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Friday, July 18th, 2025
the Week of Proper 10 / Ordinary 15
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Bible Commentaries
La Bible Annotée de Neuchâtel La Bible Annotée de Neuchâtel
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Ces fichiers sont dans le domaine public.
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Informations bibliographiques
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 40". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/commentaries/fre/neu/isaiah-40.html.
bibliography-text="Commentaire sur Isaiah 40". "La Bible Annotée de Neuchâtel". https://studylight.org/
Whole Bible (6)
versets 1-31
Plan du commentaire biblique de Esaïe 40
Introduction (chapitres 40 Ã 66)
Autant quâon en peut juger par les données que fournit lâantiquité, la prophétie communément appelée seconde partie dâÃsaïe (chapitres 40 à 66) a formé, dès les temps les plus anciens, une portion intégrante du livre de ce prophète. On voit par Luc 4.17â¯; Actes 8.30-34 quâil en était ainsi à lâépoque de Jésus-Christ. Nous pouvons remonter plus haut encore. Jésus, fils de Sirach, qui vivait selon les uns vers lâan 200, selon les autres vers lâan 300 avant Jésus-Christ sâexprime ainsi dans le chapitre 48 de son livreâ¯: Ãzéchias demeura ferme dans les voies de David, son père, selon lâenseignement dâÃsaïe, le prophète grand et fidèle dans sa vision. De son temps, le soleil recula et il prolongea les jours du roi. Puissant en esprit, il vit les choses dernières et il consola les affligés de Sionâ¯: il prophétisa ce qui devait arriver jusquâà la fin et les choses cachées avant quâelles fussent arrivées.
Le fils de Sirach veut évidemment caractériser dans ces mots les différentes parties du livre dâÃsaïeâ¯: les premiers chapitres, par le mot vision (allusion à Ãsaïe 1.1 et au chapitre 6)â¯; la partie historique (chapitres 36 à 39), par la mention du miracle du cadran, enfin, les expressionsâ¯: il vit les choses dernières, il consola les affligés de Sion, il annonça les choses cachées avant quâelles fussent arrivées, désignent clairement la dernière partie (chapitres 40 à 66)â¯; comparez Ãsaïe 40.1â¯; Ãsaïe 42.9â¯; Ãsaïe 48.5-7. Lâancienne Synagogue nâa jamais douté quâÃsaïe ne fût lâauteur de cette dernière partie du livre. Câest ce que prouve la tradition reçue parmi les Juifs et rapportée par lâhistorien Josèphe (Antiquités Judaïques, XI, 1, 2), dâaprès laquelle Cyrus rendit lâédit qui permettait aux Juifs de rentrer en Palestine après quâon lui eut montré les prophéties dâÃsaïe qui le concernaient. Cet édit, conservé, Esdras 1.2-3, paraît renfermer en effet une allusion positive à Ãsaïe 44.24 à 45.3. Jusquâaux temps modernes aucun doute ne sâest élevé, ni parmi les Juifs, ni parmi les chrétiens, sur lâauthenticité des diverses parties du livre dâÃsaïe, si lâon excepte lâopinion dâAbenesra, rabbin juif du 12e siècle, lequel tenait les chapitres 40 à 66 pour lâÅuvre de ce roi Jéchonias, qui fut pendant trente-sept ans captif à Babylone (2 Rois 25.27). Le fait que le Talmud place les grands prophètes dans lâordre suivantâ¯: Jérémie, Ãzéchiel, Ãsaïe, ne prouve pas que les collecteurs du canon aient douté de lâauthenticité de certaines parties du livre dâÃsaïe et les aient attribuées à des auteurs plus récents que Jérémie et Ãzéchiel. En effet, si lâordre indiqué dans le Talmud est suivi par les manuscrits français et allemands du texte (hébreu) de lâAncien Testament, dâautres autorités (les manuscrits espagnols, les Masorètes, les LXX et Josèphe) placent, ainsi que le font nos Bibles, Ãsaïe en tête. Lâordre adopté, par le Talmud sâexplique aisément par le fait que les rabbins tenaient Jérémie pour lâauteur du livre des Rois, livre qui, dans les Bibles hébraïques, précède immédiatement les prophètes. Jérémie avant été mis à la première place, on donna la seconde à Ãzéchiel, qui comme lui avait vécu au commencement de la captivité et prédit la ruine de Juda par les Chaldéensâ¯; et la troisième fut réservée à Ãsaïe, qui se trouva ainsi rapproché des autres prophètes de la période assyrienne (Osée, Amos, Michée). Lâargument que nous combattons aurait dâailleurs lâinconvénient de prouver tropâ¯: si une préoccupation chronologique avait présidé à lâarrangement indiqué par le Talmud, on en devrait conclure que non seulement la dernière partie dâÃsaïe. mais le livre tout entier était envisagé comme de date plus récente que ceux de Jérémie et dâÃzéchielâ¯; et dans ce cas on nâeût pu lâattribuer à Ãsaïe.
Câest depuis un siècle seulement que lâauthenticité de plusieurs portions du livre dâÃsaïe a été sérieusement contestée. Beaucoup de savants envisagent comme un fait désormais acquis, que les chapitres 40 à 66 et quelques autres morceaux (Ãsaïe 13.1 à Ãsaïe 14.23â¯; Ãsaïe 21.1-10â¯; chapitres 34 et 35) ont été composés vers la fin de la captivité de Babylone, ainsi près de deux siècles après le temps dâÃsaïe.
Les chapitres 24 à 27 sont aussi contestés à Ãsaïe, mais, selon nous, sans raisons suffisantes, Babylone nây est pas même nommée. Voir les notes Ãsaïe 25.10 et Ãsaïe 27.13.
Câest ici le lieu dâexaminer cette question importante. Nous nâavons nullement lâintention de la trancherâ¯; notre désir est simplement de placer les éléments du problème sous les yeux du lecteur et de le mettre à même de se former une opinion. Lâexposé que nous allons faire sera conçu dans un esprit de stricte impartialité. Il nous sera dâautant plus aisé de ne point nous en départir, que la question dont il sâagit relève à nos yeux de la seule critique historique et nâa pas lâimportance dogmatique et religieuse quâà première vue on serait tenté de lui attribuer. Le livre dâÃsaïe ne forme pas un tout arrangé selon un ordre systématiqueâ¯; câest un recueil de morceaux très divers, dont le plus petit nombre seulement est muni dâun titre portant le nom de ce prophète. La prophétie chapitres 40 à 66 est sans titre et ne se donne elle-même nulle part pour lâÅuvre dâÃsaïe. Nous ne voyons donc pas en quoi sa valeur serait diminuée, sâil était prouvé que ce nâest pas lui qui en est lâauteur. Ceux qui ont formé le recueil de ses Åuvres auraient sans doute commis une erreurâ¯; mais la prophétie dont nous parlons nâen resterait pas moins le plus remarquable des écrits prophétiques de lâAncien Testament. Nous estimons donc que lâautorité de lâÃcriture nâest point en jeu dans la question qui va nous occuper et qui est affaire non de foi, mais dâhistoire.
