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Bible Commentaries
Michée 2

La Bible Annotée de NeuchâtelLa Bible Annotée de Neuchâtel

versets 1-13

Plan du commentaire biblique de Michée 2

Le péché ; son châtiment et le rétablissement du peuple entier à la fin des temps.

Après avoir annoncé d’une manière générale, dans le chapitre 1, le jugement qui menace les deux royaumes, le prophète remonte à la cause de ce jugement, le péché et censure tout spécialement les faits scandaleux dont se rendent coupables les grands de Jérusalem ; leurs injustices, l’oppression des petits, qui seront châtiées par l’exil (versets 4 à 5). Puis, en face des faux prophètes qui entretiennent le peuple dans l’illusion et l’affermissent dans son impiété, il justifie ces menaces en ajoutant de nouveaux traits au tableau qu’il vient de tracer de l’état du peuple (versets 6 à 11). Il termine par une brève promesse du rétablissement d’Israël après le jugement (versets 12 et 13).

Verset 1

Les injustices des grands, punies par la perte de leur héritage, c’est-à-dire de la terre de Canaan (1-5)

Ce discours de menaces s’adresse spécialement aux hautes classes de la capitale. C’est elles qui donnent au reste du peuple l’exemple des péchés dont le prophète, qui habite à Jérusalem, est le témoin indigné. C’est donc de Juda qu’il s’agit surtout dans tout ce qui suit.

Malheur à ceux qui… Comparez le discours analogue Ésaïe 5.8 et suivants, qui censure les mêmes crimes, si souvent rappelés par les prophètes.

Trois degrés dans le développement de leur injustice : ils emploient la nuit, le temps de la méditation tranquille, Psaumes 4.5, à méditer par quelles manœuvres criminelles ils dépouilleront les petits de leurs biens ; puis à préparer les moyens d’exécution (trament) ; enfin, à peine le jour luit, qu’ils exécutent hâtivement les crimes projetés. Ils font donc le mal non par entraînement, mais de propos délibéré ; et rien ne les arrête, car ils ont pour dieu leur bras, c’est-à-dire qu’ils ne connaissent pas de puissance supérieure à leur propre force et n’ont d’autre loi que leur volonté. Comparez Habakuk 1.11.

Verset 2

Ce verset précise le genre de crimes dont ils sont accusés.

Convoitent. Allusion à la défense Exode 20.17.

Sa propriété : l’héritage assigné à chaque famille israélite lors du partage de Canaan et qui devait lui rester. La loi Lévitique 25.23 et suivants établissait un droit de rachat destiné à empêcher la formation en Israël d’une classe de prolétaires permanente : la propriété du pauvre ne pouvait, pas être achetée pour toujours. En s’emparant des biens des petits, par force ou par ruse, ils foulent donc aux pieds la loi de Dieu, sans parler des principes universels de la justice et de l’humanité qu’ils outragent.

Verset 3

Le châtiment, exactement calqué sur le péché. L’Éternel prend exemple d’eux (Lévitique 26.23-24) : comme ils ont fait, il leur sera fait.

Je médite… comme eux méditaient (verset 1).

Cette race : le peuple, dont tous les membres impies périront dans le jugement.

Dont vous ne pourrez retirer votre cou. Le châtiment est représenté sous l’image d’un joug pesant sous lequel ils seront forcés de courber leur tête : rétribution des violences exercées par eux (verset 2). Ce joug, c’est celui de la conquête étrangère et de la captivité. Comparez Jérémie 27.2 ; Lévitique 26.13.

La tête haute, marque d’orgueil (Ésaïe 3.16).

C’est un temps mauvais : non dans un sens moral, comme dans Amos 5.13, où se retrouvent les mêmes expressions, mais un temps mauvais, de malheur et de châtiment, pour les pécheurs ; tandis que, dans Amos, il s’agit d’un temps mauvais pour les fidèles.

Verset 4

Un proverbe, une complainte. Leurs ennemis (ils s’en sont fait beaucoup) se moqueront d’eux au jour de leur infortune (Habakuk 2.6) et eux-mêmes gémiront sur leur malheur.

C’en est fait : comparez Apocalypse 16.17.

Il aliène… Le sujet est Jéhova, qu’ils ne nomment pas, parce qu’ils sont irrités contre lui. Mais ils ne s’y trompent pas et l’accusent d’être l’auteur de leur ruine (au lieu de s’en accuser eux-mêmes).

