Lectionary Calendar
Sunday, December 22nd, 2024
the Fourth Week of Advent
the Fourth Week of Advent
advertisement
advertisement
advertisement
Attention!
StudyLight.org has pledged to help build churches in Uganda. Help us with that pledge and support pastors in the heart of Africa.
Click here to join the effort!
Click here to join the effort!
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-40
3>1 à 25 La prophétie est préférable au don des langues
Cette conclusion de tout le chapitre 1 Corinthiens 13 emprunte la plus grande force des versets 1-3, et du verset 13. La charité n’est pas seulement l’âme de tous les autres dons desquels l’apôtre va parler; mais elle en dirige l’appréciation et l’usage, selon qu’ils peuvent le mieux servir à l’édification des autres.
Paul revient ainsi à son exhortation (1 Corinthiens 12:31). interrompue par le chapitre 1 Corinthiens 13; il y revient, parce qu’il a de graves instructions à donner sur ces dons spirituels, et parce qu’il ne voudrait pas qu’on pût conclure de ce qui précède qu’il n’en fait pas le plus grand cas.
Au lieu du mot ordinaire de charismes, dons de la grâce, il emploie ici (verset 1) celui de pneumatica, dons spirituels, par où il entend les dons et les opérations de l’Esprit. Ainsi encore ci-dessus, 1 Corinthiens 12:1.
La prophétie et le don de parler en langues, tels sont les deux principaux sujets que Paul traite dans ce chapitre en les appréciant l’un par rapport à l’autre.
Avant de suivre le détail de ses enseignements, il est bon de chercher à se rendre compte de la nature de ces dons.
Il faut convenir, dès l’abord, qu’il n’est aucune question de l’antiquité chrétienne qui présente plus de difficultés. Des données historiques nous manquent pour arriver à une entière certitude à cet égard.
Les instructions de l’apôtre étaient parfaitement claires pour ceux qui les recevaient, mais notre connaissance insuffisante des circonstances laisse subsister pour nous une assez grande obscurité.
Ceci concerne surtout le don des langues. Dans les premiers passages où il est mentionné, il est appelé le don de parler « de nouvelles langues », (Marc 16:17) « d’autres langues » (Actes 2:4). On voit par Actes 2:8 que les auditeurs de la Pentecôte comprenaient le langage des apôtres de telle sorte qu’il leur semblait que ceux-ci s’exprimaient dans leurs dialectes particuliers. Il n’est pas dit, en effet, que ces « autres langues » fussent des langues étrangères. L’analogie du phénomène qui se produisit plus tard à Corinthe conduit plutôt à la conclusion opposée. En effet, tandis qu’au premier moment de l’effusion de l’Esprit, à Jérusalem, ceux qui parlaient ces langues étaient parfaitement entendus de la foule à laquelle ils s’adressaient, (Actes 2:5-12) à Corinthe, au moment où Paul écrivait notre épître, dix-sept ans plus tard, personne dans l’assemblée ne les comprenait (versets 2, 4, 9, 11, 14, 16, 23).
De là même était né par l’Esprit un autre don subsidiaire du premier, celui d’interpréter les langues (1 Corinthiens 12:10; 1 Corinthiens 14:5). Ces deux dons n’étaient pas toujours réunis dans la même personne (versets 13, 27, 28).
Du rapprochement de ces faits indubitables on peut conclure :
1° Non pas, comme l’ont prétendu quelques exégètes modernes, que le don mentionné dans cette épître était tout autre que celui de Actes 2, cela est inadmissible; mais plutôt que ce don avait subi, dans le laps des années, certaines altérations, perdu de sa force et de sa lucidité (voir la note suivante).
2° On peut conclure encore que ce don, à Corinthe, s’exerçait dans un état d’âme élevé par l’Esprit jusqu’à une sorte d’extase, où celui qui parlait, ne trouvant plus dans sa langue d’expressions suffisantes pour rendre les sentiments qu’il éprouvait, donnait essor à ces sentiments (« selon que l’Esprit lui donnait d’exprimer », Actes 2:4) par les mots d’un langage inconnu à lui-même et aux autres, et dont ensuite il ne gardait point le souvenir, sans quoi il aurait toujours pu l’interpréter.
