Lectionary Calendar
Thursday, November 21st, 2024
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
the Week of Proper 28 / Ordinary 33
advertisement
advertisement
advertisement
Attention!
StudyLight.org has pledged to help build churches in Uganda. Help us with that pledge and support pastors in the heart of Africa.
Click here to join the effort!
Click here to join the effort!
Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
Déclaration de droit d'auteur
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Ces fichiers sont dans le domaine public.
Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur John 17". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/commentaries/fre/neu/john-17.html.
bibliography-text="Commentaire sur John 17". "La Bible Annot�e de Neuch�tel". https://www.studylight.org/
Whole Bible (6)New Testament (1)
versets 1-26
Verset 1
La prière sacerdotale de Jésus-Christ (chapitre 17)
Versets 1 à 26 — Jésus prie pour lui-même, ses apôtres, pour tous ceux qui croiront en lui
Jésus a achevé les discours qui devaient préparer les disciples à son départ à sa glorification, à une communion invisible et spirituelle avec lui, il les a terminés par ce mot triomphant : « J’ai vaincu le monde ! » (Jean 16.33).
Et maintenant, levant les (grec ses) yeux au ciel (texte reçu : il leva… et dit), il s’adresse à son Père et il prie.
Il Prie à haute voix, au milieu de ses disciples (verset 13) et quelle prière ! Prière ardente et pourtant sereine, dans laquelle, comme le dit Luther, « Jésus répand en présence de Dieu et de ses disciples le dernier fond de son âme ».
Quelle impression ne dut-elle pas laisser dans le cœur des disciples ! Il n’est point étonnant qu’elle soit restée gravée dans l’âme de Jean et qu’il ait pu nous la conserver fidèlement. Tout, en effet, dans cette inimitable prière, est en parfaite harmonie avec la situation et avec les besoins de l’âme de Jésus et de ses disciples. On l’a appelée Prière sacerdotale, parce qu’en la prononçant Jésus fait acte de souverain sacrificateur : il va s’offrir à Dieu comme une oblation sainte (verset 19) et il prélude à ce sacrifice en intercédant pour ses disciples et pour toute son Église.
Père, dit Jésus et ce nom, qui est sa consolation suprême en présence de la mort (Marc 14.36), il le prononce six fois, avec amour, dans cette prière. Ses disciples apprirent de lui à considérer Dieu comme un Père, car, quoique Dieu fût son Père dans un sens unique et exclusif, il les a pourtant autorisés à invoquer Dieu sous ce beau et doux nom (Matthieu 6.9), parce que, rachetés par lui, ils ont reçu l’adoption et sont devenus des enfants de Dieu (Romains 8.15 ; Galates 4.6).
L’heure est venue, l’heure de la mort, qui sera bientôt suivie de la gloire (Jean 12.23 ; Jean 13.1). Tant que cette heure marquée par la volonté souveraine de Dieu n’était pas venue, les adversaires étaient impuissants à rien entreprendre contre Jésus (Jean 7.30) ; mais maintenant il va se livrer volontairement à eux.
La première chose que demande le Sauveur, c’est sa glorification. Et ce qu’il entend par là, il le dit clairement (verset 5), c’est sa réintégration dans la gloire éternelle. Mais ce n’est pas, avant tout, pour lui-même qu’il redemande cette gloire ; ici, comme toujours, son motif suprême est la gloire de Dieu, c’est pourquoi il se hâte d’ajouter : afin que ton (Codex Sinaiticus, B, C : le) Fils te glorifie.
Sans doute Jésus avait glorifié Dieu dans toute sa vie (verset 4), mais ce n’est qu’après être rentré dans la plénitude de sa puissance divine qu’il pourra, en manifestant les attributs divins de la toute-puissance et de la toute présence (Matthieu 28.18-20), achever son œuvre par l’envoi du Saint-Esprit et par l’établissement de son règne dans le monde (Jean 7.39, note ; Jean 13.31-32, note).
Verset 2
Ce verset doit être rattaché étroitement au précédent, car il renferme la raison de ce que Jésus demande : Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que ou en tant que tu lui as donné puissance et autorité (le mot grec a les deux sens) sur toute chair, c’est-à-dire sur toute la race déchue d’Adam.
L’expression hébraïque toute chair, employée par Jean dans ce seul passage, a quelque chose de solennel. Le Fils de Dieu a reçu, avec sa mission divine, cette puissance, cette autorité sur tous les hommes, car c’est à lui, à lui seul que le Père a confié la tâche de sauver le monde perdu (comparer Jean 13.3). Mais, pour exercer cette puissance divine, il faut que le Fils de Dieu soit glorifié ; de là sa prière.
L’intention miséricordieuse de Dieu, en conférant au Sauveur ce pouvoir sur notre humanité, a été qu’il donne la vie éternelle, à qui ? à tous ceux que le Père lui a donnés.
Depuis Augustin plusieurs exégètes ont vu dans ces derniers mots l’idée de la prédestination divine ; cette doctrine est étrangère à notre évangile.
Pour le sens de l’expression, voir Jean 6.37 ; Jean 6.44-45, notes.