La part de mon peuple : le pays de Canaan, assuré à Israël et qui n’aurait jamais du passer à d’autres. La loi du talion se réalise à leur égard : ils ont pris l’héritage des autres ; le leur leur est enlevé.

Aux infidèles (littéralement : à l’infidèle) : à l’ennemi païen, qu’ils méprisent comme rebelle au vrai Dieu. Jérémie 49.4, emploie le même terme en parlant d’Ammon.

Verset 5

Le singulier tu s’adresse à celui qui vient de dire mon, me (verset 4) : c’est-à-dire à chaque individu quelconque qui s’approprie le langage de ces impies. La menace signifie qu’ils seront exclus de la communauté d’Israël : lorsque, après le jugement, l’héritage de Canaan sera l’objet d’un nouveau partage entre les tribus, ils n’y auront aucune part. En d’autres termes : ils vont être exterminés et ne verront pas les temps meilleurs qui succéderont au châtiment. Le retour de l’exil, que Michée annonce expressément aux versets 12 et 13, est ici supposé.

Verset 6

Justification de ces paroles sévères, en opposition aux faux prophètes (6-11)

On refuse d’en entendre davantage ; on est las de ces reproches et de ces menaces.

Ils : les faux prophètes, qui sont l’âme de l’opposition que la vraie prophétie rencontre dans le peuple et qui veulent lui fermer la bouche, prétendant même le faire en vertu d’une mission divine de là le terme : prophétisent-ils. Comparez le discours de censure Ésaïe 28.7 ; Ésaïe 28.9-10. Par le pluriel : ne prophétisez pas, les adversaires semblent s’adresser à plusieurs prophètes et on a supposé, non sans raison qu’outre Michée lui-même il est fait allusion ici à Ésaïe, son contemporain et, comme lui, un habitant de la capitale.

La seconde partie du verset répond à la parole aigre : ne prophétisez plus, en déclarant que, si les vrais prophètes se taisent, au lieu de dire au peuple (à ceux-ci) la vérité reçue d’en-haut, la ruine de celui-ci sera irrémédiable.

L’opprobre : le châtiment de la captivité qu’eux seuls pourraient détourner.

Verset 7

Ce verset et les suivants répondent à l’accusation, que les impies élèvent contre Dieu et contre son prophète, de prendre plaisir à la ruine du peuple (versets 4 et 6). Michée fait appel aux souvenirs d’Israël, qui témoignent de la fidèle bonté de l’Éternel. Comparez Ésaïe 64.7 et suivants. S’il punit, ce n’est donc pas pour rien : c’est qu’il y est contraint par les crimes du peuple.

Toi qu’on nomme maison de Jacob : le peuple entier, qui porte, quoique indigne, le nom de son ancêtre.

De bonnes paroles… comparez Ésaïe 29.18-19 ; Ésaïe 29.24 ; Ésaïe 30.20-21, etc.

Verset 8

Hier : il s’agit d’un péché récent.

En ennemi : contre qui ? Évidemment contre Jéhova. Bien loin que ce soit lui qui soit l’ennemi de son peuple, c’est l’inverse qui est vrai ; ils l’ont eux-mêmes provoqué. Comparez Ésaïe 63.10 : Mais eux furent rebelles… et, il se changea pour eux en ennemi… Leur révolte contre Dieu se traduit par les actes de violence contre les faibles que l’Éternel a pris sous sa protection spéciale et qu’il a ordonné de respecter (Exode 22.21 et suivants ; Deutéronome 24.19).

La fin du verset est très obscure. Notre traduction rend librement le sens probable du texte hébreu, qui dit littéralement : on fait de paisibles passants des gens qui reviennent de la guerre. L’idée est, selon nous : on les dépouille, comme on fait des ennemis après la victoire (comparez la version de Lausanne). La traduction qu’Ostervald et M. Segond donnent des deux derniers mots : en revenant de la guerre, ne présente pas un sens acceptable. Qu’y a-t-il d’extraordinaire à ce qu’on dépouille des gens de guerre ? Celle de plusieurs commentateurs : bien éloignés de (d’aimer) la guerre, fausse le sens des termes hébreux. Enfin, celle de M. Reuss : comme si c’étaient des prisonniers de guerre, oblige à admettre un changement de voyelles.