Les vives impressions qu’il éprouvait dans cet état, les prières ou les actions de grâces qu’il prononçait, l’édifiaient lui-même (versets 2-4, 14-16); mais n’ayant pas une conscience claire de ce qui se passait en lui, il ne pouvait pas, revenu à son état naturel, en faire part aux autres pour leur édification. C’est pourquoi Paul veut que, s’il n’y a point d’interprète, celui qui parle en langues garde le silence dans l’assemblée (verset 28).
D’après ces observations, qui ressortent de notre chapitre, quelques interprètes modernes, rejetant tout à fait l’idée d’idiomes ou de dialectes, et prenant le mot langue (glossa) dans son sens corporel (le membre, organe de la parole), n’ont voulu voir dans le don en question qu’une force de l’Esprit-Saint faisant mouvoir la langue pour exprimer des actions de grâce et des prières, sans que celui qui en était l’objet eût aucune conscience claire de ce qu’il faisait ou disait.
Mais, outre que cette action mécanique, matérielle de l’Esprit, est sans analogie dans l’Église primitive, il suffit, pour rendre cette idée inadmissible, d’observer que Paul emploie le mot langues tantôt au pluriel, tantôt au singulier; or, nul homme n’ayant plusieurs langues, ce ne peut être là sa pensée.
D’un autre côté, comme il est certain qu’à Corinthe ce phénomène avait lieu sans que ni celui qui parlait, ni ceux qui écoutaient en eussent l’intelligence, (versets 2, 14, 15) il ne s’agit plus ici de langues ou dialectes dans le sens ordinaire du mot, mais bien plutôt de sons ou de chants par lesquels les sentiments de l’âme prenaient leur essor.
Aussi, avec M. Rilliet, traduisons-nous, non pas : parler une langue ou des langues, mais : parler en langue.
3° On peut conclure enfin que ce don n’avait point été conféré à l’Église primitive pour lui procurer la connaissance des langues étrangères, mais que destiné à remplacer tous les autres symboles qui accompagnèrent l’effusion du Saint-Esprit, (Actes 2:1-4) ce don, force mystérieuse, capable de renverser les barrières qui, de peuple à peuple, rendent captive la pensée, était le symbole précieux de l’union de toutes les nations dans un même esprit, sous l’Évangile de la grâce. Aussi Paul dit-il positivement que c’était un signe pour ceux qui ne croyaient pas encore (verset 22).
Il en était tout autrement du don de prophétie. Le prophète de la nouvelle alliance, qui ne différait de celui de l’ancienne que selon les caractères divers des deux économies, recevait par l’Esprit de Dieu des révélations qui, destinées à toute l’Église, pouvaient être exprimées par lui d’une manière claire, impressive et intelligible pour tous (versets 3, 4). Ses discours, d’une puissance irrésistible, étaient surtout des appels et des exhortations propres à réveiller les âmes ou à les consoler. Parfois il lui était donné de pénétrer les besoins et les secrets des cœurs, de les produire au grand jour, et d’amener un pécheur captif et prosterné aux pieds du Seigneur (versets 24-25).
Ce don de prophétie était donc de la plus haute importance dans l’Église pour la propagation rapide de la vie nouvelle. Aussi l’apôtre range-t-il les prophètes même avant les docteurs, (1 Corinthiens 12:28; 1 Corinthiens 12:29; Éphésiens 4:11) parce que ceux-là recevaient directement la vérité et la vie divines, tandis que ceux-ci y parvenaient par une voie plus lente, et susceptible de les égarer par leurs propres conceptions. À plus forte raison, Paul met-il la prophétie bien au-dessus du don des langues, comme cela paraît dès les premiers mots et dans tout le cours de ce chapitre.
Toute cette portion de l’Écriture a une grande importance historique, puisqu’elle nous permet de jeter un regard sur la vie de la première Église, lorsque l’Esprit de Dieu y régnait avec tant d’efficace. Mais on se tromperait en pensant que ces enseignements n’ont plus pour nous d’autre valeur, et tombent tout entiers dans le domaine mort de l’histoire. À toutes les époques de l’Église où, sous une effusion abondante de l’Esprit-Saint, s’opèrent avec puissance des réveils religieux, se reproduisent aussi des phénomènes, sinon semblables, du moins analogues. Or, si ces expériences peuvent, d’une part, jeter un certain jour sur les sujets qui nous occupent ici, ces sujets, traités par la plume de l’apôtre, peuvent à leur tour nous servir de guides précieux dans l’appréciation et le discernement des faits de ce genre qui se manifestent dans le règne du Sauveur.
