétat primitifs qui ont servi de point de départ à lâÅuvre ordonnatrice dâoù est tiré lâunivers tel que nous le contemplons actuellement.
Il nây a pas de raisons pour admettre la construction dâaprès laquelle le verset 1 formerait une proposition subordonnée, suivie du verset 2 comme parenthèse, et dont la principale se trouverait au verset 3; dans ce sens : Au commencement, quand Dieu créa les cieux et la terre (or la terre était déserte et videâ¦), Dieu ditâ¦
Le style de tout ce document est plus simple, et des faits aussi importants que ceux qui sont mentionnés au verset 2 ne pourraient être mis en parenthèse. Le verset 1 forme donc une proposition indépendante.
Le mot Bereschit (Au commencement) nâest pas ici, comme dâordinaire, suivi dâun complément, parce quâil désigne le commencement absolu (comparez Jean 1:1). Câest le commencement du temps, aussi bien que de tous les êtres qui se développent dans le temps.
Dieu : en hébreu Elohim, nom dérivé dâune racine arabe, aliah, qui signifie trembler; câest donc lâêtre devant lequel on tremble, lâêtre souverainement redoutable. Comparez une expression analogue : la frayeur dâIsaac dans Genèse 31:42 et 53. Il ne paraît pas y avoir de rapport entre ce nom et celui de El, qui vient de la racine oul, être fort. Le nom Elohim est le pluriel de Eloah, qui se trouve dans certains morceaux poétiques (Job 12:6; Job 35:10; Habacuc 1:11; Deutéronome 32:15; Psaumes 50:22) et dans lâhébreu postérieur (Daniel 11:37-39; 2 Chroniques 32:15; Néhémie 9:17).
Les pères de lâÃglise ont vu dans ce pluriel une allusion à la pluralité des personnes divines (comparez verset 26) : mais ce mot est emprunté par lâauteur biblique au langage ordinaire. On pourrait plutôt y voir un vestige du polythéisme régnant ce que confirmeraient deux passages où ce nom est construit avec le verbe au pluriel (Genèse 20:13 et Genèse 35:7). En tous cas, si même cette supposition était fondée, le verbe au singulier (bara; créa) qui accompagne ici ce sujet, suffirait pour montrer que lâauteur emploie ce terme dans un sens monothéiste et que, sâil attache encore une valeur au nombre pluriel, il lâapplique à la pluralité des perfections redoutables de lâÃtre suprême. Quant à lâidée dâun pluriel de majesté, elle est sans appui dans lâAncien Testament.
Créa. Le mot hébreu bara, que nous traduisons ainsi, signifie primitivement tailler et nâimplique pas nécessairement, comme notre mot créer, lâabsence de toute matière déjà existante : mais il faut observer que les idées abstraites ne peuvent être énoncées dans le langage humain quâau moyen de termes exprimant des notions sensibles; puis, quand ce verbe désigne une action exercée sur une matière existante, il se met à une autre forme (pihel, béré) et a pour sujet un être humain et pour régime la matière même sur laquelle le travail sâexerce (Josué 17:15), tandis que dans la forme employée ici (kal) il a toujours pour sujet Dieu et pour régime le mot qui désigne le résultat de lâaction accomplie (Ãsaïe 43:1).
Du reste lâhébreu a dâautres expressions pour désigner lâaction de Dieu sur une matière existante : asa, faire (versets 7, 16, etc.), jatsar, former (Genèse 2:7). Sur le rapport entre créer et faire, voir encore à Genèse 2:3. Mis en relation, comme il lâest ici, avec lâidée de commencement, ce mot ne peut désigner que la formation même de la matière; autrement il faudrait admettre que, dans la pensée de lâauteur, le chaos est apparu de lui-même ou quâil est éternel, deux suppositions qui seraient évidemment contraires à lâintuition de tout le récit.
Les cieux. Le mot hébreu Schamaïm provient dâune racine arabe désignant lâélévation. Le pluriel fait allusion aux nombreux espaces célestes qui se superposent les uns aux autres (Comparez 1 Rois 8:27, les cieux des cieux; 2 Corinthiens 12:2, le troisième ciel). Il sera parlé dans ce qui suit du ciel des oiseaux et du ciel des astres, au-dessus desquels Dieu habite dans son ciel invisible. Les cieux et la terre : lâunivers. Dieu posa la matière dâoù lâunivers fut ensuite formé.
On pourrait assez naturellement penser que ce premier verset est le titre de la narration qui va suivre dans ce chapitre. Mais il faudrait dans ce cas donner au mot créer les deux sens simultanés et différents de produire et dâarranger, ce qui nâest pas naturel; et surtout nous voyons immédiatement après, au verset 2, que la matière terrestre existe déjà réellement, puisque lâEsprit de Dieu agit sur elle; le fait de sa création doit donc être renfermé dans le verset 1. Cela sâapplique non seulement à la matière de la terre, mais aussi à celle des cieux; car lâÅuvre du quatrième jour en suppose également lâexistence.
Le verset 1 est donc lâindication dâun fait positif qui a précédé lâorganisation progressive de lâunivers. Ce fait ne peut être que celui par lequel Dieu a posé la matière dâoù sont procédés les cieux et la terre actuels (voir Genèse 2:4).
On a supposé parfois que le verset 1 renfermait lâidée dâune création complète, achevée et parfaite, qui aurait été détruite par un cataclysme résultant de la révolte des anges, et auquel aurait succédé le chaos décrit au verset 2. LâÅuvre des six jours serait ainsi un travail de restauration, non de création proprement dite. On a allégué en faveur de cette opinion le terme tohou vabohou du verset 2, qui indiquerait un désordre résultant dâune destruction, un état anormal qui, pense-t-on, ne peut être sorti tel quel des mains du Créateur.
Les partisans de cette hypothèse expliquent ainsi les imperfections du monde actuel, qui seraient les restes de ce bouleversement primitif. Nous ne saurions démonter lâimpossibilité de cette hypothèse, mais nous ne croyons pourtant pas que le texte conduise naturellement à une telle idée; la liaison entre les versets 1 et 2 paraît trop immédiate; le sens naturel est : Dieu créa, et de cet acte divin sortit lâétat de choses suivant (verset 2). Sur lâargument tiré de tohou vabohou, voir au verset 2.
Lâidée dâun commencement du monde exprimée par notre verset est pleinement confirmée par lâétude de la nature, qui prouve quâil y a eu sur la terre une succession dâêtres allant du plus imparfait au plus parfait, et quâil y a eu même une époque où aucun être organique nâexistait. Si le monde nâavait pas eu de commencement, ce progrès ne serait pas possible. Dans un monde éternel il nây aurait pas de succession : lâunivers serait achevé aussitôt que commencé.