Le Nouveau Testament cite, il est vrai, souvent Ãsaïe chapitres 40 à 66 sous le nom dâÃsaïe (Matthieu 3.13â¯; Matthieu 8.17, Luc 4.17â¯; Jean 12.38, etc.)â¯; mais les écrivains du Nouveau Testament citent le livre dâÃsaïe tel quâil était entre leurs mainsâ¯; et leurs citations prouvent simplement que de leur temps les chapitres en question faisaient comme aujourdâhui partie de ce livre.
La principale raison qui porte un si grand nombre de savants à refuser à Ãsaïe la composition des chapitres 40 à 66, câest le fait que lâauteur de ce morceau, au lieu dâêtre placé dans les circonstances historiques de lâépoque dâÃsaïe, parle bien plutôt en homme du temps de lâexil. Il nâannonce plus la captivité, comme lâavait fait Ãsaïe (Ãsaïe 39.6)â¯; pour lui, la catastrophe appartient au passéâ¯; lâexil est le présent et la délivrance, lâavenir imminent. Jérusalem et le temple sont en ruines. Ãsaïe 64.10-11â¯: Tes villes saintes sont devenues un désertâ¯; Sion est devenue un désert et Jérusalem une solitudeâ¯; notre maison sainte et magnifique, où nos pères tâont loué, est devenue la proie du feuâ¦
Comparez Ãsaïe 44.28. Israël est dans lâoppression et privé de son héritage (Ãsaïe 49.6-9â¯; Ãsaïe 63.18-19â¯; comparez Ãsaïe 14.2-3â¯; Ãsaïe 21.10). Les ennemis sont les Chaldéens, lâAssyrien, auquel avait affaire Ãsaïe, a disparu câest sur Babel et sa chute que se concentrent les pensées du prophète (Ãsaïe 43.14â¯; chapitre 47â¯; Ãsaïe 48.20â¯; comparez chapitres 13 et 14â¯; Ãsaïe 21.9)â¯; câest aux exilés quâil sâadresseâ¯; sa tâche est de les consoler par la bonne nouvelle de la délivrance (Ãsaïe 40.1-2). Il souffre et se plaint avec eux des retards que subit le salut promisâ¯; et il vit tellement au milieu dâeux quâil dit nous en parlant dâeux et de lui et prie en leur nom pour obtenir lâaccomplissement des promesses (Ãsaïe 59.9-11â¯; Ãsaïe 63.7â¯; Ãsaïe 63.15 à 64.12). Dans dâautres passages, il annonce la délivrance comme très-prochaine, si prochaine quâil crie à Israëlâ¯: Sortez de Babylone (Ãsaïe 40.9â¯; Ãsaïe 48.20â¯; Ãsaïe 52.11â¯; comparez Ãsaïe 21.2). Le libérateur qui doit ramener Israël en Palestine a déjà paru sur la scèneâ¯; ses conquêtes sont décrites et son nom même est prononcé (Ãsaïe 41.2-3â¯; Ãsaïe 41.25â¯; Ãsaïe 44.28). Ne semble-t-il pas résulter de tout cela que notre auteur nâa pu vivre quâau temps de la captivité et quâil ne saurait par conséquent être le prophète Ãsaïe, qui vivait plus de cent ans avant la ruine de Jérusalemâ¯? Se pourrait-il, si ce dernier était lâauteur de la prophétie, quâil ne se rencontrât sous sa plume aucune allusion aux circonstances de son temps et que, en revanche, 150 ans avant lâapparition de Cyrus, il lâeût désigné par son nomâ¯?
Le fait est exactâ¯: câest bien aux exilés que lâauteur parle et câest sans raison quâon lâa quelquefois contesté et quâon a cru voir dans les reproches quâil adresse à ses lecteurs relativement à lâidolâtrie et dans la polémique à laquelle il se livre contre le paganisme (voyez Ãsaïe 44.9-20â¯; Ãsaïe 46.1-13â¯; Ãsaïe 48.5â¯; Ãsaïe 65.3-5â¯; Ãsaïe 65.11â¯; Ãsaïe 66.17), une preuve quâil écrivait avant la dispersion du peuple. Rien ne démontre quâIsraël ait été subitement guéri par cette catastrophe de son penchant à lâidolâtrieâ¯; il paraît plutôt résulter de Ãzéchiel 20-38 que les exilés se livraient encore aux pratiques païennes que les anciens prophètes avaient reprochées à leurs pères.
Ce rôle de consolateur, que lâauteur des chapitres 40 à 66 remplit à lâégard du peuple de lâexil, est certainement étrange, si câest Ãsaïe qui tient la plume. Remarquons toutefois, en premier lieu, que la pensée des malheurs du peuple captif en Babylonie ne peut avoir été étrangère à Ãsaïe, puisquâil avait prédit lui-même la déportation de Juda à Babylone (Ãsaïe 39.6)â¯; prédiction qui a son parallèle dans la prophétie Michée 4.10â¯: Sois en travail et crie, fille de Sion, comme celle qui enfanteâ¯; car maintenant tu sortiras de la ville et tu iras jusquâà Babyloneâ¯; là tu seras délivréeâ¯; câest là que lâÃternel te rachètera des mains de tes ennemis.
Les prophètes contemporains dâÃsaïe ont donc déjà compris que la captivité de Juda ne devait pas avoir pour théâtre lâAssyrie, comme celle des dix tribus. Et comment en eût-il été autrement dâÃsaïe lui-même, qui tant de fois avait annoncé la destruction de la puissance assyrienneâ¯?
Et cela par les Chaldéens, si nous avons bien compris le passage Ãsaïe 23.13.
Ce que nous savons aujourdâhui de la grandeur déjà formidable de Babel à cette époque, nous prouve au reste que les prédictions dâÃsaïe et de Michée, relatives à la captivité de Babylone, avaient dans les circonstances de leur temps un point dâattache historique plus que suffisant.
Une seconde remarque à faire, câest que les prophètes ne doivent pas être jugés comme des écrivains ordinaires. Lâinspiration les élève au-dessus de leur état naturel. Le plus souvent, câest sous forme de vision que lâavenir leur est révélé et ils sây trouvent si vivement transportés quâil devient pour eux le présent, quelquefois même le passé et quâils sâadressent à des personnages futurs comme sâils étaient là devant leurs yeux. Câest ainsi que Michée parle de la ruine de Jérusalem comme dâun événement présent, passé même (Michée 4.8-10, 7.8-13)â¯: Si je suis tombée, sâécrie Sion, je me relèveraiâ¯; si jâai été couchée dans les ténèbres, lâÃternel mâéclairera.