En esprit peut s’entendre de l’esprit de celui qui parle, (comme verset 15) ou de l’Esprit de Dieu qui agit en lui. Ce dernier sens est le plus probable. Celui qui parle en langue (langue inintelligible aux auditeurs) parle à Dieu qui l’inspire et le comprend, tandis que dans l’assemblée nul ne l’entend, ne le comprend, ce qui suppose que dans l’Église de Corinthe, où il n’y avait guère que des Grecs et des Juifs, la langue parlée dans l’état d’extase n’était ni le grec, ni l’hébreu.
Qu’était-ce donc ? Après toutes les hypothèses qu’on a faites (voir la note précédente), il faut avouer qu’on ne saurait le préciser avec certitude. Seulement on peut admettre que l’impossibilité où étaient les auditeurs de comprendre tenait, non seulement aux mots dont se servait l’orateur, mais aux choses qu’il disait, comme l’apôtre rapporte de lui-même, qu’il entendit dans un état de ravissement « des choses (ou paroles) ineffables, qu’il n’est pas possible à l’homme d’exprimer » (2 Corinthiens 12:4).
Et cela explique pourquoi l’interprétation était un don de l’Esprit qui élevait l’interprète à la hauteur de celui qui parlait, et non une simple traduction d’une langue dans une autre. Cette opinion est fortement appuyée par notre verset même, qui attire toute l’attention sur les choses exprimées, puisque l’apôtre les appelle des mystères, mot par lequel il désigne toujours des vérités ou des faits qui dépassent la connaissance de l’homme, et qui ont besoin d’une révélation spéciale (1 Corinthiens 2:7, note; comparez Éphésiens 3:3 et suivants).
Grec : « Mais celui qui prophétise parle aux hommes (pour) l’édification, et l’exhortation et la consolation ». La parole lumineuse et puissante du prophète appropriait aux besoins de chaque âme la vérité divine qui lui était donnée de Dieu.
L’édification, c’est-à-dire le développement de toute la vie chrétienne, est ici le terme général; l’exhortation et la consolation en sont le moyen et le fruit.
En exprimant, même pour lui seul, devant Dieu, ce dont il était rempli. Ainsi ses pensées et ses sentiments, indistincts encore, gagnaient en clarté et en fermeté.
On peut recueillir de là cette pensée très pratique que le chrétien, même dans ses prières particulières et dans ses entretiens les plus intimes avec Dieu, doit s’appliquer à trouver le mot qui exprime ce qu’il éprouve ou pense. Le Dieu révélé s’appelle lui-même « la Parole » (Jean 1:1).
Sans parole l’homme ne peut s’approprier aucune des choses divines; même « les paroles ineffables » entendues par Paul dans un monde supérieur sont encore des paroles.
Par elles, les idées et les sentiments, jusque-là vagues et stériles, prennent du corps et de la réalité pour nous-mêmes et pour les autres. De là, le don d’interprétation dans la primitive Église; de là aussi l’interdiction de parler « en langues » lorsqu’il n’y a point d’interprète (verset 28).
On voit par ces paroles que l’apôtre n’entendait point déprécier ou désapprouver le don des langues, mais seulement le mettre à sa vraie place, parce que les Corinthiens y attachaient une valeur exagérée par des motifs très humains.
Pour cela Paul prouve dans tout ce chapitre la supériorité de la prophétie, qui, en effet, était d’une tout autre importance pour l’Église (versets 1-5, 24, 25).
Ces quatre manifestations de la vérité divine sont intimement liées l’une à l’autre, mais diverses dans leur mode de communication à l’homme.
Elles forment deux lignes parallèles :
une révélation, source de la prophétie; une connaissance, source de la doctrine.
Amener les hommes à Dieu par tous ces dons de l’Esprit, tel était le but de l’Évangile; tels aussi les moyens d’action des apôtres : s’ils avaient voulu convertir les peuples et fonder et édifier des Églises en parlant des langues, quels eussent été les résultats ?
C’est là la question pleinement concluante que pose l’apôtre et que les deux comparaisons suivantes rendront plus frappante encore (versets 7-11).
Grec : « Qui soit muet, sans voix », inintelligible à ceux qui l’entendent.
Grec : Si donc je ne sais pas la force du mot. C’est ainsi que, dans les langues anciennes, surtout en latin, on exprimait signification.
