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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Luke 22". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/luke-22.html.
bibliography-text="Commentaire sur Luke 22". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-71
Plan du commentaire biblique de Luc 22
La situation aux approches de la fête de Pâque
Les chefs du peuple cherchent un moyen de faire mourir Jésus, mais ils craignent le peuple (1, 2).
Les propositions de Judas
Satan entre dans Judas, lâun des douze. Celui-ci va sâaboucher avec les autorités sacerdotales et leur offre de leur livrer Jésus. Les chefs lâaccueillent avec joie. Ils conviennent avec lui du prix de sa trahison. Judas cherche dès lors lâoccasion de faire arrêter Jésus secrètement (3-6).
Verset 1
Les souffrances et la mort de Jésus
Le complot contre Jésus
Versets 1 Ã 6 â La trahison de Judas
Voir Matthieu 26.1-5, notes et Marc 14.1-2, notes.
Luc se borne à dire que la Pâque approchaitâ¯; Matthieu et Marc indiquent dâune manière plus précise que cette fête allait avoir lieu «â¯dans deux joursâ¯Â».
Quant à la date du jour où Jésus célébra la Pâque, lâÃvangile de Jean indique le 13 nisan, tandis que les synoptiques paraissent la fixer au 14 nisan.
Voir, sur cette question difficile, Jean 13.1, note.
Verset 2
Matthieu (Matthieu 26.3-5, note) nous dit, avec plus de détails, quelle était la perplexité des chefs de la théocratie.
Déjà ils avaient résolu dans un conseil solennel de faire mourir Jésus (Jean 11.47 et suivants)â¯; mais ils cherchaient de quelle manière ils le feraient mourir (grec le comment) à cause de la crainte quâils avaient du peuple, empressé à écouter le Sauveur (Luc 21.38) et parmi lequel Jésus avait une foule dâadhérents.
Ils craignaient quâil ne se fit quelque sédition parmi les foules immenses qui remplissaient la ville à ce moment. Lâautorité romaine serait alors intervenue et aurait fait avorter leurs desseins. Il fallait donc éviter de les exécuter pendant la fêteâ¯; mais lâoffre de Judas (verset 3) les amena à se départir de ces prudentes résolutions et vint accomplir les desseins de Dieu.
Verset 3
Voir Matthieu 26.14-16, notes et Marc 14.10-11.
Outre les causes morales du crime de Judas, lâavarice et la haine, Luc et Jean sâaccordent à lâattribuer à lâinfluence de Satan. Ce dernier évangéliste marque même une gradation dans cette influence en disant (Jean 13.2) que Satan lui avait «â¯mis au cÅurâ¯Â» de trahir Jésus et en ajoutant (Jean 13.27) quâau dernier moment Satan entra en lui.
Cette expression, dans laquelle se rencontrent les deux évangélistes, signifie que Satan finit par vaincre les derniers scrupules du disciple et déterminer sa résolution. Telle est lâhistoire de toutes les chutes.
Le Sauveur lui-même voit une Åuvre de la «â¯puissance des ténèbresâ¯Â» dans le crime individuel et national que son peuple allait commettre (verset 53).
Les mots ajoutés au nom de Judasâ¯: qui était du nombre des douze apôtres, relèvent le contraste tragique entre la vocation et lâaction de cet homme.
Verset 4
Câest-à -dire que Judas, prenant lâinitiative de sa trahison, alla offrir aux chefs du peuple de leur livrer son Maître (Matthieu 26.15, note). Puis il y eut entre eux et lui une convention mutuelle (verset 5).
Les officiers étaient les commandants de la garde du temple (Luc 22.52â¯; Actes 4.1). Ils assistaient à ce conciliabule, parce quâils devaient opérer lâarrestation de Jésus.
Verset 7
Les préparatifs
Le jour des pains sans levain, où lâagneau pascal devait être immolé, Jésus ordonne à Pierre et à Jean de préparer la Pâque. Il leur dit que lorsquâils seront entrés en ville, ils rencontreront un homme portant une cruche ; ils nâauront quâà le suivre. Le maître de la maison où il entrera leur montrera une chambre haute, où ils feront les préparatifs. Les disciples agissent selon les indications de Jésus (7-13).
Le commencement du repas
Lâheure venue, Jésus se met à table avec les apôtres. Il exprime les sentiments qui lâanimentâ¯: ce repas est lâaccomplissement de son désir ardent, car il ne mangera plus la Pâque avec eux jusquâà ce quâelle soit accomplie dans le royaume de Dieu. Il prend la coupe et la leur donne à distribuer entre eux, en disant quâil ne boira plus du fruit de la vigne, jusquâà ce que le royaume de Dieu soit venu (14-18).
Lâinstitution de la sainte cène
Jésus prend du pain, le rompt et le donne à ses disciples, en disantâ¯: Ceci est mon corps qui est donné pour vousâ¯: faites ceci en mémoire de moi. De même après le souper, il leur donne la coupe, en disantâ¯: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour vous (19, 20).
La trahison de Judas dénoncée
Jésus, frappé du contraste entre ce repas dâamour, symbole de la communion avec lui et la présence du traître, déclare que celui qui le livre est à table avec lui. La mort du Sauveur sera lâeffet dâun décret divin, toutefois malheur à lâhomme qui en sera lâinstrument. Les disciples se demandent entre eux qui commettrait une telle action (21-23).
Dernière soirée de Jésus avec ses disciples
Versets 7 à 23 â La Pâque et la Cène
Voir, sur ce récit, Matthieu 26.17-29, notes et Marc 14.12-25, notes.
Luc est plus précis encore que les deux premiers évangélistes sur ce jour qui arriva, auquel il fallait (selon la loi) immoler la Pâque. Ãvidemment il désigne ainsi le 14 du mois de nisan. Seulement, comme chez les Juifs un jour de sabbat ou de fête commençait la veille à six heures du soir, au coucher du soleil et durait toute la nuit et le lendemain, on a supposé quâil pouvait sâagir ici de la veille du 14, câest-à -dire le 13 au soir.
Cette question est importante dans la recherche dâune harmonie entre les synoptiques et saint Jean (voir Jean 13.1, noteâ¯; Marc 15.21, note).
Verset 9
Dâaprès Matthieu et Marc, ce sont les disciples qui prennent lâinitiative en demandant à Jésusâ¯: «â¯Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâqueâ¯?â¯Â»
Luc seul nomme Pierre et Jean. Il importait à Jésus dâenvoyer les deux disciples en qui il avait le plus de confiance (voir la note suivante).
Verset 10
Le mystère dont Jésus entoure leur mission sâexplique par les dangers de la situation où il se trouvait (voir Marc 14.15, note).