La terre. Lâauteur isole la terre, comme objet de son récit; il nâa pas à sâoccuper du reste de lâunivers; et sâil parle des cieux au quatrième jour, ce ne sera encore quâen rapport avec la terre. On peut se demander sâil se représente la terre chaotique comme une masse entièrement aqueuse, ou comme une masse aqueuse à sa surface, mais reposant sur un socle solide. Le verset 9 est plutôt en faveur du second sens, et câest aussi de cette manière que le psalmiste paraît avoir compris notre passage (Psaumes 104:6).
Déserte et vide. Câest là lâindication de la matière primitive; en hébreu : tohou vabohou. Le premier de ces mots provient de la racine taha, qui signifie être désert; il sâemploie, par exemple, pour désigner une terre ou une ville dévastée (Job 12:24; Job 26:7; Ãsaïe 24:10). Le second, plus rare, vient dâune racine qui signifie être vide. Ce second terme sert plutôt à renforcer le premier quâà exprimer une idée nouvelle; ils forment en hébreu une locution unique dont le sens est absolument vide. Ces deux mots se trouvent aussi réunis dans Jérémie 4:23 pour désigner un manque absolu dâêtres et de lumière (retour au chaos), et dans Ãsaïe 34:11 où ils sont le pendant lâun de lâautre dans deux propositions parallèles qui expriment une destruction totale.
Cette expression peut désigner aussi bien une matière non encore organisée quâun état de choses bouleversé. Câest ici lâétat originaire dans lequel aucun être particulier ne se distinguait encore dans lâensemble. Cet état nâest pas nécessairement mauvais ou anormal; il est seulement inférieur et susceptible de progrès : et rien nâempêche quâil ne soit sorti comme tel des mains du Créateur.
Couvraient⦠reposait. On peut traduire dâaprès les termes hébreux couvrant, reposant, en ce sens que les expressions employées indiquent moins des faits nouveaux que deux traits caractérisant lâétat de choses indiqué plus haut.
Les ténèbres nâimpliquent pas nécessairement lâidée de mal (2 Samuel 22:12; Jean 9:4) : câétait le point de départ de lâÅuvre qui devait suivre.
Lâabîme. Ce mot nâest pas pris dans le sens quâil a fréquemment, celui dâun vaste espace vide, mais dans celui où lâon dit lâabîme en parlant de la mer immense et profonde. Le mot hébreu tehom vient de la racine houm, qui signifie bouillonner en grondant. Ce mot désigne donc la masse des eaux. Ce qui confirme ce sens du mot tehom, câest quâil a pour parallèle dans la phrase suivante le mot les eaux. Mais cette nuit silencieuse nâétait pas celle de la mort; câétait la nuit féconde dâoù devait sortir la vie :
LâEsprit de Dieu planait sur cette vaste étendue dâeau. Le mot rouach, que nous traduisons par esprit, signifie primitivement souffle, vent. On pourrait traduire ici, comme plusieurs commentateurs juifs : un vent puissant. Mais le participe qui suit indique plutôt un état de repos et comme une calme incubation.
Reposait. Le terme merachépheth, que nous traduisons ainsi, désigne, Deutéronome 22:11, le mouvement de lâaigle qui étend ses ailes sur ses petits pour les protéger. Ce nâest pas précisément lâidée de couver, mais celle de planer au-dessus, comme la colombe sur la tête du Sauveur à son baptême.
LâEsprit de Dieu est envisagé ici comme le principe de la vie physique et morale quâil va communiquer au monde. Nous trouvons dans ce verset les deux principes de lâétat primitif : la matière (lâabîme) et la puissance organisatrice ou la force (lâEsprit). Mais de même que dans le premier lâauteur a placé nettement Dieu en dehors et au-dessus du monde, il distingue ici non moins positivement le foyer divin de la vie dâavec la nature elle-même, deux choses quâidentifient les autres cosmogonies.
Les eaux. Ce terme spécifie ce qui avait été exprimé dâune manière abstraite par le mot lâabîme. En raison de ce verset on a attribué à lâauteur la théorie neptunienne exclusive, qui fait sortir la terre de lâeau et qui rejette lâidée de sa formation par le feu. Mais tout ce qui nous est dit sur lâétat ici décrit, câest quâil est antérieur à la formation des êtres particuliers. Le fait est que la période ignée de notre globe a abouti à une période aqueuse, qui a précédé lâexistence actuelle du monde organique.
3-5. Le premier jour
Tandis que dans toutes les autres cosmogonies le monde est une émanation de lâêtre ou de la pensée de la divinité, dans le récit de la Genèse il est le produit dâun acte de la volonté de Dieu. Câest ce quâindique lâexpression : Dieu dit, qui revient huit fois dans ce morceau.
Comme câest la parole qui dans lâhomme est la manifestation extérieure de la volonté, lâauteur de notre récit a employé cette image pour définir lâactivité créatrice comme un acte de la volonté divine. à cette idée sâajoute celle de la facilité avec laquelle Dieu exécute lâacte créateur : Il parle et la chose est, il commande et elle existe, Psaumes 33:9, dans ce même psaume, verset 6, la parole est également jointe à lâEsprit comme instrument de lâÅuvre créatrice. Dâaprès lâintuition de notre récit, lâEsprit de Dieu planant sur la face de lâabîme sera lâagent tout-puissant qui exécutera au fur et à mesure les ordres énoncés par la parole créatrice.
Que la lumière soit. Lâauteur ne peut penser à la lumière solaire qui ne paraît quâau quatrième jour. Cette lumière, dont lâapparition succède à . lâépoque de ténèbres par laquelle la terre vient de passer, nâest point présentée dâailleurs comme provenant dâun corps extérieur à la terre. Il sâagit donc dâune lumière diffuse avec laquelle les aurores boréales présentent peut-être une analogie éloignée. Cette lumière était une condition de lâÅuvre qui allait suivre.
Littéralement : Et Dieu vit la lumière, quâelle était bonne. Lâexpression : Dieu vit, accentue fortement le caractère dâindépendance de la chose créée, non vis-à -vis de la volonté divine, mais vis-à -vis de lâêtre divin; la matière existe réellement, puisquâelle est lâobjet de la perception divine.
Le jugement que Dieu prononce sur le résultat de son activité créatrice suppose que la causalité divine nâest pas seule à produire les êtres qui se succèdent, mais que les causes secondes ont aussi leur rôle dans cette Åuvre. Une fois lâÅuvre achevée, Dieu constate que les forces mises en jeu ont bien réalisé sa pensée.
Ãtait bonne. La bonté de cette première Åuvre nâest pas de nature morale; elle consiste dans la parfaite adaptation de la lumière au but que Dieu se propose dâatteindre par son moyen. Dieu ne prononce pas le même jugement sur les ténèbres, qui ne sont là que comme condition négative des Åuvres qui vont sâaccomplir tandis que la lumière en est un facteur positif.