Dans ce qui précède, nous avons laissé indécise une question sur laquelle les exégètes diffèrent. La proposition selon que tu lui as donné se rapporte-t-elle à celle-ci : glorifie ton Fils, ou à la suivante : afin que ton Fils te glorifie ?
Meyer, M. Weiss et d’autres sont pour la première de ces liaisons, M. Luthardt pour la seconde. Mais, comme la glorification du Fils n’a d’autre but que la gloire du Père et que c’est là en quelque sorte une seule et même gloire, ne peut-on pas rapporter à l’une et à l’autre ce don qui a été fait au Fils et en vertu duquel il exerce la souveraineté sur l’humanité entière ? (comparer Éphésiens 1.22).
Verset 3
La vie éternelle, que Jésus donne (verset 2), nul ne doit la chercher en dehors de Dieu et de Christ ; Jésus dit, dans cette parole profonde, en quoi elle consiste. Pour comprendre ce verset, il faut, avant tout, se souvenir que, dans le style de l’Écriture et en particulier dans celui de Jean, connaître n’est point un acte purement et froidement intellectuel, mais un rapport plein de confiance et d’amour avec l’être connu, une communion du cœur avec lui (1 Corinthiens 8.2-3 ; 1 Corinthiens 13.12 ; 1 Jean 2.3-4 ; Jean 4.8).
Dès lors, connaître le seul vrai Dieu et Celui qui l’a envoyé, Jésus-Christ, n’est pas seulement la condition ou le moyen de parvenir à la vie éternelle, c’est cette vie éternelle elle-même, naissant et grandissant dans l’âme dès ici-bas, pour s’épanouir un jour dans la perfection du ciel.
Et il faut bien remarquer que nous n’avons point ici une définition de Dieu ; le qualificatif seul vrai Dieu n’oppose point Dieu aux fausses divinités (Meyer et d’autres), Jésus ne polémise pas, il prie, il adore ; et il confesse que ce Dieu est en lui-même le seul vrai, le seul qui réalise en son essence l’idée même du Dieu absolu, le seul dont la connaissance soit la vie éternelle.
Mais comment ce Dieu peut-il être connu des hommes ? Uniquement en celui qu’il a envoyé (Jean 16.27-28), en qui il s’est pleinement révélé, Jésus-Christ.
Les sociniens ont abusé de ce passage, en particulier du qualificatif : seul vrai Dieu, appliqué au Père, pour en tirer des conclusions contre la divinité de Jésus-Christ. Ils oublient que si Celui qui se nomme ici même à côté de Dieu, qui déclare que le connaître est la vie éternelle, ne participait pas à la plénitude de la divinité, son langage ressemblerait grandement à un blasphème.
D’autre part, quelques exégètes (Lücke, de Wette, Weiss) trouvent étrange que Jésus parle de lui-même à la troisième personne et en énumérant tous ses titres : Celui que tu as envoyé, Jésus-Christ et ils mettent sur le compte de l’évangéliste un langage qui leur paraît peu approprié à la situation.
Mais d’abord, Jésus, dans l’émotion de son âme, a commencé sa prière par ces mots solennels (à la troisième personne) : glorifie ton Fils ! Et ce n’est qu’au verset 4 qu’il revient à dire : Je t’ai glorifié sur la terre. Et quant à ce double nom : Jésus-Christ, solennellement prononcé à dessein, il ne faut pas oublier, comme l’observe Meyer, que Jésus, parlant hébreu, en faisait ressortir la haute signification : Jésus, Sauveur et Christ, Messie.
Qu’y a-t-il là qui ne soit à sa place dans la prière du Fils de Dieu ? Dieu et Jésus-Christ, double objet de la connaissance religieuse, sont inséparables, Jésus-Christ, c’est la divinité manifestée à l’homme et destinée à devenir en lui la vie éternelle (comparer Jean 1.18 ; Jean 6.46-47 ; Jean 14.7-9).
Verset 4
Ces paroles motivent la demande d’être glorifié que Jésus va réitérer (verset 5 comparez verset 1).
Il a, en effet, pleine conscience d’avoir glorifié Dieu sur la terre par ses paroles, par ses œuvres, par sa vie tout entière ; et maintenant, au moment où il va couronner par ses souffrances et le sacrifice de lui-même l’œuvre que Dieu lui a donnée à faire, il considère cette œuvre comme déjà achevée.
C’est ainsi qu’ailleurs, dans la certitude de sa victoire, il l’anticipe comme déjà réalisée (Jean 12.23 ; Jean 13.31 ; Jean 16.33).
Verset 5
Maintenant que mon œuvre est achevée, glorifie-moi, toi Père.
Ces mots correspondent à ceux-ci du verset 4 : Je t’ai glorifié.
Ce rapprochement trahit en Jésus le sentiment d’une juste rétribution qui lui est due. C’est le sens du c’est pourquoi dans Philippiens 2.9.
Les termes par lesquels Jésus désigne cette gloire qu’il redemande à son Père renferment toute une révélation sur sa personne, sur sa préexistence, sur l’état divin où il va rentrer. Cette gloire, il l’avait, la possédait auprès de Dieu, avant que le monde fût.
Il participait complètement aux perfections divines et à la félicité du ciel. Paul caractérise cet état en disant : « Il était en forme de Dieu » (Philippiens 2.6) et notre évangéliste nous le révèle dès les premiers mots de son livre : « Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu » (Jean 1.1).