Le livre dâÃsaïe, dans ses parties incontestées, offre de nombreux exemples de ce genre dâanticipation (Ãsaïe 5.26-30â¯; Ãsaïe 8.23 à Ãsaïe 9.6â¯; Ãsaïe 23.1-18â¯; etc.). Câest par une sorte de vision que débute également la dernière partie. Le prophète, saisi tout à coup par lâinspiration, entend une voix (Ãsaïe 40.3â¯; Ãsaïe 40.6). Cette forme de la vision, quoique rare dans son écrit, y reparaît pourtant (voir surtout Ãsaïe 63.1-6).
Ce qui fait qui difficulté spéciale dâÃsaïe chapitres 40 à 66, câest que ce phénomène dâanticipation prophétique, dont nous venons de parler, se prolongerait ici durant vingt-sept chapitres et deviendrait le point de départ de discours et de réflexions qui nâont rien de commun avec lâétat dâextase. Cela est-il psychologiquement possibleâ¯? La difficulté est au moins atténuée, si lâon envisage quelle est la pensée essentielle de lâauteur de cet ouvrage. Bien que le retour de la captivité y occupe une très grande place, ce retour nâest pourtant pas le point de mire unique ou principal du prophète. Son regard est dirigé, comme celui de tous les autres voyants, sur la consommation finale du règne de Dieuâ¯: et celle-ci ne pouvant être amenée que par le moyen dâIsraël, le prophète doit parler spécialement de son retour comme condition du glorieux avenir qui sâouvre pour lui et pour toute lâhumanité. Ce vaste coup dâÅil ne convient-il pas à un homme qui, comme Ãsaïe, voyait de haut et de loin les grands châtiments et la grande délivrance, mieux peut-être quâà un auteur qui aurait vécu dans lâhorizon restreint tracé par ces circonstances mêmesâ¯?
La mention de Cyrus reste le fait le plus difficile à expliquer. Il est évident que, pour quiconque nâadmet pas de communications surnaturelles entre lâEsprit de Dieu et lâesprit des prophètes, ce seul argument emporte la question. Si lâon réduit la prophétie à de simples prévisions reposant sur les grandes idées qui formaient le fond de la conscience religieuse dâIsraël, toute prédiction positive de lâavenir devient impossible et il est superflu de discuter la question de savoir si Ãsaïe a pu écrire la prophétie chapitres 40 à 66. Au point de vue auquel nous nous plaçons, ce fait est encore si extraordinaire, bien quâil ne soit pas sans analogue (1 Rois 13.2), que lâon comprend les doutes quâil suscite. Il sâagirait de savoir, dâabord, si lâinspiration prophétique peut aller jusquâà ce point de précision. Câest, pour ainsi dire, une question de degré dans le surnaturel. Mais qui voudrait fixer les limites que la révélation ne peut dépasserâ¯? Il sâagirait de savoir, de plus, si le personnage de Cyrus occupe dans lâhistoire du règne de Dieu une place assez importante pour que son nom ait été révélé à Ãsaïe comme lâun des traits du tableau de lâavenir quâil contemplait.
Pour éluder la difficulté, on a prétendu que Korès (Cyrus) nâétait pas un nom propre, mais un appellatif, signifiant soleil, qui aurait servi de titre aux rois de Perse (Comme Pharaon à ceux dâÃgypte). Mais rien ne prouve lâexistence dâun pareil titre et on sait aujourdâhui que le nom persan de Cyrus (Kuru ou Kurus) nâa rien de commun, sinon une vague analogie de son, avec le mot qui désigne le soleil dans cette langue.
Nous avons admis, dans ce qui précède, que le présent, idéal ou réel, dans lequel se meut le prophète, est celui de la captivité. Il y a cependant quelques passages qui paraissent ne pas convenir à lâépoque de lâexil, ou qui semblent présenter ce châtiment comme encore à venir. Ainsiâ¯:
Nous laissons de côté les passages où lâauteur prouve par lâaccomplissement des prophéties la divinité de Jéhova. Il ne nous paraît pas quâon en puisse tirer un argument positif en faveur de lâauthenticité. Voir du reste lâexplication de ces passages.
Nous abordons maintenant un autre ordre de difficultés. Lâauteur de la dernière partie dâÃsaïe a sur le développement du règne de Dieu des vues assez différentes de celles que renferme la première partie. Nous ne relèverons ici que le point le plus important, lâidée du Messie. Ãsaïe (particulièrement dans les chapitres 1 à 12) attend lâapparition dâun Christ, fils de David, qui vaincra les païens et restaurera le trône de son aïeul. Lâauteur des chapitres 40 à 66 ne parle plus dâun roi théocratique visible. Câest de Jéhova lui-même quâil attend la venue (Ãsaïe 40.5â¯; Ãsaïe 40.9-10â¯; Ãsaïe 64.1â¯; comparez Ãsaïe 35.2â¯; Ãsaïe 35.4). Pour réaliser ses desseins, le Seigneur emploiera, dâune part, Cyrus, quâil appelle son oint, son pasteur et qui fera sortir Israël de Babylone (Ãsaïe 44.28â¯; Ãsaïe 45.1), et, de lâautre, un personnage inconnu comme lui à lâÃsaïe des premiers chapitres, le serviteur de Jéhova, qui expiera par ses souffrances les fautes de son peuple et répandra parmi les Gentils la connaissance du vrai Dieu (Ãsaïe 42.1-6â¯; Ãsaïe 49.1-7â¯; Ãsaïe 52.13 à 53.12).
Cette diversité de points de vue prouve quâil faut placer en tout cas un développement important de lâidée messianique entre la première et la dernière partie du livre dâÃsaïe. Mais la différence ne doit pas être exagérée et pour notre part nous ne la croyons pas telle quâelle soit inconciliable avec lâidentité dâauteur. En effet, si le nom du Messie-Roi a disparu, lâidée ne sâen retrouve pas moins dans les chapitres 40 à 66. Le serviteur de lâÃternel, dâabord humilié, doit finir par occuper la même place que le Roi glorieux dâÃsaïe chapitres 9 et 11â¯: il régnera sur les nations, jugera les peuples, recevra les hommages de leurs rois (Ãsaïe 42.4â¯; Ãsaïe 49.6-7â¯; Ãsaïe 52.13-15â¯; Ãsaïe 53.12). Et, dâautre part, la première partie présente certains traits qui évidemment préludent à lâidée du serviteur telle que la développe la dernière partie. Comparez Ãsaïe 53.2 avec Ãsaïe 4.2 (le germe de lâÃternel) et Ãsaïe 9.1 (le rejeton sortant du tronc coupé de David).