Et Dieu sépara. Ce que Dieu avait en vue nâétait pas un mélange de lumière et dâobscurité, qui nâaurait produit quâun demi-jour permanent. Au lieu de cela, il établit une alternance régulière de la lumière et de lâobscurité, qui permette à lâune dâêtre pleinement lumière et à lâautre dâêtre pleinement obscurité. Zacharie 14:6-7, qui décrit le moment où lâordre de choses actuel est sur le point de faire place à un monde renouvelé par la venue de lâÃternel, nous montre le mélange se substituant à lâalternance : un jour qui nâest ni jour ni nuit, et au soir duquel brille la lumière du matin. à cette crise succède le temps où il nây a plus de nuit et où la lumière seule demeure à toujours (Apocalypse 21:23-25). Câest le terme vers lequel tend la création, lâantipode du chaos primitif.
Et Dieu appela. Une fois lâalternance de lâobscurité et de la lumière établie, Dieu donne un nom à chacun de ces deux espaces de temps, ce qui signifie quâils doivent se succéder désormais dâune manière régulière et irrévocable. Lâauteur ne veut donc pas dire que Dieu créa les mots hébreux jour et nuit, mais quâil fixa dâune manière stable les notions qui en Hébreu, sont exprimées par les mots employés ici.
Et il y eut un soir et il y eut un matin. Quelques interprètes ont pensé que le soir désigne ici tout lâespace éclairé qui sâachève avec le soir, et le matin, tout lâespace de temps ténébreux qui sâachève avec le matin; la journée sâétendrait ainsi de matin à matin. Mais il est difficile de comprendre comment le mot soir pourrait désigner ce que nous appelons le jour, et le mot matin ce que nous appelons la nuit; autant vaudrait dire que le mot la mort peut désigner la vie, parce que la vie aboutit à la mort. Dâailleurs il est constant que les Juifs faisaient commencer leur jour de vingt-quatre heures entre les deux soirs, câest-à -dire au moment où le jour faisait place à la nuit, et que par conséquent la première moitié du jour de vingt-quatre heures était la nuit et la seconde le jour. Dâaprès cela, nous entendons par le soir la nuit chaotique qui a précédé lâapparition de la lumière, et par le matin lâapparition de la lumière avec le jour qui lâa suivie. Quoique cette nuit ne corresponde pas exactement à la notion de soir, puisquâelle nâa pas été précédée dâune période éclairée, elle reçoit cependant ce nom par analogie avec les soirs suivants.
Ces expressions de soir et de matin sont empruntées à la même image générale sur laquelle repose toute cette narration, celle dâune semaine de travail humain, où lâÅuvre de chaque jour est suivie du repos de la nuit. Appliqué au travail divin, ce symbole du soir et du matin désigne à chaque fois le développement paisible de lâÅuvre précédente et le commencement de lâÅuvre nouvelle.
Ce fut un jour. On peut traduire aussi : Ce fut le premier jour. Lâadjectif cardinal étant souvent pris dans le sens de lâadjectif ordinal quand il sâagit du jour de la semaine ou du mois. Lâauteur a-t-il voulu parler dâun jour de vingt-quatre heures ou dâune période dâune durée incalculable ?
Il paraît bien en raison des six jours de travail, des six nuits de repos qui les séparent et du jour de sabbat qui les termine, que lâauteur a eu devant les yeux comme type une semaine de travail humain; mais il ne peut avoir oublié que lâouvrier, ici, câest Dieu même, et quâun tel ouvrier nâa pas besoin de dormir toutes les douze heures, ni de se reposer tous les sept jours; or avec la notion de lâouvrier grandit nécessairement celle de jour de travail.
Comme dans la vision prophétique Daniel voit des semaines qui ne sont pas des semaines de jours, mais des semaines dâannées, ainsi, pour lâauteur de la Genèse, nos jours de vingt-quatre heures ne sont que lâimage des grandes journées du travail divin. Ces journées, dans sa pensée, ne sauraient être équivalentes aux jours de vingt-quatre heures, dâabord parce que la nuit qui les précède et qui est pour lui le premier soir est par sa nature même dâune durée incalculable; ensuite parce que le soleil qui, par son lever et son coucher, détermine nos nuits et nos jours de douze heures, nâexistait pas encore, ou du moins nâexerçait pas encore son influence périodique sur notre terre. Les trois premiers jours étant par conséquent indépendants de la mesure des vingt-quatre heures, les autres doivent lâêtre aussi, puisque la semaine créatrice ne peut comprendre que des jours de même nature.
Enfin dans ce récit même (comme dans toute la Bible) le mot jour est employé dâune manière très élastique; il désigne : 1er le jour de vingt-quatre heures (verset 14); 2e la partie éclairée de ce jour, comprenant douze heures (verset 18); 3e toute la période de la création (Genèse 2:4).
Nous trouvons de même, dans un passage des Nombres 3:1, le terme de jour appliqué aux six semaines du séjour de Moïse sur le Sinaï. Un jour peut donc désigner une durée indéfinie ayant pour contenu une Åuvre unique.
Nous concluons quâen employant lâimage de la semaine, lâauteur nâa pas été dirigé par une idée de durée, mais plutôt par la notion dâune Åuvre accomplie graduellement, avec des intervalles de travail et de repos et aboutissant à un état stable et permanent qui en est le terme. De plus il est bien manifeste que ce cadre a été choisi dans le but de faire ressortir la sainteté du sabbat.
6-8. Le second jour
Une étendue. Le mot hébreu rakia, de strong>raka, frapper au marteau, étendre en frappant, désigne cette étendue azurée au-dessus de nos têtes, que nous appelons le ciel. On a dit souvent, en pressant le sens étymologique, que lâauteur se représentait cette surface azurée comme une voûte solide dans laquelle les astres seraient cloués. On a tiré cette notion de certaines expressions prises à la lettre chez les écrivains classiques; mais en tout cas ce nâétait pas la pensée de lâauteur sacré, car il connaît les mouvements différents des astres et ne peut par conséquent se les représenter comme cloués à une même voûte solide (verset 44); et la comparaison de ce terme avec celui de cieux, qui en est donné comme lâéquivalent, montre que lâauteur se représente lâétendue comme les Hébreux se représentaient les cieux, câest-à -dire comme autant dâespaces superposés les uns aux autres.
Les expressions qui ont donné lieu à ce malentendu (Job 26:11; Job 37:18; Amos 9:6; etc.) se trouvent toutes dans des morceaux poétiques et nâont pas plus de valeur pour discriminer la nature de lâétendue que lorsque nous parlons par exemple de la voûte céleste; qui voudrait conclure de cette expression que nous nous représentons le ciel comme une voûte solide ? Lâétendue dont parle ici lâauteur désigne donc lâenveloppe atmosphérique de notre terre.