Mais il est évident que force dit davantage; ce terme indique la puissance de l’Esprit qui est dans le mot, que le mot porte avec soi (comparer verset 4, note). S’il en est ainsi dans les langues humaines, combien plus dans la langue de l’Esprit de Dieu ! C’est pourquoi il n’y a rien de moins philosophique, rien de plus faux que la distinction que l’on cherche perpétuellement à faire entre le mot et l’idée, entre la parole et la pensée.
Les Grecs appelaient barbares tous les hommes étrangers à leur nation; ils entendaient par là des gens sans culture, que l’on ne comprend pas.
Grec : « Puisque vous êtes pleins de zèle pour les esprits ». L’apôtre considère ici les dons de l’Esprit comme étant eux-mêmes des esprits, des forces divines agissant dans l’homme (versets 14, 32, note).
Voir versets 4, 5.
Grec : « Prie, afin qu’il interprète », ce que les uns entendent : qu’il interprète par sa prière même, en y exprimant aussi, pour les auditeurs, les pensées qui le remplissent; d’autres comprennent ainsi : que l’objet de sa prière soit d’obtenir de Dieu le don d’interprétation.
C’est le sens rendu par notre version. Si l’orateur n’avait pas ce don, un autre devait interpréter (verset 27; comparez verset 2, note).
Sans fruit pour les autres.
Par l’esprit, l’apôtre entend la plus haute intuition spirituelle, seule saisie et active dans l’état d’extase, tandis que l’intelligence, cette faculté claire et nette qui se rend compte et juge, reste passive et devient inutile pour l’édification des autres.
Ou bien, l’intelligence peut signifier le sens des paroles prononcées, comme s’il y avait ma pensée. L’une et l’autre signification sont également admissibles aux versets 15 et 19. La première est toutefois la plus probable.
La prière et le chant (grec : « psalmodier ») paraissent avoir été à Corinthe les deux principales formes que revêtait le don des langues (versets 15, 16, 26, où « un psaume » est indiqué comme l’un des objets de l’inspiration divine).
La liaison du verset 14 et du verset 15 ne permet pas, dans ce dernier, d’entendre par ce mot en esprit ou « par l’esprit », l’Esprit de Dieu. Il est évident que l’apôtre met en opposition l’une avec l’autre deux facultés de l’âme humaine. De même verset 16.
Il paraît donc que, dès les temps apostoliques, toute l’assemblée s’associait à la prière publique en la confirmant par un amen (en vérité !) prononcé à haute voix; bien plus, que tout membre du troupeau pouvait prendre la parole pour l’édification des autres, et que cela avait ordinairement lieu (versets 26-31).
Mais l’apôtre prouve par là même l’inconvénient de « parler en langues » sans interprétation, puisque cette sainte communion de pensées et de prière était interrompue et troublée par le manque d’intelligence.
Bénir et rendre grâces sont ici synonymes. La prière, dans ceux qui étaient remplis de l’Esprit, et par là même de joie, devait tout naturellement revêtir le caractère de la louange et de l’action de grâces.
Pour celui qui est du commun peuple, il y a dans le grec : « Celui qui remplit la place du simple particulier », ou de l’homme sans culture, de l’homme du peuple, de l’ignorant (Actes 4:13, et ci-dessous, 1 Corinthiens 14:23; 1 Corinthiens 14:24; 2 Corinthiens 11:6), qui devait nécessairement former la plus grande partie de l’auditoire, et qui n’entendait pas ce qui était dit « en langues ».
Paul tient à prévenir le reproche qu’on aurait pu lui faire de parler contre un don qu’il n’aurait pas possédé lui-même. Il s’agit bien ici de ce don de l’Esprit qu’il avait reçu au plus haut degré, dont il rend grâce à Dieu, et non de langues, dans le sens ordinaire du mot.
Mais Paul donne à entendre qu’il l’employait pour son édification particulière et non en public, comme le prouve l’opposition qui suit : mais dans l’Église.
On voit par 2 Corinthiens 12 qu’il avait été favorisé de communications divines bien supérieures au don des langues, et pour lesquelles il n’y avait aucune expression.
Ainsi, le même homme qui était distingué entre tous par la profondeur et la lucidité de l’intelligence, de la pensée, de la sagesse pratique, qui déploya constamment au dehors la plus étonnante activité, avait en même temps une vie intérieure, une communion avec Dieu qui atteignait le plus haut degré possible sur la terre ! L’un n’exclut donc pas l’autre : c’est là au contraire le secret de tant de force dans cet « instrument choisi ».