Cette gloire qu’il possédait, Jésus s’en était dépouillé par son incarnation, en prenant la « forme de serviteur » (Philippiens 2.7) et maintenant il demande à Dieu de lui en rendre la pleine possession. Nous savons comment il fut exaucé (Éphésiens 1.20-23 ; Philippiens 2.9-11 ; 1 Timothée 3.16).
Dieu mit ainsi sur le sacrifice de son Fils, aux yeux du monde entier, le sceau de son approbation divine. Dès lors, le Sauveur, possédant « la toute-puissance au ciel et sur la terre », poursuivra son œuvre jusqu’à son parfait achèvement ; et notre humanité, rendue en lui à sa glorieuse destination, sera assise à la droite du Père dans les lieux célestes (Éphésiens 2.6 et suivants).
Quand notre évangéliste nous dit que les disciples de Jésus ont pu « contempler sa gloire » déjà ici-bas, lorsqu’il était dans son état d’humiliation (Jean 1.14, note), cette affirmation n’est pas contredite par les grandes paroles qu’il rapporte ici car la gloire qui se manifestait dans l’existence humaine de Jésus différait, sous plus d’un rapport, de la gloire qu’il devait recouvrer auprès du Père.
Verset 6
Les versets 6-8, que plusieurs exégètes considèrent comme appartenant encore à la prière de Jésus pour lui-même et pour son œuvre (verset 1, note), sont plutôt la transition à sa prière pour les apôtres.
Le Sauveur y exprime à leur sujet une appréciation rassurante : ils sont, par l’effet de l’enseignement qu’il leur a donné et de l’action qu’il a exercée sur eux, bien préparés à recevoir les grâces qu’il va demander en leur faveur.
D’abord, il leur a manifesté le nom de Dieu. Ils le connaissaient sans doute, ce nom, puisqu’ils étaient de pieux Israélites ; mais comme dans le style de l’écriture le nom de Dieu représente tout l’ensemble des perfections divines (Matthieu 6.9, 3e note), Jésus veut dire qu’il leur a révélé Dieu, sa miséricorde, sa sainteté, son amour, d’une manière beaucoup plus complète et intime.
Ce qui lui a permis de leur accorder une telle révélation, c’est, en second lieu, que Dieu, à qui ils appartenaient par l’œuvre de sa grâce et par les dispositions de leur cœur, les a tirés du monde (Jean 15.19) et donnés au Sauveur (Voir, sur le sens de ces paroles, Jean 6.37 ; Jean 6.44-45, note).
Enfin cette double œuvre de Dieu et du Sauveur a eu, dans les disciples, ce beau résultat : Ils ont gardé ta parole dans leur cœur et leur vie. Jésus dit : ta parole, parce qu’il regarde ses enseignements comme étant ceux de Dieu même (Jean 17.8 ; Jean 7.16 ; Jean 12.49).
Verset 8
Jésus continue à rendre témoignage aux effets de son œuvre dans les disciples.
Les voilà donc bien préparés à recevoir les grâces nouvelles que Jésus va demander pour eux.
Verset 9
Grec : Moi, c’est pour eux que je prie ; moi, ton bien-aimé, que tu exauces toujours (Jean 11.42), pour eux que tu m’as donnés et qui sont à toi.
Quel plaidoyer intime et plein d’amour ! Comment ne serait-il pas entendu ? Mais, en outre Jésus dit à Dieu que, dans ce moment suprême, eux seuls remplissent sa pensée et que c’est pour eux seuls qu’il prie, non pour le monde.
Méconnaissant le sens si simple et si intime de cette parole, plusieurs exégètes y ont vu une exclusion absolue et une condamnation du monde.
Cette opinion est en contradiction directe avec l’esprit et l’exemple de Jésus, qui nous ordonne de prier même pour ceux qui nous outragent et nous persécutent (Matthieu 5.44) et qui lui-même pria pour ses bourreaux (Luc 23.34). Dans la prière sacerdotale même, il comprend le monde parmi ceux qui, un jour, le connaîtront (verset 21).
Luther fait une distinction entre « les hommes qui doivent être convertis du milieu du monde et pour lesquels il faut prier et le monde tel qu’il est, tel qu’il se montre, l’ennemi et le persécuteur de l’Évangile, or pour ce monde-là, Jésus ne nous dit pas de prier pas plus qu’il ne prie lui-même ».
Mais une telle distinction est pour nous parfaitement illusoire parce que, dans notre ignorance, nous ne pouvons pas tracer avec certitude la ligne de démarcation entre amis et ennemis du Christ (Matthieu 13.29). Et même si nous le pouvions, la conclusion qu’en tire Luther serait fausse.
De son côté, Calvin admet que « nous, nous devons prier pour tous les hommes créés à l’image de Dieu, mais que la prière de Jésus-Christ, ici rapportée, avait une raison spéciale que nous ne pouvons pas imiter : il ne prie pas dans le simple sens de la foi et de la charité, mais comme au sein du sanctuaire céleste et ayant sous les yeux les jugements de son Père qui nous sont cachés aussi longtemps que nous marchons ici-bas par la foi ».