Verset 13
Cette préparation consistait à se procurer avant le soir tout ce qui, selon la loi, était nécessaire pour le repas de la Pâqueâ¯: un agneau rôti, des herbes amères, du vin, etc.
Verset 14
Lâheure, celle que Jésus avait fixée à ses disciples et qui était lâheure ordinaire du repas pascal.
Le texte reçu porteâ¯: les douze apôtresâ¯; le mot souligné est emprunté à Matthieu et Marc, qui disent simplementâ¯: avec les douze.
Les évangélistes insistent sur le fait que Jésus célébra la Pâque et la cène avec les apôtres seuls.
Verset 15
Grecâ¯: Jâai désiré avec désirâ¯: locution par laquelle les Septante rendent souvent un hébraïsme destiné à marquer lâintensité de lâaction ou du sentiment. Comparer les expressions similairesâ¯: se réjouir avec joie (Jean 3.29)â¯; menacer avec menace (Actes 4.17, etc.).
Quâest-ce qui inspirait au Sauveur cet ardent désirâ¯? C était son amour pour les siens, pour notre humanité que ses souffrances allaient sauver, pour Dieu son Père que la rédemption du monde devait glorifier.
Jésus sâoublie, se sacrifie entièrement lui-même. Il nâavait quâune crainteâ¯: câest quâau milieu des embûches de ses ennemis, il ne pût célébrer avec les siens la Pâque et instituer la cène.
Les motsâ¯: avant que je souffre trahissent ce sentiment délicat et profond. Luc seul nous a conservé cette parole.
Verset 16
Voir, sur le sens de ces paroles et du Luc 22.18, Matthieu 26.29, note.
Dâaprès Matthieu et Marc, Jésus aurait exprimé cette pensée profonde, non en célébrant la Pâque, mais après avoir institué la cène, ce qui parait plus naturel.
Mais, au fond, comme Jésus envisageait ces deux institutions dans leur sens spirituel le plus élevé, elles pouvaient se confondre dans sa pensée. Nâallait-il pas substituer à lâagneau pascal «â¯lâAgneau de Dieu qui ôte le péché du mondeâ¯Â» et qui est le vrai objet de la cèneâ¯?
Verset 17
Grecâ¯: ayant reçu, accepté, une coupe (quâon lui présentait), non la coupe, comme disent nos versions ordinaires, mais lâune des coupes qui servaient au repas de la Pâque et qui circulaient plusieurs fois pendant ce repas (Matthieu 26.16, 1re note).
Ce nâest quâau verset 20 que Jésus donne la coupe de la cène.
Verset 18
Ces deux expressionsâ¯: accomplie dans le royaume de Dieu (verset 16) et le royaume de Dieu venu, sont synonymesâ¯; elles indiquent lâétat de perfection où les symboles auront fait place aux réalités éternelles.
On peut conclure de ces paroles «â¯je ne boirai plus désormais (grec dès maintenant) du produit de la vigneâ¯Â» que Jésus nâa pas bu de la coupe de la cène (verset 20).
Matthieu, qui place cette parole après lâinstitution de la cène, affirmerait au contraire la participation de Jésus à la coupeâ¯; mais câest peut-être presser un peu trop les termes du premier évangile.
Verset 19
Voir, sur lâinstitution de la cène, Matthieu 26.26-28, notes et Marc 14.22-25, notes.
Les deux premiers évangiles disent simplementâ¯: ceci est mon corpsâ¯; les motsâ¯: qui est donné pour vous, sont particuliers à Luc, dont la relation est conforme à celle de Paul (1 Corinthiens 11.24), sauf quâelle substitue le mot donné à celui de rompu.
Ce dernier terme correspondait exactement à lâaction symbolique que Jésus accomplissait alors en rompant le painâ¯; et il annonçait que le corps du Sauveur allait être brisé dans les souffrances et la mort. Lâexpression de Luc revient au mêmeâ¯: donné pour vous, signifie livré à la mort, ainsi que lâindiquent clairement le contexte et la situation (comparer Galates 1.4â¯; 1 Timothée 2.6â¯; 1 Timothée 2.14).
Ces dernières paroles, omises par Matthieu et Marc, sont aussi rapportées par Paul, qui les répète deux fois, en ajoutant, au sujet de la coupeâ¯: toutes les fois que vous en boirez.
Par là il devient évident que Jésus nâentendait pas seulement célébrer la cène avec ses premiers disciples, mais quâil lâétablissait dans son Ãglise comme un «â¯mémorialâ¯Â» de sa personne et de son Åuvre pour tous les temps. Jésus, en se séparant des siens quâil aime, veut ainsi rester et vivre au milieu dâeux.
Pensée touchante et profonde que Paul commente en ces motsâ¯: «â¯toutes les fois que vous mangez de ce pain et que vous buvez de cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusquâà ce quâil vienneâ¯Â» (1 Corinthiens 11.26).
Dix-neuf siècles se sont écoulés depuis lors, des empires et des royaumes ont disparu et ce mémorial si simple est encore célébré avec amour sur toute la face de la terreâ¯; et il le sera jusquâà la fin des siècles.
La doctrine zwinglienne, selon laquelle la cène est un souvenir de Christ et de sa mort, se fonde sur une parole prononcée par Jésus au moment où il distribua les symboles de son sacrifice, mais elle nâépuise pas la signification de ce sacrement, comme le montrent les autres paroles de lâinstitution.
Verset 20
Ce de même aussi reporte la pensée sur le verset précédent et signifieâ¯: «â¯Il prit la coupe et, avant rendu grâce, il la leur donnaâ¯Â», ce qui se trouve expressément dans Matthieu et Marc.
Les termes de Luc sont littéralement empruntés à lâapôtre Paul (1 Corinthiens 11.25). Luc dit que Jésus prit la coupe après avoir soupé, exactement comme Paul (1 Corinthiens 11.25).
On a voulu conclure de cette indication que Jésus nâinstitua la cène quâaprès lâachèvement complet du souper pascal. Mais elle ne se rapporte quâà la distribution de la coupe. Elle marque plutôt quâun certain temps sâécoula entre le moment où Jésus rompit le pain et celui où il donna la coupe (comparer Matthieu 26.26, 1re note).
Dans Matthieu et Marc, on lit dâaprès le vrai texteâ¯: «â¯Ceci est mon sang de lâallianceâ¯Â»â¯; dans Luc et Paulâ¯: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang. La seule différence à constater dans ces termes, câest le mot nouvelle alliance (par opposition à lâancienne)â¯; car mon sang de lâalliance et alliance en mon sang sont des expressions synonymes.
Quant à la seconde partie de notre verset, les mots particuliers à Lucâ¯: qui est répandu pour vous, sont en pleine harmonie avec les termes plus explicites de Matthieuâ¯: qui est répandu pour plusieurs en rémission (ou pour le pardon) des péchés.