Verset 9

Les femmes… : les veuves, que les juges iniques ou les oppresseurs privent de leurs demeures. Comparez le reproche de Jésus aux scribes, Marc 12.40.

Ma gloire : l’honneur d’être le peuple de Dieu, dont Israël sera privé par ses chefs infidèles (Jérémie 2.11).

Verset 10

Comme ils ont fait, il leur est fait (comparez verset 3) : ils ont chassé, on les chasse. L’annonce du châtiment est donnée sous la forme d’un ordre de partir.

Partez : pour la captivité (Michée 1.16).

Ce pays n’est pas le lieu du repos. Il était pourtant destiné, à l’être. Comparez Deutéronome 12.9-10 ; Ésaïe 28.12.

La fin du verset a été expliquée de bien des manières. Notre traduction, très littérale et qui se rapproche le plus de celle d’Ostervald, donne un sens simple et bon. Le sujet du verbe détruira est, selon nous, le pays : par une image facile à comprendre, le prophète représente la terre de Canaan, profanée par ses habitants, comme les rejetant et les détruisant elle-même. Elle se venge ainsi de la souillure qui lui a été infligée. Comparez Lévitique 18.25 ; Ésaïe 24.5-6.

Verset 11

Des prophètes comme celui qui vient de parler, Israël n’en veut pas ! Ce peuple veut entendre ce qui le flatte, ce qui lui plaît, c’est-à-dire le mensonge (le vent, image du néant, du vide) plutôt que la vérité.

De vin et de cervoise : parlant de jouissances terrestres, promettant des biens matériels. Celui-là serait écouté.

Verset 12

Le rétablissement du peuple après le jugement (12-13)

Le prophète passe sans transition de la censure à la promesse. Comparez un passage tout aussi brusque dans Osée 1.10.

Tout entier : Israël et Juda réunis. Comparez les perspectives semblables chez des prophètes plus anciens : Abdias 1.20 ; Osée 1.10-11. Ce ne seront que des restes, il est vrai, comme l’ont déjà dit Abdias 1.17 ; Joël 2.32 ; Amos 5.15. La promesse du retour après la dispersion ne s’adresse pas au peuple corrompu du présent, mais au reste purifié, de l’avenir.

Ce reste sera merveilleusement multiplié (la multitude des hommes). Comparez Osée 1.10. Belle image d’un troupeau rassemblé dans son enclos, à l’abri des bêtes sauvages et des voleurs.

Verset 13

Tableau du retour du peuple : une marche en avant que rien ne peut entraver.

Les trois verbes : ils font la brèche, franchissent, sortent…, dépeignent vivement ce progrès irrésistible. L’exil est représenté comme une prison, dont il faut forcer les portes. Comparez Ésaïe 42.22 ; Ésaïe 49.9. À leur tête, celui qui fait la brèche, qui ouvre le passage : dans l’image, le bélier qui marche à la tête du troupeau ; dans l’application, le chef dont parlait déjà Osée 1.11 et qui, nouveau Moïse, les fera sortir de la captivité (le Messie).

Monte : le terme classique pour désigner le retour des pays de plaines (Égypte, Babylonie) en Canaan (comparez Abdias 1.21).

Leur Roi… : l’Éternel (qui, dans l’image, est le berger ; comparez Jérémie 31.10). De même qu’à la sortie d’Égypte, Jéhova marchait, pour ainsi dire visible, devant Israël dans la nuée lumineuse (Exode 23.21), ce sera lui aussi qui maintenant ouvrira la marche. Comparez la même intuition dans Ésaïe 52.12.

Dans tout ce passage, le rétablissement futur est présenté, selon le type constant de l’Ancien Testament, comme une nouvelle sortie d’Égypte. L’accomplissement de ce magnifique tableau, demeuré incomplet avec le retour de l’exil sous Cyrus, ne sera pleinement réalisé qu’avec la conversion d’Israël au Messie et le rassemblement de tous les membres épars de ce peuple.

Quelques-uns ont voulu voir dans les versets 11 et 12 le discours des faux prophètes faisant au peuple de mensongères promesses de salut. Mais ces versets supposent précisément ce que les faux prophètes ne voulaient pas admettre : la ruine et la dispersion. L’idée du rassemblement du peuple entier ici énoncée est en revanche commune à toute la vraie prophétie et se retrouve développée par Michée lui-même, Michée 4.6-7 ; Michée 5.3-4.

Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Micah 2". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/micah-2.html.
 
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