Voir encore, sur ce sujet, nos remarques à la fin du chapitre 53. Quant aux tableaux de la gloire future dâIsraël, ceux de la première partie, quoique moins développés que ceux de la seconde, ne sont en réalité pas moins brillants. Comparez Ãsaïe 41.18-20â¯; Ãsaïe 49.10â¯; Ãsaïe 54.11-14â¯; Ãsaïe 60.1-22â¯; Ãsaïe 65.17-25 (Ãsaïe 35.1-10) avec Ãsaïe 2.2-4â¯; Ãsaïe 11.1-9, Ãsaïe 11.15â¯; Ãsaïe 30.26â¯; Ãsaïe 33.20-24.
Le rôle attribué aux païens dans lâépoque messianique est le même dâun bout à lâautre du livre. Comparez Ãsaïe 45.14â¯; Ãsaïe 49.22-23â¯; Ãsaïe 60.3-16â¯; Ãsaïe 61.5-6â¯; Ãsaïe 66.18-23 (Ãsaïe 14.1-2), avec Ãsaïe 2.2-4â¯; Ãsaïe 11.10-11â¯; Ãsaïe 18.7â¯; Ãsaïe 19.18-25â¯; Ãsaïe 23.18.
Il convient de rappeler ici le nom de Saint dâIsraël, qui est un des traits caractéristiques du livre tout entier (voir Ãsaïe 1.4, note).
Le style et la langue du livre dâÃsaïe soulèvent aussi quelques difficultés. Le ton général des chapitres 40 à 66 est autre que celui de la première partie. Les développements sont plus abondants et plus calmesâ¯; le style, moins imagé, plus ample et plus coulant, nâa pas cet imprévu, cette concision allant parfois jusquâà lâobscurité, qui frappent dans les prophéties des chapitres 1 à 33. Mais, à côté de ces différences, on observe aussi des analogies bien remarquablesâ¯: telle page de la dernière partie semble ne pouvoir être sortie dâune autre plume que de celle dâÃsaïe.
Le morceau Ãsaïe 13.1 à 14-23, aussi a des beautés littéraires hors ligne et est de tout point digne dâÃsaïe. On nâaurait jamais songé à lui contester la prophétie Ãsaïe 21.1-10, sâil nây était question de Babyloneâ¯; comparez en effet Ãsaïe 21.2, Ãsaïe 21.6-7, avec les versets 11 et 12â¯; Ãsaïe 22.6-7.
Le même auteur peut dâailleurs avoir des genres bien différents et il est difficile de dire jusquâoù cette variété a pu aller, chez un écrivain dâun génie aussi riche, aussi souple, que celui dâÃsaïe, pendant un ministère qui nâa pas duré moins de soixante années. Si enfin il est lâauteur de la prophétie chapitres 40 à 66, il doit lâavoir composée dans le recueillement du cabinet et tout à la fin de sa vie, alors quâà la suite de la tourmente assyrienne, le calme sâétait fait pour lui et pour Juda, ainsi dans des circonstances bien différentes de celles où il prononçait les brûlantes harangues de la première partie.
Quant à la langue de la seconde partie, comparée à celle de la première, elle présente quelques différences desquelles on a tiré un argument contre lâidentité des auteursâ¯; cependant la langue de ces deux parties offre dâautre part des analogies si marquées que lâon pourrait en faire un argument en sens inverse. Il nous paraît difficile dâen rien conclure dans un sens ou dans un autre.
On a fait observer que les chapitres 40 à 66 renferment un nombre considérable dâexpressions nouvelles (on en a compté 79). Mais il nây en a pas moins dans la première partie (77 dans les chapitres 1 à 12). Quelle conclusion peut-on tirer de là â¯?
On a relevé aussi, dans la dernière partie, des mots qui paraissent étrangers à lâépoque dâÃsaïe. Un seul exemple montrera combien on doit être prudent en pareille matière. Il est démontré aujourdâhui par les inscriptions que le mot seganim (princes, Ãsaïe 41.25), tenu jadis, pour un mot persan, appartient à la langue assyrienne.
Citons encore une remarque intéressante qui a été faite, câest celle de la parenté extraordinaire dâidées, de style et de langue qui existe entre le chapitre 1 dâÃsaïe et les chapitres 40 à 66. Comparez, par exempleâ¯:
Nous ne citons que les rapprochements les plus importants.
Nous avons, croyons-nous, fidèlement exposé les objections contre lâopinion traditionnelle, qui attribue la dernière partie du livre à Ãsaïe, aussi bien que les raisons qui peuvent atténuer la valeur de ces objections. Nous devons encore indiquer ici deux considérations qui parlent en faveur de la tradition.
On sâexplique difficilement lâapparition dâun écrivain capable de produire un livre tel que la dernière partie dâÃsaïe, pendant la captivité de Babylone. Il ne suffit pas de parler du grand inconnu pour avoir résolu le problème. On comprendrait le nom dâun génie, même pareil à lâauteur du livre de Job, par exemple, se perdant dans lâéclat dâun grand règne comme celui de Salomon, mais que lâauteur dâun ouvrage tel quâÃsaïe chapitres 40 à 66, lâun des produits les plus parfaits de la langue hébraïque, naisse et demeure inconnu dans un siècle dâaffaissement comme fut celui de lâexil, câest ce qui est vraiment incompréhensible. Les écrivains de ce temps-là et de celui qui a immédiatement précédé, Jérémie, Ãzéchiel, Daniel, Aggée, Zacharie, représentent visiblement une époque de décadence littéraire. Que lâon compare leurs ouvrages, écrits dans un style généralement prosaïque, avec celui qui nous occupe et lâon reconnaîtra que lâauteur de ce dernier est, selon toutes les apparences, infiniment plus rapproché quâeux de lâépoque classique de la littérature israélite.
Si le nom de cet auteur reste un mystère dans le point de vue de lâinauthenticité, il faut remarquer de plus que les savants qui adoptent ce point de vue ne sont pas dâaccord sur le lieu et le temps où il a composé sa prophétie. Selon les uns, il a écrit à Babyloneâ¯; selon dâautres, à Jérusalem, ou même en Ãgypte. Les uns, frappés du cachet dâunité qui marque son ouvrage, nâadmettent pas quâil ait pu être composé en plusieurs fois et pensent quâil a dû être écrit tout entier la même année et avant la prise de Babylone par Cyrus. Dâautres croient y discerner les traces dâépoques différentesâ¯; mais ils ne sâaccordent pas sur la manière de répartir entre ces époques les divers morceauxâ¯; ce qui, comme lâobserve M. Reuss, tendrait à prouver que leur opinion est mal fondée.