Sur le sens si profond et si riche de ces paroles, voir Matthieu 26.28, notes.
Le Nouveau Testament renferme deux relations de lâinstitution de la cène, qui, en pleine harmonie pour les pensées, diffèrent en quelques termes pour la rédactionâ¯: dâune part, celles de Matthieu et de Marc, qui pourtant nâemploient pas des expressions identiquesâ¯; dâautre part, celles de Paul et de Luc, qui ne sont pas non plus une reproduction littérale lâune de lâautre. Cette unité dans la diversité est un des caractères de tout lâÃvangile.
La tradition apostolique nâa jamais été coulée dans un moule uniforme. Comme des deux formules en présence, celle de Paul et de Luc est, à certains égards, la plus complète et que, dâautre part, lâapôtre déclare solennellement quâil a «â¯reçu du Seigneurâ¯Â» ce quâil écrit sur lâinstitution de la cène (1 Corinthiens 11.23, note), lâÃglise lâa généralement adoptée dans la célébration de la cène.
Verset 21
Voir sur la désignation du traître, Matthieu 26.21-25, notes et comparez Marc 14.18-21 et Jean 13.21-30.
Il ne paraît pas que Luc observe ici lâordre dans lequel les faits se succédèrent. Il semble bien plutôt se proposer de mettre en contraste lâamour du Sauveur, lâélévation sublime de ses pensées, avec les desseins odieux de Judas et même avec les sentiments encore si égoïstes des autres disciples (verset 24).
En effet, il place lâincident relatif à Judas immédiatement après la célébration de la cène, en sorte que le traître, que Jésus allait dévoiler, lâaurait reçue de sa main, avec les autres.
Matthieu et Marc rapportent ce fait dès le commencement du repas de la Pâqueâ¯; et comme nous savons par Jean (Jean 13.30) que Judas sâéloigna immédiatement après avoir été désigné par Jésus comme étant celui qui allait le livrer, il ressort clairement de ces témoignages quâil nâassista pas à la cène.
La vérité morale de la situation nâexige pas moins impérieusement cette conclusion.
Comment Jésus aurait-il donné les sceaux de son corps rompu, de son sang répandu pour les péchés, à celui qui, déjà en la puissance de Satan, sâétait engagé à livrer son Maîtreâ¯? (versets 3-5)
Comment le Sauveur aurait-il fait aux autres disciples une révélation qui les remplit de trouble et dâépouvante, aussitôt après avoir célébré avec eux le repas de son amourâ¯? (verset 22, note).
Non, Judas était sorti et Jean nous rapporte lâimmense soulagement que Jésus éprouva alors et quâil exprima en ces motsâ¯: «â¯Maintenant le fils de lâhomme est glorifiéâ¯!â¯Â» (Jean 13.31) Dès ce moment, seul avec ceux qui lâaiment, il se livre tout entier aux saintes et intimes communications quâil a à leur faire.
Ils sont donc dans lâerreur, les nombreux théologiens qui, depuis les Pères de lâÃglise jusquâà nos jours, se fondent sur notre récit pour rejeter toute discipline tendant à exclure de la table du Seigneur les communiants indignes.
Par des raisons semblables, quoique moins péremptoires, il parait que la contestation entre les disciples (verset 24 et suivants) eut lieu des le premier moment du repas de la Pâque et fut occasionnée par le rang auquel chacun prétendait en se mettant à tableâ¯; inspiration de lâorgueil, à laquelle Jésus répondit en sâhumiliant lui-même jusquâà laver les pieds de ses disciples.
Cet ordre des faits, assez clairement indiqué par les récits évangéliques et par la nature des choses, est aujourdâhui généralement adopté par les exégètes. M. Godet, dans ses Commentaires sur saint Luc et saint Jean, a cru pouvoir, par des raisons qui ne nous ont pas convaincu, défendre lâordre du récit de Luc. Il pense toutefois que la distribution de la coupe, qui termina le souper, eut lieu après le départ de Judas.
Verset 22
Ce qui a été déterminé par Dieu même. Matthieu et Marc disentâ¯: «â¯selon quâil est écrit de luiâ¯Â». Jésus voit donc dans sa mort, quâallait amener le crime de Judas, lâaccomplissement de la volonté de Dieu son Père.
Ce malheurâ¯! est accompagné, dans les deux premiers évangiles, de lâénoncé de la triste condition dans laquelle Judas se place. Le traître demande alors, comme les autres disciplesâ¯: Est-ce moi, rabbiâ¯? Sur quoi Jésus lui répondâ¯: Oui, tu lâas dit.
Et ces paroles du Sauveur auraient été prononcées immédiatement après que Judas aurait reçu la cène de sa mainâ¯!
Verset 24
La vraie grandeur des disciples
Une contestation sâélève parmi les disciples sur cette questionâ¯: qui est le plus grand ? Jésus leur dit de ne pas se régler sur lâexemple des rois des nations et sur le principe du triomphe de la force. Dans la société nouvelle quâils forment entre eux, le plus grand sera comme le plus petit, conformément à lâexemple que Jésus leur donne, lui qui est au milieu dâeux dans lâattitude dâun serviteur. Lâambition qui les anime, dans ce quâelle a de légitime, recevra cependant satisfactionâ¯: ceux qui ont persévéré avec lui dans ses épreuves, Jésus leur promet de disposer en leur faveur du royaumeâ¯: ils mangeront à sa table, et, assis sur des trônes, jugeront les douze tribus dâIsraël (24-30).
Le reniement de Pierre prédit
Jésus révèle aux disciples et à Simon en particulier, la grande tentation par laquelle ils vont passer. Il a prié pour Pierre afin que sa foi ne défaille pas ; il lui commande, une fois relevé, dâaffermir ses frères. Pierre se déclare prêt à aller avec Jésus en prison et à la mort. Jésus lui annonce alors sa chute prochaine (31-34).
La position des disciples transformée
Jésus leur rappelle les débuts faciles de leur vocation, quand il les a envoyés sans ressources aucunes et que pourtant ils nâont manqué de rien. Maintenant leur condition va être changéeâ¯: ils devront se munir de provisions et de moyens de défense, car la parole qui annonçait que leur maître serait mis au rang des malfaiteurs va sâaccomplir et sa destinée terrestre touche à sa fin. Les disciples présentent à Jésus deux épées. Jésus leur ditâ¯: cela suffit ! (35-38).
Derniers entretiens (24-38)
Ce nâétait pas la première fois que les disciples étaient occupés de ces pensées dâorgueil et dâambition (Luc 9.46â¯; Matthieu 18.1â¯; Marc 9.35, voir les notes).