Entre les eaux. Quelques interprètes ont cru devoir donner à ce mot les eaux le sens de fluides gazeux, et lâont appliqué à la matière dont sont formés les astres et les nébuleuses. Ce qui pourrait autoriser ce sens : câest lâexpression du verset 7
Les eaux qui sont au-dessus de lâétendue. (des cieux); puis le fait quâune expression analogue se trouve dans la cosmogonie égyptienne. Mais les gaz lumineux dont sont formés les astres pourraient-ils être désignés ici du même nom que les eaux de la mer terrestre ? Si les eaux dâen-bas sont celles dont sont formés les océans, les eaux dâen-haut ne peuvent être que celles qui sont renfermées dans les nuages. Sans doute les nuages ne sont pas au-dessus de lâatmosphère absolument parlant, mais ils flottent en général au-dessus du ciel inférieur, de la portion de lâatmosphère qui enveloppe immédiatement la terre. Comparez versets 20 et Genèse 7:11.
On peut se représenter lâÅuvre de ce jour de cette manière : La terre était environnée dâune atmosphère épaisse, lourde, quâun écrivain récent a comparée à une atmosphère dâusine et de laboratoire enveloppant le globe de ses tourbillons. Le moment arriva où les substances gazeuses dont elle était saturée se déposèrent à lâétat liquide ou solide et où le globe ne fut plus entouré que de cette enveloppe transparente et légère que nous appelons lâatmosphère, lâair respirable; câest là lâétendue.
Au-dessus de la couche la plus rapprochée de la terre sâélevèrent des vapeurs plus légères que lâair, qui se condensèrent, en arrivant dans une région plus froide, en dais de nuages environnant le globe (les eaux dâen-haut).
9-13. Le troisième jour
3>9-10
Le premier jour a donné naissance à la lumière vivifiante par la séparation de la lumière et des ténèbres, le second à lâatmosphère respirable par la séparation des eaux dâen-haut et des eaux dâen-bas; dans le troisième nous voyons apparaître le sol habitable par la séparation de lâeau dâavec la terre. Le récit suppose que celle-ci existait déjà et que lâeau, en se retirant, la laisse apparaître. Le psalmiste (Psaumes 104:6-8) développe les intuitions renfermées dans cette expression abrégée.
En un seul lieu : lâOcéan, qui forme sur la surface du globe une étendue continue. Que le sec paraisse, littéralement : soit vu.
Et Dieu appela. Encore ici ce nom donné de Dieu implique que la limite entre les deux éléments ainsi signalés ne sera point supprimée, comme le dit poétiquement lâauteur du livre de Job 38:8-11 : Quand je dis à la mer : Tu viendras jusquâici et tu nâiras pas au-delà .
Ãtait bon. Les versets suivants, qui décrivent la création des plantes, montrent immédiatement à quoi devait servir ce sol nouvellement apparu.
Versets 11 Ã 13
La formation des continents remplit la première partie du troisième jour; la création des plantes, qui les revêtent comme une parure, en remplit la seconde moitié. Câest ici le point culminant de la première partie de la semaine créatrice : câétait à ce résultat que tendaient les Åuvres précédentes, car la force organique est au-dessus de la matière brute.
Lâapparition de ce premier être organisé est attribuée à la puissance divine, Dieu dit, mais aussi à la terre, dont Dieu se sert pour produire cet être nouveau, que la terre fasse pousser. Dieu montre ainsi quâil a doué la nature dâune force qui lui appartient désormais en propre, et qui est comme lâavant-coureur de la liberté chez lâhomme.
Lâexpression employée implique aussi que les plantes ne sont pas apparues toutes formées, mais ont passé de lâétat de germes à celui de plantes développées. Les végétaux créés sont divisés en trois classes :
La première est simplement nommée; la seconde est caractérisée par les mots : portant semence; la troisième est désignée comme portant fruit, et renfermant semence.
Lâauteur parle évidemment des plantes telles quâelles apparaissent au premier regard, sans se préoccuper de les classer scientifiquement; de là vient quâil ne parle pas de semence dans la première catégorie. Cette première classe sert de nourriture aux animaux, la seconde en partie aux animaux (verset 30), en partie à lâhomme (verset 29), et la troisième plus spécialement à lâhomme (verset 29).
Portant semence, produisant du fruit. Encore ici nous voyons la créature douée dâune force qui lui appartiendra en propre : Dieu crée les plantes capables de se reproduire par elles-mêmes.
Selon leur espèce. Ces mots ne sont appliqués quâà la seconde et à la troisième catégorie de plantes, sans doute parce que lâherbe des prairies ne forme quâune seule masse dans laquelle la différence des espèces ne frappe pas au premier coup dâÅil.
Lâauteur, en parlant dâespèces, part de lâétat de choses quâil a sous les yeux, cet état de choses a pour caractère la fixité des espèces avec leurs formes plus ou moins invariables et héréditaires. Si même on admettait que cette multitude de types sont provenus dâune cellule unique, il faudrait toujours reconnaître que cette cellule possédait la prédisposition à , se développer en types permanents et tels que nous les contemplons actuellement dans la nature, et par conséquent que cet état de choses exprime la volonté primitive du Créateur.
Il va sans dire quâen sâexprimant comme il le fait, lâauteur ne parle pas de toutes les espèces que la science botanique a cru pourvoir désigner de ce nom; des types primitifs peu nombreux ont pu se multiplier indéfiniment.
Que cela était bon. Câest la seconde fois que Dieu prononce ce jugement dans cette troisième journée : le sol cultivable était bon en tant que base de tout travail humain et en tant que condition nécessaire de lâexistence des plantes; les plantes sont bonnes en tant que condition de toute vie animale : ce sont en effet les plantes qui tirent du sol les matières inorganiques et les transforment en matières organiques, seule forme sous laquelle elles puissent servir à lâentretien de la vie animale.
Le règne végétal possède en outre des vertus de toutes sortes pour guérir, vêtir, réjouir lâhomme. Il renferme sans doute aussi des plantes vénéneuses, mais elles ont également leur utilité.
Dieu ne donne pas de noms aux plantes, ni même à la plante, comme plus tard il ne donne de noms ni aux astres ni aux animaux; il laisse aux hommes le soin de le faire, ne désignant lui-même par un nom que les principes constitutifs du monde (versets, 5, 8 et 10).
Ce tableau du troisième jour, qui présente la création végétale comme antérieure à toute création animale, paraît être en désaccord avec les découvertes scientifiques, qui prouvent que lâanimalité a existé dans le sein des mers antérieurement à toute végétation terrestre. Mais le récit de la création ne fait ressortir que les traits les plus saillants du développement de la terre, qui ont acheminé, comme des jalons, lâapparition de lâhomme.
En parlant des plantes, lâauteur ne fait que mentionner ici leur riche et puissante apparition sur la terre; or, il est certain quâun immense développement de végétation a eu lieu dans les premiers âges du globe; nous en possédons la preuve dans les formations de houille qui se trouvent dans les profondeurs de la terre. Il nây a donc pas contradiction entre le grand fait que lâauteur signale comme ayant formé la clôture de la première moitié du travail créateur et ce que la science actuelle peut constater. Mais ce qui est bien remarquable, câest que lâauteur place ici ce développement végétal primitif avant le jour où selon lui, le soleil a commencé à éclairer la terre. Il savait pourtant, aussi bien que nous par lâexpérience journalière combien lâaction du soleil est nécessaire pour la croissance des plantes. Il faut quâil se soit représenté la lumière du premier jour comme pouvant remplacer dans ce but celle du soleil, et nos connaissances actuelles ne démentent point cette idée, car il est établi quâil y a dâautres lumières que celle du soleil, la lumière électrique par exemple, qui suffisent à faire croître la plante.