Ce serait certainement là le sens le plus naturel de cette parole de Jésus, s’il fallait y chercher une révélation des mystères du salut ; mais nous admettons, avec la plupart des commentateurs modernes, que Jésus, en s’exprimant ainsi, a voulu seulement rendre plus intense sa supplication actuelle pour ses disciples qui lui apparaissent bien différents du monde, en ce qu’ils sont à Dieu et que Dieu les lui a donnés.
Cette dernière pensée, qui inspire sa requête, explique la restriction : non pour le monde, car remarque M. Godet, « il ne peut faire appel à Dieu pour le monde, comme pour un être précieux qui lui appartient ».
Verset 10
Cette pensée que le Père lui a donné ses disciples, qui sont ainsi au Père aussi bien qu’à lui (verset 9), conduit Jésus à une affirmation plus générale qui constitue un nouvel argument pour que sa prière en faveur des siens soit exaucée.
Tous les trésors de puissance et d’amour, de grâce et de vérité qui sont à Dieu sont aussi au Sauveur ; qu’y a-t-il donc qu’il ne puisse obtenir pour les siens ? Ces paroles proclament l’unité absolue et essentielle du Père et du Fils (comparer Jean 10.28-30).
Les disciples sont dignes des grâces demandées pour eux, non seulement parce qu’ils sont au Sauveur comme ils sont à Dieu mais parce que le Sauveur a été et est glorifié en eux (verbe au parfait). Il est glorifié déjà en ce qu’ils ont cru en lui et l’ont aimé (de là ce mot en eux) ; et il le sera dans le monde par leur témoignage et par toute leur vie.
Verset 11
Garde-les et conduis-les à l’éternelle unité du Père et du Fils !
Tel est maintenant le grand objet de la prière que Jésus prononce pour les disciples et qui s’étend jusqu’au verset 19.
Mais avant de demander cette grâce immense, Jésus exprime le profond besoin qu’ils en ont, parce qu’il va les quitter et les laisser sans lui dans ce monde ennemi de Dieu et de son règne, où ils rencontreront à chaque pas de nouveaux dangers.
Père saint, dit Jésus avec le sentiment profond que la sainteté de Dieu, son éternelle vérité, son immuable amour est l’opposé absolu du mensonge et de là corruption qui règnent dans le monde et dont Dieu préservera les siens en les rendant participants de cette sainteté par son Esprit.
Garde-les en ton nom : ce nom est l’expression de toutes les perfections que Dieu déploiera en leur faveur pour les préserver du mal. Sa fidélité est engagée à les garder jusqu’à la fin.
Eux que tu m’as donnés : (verset 9) avec quel amour Jésus les désigne ainsi, pour la seconde fois !
Enfin, le but suprême de cette ardente supplication est que les disciples, tous les disciples de Jésus, soient amenés à cette unité sainte de la vie divine et de l’amour, qui est celle du Père et du Fils.
Le péché a divisé les hommes en les séparant de Dieu, leur centre et leur lien ; l’œuvre et la gloire de la rédemption opérée par Jésus-Christ c’est d’élever notre humanité jusqu’à l’unité que le Fils possède avec son Père.
Jésus nous y introduit en nous communiquant l’Esprit d’amour qui l’unit au Père et c’est dans ce sens profond que la connaissance du Père et du Fils est la vie éternelle (verset 3).
Bengel fait, entre l’unité du Père et du Fils et celle à laquelle nous sommes destinés, cette distinction très juste : « Celle-là est une unité d’essence : celle-ci une unité par la grâce ; ainsi la seconde est semblable, mais non égale à la première ».
Le texte présente, ici et au verset 12, une variante qui a pour elle à peu près tous les majuscules et qu’adoptent la plupart des critiques et des exégètes : « Garde-les en ton nom que tu m’as donné ». Et les commentateurs ajoutent : donné pour le manifester aux hommes. verset 6
Mais il n’est dit nulle part que Dieu ait donné son nom à Jésus ; cette idée est étrange et sans analogie dans le Nouveau Testament ; il est donc permis de se demander si la leçon des majuscules ne provient pas d’une faute de copiste. Cela paraît d’autant plus probable qu’au verset 12, les majuscules cessent d’être unanimes et que la leçon : ton nom que tu m’as donné ne se trouve plus que dans B, C.
Verset 12
Le texte reçu porte : quand j’étais avec eux dans le monde ; les mots soulignés sont omis dans Codex Sinaiticus, B, C, D, Itala.
D’après B, C, il faudrait traduire : « je les gardais en ton nom que tu m’as donné, et j’ai veillé sur eux » (voir la note précédente).
En disant : Quand j’étais… Jésus reprend la pensée du verset 11 : je ne suis plus ; il considère son départ comme déjà accompli.