Le second point dont nous devons dire un mot, ce sont les rapports qui existent entre la dernière partie du livre dâÃsaïe et plusieurs auteurs postérieurs à ce prophète. Il sâagit particulièrement de Nahum, de Sophonie et de Jérémie. Ces rapports ne sauraient être accidentels. Il est indubitable que, dans une foule de cas, lâun des écrivains a cité ou imité lâautre. Si la question de priorité pouvait être résolue, sans laisser place à aucun doute, en faveur du morceau chapitres 40 à 66, il est clair que cet argument trancherait sans réplique la question de savoir si Ãsaïe est lâauteur de cet ouvrage. Mais des questions semblables sont trop délicates pour quâà toute rigueur on ne puisse les résoudre dans un sens comme dans lâautre. Cependant une étude impartiale laisse lâimpression quâÃsaïe chapitres 40 à 66 est plutôt lâoriginal que lâimitation. Et cet argument en faveur de lâauthenticité de ce morceau nous paraît être un des plus forts.
Nahum a prophétisé vers 660, moins dâun demi-siècle après Ãsaïe. Entre autres rapprochements à signaler, il faut comparer dans son livre Nahum 3.7â¯; Nahum 3.10 avec Ãsaïe 51.19-20 et surtout Nahum 1.15 (dans les Bibles hébraïques Nahum 2.1) avec Ãsaïe 52.7â¯; Ãsaïe 52.1. Ces deux derniers passages sont combinés dans le texte de Nahum de telle façon que la priorité, dâÃsaïe semble sâimposer.
Jérémie et Sophonie ont, au plus haut degré, entre tous les prophètes, la particularité de citer ou dâimiter leurs devanciers. Leur texte combine parfois deux passages différents de la seconde partie dâÃsaïe, ou même, ce qui est plus remarquable, un passage de celle-ci avec un de la première partie.
Ce cas se présente dans Sophonie 3.10â¯; comparez Ãsaïe 66.20â¯; Ãsaïe 18.1â¯; Ãsaïe 18.7.
Lâauteur dâÃsaïe chapitres 40 à 66 a du reste infiniment plus de puissance créatrice et de souffle poétique que ces deux prophètes. Il est bien difficile de ne pas admettre que ce sont eux qui lâont imité et non lâinverse.
Comparez, entre autres passagesâ¯:
Ce qui est plus frappant que ces parallèles de détail, ce sont des morceaux comme Jérémie 10.1-16â¯; Jérémie 30.10 et suivants, comparés à Ãsaïe 44.9-20â¯; Ãsaïe 45.7â¯; Ãsaïe 42.13-14â¯; Ãsaïe 43.1, etc. On nâéchappe à la conviction que Jérémie a imité le livre dâÃsaïe, quâen supposant que des passages empruntés à la seconde partie dâÃsaïe ont été intercalés dans le texte de Jérémie. Câest ce quâil faudrait admettre surtout pour les chapitres 50 et 51 de ce prophète, qui sont une véritable mosaïque de citations tirées dâÃsaïe chapitres 13, 14 , 21, 34, 40 et suivants. Cette hypothèse est, il faut lâavouer, bien peu naturelle.
Il faut mentionner encore une curieuse parole du prophète Zacharie, qui vivait à lâépoque du retour de lâexil. Faisant allusion à un passage de la prophétie Ãsaïe chapitres 40 à 66, il dit que ce sont là les paroles prononcées par les prophètes, lorsque Jérusalem était habitée et paisible, avec ses villes à lâentour et lorsquâon habitait vers le midi et dans la plaine. Comparez Zacharie 7.5-10 et Ãsaïe 58.3-7.
En présence des faits que nous venons dâexposer, on jugera sans doute quâil est téméraire dâaffirmer, comme le fait M. Reuss (Prophètes, tome II, page 219), queâ¯: dans aucun des successeurs de lâancien Ãsaïe, on ne trouve la moindre trace dâune connaissance quelconque des prophéties dont nous nous occupons et que cela est surtout vrai à lâégard de Jérémie. Lâaffirmation contraire serait évidemment tout aussi légitime que celle-là .
M. Reuss nâa pas dâautre preuve à donner de son assertion que celle-ciâ¯: Jérémie, malmené par ses concitoyens pour avoir prédit la ruine de Jérusalem, nâen appelle pas, pour se justifier, à la grande prophétie de la dernière partie dâÃsaïe et ses amis ne trouvent à citer en sa faveur quâun passage de Michée (Jérémie 16.1-21)â¯; donc le morceau Ãsaïe chapitres 40 à 66 nâexistait pas de son temps. Mais on pourrait avec tout autant de raison conclure de cette histoire contre lâexistence à cette époque de toutes les prophéties plus anciennes qui annonçaient la ruine de Juda (celles dâAmos, dâOsée, dâÃsaïe chapitres 1 à 33).
Il est temps de conclure. Comme on lâa vu, lâopinion traditionnelle, qui attribue à Ãsaïe la prophétie chapitres 40 à 66, soulève de graves objectionsâ¯; mais elle peut aussi faire valoir des raisons sérieuses en sa faveur. Les arguments pour et contre ne nous ont paru être, ni les uns ni les autres, absolument décisifsâ¯: ils se balancent, pour ainsi dire. Dans cette incertitude, il nây a pas de motif péremptoire pour abandonner le point de vue traditionnel et câest de ce point de vue que nous partirons dans lâexplication des prophéties qui vont suivre. Dâune manière générale, il est du reste à peu près indifférent pour lâinterprétation que la question de lâauteur soit résolue dans un sens ou dans lâautre, puisque, en tout cas, le présent, réel ou idéal, où se place le prophète, est celui de la captivité.
Il nous reste à jeter, en terminant, un coup dâÅil sur le contenu des prophéties que nous allons étudier. La pensée du prophète ne sây développe pas selon un ordre rigoureusement systématiqueâ¯; les mêmes idées reviennent fréquemment. Cependant les différents morceaux se répartissent assez distinctement en quelques groupes, dans chacun desquels domine lâune des idées fondamentales de cette prophétie et lâon peut ainsi constater un progrès dâune partie à lâautre.