Il faut remarquer aussi que la végétation colossale des terrains houillers nâa point encore ces vives couleurs qui ne peuvent procéder que de la lumière solaire. Comme lâa dit un savant, en contemplant cette végétation on reconnaît que le grand peintre de la nature nâavait point encore promené ses pinceaux sur notre terre.
14-19 Le quatrième jour
Ici commence la seconde moitié de la semaine créatrice. Elle correspond exactement à la première; celle-ci a raconté la formation des éléments du monde, la genèse des préparatifs, comme on lâa dit; la seconde nous montre la formation des corps constitués ou organisés qui sây rattachent :
Premier jour, la lumière : quatrième jour, les corps lumineux
Second jour, lâeau et lâair : cinquième jour, les poissons et les oiseaux
Troisième jour : le sol sixième jour, les animaux terrestres.
Lâhomme, dans la seconde partie du sixième jour, correspond à la plante dans la seconde partie du troisième, comme couronnement de la seconde moitié de lâÅuvre et de lâÅuvre tout entière.
Quâil y ait des luminaires. La présence et lâaction de la lumière sont désormais rattachées à lâapparition des corps célestes, qui lui servent comme de foyers. On pourrait donner à lâordre de Dieu le sens affaibli : Que les astres paraissent comme luminaires, en supposant quâils existaient déjà et que câest à ce moment seulement quâils ont pu luire sur la terre, lâenveloppe de nuages qui entourait celle-ci sâétant dissipée.
Sans envisager ce sens comme impossible, nous ne pensons pas quâil corresponde exactement à la force de lâexpression du verset 16 : Dieu fit les deux grands luminaires. Dâaprès ce terme fit, lâauteur paraît réellement penser que câest à ce jour-là quâont été formés les astres. Mais comment admettre que la formation de la terre ait précédé celle du soleil et des étoiles ?
On croit surprendre ici notre récit en flagrant délit dâerreur. Cependant il faut se rappeler quâau verset 1 il a déjà été parlé de la création des cieux, et nous avons reconnu que ce verset nâétait pas un simple titre, mais indiquait un fait. Lâauteur suppose donc que le développement des cieux a marché parallèlement à celui de la terre et que câest au moment marqué par le quatrième jour dans la formation de celle-ci que lâorganisation actuelle des cieux a atteint son terme, et quâen particulier lâapparition de la lumière est devenue dépendante de celle du soleil et des astres.
Un savant, qui nâest nullement préoccupé de justifier le récit de la Genèse, sâexprime ainsi : Le soleil nâétait pas encore parvenu à la période astrale qui lui donnera le disque lumineux, net et défini, sous lequel nous le connaissons à notre époque⦠Deux cents fois plus large en diamètre quâil nâest aujourdâhui, il était peu lumineux; mais insensiblement, de siècle en siècle, il inaugurera son rôle dâastre illuminateur.
Comme lâa dit aussi un illustre physicien, le soleil remplit dès ce moment à lâégard de lâéther, dont les vibrations constituent la lumière, le rôle de lâarchet à lâégard de la corde sonore.
Dans lâétendue des cieux. Il est aisé de se convaincre par cette expression que lâauteur ne songe point à donner au mot étendue le sens dâune voûte solide : comment dans ce cas les luminaires pourraient-ils avoir chacun un mouvement distinct dans cette étendue, comme le prouvent leurs rôles respectifs et différents à lâégard de la terre ?
Pour séparer le jour et la nuit. Lâauteur, mettant les jours et les nuits de douze heures en rapport avec le mouvement des astres, ne peut, sans contradiction avec lui-même, avoir attribué aux jours et aux nuits précédents cette durée de douze heures.
Et quâils servent de signes. Non pas de signes pour distinguer les époques, les jours et les années, comme on pourrait le croire dâaprès les traductions ordinaires, mais, dâaprès lâhébreu, de signes absolument parlant. Ce terme convient surtout aux étoiles, dont la position sert à orienter le voyageur dans le désert ou sur mer.
Quâils fassent les époques. Le mot hébreu signifie un moment fixé à lâavance et sâapplique surtout aux fêtes solennelles. Il sert probablement à désigner ici les mois et les semaines, qui sont fixés dâaprès le cours de la lune, et dâoù dépendent les temps de fête.
Les jours et années enfin, se rapportent au rôle du soleil.
On a vu dans cette relation dâutilité établie par le récit entre les mondes qui peuplent lâunivers et notre petite terre une preuve de lâhorizon étroit dans lequel était enfermée la pensée de lâauteur. Mais avait-il donc à spéculer sur le but que peuvent avoir, en vue de lâunivers, les astres qui nous éclairent ? Nâétait-ce pas de la terre uniquement quâil sâagissait dans sa pensée, et en vue dâelle seule quâil avait à parler de ces astres ?
On peut même dire que cette relation dâutilité quâil fait ressortir se lie étroitement à son point de vue monothéiste. Il montre par là que les astres, adorés par tous les peuples voisins des Juifs, sont de simples créatures au service de lâhomme, et non des puissances que lâhomme doive servir.
Les deux grands luminaires. Cette épithète leur est donnée uniquement au point de vue de lâapparence sensible, lâauteur ne sâoccupant nullement de ce qui en est au fond.
Dominer : régler le nombre, le cours et la durée.
Que cela était bon, répondant au but que Dieu sâétait proposé en vue de lâhomme.
20-23. Le cinquième jour
Comme le second jour comprenait la formation de lâeau et de lâair, le cinquième donne naissance à deux espèces dâêtres. Câest ici dans le récit le commencement de la vie proprement dite, et lâauteur marque cette entrée dâun facteur tout nouveau dans lâexistence en reprenant le terme de créer, (bara, verset 24) quâil avait employé en commençant.
Câest que la matière ne peut produire les phénomènes vitaux; elle nâest, comme on lâa dit, que le subsbstratum de la vie, lui donnant uniquement ses conditions de manifestation. La vie est donc une nouvelle communication de Dieu à la nature.
La science objectera sans doute que des animaux existaient dès longtemps simultanément avec les plantes; mais, comme nous lâavons déjà dit, lâauteur écrit, non en savant, mais pour ainsi dire en spectateur. Câest à cet instant seulement que la vie animale apparaît à ses yeux comme trait saillant et dominant dans le développement de la terre.
Sâil place actuellement la création des poissons et des oiseaux, câest que dans tout son récit, aussi bien sans doute que dans la réalité des faits, le mouvement va des êtres inférieurs aux êtres supérieurs.