Un regard en arrière réveille en lui la conscience d’avoir fidèlement gardé les siens jusqu’à ce moment suprême où il les recommande à Dieu. Mais cette parole qu’il prononce avec bonheur : Aucun d’eux n’a péri, lui rappelle une douloureuse exception, celle de Judas, qu’il évite de nommer, mais qu’il désigne de manière à montrer que sa responsabilité à cet égard est couverte par une autorité souveraine, celle de l’Écriture qui devait être accomplie.
ils de la perdition est un hébraïsme dans lequel le terme abstrait (perdition) indique le principe qui détermine la vie morale d’un homme ; ainsi : Fils de la lumière, des ténèbres, etc. La même désignation : Fils de la perdition, se retrouve 2 Thessaloniciens 2.3, appliquée à l’Antéchrist, dont Judas était en quelque sorte le symbole et le précurseur : ce que celui-ci fit à l’égard de la personne du Sauveur, celui-là le tentera contre son royaume.
Si la trahison de Judas a été l’objet d’une prévision divine, cela ne veut point dire que ce crime ne fût pas l’acte libre de sa volonté et qu’il n’en dut pas porter toute la responsabilité. Le mal une fois vivant dans son cœur, Dieu en dirigea les effets de manière que, selon son insondable sagesse, il en résulta le salut du monde.
Rien ne prouve mieux la liberté et la responsabilité de Judas que les nombreux avertissements que Jésus lui adressa jusqu’au dernier moment, afin de le ramener de son égarement et de le sauver. Si ce disciple les avait entendus et se fût repenti, même après son crime, il en aurait obtenu le pardon.
Ces deux vérités, la prescience de Dieu et la liberté morale de l’homme, nous paraissent être en contradiction, mais elles ne le sont nullement pour Dieu qui, aussi bien pour la réprobation que pour le salut, possède le moyen de concilier cette prescience avec cette liberté : il tient le milieu de cette chaîne dont nous ne voyons que les deux bouts.
Et de fait, dans la vie pratique, il n’est aucun homme qui, après avoir commis un acte mauvais, ne doive se dire : J’aurais pu l’éviter, si je l’avais voulu. Judas, malgré ce qu’il l’y a de mystérieux dans son existence, n’est point une exception (comparer Jean 6.64-70 ; Jean 13.11-18 ; Actes 1.16-20, note).
Verset 13
Il dit ces choses, il les prononce tout haut, dans le monde, pendant qu’il y est encore, afin que ses disciples, en les entendant, soient associés à sa joie.
Telle est la joie qui subsistera dans le cœur des disciples comme fruit de cette prière, même au milieu de leurs souffrances et de leurs dangers ; c’est là ce que Jésus appelle sa joie en eux (Jean 15.11, note).
Verset 14
La parole divine que Jésus a donnée à ses disciples (verset 8) les a séparés du monde et de la corruption qui y règne (verset 16), c’est pourquoi le monde les a pris en haine, de là le besoin pressant qu’ils ont d’être gardés (verset 12), préservés du mal (verset 15) ; de là aussi l’insistance de la prière de Jésus (Voir, sur cette haine du monde et sa cause, Jean 17.15.18 et suivants).
Verset 15
Les retirer du monde, les admettre dans la gloire où Jésus va entrer lui-même, serait leur épargner les combats et les souffrances qui les attendent, Jésus ne le demande pas, parce qu’ils ont leur œuvre à faire en ce monde ; mais ce qu’il demande à Dieu avec instance c’est, d’abord, qu’ils soient préservés du mal et ensuite, qu’ils soient sanctifiés (verset 17).
Quand il en sera temps, il les admettra dans son repos et dans sa gloire (verset 24).
Le mot grec que nous traduisons par du mal se présente, ici comme dans l’oraison dominicale (Matthieu 6.13), sous une forme qui rend incertain s’il est du genre neutre et signifie le mal, tout mal moral, ou s’il est du genre masculin, auquel cas il désignerait le malin, le diable.
Les interprètes se divisent entre ces deux sens. Luther, Calvin, Olshausen, Stier, Tholuck, Hengstenberg, M. Godet soutiennent le premier et nous partageons pleinement leur opinion. De Wette, Meyer, Reuss, MM. Weiss, Luthardt et d’autres, défendent le second.
Verset 16
Pour la seconde fois (verset 14), Jésus présente à Dieu cette considération qu’ils ne sont pas du monde, comme motif de la grâce qu’il va demander (verset 17).
Avec quel amour et quelle condescendance Jésus égale ses faibles disciples à lui-même comme n’étant pas du monde ! Sa charité couvre ce qui restait encore du monde en eux ; il le voit d’avance anéanti par la parole qu’il leur a donnée (Jean 17.8 ; Jean 15.3 ; Jean 13.10, note).
Il ne regarde qu’aux dons de sa grâce et oublie ce qui, en eux, y est encore opposé.
Verset 17
Beaucoup d’exégètes, pour expliquer ce mot : sanctifier, remontent à la signification qu’il a dans l’Ancien Testament : mettre à part de tout usage profane, consacrer entièrement à Dieu et à son service (comparez verset 19 et Jean 10.36) ; et ils appliquent ce mot, non à la personne des disciples, lui donnant son sens moral et intérieur, mais à leur vocation : Jésus demanderait qu’ils soient remplis de lumière, de force, de courage, de joie, d’amour dans leur activité (Meyer) ; en d’autres termes :
Cette interprétation est très vraie, mais pour qu’un serviteur de Dieu soit ainsi sanctifié dans sa vocation, il faut avant tout qu’il le soit lui-même intérieurement, qu’il soit purifié du péché et de toutes ses influences, car, sans cela, celles-ci souilleraient et ruineraient son activité.