Voir verset 14, note.
Il serait inconcevable qu’en présence de telles déclarations une Église entière eût pu conserver jusqu’à ce jour une langue inconnue du peuple pour son culte, si depuis longtemps cette Église n’avait, sur tant d’autres points, et même en principe, répudié l’autorité de la Parole de Dieu.
Se rattachant au principe exprimé au verset 15 (quoiqu’il y emploie un autre mot qu’ici), l’apôtre combat la tendance qui régnait dans l’Église de Corinthe, et qui consistait à rechercher surtout ceux des dons spirituels qui, comme « les langues », mettaient l’homme, pour ainsi dire, hors de lui-même et de ses facultés naturelles, exaltant le sentiment et l’imagination, au détriment du jugement et de la raison. Ils croyaient que plus ils se perdaient eux-mêmes plus ils étaient près de Dieu.
Puis, semblables à des enfants, ils prenaient un plaisir tout particulier à ce qu’il y avait de merveilleux dans le don des langues.
Les prophètes eux-mêmes (verset 29) n’étaient pas restés étrangers à ces aberrations, si voisines du fanatisme païen. L’apôtre les avertit donc que le renouvellement de l’homme par le Saint-Esprit doit comprendre ses facultés intellectuelles, non moins que tout le reste, et que renoncer à ces facultés pour devenir un enfant en raison, est un degré inférieur de la vie chrétienne. Nous devons grandir en connaissance jusqu’à la mesure de l’homme fait, et devenir des enfants à l’égard du mal.
Ce principe, aussi vrai que profond, peut trouver partout aujourd’hui son application, aussi bien qu’à Corinthe aux jours de saint Paul.
Citation libre, mais profondément significative, de Ésaïe 28:11; Ésaïe 28:12
L’exhortation que vient de faire entendre l’apôtre, de n’être pas des enfants en raison, lui rappelle une parole du prophète Ésaïe, dans laquelle Dieu reproche aux Juifs de ne vouloir pas être instruits dans la vraie science, mais d’avoir besoin, comme des enfants à peine sevrés, d’être enseignés « ligne après ligne, commandement après commandement, un peu ici, un peu là » (Ésaïe 28:9-10).
Puis, immédiatement, il ajoute : « C’est pourquoi il parlera à ce peuple avec des lèvres qui bégaieront (comme les sons d’une langue qu’on ne comprend pas), et avec une langue étrangère,…mais ils n’ont point voulu écouter ».
Cette langue étrangère était celle des nations ennemies qui devaient exécuter sur Israël les jugements de Dieu, après que ce peuple n’avait point voulu écouter les paroles de grâce qui lui étaient adressées dans sa propre langue. Image des dispensations de Dieu à toutes les époques de son règne.
La paix, le repos de la nouvelle alliance a été d’abord annoncé à Israël dans sa propre langue (Ésaïe 28:12; comparez Matthieu 11:29); mais il n’a point voulu écouter.
Au jour de la Pentecôte les merveilles de Dieu furent encore annoncées aux Juifs dans les langues étrangères des peuples parmi lesquels ils demeuraient : signe que désormais « le royaume allait leur être ôté », et donné aux nations païennes (Matthieu 21:43). Ainsi, ce qui, en soi, était un miracle de la grâce, fut, pour Israël, un miracle de la justice divine. Et la diversité des langues, ces barrières nombreuses qui séparent les peuples, restent, dès l’origine, (Genèse 11) un signe du jugement de Dieu sur le péché, jugement qui se renouvelle de diverses manières dans les Églises, et sur les peuples qui n’ont pas voulu écouter la parole de l’Évangile dans leur propre langue.
De même, dans une grande partie de la chrétienté (l’Église romaine, l’Église grecque, les Églises d’Orient), le culte, jadis rendu en esprit et en vérité, a lieu en langues étrangères au peuple, langues aujourd’hui mortes, triste symbole de la mort de ces Églises. Et tandis que les clergés gardent superstitieusement une langue prétendue sacrée, les peuples à leur tour, les peuples qui leur échappent, parlent « en langues », relativement à eux.