Dâêtres animés. Le terme hébreu signifie littéralement dââmes vivantes. Lââme est le souffle de vie qui anime lâorganisme physique et le fait mouvoir. Les âmes sont diversement douées, mais ce terme désigne le caractère commun à tous les êtres vivants, depuis lâanimal le plus inférieur jusquâà lâhomme, qui est aussi appelé âme vivante (Genèse 2:7).
Sur la face de lâétendue des cieux. En volant, les oiseaux se détachent sur le fond bleu du ciel.
Les grandes bêtes aquatiques : les monstres marins. Le nom hébreu désigne parfois le serpent, dâautres fois le crocodile ou les cétacés; ce sont sans doute ces deux dernières classes qui sont désignées ici, le serpent ou reptile, nâapparaissant quâau sixième jour (verset 24).
à ces grands animaux, le récit joint toute la multitude des animaux marins en ajoutant le terme selon leur espèce, quâil applique aussi après cela aux oiseaux. Sur ce terme, voir verset 12.
Que cela était bon. Nous répétons ici ce que nous avons dit déjà , câest que le bien moral nâa pas de place dans ce domaine et ne paraîtra quâavec lâhomme. Le terme de bon sâapplique donc à la convenance parfaite de ces êtres comme jalons pour arriver au terme final de la nature.
Dieu les bénit. Ce terme exprime à la fois une communication de force et une promesse pour lâavenir. Dieu semble se réjouir de cette abondance de vie qui va désormais enrichir la terre. Mais sa bénédiction ne peut se déployer envers des animaux que sous la forme inférieure de la multiplication de lâespèce.
Cette bénédiction nâavait pas été prononcée sur la plante, parce qu'elle possédait en elle-même la faculté de se reproduire, tandis que pour la reproduction de nouveaux êtres vivants il faut cette action vivifiante que renferme la bénédiction divine.
La formule : Et cela fut, nâest pas répétée, peut-être parce que la bénédiction prononcée ne sera réalisée que progressivement dans la suite des temps. Les découvertes géologiques prouvent sans doute que dès les premiers temps de la formation de la croûte terrestre les eaux furent habitées par des multitudes dâanimaux, mais elles nâen placent pas moins à une époque postérieure, qui a précédé lâapparition des grands animaux terrestres et de lâhomme, lâavènement des monstres marins qui, pendant un temps, peuplèrent les mers, et dont les derniers représentants (crocodiles, requins) existent encore aujourdâhui. Câest à peu prés à la même époque que lâon voit apparaître les premiers êtres frayant la voie à la classe des oiseaux.
24-31. Le sixième jour
La création des animaux terrestres est placée la dernière, ces êtres étant les plus rapprochés de lâhomme; et lâune des plus grandes hardiesses de notre récit est sans doute dâavoir placé celle de lâhomme dans la même journée que celle de ces êtres si inférieurs à lui, et de telle sorte que son apparition soit comme une partie de celle du règne animal. De cette disposition ressortent avec force et la bassesse et la grandeur de lâhomme.
En plein accord avec notre récit, qui place lâapparition de lâhomme le même jour que les animaux terrestres, les découvertes récentes prouvent quâil a vécu simultanément avec les grands quadrupèdes dont lâapparition avait précédé sa venue.
3>24-25. Création des animaux terrestres
24. Que la terre fasse sortir. Cette expression, qui avait été employée par rapport aux plantes, reparaît ici appliquée aux animaux terrestres. Elle indique que câest par lâintermédiaire de la terre et avec sa coopération quâils arrivent à lâexistence et, de plus, quâils sont appelés à vivre à sa surface et comme hors dâelle.
Rien de semblable nâavait été dit des animaux marins et aériens, parce que la matière de leur corps est tout à fait hétérogène à celle de lâeau et de lâair, et quâils vivent plongés dans ces éléments.
Ils sont dâabord indiqués dâune manière générale êtres animés (voir au verset 20), puis divisés en trois classes, les deux premières bien déterminées, la troisième tout à fait générale.
Le bétail. Le mot hébreu désigne le mutisme et sâapplique le plus souvent aux animaux domestiques, qui diffèrent de lâhomme, avec lequel ils vivent, par la privation du langage. Câest le mot employé dans le quatrième commandement (ton bétail). Il peut bien désigner parfois les grands quadrupèdes en général, mais le sens restreint résulte ici de lâopposition au troisième terme.
Les reptiles : spécialement les serpents, qui forment un genre tout à fait à part, aussi bien que les animaux domestiques.
Les animaux terrestres : tout ce qui reste en dehors de ces deux classes, en particulier ce que nous appelons les animaux sauvages.
Selon leur espèce. Cette détermination se rapporte aux trois classes. Voir au verset 12.
Les études actuelles prouvent que lâapparition des premiers grands mammifères a coïncidé avec le grand développement de la classe des serpents.
Et Dieu fit⦠Lâordre est ici renversé dâabord la classe la plus générale, puis plus spécialement les deux qui ont un caractère particulier, il nâest pas dit que Dieu bénit les animaux terrestres comme il avait béni les poissons et les oiseaux et comme il bénira lâhomme. Câest probablement parce que leur bénédiction est implicitement renfermée dans celle de lâhomme comme chef des êtres qui partagent avec lui le séjour de la terre.
26-27. Création de lâhomme.
26. Et Dieu dit. Dans toutes les créations précédentes la parole divine est adressée à lâêtre lui-même qui doit paraître ou à lâélément dâoù il doit sortir; ici Dieu se parle à lui-même. Ce nâest pas un simple appel, câest une décision prise intérieurement, qui précède lâexécution.
Il y a dans cette forme une solennité motivée par le fait que lâÅuvre arrive à son terme et que lâêtre qui va paraître appartient à une économie supérieure.
Faisons. Le Talmud et plusieurs interprètes juifs pensent que Dieu sâadresse aux anges. Mais les anges nâont pas participé aux actes créateurs. Les Pères voient dans ce pluriel un indice de la Trinité chrétienne. Câest dépasser lâhorizon du livre que nous expliquons. Plusieurs commentateurs modernes trouvent dans ce terme un pluriel de majesté, comme celui quâemploient les souverains dans les allocutions à leur peuple : Nousâ¦, savoir faisons. Mais cet usage est inconnu dans lâÃcriture et dans la Genèse en particulier. Voir la manière dont parle Pharaon, chapitre 41, versets 41 à 44.
Il y a ici comme un retour à la forme plurielle du nom Elohim. Mais il ne suffit pas pour expliquer ce fait de rappeler la richesse des perfections divines, car ces perfections ne peuvent être personnifiées comme se parlant les unes aux autres. Le sens le plus simple serait que Dieu se parle à lui-même, ce qui en effet ne peut se faire à lâimpératif quâen employant la première personne du pluriel. Mais cette explication ne suffit pas pour rendre compte du mot notre deux fois répété dans les mots suivants, et il nous paraît que lâexplication seule naturelle, en tant que ressortant du livre lui-même, câest dâappliquer cette première personne du pluriel à lâÃternel et à son instrument dans toutes ses Åuvres accomplies dans le monde visible, lâAnge de lâÃternel, dont il est parlé plusieurs fois dans le livre de la Genèse et quelquefois dans les autres livres de lâAncien Testament. Voir à Genèse 31:47.