La raison de la nouvelle contestation, qui sâéleva au moment où lâon se mettait à table (verset 21 note) pouvait être la place dâhonneur à laquelle chacun prétendait, ou encore le fait que nul ne voulait se charger des soins relatifs à lâablution des pieds, qui était en usage chez les Juifs avant chaque repas. Si telle était la cause de leur dispute, lâacte de profonde humilité quâaccomplit Jésus en lavant lui-même les pieds de tous était encore plus propre à les couvrir de confusion.
Quoi quâil en soit, ce débat si inconvenant à cette heure avait ses vraies causes dans le pauvre cÅur de lâhommeâ¯; il a constamment reparu dans lâÃglise et a puissamment contribué à la corrompre.
Verset 26
Voir, sur ces paroles, Matthieu 20.25-28, notesâ¯; Marc 10.42-45.
Dans les deux premiers évangiles, cette exhortation sâadressait aux fils de Zébédéeâ¯: elle était destinée à réprimer leur ambition. Nâest-il pas tout naturel de penser que Jésus en fit dans une situation analogue une application nouvelle à tous ses disciplesâ¯?
Le terme de bienfaiteur était un titre souvent donné par flatterie à des princes quâon voulait distinguer comme ayant bien mérité de leur pays et de leur peuple.
Le mot que nous traduisons par le plus petit signifie proprement le plus jeune et lâon peut, avec plusieurs interprètes, lâentendre dans ce sens, parce que câest ordinairement le plus jeune qui doit respecter les plus âgés et les servir.
Verset 27
Quelle puissance il y avait dans lâexemple dâhumilité et de dévouement que Jésus donnait à ses disciplesâ¯!
Dans toute sa vie, il fut comme celui qui sert (comparez Matthieu 20.28â¯; Philippiens 2.7)â¯; mais il est probable quâici il fait une allusion particulière au service dâesclave quâil venait de rendre aux siens, en leur lavant les pieds.
Verset 28
Après avoir humilié ses disciples, Jésus les relève en approuvant leur fidélité à rester auprès de lui dans ses épreuves et en leur annonçant la haute position quâil leur destine dans son royaume (versets 29 et 30).
Ce que le Sauveur appelle ses épreuves ou ses tentations (le mot original a les deux sens), ce sont toutes les persécutions, les mépris, les haines, les souffrances quâil dut essuyer de la part du monde et que ses disciples partagèrent avec lui (Hébreux 2.18â¯; Hébreux 4.15).
Verset 30
Toutes ses prérogatives, le Fils de Dieu les partage avec ses disciples.
Ãtre assis à sa table, dans son royaume, câest lâimage dâune communion intime avec lui et de la plénitude de la vie et de la joie célestes (verset 16, noteâ¯; Luc 13.29â¯; Matthieu 8.11, note).
Ãtre assis sur des trônes et prendre part au jugement du monde, câest être associé à la puissance et à la gloire du Sauveur lui-même (Matthieu 19.28, note).
Ici, Jésus ne dit plus douze trônesâ¯; Judas était déchu de sa dignité dâapôtre.
Verset 31
Comparer Matthieu 26.31-35â¯; Marc 14.27-31.
Si les motsâ¯: Mais le Seigneur dit sont authentiques (ils manquent dans B et quelques manuscrits et dans les versions égyptiennes, Tischendorf et Westcott et Hort les suppriment), ils indiquent que Jésus commence ici un nouveau discours pour dévoiler aux disciples les dangers qui les menacentâ¯; et, par la particule mais, ces dangers sont opposés aux magnifiques destinées que Jésus venait dâouvrir à leurs yeux (versets 29 et 30).
Luc seul nous a conservé ces paroles profondes et émues de Jésus à Pierre (versets 31 et 32). Elles devaient le rendre attentif à la révélation dâune grande tentation qui lâattendait, lui et tous ses condisciples (vous).
Satan veut les cribler, câest-à -dire les ébranler et les perdre par une violente tentation, pendant laquelle ils seront comme le blé agité vivement dans un crible ou un van. Jésus exprime cette pensée en des termes qui sont une allusion au prologue du livre de Job, où Satan demande à Dieu de livrer son serviteur en sa puissance.
Tel est le sens du mot que nous traduisons ici par vous a demandés, réclamés, afin de vous posséder en son pouvoir. La terrible épreuve à laquelle furent bientôt exposés tous les disciples et Pierre en particulier nâexplique que trop la vérité et la force de cet avertissement.
On voit par ces paroles combien Jésus pénétrait clairement à lâavance lâhistoire de ses souffrances. Non seulement le fait de son supplice imminent lui est connu, il lâa annoncé, mais même les causes mystérieuses de ce drame, les influences de la puissance des ténèbres, sont à nu devant ses yeux.
Verset 32
Quel contraste entre ces paroles et celles qui précèdent Satan veut vous perdre, mais moi qui le sais, qui veille sur vous, qui suis plus puissant que lui, jâai prié pour toiâ¯!
Quandâ¯? Si lâon admet, avec Matthieu et Marc, que cet entretien eut lieu sur le chemin de Gethsémané, on peut penser que Jésus fait allusion à la prière sacerdotale (Jean 17.9 et suivants)â¯; si, comme le rapportent Luc et Jean, ces paroles ont été prononcées encore dans la salle du souper, Jésus indique une prière spéciale qui sâest élevée de son cÅur à Dieu pour la délivrance de son disciple.
Quoi quâil en soit, ce quâil demande pour lui, câest que sa foi ne défaille point, câest-à -dire quâil ne perde point la confiance en son Maître, en son amourâ¯; car alors, tout eût été perdu, il serait tombé dans le désespoir, comme Judas. Le souvenir de cette parole de son Maître dut contribuer puissamment à relever la foi de Pierre.
Grecâ¯: quand tu seras retourné, revenu de ta chute, converti, dans toute la plénitude du mot. Les disciples avaient mis leur confiance en Jésus, ils lâaimaientâ¯; mais avant la Pentecôte, ils nâavaient ni compris lâÅuvre de la rédemption, ni reçu le Saint-Esprit, double condition de toute conversion véritable.
Quand il y sera parvenu, Pierre pourra affermir ses frères dans la foi et la vie chrétiennesâ¯; et il le devra dâautant plus que son exemple les avait scandalisés. Lâapôtre remplit bien ce mandatâ¯; il fut le fondateur de lâÃglise naissante, tant chez les Juifs (Actes 2) que chez les païens (Actes 10), et, jusquâà la conversion de Paul, il fut le plus puissant instrument de Dieu pour lâavancement de son règne.
Verset 34
Voir, sur ces versets (versets 33 et 34), Matthieu 26.33-35â¯; Marc 14.29-31, notesâ¯; comparez Jean 13.37-38.