Le prophète a constamment devant les yeux le but final des voies divinesâ¯: le règne de Dieu pleinement réalisé. Câest à la lumière de ce terme glorieux quâil considère la misère présente de son peuple et lâobscurité qui règne encore dans le monde païen. Comme on lâa dit, il lit, pour ainsi dire, le livre de lâhistoire, en reculant de la fin au commencement. Son regard est essentiellement et avant tout dirigé sur la consommation dernière des promesses divinesâ¯; et dans chaque événement particulier qui la prépare, il voit poindre déjà la rédemption finale. Dès le début de la prophétie (chapitre 40), il place ce terme suprême sous les yeux dâIsraël, dans le but de le consolerâ¯; et câest de là quâil revient en arrière pour parcourir les diverses phases à travers lesquelles la réalisation de cet avenir doit être acheminée dans lâhistoire. Ces phases sont au nombre de trois et chacune dâelles remplit lâune des trois parties dont se compose notre prophétie.
La première est la délivrance de la captivité de Babyloneâ¯; elle forme lâobjet principal des neuf premiers chapitres (40 à 48). Le point central auquel convergent ici toutes les promesses, est lâapparition de Cyrus, lâagent prédestiné pour la destruction des faux dieux. Sa victoire sur les Chaldéens idolâtres qui oppriment Israël est le triomphe de lâÃternel sur les idolesâ¯; aussi toute son Åuvre est-elle représentée comme une manifestation décisive de la puissance et de la divinité de Jéhova. Lâidée de cette première partie peut donc se formuler ainsiâ¯: la gloire de Jéhova dans la défaite de Babylone et de ses dieux de néant et dans la délivrance de son peuple.
Le retour de lâexil nâest pas le salut completâ¯; il en est seulement le point de départ et la conditionâ¯: il faut que le peuple, extérieurement restauré, soit aussi moralement transforméâ¯; câest cette rédemption spirituelle dont la pensée remplit la seconde série de discours (chapitres 49 à 52). Ici, le premier plan est occupé par un personnage dont la figure nâavait eu quâune place secondaire dans la première partieâ¯: le serviteur de lâÃternel, qui sera lâinstrument de cette Åuvre nouvelle, comme Cyrus avait été celui de la délivrance de Babylone. Le prophète contemple la personne, lâactivité, les humiliations, lâélévation du serviteur et proclame le salut assuré à Sion par son ministère. Le centre de toutes ces prophéties est le chapitre 53, qui se trouve placé précisément au milieu non seulement de ce morceau, mais de toute la prophétie des chapitres 40 à 66.
Dans le troisième groupe de discours (chapitres 58 à 66), le prophète presse dâabord le peuple dâaccepter le salut gratuit qui vient de lui être présenté puis, continuant à mêler les exhortations aux promesses, il déploie devant lui dans des tableaux dâune éblouissante fraîcheur la gloire réservée à la Sion de lâavenir et au vrai Israël qui lâhabitera. Ici, les deux aspects, temporel et spirituel, du salut, qui dominaient lâun dans la première partie, lâautre dans la seconde, se trouvent réunisâ¯: la gloire finale consomme à la fois la délivrance temporelle et la rédemption spirituelle du peuple de Dieu.
La division en trois groupes, telle nous venons de lâindiquer, est assez clairement marquée par le prophète lui-même. En Ãsaïe 48.22 et Ãsaïe 57.21 se lisent ces parolesâ¯: Il nây a point de paix pour les méchants. Et la prophétie se termine (Ãsaïe 66.24) par celles-ci, qui expriment la même pensée sous une autre formeâ¯: Ils sortiront et verront les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moiâ¯; car leur ver ne mourra pas et leur feu ne sâéteindra pas et ils seront en horreur à , toute chair.
Cette triple répétition de la même pensée, et cela, deux fois dans les mêmes termes, ne saurait être accidentelleâ¯: elle forme évidemment une sorte de refrain, qui appose comme un point final au terme de chacune des trois parties.
La gloire de Jéhova, de son serviteur et de son peuple (chapitres 40 à 48)
Chapitre 40 â La certitude du salut promis à Israël
Ce chapitre forme lâintroduction de la grande prophétie chapitres 40 à 66. Le ton général de toute cette prophétie ressort dès les premiers motsâ¯: câest celui de la consolation. à lâaffliction présente va succéder le plus glorieux salut (versets 1 à 11). Ce salut est assuré, puisque celui qui le promet est le Dieu infiniment grand, devant qui les dieux des païens ne sont que néant (versets 12 à 26). QuâIsraël se console donc et reprenne confiance (versets 27 à 31)â¯!
Verset 1
Le salut promis (1-11)
On peut envisager les versets 1 et 2 comme le texte des discours qui vont suivre, chapitres 40 à 66â¯: le temps de la délivrance est venuâ¯; Dieu donne ordre à ses prophètes dâannoncer cette bonne nouvelle à son peuple captif. La délivrance, résumée dans ces deux versets, ne comprend pas seulement le retour de lâexilâ¯; les tribulations dâIsraël nâont pas cessé avec ce retour et lâallégresse qui a suivi nâa pas été lâallégresse éternelle (Ãsaïe 35.10). Le retour de Babylone nâest aux yeux du prophète que le premier acte de la restauration complète dâIsraël. Comme un homme qui contemple les objets de loin, il voit tout en raccourci. Le temps qui sépare le rétablissement extérieur de la gloire finale nâexiste pas pour lui, ni en général pour les prophètes. Il voit donc la délivrance complète, finale, succéder immédiatement au retour de Babylone, qui en est la condition et lâacheminement. La grâce quâil promet nâest rien moins que lâarrivée glorieuse de Jéhova au milieu de son peupleâ¯; mais cette grâce embrasse et suppose nécessairement le retour de lâexil.
Consolez⦠comparez Ãsaïe 49.13â¯; Ãsaïe 51.3â¯; Ãsaïe 66.13, etc.
Dieu dit mon peuple et non plus, comme précédemment, ce peuple (Ãsaïe 6.9â¯; Ãsaïe 28.11)â¯; car le temps du rejet a cesséâ¯; Dieu renoue par sa grâce le lien quâavait rompu lâinfidélité du peuple (Ãsaïe 54.6-8).
Verset 2
Parlez au cÅur de⦠Câest lâexpression qui est appliquée à Joseph quand il rassure ses frères après la mort de Jacob (Genèse 50.21), comparez Osée 2.14.
Le terme rendu par service signifie service militaire, puis en général servitude, travail, souffrance (Job 7.1). Il désigne ici la captivité de Babylone. Comparez Ãsaïe 14.3.
Le double pour tous ses péchés. La loi ordonnait (Exode 22.4-9) quâen cas de dommage causé au prochain, la réparation fût le double de lâobjet enlevé ou gâtéâ¯; car, outre le dommage et ses conséquences, il y avait à réparer la faute commise. La simple restitution ne pouvait passer pour une expiation. Comparez Jérémie 16.18â¯; Job 42.10. Rendre au double équivaut ainsi à notre expressionâ¯: rendre capital et intérêts. Le sens est doncâ¯: Je tâai traitée selon la stricte justiceâ¯; maintenant ma grâce va reprendre son cours.