Cet être mystérieux est constamment envisagé à la fois comme un avec lâÃternel et comme distinct de lui. Comme agent de lâÃternel dans ses manifestations visibles, il est tout naturellement appelé à prendre part à la création de lâhomme. Câest la même pensée que saint Jean exprime dans ces mots : Au commencement était la Paroleâ¦; toutes choses ont été faites par elle.
Lâhomme. Le mot Adam désigne ici lâespèce tout entière comme renfermée dans son premier représentant. Lâorigine de ce nom est expliquée de différentes manières. La plupart le mettent en rapport avec le substantif adama (le sol), mot que lâon fait dériver soit de adâm, être rouge, soit dâune racine arabe qui signifie joindre, en ce sens que la superficie du sol forme une couverture étroitement unie au corps de la terre.
Dans le premier cas, Lâhomme serait appelé ainsi à cause de la couleur de son corps; dans le second, en tant que tiré du sol qui recouvre la terre. Dans les deux cas, ce mot rappelle son humble origine, ce qui est conforme à lâesprit des Hébreux, dâaprès lequel le plus élevé des êtres terrestres nâest que poussière en face de Dieu. Comparez Genèse 3:19.
à notre image, selon notre ressemblance. Littéralement : Selon notre image, comme une ressemblance (un portrait) de nous. Le premier terme (tsélem) signifie proprement ombre, dâoù contour, esquisse; il désigne plutôt le modèle, tandis que le second paraît plutôt désigner la copie.
La réunion de ces deux termes accentue à la fois la ressemblance (à lâimage) et la différence (un portrait) : Au verset 27, le mot image est seul relevé. Voir au verset 3 pour le changement des prépositions.
Le pluriel notre prouve que lâhomme est dans cette relation avec les deux êtres divins renfermés dans le sujet de faisons.
Plusieurs ont trouvé lâexplication de lâimage de Dieu chez lâhomme dans les paroles suivantes, où lâhomme est installé comme souverain de la terre et par là comme dépositaire ici-bas de la souveraineté divine.
Mais cette relation de lâhomme avec la terre nâest que lâeffet de sa relation avec Dieu exprimée par le mot : à notre image, et ne peut servir à expliquer cette relation elle-même. Dâautres ont pensé à la majesté empreinte sur la figure et dans toute la forme de la personne humaine. Mais le corps de lâhomme est ce par quoi il diffère de Dieu plutôt que ce par quoi il lui ressemble.
Le trait de beauté physique qui distingue lâhomme est un effet de sa ressemblance morale avec Dieu. Câest évidemment dans celle-ci quâil faut chercher la vraie notion de lâimage de Dieu dans lâhomme. Elle consiste dans la possession de la personnalité, privilège qui a pour essence la volonté libre, disposant dâelle-même, et qui suppose à la fois lâintelligence capable de distinguer les partis à prendre, et le sens moral, indicateur de celui quâil faut choisir. Câest par là que lâhomme peut arriver à la sainteté, lâidentité avec le bien, qui est le trait fondamental de lâessence divine.
Cette image, lâhomme ne lâa pas perdue par le péché, car même dans son état de chute il reste toujours une personnalité libre, capable dâaspirer au bien; comparez Genèse 5:1; Genèse 9:6; 1 Corinthiens 11:7; Jacques 3:9. Mais elle a été altérée en ce sens quâun penchant opposé à lâamour du bien sâimpose à lâhomme comme une puissance qui le domine; voilà pourquoi saint Paul dit (Ãphésiens 4:24) que le fidèle est renouvelé selon lâimage de celui qui lâa créé; sa volonté libre tend de nouveau au bien.
De ce caractère de personnalité libre et intelligente accordé à lâhomme résultent et la noblesse imposante de sa figure et la domination quâil exerce sur les animaux et sur le monde.
Quâils dominent. Dieu voit déjà dans lâindividu toute la race; de là ce pluriel. Lâhomme dominera aussi bien sur lâÅuvre du cinquième que sur celle du sixième jour.
Sur toute la terre. Câest ici une expression abrégée pour dire : tous les animaux de la terre. On a supposé que le mot : les animaux, avait été omis par une erreur de copiste, mais déjà les traducteurs alexandrins ne le lisaient pas dans leur texte. Câest cette parole de la Genèse qui a inspiré le psalmiste dans lâhymne du Psaume 8; comparez versets 7 à 9.
Et Dieu créa. Le mot créer revient ici pour la troisième fois. Il avait été employé dâabord pour désigner la création de la matière (verset 1), puis celle de la vie (verset 24); il est répété ici pour désigner lâorigine de la liberté. Lâapparition de lâêtre, lâapparition de lâêtre vivant et lâapparition de lâêtre vivant et libre, sont en effet les trois stages marquants dans le développement du monde, les trois commencements complètement nouveaux, dont les deux derniers rompent radicalement avec lâévolution antérieure, et qui exigent une communication nouvelle provenant dâune source supérieure (lâEsprit divin, verset 2).
Le mot créa est employé trois fois dans ce seul verset, parce que câest ici la communication suprême venant dâen-haut. La première fois le verbe est à lâimparfait (hébreu), créa; les deux autres fois il est au parfait, a créé, pour indiquer que lâétat ainsi inauguré demeure.
Les trois propositions ont la solennité du rythme poétique. On peut supposer que câest ici une réflexion de lâauteur sur la gravité du fait raconté : Oui, il lâa créé⦠On sent en tout cas, par la répétition, que lâauteur est ému de la grandeur du fait quâil exprime : Voilà enfin lâêtre capable de représenter lâauteur invisible de toute cette Åuvre, de connaître sa pensée et de réaliser sa volonté !
Dans la première proposition, le mot saillant est créa; dans la seconde, câest le régime : à lâimage de Dieu; dans la troisième, lâauteur fait ressortir la distinction des sexes.
Nous voyons par cette dernière proposition que la femme est créée à lâimage de Dieu aussi bien que lâhomme; câest sans doute grâce à cette idée que la femme occupait en Israël une position beaucoup plus élevée que chez les peuples voisins. Dans toute la Bible, la mère est considérée comme devant être respectée par les enfants à lâégal du père. Comparez Exode 20:12; Lévitique 19:3.
Lâauteur fait ressortir la distinction des sexes, non en ce sens que le premier homme les aurait réunis tous deux en sa personne et quâils nâauraient été séparés que plus tard, comme on se lâest souvent figuré, mais comme ayant existé dès lâabord dans deux personnalités distinctes, car il dit : Il les créa, et non il le créa. Voir à 2.18 et suivants.