Ni lâavertissement du Sauveur, ni la prédiction si précise de sa chute ne purent dissiper la présomptueuse confiance du disciple en ses propres forces. Il apprendra à ses dépens à se connaître lui-même.
Verset 35
La fin du discours (versets 35-38), que Luc seul a conservée, est bien en harmonie avec les avertissements qui précèdent et les images saisissantes dont Jésus revêt sa pensée sont de nature à les faire pénétrer plus profondément dans le cÅur des disciples.
Il leur rappelle dâabord les temps plus faciles de leur première mission où, étant encore avec eux, il les avait envoyés sans provisions de voyage et où Dieu avait pourvu à tout pour eux, tellement quâils confessent avec joie quâils nâont manqué de rien (Luc 9.3â¯; Luc 10.4â¯; Matthieu 10.9â¯; Marc 6.8).
Mais maintenant quâil leur sera ôté, ils vont entrer dans une période beaucoup plus rude et plus dangereuse de leur vocation et ils doivent se munir de tout ce qui leur sera nécessaire dans leurs privations et leurs combats. On trouve une idée analogue exprimée par dâautres images dans Matthieu 9.15 et dans Luc 5.34.
Verset 36
Prenne sa bourse et son sac dans ses voyages, afin de se rendre, autant quâil est possible, indépendant des hommes, quand ceux-ci lui seront hostiles.
Depuis Théodore de Bèze, nos versions ordinaires rendent ainsi cette dernière phraseâ¯: «â¯et que celui qui nâa point dâépée vende son manteau et en achète uneâ¯Â».
Et plusieurs interprètes soutiennent ce sens, qui nâest point inadmissible. Le tour que nous adoptons, avec un grand nombre de traducteurs et dâinterprètes, est plus conforme au texte original et plus naturel, car celui-là seul qui nâa ni bourse ni sac (point dâargent) se trouve dans la nécessite de vendre son manteau pour acheter une épée.
Quant à la pensée du Sauveur, il serait inutile dâobserver quâil nâentendait point recommander à ses disciples lâusage de lâépée pour se défendre dans les dangers (Matthieu 26.52), ou pour assurer leur subsistanceâ¯; il voulait seulement leur faire sentir vivement, par cette image, que les temps du combat approchaient et quâils devaient sây préparer.
Sans spiritualiser cette image, avec Olshausen, jusquâà y voir «â¯lâépée de lâEsprit qui est la parole de Dieuâ¯Â» (Ãphésiens 6.17), il est certain que Jésus invitait les siens à sâarmer de toute la force morale dont ils pouvaient avoir besoin dans les dangers. Mais les disciples, comme toujours, prirent sa parole à la lettre (versets 38 et 50).
Verset 37
Ãsaïe 53.12. Jésus, en citant cette prophétie, motive lâexhortation qui précède (car)â¯; les disciples dâun Maître compté parmi les iniques ou les transgresseurs de la loi, les malfaiteurs, ne doivent pas sâattendre à être traités mieux que lui dans le monde.
Et non seulement cette prophétie va sâaccomplir en lui, mais tout ce qui le concerne, tout ce qui a été écrit de lui, toute sa destinée sur la terre touche à sa fin.
Le texte reçu avec quelques majuscules et les anciennes versions (syriaque, Itala) ontâ¯: «â¯doit encore sâaccomplir en moiâ¯Â». Le mot souligné manque dans Codex Sinaiticus, A, B, D, M. Godet, Weiss et dâautres le maintiennent parce quâon sâexplique difficilement quâil ait été introduit sâil nâest pas authentique.
Verset 38
Dans leur naïve ignorance, les disciples produisent deux épées, dont ils sâétaient pourvus en prévision des dangers qui les attendaient durant la nuitâ¯; et Jésus, avec une douloureuse ironie, leur ditâ¯: Cela suffitâ¯!
On a prétendu que cette dernière parole ne renfermait aucune allusion aux deux épéesâ¯; quâelle avait ce sensâ¯: Assez de ces pensées auxquelles vous nâentendez rien, nâen parlons plus. Mais il est plus naturel dâadmettre que Jésus a voulu direâ¯: Ces deux épées sont plus que suffisantes, puisque ce nâest pas avec des armes de ce genre que vous défendrez la vérité et établirez mon règne dans le mondeâ¯!
Verset 39
Lâagonie de Jésus
Jésus va, selon sa coutume, avec ses disciples, à la montagne des Oliviers. Arrivé là , il les invite à prier. Lui-même sâéloigne à la distance dâun jet de pierre. Tout en se soumettant à la volonté de son Père, il le supplie dâéloigner la coupe. Un ange vient le fortifier. Sa sueur est de sang. Revenu auprès de ses disciples, il les trouve endormis et les exhorte à prier pour ne pas tomber dans la tentation (39-46).
Lâarrestation de Jésus
Comme il parle encore, survient une troupe conduite par Judas. Celui-ci baise Jésus. Jésus lui ditâ¯: Câest par un baiser que tu trahis le fils de lâhomme ! Les disciples demandent à Jésus sâils doivent frapper de lâépée ; lâun dâeux coupe lâoreille droite du serviteur du souverain sacrificateur. Jésus arrête les siens et guérit le blessé. Puis il constate que ses adversaires sont venus après lui comme après un brigand, tandis quâil était tous les jours dans le temple. Câest leur heure, où la puissance des ténèbres se déploie (47-53).
Gethsémané
Versets 39 à 53 â Lâagonie de Jésus
Voir, sur les souffrances morales de Jésus en Gethsémané, Matthieu 26.36-46â¯; Marc 14.32-42, notes.
Luc rapporte cette scène plus en abrégé que les deux premiers évangélistesâ¯; mais il y ajoute quelques traits importants qui lui sont propres et que nous devons relever.
Ãtant sorti, de la maison et de la ville, il descendit dans la vallée du Cédronâ¯; au-delà du torrent sâélève la montagne des Oliviers. Au pied de cette montagne, se trouvait, dans un lieu solitaire, le jardin de Gethsémané, quâon montre encore aux voyageurs. Il sây rendit selon sa coutume, ajoute Luc, parce que, quand il était à Jérusalem (comparez Luc 21.37-38), il se retirait dans cette solitude avec ses disciples. Il ne cherche donc pas à échapper à Judas.
Verset 40
Dâaprès Matthieu et Marc, Jésus adressa cette exhortation aux disciples un peu plus tard, après avoir prié lui-même et lorsque, revenant à eux, il les trouva endormis.
Mais il est probable quâil les exhorta plus dâune fois à la vigilance et à la prière (verset 46), dans cette nuit terrible, où Satan allait les «â¯cribler comme le bléâ¯Â» (verset 31).
Verset 41
Lui-même, lui seul, en particulier, sâéloigna dâeux.