Verset 3
Le prophète entend, en vision, une voix qui annonce la proximité du salut. Cette voix inconnue vient évidemment du ciel (comparezâ¯: la bouche de lâÃternel a parlé, verset 5)â¯; câest lâemblème de la révélation par laquelle le plan de Dieu est communiqué au prophète. En Orient, un héraut est envoyé devant le souverain qui voyage, afin que la voie lui soit préparée (Malachie 3.1). De même, une route doit être frayée, pour que lâÃternel puisse arriver en souverain chez son peuple (verset 3). Le salut réclame une préparationâ¯: il faut que les obstacles qui sâopposent à sa réalisation soient enlevés (verset 4).
Câest par le désert que la route doit être frayée. De quel désert sâagit-ilâ¯? Le prophète fait sans nul doute allusion à ce grand désert de Syrie que les Juifs devaient traverser pour revenir de Babylonie en Palestine. Le retour de la captivité, dont la délivrance dâÃgypte est le type, est constamment dépeint comme sâaccomplissant à travers le désert (Ãsaïe 11.15â¯; Ãsaïe 11.16â¯; Ãsaïe 43.19-20â¯; Ãsaïe 48.20-21â¯; comparez Ãsaïe 35.1â¯; Ãsaïe 35.6-8). Mais la pensée du prophète déborde infiniment ce cadre restreint dâun voyage matériel au travers du désert. Il nây a dans le désert de Syrie ni montagnes, ni précipices (verset 4)â¯; et il sâagit ici dâune manifestation de lâÃternel non à Israël seulement, mais à toute chair (verset 5)â¯; or, le retour de la captivité a été ignoré de la plus grande partie de lâhumanité. Ce retour et le passage par le désert sont donc ici simplement la palette à laquelle le prophète emprunte ses couleurs pour peindre lâenlèvement de tous les obstacles extérieurs et intérieurs, politiques et moraux, qui sâopposent à la pleine révélation de Dieu à Israël et au monde entier. Aussi ne sommes-nous point étonnés de voir le précurseur de lâapparition suprême de Jéhova dans la personne du Christ, Jean-Baptiste, appliquer ces images à son propre ministèreâ¯; il a rempli, en effet, auprès dâIsraël le rôle attribué ici à la voix céleste, en invitant le peuple à préparer spirituellement le chemin à lâÃternel, prêt à se manifester dans le Messie. Comparez Matthieu 3.3 et parallèles.
Verset 4
La terre doit être mise en état de recevoir la visite de son Dieu. Les puissants de ce monde, comme les Chaldéens, qui oppriment le peuple de Dieu, doivent être abattus et humiliés, les faibles, au contraire, comme Israël, relevés et restaurés, le droit rétabli par le jugement qui égalise tout. Câest là le sens des images de la montagne à aplanir, de la vallée à combler. Lâidée de la puissance ou de la richesse est fréquemment associée dans lâAncien Testament avec celle de la violence ou de lâorgueil, comme celle de la faiblesse et de la pauvreté, avec celle de lâhumilité. Comparez les cantiques dâAnne et de Marie (1 Samuel 2.1-10â¯; Luc 1.46-55). Voyez lâimage de la montagne appliquée, comme ici, aux oppresseurs dâIsraël, Ãsaïe 41.15â¯; Ãsaïe 41.16 et la description de lâabaissement de tout ce qui est élevé, sous les coups du jugement divin, Ãsaïe 2.12 et suivants.
Verset 5
Quand le jugement aura remis toutes choses dans lâordre, le salut de Jéhova sera révélé à la terre entière (à toute chair). La gloire de lâÃternel, qui doit être manifestée à toute chair, ne paraît pas seulement dans le retour dâIsraël en Canaanâ¯; elle comprend lâÅuvre de Jéhova qui se poursuit ici-bas, dès le rétablissement du peuple jusquâà la consommation des tempsâ¯; lâextension de la connaissance du Dieu dâIsraël chez toutes les nations dâOrient et dâOccidentâ¯; lâapparition du Messie, enfin, ce point culminant de la révélation divine, lâactivité missionnaire qui la proclame et le retour glorieux du Christ qui la consommera (Ãsaïe 11.9-10â¯; Ãsaïe 2.2-4). Le prophète contemple tout cet avenir comme dans un tableauâ¯: tous les châtiments se concentrent pour lui dans un seul, celui de la captivitéâ¯; toutes les délivrances dans une seule, le retour de Babyloneâ¯; il voit donc celui-ci aboutir directement à la manifestation suprême de Dieu.
Toute chair ensemble, câest-à -dire toute chair sans exception, mais non pas en même temps.
La formuleâ¯: La bouche de lâÃternel a parlé, se retrouve Ãsaïe 1.20 et Ãsaïe 58.14â¯; Dieu lui-même atteste que ce quâil a promis, il le tiendra certainement.
Verset 6
Ãsaïe, dans la seconde partie de la vision, qui commence à ce verset, entend deux voix, dont lâune répond à lâautre. La première est sans doute, comme au verset 3, celle de Dieuâ¯; la seconde est celle des prophètes qui sont chargés de transmettre à la terre les paroles du ciel. La première représente la révélation, la seconde la prédication. Comme Jésus (Jean 5.30) un prophète ne dit que ce quâil entend. Les versets 6 à 8 expriment par une image lâidée de la fragilité de toute beauté et de toute gloire humainesâ¯; la gloire humaine périt, aussi promptement que la fleur se fane, quand celle de Dieu paraît. Même image appliquée à la chute de Samarie Ãsaïe 28.1-4. Le mot toute chair rappelle, le terme semblable dans le verset précédent.
Verset 7
Le souffle de lâÃternel est ici le symbole de sa colère et de son jugement, qui anéantit toute puissance terrestre pour réaliser ses desseins (lâimage est parallèle à celle de lâabaissement des montagnes, verset 4).
Verset 8
En présence du caractère éphémère de toute grandeur humaine, le prophète affirme lâinébranlable certitude des promesses divines, qui garantissent la restauration dâIsraël et son salut final.
Verset 9
Après avoir invité les prophètes à proclamer le châtiment des orgueilleux (versets 6 à 8), la voix les appelle à annoncer la délivrance à Jérusalem et aux villes de Juda. Comparez Ãsaïe 41.27â¯; Ãsaïe 52.7-8.