Cette expression, du reste, comme le passage tout entier, suppose la création dâun seul couple; câest de ce fait que Jésus tire la loi de la monogamie (Matthieu 19:4) et saint Paul lâidée de lâunité physique et spirituelle de la race humaine (Actes 17:26). Sur lâunité et lâorigine de lâhumanité, voir à Genèse 2:7.
28-30. Installation de lâhomme comme roi de la création
28. Comme les animaux à leur première apparition ont reçu une bénédiction (verset 22), il en est de même de lâhomme. Mais cette bénédiction ne porte pas seulement sur lâaugmentation de la famille et du peuple, qui est toujours considérée dans lâAncien Testament comme lâun des plus grands bienfaits temporels; à cette première faveur de la fécondité, que lâhomme partage avec les animaux, sâen ajoute une seconde qui lui est propre : la souveraineté sur tous les autres habitants de la terre. Cette souveraineté est pour le moment toute pacifique; plus tard, après le déluge (Genèse 9:2), elle se réalisera par la force.
Il est manifeste que le troisième terme : tout animal qui se meut sur la terre, comprend les trois classes créées au sixième jour, comme ayant, en opposition aux oiseaux et aux poissons, ce caractère commun dâhabiter la terre avec homme.
Versets 29 Ã 30
Ces versets se rapportent à la nourriture de lâhomme et des animaux après la création et la propagation, lâalimentation.
Plusieurs interprètes ont vu dans ces paroles une limitation des précédentes, comme si Dieu voulait dire à lâhomme quâil lui donne la domination sur les animaux, mais que cette domination ne va pas jusquâà lui conférer le droit de les mettre à mort pour les faire servir à son alimentation.
Mais les premières paroles du verset 29 : Et Dieu dit, séparent bien nettement ces deux versets de tout ce qui précède et en font un morceau existant pour lui-même. Câest donc une autorisation plutôt quâune limitation. Dieu autorise lâhomme à se nourrir des plantes, quâil a créées pour lui au troisième jour, et lui indique la partie du règne végétal qui est abandonnée aux animaux.
Le but de Dieu en créant les plantes avait été de les faire servir à la nourriture de lâhomme et des animaux; de là le parfait : Je vous ai donné, câest-à -dire : Je les ai faites (au troisième jour) pour vous les donner (au sixième).
29. Dieu donne à lâhomme les deux dernières espèces de plantes mentionnées au verset 11, câest-à -dire les légumes et les céréales, puis les fruits. On peut conclure de là que, durant les premiers temps de son existence, lâhomme ne devait pas, dans le dessein de Dieu, se nourrir de viande.
Peut-être la chute et lâexpulsion du paradis ont-elles amené un changement dans son mode dâexistence. Quoi quâil en soit, Dieu ne donne expressément à lâhomme la permission de se nourrir de viande quâaprès la révolution du déluge (Genèse 9:3). Les deux passages Genèse 3:21 et Genèse 4:4 ne prouvent pas nécessairement le contraire, car rien ne dit que la chair des animaux dont les peaux servirent à faire des vêtements pour Adam et Ãve ait été mangée, et les victimes dâAbel furent sans doute brûlées entièrement, comme les holocaustes.
Lâexpérience de plusieurs peuples prouve que lâhomme peut vivre sans viande, et lâanatomie elle-même constate que la mâchoire et le tube digestif de lâhomme (comme du singe) sont constitués en vue dâune alimentation frugivore.
Partie du règne végétal assignée aux animaux
Les poissons sont omis comme vivant dans lâeau, et le bétail nâest pas nommé, probablement parce quâil est compris dans lâexpression tout animal de la terre. Dieu donne aux animaux toute herbe verte, littéralement toute verdure dâherbe, câest-à -dire les parties vertes des plantes. Ce terme comprend les deux premières classes renfermées au verset 11 : le gazon et les légumes.
On pourrait assez naturellement penser que par là toute nourriture animale est exclue pour les animaux eux-mêmes. Mais le texte ne le dit pas expressément, et le sens de lâexpression peut être déterminé simplement par lâopposition à la nourriture de lâhomme : à lâhomme les fruits, le blé, les légumes; aux animaux les légumes et le gazon. Ces mots déterminent la destination des plantes relativement aux deux classes dâêtres vivants, mais ils ne disent rien sur les rapports des animaux entre eux.
Puis câest pour lâhomme que Dieu parle, et non pour les animaux; parler de la chair comme nourriture des animaux, soit pour lâautoriser, soit pour lâinterdire, aurait donc été pour lâauteur sortir de son sujet.
Si lâon pensait au contraire que le récit a pour but dâexclure chez les animaux eux-mêmes la nourriture animale, alors il y aurait ici un conflit difficilement conciliable avec la science, qui prouve quâil y a des animaux carnivores de nature et que longtemps avant lâapparition de lâhomme les animaux se détruisaient entre eux.
Ce verset clôt le récit de lâÅuvre du sixième jour et des six jours. Et Dieu vit. Cette expression est tirée de lâimage de lâouvrier qui, en contemplant son Åuvre, se réjouit de la voir de tous points répondant à sa pensée.
Câétait très bon. Câest ici la septième fois quâintervient le jugement de Dieu sur son Åuvre : nous le trouvons une fois au premier jour, deux fois au troisième, une fois au quatrième, une fois au cinquième et deux fois au sixième; lâauteur lâa omis au second pour la raison indiquée plus haut et peut être aussi pour arriver au nombre sept, qui désigne la perfection.
Maintenant que lâÅuvre créatrice est arrivée à son terme et que lâhomme, but de la création, a enfin paru, Dieu en contemplant son Åuvre, dont toutes les parties correspondent parfaitement les unes aux autres et sont admirablement enchaînées, de manière à tendre toutes au même but, peut affirmer non plus seulement que son Åuvre est bonne, mais quâelle est très bonne.
Le mot bon sâapplique à chaque être selon son espèce à la nature et aux animaux en tant quâappropriés à lâusage de lâhomme, et à lâhomme en tant quâapte à la communion avec Dieu. Mais ce nâétait quâune bonté initiale, un point de départ parfaitement approprié au développement qui allait commencer et au terme glorieux auquel il devait conduire.
On objectera peut-être quâil y a dans la création une quantité dâéléments nuisibles qui ne peuvent pas être appelés bons, puisquâils ne servent pas au bien de lâhomme. Mais rappelons-nous que Dieu conduit lâhomme à son bien réel et définitif en faisant son éducation par des dispensations quelque fois sévères; toutes ces choses qui paraissent mauvaises en elles-mêmes et dans leurs résultats immédiats peuvent donc devenir bonnes par leur résultat définitif, le bien moral de lâhomme.
Le but de lâauteur, on déclarant que tout était très bon, est évidemment dâaffirmer que Dieu nâest pas lâauteur du mal, et de rejeter sur un autre la responsabilité de lâintroduction du péché dans le monde.