Ici se trouve un verbe au passif qui indique un mouvement violentâ¯: il fut arraché, entraîné loin dâeux par la force de lâangoisse, qui lui faisait éprouver lâimpérieux besoin dâêtre seul, seul avec Dieu.
Et câest devant Dieu, en effet, quâil se mit à genoux et pria.
Matthieu dit ici quâil «â¯tomba sur son visageâ¯Â».
Marc quâil «â¯tomba sur la terreâ¯Â».
Verset 42
Grecâ¯: si tu veux faire passer cette coupe loin de moiâ¯! Après ce motâ¯: si tu veux on attendrait lâimpératif fais passer et câest ainsi que corrigent, dâaprès Marc, Codex Sinaiticus, B, D et quelques autres manuscrits, mais il est naturel que dans la violence de lâémotion la phrase soit incorrecte.
à peine le Sauveur a-t-il prononcé son ardente supplication que, par un soudain retour sur lui-même et sur le sacrifice qui lui est assigné, il se livre tout entier à la volonté de son Père.
Dans les trois synoptiques, la prière de Jésus est rendue en termes légèrement différentsâ¯; mais la pensée exprimée est la même.
Lâimage de la coupe est employée dans les trois récits pour désigner les indicibles souffrances du Sauveur.
Verset 43
Grecâ¯: le fortifiant.
Jésus aurait pu succomber dans la lutteâ¯; son âme aurait pu être accablée sous le poids des péchés du monde et sous lâeffort de la puissance des ténèbres (verset 53â¯; comparez Matthieu 26.38â¯; Hébreux 5.7). Mais Dieu ne le permit pas.
Le fils vient de se livrer tout entier à la volonté du Père (verset 42), le Père lui envoie du ciel un messager de paix et dâespérance, qui lui communique les «â¯puissances du siècle à venirâ¯Â» et le fortifie de corps et dââme pour achever le combat. Comment lui apparut cet ange du ciel, comment il lui communiqua ces forces nouvelles, ce sont des questions que lâexégèse nâa pas à discuter. On peut comparer ici Matthieu 4.11â¯; Jean 12.28.
Verset 44
La lutte continueâ¯; Jésus la soutient avec les forces nouvelles quâil a reçues.
Le mot agonie signifie combatâ¯; il désigne, plus spécialement, lâétat de celui qui lutte contre la mort. Dans les circonstances où se trouve Jésus, ce mot a un sens insondable pour nous. Lâarme du Sauveur, câest la prière. Il priait plus instamment.
Et telle fut la violence de la lutte, que sa sueur, provoquée par lâangoisse physique et morale, était formée de grosses gouttes (grec caillots) de sang descendant jusque sur la terre.
Ce phénomène est la manifestation dâune terrible souffrance morale qui demeure inexplicable, si lâon nâadmet que le Sauveur accomplissait alors la rédemption du monde, en sâoffrant lui-même à la justice divine (comparer Matthieu 26.46, note).
Les versets 43 et 44 manquent dans quatre majuscules, dont B et A, dans trois minuscules et dans quelques versions anciennesâ¯; dix manuscrits les marquent dâun signe de douteâ¯; enfin quelques Pères de lâÃglise, Hilaire de Poitiers, Jérôme, Epiphane, déclarent que ces versets ne se trouvaient point dans plusieurs manuscrits grecs et latins.
Ces témoignages et le fait que Matthieu et Marc ne mentionnent ni lâapparition de lâange ni la sueur de sang, ont inspiré à quelques exégètes la pensée que ce récit était dû à une tradition postérieure à la rédaction de notre évangile.
Mais, dâautre part, Codex Sinaiticus, D et dix majuscules ont les versets 43 et 44â¯; ils se trouvent également dans lâItala et la version syriaque. Et ce qui paraîtra décisif, câest que des Pères de lâÃglise aussi rapprochés de lââge apostolique que Justin et Irénée citent le verset 44.
M. Godet remarque avec raison quâils ont pu être retranchés, parce que les faits quâils rapportent ne se trouvent pas dans Matthieu et Marc et quâils semblaient contraires à la divinité de Jésus. Aussi Tischendorf, Tregelles, Westcott et Hort ont-ils conservé les deux versets dans leurs éditions.
Verset 45
Voir Matthieu 26.40, note.
Luc seul indique la cause de ce sommeil des disciples, si peu naturel dans un pareil momentâ¯; il lâattribue à la tristesse.
La douleur du Maître avait gagné les disciplesâ¯; nâétant point préparés et soutenus par la prière (verset 46), ils ne purent résister au sommeilâ¯; celui-ci, on le sait, est lâeffet habituel dâune souffrance intense et prolongée.
Verset 46
Maintenant le Sauveur a vaincuâ¯!
Il a encore devant lui la voie douloureuse qui doit aboutir à la croixâ¯; mais le sacrifice moral, pleinement accompli, lui a rendu la force et le calme avec lesquels il va se livrer à ses ennemis et câest lui qui réveille, exhorte, encourage ses disciplesâ¯; car eux aussi vont avoir leur part dans les dangers.
Verset 47
Voir, sur lâarrestation de Jésus, Matthieu 26.47-56, notesâ¯; Marc 14.43-52, notesâ¯; et comparez Jean 18.2-11, notes.
Les trois synoptiques sâaccordent à marquer le moment précis de cette scèneâ¯: Comme il parlait encore.
Luc dira plus loin (verset 52) de qui se composait la troupe. Judas marchait devant eux. Par ce trait, aussi bien que par les expressions le nommé Judas, lâun des douze (verset 3), Luc fait ressortir dâune manière sinistre le rôle du traître dans cette scène.
Il mentionne aussi ce premier mouvement odieux par lequel Judas sâapprocha de Jésus pour le baiser. Câétait là le signe dont il était convenu avec les chefs de la troupe (voir Matthieu et Marc).
Le baiser était une forme respectueuse de salutation, naturelle de la part dâun disciple.
Verset 48
Le mot de baiser mis en tête de la phrase fait ressortir tout lâodieux de cet acte.
Luc seul rapporte ces paroles. Jésus les prononça sans doute à la suite de celles que rapporte Matthieuâ¯: (Matthieu 26.50) «â¯Pour quel sujet es-tu iciâ¯?â¯Â»
Plusieurs interprètes se refusent à voir une interrogation dans le texte de Matthieu. Ils sous-entendent un verbe à lâimpératif et traduisentâ¯: «â¯Fais ce pourquoi tu es iciâ¯Â».
Si on lui donne ce sens, cette parole a été prononcée après celle que Luc nous a conservée.
Verset 49
Cette question posée à Jésus, aussi bien que lâacte qui la suit (verset 50), fut inspirée par la parole mal comprise des versets 36 et 38.