Aussi, l’apôtre conclut-il (verset 22) que les langues sont « un signe, non pour les croyants, mais pour les incrédules », pour ceux qui, s’obstinant dans l’infidélité comme Israël, forcent le Seigneur à se retirer d’eux.
Les langues, en effet, ne produisant chez plusieurs qu’un stérile étonnement, peut-être même un jugement faux, (verset 23) ne sauraient seules convertir l’infidèle; tandis que la prophétie, pénétrant les consciences et les cœurs de sa lumière et de sa puissance, amène les plus rebelles à l’obéissance de Christ. Quels arguments pour les Corinthiens, si ardents à désirer le don des langues, et qui par là pouvaient s’exposer aussi à transformer ce signe de grâce en un signe de jugement !
Le don des langues était un signe ou un miracle de l’Esprit, non pour les croyants qui les écoutaient sans rien comprendre, mais pour les infidèles, dans le sens des paroles d’Ésaïe exposées dans la note précédente, c’est-à-dire un signe des jugements de Dieu.
La prophétie, au contraire, est un signe puissant pour les croyants, c’est-à-dire pour tous ceux qu’elle pouvait rendre tels (verset 24).
Exactement comme Actes 2:13.
Ainsi ceux que Paul suppose entrant dans une assemblée où tous (les uns après les autres) parlent en langue, soit des gens sans culture (grec : « idiotai »), soit des infidèles (juifs ou païens), recevront de ce qu’ils entendront cette impression fâcheuse, tandis que si tous prophétisent… (verset 24)
Convaincu ne signifie pas seulement ici une action exercée sur l’intelligence, mais sur la conscience, convaincu du péché, comme Jean 16:8-11, note.
Jugé doit être traduit par discerné, c’est-à-dire que la prophétie exerce en même temps sur cette âme le « discernement des esprits » (1 Corinthiens 12:10 et verset 2, note), et lui révélera les choses cachées au dedans d’elle, (verset 25) d’où pourra résulter son humiliation et sa conversion.
Tous veut dire : tous ceux qui ont le don de prophétie, et quand l’apôtre s’exprime ainsi : « Si tous prophétisent », c’est une simple supposition destinée a rendre plus frappant son raisonnement : « lors même que tous prophétiseraient, il n’en résulterait pas l’inconvénient du don des langues, (verset 23) mais au contraire… » (comparer aussi, pour ce qu’il y aurait à faire, même dans ce cas, versets 29, 30)
Ou en vous.
Lorsque la vérité divine révèle à un pécheur les secrets de son cœur, elle lui fournit la preuve la plus immédiate et la plus intime de la présence et de l’action de Dieu, et, à moins qu’il ne se réfugie dans l’impénitence et dans l’inimitié, il est vaincu et comme forcé de se rendre au souverain Maître (Apocalypse 3:9).
Plan
3>II. Conséquences : Instructions sur l’usage des dons dans les assemblées
Quant aux langues : le principe suprême étant l’édification, il faut que peu parlent, l’un après l’autre, et seulement si l’on peut interpréter. (26-28)
Quant aux prophètes, peu également doivent parler, par ordre, puis céder la parole à d’autres, afin que tous prophétisent et que tous en profitent. Cela est possible, car même le prophète se possède lui-même, et Dieu veut l’ordre et la paix. (29-33)
Les femmes ne doivent pas parler dans les assemblées ; la loi leur impose la soumission et la réserve ; elles peuvent, pour s’instruire, interroger leurs maris. (34, 35)
Conclusion : L’autorité de la Parole est la même pour tous ; plus on a de prétention aux dons de l’Esprit plus on doit reconnaître cette autorité ; en résumé, préférez la prophétie, sans empêcher l’exercice du don des langues, et que tout se fasse avec ordre et dignité. (36-40)
26 à 40 conséquences : Instructions sur l’usage des dons dans les assemblées
Qu’y a-t-il donc à faire ? Par cette question, l’apôtre passe à l’application pratique des principes qu’il vient de poser. Telle était à Corinthe la surabondante richesse des dons de l’Esprit, qu’il fallait des directions claires et positives pour que l’Église sût les exercer sans en abuser; leur plénitude même en rendait l’usage difficile. C’est tout l’opposé, hélas ! de la pauvreté et de la sécheresse de l’Église de nos jours.
Dans un tel état de choses, où l’Esprit de Dieu agissait en plusieurs avec tant de puissance, la tentation était bien prochaine pour la faiblesse de l’homme, de vouloir se produire et briller dans les assemblées en se recherchant soi-même !