On traduit ordinairementâ¯: Sionâ¦, Jérusalem, qui annonces de bonnes nouvelles⦠Jérusalem devrait annoncer le salut au reste de la Terre Sainte. Mais câest à Jérusalem, aussi bien quâaux autres villes en ruines, que la bonne nouvelle doit être apportéeâ¯; voyez versets 1 et 2 et les passages parallèles au nôtre Ãsaïe 52.7â¯; Ãsaïe 62.11. La traduction que nous avons adoptée est donc préférableâ¯; elle est dâailleurs plus conforme que lâautre au génie de la langue hébraïque.
Verset 10
LâÅuvre de Dieu est présentée, comme dans tous les passages qui décrivent lâapparition du Messie, sous deux aspectsâ¯: le jugement dâun côté, le salut de lâautre (comparez Malachie 4.1-2). Il abaisse lâhomme puissant (verset 10) et soutient les faibles, même les plus faibles (les agneaux et leurs mères, verset 11). Le salaire se rapporte à ce qui précède (verset 10), la récompense à ce qui suit (verset 11).
Le Seigneur, lâÃternelâ¯: le souverain de lâunivers, qui est en même temps Jéhova, le Dieu national dâIsraël.
Verset 11
Il porte les agneaux dans son sein, câest-à -dire dans les larges plis de son vêtement. Pour les ménagements envers les brebis qui allaitent, comparez Genèse 33.13.
Verset 12
La certitude du salut, fondée sur la grandeur de Dieu et le néant des idoles. Ce morceau est destiné à répondre à un doute qui pouvait sâélever dans le cÅur dâIsraël captif, à la vue de sa faiblesse comparée à la puissance de ses oppresseursâ¯: LâÃternel nous relèverait-il, lui qui nâa pas pu nous maintenir, lorsque nous étions deboutâ¯? Le prophète y répond par la démonstration de la grandeur incomparable de Dieu.
Lâidée estâ¯: Câest là ce que Dieu seul a pu faire (Ãsaïe 48.13)â¯; lâÅuvre de Dieu dans la création dépasse absolument la compréhension de lâhomme (Job 28.2-6).
Crochet, balanceâ¯: les deux espèces de balance, celle que nous appelons romaine et celle à deux plateaux.
Verset 13
Mesuré lâesprit⦠câest-à -dire, sondé, compris les pensées de Dieu.
Verset 15
La goutte qui nâest pas même assez pesante pour se détacher du seau, la poussière qui ne change en rien le poids de la balance, ou qui flotte en lâair, trop légère pour tomber, voilà lâimage de ce quâest lâhumanité devant Dieu.
Les îlesâ¯: expression souvent employée dans les chapitres suivants pour désigner les peuples qui habitent les bords de la Méditerrannée (Ãsaïe 11.11, note).
Verset 16
Le sacrifice le plus colossal serait encore indigne de Dieu.
Verset 17
Reproduction sans image de lâidée du verset 15.
Verset 18
Conclusion de tout ce que le prophète vient de dire de la grandeur de Dieu et transition à ce qui suit sur lâabsurdité de lâidolâtrie. Dieu nâayant pas dâégal sur la terre, aucune créature ne peut lui servir dâimage. Principe fondamental du mosaïsme (Exode 15.11â¯; Exode 20.3-4).
Verset 19
Description ironique de la fabrication des idoles (19-20)
Celui qui ne peut ou ne veut pas se payer un dieu de métal (verset 19), sâen fait tailler un dans un morceau de bois quâil a été ramasser dans la forêt et qui ne lui coûte rien (verset 20). Comparez la description plus complète Ãsaïe 44.12-20.
Verset 21
Apostrophe à Israël, toujours enclin à se livrer à lâidolâtrieâ¯: lui qui a reçu lâenseignement divin, transmis, depuis Moïse (dès le commencement), de génération en génération, pourrait-il ignorer comment la terre a été créée et par conséquent hésiter entre Jéhova et les faux dieuxâ¯?
Verset 22
Lâidée exprimée dans les versets 22 à 24 est analogue à celle du passage versets 12 à 17â¯; mais elle nâen est pas la simple répétitionâ¯: là , câétait la grandeur infinie du Créateur, contrastant avec la petitesse de tout ce qui est crééâ¯; ici, câest la souveraineté absolue du Maître et du Juge de lâunivers, contrastant avec la faiblesse de tous les êtres qui le peuplent. Ce développement aboutit verset 25 à la conclusion déjà énoncée verset 18 et qui est comme le refrain de cet hymne à la gloire de Jéhova.
Le Seigneur est représenté non plus comme élevé au-dessus de lâunivers (versets 12 à 17), mais comme y habitant ainsi que dans une tente dont les cieux seraient la couverture et la terre le sol. Les hommes nâont pas plus de force pour lui résister que les sauterelles nâen ont pour résister au pied de lâhomme qui les écrase. Comparez Nombres 13.34.
Verset 23
Cela est vrai même des plus puissants, qui sont emportés comme lâarbre arraché par lâouragan. Comparez Job 12.17-25.
Verset 26
Le prophète reprend une troisième et dernière fois sa démonstration de la grandeur incomparable de Dieuâ¯: que lâhomme lève seulement ses regards vers le ciel et il y verra les astres qui, semblables à une armée bien rangée, marchent à son commandement dans lâordre le plus parfait (Ãsaïe 1.9, noteâ¯; Psaumes 147.4).
Verset 27
Câest ici lâapplication de la démonstration précédenteâ¯: quâIsraël se rappelle ce quâest son Dieu (versets 12 à 26) et il triomphera de tout doute et de tout découragement.
Le Dieu qui tient en sa main lâunivers, ne saurait ignorer les tribulations de son peuple, comme se le persuade souvent celui-ci dans son incrédulité. QuâIsraël ne dise donc pasâ¯: Il ne sâoccupe pas de ma causeâ¯! Comparez Ãsaïe 49.14-15.
Verset 28
Son peuple nâa-t-il donc pas déjà fait lâexpérience que rien nâest trop éloigné ou trop difficile pour son pouvoir ou son intelligenceâ¯?
Jéhova est un Dieu éternel. Nous conservons ici dans la traduction le mot hébreu Jéhova (rendu dâhabitude par lâÃternel), pour éviter la répétition de ce dernier mot. Jéhova est le nom propre du Dieu dâIsraël, en opposition aux dieux des autres peuples.
Verset 29
Lui, sans qui le plus fort se lasse et par qui le plus faible se relève sans cesse avec des forces nouvelles, comment laisserait-il succomber son peuple�
Ils élèveront leur vol comme les aigles. Ostervald traduitâ¯: Les ailes leur reviennent comme aux aigles. Cette traduction, qui renfermerait une allusion à lâidée quâavaient les anciens du rajeunissement annuel du corps de lâaigle, nâest pas impossibleâ¯; mais celle que nous avons donnée parait rendre plus exactement le sens de lâhébreu.