Verset 50
Sans attendre la réponse du Maître, lâun des disciples, bouillant dâimpatience, tira son épée et frappa.
Jean nous apprend que ce disciple était Pierre et que celui quâil blessa sâappelait Malchusâ¯; à lâépoque où il écrivait, le sanhédrin nâexistait plus et il nây avait plus de danger à révéler ces noms.
Lâoreille droite, petit détail conservé par Jean (Jean 18.10) et par Luc et qui, comme tant dâautres, atteste la vérité historique de nos récits.
Verset 51
Grecâ¯: Laissez jusquâà ceci, câest-à -direâ¯: Laissez-les procéder jusquâà cette arrestation et à tout ce qui doit la suivre, car tel est le conseil de Dieu (comparer verset 22, note).
Le motâ¯: Jésus répondant montre que cette parole est adressée aux disciples et non à ceux qui venaient le saisirâ¯; elle ne peut donc signifierâ¯: Laissez-moi aller jusquâà cet homme blessé, afin que je le guérisse. Ni mêmeâ¯: Laissez-moi libre pour ce moment-ci. Ce nâest quâau verset 52 que Jésus adresse la parole à ses ennemis.
Cette guérison est rapportée par Luc seulâ¯; plusieurs historiens la relèguent dans le domaine de la légende. Ils oublient que cette guérison était dâune immense importance pour la cause du Sauveur, compromise par lâacte imprudent de son disciple. Si ce mal nâavait pas été réparé, comment comprendre que les ennemis nâen eussent pas fait un chef dâaccusation contre Jésusâ¯?
Verset 52
Luc seul signale, dans la troupe venue contre Jésus, non seulement des officiers du temple qui la commandaient, mais aussi des principaux sacrificateurs et des anciens.
Encore ici, le silence des autres évangélistes a paru suffisant pour accuser Luc dâinexactitude. La passion que les membres du sanhédrin apportaient à lâexécution de leurs desseins meurtriers et qui se manifesta dans toute leur attitude pendant le procès et le supplice de Jésus, explique fort bien que plusieurs dâentre eux aient accompagné la troupe chargée de lâarrestation.
Verset 53
Voir, sur ces paroles, Matthieu 26.56, note.
Jésus sâélève bien haut au-dessus des instruments de sa mort, auxquels pourtant il laisse toute leur terrible responsabilité et il leur déclare que si jusquâici ils nâont pas mis la main sur lui, bien quâils en eussent tous les jours lâoccasion, câest quâils ont été arrêtés dans leurs desseins par une volonté supérieure et que si maintenant ils viennent contre lui avec une troupe armée, comme sâil sâagissait dâarrêter un brigand, câest quâils obéissent à la puissance des ténèbres, dont ils sont les aveugles instruments (verset 3, note).
Dans Matthieu, Jésus désigne cette volonté de Dieu comme étant lâaccomplissement des «â¯Ãcritures des prophètesâ¯Â»â¯; dans notre évangile, il leur ditâ¯: câest ici votre heure, lâheure déterminée par le conseil de Dieu, où il vous est permis dâaccomplir vos desseins en obéissant à la puissance de Satan.
Les ténèbres de la nuit, à la faveur desquelles les ennemis de Jésus font leur Åuvres, étaient lâimage de ce pouvoir diabolique qui les dominait, mais qui ne fera après tout quâamener le triomphe de la lumière (Colossiens 1.13, note).
Verset 54
Le reniement de Pierre
Jésus exposé aux mauvais traitements de ses gardes
Ils se moquent de lui et, après lui avoir couvert la tête, lui disent de deviner qui lâa frappé (63-65).
Jésus Jugé par le sanhédrin
Caïphe. Comme les deux premiers évangélistes, Luc passe sous silence lâinterrogatoire de Jésus devant Anne. La tradition avait réuni en une seule les deux comparutions, et cela, dâautant plus facilement quâAnne, beau-père de Caïphe, habitait avec lui le même palais sacerdotal (voir 3.2, note et Jean 18.13, note).
Verset 55
Voir, sur le reniement de Pierre, Matthieu 26.58, notesâ¯; Marc 14.54, notesâ¯; comparez Jean 18.15-18, notes.
Les quatre évangélistes sont dâaccord sur les trois reniements de Pierre et sur les circonstances dans lesquelles ils se produisirent. Le disciple, intimidé, cherchait à se dissimuler dans la foule des serviteurs et des soldats qui entouraient un feu allumé dans la cour du palais.
La scène, qui dura assez longtemps (verset 59), se passa en partie pendant que Jésus était chez Anne, en partie pendant son jugement devant Caïphe (Jean 18.17-25).
Verset 58
Dâaprès les quatre évangélistes, la première interpellation qui surprit Pierre fut le fait dâune femme. Jean nous apprend quâelle était portière du palais.
Selon Matthieu et Marc, la seconde attaque serait venue aussi dâune femme, la même ou une autre.
Luc lâattribue à un hommeâ¯; dâaprès Jean, plusieurs auraient parlé à la fois.
Enfin, dâaprès Jean, la troisième interrogation aurait été faite par un serviteur de Caïphe, parent de ce Malchus auquel Pierre avait coupé lâoreille, ce qui rendait la position de celui-ci plus critique encore, tandis que Matthieu et Marc font simplement parler «â¯ceux qui étaient présentsâ¯Â» et Luc un autre (verset 59).
Ces divergences sâexpliquent dâautant mieux que, dans cette scène tumultueuse, plusieurs des assistants parlaient à la fois.
Les rédacteurs de nos évangiles ont reproduit fidèlement les diverses versions des sources où ils puisaient. Leur accord sur les faits essentiels en ressort dâautant mieux.
Verset 59
Câest à son accent galiléen que ces Juifs de Judée reconnaissaient Pierre et ils en concluaient quâil était disciple de Jésus.
Ce motâ¯: une heure sâétant écoulée, nous montre que la terrible tentation du pauvre disciple dura longtemps.
Tourmenté sans doute dans sa conscience, il est pourtant incapable dâéchapper aux pièges qui lui sont tendus. Ce trait met le récit de Luc en harmonie avec celui de Jean (comparer verset 66, note).
Verset 60
Le texte reçu, avec quelques minuscules seulement, porteâ¯: «â¯Le coqâ¦â¯Â»
Luc et Jean passent sous silence les serments et les imprécations de Pierre rapportés par les deux premiers évangélistes.
Verset 61
Pierre était dans la courâ¯; on a supposé que Jésus subissait son jugement dans une salle élevée seulement de quelques marches, dâoù lâon pouvait voir et entendre ce qui se passait dans la cour.
Cependant lâexpression de Marcâ¯: «â¯Pierre était en bas dans la courâ¯Â» est peu favorable à cette hypothèse.