Que chacun donc se demande avant tout s’il a en vue l’édification de ses frères, et voie de quelle manière il y contribuera le plus. Paul cite ici quelques-uns de ces moyens qui devaient être employés, selon que Dieu les donnait.
Un psaume était un chant, une psalmodie, (verset 15) forme poétique et musicale que revêtait facilement le don des langues ou la prophétie sous l’impulsion joyeuse de l’Esprit de Dieu; c’est ainsi que déjà les écrits prophètiques de l’Ancien Testment sont, pour le fond et la forme, remplis de la plus sublime poésie, et que le chant est resté dans le culte chrétien comme la plus haute expression du sentiment religieux.
Une instruction, ou plutôt une doctrine, était quelque vérité nouvelle, quelque application spéciale du principe chrétien, qu’un membre de l’Église se sentait pressé de communiquer à ses frères, et qui lui était inspirée à lui-même par le « don de connaissance » (1 Corinthiens 12:8).
Une révélation n’est qu’un autre nom pour désigner le don de prophétie; elle le précédait et en provoquait l’exercice (verset 2, note).
Une langue est l’expression abrégée du don de « parler en langues », don qui se manifestait subitement en quelqu’un au sein de l’assemblée.
Une interprétation, enfin, avait lieu lorsqu’un membre présent, élevé par l’Esprit à la hauteur de celui qui venait de « parler en langues », avait compris le sens de ses paroles, et se sentait appelé à en faire part à l’assemblée.
Le mot chacun de vous ne signifie pas que tous eussent quelque don de l’Esprit, mais que, parmi ceux qui les avaient reçus, ces dons si divers se manifestaient, chez l’un d’une manière, chez l’autre d’une autre.
Voir verset 2, seconde note, et verset 4, note.
Grec : « Que les autres discernent ».
Le discernement comme don était à la prophétie ce que l’interprétation était aux langues (1 Corinthiens 12:10); il avait pour but, non seulement de déterminer si celui qui parlait était un vrai prophète, mais encore de retenir soigneusement ce qu’il avait dit de la part de Dieu.
L’apôtre peut avoir ici en vue ce don spécial du « discernement des esprits », et alors, par les autres, il entend ceux qui en étaient doués (comme au verset 37); ou bien, il veut parler de cette lumière générale que l’Écriture suppose en tout chrétien, et dans ce cas les autres, c’est toute l’assemblée (ainsi 1 Jean 4:1; Philippiens 1:10; 1 Thessaloniciens 5:19-21).
Ici, la pierre de touche du discernement, c’est la Parole de Dieu et l’analogie de la foi (Romains 12:6, note).
Après avoir dit ce qu’il avait à dire. De cette manière, en observant le bon ordre, tous ceux qui s’y sentaient poussés pouvaient avoir la parole à leur tour, pour l’utilité de tous (verset 31).
Par les esprits des prophètes, les uns entendent les esprits divins ou les forces spirituelles dont ils sont inspirés, comme verset 12, note.
D’autres admettent qu’il s’agit de leurs propres esprits, inspirés par l’Esprit de Dieu, comme s’il y avait leur esprit, au singulier, terme qui se trouve réellement dans une variante assez autorisée.
Quoi qu’il en soit, l’apôtre répond par ces mots à ceux qui auraient objecté aux recommandations précédentes, qu’il ne leur était pas possible de résister aux mouvements de l’Esprit.
Il pose par là un principe profond en lui-même et d’une immense portée pratique, sur lequel il fonde toutes les directions qu’il donne ici, et sans lequel elles n’auraient point de sens possible; car les chrétiens de Corinthe auraient pu objecter, comme le font tous les fanatiques, que l’Esprit les poussait ainsi, et qu’ils ne pouvaient lui résister.
Or, l’apôtre enseigne que jamais Dieu ne veut, par son Esprit, détruire en l’homme ni la liberté, ni la responsabilité, ni, par conséquent, la claire conscience de sa raison, pour le mettre, en quelque sorte, hors de lui-même; car alors, il pourrait facilement être le jouet de son imagination, de ses passions, ou même de la puissance des ténèbres, tout en se disant inspiré de Dieu, et peut-être en le croyant de bonne foi.