Il faut donc maintenir à cette parole : sanctifie-les, à la fois les deux significations qu’on vient d’exposer.
On peut traduire : par la vérité, ce qui signifie que la vérité divine est le seul moyen de la sanctification ; ou dans la vérité (comparez verset 11), la vérité étant envisagée comme l’élément au sein duquel se respire et se réalise la sainteté.
Nous préférons, avec Meyer et Weiss, ce dernier sens, comme plus intime et plus profond.
Le texte reçu porte : ta vérité. Le pronom possessif a été probablement ajouté par analogie avec l’expression qui suit : ta parole. Il manque dans Codex Sinaiticus, B, A, C, D, Itala, Vulgate.
Il faut donc traduire : la vérité. Le sens reste le même, puisque Jésus ajoute immédiatement : ta parole est la vérité. Il entend cette parole divine qu’il a lui-même annoncée, donnée aux disciples (verset 14).
Mais quel est le but de cette dernière affirmation ? Ce n’est point d’expliquer ce qu’est la vérité, ni seulement de répéter que la parole divine est le moyen de la sanctification ; mais Jésus veut dire que ses disciples sont déjà dans la vérité, par cela seul qu’ils ont reçu et cru sa parole (Jean 17.6-8 ; Jean 17.14 ; Jean 15.3). Et c’est là encore un motif présenté à Dieu pour qu’il exauce cette prière.
Verset 18
Jésus allègue encore deux puissants motifs à l’appui de cette demande : sanctifie-les !
C’est, d’une part, qu’il les envoie dans le monde, ce monde qui sera rempli pour eux de tentations et de souffrances et d’autre part, que lui-même va accomplir pour eux la grande œuvre nécessaire à leur sanctification (verset 19).
Jésus dit : Je les ai envoyés, quoique formellement cet envoi des disciples n’ait eu lieu qu’un peu plus tard (Jean 20.21 ; Matthieu 28.19) ; mais il les considère comme ayant déjà reçu cette mission, du moment qu’il les y a appelés et leur a donné le titre « d’apôtres ; » (Luc 6.13 ; Matthieu 10.2 note) et d’ailleurs il les avait déjà réellement envoyés annoncer l’Évangile du royaume (Matthieu 10.5).
Il faut remarquer encore ce parallèle que Jésus établit ici entre l’autorité souveraine de Dieu, qui l’a envoyé, lui, dans le monde et l’autorité divine avec laquelle il dispose de ses disciples : moi aussi, je les envoie.
Verset 19
Que signifie cette parole profonde : Pour eux je me sanctifie moi-même ?
Celui qui, dans toute sa vie, fut saint et juste, n’a plus besoin de se sanctifier, dans le sens ordinaire de ce mot (Hébreux 7.26-27).
Cette expression : pour eux en leur faveur, pour leur salut (Jean 15.13 ; 1 Jean 3.16) montre clairement qu’il s’agit de la consécration absolue de lui-même que Jésus accomplit en s’offrant à Dieu en sacrifice par sa mort, dans laquelle il est, à la fois, sacrificateur et victime.
Ce terme de sanctifier, dans cette acception, est emprunté à l’Ancien Testament où il exprime habituellement l’idée d’offrir en sacrifice à l’Éternel (Exode 13.2 ; Deutéronome 15.19 ; 2 Samuel 8.11 ; comparez Romains 15.16 ; Hébreux 9.14).
Ce langage de l’écriture est parfaitement vrai, car tout être entièrement consacré à Dieu est saint, parce qu’il atteint par là même sa destination suprême. C’est ce que l’épître aux Hébreux exprime par ce mot profond : être consommé dans la perfection (Hébreux 5.9).
Et tandis que les sacrifices de l’Ancien Testament offraient l’idée de la sainteté, en types et en symboles, le sacrifice du Sauveur la produit en réalité, non seulement dans la personne du Sauveur lui-même, mais en tous ceux qui s’unissent à lui dans une communion vivante.
C’est pourquoi Jésus peut ajouter : afin qu’eux aussi soient sanctifiés en vérité.
Ce mot, appliqué aux disciples, doit s’entendre dans le sens complet que nous avons indiqué au verset 17. En effet, le sacrifice de Jésus-Christ n’est pas seulement, pour le croyant, la source de sa justification devant Dieu, mais encore de sa sanctification. Lui aussi, uni à son Sauveur par une foi vivante du cœur, se consacre à Dieu en sacrifice vivant et saint (Romains 12.1), il le suit jusqu’à la mort dans la voie du renoncement et du crucifiement du vieil homme, afin de revivre avec lui dans une vie nouvelle (Romains 6.3-8 ; 2 Corinthiens 5.14-15 ; Galates 6.14 ; Colossiens 3.1-4).
Sanctifiés en vérité, dit Jésus, c’est-à-dire véritablement, réellement, complètement (comparer 1 Jean 3.18, etc.).
Quelques interprètes traduisent : dans la vérité, comme au verset 17. Ce sens n’est pas inadmissible, mais peu probable. D’abord, parce que le mot vérité est sans article, ensuite parce qu’ici ce n’est pas la vérité en général qui est le moyen de la sanctification, mais bien le sacrifice de Jésus-Christ.