Il vaut mieux admettre que Jésus traversait à ce moment la cour, étant conduit dâAnne chez Caïphe (Jean 18.24).
Dâaprès Jean, le reniement de Pierre eut lieu pendant lâinterrogatoire de Jésus par Anne et non, comme le donneraient à entendre les deux premiers évangiles, pendant sa comparution devant le sanhédrin réuni chez Caïphe.
Le Sauveur se retourne et regarde Pierre, éclairé par la lueur du feu (verset 55)â¯; le disciple lui aussi voit le Maître arrêter sur lui son regard. Si le chant du coq le ramena à lui-même, ce regard le sauva.
Verset 62
Voir, sur ces derniers mots, Matthieu 26.75â¯; Marc 14.72 notes.
Verset 65
Voir, sur ce récit, Matthieu 26.67-68â¯; Marc 14.65, notes.
Luc parait nâattribuer ces mauvais traitements quâà ceux qui tenaient Jésus, câest-à -dire aux soldats de la troupe.
Mais, dâaprès Matthieu et Marc, il nây a pas de doute que quelques-uns des membres du sanhédrin eux-mêmes ne se soient abaissés jusquâà injurier celui quâils venaient de condamner.
Selon notre évangéliste, cette horrible scène aurait précédé le jugement et la sentence de mort, ce qui nâest sûrement pas lâordre dans lequel les faits se sont succédé. La différence vient probablement de ce que Luc omet ici une première délibération et ne rapporte que celle qui eut lieu au point du jour (verset 66, voir la note).
Verset 66
Voir, sur le jugement de Jésus, Matthieu 26.59-66, notes et Marc Marc 14.55-64, notes.
Les anciens (grec le presbytère), ou corps des anciens du peuple, mot propre à Luc (Actes 22.5), désigne suivant les uns le sanhédrin tout entier, composé non seulement des anciens proprement dits, mais de ces deux autres ordres de personnesâ¯: les principaux sacrificateurs et les scribes.
Suivant dâautres, ce terme désignerait seulement la classe des anciens.
Luc abrège considérablement le récit de lâaudiences où Jésus fut jugé et condamné. En outre, il la place dans une séance qui eut lieu quand le jour fut venu, tandis que, selon Matthieu et Marc, la condamnation du Sauveur avait déjà été prononcée dans une séance de nuit, omise par Luc, en sorte que la délibération du matin ne porta que sur les moyens dâexécuter la sentence, câest-à -dire de la faire ratifier par Pilate (Matthieu 27.1â¯; Marc 15.1).
De cette différence, on a conclu quâil y avait eu deux assemblées du sanhédrin, dont la seconde seulement aurait été une assemblée plénière, réunie dans la salle officielle, le Lischkath Haggazith et seule compétente pour porter une sentence de mort, parce quâelle siégeait de jour. Telle est lâopinion de Keim et de M. Godet (voir son Commentaire sur Saint Luc, 3e édition, page 495 et suivants, page 503).
Avec plusieurs interprètes, nous croyons plutôt quâil y eut deux délibérations en une seule assemblée.
Voici comment les choses se seraient passées. Il était déjà fort tard dans la soirée lorsque Jésus, après avoir célébré la Pâque et la cène et avoir achevé les entretiens de la chambre haute, se rendit avec ses disciples à Gethsémané. Là , eut lieu la scène de ses souffrances morales, puis lâarrestation, puis enfin le retour à Jérusalem jusquâau palais du grand sacrificateur. Dès que les membres du sanhédrin eurent avis de lâarrestation de Jésus, ils sâassemblèrent, ou (grec) furent assemblés, convoqués (aoriste passif) et non étaient assemblés, comme disent nos versions dans Matthieu 26.57. Marc dit au présent sâassemblent. Tout cela prit encore beaucoup de temps.
Câest dans cette audience, assez prolongée, quâeurent lieu le jugement et la condamnation du Sauveur (Matthieu 26.59 et suivantsâ¯; Marc 14.55 et suivants). Sur ces entrefaites, le jour était venu. Alors, Jésus ayant été éloigné, la même assemblée nâeut plus quâà délibérer sur la manière dâexécuter la sentence, câest-à -dire dâen obtenir de Pilate la confirmation (Matthieu 27.1-2â¯; Marc 15.1)
Il nâétait matériellement pas possible de convoquer une seconde assemblée dans lâintervalle. Et dâailleurs à quoi bonâ¯? Nâétaient-ce pas les mêmes hommes qui venaient de prononcer la sentence, qui devaient trouver les moyens de lâexécuterâ¯?
Verset 67
Le Christ, le Messie. Ce nâétait pas la question capitale, car la prétention dâêtre le Messie nâaurait point constitué le crime de blasphème et entraîné la peine de mort.
Elle était destinée à introduire la vraie question (verset 70) et à provoquer la réponse de Jésus qui détermine la sentence (voir Matthieu et Marc).
Verset 68
Le texte reçu porteâ¯: et si même je vous interroge, vous ne me répondrez point ni ne me laisserez aller.
Ces derniers mots se lisent dans A, D, la plupart des majuscules, lâItala, les versions syriaques.
M. Godet les maintient comme conclusion logique du raisonnement. Dâautres y voient une très ancienne glose.
Cette réponse de Jésus est particulière à Luc. Elle signifieâ¯: Votre parti pris de haine et dâendurcissement vous rend incapables soit dâécouter la vérité (comparer Luc 20.9 et suivants), soit de répondre aux questions par lesquelles je chercherais à vous amener à la lumière (comparer Luc 20.3 et suivantsâ¯; Luc 20.41 et suivants).
Verset 69
Voir, sur cette déclaration, Matthieu 26.64, 2e note, Marc 14.62.
Selon les deux premiers évangélistes, ce fut la dernière parole que Jésus prononça devant le sanhédrin. Faisant suite à sa déclaration quâil était le Fils de Dieu, elle mit le comble à lâindignation de ses juges et provoqua contre lui la sentence de mort. Luc a adopté un ordre différent, qui est moins naturel.
Verset 70
Matthieu 26.64, 1re noteâ¯; Marc 14.62, 1re note.
Vous-mêmes le dites, ou comme on peut traduire aussiâ¯: vous dites vous-mêmes que je le suis, est un hébraïsme qui signifieâ¯: à lâaffirmation impliquée dans votre question, je donne mon plein assentiment et je la fais mienne.
Verset 71
Câest-à -dire, selon les deux premiers évangiles, nous avons entendu de sa bouche son blasphème.
Luc ne rapporte pas lâissue du procès, la question solennelle posée par Caïphe sanhédrinâ¯: «â¯Que vous en sembleâ¯?â¯Â» et la réponse unanime de celui-ciâ¯: «â¯Il est digne de mortâ¯!â¯Â»