Lorsque, pour ne citer qu’un exemple saillant, les prophètes des Cévennes commettaient des crimes qu’ils prétendaient leur être commandés par l’Esprit, c’est qu’ils méconnaissaient ce principe. Appliquée à la prédication de l’Évangile, cette vérité apprendra au prédicateur le plus abondant combien il lui importe de rester toujours en pleine possession de lui-même et de sa parole.
L’apôtre prouve son principe par une raison souveraine, tirée de la nature de Dieu même : Dieu ne peut jamais se contredire; or, il n’est pas un Dieu de confusion, mais de paix, c’est-à-dire d’ordre et d’harmonie (verset 33; comparez verset 40).
Grec : « pas permis de parler, mais d’être soumises ».
Il y a de l’ironie dans la tournure dont l’apôtre se sert.
La loi qu’invoque ici l’apôtre n’est pas autre chose que l’ordre établi par Dieu après la chute, et selon lequel la femme est placée sous la domination de son mari (Genèse 3:16; comparez 1 Timothée 2:12; Éphésiens 5:22).
Or, il y a, dans la parole en public, une domination morale contraire à cet ordre, aussi bien qu’à la nature de la femme. D’autant plus qu’ici l’apôtre parle de l’exercice des dons spirituels, qui supposent cette domination au plus haut degré, et qui requièrent des facultés (verset 32, note) dont les femmes ne sont, en général, pas douées.
Tout s’unit ici pour motiver cette défense absolue, (verset 35) même l’expérience de quelques sectes qui, comme celles des Amis (quakers), ont cru pouvoir n’en tenir aucun compte, en se fondant sur le silence de l’apôtre au 1 Corinthiens 11:5.
Toutefois, Paul restreint positivement sa défense par ces mots : dans les Églises (assemblées); car l’action chrétienne, missionnaire, de la femme, dans la vie privée, auprès des personnes de son sexe, n’est pas seulement un droit, mais un devoir aussi sacré que celui des hommes. Paul lui-même en jugeait ainsi (Romains 16:1-6).
Ce champ est assez vaste, même pour l’application des dons extraordinaires de l’Esprit, qui, dans la primitive Église, étaient parfois accordés aux femmes (Actes 21:9); en sorte qu’il n’y a pas contradiction entre ce fait et la défense de l’apôtre.
« Etes-vous les auteurs et le dernier but de la Parole évangélique ? Ne pouvez-vous pas, aussi bien que tous les autres qui en sont participants comme vous, vous soumettre à ses prescriptions ? »
L’apôtre, sans en appeler ici à son autorité apostolique, la laisse pourtant sentir et l’assimile aux commandements du Seigneur (verset 37).
L’insistance qu’il met sur ce point ferait penser qu’il ne s’attendait pas à une soumission très prompte de la part des chrétiennes de Corinthe, ni de la part des chrétiens qui s’enorgueillissaient de tous les dons de leur Église.
On a vu à 1 Corinthiens 7 que Paul distingue soigneusement ce qu’il ordonne ou conseille, de ce qu’il a reçu comme un commandement du Seigneur, soit par l’Écriture, soit par révélation.
Or, ici on s’est demandé dans quel sens il entendait ce mot, et la difficulté de l’expliquer a fait naître dans les divers manuscrits diverses variantes.
Ainsi, on lit dans le texte reçu : des commandements du Seigneur; ailleurs : de Dieu; ailleurs : un commandement du Seigneur; ailleurs enfin : les choses que je vous dis sont du Seigneur.
En tout cas, il en appelle à l’autorité divine, et la trouve, soit dans la loi qu’il vient de rappeler concernant la femme, (verset 34) soit dans sa propre inspiration, bien supérieure à celle de ceux qui prétendaient être prophètes ou spirituels.
Plus un homme était prophète ou spirituel, plus il devait reconnaître clairement que les préceptes de l’apôtre étaient conformes à la volonté expresse du Seigneur (verset 37); mais si quelqu’un l’ignore, s’il est ou veut être dans l’incertitude sur ce point, qu’il ignore à ses périls et risques !
Ou bien, s’il est de bonne foi, qu’il se contente d’ignorer, et garde au moins le silence.
Tel est le résumé de tout ce sujet : il faut désirer de prophétiser, parce que la prophétie est de beaucoup supérieure au don des langues (versets 1-5); mais il ne faut pas, pour cela, supprimer ce dernier, pourvu que tout se fasse d’une manière digne de Dieu (verset 33).