Verset 20
D’après tous les majuscules, le futur du texte reçu (croiront) doit être remplacé par le présent. Jésus, après avoir prié pour lui-même et pour ses apôtres, embrasse maintenant dans cette supplication tous ceux qui, dans l’avenir le plus éloigné, croiront en lui et seront sauvés ; mais il parle au présent (ceux qui croient), anticipant ainsi les temps heureux du triomphe de son œuvre et de son règne.
Le grand moyen par lequel ceux qui sont encore plongés dans les ténèbres de l’ignorance et de l’incrédulité seront amenés à la foi au Sauveur (en moi), c’est la parole des apôtres.
Témoignage éclatant rendu par le Seigneur Jésus lui-même à la vérité et à l’autorité divines de la parole apostolique : elle a la puissance de créer dans les âmes la foi qui les régénère et les sauve. Et de fait, toute l’Église chrétienne n’a connu Jésus-Christ et n’a cru en lui que par ce témoignage, qui conservera sa valeur jusqu’à la fin des siècles.
Verset 21
On peut, en admettant une inversion semblable à celle de Jean 13.34, construire ce verset comme suit : « Afin que tous ils soient un ; afin qu’eux aussi soient (un) en nous, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi… » (de Wette, Luthardt, Godet).
Dans ce cas le retranchement du mot un, dans la seconde proposition (B, C, D, Itala), se justifie tout à fait.
Le grand objet de la prière de Jésus pour son Église, c’est l’union de tous ses membres dans la communion du Père et du Fils (versets 21-23).
Cette union qu’il avait déjà demandée spécialement pour ses disciples (verset 11), il prie Dieu de la réaliser dans tous ses enfants ; ceux-ci doivent être un comme le Père et le Fils sont un, ils doivent être tous ensemble unis à Christ et par lui à Dieu. De là, ce mot profond : un en nous, qui élève tous les rachetés jusqu’à la gloire éternelle que Jésus leur a acquise (versets 22 et 24).
Cette partie de la prière du Sauveur nous révèle la nature de son Église. Il est venu pour unir, en les réconciliant avec Dieu les âmes que le péché avait divisées.
Le lien de cette union est le même que celui qui fait l’ineffable harmonie du Père et du Fils : Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi.
Mais cette union, fondée sur la communion avec Dieu par Christ, ne doit pas et ne peut pas rester invisible ; elle se manifeste nécessairement au dehors et c’est précisément cette sainte union des âmes, dans la foi et l’amour, qui doit être pour le monde lui-même un éclatant témoignage que Jésus est l’envoyé de Dieu.
C’est par elle surtout que les âmes sont attirées au Sauveur et croient en lui. Elle fut, en effet, dès les premiers âges de l’Église, le plus puissant moyen de persuasion pour le monde (Actes 2.46-47 ; Actes 4.32-33 ; Actes 5.11-14, etc.).
Aussi les exhortations à maintenir cette union des âmes dans l’amour, qui remplissent les écrits de Jean, reviennent elles également souvent sous la plume de l’apôtre Paul (Romains 12.4-6 ; 1 Corinthiens 12.12 et suivants, Éphésiens 4.1-6 ; Philippiens 2.1-5).
Verset 23
Qu’ils soient parfaitement un : grec accomplis ou consommés en un.
Jésus, sûr d’être exaucé, rappelle ici, comme aux versets 6 et 14, ce que déjà il a fait pour élever ses rachetés jusqu’à l’unité parfaite qu’il demande pour eux.
Et moi, dit il, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée.
Cette gloire, que les exégètes ont essayé d’expliquer de manières si diverses, n’est autre que la gloire éternelle, dont le Fils de Dieu est possesseur en sa qualité de Fils et en tant qu’il est l’objet de l’amour éternel du Père, la gloire dans laquelle il allait rentrer (versets 1, 5 et 24).
Il l’a donnée, non seulement révélée ou promise, mais déjà communiquée à ses rachetés en les rendant eux aussi les objets de l’amour de Dieu et en faisant d’eux des fils du Père.
Cette gloire est tout entière contenue en droit dans la parole de grâce qu’ils ont reçue (versets 14 et 17) et leur est assurée en vertu de la foi qui les unit à Jésus comme à leur Sauveur (Romains 8.17-29 ; Éphésiens 1.10) ; et Jésus va demander (verset 24) qu’à fa fin des temps, ils la possèdent pleinement en fait.
Or, cette gloire, qui renferme en elle la vie éternelle et implique la communion avec Dieu, constitue nécessairement l’unité que Jésus décrit si magnifiquement dans ces paroles. Christ vivant, pensant, aimant, agissant dans ses disciples, comme le Père vit, pense, aime et agit en lui, telle est l’unité parfaite des âmes avec le Sauveur et avec Dieu et par là même leur unité mutuelle.
Et ici encore Jésus fait ressortir l’influence profonde que cette vie divine et cet amour tout nouveau exerceront nécessairement sur le monde.
Il connaîtra et croira (verset 21) ces deux grandes vérités : d’abord, que Jésus-Christ est l’Envoyé, le représentant de Dieu même sur la terre et ensuite, qu’un tel amour répandu parmi les hommes ne peut être que l’effusion de l’amour de Dieu lui-même.
Il y a une révélation profonde de l’amour de Dieu pour de pauvres pécheurs dans cette parole : Tu les as aimés comme tu m’as aimé (verset 26, comp Éphésiens 1.6).
Et cette pensée pourrait se rendre par le présent : tu les aimes comme tu m’aimes, car Jésus ne parle au passé que parce qu’il a en vue le fait particulier par lequel Dieu a manifesté cet amour, quand il a tant aimé le monde que de donner son Fils unique (Jean 3.16 ; comparez Jean 15.9, note).
Verset 24
Jésus demande ainsi pour les siens la réalisation parfaite de cette gloire que déjà il a donnée à leur foi par sa parole (verset 22). Père, répète-t-il avec l’émotion croissante de sa prière. Et cette prière sera exaucée, car elle concerne ceux que le Père lui a donnés, tous ses rachetés (verset 20) et non pas seulement les premiers disciples, comme aux versets 9 et 11.
Ces mots si pleins d’amour pour les siens sont expressément placés en tête de la phrase comme motif à l’appui de sa prière. Et ici, le Fils de Dieu ne prie pas seulement il veut, d’une volonté qui est, comme toujours, en parfaite harmonie avec celle du Père, mais qui s’affirme ainsi d’une manière exceptionnelle, parce qu’en ce moment Jésus émet en quelque sorte une disposition testamentaire.
Sa « dernière volonté » est que là où il est (il parle au présent, par anticipation) eux aussi y soient avec lui.
Être là où il est, avec lui, c’est le ciel pour ceux qui l’aiment.
Ce doux et glorieux privilège, Jésus venait de le leur promettre comme consolation suprême (Jean 14.3) et maintenant il le demande à Dieu pour eux. Là ils contempleront sa gloire ; la contempler, c’est y avoir part (Jean 17.22 ; 1 Jean 3.2 ; Romains 8.17).
Ces derniers mots sont dans un rapport intime avec ceux-ci : la gloire que tu m’as donnée.
S’agit-il ici de la gloire du Fils de Dieu avant son incarnation, ou de cette gloire dans laquelle il allait rentrer après avoir accompli son œuvre ?
Les interprètes discutent cette question, les uns soutenant le premier sens, à cause de ce mot : tu m’as aimé avant la fondation du monde, les autres se déclarant pour la seconde signification, parce qu’il est évident que Jésus parle de la même gloire dont il vient de dire qu’il l’a donnée à ses disciples (verset 22) ; c’est elle qu’il désire leur faire contempler dans la perfection (verset 24) et dont il va reprendre possession (comparer Philippiens 2.9).
Mais, au fond, cette discussion nous paraît superflue ; il ne s’agit que d’une seule et même gloire considérée sous ces deux aspects, dans le passé et dans l’avenir. C’est exactement ainsi qu’au verset 5, le Sauveur redemande la possession de sa gloire, mais d’une gloire dont il jouissait « avant que le monde fût ».
Seulement, dans notre verset, cette dernière pensée est exprimée d’une manière plus intime qui nous révèle l’amour comme le lien de l’unité éternelle du Père et du Fils. En effet, Jésus exprime dans ce mot : tu m’as aimé, en même temps qu’il manifeste un profond amour filial, la conscience qu’il a de sa préexistence éternelle en ajoutant : avant la fondation du monde.
Verset 25
Avec le verset 24, la prière de Jésus pour son Église avait atteint le plus haut degré de sublimité, il ne pouvait rien demander de plus pour elle que la participation à sa gloire éternelle.
C’est pourquoi, jetant un regard en arrière, il revient, en finissant, à ses disciples, à leurs rapports avec Dieu, par opposition au monde (versets 6-8), et, faisant un appel à la justice divine, il attend d’elle l’exaucement de sa prière pour les siens.
Père juste ! dit-il avec un profond sentiment de cette perfection de Dieu, il est vrai que le monde reste volontairement dans l’ignorance et les ténèbres alors qu’il aurait pu te connaître (Jean 7.28 ; Jean 16.3) ; mais il n’en est pas ainsi de tous ; car moi, je t’ai connu par la communion intime où je vis avec toi (Jean 8.55), et, par moi, ceux-ci t’ont connu et ils savent que je suis ton Envoyé (verset 8), ton représentant au milieu d’eux.
C’est donc à ta justice, à ta fidélité que j’en appelle, pour que, en exauçant ma prière, tu achèves ton œuvre en eux.
Verset 26
Si les disciples ont connu Dieu (verset 25), c’est uniquement parce que Jésus leur a fait connaître son nom, expression de toutes ses perfections (versets 6-8) ; et cette lumière divine, il la fera plus encore resplendir dans leur âme par l’effusion du Saint-Esprit : et je le leur ferai connaître.
Le but suprême de tant de grâces (afin que) est que les disciples soient rendus participants de ce rapport ineffable d’amour qui unit le Père et le Fils (Jean 15.9 ; Romains 5.5) ; et que, par là même, leur communion avec le Sauveur soit complète : que je sois en eux (comparer Jean 14.20-23 ; Galates 2.20 ; Éphésiens 3.17).